Son style aime le panache, et ce panache ne lui messied pas, non plus qu’à la nation qu’il conduit et qu’il représente. […] Cependant un tel état de choses où une partie de la nation était occupée à brider l’autre, qui la tenait en échec à son tour, ne pouvait subsister sans le plus grand détriment pour la monarchie et pour la France, qui, en face de l’Europe et dans cette reconstitution alors générale des forces politiques modernes, avait besoin d’être une et de se rassembler.
La gaieté, que Villars « appelait l’âme de la nation », il ne négligea rien non plus pour la leur rendre, et il en avait lui-même sa bonne dose. […] Il faisait remarquer que ce genre de guerre timide et circonspecte était le moins conforme au génie de notre nation, et que rien n’y compensait la souffrance et le danger : Enfin, monsieur, écrivait-il à M.
Sans le vouloir, elle passe à la Cour, a la ville, chez l’étranger, et dans la République des Lettres pour une des premières femmes de sa nation et de son siècle. […] La citoyenne Boufflers donne un cheval à la nation. » En 1793, 21 mai, dans l’État de la recette faite par le citoyen Rouvaux, secrétaire greffier provisoire, sur la liste des secours offerts pour l’expédition de la Vendée, on trouve la citoyenne Boufflers mère portée pour 200 livres, et sa belle-fille pour 100 livres.
Le seul bien dont jouit l’Angleterre, et qui est inappréciable, c’est la liberté politique… Son gouvernement étant un mélange d’aristocratie, de démocratie et do monarchie, ce dernier élément, quoique très-limité, est assez puissant pour faire aller la machine sans le secours des deux autres, et pas assez pour nuire au pays ; car, quoique le ministre ait la majorité dans la Chambre, s’il veut faire quelque entreprise nuisible à la nation, ses amis l’abandonnent, comme il arriva dans la guerre de Russie. Le peuple n’a au gouvernement que la part qu’il doit avoir, c’est-à-dire dont il est susceptible, et, quoiqu’on prétende qu’il est acheté aux élections, son choix tombe sur des personnes qui ne voudraient pas se déshonorer en soutenant une mauvaise cause, nuisible à la nation et contraire à leurs propres intérêts.
Mais, encore une fois, c’est là un petit côté de la Correspondance nouvellement publiée : ce qu’on y doit considérer comme essentiel, c’est tout ce qui révèle la tendresse, la vigilance, le tact et le bon sens de la grande souveraine, s’adressant dans l’intimité à la plus jeune de ses filles qu’elle voit entourée de périls et de pièges, au milieu d’une Cour légère et à la tête d’une nation mobile, aussi prompte dans ses aversions que dans ses amours. […] « J’aime dans cet instant les Français, s’écrie-t-elle ; que de ressources dans une nation qui sent si vivement !
Il développe avec toute sa science et sa pénétration les rapides indications de Bossuet, quand il nous expose le fond de l’âme romaine, cet amour de la liberté, du travail et de la patrie, la force des institutions militaires, et de la discipline ; l’ardeur des luttes intestines, qui tiennent les esprits toujours actifs, toujours en haleine, et qui s’effacent toujours dans les occasions de danger extérieur ; la constance de la nation dans les revers, et cette maxime de ne faire jamais la paix que vainqueurs ; enfin l’habileté du sénat, dont la substance se réduit à trois principes : soutenir les peuples contre les rois, laisser aux vaincus leurs mœurs, et ne prendre qu’un ennemi à la fois. […] La grandeur de l’État romain qui a pour effet de substituer les guerres civiles aux dissensions du Forum, les guerres lointaines où périt le patriotisme du soldat, l’extension du droit de cité à toutes les nations, le luxe qui corrompt les mœurs, les proscriptions, qui, depuis Sylla jusqu’à Auguste, brisent par la peur le ressort des âmes et les dressent à la servitude, la suite des mauvais empereurs, le partage de l’empire, la destruction de l’empire d’Occident par les invasions barbares, et la lente agonie de l’empire d’Orient, voilà les principales étapes de la décadence du peuple romain.
Ce qui est vrai pour la vie d’un homme l’est aussi pour la vie d’une nation. […] — Prendrons-nous alors pour guide l’opinion des nations étrangères ?
Mais, au 18 Brumaire, il avait derrière lui toute une nation pour complice : ici, il allait avoir devant lui tout un peuple pour adversaire, et, pour juge, la conscience du genre humain indignée. […] Mais la nation aussi restait derrière eux, et à cette nouvelle soudaine, par une sorte de commotion électrique, l’Espagne tout entière se leva.
Supposant un concours solennel entre les poètes de toutes les nations, chaque nation n’ayant droit qu’à nommer un seul représentant : Les Grecs, s’écrie Raynouard, nommeraient Homère ; les Latins, Virgile ; les Italiens, le Tasse ou l’Arioste (il serait, je crois, plus juste de mettre Dante) ; les Anglais, Milton (lisez plutôt Shakespeare) ; et nous tous, — oui, vous-mêmes qui savez admirer Racine… ah !
Quatorze années de gloire, de grandeur et de reconstruction sociale, avec même tous les désastres de la fin, ne se suppriment pas dans la mémoire et dans la vie d’une nation, comme une parenthèse dans une phrase trop longue. […] Qu’alors un homme se présente, la force des choses ramènera les nations à refaire sous lui en grand un cours de politique élémentaire6.
Il nous est difficile de ne pas sourire en voyant cet art de vertu, ainsi dressé par lui pour son usage individuel, et en l’entendant nous dire que de plus, à cette même époque, il avait conçu le plan de former, parmi les hommes de toutes les nations, un parti uni pour la vertu. […] Si digne d’estime qu’il fût parmi les siens, il eût pourtant été difficile de deviner en lui, à cette date, celui dont lord Chatham un jour, pour le venger d’une injure, parlera si magnifiquement à la Chambre des lords, comme d’un homme « qui faisait honneur non seulement à la nation anglaise, mais à la nature humaine ».
Que l’on observe, en outre, que les personnages principaux de ces groupes, dont l’ensemble reproduit une nation en raccourci, sont étudiés souvent en tous leurs contrastes individuels. […] On peut imaginer un esprit enregistreur, éminemment apte à percevoir par les sens, à retenir et à se figurer les mille manifestations de la vie décrivant les objets, les physionomies et les caractères de la façon dont ils apparaissent par le détaillement de leurs parties et l’énumération %94de leurs actes ; parvenant, grâce à une accumulation de notes internes, à avoir d’une nation à une certaine époque une connaissance aussi complète que celle dont nous avons marqué les limites.
VII Et ce n’est pas seulement un grand historien que Saint-Simon, c’est le légiste du droit monarchique de la France, dans toute la vérité et la majesté de sa tradition… C’est le tout-puissant jurisconsulte du droit coutumier de la monarchie ; car, excepté une seule loi, cette fameuse loi salique promulguée par Clovis et même peut-être avant Clovis, qui établissait l’hérédité de mâle en mâle, il n’y a jamais eu en France qu’un vaste ensemble de coutumes solidifiées par le temps, les circonstances, et cette hérédité sans laquelle les nations ne seraient plus que de confuses et tourbillonnantes multitudes. […] C’était la paternité souillée de la chair et du sang qui se retournait contre l’auguste paternité morale qui est la vertu de l’homme et la vie même des nations.
La sagesse et le génie de l’Assemblée constituante firent tout ce qu’on pouvait en de telles conjonctures pour concilier et affermir, pour déblayer d’une main et fonder de l’autre, pour livrer à la nation rajeunie un vaste et solide édifice de liberté.
Par lui, les grandes phases de l’histoire des nations, les monuments de leurs lois, la série des législateurs et des philosophes, tout ce que le travail continu des siècles a apporté d’indestructibles matériaux à l’édifice du nôtre ; par lui, tout ce fortifiant spectacle n’a cessé de se dérouler aux regards des jeunes intelligences que la vue seule du présent pouvait décourager ou irriter outre mesure : leur devancier à peine de dix ans, l’ardent professeur les a constamment échauffées pour la science et pour l’avenir.
Car vous avez aujourd’hui, en tant que groupe dans la nation, votre existence propre, et c’est une des bonnes actions de la République de vous y avoir aidés.
D’où viendraient les sentiments instinctifs, la bravoure, qui est si essentiellement héréditaire, l’amour noble, qui n’a rien à faire avec la réflexion, toutes ces pensées, qui ne se rendent pas compte d’elles-mêmes, qui sont en nous sans nous, et forment la meilleure partie de l’apanage d’une race et d’une nation ?
Les lois fondamentales changent, le droit a ses époques ; plaisante justice qu’une rivière ou une montagne borne ; vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » Certes, le penseur le plus hardi de ce siècle, l’écrivain le plus déterminé à généraliser les idées pour bouleverser le monde, n’a rien dit d’aussi fort contre la justice des gouvernements et les préjugés des nations.
D’ailleurs leurs incidens qui font la plus belle partie de notre histoire doivent attacher davantage la nation françoise que des évenemens arrivez depuis long-tems dans l’Espagne et dans l’égypte.
Les notres ne sont point sujets à de pareils orages, et le calme et l’ordre y regnent avec une tranquilité qu’il ne sembloit pas possible d’établir dans des assemblées qu’une nation aussi vive que la nôtre forme pour se divertir, et où une partie des citoïens vient armée et l’autre désarmée.
S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, cet homme savant et vénérable en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale… Mais, à peine ai-je écrit ce mot « servilité » que je l’efface et je reviens au terme exact : discipline.
Le mauvais vouloir de la nation anglaise et des partis, les lenteurs et les prétentions de l’Espagne comprise dans le traité, la nouvelle de succès obtenus par les armes anglaises, la prise de La Havane, qui intervint dans le cours même de la négociation, la médiocre sincérité de quelques-uns des ministres anglais qui concouraient à la confection du traité et leur crainte de se compromettre, retardèrent de quelques semaines la signature qu’il aurait fallu enlever de prime abord. […] Vous ne sauriez avoir l’idée du fanatisme d’orgueil et d’insatiabilité qui règne dans cette nation-ci. » Pour lui, il se multipliait et faisait en toute conscience son métier de négociateur auprès d’une puissance aussi parlementaire, dans une crise de violente fermentation ; sa frêle machine n’y suffisait pas ; il était littéralement sur les dents : Mon cher ami, écrivait-il au comte de Choiseul (9 octobre), je ne vous dirai rien ici de plus, sinon que je suis tout à fait borgne. […] Et tout cela n’empêche pas que ce diable d’hôte, si Anglais et anglo-saxon au fond de l’âme, ne trouve que ces Français ne méritent pas la réputation de vivacité qu’on leur accorde ; il ne leur trouve point cette vitalité dont il a des exemples sans aller si loin : « Charles Townshend, dit-il, a en lui plus de sel volatil que toute leur nation.
Par cette délégation permanente, un grand office public est soustrait aux compétitions, fixé dans une famille, séquestré en des mains sûres ; désormais la nation possède un centre vivant, et chaque droit trouve un protecteur visible. […] Ce qu’on peut dire de mieux en faveur « d’une nation policée394 », c’est que ses lois, coutumes et pratiques se composent « pour moitié d’abus, et pour « moitié d’usages tolérables » Mais sous ces législations positives qui toutes se contredisent entre elles et dont chacune se contredit elle-même, il est une loi naturelle sous-entendue dans les codes, appliquée dans les mœurs, écrite dans les cœurs. « Montrez-moi un pays où il soit honnête de me ravir le fruit de mon travail, de violer sa promesse, de mentir pour nuire, de calomnier, d’assassiner, d’empoisonner, d’être ingrat envers son bienfaiteur, de battre son père et sa mère quand ils vous présentent à manger. » — « Ce qui est juste ou injuste paraît tel à l’univers entier », et, dans la pire société, toujours la force se met à quelques égards au service du droit, de même que, dans la pire religion, toujours le dogme extravagant proclame en quelque façon un architecte suprême Ainsi les religions et les sociétés, dissoutes par l’examen, laissent apercevoir au fond du creuset, les unes un résidu de vérité, les autres un résidu de justice, reliquat petit, mais précieux, sorte de lingot d’or que la tradition conserve, que la raison épure, et qui, peu à peu, dégagé de ses alliages, élaboré, employé à tous les usages, doit fournir seul toute la substance de la religion et tous les fils de la société. […] Il est dans la nature de l’égalité de s’accroître ; c’est pourquoi l’autorité des uns a grandi en même temps que la dépendance des autres, tant qu’enfin, les deux conditions étant arrivées à l’extrême, la sujétion héréditaire et perpétuelle du peuple a semblé de droit divin comme le despotisme héréditaire et perpétuel du roi. — Voilà l’état présent, et, s’il change, c’est en pis. « Car423 toute l’occupation des rois ou de ceux qu’ils chargent de leurs fonctions se rapporte à deux seuls objets, étendre leur domination au dehors, et la rendre plus absolue au dedans. » Quand ils allèguent un autre but, c’est prétexte. « Les mots bien public, bonheur des sujets, gloire de la nation, si lourdement employés dans les édits publics, n’annoncent jamais que des ordres funestes, et le peuple gémit d’avance, quand ses maîtres lui parlent de leurs soins paternels. » — Mais, arrivé à ce terme fatal, « le contrat du gouvernement est dissous ; le despote n’est maître qu’aussi longtemps qu’il est le plus fort, et, sitôt qu’on peut l’expulser, il n’a point à réclamer contre la violence ».
Il faut donc que les hommes bien intentionnés, comme l’auteur de ce livre, touchent avec une extrême prudence et un extrême respect à ces vases divins qui contiennent l’âme du peuple, même quand ils aspirent évidemment, comme lui, à verser le plus de raison possible dans les institutions religieuses et dans ces saintes croyances des nations. […] Elle n’y a gagné que l’horreur qui suit le massacre des prisonniers vaincus dans tous les temps, dans toutes les causes, dans toutes les nations du monde ! […] Où sera le droit de se venger, le droit de la colère, comme dit Victor Hugo, dans une nation qui a toute également ce droit de colère dans toutes ses classes tour à tour ?
Ils crurent avoir arrêté la révolution à leur formule, mesurant sa dose de royauté au roi, sa dose de privilége à l’aristocratie, sa dose d’influence à l’église, sa dose de liberté à la nation. […] Villemain, dans ses souvenirs de cette époque, pour que nous laissions peindre à un autre qu’à ce grand peintre les angoisses d’une femme qui furent en ce moment les angoisses de toute une nation. […] Fille d’un ministre dont elle respira en naissant la popularité, favorite d’une nation qui flattait en elle son père, élevée sur les genoux des grands, des philosophes, des poëtes, habituée à entendre les premiers balbutiements de sa pensée applaudis comme des oracles de talent ; mêlée, sans en être trop rudoyée, au commencement d’une révolution qui grandit tout ce qu’elle touche, ses apôtres comme ses victimes ; abritée de la hache pendant les proscriptions par le toit paternel, au sein d’une nature poétique, écrivant dans le silence de cette opulente retraite des ouvrages politiques ou littéraires égaux aux plus beaux monuments de son siècle ; ne subissant qu’un peu les inconvénients de trop de gloire, en butte à une de ces persécutions modérées qui méritent à peine le nom de disgrâce, et qui donnent à celle qui les subit la grâce de la victoire sans les rigueurs de l’adversité ; vengée par l’Europe, de son ennemi, qu’elle a la consolation de voir tomber et de plaindre, remplissant le monde de son bruit, et mourant encore aimée dans son triomphe et dans son amour.
Fourcaud avait bien raison d’écrire, il y a quelques jours « Comment, une nation si vaine de ses écoles, et qui consacre, annuellement, un milliard à ses armées, se voit à la merci, en face de l’étranger, de quelques douzaines de turbulents ? […] Mais les compositeurs véritablement grands de ces deux nations ont souvent et heureusement subi l’influence du goût, du charme, de la clarté et de la justesse dans les proportions ; qualités précieuses de notre France. […] [Marseille] MARSEILLE. — Les concerts de l’Association Artistique du théâtre des Nations nous ont donné cet hiver quelques intéressantes séances.
La femme, qui tient tant de place dans les mœurs d’un peuple ; la femme, qui est presque toutes les mœurs d’une nation, a été pour lui la grande question de son livre. […] Gentes, ce sont les imbéciles : — des nations ! […] La femme, hypocrite et despote, a toujours été, chez toutes les nations, un danger pour l’homme, la morale et la société ; mais, ces derniers temps, elle Test devenue plus que jamais.
Il a le parler haut et libre ; « il lui échappe d’abondance de cœur des raisonnements et des blâmes. » Très pointilleux et récalcitrant, « c’est chose étrange, dit le roi, que M. de Saint-Simon ne songe qu’à étudier les rangs et à faire des procès à tout le monde. » Il a pris de son père la vénération de son titre, la foi parfaite au droit divin des nobles, la persuasion enracinée que les charges et le gouvernement leur appartiennent de naissance comme au roi et sous le roi, la ferme croyance que les ducs et pairs sont médiateurs entre le prince et la nation, et par-dessus tout l’âpre volonté de se maintenir debout et entier dans « ce long règne de vile bourgeoisie. » Il hait les ministres, petites gens que le roi préfère, chez qui les seigneurs font antichambre, dont les femmes ont l’insolence de monter dans les carrosses du roi. […] À son avis cette déclaration réparait tout ; quatre ou cinq pages de conséquences étalent à flots pressés le magnifique torrent de bénédictions et de félicités qui vont couler sur la nation ; un bout de parchemin délivrait le peuple et relevait la monarchie ; rien n’était oublié, sinon cet autre bout de parchemin inévitable, publié par tout roi, huit jours après le premier, annulant le premier comme attentatoire aux droits de la couronne. C’est que nulle force ne se limite d’elle-même : son invincible effort est de s’accroître, non de se restreindre ; limitons-la, mais par une force différente ; ce qui pouvait réprimer la royauté, ce n’était pas la royauté, mais la nation.
Tous, enfin, demandent, comme vœu universel de la nation (et rien n’était plus vrai), qu’il y ait enfin une constitution du gouvernement de la France, nette, précise, arrêtée et inviolable, et s’imposant au gouvernement comme à tout le reste de la nation. […] Et, par conséquent, « quelles couleurs une nation qui a une pareille langue peut-elle donner à ses propres œuvres ! […] France, ne se figurait pas ce que nous appelons une nation ; mais elle se figurait l’héritage des rois et le domaine de la Maison de France. […] La pauvreté des particuliers et la richesse de l’État, c’est précisément le secret des nations fortes. […] Les nations fortes sont celles où les citoyens n’ont pas besoin d’argent et n’en gagnent, n’en font, que pour que leur nation soit forte, ou forte l’association dont ils font partie, le groupement auquel ils appartiennent, etc.
Les gens spirituels sont aussi nécessaires à une nation policée que les douaniers et les gendarmes. […] Les destinées de notre nation n’ont pas été modifiées par sa venue. […] Jamais on n’avait vu sortir si vite de l’obscurité et s’imposer si rapidement à la terreur de l’Europe une nation naguère si petite, si pauvre, si méconnue, si méprisée. […] Mettre des cloisons étanches entre les soldats et les citoyens, c’est exposer, du même coup, l’armée et la nation aux pires dangers. […] Presque toute la somme de vie intellectuelle et morale dont est capable notre nation s’est réfugiée dans ces deux corps, si différents d’ailleurs l’un de l’autre.
Il faut avouer qu’il y a bien de la vérité dans cette remarque, & qu’à parler en général, une langue débarrassée de toutes les inflexions qui ne marquent que des rapports, seroit plus facile à apprendre que toute autre qui a adopté cette maniere ; mais il faut avouer aussi que les langues n’ont point été instituées pour être apprises par les étrangers, mais pour être parlées dans la nation qui en fait usage ; que les fautes des étrangers ne peuvent rien prouver contre une langue, & que les erreurs des naturels sont encore dans le même cas, parce qu’elles ne sont qu’une suite ou d’un défaut d’éducation, ou d’un défaut d’attention : enfin, que reprocher à une langue un procédé qui lui est particulier, c’est reprocher à la nation son génie, sa tournure d’idées, sa maniere de concevoir, les circonstances où elle s’est trouvée involontairement dans les différens tems de sa durée ; toutes causes qui ont sur le langage une influence irrésistible. […] La diversité des climats, la constitution politique des Etats ; les révolutions qui en changent la face ; l’état des sciences, des arts, du commerce ; la religion & le plus ou le moins d’attachement qu’on y a ; les prétentions opposées des nations, des provinces, des villes, des familles même : tout cela contribue à faire envisager les choses, ici sous un point de vûe, là sous un autre, aujourd’hui d’une façon, demain d’une maniere toute differente ; & c’est l’origine de la diversité des génies des langues. […] De là la diversité des dialectes d’une même langue, suite naturelle de l’égale liberté & de la différente position des peuples & des Etats qui composent une même nation : de-là cette mobilité, cette succession de nuances, qui modifie perpétuellement les langues, & les métamorphose insensiblement en d’autres toutes différentes : c’est encore une des principales causes des difficultés qui peuvent se trouver dans l’étude des Grammaires particulieres. […] n’avons-nous pas à opposer à l’usage des Grecs celui de toutes les Nations de l’Europe, qui se servent aujourd’hui de l’alphabet latin, qui y placent ce caractere, & qui l’employent dans les mots comme toutes les autres lettres ? […] On sait que l’écriture chinoise est hyéroglyphique, que les caracteres y représentent les idées, & non pas les élémens de la voix, & qu’en conséquence elle est commune à plusieurs nations voisines de la Chine, quoiqu’elles parlent des langues différentes.
Quand un chuchotement court ainsi dans le peuple, toutes les voix officielles crient inutilement ; la nation a rencontré son poëme, elle bouche ses oreilles aux importuns qui tâchent de l’en distraire, et bientôt elle le chantera de toute sa voix et de tout son cœur. […] C’était un véritable Anglais, consciencieux, courageux, homme de bon sens et de pratique, issu de la classe laborieuse et indépendante où étaient le cœur et les muscles de la nation. […] Plusieurs des prières qu’écrivit Bacon sont entre les plus belles que l’on sache, et le courtisan Raleigh, contant la chute des empires, et comment « une populace de nations barbares avait abattu enfin ce grand et magnifique arbre de la domination romaine », achevait son livre avec les idées et l’accent d’un Bossuet363. […] Au-dessous de ces bouillonnements désordonnés de la surface, les couches saines et profondes de la nation s’étaient prises, et la foi nouvelle y faisait son œuvre, œuvre pratique et positive, politique et morale. […] Comparer à notre Révolution : la Bastille démolie, on y mit l’écriteau suivant : « Ici l’on danse. » Dans ce contraste on voit en abrégé l’opposition des deux doctrines et des deux nations.
Or, je vous le demande, messieurs, chez une nation qui depuis peu se livre à la funeste manie de tout mettre en discussion, non seulement les lois de l’État, mais encore, ce qui est bien plus grave, la gloire de ses Académies, quels immenses progrès l’erreur et le faux goût ne peuvent-ils pas faire pendant quatre années ? […] Sachons nous refuser le plaisir si doux de la vengeance : sachons ne répondre que par le silence du mépris à tous ces auteurs Romantiques, écrivant pour les exigences d’un siècle révolutionnaire, et capables, je n’en doute point, de ne voir dans quarante personnages graves, se rassemblant à jours fixes pour ne rien faire, et se dire entre eux qu’ils sont ce qu’il y a de plus remarquable dans la nation, que de grands enfants jouant à la chapelle. » Ici les bravos interrompent M. […] Une nation, sans résolution pour entreprendre de…… mieux…… un grand homme par ses…… Le grand homme a le courage de hasarder : il réussit ; mais entraîné par l’amour de la fausse gloire et des habits de satin, il trompe cette nation, il tombe. […] Voilà une haute leçon ; la nation a des torts ; le grand homme aussi a les siens.
Notre admirable constitution (l’orgueil des Anglais et l’envie des nations voisines) m’oblige à vous recevoir comme mon sénateur, mon supérieur et mon tuteur. […] Devant ce tableau frappant de vérité et de génie, on a besoin de se rappeler que cette inégalité blessante est la cause d’une liberté salutaire, que l’iniquité sociale produit la prospérité politique, qu’une classe de grands héréditaires est une classe d’hommes d’État héréditaires, qu’en un siècle et demi l’Angleterre a eu cent cinquante ans de bon gouvernement, qu’en un siècle et demi la France a eu cent vingt ans de mauvais gouvernement, que tout se paye et qu’on peut payer cher des chefs capables, une politique suivie, des élections libres, et la surveillance du gouvernement par la nation. […] Literary persons are held in such esteem by the nation, that about two of them have been absolutely invited to Court during the present reign : and it is probable that towards the end of the season, one or two will be asked to dinner by sir Robert Peel. They are such favourites with the public, that they are continually obliged to have their pictures taken and published ; and one or two could be pointed out, of whom the nation insists upon having a fresh portrait every year. […] Our admirable Constitution (the pride of Britons and envy of surrounding nations) obliges me to receive you as my senator, superior, and guardian.