Sa composition d’ailleurs était sans intérêt, sans invention, commune ; ce n’était pas plus l’aventure de Jupiter et d’Antiope que celle d’une nymphe et d’un autre satyre. […] Le pauvre philosophe, dont on a mésinterprété l’intérêt, a été calomnié et a passé pour avoir couché avec une femme qui n’est pas jolie.
Toutes les deux ne furent-elles pas fondées dans des intérêts et dans des vues fort différents de ceux-là qui nous préoccupent aujourd’hui ? […] Dans les journaux, ne sait-on pas de reste que les relations de la vie l’emportent sur les intérêts de la vérité ?
D’un autre côté, les événements qui font en ce moment fermenter cette vieille terre, qu’on croyait épuisée, et qui se remue comme si elle était immortelle, donnent à un livre de voyage en ce pays un intérêt de hauteur d’histoire. […] Malheureusement, s’il est toujours écrivain et peintre, Édouard Salvador est aussi presque toujours un penseur plus ingénieux que solide, qui touche de l’Histoire en artiste, au profit d’intérêts et d’idées que nous ne pouvons accepter dans l’éclat de leur prétention.
Souvenez-vous de vos serments… et prononcez selon ce qui conviendra le plus à votre intérêt et au mien. » Socrate s’arrête… les juges se lèvent pour recueillir les voix, et il est condamné. […] La mort d’un homme juste est un objet sublime par lui-même ; mais si ce juste est opprimé, si l’erreur traîne la vérité au supplice, si la vertu souffre la peine du crime, si en mourant elle n’a pour elle-même que Dieu et quelques amis qui l’entourent, si cependant elle pardonne à la haine, si de l’enceinte obscure de la prison où elle meurt, ses regards se tournent avec tranquillité vers le ciel, si, prête à abandonner les hommes, elle emploie encore ses derniers moments à les instruire, si enfin, au moment où elle n’est plus, ce soit le crime qui l’a condamnée qui paraisse malheureux et non pas elle, alors je ne connais point d’objet plus grand dans la nature : et tel est le spectacle que nous présente Platon, en décrivant la mort de Socrate ; il y joint tous ces détails qui donnent de l’intérêt à une mort célèbre et qui en reçoivent à leur tour.
Cependant, par un effet de leur nature corrompue, les hommes toujours tyrannisés par l’égoïsme, ne suivent guère que leur intérêt ; chacun voulant pour soi tout ce qui est utile, sans en faire part à son prochain, ils ne peuvent donner à leurs passions la direction salutaire qui les rapprocherait de la justice. […] Dans toutes ces circonstances, l’homme est principalement attaché à son intérêt particulier.
La Rochefoucauld rapporte tout à l’intérêt personnel. […] Les vices, s’ils se confondent avec l’intérêt, s’évanouiront un jour dans l’intérêt bien entendu. Et l’intérêt bien entendu d’une espèce qui est sociale étant l’intérêt commun, quand l’égoïsme sera éclairé, il disparaîtra. […] Mill lui-même ne peut avoir aucune espèce d’intérêt pour M. […] L’intérêt, en effet, n’est pas ici uniquement patriotique.
Cet Auteur s’est attaché à des Ouvrages solides, qui exigent des connoissances étendues, & prouvent, lorsqu’ils sont bien faits, le talent de les placer avec intérêt & discernement.
Ses Romans sont écrits avec assez de chaleur & d’intérêt, mais d’un style trop négligé.
On les lit avec intérêt, & l’on est porté d’autant plus à croire l’Auteur, qu’il ne fait nul effort pour être cru.
Dès les premières pages de ce volume, nous avons dit l’intérêt supérieur qui s’attache à la représentation des œuvres classiques. […] Dans l’intérêt de l’art moderne, dans l’intérêt même des plaisirs du spectateur, il est nécessaire de mettre un frein à cette poursuite aveugle du réel, et surtout à son influence sur le théâtre. […] Une autre cause est le manque de contrôle, partant le manque d’intérêt et de sympathie qu’offre toute manifestation individuelle et exceptionnelle de la vie. C’est pourquoi, à mesure que l’analyse descendra dans l’infiniment petit, l’intérêt du spectateur décroîtra dans la même proportion. […] La difficulté et l’intérêt ne commencent que lorsque l’artiste entreprend l’étude du moral.
Voici une leçon de style admirable en même temps qu’une étude psychologique d’un singulier intérêt. […] Remarquez que son intérêt n’y était pas si clairement que cela. […] Elles ne sont pas toujours d’un intérêt européen, assurément. […] Il a passé du camp des menteurs naturels dans celui des menteurs par intérêt. […] Je le soupçonne d’y avoir un intérêt.
Un mélange heureux de morale & d’intérêt, d’instruction & de sentiment, de chaleur & de simplicité, rend cet Ouvrage très-propre à faire sentir les égaremens d’une jeunesse trop passionnée, & à la rappeler aux loix de la sagesse & de la raison.
Plus d’intérêt & de vivacité, & le Professeur de Toulouse n’auroit aucun de ces défauts qui deviennent aujourd’hui plus communs que jamais dans les Ouvrages d’éloquence.
Cet Auteur se rendit utile à l’Etat par ses grandes connoissances, & se signala dans l’emploi de Garde de la Bibliotheque du Roi, par l’intérêt qu’il prenoit aux Gens de Lettres, auxquels il se faisoit un plaisir de communiquer les Livres & les Manuscrits dont ils avoient besoin.
J’en ai dit assez pour signaler aux curieux l’espèce d’intérêt philosophique et historique qui s’attache aux recherches philologiques de M. […] Le pur où sa modestie lui permettra de sortir des questions trop particulières et de se porter avec toutes les ressources de son investigation et de sa science sur des sujets d’un intérêt plus ouvert, il est fait pour marquer avec nouveauté son rang dans la critique et pour se classer en vue de tous.
Son avenir est le prix du présent, tout se rapportant au même but, a le même degré d’intérêt. […] Un de ses grands attraits pour le peuple a été d’abord l’intérêt, l’agitation même qu’elle répandait sur sa vie.
Qu’on ne l’accuse point de malignité : il est si naturel à un esprit droit & juste, à un cœur ferme & généreux, d’éprouver les mouvemens du dépit, à la vue des usurpations ; le zele pour la gloire des Lettres & les intérêts de l’équité est si prompt à s’enflammer contre des injustices absurdes & multipliées, que l’esprit vient comme de lui-même au secours de la raison outragée ; & du mélange de sa vivacité unie à la sensibilité du cœur, naissent ces traits vigoureux qui impriment tantôt le ridicule, tantôt l’opprobre sur les travers ou sur les vices. […] Si la Henriade l’emporte par l’intérêt des objets ; celui-ci, de l’aveu de tous les Connoisseurs, lui est préférable par la singularité & les richesses de la fiction, la justesse & l’entente du plan, l’unité d’action, les ressorts de l’intrigue, la fécondité des détails, la variété des tableaux, & la magie d’un style soutenu & toujours adopté aux differens caracteres du sujet.
La petite bimbeloterie fabriquée de deux morceaux de bambou représentait des jeux d’enfants gravés en noir sur le jaune fauve du bois, des jeux d’enfants n’ayant rien de bien remarquable, mais le bibelot avait pour moi l’intérêt d’un objet usuel, ancien, et j’étais confirmé dans cette supposition par une longue inscription gravée sous le petit seau, et par un raccommodage, — un de ces raccommodages naïfs et francs, ainsi qu’on a l’habitude de les faire, là-bas, aux objets d’une certaine valeur. […] On conçoit, après le déchiffrement de l’inscription par Hayashi, l’intérêt que j’eus à savoir la part qu’il avait pu prendre à l’expédition contre la résidence de Kotsuké ; part dont je ne trouvais trace ni dans le roman de Tamenaga Shounsoui, ni dans les légendes du vieux Japon de M.
Qui ne voit, sans tout cela, que le simple est celui qui n’a que des choses simples à dire ; le tempéré, celui qui regarde des matières de pur agrément, & sur lesquelles il ne faut répandre que des fleurs ; le sublime, celui qui roule sur de grands intérêts ? […] Chez les Grecs & chez les Romains, comme aussi chez les Anglois, & généralement dans toutes les républiques où l’on est continuellement occupé de grands intérêts publics, il se peut qu’on réduise toute la force de l’éloquence à sçavoir persuader & faire réussir ses desseins ; qu’on ne lui reconnoisse aucune autre vertu, parce que toutes les autres qualités doivent être subordonnées à celle-là, & qu’il est juste que le principal l’emporte sur l’accessoire : mais, en France, & partout ailleurs où le gouvernement républicain n’a pas lieu, on doit distinguer ces deux choses.
Nous verrons ce sentiment, développé avec plus de grâce et d’intérêt encore, dans la fable suivante et dans celle des deux pigeons. […] Cette fable pouvait avoir plus d’intérêt et plus de vraisemblance chez les anciens, qui attribuaient à différens dieux différens départemens.
Marie-Thérèse, la femme forte et prudente, qui mettait Dieu au-dessus des États et les intérêts immortels au-dessus de tous les intérêts terrestres, n’aurait pas désiré, avec l’ardeur qu’elle y mit, le mariage de sa fille avec le Dauphin de France, si l’idée d’une grande chose chrétienne n’avait plané sur son dessein.
Marie-Thérèse, la femme forte et prudente, qui mettait Dieu au-dessus des États, et les intérêts immortels au-dessus de tous les intérêts terrestres, n’aurait pas désiré, avec l’ardeur qu’elle y mit, le mariage de sa fille avec le Dauphin de France, si l’idée d’une grande chose chrétienne n’avait plané sur son dessein !
C’était un défaut, mais ce défaut, du moins, jetait un intérêt profond, amer et toujours excité, sur l’Histoire, prise ainsi dans ses sources abaissées, et faisait de Ranke un historien piquant, sans être pourtant scandaleux. […] Abrégé décharné et désossé, qui ne creuse rien et croit planer sur tout, avec une prétention d’aigle qui trahit par trop le perroquet de Montesquieu… Et si, talent à part, qui meurt toujours à ce jeu, Ranke avait réussi à nous faire illusion sur la justice de son histoire, il aurait pu croire à la bonté de son système quand il s’agit de l’intérêt de ces idées qui doivent, pour plus de sûreté, s’infiltrer dans les esprits au lieu de s’y répandre, et passer par-dessous les portes au lieu de les forcer.
C’est le traquenard des titres intéressants, — mis effrontément ou cauteleusement à la tête des ouvrages les plus profondément dénués d’intérêt et de talent. […] En dehors de l’Histoire, sans l’intérêt des faits de l’Histoire, le pauvre Sismondi, homme du monde, pédant dépaysé dans des Décamérons impossibles, voulant donner gentiment la patte aux dames et ne pouvant pas, devait être ce qu’il est en ces lettres arrachées aux rats, qui en auraient mieux joui que nous ; car, franchement, elles ne sont rien de plus qu’insignifiantes, quand elles ne confinent pas… j’oserai le mot, puisqu’il est mérité !
C’était, d’ailleurs, un écrémage des lettres de l’abbé Galiani, et voici tout le poli… Galiani est un de ces hommes qui doivent vivre plus par la correspondance que par les livres qu’il a écrits, malgré leur perfection, sur des questions dont le temps a emporté l’intérêt, passionné alors qu’il les écrivait. […] Même avec le souvenir des salons dont il avait été la joie, l’intérêt et le charme, il remplit ces fonctions comme s’il avait été fait, de toute éternité, pour elles.
L’un est la jeunesse dans sa fraîcheur d’impression première ; l’autre peut être la jeunesse encore, mais déjà mûrie au feu des besoins ou des intérêts, et cachant les rides hypocrites de la spéculation dans le plus suspect des sourires. […] Dans le Rétif de la Bretonne, même clarté d’expression et d’exposition, même santé de style, même intérêt de notions acquises ; et si le critique ne vaut pas là le voyageur, c’est que le critique doit avoir des principes au nom desquels il juge et les œuvres et les hommes, et que Gérard de Nerval, romantique en ceci, n’en a pas… Telle est, en ses œuvres, la supériorité relative de Gérard de Nerval.
Monde, personnes, choses, faits, inventions, tout cela, dans son roman, est, il faut bien le dire, sans intérêt pour l’imagination difficile, la seule qu’il faille invoquer en fait d’art ou de littérature, et on n’a point une seule fois à dire, pendant la lecture qu’on en fait : « Voilà qui est beau », mais au plus : « Voilà qui est exact », et encore de la plus facile des exactitudes. […] Duranty peut être le plus brave travailleur en vulgarité et même le plus puissant, et la Critique se laisser toucher par la peine qu’il se donne pour être profond à sa manière, que son roman, en lui-même, reste ce qu’il est, c’est-à-dire d’un effet manqué, comme composition littéraire ; mais la sorte d’intérêt qu’il excite ne peut ricocher du livre à l’auteur.
Sans doute il y a un grand nombre de ces questions auxquelles se mêle un intérêt politique national ou autre, qui tend à les obscurcir. […] La convention postale de Berne de 1874, complétée et améliorée dans des conférences postérieures, crée une Union postale universelle constituant un véritable code ; en cas de litige entre deux pays, un arbitrage international décide… Si l’on ajoute à ces grands traités l’immense quantité de conventions relatives à l’hygiène publique, à l’extradition des criminels, aux relations commerciales, à la faillite, aux successions, aux abordages, à la situation juridique des étrangers, aux monnaies, aux poids et mesures, et qu’on considère les mille difficultés que provoque leur exécution, on est obligé de reconnaître que le monde entier enserré dans les liens innombrables qu’ont tressés sur lui les relations chaque jour plus étendues des peuples, forme lui-même un vaste État, où le droit existe, où la loi s’impose, et qui réclame impérieusement une juridiction commune pour ses intérêts communs. » Ajoutons à cette brève nomenclature, un exemple tout récent et fort typique.
La beauté du climat, en développant leur imagination, leur donnait un caractère enthousiaste et sensible ; la liberté élevait leurs âmes ; l’égalité des citoyens leur faisait mettre un grand prix à l’opinion de tous les citoyens ; la loi, en permettant à chacun d’aspirer aux charges, et de décider des affaires de l’État, leur défendait de se mépriser eux-mêmes ; les arts vils, abandonnés à des mains esclaves, les empêchaient de se flétrir sous les travaux ; les exercices et les jeux les donnaient continuellement en spectacle les uns aux autres ; la multitude des petits États établissait des rivalités d’honneur entre les peuples ; enfin, les grands intérêts et les victoires leur donnaient ce sentiment d’élévation qui aspire à la renommée. […] Tout tendait à la gloire, et rien à l’intérêt.
Signe particulier : Fait courir le bruit qu’il a « des intérêts dans le théâtre ».
Pourquoi faut-il que le merveilleux en détruise quelquefois l’intérêt, & que les longueurs en déparent le style, d’ailleurs agréable & facile ?
Des réflexions solides, des comparaisons justes, des applications lumineuses, font ressortir avec intérêt les matieres, & conduisent sans fatigue l’esprit à la conviction.
L’étude des intérêts des différentes Puissances de l’Europe, la connoissance qu’il avoit des Hommes en général, & du caractere de chaque Nation en particulier, le rendirent un des plus célebres Politiques de son temps.
On trouve des vûes excellentes & des idées neuves dans son Discours sur l’Intérêt d’un Ouvrage ; mais elles sont défigurées par un style affecté, plein d’antithèses & de pointes ; ce qui porteroit presque à croire que l’Apologie des Jésuites, qu’on lui a attribuée, n’est pas de lui.