L’Arabe, qui n’a eu aucun maître, est souvent néanmoins très distingué ; car la tente est une sorte d’école toujours ouverte, où, de la rencontre des gens bien élevés, naît un grand mouvement intellectuel et même littéraire. […] Quoique né à une époque où le principe de la science positive était déjà proclamé, il vécut en plein surnaturel. […] La notion du surnaturel, avec ses impossibilités, n’apparaît que le jour où naît la science expérimentale de la nature.
Thomas, [Antoine] de l'Académie Françoise, ci-devant Professeur au Collége de Beauvais, né dans le Diocese de Clermont en 17.. […] Tout se réduit à une admiration froide & momentanée, qui fatigue & fait bientôt naître le dégoût. […] Puisqu'il paroît si disposé à profiter des leçons qu'on lui donne, nous l'inviterons à porter les derniers coups au vice radical, qui sera toujours l'ennemi de ses talens, c'est-à-dire, à se défaire de cette morgue philosophique dont il ne paroît pas encore sentir assez les travers ; à se persuader qu'il ne saura jamais bien écrire, que quand sa diction sera pleinement modeste & naturelle ; que ce n'est pas être lumineux, que de s'attacher à des pensées plus compliquées que nettes & animées ; que ce n'est pas être élégant, que d'employer des tours pénibles & des expressions étrangeres aux idées ; que c'est être bien loin de l'éloquence, que de n'avoir que cette espece de sentiment qui naît de l'imagination, & non celui dont la source est dans le cœur.
Il naquit à la hauteur sociale où il fallait naître pour monter plus haut, dans un siècle où la naissance était une force ajoutée à celle que, par soi, on avait. […] Il l’était déjà de nature, mais ils l’achevèrent… Né de tempérament grand seigneur, il en avait les mœurs déboulonnées et fastueuses : la main libérale, prompte au bouton et au teston.
Ardemment synthétique de tendance, quand le siècle et ses misérables philosophies ne jurent que par cette Fée aux miettes de l’analyse, en avant sur toutes les idées de son temps, et, pour preuve, dès 1845 repoussant, avec un mépris mérité, cette théorie obstinée de l’art pour l’art, triomphante alors, et qui prétend encore, à l’heure qu’il est, n’être pas battue, la revue de César Daly avait, parmi les autres buts qu’elle voulait atteindre, le but plus difficile et plus spécial de dégager l’inconnue de l’art qui va naître, et de prédire, en étudiant profondément la société moderne et ses nouvelles conditions, le caractère du style architectonique de l’avenir ; car l’architecture du xixe siècle n’est pas née. Nous avons bien senti quelques coups de talon de cet enfant enfermé dans les entrailles du siècle, mais ç’a été tout… Naîtra-t-il ?
« L’estomac, — dit-elle, précédant Broussais, qui tout à l’heure va naître, — l’estomac est le centre de l’univers et le siège de la destinée. » Elle avait trouvé dans le sien cette doctrine. […] Madame Du Deffand était née gaie, et cette gaieté, elle la garda toujours. […] III Tel fut le malheur de Madame Du Deffand, de cette femme spirituelle qui ne fut que spirituelle et qui semblait être née pour mieux que cela.
Mais il n’y avait pas eu réellement de vie poétique organisée ; mais d’homme complet dans sa force et dans sa majesté de poète, il n’y en avait pas eu avant Ronsard, Ronsard est l’Adam de la poésie française, et, comme Adam, il est né homme, armé de toutes ses facultés ! […] Il était né grand seigneur comme il était né grand poète, — par le même hasard, diraient les sots.
Il était né bourgeoisement, et ce n’est pas dans la bourgeoisie que les poètes doivent naître. […] Sans le Paradis perdu, en effet, sans cette rose née sur une tombe entrouverte, sans cette production tardive d’une vie dévorée, que serait en réalité Milton, malgré ses soixante ans de travaux, d’efforts, de science et même de renommée, — de cette renommée qui fait du bruit quelques jours, puis qui meurt ?
Né dans ce tourbillon de poussière que l’on appelle, par une dérision de l’histoire, les États-Unis34 ; revenu, après l’avoir quittée, dans cette auberge des nations, qui sera demain un coupe-gorge, et où, bon an mal an, tombent cinq cent mille drôles plus ou moins bâtards, plus ou moins chassés de leur pays, qu’ils menaçaient ou qu’ils ont troublé, Edgar Poe est certainement le plus beau produit littéraire de cette crème de l’écume du monde. Et c’était logique et justice que le plus fort de tous les Bohêmes contemporains naquît au sein de la Bohême du refuge et du sang-mêlé de toutes les révoltes ! […] II Il était né poëte, Edgar Poe.
Il ne sera pas mis non plus parmi ces grands hommes d’état nés pour être conquérants et législateurs, puissants par leur génie, grands par leur propre force, qui ont créé leur siècle et leur nation, sans rien devoir ni à leur nation ni à leur siècle : cette classe des souverains n’est guère plus nombreuse que la première ; mais il en est une troisième qui a droit aussi à la renommée : ce sont ceux qui, placés par la nature dans une époque où leur nation était capable de grandes choses, ont su profiter des circonstances sans les faire naître ; ceux qui avec des défauts ont déployé néanmoins un esprit ferme et toute la vigueur du gouvernement, qui, suppléant par le caractère au génie, ont su rassembler autour d’eux les forces de leur siècle et les diriger, ce qui est une autre espèce de génie pour les rois ; ceux qui, désirant d’être utiles, mais prenant l’éclat pour la grandeur, et quelquefois la gloire d’un seul pour l’utilité de tous, ont cependant donné un grand mouvement aux choses et aux hommes, et laissé après eux une trace forte et profonde. […] Il y a apparence que Louis XIV, né à Rome, ne serait point devenu le maître du monde.
Or, le même argument démontre que les animaux qui naissent ont déjà vécu. […] Elles sont nées dans les salons : ce sont des conversations écrites. […] Tous leurs sentiments naissent de leur état ou en portent la marque. […] Il est né avec Malherbe, il est mort avec Delille. […] Les hommes de ce pays naissent administrateurs comme nous naissons soldats.
Il ne devait naître sous la plume de M. […] L’époque où il était né favorisait ses appétits mesurés et nombreux. […] c’est une chance d’être né grand artiste. […] « Il naît dans une île, écrit d’une plume inspirée M. […] Remy de Gourmont : de l’imparfaite poétique d’un Hugo, rien n’a pu naître et rien ne naquit en effet.
Qui n’a salué en lui toute une race de vaillants, et la plus aisée à reconnaître, brave, glorieuse, évidemment née pour la guerre, avide des occasions, impatiente de les faire naître, toujours en avant, en dehors, confiante, brillante, la plus prompte au danger, mais ardente aussi à l’honneur et à la récompense ? […] Né à Montrejeau dans la Haute-Garonne, en 1773, d’une bonne famille bourgeoise à mœurs patriarcales, il avait dix-neuf ans, avait fait ses études au collège de Tarbes, et était destiné par ses parents à l’état ecclésiastique, lorsque, la société changeant subitement de face, la levée en masse le saisit. […] Jamais militaire ne reçut un honneur plus mérité. » Pelleport n’était pas de ceux qui sont nés irrésistiblement soldats, il le devient ; il aurait pu être autre chose. […] Esprit hiérarchique, militaire classique comme il le dit quelque part, né pour obéir en toute discipline et pour commander dans les seconds rangs, il a rempli jusqu’au bout avec conscience cette destination méritoire.
Et nous-mêmes qui savons le fort et le faible, qui vous avons vu naître, briller et mourir, nous y applaudirons et nous y applaudissons déjà, à ce commencement d’illusion, parce qu’après tout votre renommée charmante, si elle dépasse un peu vos œuvres, ne fera pourtant qu’égaler votre génie, — ce que ce génie aurait été si vous en aviez daigné pleinement user et en artiste plus maître de sa force […] Suivant lui, François, d’abord surnommé Corbueil, serait né en 1431 (l’année même de la mort de Jeanne d’Arc) à Auvers, près Pontoise, ce qui ne l’empêchait pas de se dire Parisien, sans doute parce qu’il était venu de bonne heure à Paris et y avait été élevé. « Rien d’ailleurs dans ses œuvres n’indique une enfance passée aux champs, absolument rien ; au contraire, tout y trahit l’enfant de la cité et le polisson du ruisseau. » Le nom de Villon, sous lequel il se fit ensuite connaître, n’était probablement qu’un surnom d’emprunt qu’il dut à un Guillaume Villon, lequel n’était ni son père, comme on l’a avancé, ni son oncle, mais seulement son maître. […] Très heureusement pour Villon, il naquit vers ce temps-là une princesse qu’on croit être Marie d’Orléans, fille de Charles d’Orléans le poète : le prisonnier, pour qui l’appel n’était qu’un répit, saisit l’occasion aux cheveux, célébra l’illustre naissance et obtint sa grâce. […] Il a pu naître sur les bords de l’Oise ; il n’y a certainement pas grandi : autrement, à défaut de son cœur, ses yeux en eussent gardé le souvenir, et ses rêves au moins lui eussent plus d’une fois rapporté le parfum des herbes et des fleurs de la rive natale. […] Menot enfin, le célèbre prédicateur, né vers 1450, aurait imité dans un de ses sermons, selon M.
Jean-Baptiste Franceschi-Delonne naquit à Lyon en 1767. […] « N° 228 des actes de l’année 1767. — Charles-Joseph, fils de Réglé Francisqui (sic), plâtrier, et de Marie-Barbe Dellone (sic), son épouse, enfant jumeau, né le premier le jour d’hier, a été baptisé ce jourd’hui cinq septembre mil sept cent soixante-sept dans l’église paroissiale de Sainte-Croix par moi vicaire soussigné ; le parrain a été Charles-Joseph Genelle, le chocolatier, la marraine Françoise-Virgine Giraud, épouse de Jean-André Gely, aussi plâtrier ; le parrain et le père ont signé, non la marraine qui a déclaré ne savoir, de ce enquise. […] — Jean-Baptiste (c’est le nôtre), fils de Réglé Francisqui, plâtrier, et de Marie-Barbe Dellone, son épouse, enfant jumeau, né le second le jour d’hier, a été baptisé ce jourd’hui cinq septembre mil sept cent soixante-sept dans l’église paroissiale de Sainte-Croix par moi vicaire soussigné ; le parrain a été Jean Giroud, me tailleur de pierre, la marraine Benoîte Bourbaton, épouse dudit Giroud ; le parrain et le père ont signé, non la marraine qui a déclaré ne savoir, de ce enquise. […] Franceschi, né en 1767, avait quarante et un ans en 1808, et il est dit dans l’acte de mariage : « … Se sont présentés M. Jean-Baptiste-Marie Franceschi de Lonne, général de brigade, etc., âgé de trente-deux ans cinq mois, né à Lyon le huit septembre mil sept cent soixante-quinze, fils de M.
La haute source de l’admiration était là, perpétuelle et vive, et nulle part ailleurs ; et cependant l’inspiration moderne, quand elle naissait, trouvait moyen de se créer une forme à elle, une variété d’imitation qui avait son caractère et son originalité, mais qui, malgré tout, par quelque côté, devait aller se rejoindre à la grande tradition et offrir en soi des traits de ressemblance avec l’antique famille. […] Tout d’abord Du Bellay a sur l’origine des langues une idée fausse, abstraite, rationnelle : « Les langues, dit-il, ne sont nées d’elles-mêmes en façon d’herbes, racines et arbres, les unes infirmes et débiles en leurs espèces, les autres saines et robustes, et plus aptes à porter le faix des conceptions humaines ; mais toute leur vertu est née au monde du vouloir et arbitre des mortels. » On voit l’erreur ; c’est déjà la doctrine du rationalisme appliquée aux langues. […] C’est précisément le contraire qui est vrai historiquement : les langues sont nées comme plantes et herbes, avec toutes sortes de diversités, et la fantaisie des hommes qui s’y joue ne peut tirer d’elles, en définitive, que ce qu’elles permettent et ce qu’elles contiennent. […] Du Bellay nous offre là en quelque sorte l’idée d’un Racine anticipé, l’idée véritablement d’un Virgile français né et nourri exprès pour rivaliser de son mieux avec cet admirable prince des poètes ; et il arrive au juste conseil, au conseil fécond et opportun, s’il avait pu se suivre et s’appliquer avec feu, avec tact et maturité : « Choisis-moi (dans notre histoire) quelqu’un de ces beaux vieux romans françois comme un Lancelot, un Tristan ou autres, et fais-en renaître au monde une admirable Iliade ou une laborieuse Énéide. » On voit (et je reviens ici au reproche de M.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole, Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ; Si débile, qu’il fut, ainsi qu’une chimère, Abandonné de tous, excepté de sa mère, Et que son cou ployé comme un frêle roseau Fit faire en même temps sa bière et son berceau. […] Donc, Victor-Marie Hugo naquit en 1802 (26 février), dans Besançon, vieille ville espagnole, de Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo, colonel du régiment en garnison, et de Sophie Trébuchet, fille d’un armateur de Nantes ; d’un père soldat et d’une mère Vendéenne . […] Si l’on se reporte par la pensée vers l’année 1823, à cette brillante ivresse du parti royaliste, dont les gens d’honneur ne s’étaient pas encore séparés, au triomphe récent de la guerre d’Espagne, au désarmement du carbonarisme à l’intérieur, à l’union décevante des habiles et des éloquents, de M. de Chateaubriand et de M. de Villèle ; si, faisant la part des passions, des fanatismes et des prestiges, oubliant le sang généreux, qui, sept ans trop tôt, coulait déjà des veines populaires ; — si on consent à voir dans cette année, qu’on pourrait à meilleur droit appeler néfaste, le moment éblouissant, pindarique, de la Restauration, comme les dix-huit mois de M. de Martignac en furent le moment tolérable et sensé ; on comprendra alors que des jeunes hommes, la plupart d’éducation distinguée ou d’habitudes choisies, aimant l’art, la poésie, les tableaux flatteurs, la grâce ingénieuse des loisirs, nés royalistes, chrétiens par convenance et vague sentiment, aient cru le temps propice pour se créer un petit monde heureux, abrité et recueilli. […] Aussi les marques qu’il en contracta sont légères et se discernent à peine : ses premières ballades se ressentent un peu de l’atmosphère où elles naquirent ; il y a trop sacrifié au joli : il s’y est trop détourné à la périphrase : plus tard, en dépouillant brusquement cette manière, il lui est arrivé, par une contradiction bien concevable, d’attacher une vertu excessive au mot propre, et de pousser quelquefois les représailles jusqu’à prodiguer le mot cru. […] Nulles poésies ne caractérisent plus brillamment le clair intervalle où elles sont nées, précisément par cet oubli où elles le laissent, par le désintéressement du fond, la fantaisie libre et courante, la curiosité du style, et ce trône merveilleux dressé à l’art pur.
Charles Loyson, né en 1791, à Château-Gontier, dans la Mayenne, fit ses études avec distinction au collége de Beaupréau. […] Aimé de Loy, né en 1798, est mort en 1834. […] Le cœur est né pour ces échanges, Notre âme y double son pouvoir : Et pour nous, comme pour les anges, L’amour est l’œil ; aimer, c’est voir. Le poëte aimé d’une femme Compte aussi des jours de douleurs, Mais les pleurs sont le bain de l’âme ; Les beaux vers naissent de nos pleurs ! […] Pardon, au milieu de cette période de l’école de l’art, d’avoir osé rappeler et recommander aujourd’hui quelques poésies que l’image triomphante ne couronne pas ; mais il nous a semblé que, même sous le règne des talents les plus radieux, il y avait lieu, au moins pour le souvenir, à d’humbles et doux vers comme autrefois, à des vers nés de source ; cela rafraîchit.
Prosper Brugière de Barante est né à Riom en juin 1782, d’une famille ancienne et considérée, qui, sur la fin du xviie siècle, ne fut pas sans payer son premier tribut aux lettres. […] Contentons-nous d’en atteindre le bienfait, en quelque sorte, dans les Mémoires de Mme de La Rochejaquelein, produit littéraire heureux de cet esprit de conciliation et de sympathie, fruit charmant né, pour ainsi dire, de cette greffe des deux France. […] Pourtant, de cette habitude générale de continuellement juger le passé au point de vue du présent, était né en quelques esprits élevés le désir bien naturel d’une méthode contraire, où l’on irait d’abord à l’objet pour l’étudier en lui-même et en tirer tout ce qu’il contient. […] Joinville est simple, naïf, candide ; sa parole lui échappe, colorée de fraîcheur, et sent encore son enfance ; il s’étonne de tout avec une bonne foi parfaite ; les choses du monde sont nées pour lui seulement du jour où il les voit. […] De plus, dans le cas présent, un mobile particulier l’animait : né au sein de la Suisse romande, pour laquelle ses aïeux combattaient en chevaliers, il s’est senti sollicité à en rechercher le rôle dans ces guerres et à s’y intéresser en patriote non moins qu’en curieux.
Ses ouvrages littéraires sont nombreux, divers, nés au gré des mille circonstances : ses œuvres dites complètes ne les renferment pas tout entiers. […] Né en 1753, il avait vingt ans à l’avénement de Louis XVI au trône. […] Il y a dans ce rapprochement de famille de quoi faire naître plus d’une idée et sur la différence des époques et sur celle des manières littéraires. […] Les cabinets étrangers, et même les ambassadeurs qui étaient de la partie, crurent voir des intentions menaçantes sous ces airs de fête, et à force de craindre une agression des Russes contre la Porte, on la fit naître à l’inverse de la part de celle-ci. […] Son père le maréchal fut incarcéré à la Force, et lui détenu avec sa famille dans une maison de campagne à Châtenay, celle même où l’on dit qu’est né Voltaire.
C’est un bourgeois de Paris, de vieille bourgeoisie parisienne, né et élevé entre la Sainte-Chapelle et le Palais, mort au Cloitre-Notre-Dame, et qui dans ses soixante-dix ans de vie n’a guère quitté Paris que pour Auteuil ; quelques séjours à Bâville, chez Lamoignon, ou à Hautisle, chez Dongois, deux voyages à la suite du roi, une saison à Bourbon, épuisent la liste des déplacements de ce Parisien renforcé. […] Il a eu la superstition du sujet : étant né pour faire de petits tableaux d’une grande intensité d’impression, sans signification intellectuelle ni liaison rationnelle, il a inventé des lieux communs d’une banalité désespérante pour les encadrer, comme dans la satire X. […] Si l’on n’est pas né poète, il ne faut pas faire de vers, et si l’on n’est pas né poète épique, il ne faut pas faire d’épopée. […] Biographie : Nicolas Boileau, connu de son temps sous le nom de Despréaux, né à Paris le 1er novembre 1636, dans la cour du Palais, en face de la Sainte-Chapelle, fils d’un greffier à la Grand Chambre, fut tonsuré en 1647 et appliqué à la théologie puis au droit : il fut reçu avocat en 1656, et ne plaida pas.
Et quant à ceux, en plus grand nombre, qui naissent intelligents et distingués, on dirait qu’on leur en sait plus de gré qu’aux autres hommes, sans doute parce qu’ils pourraient mieux se passer de ces dons ; et il semble aussi qu’il leur soit plus facile qu’à nous d’user de cette intelligence pour se composer une vie élégante et délicieuse à souhait. […] En somme, s’il est vrai, comme je le pense, que la vie la plus digne d’être vécue est celle qui nous permet de connaître l’humanité à tous ses étages, sous tous ses aspects, par tous ses côtés pittoresques et dans tous ses recoins moraux, le mieux est d’être né du peuple, et du plus petit. […] L’écrivain ou le dilettante né du peuple peut quelquefois hausser son observation jusqu’aux grands en parcourant toute la région intermédiaire : un grand ne sort point de sa classe, sauf en des occasions extraordinaires et trop rapides, et est condamné à une assez grande ignorance, à une pauvreté relative d’impressions. […] A peine né, son père l’enlève à sa mère, craignant pour lui l’air de Paris et plus tard « l’influence de ces femmes élégantes dont Madame la Princesse était toujours entourée », et l’envoie au château de Montrond, en Berry, sous la garde de mercenaires. […] A quinze ans, le duc d’Anguien n’avait pour ainsi dire pas vu son père ni sa mère. « En apprenant, en imposant le respect à son fils, dit M. le duc d’Aumale, Henri de Bourbon négligea de faire naître, de développer dans cette jeune âme certains sentiments délicats, de toucher certaines cordes qui n’ont jamais vibré dans le grand cœur de Condé. » A la bonne heure !
Une génération nouvelle venait de naître aux lettres, qui reconnaissait en ces deux poètes les devanciers de ses principaux désirs d’art. […] Avec le Symbolisme, quelque chose était né qui était plus qu’une vaine agitation et dont la critique commençait à s’occuper sérieusement. […] L’impression poétique ne naîtra donc pas chez le lecteur d’une sorte d’obligation mentale ; elle résultera bien plutôt désormais d’une sorte de connivence spirituelle. […] La raison en est qu’il porte son sens en lui, non pas d’une façon apparente, mais d’une manière secrète, de même que l’arbre porte en sa graine le fruit qui en naîtra. […] Peu à peu l’opinion se forma, parmi les jeunes écrivains d’il y a quinze ans, qu’on pourrait peut-être bien se délivrer de cette servitude, que le vers, après tout, n’est qu’une conséquence et qu’un résultat, qu’il doit naître à mesure, se subordonner et se proportionner à ce qu’il veut dire ou suggérer, qu’il n’est rien en lui-même et ne doit être que ce qu’on le fait.
j’ai deux mères, dit-il, celle qui m’a né et puis vous. » Les batailles rangées dans les graviers du Rhône, et surtout les atroces cruautés qu’exerçaient les uns sur les autres les enfants de la cristallerie ont été supprimées par madame Gros. […] Née d’une famille honorable de Schelestadt, elle recueille chez elle, élève et entretient gratuitement deux, quatre, huit et jusqu’à vingt petites filles, de trois ans et au-dessus. […] Francilie Laquinte est peut-être le premier exemple d’une personne née dans la condition de l’esclavage à laquelle ait été décerné le prix Montyon. […] Félix Rieu, d’Avignon, qui a opéré des miracles de sauvetage, aura les mille francs du prix Gémond ; vous attribuez le prix Laussat à la veuve Malécot, Saint-Martin-de-Mâcon (Deux-Sèvres) ; vous donnez les mille francs de la personne charitable à Rose Mélanie, de Pontorson (Manche), enfant abandonnée, dont tous les actes sont empreints d’une dignité et d’une délicatesse qui feraient envie aux personnes les mieux nées. […] Vous avez trouvé, Messieurs, une sœur dans le bien, digne d’être associée à Emmeline, en la personne d’Euphrosine Almiès, au Pompidou (Lozère), née infirme et, comme Emmeline, unique soutien d’une famille qui ne lui rend en retour que l’ingratitude et les mauvais traitements.
Le comte Joseph de Maistre, né en 1754, à Chambéry, en Savoie, dans une famille de haute magistrature, l’aîné de dix enfants, avait été élevé selon l’esprit de la sévérité antique, et il en garda toujours le cachet dans ses mœurs et dans son caractère : Le trait principal de l’enfance du comte de Maistre, nous dit son fils dans la Notice biographique, fut une soumission amoureuse pour ses parents. […] Ils ont de plus cette espèce de considération qui naît de la grandeur antique, et, enfin, l’utile instruction que donne nécessairement le malheur ; mais, quoique je les croie très capables de jouir de la royauté, je ne les crois nullement capables de la rétablir. […] La première qualité de l’homme né pour mener et asservir les hommes, c’est de connaître les hommes. […] Et se redressant avec la conscience de sa force devant ces hommes de routine, leur montrant qu’il y a eu en ce monde plus d’affaires encore perdues par le trop de finesse que par l’imprudence ; que, s’il y avait imprudence dans le cas présent, elle n’eût été que pour lui seul, et que son idée d’ailleurs avait été approuvée à l’avance par un petit nombre d’hommes sages qu’il avait consultés : Or, permettez-moi de vous le dire, monsieur le chevalier, lorsqu’une idée née dans une tête saine qui surmonte un cœur droit a de plus été examinée attentivement et approuvée par quatre ou cinq hommes de poids, elle ne saurait plus être absurde ni condamnable ; elle peut être simplement désapprouvée, mais c’est bien différent. […] Mille noirs fantômes s’agitent dans mes rideaux d’indienne… Il veut parler de sa seconde fille, née pendant la Révolution, et de laquelle son père avait été séparé dès le berceau.
Né à Paris le 30 janvier 1661, fils d’un maître coutelier, reçu maître lui-même dès son enfance, il allait quelquefois servir la messe aux Blancs-Manteaux, où un religieux le distingua, lui apprit le rudiment et lui obtint une bourse à l’un des collèges de l’Université. […] Ce fut un bonheur du moins que, dans une des dernières occasions publiques où il se produisit, un discours latin qu’il prononça avec applaudissement ait fait naître un désir unanime de ses collègues de la faculté des arts, et qu’on l’ait engagé à écrire son Traité des études, par lequel il se rouvrit cette carrière de l’enseignement qu’on lui fermait. […] C’est le cœur qui parle au cœur ; on sent une secrète satisfaction d’entendre parler la vertu : c’est l’abeille de la France. » On ose à peine trouver excessive cette royale louange, née d’un si noble sentiment. […] Les enfants de cette génération nouvelle portent sur le front la dureté des temps où ils sont nés. […] La jeunesse a été en proie à des tristesses extraordinaires, aux fausses douceurs d’une imagination bizarre et emportée, au mépris superbe de la vie, à l’indifférence qui naît du désespoir : une grande maladie s’est manifestée sous mille formes diverses.
. — Racine n’eût jamais lâché — à travers un alexandrin — ce substantif mal né de « ville » ; et je me garderai bien de l’infliger à Toulouse. […] Mais le Français, qui est né malin, a vu clair dans les trames ténébreuses qu’ourdissait l’Anglais, né perfide. […] * * * Voulez-vous un exemple des additions qui naissent de notre envahissement par le perfide Anglais ? […] « C’est étrange, mais il me semble que vous, — le vieux, — vous m’avez offert des couteaux à Châtellerault, il n’y a pas bien longtemps. » Et en effet, après avoir provoqué l’expansion du chef de bande par l’achat d’un poignard que j’avais marchandé jadis au buffet de Châtellerault, j’appris : Que ces Espagnols n’étaient que des Espagnols en strass ; Que ces Castillans étaient nés natifs de la Vienne ; Qu’au lieu de guérilleros sans emploi faisant trafic de bonnes lames de Tolède, j’avais levé trois Français en rupture — de nationalité ; Que le chef Pedro Bobinardino avait été, dans une existence antérieure, coutelier à Châtellerault — et s’appelait Pierre Bobinard ; Que ledit Bobinard avait vu sombrer son industrie à l’époque de la grande débâcle des diligences Laffitte et Gaillard ; Que, sur le point de se jeter sous les roues de la locomotive qui le ruinait, une idée lumineuse lui avait représenté le suicide comme un acte profondément immoral ; Que cette idée consistait à courir les Pyrénées en costume espagnol, pour écouler, sous prétexte de Vieille-Castille, le fonds de Châtellerault ; Que l’idée était une Californie : le touriste se faisant une joie de posséder un couteau espagnol qui ferait, l’hiver prochain, l’admiration et la jalousie de Castelnaudary ; Que les adolescents de dix-huit ans, en bonne fortune à Luchon avec quelque baronne de hasard, donnaient particulièrement dans le couteau espagnol : vu qu’on ne peut, décemment, aux heures des grandes colères passionnées, menacer sa folle maîtresse du couteau français, qui n’a rien de dramatique ; Que le matin même M.
Une farce héroïque était née où dans un décor montmartrois la Jeunesse des Lettres et la Vétusté académique s’affrontaient. […] Rien ne berce mon cœur oppressé ni l’abri presque inespéré de ce manoir de Brestenbergw qui vous accueille avec ses fenêtres d’idylle et ses délicatesses de boiseries anciennes, ni au bout du lac cet antique fief prodigieux qui sommeille sur les eaux comme la Silhouette intacte d’un Géant-Chevalier ni tout près de moi la présence d’une amie attentive, née au pays des tulipes et qui portant au bout d’une longue tige un peu raide le délicieux calice de son visage, semble la sœur même de ces fleurs maladroites et belles. […] « Ivan Goll n’a pas de patrie ; juif par le sort, né en France comme par hasard, un papier timbré le porte comme Allemand, Ivan Goll n’a pas d’âge : son enfance fut absorbée par des vieillards exsangues. […] Seule notre âme est parfois une cathédrale qù nous pouvons prier ensemble. » Else Lasker-Schulerae : « Je suis né à Thèbes en Egypte, quoique je vinsse au monde à Elberfeld en Rhénanie. […] « Je naquis en beaucoup de jours.
L’éloquence, fille du génie et de la liberté, est née dans les républiques. […] C’est par là qu’un orateur, sans être réellement affligé, fera verser des pleurs à son auditoire et en répandra lui-même ; c’est par là qu’un comédien, en se mettant à la place du personnage qu’il représente, agite et trouble les spectateurs au récit animé des malheurs qu’il n’a pas ressentis ; c’est enfin par là que des hommes nés avec une imagination sensible, peuvent inspirer dans leurs écrits l’amour des vertus qu’ils n’ont pas. […] Cette contrainte et les avantages qui en naissent, sont peut-être la meilleure raison qu’on puisse apporter en faveur de la loi si rigoureusement observée jusqu’ici, qui veut que les tragédies soient en vers ; mais il resterait à examiner si l’observation de cette loi n’a pas produit plus de mauvais vers que de bons, et si elle n’a pas été nuisible à d’excellents esprits, qui, sans avoir le talent de la poésie, possédaient supérieurement celui du théâtre. De la propriété des termes naissent la précision, l’élégance et l’énergie, suivant la nature des sujets qu’on traite, ou des objets qu’on doit peindre ; la précision dans les matières de discussion, l’élégance dans les sujets agréables, l’énergie dans les sujets grands ou pathétiques. […] Quoi qu’il en soit, comme ce sont les poètes qui ont formé les langues, c’est aussi l’harmonie de la poésie qui a fait naître celle de la prose.
Née à la Havane dans cet opulent climat qui plus tard lui faisait paraître l’Andalousie si chétive, et où les mouches volantes seraient seules des clartés suffisantes de la nuit, la jeune Mercedès Jaruco, élevée d’abord et très gâtée chez sa grand-mère, puis mise au couvent où elle ne peut tenir et d’où elle s’échappe un matin, puis auprès d’une tante de chez laquelle elle s’échapperait non moins volontiers, nous apparaît dans sa beauté native, sachant lire à peine, souvent sans bas, un peu sauvage, ne s’arrêtant jamais entre un désir et son but, courant à cheval et tombant, grimpant à l’arbre et s’évanouissant au toucher d’une couleuvre, bonne pour les nègres, dévouée au premier regard pour ce qui souffre ; on se plaît à admirer une enfance si franche et si comblée des plus riches dons, racontée avec finesse et goût par la femme du monde. […] Née dans des climats brillants où la terre est pétrie d’une meilleure argile, développée d’abord et grandie en liberté, un peu sauvage, comme elle dit, ayant puisé ses premières idées sur l’hiver dans les romans, nous la voyons, dans le cours de ces volumes, fidèle à ce culte de l’été de la vie, de la jeunesse, de la beauté dont elle aime à couronner en toute occasion ses louanges.
Les apôtres avaient à peine commencé de prêcher l’Évangile au monde, qu’on vit naître la poésie descriptive. […] Au reste, les tableaux répandus dans la Bible peuvent servir à prouver doublement que la poésie descriptive est née, parmi nous, du christianisme.
Tant de volumes paraissent qui ne sont pas des œuvres, naissent et meurent en même temps. […] Le cerveau naît à vide. […] Le naturalisme, prolongement du romantisme, est né. […] Nous ne naissons que par elle, nous n’avons pas d’autre réalité qu’elle. […] Ainsi peut naître, doit naître, une poésie digne de notre front élargi, plus près des sources humaines et sociales et dont nous nous enivrerons autant que les peuples primitifs de leur épisme miraculeux.
Louis-Gabriel-Ambroise de Bonald, né en 1754, était donc à la fois de race militaire et judiciaire. […] Né au Havre, le 3 avril 1793, M. […] Guizot, né en 1787, a vingt-six ans ; M. […] Villemain plus jeune encore ; M. de LaMennais, né en 1782, est dans sa trente-troisième année ; M. de Lamartine, né en 1790, a vingt-cinq ans, et M. […] M. de Béranger a quelques années de plus : il est né en 1780.
Toutefois l’éclat extérieur de cette fête le céda à la préoccupation qu’elle fît naître dans tous les esprits. […] Il faut traiter des sujets humbles, simples, familiers même, si la nature nous a fait naître pour cela. […] Né au sein d’une des familles patriciennes de Genève, il joignait à l’élégance des manières cette modestie qui résulte d’une excellente éducation. […] Jacques-Louis David est né à Paris en 1748. […] Giraud était né dans l’opulence, et se lança de très-bonne heure dans la carrière des arts.
Il naquit dans une famille où l’esprit de système, où l’orgueil et la haine avaient passé la mesure ordinaire. […] Cette science est née plus d’une fois par inspiration, comme tout ce qui est sublime, dans une grande âme ou dans une tête forte. […] Enfin, le sublime dans Homère naît ordinairement de l’ensemble des parties, et arrive graduellement à son terme. […] « Quel soupçon, dit Lefort, dans mon cœur vient de naître ? […] Ils m’ont fait naître quelques réflexions que je vous soumets.