M. de Murçay, qui peut-être y pensait le plus constamment, évitait surtout d’en parler ; c’était au plus par quelque allusion de lieu qu’il le désignait ; et je croirais, en vérité, que, depuis la déclaration du berceau, il ne lui arriva jamais de nommer le mari de Mme de Pontivy par son nom dans le tête-à-tête. […] M. de Murçay, s’asseyant à la hâte près de celle dont il ne pouvait se croire désuni, commença en des termes aussi passionnés que le permettait le lieu, et avec des regards que mouillaient, malgré lui, des larmes à grand’peine dévorées : « Quoi !
Il veut que le roman soit objectif, impersonnel, « impassible » ; et, malgré les violences ou les gaucheries des formules dont il use dans sa Correspondance, il a raison lorsqu’il veut que l’émotion, la pitié sortent, s’il y a lieu, des choses mêmes, et non pas d’une pression directe de l’auteur sur le lecteur, lorsqu’il défend au romancier de forcer pour ainsi dire la carte de la sympathie ou de l’attendrissement par une intervention indiscrète. […] Il a essayé de déterminer sa vision par une solide et vaste érudition, de diriger et limiter son imagination par tout ce qui pouvait contribuer à former la connaissance exacte de la vie carthaginoise : visite des lieux et vue de tous les débris de l’art punique, étude de textes anciens et modernes, examen de toutes les formes analogues ou voisines de civilisation.
Nous ne nous attacherons pas à signaler, dans les créations nouvelles qui vont dès lors se succéder, tous les éléments qui sont de provenance italienne ; ce n’est que dans une édition des œuvres du poète qu’il y a lieu de noter cela par le détail. […] Chapuzeau nous explique pourquoi l’on donnait la préférence aux jours ordinaires : « Ces jours ont été choisis avec prudence, dit-il, le lundi étant le grand ordinaire pour l’Allemagne et pour l’Italie, et pour toutes les provinces du royaume qui sont sur la route ; le mercredi et le samedi, jours de marché et d’affaires où le bourgeois est plus occupé qu’en d’autres, et le jeudi étant comme consacré en bien des lieux pour un jour de promenade, surtout aux académies et aux collèges.
La Bruyère, et pourquoi il y a lieu de les noter. […] Des défauts de La Bruyère, et pourquoi il y a lieu de les noter.
C’est en économie qu’il y a le moins de dissonances donnant lieu à des revendications individuelles. […] « Non seulement la richesse est loin de constituer le seul intérêt que peuvent avoir les hommes, mais même si nous nous bornons à tenir compte de la richesse, la somme absolue qu’en possède chaque homme ne représente pas entièrement ses intérêts, et il y a lieu de prendre en considération l’importance relative des sommes possédées par chaque individu.
je commencerai par vous demander, s’il y a lieu, de préciser les conventions, par vous demander, en d’autres termes, quelle langue vous avez parlé ; puis une fois fixé sur ce point, j’interrogerai mes sens et je répondrai, oui ou non. […] On me demande : l’éclipse a-t-elle lieu à l’heure prédite ?
Aussi aurais-je lieu de me sentir quelque peu inquiet de l’entreprise où je me hasarde, si je ne me trouvais rassuré par la liberté de parler davantage en poète qu’en critique. […] L’assonance tint lieu de la rime, comme l’écho peut tenir lieu du timbre qu’il répète diminué.
La plupart des positions libérales, en effet, absorbent tous les instants, et, qui pis est, toutes les pensées ; au lieu que le métier, n’exigeant aucune réflexion, aucune attention, laisse celui qui l’exerce vivre dans le monde des purs esprits. […] Le paysan ne souffre pas de son abjection morale et intellectuelle ; mais l’ouvrier des villes voit notre monde distingué, il sent que nous sommes plus parfaits que lui, il se voit condamné à vivre dans une fétide atmosphère de dépression intellectuelle et d’immoralité, lui qui a senti la bonne odeur du monde civilisé ; il est condamné à chercher sa jouissance (car l’homme ne peut vivre sans jouissance de quelque sorte, le trappiste a les siennes) dans d’ignobles lieux qui lui répugnent, repoussé qu’il est par son manque de culture, plus encore que par l’opinion, des joies plus délicates.
A côté d’eux existent, sans parler des assemblées qui ont, comme les Académies et les cénacles, un but spécialement littéraire, d’autres lieux de réunions sérieuses ou joyeuses qui méritent d’arrêter l’historien. […] Puis les cafés deviennent des lieux de discussion, rendez-vous d’oisifs, de littérateurs, de critiques, de nouvellistes.
Dans un article de lui sur Polichinelle30, il le fait naître dans la Campanie, non loin du lieu où naquirent dans l’Antiquité les farces atellanes. […] L’abbé, redevenu napolitain, recommence, pour n’en pas perdre l’habitude, à se moquer des sots, des pédants littéraires du lieu, et, sous le titre du Socrate imaginaire, il bâtit une pièce, un opéra bouffon dont un autre fait les vers, et dont l’illustre Paisiello compose la musique ; la pièce fit fureur, et on crut devoir l’interdire.
Mlle Suzanne Curchod, dans sa nuance, était un de ces esprits compliqués et ingénus, mais qui sont loin de déplaire quand on les rencontre dans les lieux mêmes, sur les gradins ou dans les replis de ces vertes collines étagées qui bordent du côté de la Suisse le beau lac Léman28. […] Elle le fit avec succès, avec éclat ; elle donna des cours, comme c’est l’usage de tout temps en Suisse ; elle eut des élèves des deux sexes ; et, il y a quelques années, on montrait encore, près de Lausanne, dans un petit vallon, l’estrade ou tertre de verdure élevée en guise de chaire ou de trône par les étudiants du lieu, et d’où la belle orpheline de Crassier décernait les éloges ou les prix, ou peut-être même, aux beaux jours d’été, faisait à ciel ouvert ses leçons.
On parlait de l’expédition d’Alger ; bien des personnes en haut lieu paraissaient la croire impossible. […] Il semblait naturellement être désigné pour la commander, et lui-même il se crut nommé jusqu’au jour où il vit le nom du général Bourmont, qui n’avait rien négligé pour le tromper, inséré, au lieu du sien, dans Le Moniteur 3.
Mais le xviiie siècle, dans son ambition, ne se contente point de si peu ; Sieyès, dans un de ses rares moments d’épanchement, disait : « La politique est une science que je crois avoir achevée. » Et quant à la morale, plus d’un philosophe du temps eût été plus loin et eût dit : « Je crois l’avoir à la fois achevée et inventée. » Piqué par les reproches du Génie et enhardi par sa présence, le voyageur s’ouvre donc à lui ; il veut savoir « par quels mobiles s’élèvent et s’abaissent les empires ; de quelles causes naissent la prospérité et les malheurs des nations ; sur quels principes enfin doivent s’établir la paix des sociétés et le bonheur des hommes. » Ici les ruines de Palmyre s’oublient : le Génie enlève le voyageur dans les airs, lui montre la terre sous ses pieds, lui déroule l’immensité des lieux et des temps, et commence à sa manière toute une histoire de l’humanité et du principe des choses, de l’origine des sociétés, le tout sous forme abstraite et en style analytique, avec un mélange de versets dans le genre du Coran. […] De ces tracasseries de plus d’un genre qui menaçaient de devenir une persécution, Volney conclut que les États-Unis n’étaient pas un lieu privilégié de paix, et il s’en revint en France en 1798.
Ce qu’on ne s’avoue pas, la chose obscure qu’on commence par craindre et qu’on finit par désirer, voilà le point de jonction et le surprenant lieu de rencontre du cœur des vierges et du cœur des meurtriers, de l’âme de Juliette et de l’âme de Macbeth ; l’innocente a peur et appétit de l’amour comme le scélérat de l’ambition ; périlleux baisers donnés à la dérobée au fantôme, ici radieux, là farouche. […] Voilà où vous en arrivez pour avoir bu dans ce mauvais lieu, l’Empyrée.
Le poëte se mettant au lieu et place du destin, une invention d’homme et d’événements tellement étrange, ressemblante et souveraine, que certaines sectes religieuses en ont horreur comme d’un empiétement sur la Providence, et appellent le poëte « le menteur » ; la conscience de l’homme, prise sur le fait et placée dans un milieu qu’elle combat, gouverne ou transforme, c’est le drame. […] Hamlet n’est pas dans le lieu où est sa vie.
Ainsi c’est toujours à la raison qu’il faut en appeler en dernier lieu, et pour chacun cette raison, c’est sa propre raison, car de quel droit lui imposerait-on de se soumettre à la raison d’autrui plutôt qu’à la sienne, à la raison de celui-ci plutôt qu’à celle de celui-là ? […] Si d’ailleurs il y avait lieu d’espérer que l’on pût par quelque moyen empêcher les hommes de penser de telle ou telle manière, s’il y avait quelque procédé sûr de maintenir les esprits dans cet état d’obéissance que l’on regarde comme si souhaitable, je comprendrais à la rigueur qu’on l’essayât ; mais depuis que le flot du libre examen a fait irruption dans la science, dans la société, dans la religion, il a marché sans cesse de progrès en progrès : il a pénétré de couche en couche dans toutes les classes, il a gagné les contrées les plus rebelles à sa puissance ; il n’existe aucune force capable de le contenir et de le refouler ; les pouvoirs qui commencent par marcher contre lui se voient ensuite contraints de marcher avec lui.
Un autre dira : René bourgeois et cloporte ; un troisième : Oberman de la plaine Montrouge ; un autre encore : Byron de faubourg, pauvre, laid et qui boite non d’un pied, mais de l’un et de l’autre côté, comme dit la Bible ; Pascal débauché qui s’en revient des lieux mauvais, le front bas, laver ses rougeurs dans le frais clair de lune d’un soir qui se lève et qui, à nous autres rêveurs, parle éloquemment de pureté. […] Sainte-Beuve, à mi-côte de tout, est le lieu où il a chuté, et cela a été, pour un poète comme il l’était, tomber assez bas que d’y descendre !
La douceur même du climat de l’Asie, l’établissement dans ces beaux lieux, de nouvelles idées et des sensations nouvelles, le commerce, les négociations et les traités avec les Sarrasins et les Arabes, qui avaient alors ses connaissances et des lumières, devaient, nécessairement ajouter aux trésors des langues. […] quel est aujourd’hui, dans presque tous les États, le lieu et le temps où un homme éloquent puisse sauver sa patrie ?
Il est d’usage dans la troupe qu’un capitaine, à tour de rôle, accompagne les fourriers pour aller près des autorités civiles du lieu où l’on doit coucher et pour faire délivrer par elles les billets de logement.
Se contentant de ses deux ou trois poètes favoris, il s’est peu inquiété d’en acquérir de nouveaux ; de sa part, les encouragements, et même eu dernier lieu les critiques, ont presque entièrement cessé.
Ces beaux lieux, ces horizons vermeils, l’azur de cette mer, surtout cette créature adorée, tout l’inondait d’amour, tout lui peignait Dieu ; et les paroles leur manquaient, heureux amants !
Ils ne manquèrent pas au christianisme, et sous l’unité inflexible des traditions générales, plusieurs surent se créer des variétés fécondes d’idées et de formes, s’ouvrir, selon les lieux et les temps, des perspectives inattendues.
Description brève de ce lieu de plaisir : le jardin éclairé par des verres de couleur, les bosquets, qu’on dirait en zinc découpé, la cascade et la grotte en carton sous laquelle on passe… Il remarque, parmi les promeneuses, une fille d’allure effarouchée, l’air minable, vêtue d’une méchante robe et coiffée d’un énorme chapeau, très voyant, qui fait que les hommes se retournent sur son passage avec des rires et des plaisanteries.
Le lieu de la scène est à Naples.
Il verra que pour l’auteur « les actions les plus élevées de l’esprit ont essentiellement le même caractère que les actions réflexes, mais sont bien plus compliqués. » C’est là une grosse question posée en passant : à notre avis elle contient la question du rapport du physique et du moral dans sa totalité : mais ce n’est pas ici le lieu de l’aborder193.
C’est maintenant le lieu de répondre à la question des personnes qui ont bien voulu demander à l’auteur si les deux ou trois odes inspirées par les événements contemporains, qu’il a publiées à différentes époques depuis dix-huit mois, seraient comprises dans les Feuilles d’Automne.
Il croyoit avoir été suscité de dieu pour faire le tourment d’un philosophe qui n’a pas moins honoré la Hollande que Descartes, en la choisissant pour le lieu de sa retraite.
Le tableau ne livre qu’un assaut à notre ame, au lieu qu’un poëme l’attaque durant long-temps avec des armes toûjours nouvelles.
Si nonobstant la suppression de ces deux arts, Porphyre ne laisse pas de compter cinq arts musicaux, au lieu qu’il ne devroit plus après ce retranchement n’en compter que quatre ; c’est qu’il met au nombre de ces arts, l’art metrique dont il n’est pas fait mention dans Aristides.
Elle ne peut que nous faire mieux comprendre les préceptes que nous suivons machinalement ou nous aider à les modifier en connaissance de cause, quand il y a lieu, et que des changements sont devenus nécessaires.
Il faut bien savoir admirer tout ce qui peut développer dans l’homme des sentiments élevés, tout ce qui peut lui fournir l’occasion de beaux sacrifices ; mais il faut être juste aussi : et il n’est pas moins vrai que cette gloire, acquise en dernier lieu, au prix de tant de sang, n’a servi qu’aux vastes triomphes d’un aventurier.
Il en est d’un peuple qui entend parfaitement une langue, et de l’orateur qui lui parle, comme de deux amis qui ont passé leur vie ensemble, et qui conversent ; les lieux, les temps, les souvenirs attachent pour eux, à chaque mot, une foule d’idées dont une seule est exprimée, et dont les autres se développent rapidement dans l’âme sensible.
L’évêque, son successeur, nous a laissé, à la tête de ses éloges, une description charmante de ce lieu ; on y voit un homme enthousiaste des lettres et du repos, un historien qui a l’imagination d’un poète, un évêque nourri des doux mensonges de la mythologie païenne ; car il nous peint avec transport ses jardins baignés par les flots du lac, l’ombre et la fraîcheur de ses bois, ses coteaux, ses eaux jaillissantes, le silence profond et le calme de sa solitude ; une statue élevée dans ses jardins à la nature ; au-dedans, un salon où présidait Apollon avec sa lyre et les neuf Muses avec leurs attributs ; un autre où présidait Minerve ; sa bibliothèque, qui était sous la garde de Mercure ; ensuite l’appartement des trois Grâces, orné de colonnes doriques et de peintures les plus riantes ; au-dehors, l’étendue pure et transparente du lac, ses détours tortueux, ses rivages ornés d’oliviers et de lauriers ; et, dans l’éloignement, des villes, des promontoires, des coteaux en amphithéâtre, chargés de vignes ; et les hauteurs naissantes des Alpes, couvertes de bois et de pâturages, où l’œil voyait de loin errer des troupeaux.
Il y a même lieu de se demander si l’étude et la connaissance de la pensée étrangère est toujours un bienfait. […] Ce n’est pas le lieu de critiquer une conception qui repose tout entière sur ce principe que l’inférieur explique le supérieur. […] Il ne me semble pas qu’il y ait lieu d’être inquiet de son issue, ni chez nous, où il est plus figuratif que réel, ni même au pays du bolchevisme. […] C’est le motif qui fit donner, à ce lieu des noms traditionnels, à ces départements ainsi formés, — ou mieux, fabriqués, — des noms empruntés aux fleuves, aux montagnes, aux côtes de la mer. […] La réforme est si considérable qu’elle n’aura peut-être jamais lieu.