/ 2387
1270. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Ils reconnaîtront que le roman est un art, que le poème est un art, que le théâtre est un art, — se formulant, le premier, en une légende réaliste ou symbolique ; le deuxième, en un thème, des rythmes ; le troisième, en des mouvements et des déclamations.

1271. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Il avait augmenté de son propre mouvement sa pension, et l’avait portée de 2 000 à 6 000 livres.

1272. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

La tactique du combat a la simplicité des mouvements d’un lutteur ; l’héroïque tragédie s’ordonne selon les lignes des belles unités.

1273. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Tout fut en mouvement sur le parnasse.

1274. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Sa réponse à ce sujet ne déceloit encore aucun mouvement de jalousie ; mais elle éclata bientôt.

1275. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Avertissement » pp. -

À vrai dire, les Époques littéraires ne doivent être datées que de ce que l’on appelle des événements littéraires1 : — l’apparition des Lettres provinciales, ou la publication du Génie du christianisme ; — et non seulement cela est conforme à la réalité, mais c’est encore le seul moyen qu’il y ait d’imprimer à l’histoire d’une littérature cette continuité de mouvement et de vie, sans laquelle, à mon sens, il n’y a pas d’histoire.

1276. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Ce vers de sept syllabes entre deux vers de huit syllabes donne du mouvement au tableau, et exprime le sens-dessus dessous avec lequel la petite famille déménage.

1277. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre V. La Henriade »

Le portrait n’est point épique ; il ne fournit que des beautés sans action et sans mouvement.

1278. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

Le nombre, le mouvement, l’espace et la durée sont les premiers éléments sur lesquels il faut exercer l’esprit ; et je ne connais pas encore la limite de ce que l’imagination bien cultivée peut embrasser.

1279. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands » pp. 464-478

Les étrangers trouvent que nous entendons mieux que les italiens, le mouvement et la mesure, et qu’ainsi nous réussissons mieux que les italiens dans cette partie de la musique, que les anciens nommoient le rithme.

1280. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 2, du génie qui fait les peintres et les poëtes » pp. 14-24

Le génie est ce feu qui éleve les peintres au-dessus d’eux-mêmes, qui leur fait mettre de l’ame dans leurs figures, et du mouvement dans leurs compositions.

1281. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 18, qu’il faut attribuer la difference qui est entre l’air de differens païs, à la nature des émanations de la terre qui sont differentes en diverses regions » pp. 295-304

Dès que la terre est un mixte composé de solides et de liquides de divers genres et de differentes especes, il faut qu’ils agissent sans cesse l’un et l’autre, et qu’il s’y fasse ainsi des fermentations continuelles, d’autant plus que l’air et le feu central mettent encore les matieres en mouvement.

1282. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 3, de la musique organique ou instrumentale » pp. 42-53

Dira-t’on que c’est par un pur effet du hazard que dans les festes, certaines symphonies échauffent l’imagination en mettant les esprits en mouvement, et que d’autres symphonies les appaisent et les calment !

1283. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

(Mouvement de Derville.)

1284. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Puisqu’il le détachait du travail collectif dans lequel il était placé, l’auteur de l’essai devait, ce nous semble, en modifier les formes premières et répandre dans ce squelette étiqueté de dictionnaire, auquel il ne manque, il est vrai, ni une articulation ni un os, la chair, le mouvement et la chaleur d’un livre intéressant et animé.

1285. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

et le mouvement de dissolution des croyances non seulement religieuses, mais morales, a son origine dans leurs ouvrages d’une si stoïque austérité26 ! […] Il le dirige, en ce sens que tous les mouvements qu’il fait sont suivis par la province ; mais ce serait lui faire beaucoup trop d’honneur que de lui en attribuer l’initiative, comme à une volonté pensante. […] Oui, si la province conserve un climat particulier qui fait à la vie de l’esprit des conditions un peu différentes et qui donne au mouvement intellectuel une certaine lenteur relative. […] Les caractères, les sentiments, la manière d’être des personnages, tout est soumis à la règle de l’antithèse ; et, semblables au violon qui règle les mouvements des danseurs, les deux jambes de l’alexandrin règlent les mouvements du sentiment et de la pensée. […] Nous nous appliquons à nos phrases, soucieux de leur construction élégante, de leur mesure variée, de leurs mouvements souples et de leur cadence harmonieuse.

1286. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Il absout les mouvements de son âme populaire par des considérations de professeur qui a conservé, dans le domaine de la haute critique, le don de l’illusion. […] Il faut marcher, car le mouvement du corps aide aux mouvements de l’esprit, et, tout en marchant, prendre un thème de développement et se forcer à improviser sur ce thème. […] D’un mouvement presque irréfléchi, Mme Ledoux s’empare de la jambe et la frictionne avec art, comme autrefois. « Ça va-t-il mieux ? […] Ils sont d’un aménagement assez habile ; et, ce qui fait bien augurer de la vocation dramatique de l’auteur, tout y est en action et en mouvements de scène. […] Chacun de ses mouvements signifie qu’elle se tient en dehors et au-dessus de l’humble petit monde où elle est obligée de vivre.

1287. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il lui a paru que cela faisait dissonance et rompait le mouvement, qui, du reste, est magnifique. […] Petites phrases jolies d’ailleurs, point de figures brillantes ; point de mouvements oratoires. […] Oui, très fort, extrêmement fort ; mais très court, comme tous les mouvements en France, et comme tous les mouvements féminins. […] Que la femme demain soit électeur, et c’est un mouvement conservateur qui se dessine. […] À l’aurore de la Révolution, il se jeta dans le mouvement révolutionnaire.

1288. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

On ira bientôt plus loin, jusqu’à s’interroger sur la légitimité du mouvement de la Renaissance, et s’il est bien sûr qu’elle nous ait mis dans la bonne ou dans la meilleure voie. […] On ne croit plus maintenant que les règles soient immuables ; on se rend compte qu’elles sont en mouvement. […] La critique suit le mouvement. […] Ce qui revient à dire qu’entre les années 1820 et 1830, le mouvement romantique, très loin d’aider l’évolution de la critique, l’aurait troublée plutôt. […] Mais on les voyait agir les unes sur les autres, se continuer, s’opposer ou se contrarier, s’unir enfin sans se confondre, et s’ajouter ou s’associer dans la continuité d’un même mouvement, qui ne se détachait pas lui-même du mouvement des idées et des mœurs, ou pour mieux dire encore, de l’histoire générale du siècle.

1289. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Tous deux procèdent du même mouvement qui entraîna hommes et choses, sentiments et systèmes, à la fin du dix-huitième siècle. […] C’est que le théâtre, qui est un métier très inférieur, se contente d’une sorte d’éblouissement des yeux, d’un mouvement factice et désordonné. Alexandre Dumas, à défaut de psychologie et d’art, a su donner cet éblouissement et ce mouvement plus qu’aucun autre, et même plus qu’aucun de nos contemporains à succès. […] Il n’est pas dans le mouvement moderne, voilà. […] On a, dans un mouvement social, dans une équipée politique, joué un rôle tapageur et compromettant ; on n’y a point réussi ; il est naturel que le désenchantement s’ensuive.

1290. (1900) La culture des idées

Pourquoi surtout cette assimilation est-elle une des maladies particulières à notre temps, et peut-être la plus grave, puisqu’elle tend à restreindre le mouvement et à contrarier la vie ? […] Mieux connus, les poètes de la bibliothèque de Fontenay n’auraient servi à baptiser un mouvement littéraire que si l’on avait voulu comparer, tâche ardue et un peu absurde, des novateurs idéalistes à des novateurs chrétiens. […] Elle a son moteur en soi ; elle part d’un point du cercle pour revenir au même point du cercle, et ce simple mouvement, toujours le même, est infiniment fécond. […] Ce fut peut-être un obscur mouvement d’atavisme français qui le poussa à rendre visite, en passant la Manche, au plus grand des poètes français vivant. […] Hugo, à ce qu’il raconte, était sur la toit plat de sa maison, “vêtu de sa seule dignité”, et se livrait à des mouvements gymnastiques après avoir pris une douche froide.

1291. (1925) Comment on devient écrivain

On est épouvanté, quand on suit d’un peu près le mouvement littéraire de notre époque. […] L’éditeur n’eut qu’à activer le mouvement. […] La vraie psychologie est une décomposition des mouvements de l’âme par petits faits réels et précis. […] En résumé, la vie, le mouvement, la création et le style seront toujours les premières qualités d’un bon historien. […] Homère détaille le fait, décompose le mouvement humain, isole la sensation, s’y complaît en peintre impassible.

1292. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Molière passe couramment pour être le direct prédécesseur de Voltaire, et, par suite, du grand mouvement d’idées dont l’explosion de 1789 marque l’aboutissement. […] C’est qu’en face de ce mouvement d’impérialisme, un autre mouvement s’est dessiné depuis des siècles. […] Les Goncourt ont été des romanciers originaux, quoiqu’il leur ait manqué une des vertus essentielles, du récit : le mouvement. […] Haeckel absorbe le physico-chimique dans le mécanique, et il conclut que la Science explique l’univers entier par le mouvement. […] Elles jettent pourtant une clarté singulière sur les mouvements auxquels nous assistons.

1293. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Il a entrevu des personnages et ces personnages n’ont rien fait ; il a voulu les entendre mais à peine ils ont parlé, le poète a expliqué les ressorts qui auraient pu faire agir ses marionnettes, il a montré leurs fils d’archal, mais il n’a rien mis en mouvement. […] Là, nous allons chercher, nous sommes en droit de demander du mouvement, de l’activité, de l’air, de la passion, et comme jusqu’ici, ce ne sont point ces qualités qui ont manqué à l’auteur, nous espérons. […] Nous ne savons pas si pour être peintre il est indispensable d’approfondir la nature morale ; nous sommes peut-être disposés à croire que le Titien connaissait encore mieux le coloris d’un beau visage que les mouvements d’un noble cœur, mais nous sommes persuadés qu’un écrivain se passe à merveille de juger sainement en peinture ou en sculpture ; qu’il peut fort bien, comme Molière, comparer Raphaël à Mignard, et cela pour faire honneur au Sanzio ; mais, dans tous les cas, ce même écrivain ne peut se dispenser de savoir manier dans ses livres et les sentiments et les passions de l’homme. […] Ces héros ne sont pas très changés de ce qu’ils étaient naguère ; les caporaux n’ont plus en main le terrible bâton, classique représentant de la discipline ; mais pourtant ce bâton n’est pas perdu ; tous les soldats raides et inflexibles dans leurs mouvements, l’ont certainement avalé. […] Il n’est besoin, pour en tomber d’accord, que de considérer ses travaux, en les comparant au mouvement de la nouvelle littérature.

1294. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

De temps à autre, elle se retourne avec effort, fait un mouvement et laisse échapper quelques rêveries incohérentes, pareilles aux paroles entrecoupées du sommeil. […] C’est un utile stimulant pour mettre en mouvement leurs lourds esprits animaux, pour secouer leur âme opaque et même pour la faire repentir des joies grossières et bruyantes auxquelles elle se complaît. […] De là l’agitation fébrile, les incertitudes, les appréhensions de ce personnage, dont l’âme est entraînée par un mouvement qu’elle ne peut modérer ni guider. […] Selon Goethe, l’individu n’étant jamais corrigé que par lui-même, ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de le laisser se débattre avec la vie en suivant de l’œil ses mouvements. […] À l’origine, cependant, ce fut l’aristocratie qui prit la tête du mouvement et qui forma d’abord le noyau de fidèles réunis autour du comte Zinzendorf.

1295. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Un jour Christian part avec quelques gentilshommes pour aller se mettre à la tête d’un mouvement populaire et conquérir son royaume à la pointe de l’épée. […] Et dans un mouvement de fureur subite, elle leva tout à coup le crucifix, comme on lève un marteau, sur le visage de sa fille pour écraser ce masque dont elle parlait ; mais ce ne fut qu’un éclair ! […] J’ajouterai même qu’il faut toujours commencer sa pièce par le dénouement, c’est-à-dire ne commencer l’œuvre que lorsqu’on a la scène, le mouvement et le mot de la fin. […] Maintenant, elle était étendue sans mouvement, sa tête était colorée par ses douleurs, et ses yeux à moitié fermés, comme gênés par la lumière. […] Tout d’un coup, sans qu’il parût un mouvement, sans que les yeux fussent fermés davantage, les couleurs disparurent comme un rideau qu’on lève doucement, et la pâleur s’étendit des lèvres jusqu’au front.

1296. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Ces écrivains si ambitieux d’être, comme ils disent, « à la tête du mouvement », s’aperçoivent trop tard qu’ils n’ont jamais marché avec leur temps. […] Liniers, qui était très populaire, et qui aurait pu se tirer d’affaire en prenant la direction du mouvement insurrectionnel, crut devoir, par scrupule chevaleresque, se déclarer pour le gouvernement légal, dont il n’avait pourtant pas à se louer. […] Maspero aurait cru, sans hésiter, à un miracle, et aurait pris ce mouvement pour un geste de protestation contre les audacieux qui venaient ainsi troubler la paix du sépulcre et divulguer des secrets vainement confiés à l’éternel silence. […] On doubla par le flanc droit, et les pieds gauches se tendaient en avant, plus allègres que jamais, lorsqu’une voix maussade retentit au bout de la place : — Sergent, c’est très mauvais, recommencez ce mouvement ! […] Tout à coup, dans l’avenue, un petit cheval arabe que nous connaissions bien, apparut, trottinant avec de jolis mouvements de tête et de queue, sous un cavalier maigre, grisonnant, basané et chamarré de galons d’or.

1297. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Moréas a le sens du rythme approprié à la pensée et le sens du mouvement. […] C’est une merveille de mouvement lent, mais continu et comme implacable. […] Le quatrième acte, où le mouvement se précipite, est à cet égard merveilleux. […] On lui enseignait à se défier de son premier mouvement ; on l’habitue à le tenir pour excellent. […] Il travaillait dans la rue, en se promenant, au milieu du mouvement, même des fêtes publiques.

1298. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Si le successeur de Boris était vraiment Démétrius, son premier mouvement ne devait-il pas être de courir chez sa mère, et, si sa mère le reconnaissait, qui désormais pourrait douter ? […] On les remarqua, et la Revue des Deux-Mondes, qui n’a jamais péché, que je sache, par excès d’indulgence, en signala le mouvement, la couleur et la verve. […] Telle est en quelques lignes d’aride et froide prose l’analyse de cette pièce, qui égale en mouvement lyrique les meilleures inspirations de la poésie moderne. […] Ce moment, marque l’extrême limite, ou, si l’on veut, le suprême déclin du mouvement romantique. […] contre le mouvement religieux de ces dernières années, contre le publiciste éminent qui en représente le mieux le côté incisif et militant ?

1299. (1896) Études et portraits littéraires

Mouvements sans mobiles, sensations sans sujets, reliés par un réseau de formules, dessin sans fond, tracé de lignes idéales. […] Edmond Biré l’a relevé avec justesse, ce livre se tait sur les mouvements généreux, les nobles actions, les traits héroïques. […] Mais ce n’est point assez d’évoquer les institutions, régime, lois, mouvements ou convulsions politiques. […] Cette loi connue, on peut, en effet, tout en déduire, sûr qu’elle imprime à la machine « un système nécessaire de mouvements prévus ». […] Mouvement, chaleur, vibration, elle est en vous, elle est en moi.

1300. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il les grandit par l’intensité de la peinture des milieux, par le mouvement lourd, mais oratoire et lyrique à la fois de ce style fabriqué à la grosse, mais vigoureux quand même. […] Comme Zola, il s’applique à la peinture des mouvements de foule, s’efforçant de la subtiliser, prêtant à ces mouvements de masses, d’armées, de patries, à la suite de Tolstoï, « l’émotion de la pensée », il y montre des idées-forces — qui entraînent, dirigent tout cela. […] Leur intelligence ne leur servira que d’instrument pour découvrir, dans ses moindres détails, les mouvements et les réactions de leur sensibilité. […] Par là il allait à l’encontre de tout le mouvement littéraire. […] Or c’est à l’importance des modifications du style qu’on peut calculer l’intensité d’un mouvement littéraire… Vers 1720 on redécouvrit « le sentiment de la nature ».

1301. (1813) Réflexions sur le suicide

Un malheur entièrement dégagé de tout mouvement d’orgueil, serait donc le seul qui motiverait le Suicide ; mais par cela même qu’un tel malheur consiste en entier dans la sensibilité, la religion en adoucit l’amertume. […] Les peines de sentiment, qu’aigrit l’amour-propre, sont nécessairement modifiées par le temps ; et les peines, dont la touchante nature est sans mélange d’aucun mouvement d’orgueil, inspirent une disposition religieuse, qui porte l’âme à la résignation. […] Le ciel du nord est bien moins agréable que celui de l’Angleterre, et cependant on y est moins sujet au dégoût de la vie, parce que l’esprit y a moins besoin de mouvement et de diversité. […] L’homme qui, prêt à tuer son amie, célèbre un festin avec elle et s’exalte par des chants et des liqueurs comme s’il craignait le retour des mouvements vrais et raisonnables !

1302. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Il ordonna au maréchal Bernadotte, qui était placé en intermédiaire, de concourir au mouvement projeté, soit en se joignant au maréchal Davout s’il était près de celui-ci, soit en se jetant directement sur le flanc des Prussiens s’il avait déjà pris à Dornbourg une position plus rapprochée d’Iéna. […] Grâce à ce mouvement demi-circulaire du fleuve autour de la rive opposée, cette rive se présentait à nous comme une plaine entourée de tous côtés par nos troupes, dominée par notre artillerie, et offrant un point de débarquement des plus commodes, sous la protection de cinq à six cents bouches à feu. […] Il fallait pour ce travail surhumain le génie administratif, le coup d’œil du géographe ; l’amour du chiffre, cet élément constructif de toute chose numérique ; la passion de la vérité matérielle ; l’intelligence des détails, sans lesquels il n’existe pas d’ensemble ; l’habitude des négociations, qui fait comprendre la pensée voilée sous les dépêches ; l’instinct militaire, qui fait manœuvrer à tort ou à droit les masses ; le goût de l’héroïsme, qui anime l’historien du feu de la gloire ; l’ordre dans l’esprit, qui fait qu’on ne s’égare jamais et qu’on n’égare pas un soldat dans cette déperdition de millions d’hommes ; enfin le mouvement de l’esprit, qui se plonge lui-même avec vertige dans le tourbillon des événements, des campagnes, des batailles, des victoires ou des défaites qu’on retrace en courant à la postérité. […] Après tant d’événements, après tant de bruit, après tant de mouvement, après tant de génie, après tant de cadavres et tant de ce que l’écrivain appelle gloire, on se demande : L’humanité a-t-elle grandi ?

1303. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Il faisait une chaleur étouffante : elle se sentait bercée avec plaisir par le mouvement du navire et paraissait déjà commencer à s’endormir. […] « Un beau matin je m’éveillai assez étonné de ne sentir aucun mouvement dans le bâtiment. […] Il avait de petits mouvements convulsifs et donnait à son mulet des coups du fourreau de son épée, comme s’il eût voulu le tuer. […] Il ôta sa cravate de soie noire et la mit autour du cou de sa fille adoptive ; après quoi il donna le coup de pied au mulet, fit son mouvement d’épaule et dit : — En route, mauvaise troupe !

/ 2387