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523. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Le chien battit un instant de la queue, tourna une fois, puis butta contre la chaise de Pauline. […] Ce qui frappe surtout dans Sapho, c’est l’observation de tous les instants, c’est le récit de mille faits qui sont rapportés avec un charme particulier, dans une langue irréprochable. […] Ici Daudet se recueillit un instant et laissa se détacher son lorgnon, pour mieux voir en dedans de lui-même. […] La voiture allait vite sur ses deux roues, traînée par un cheval fortement râblé, que son mors trop gros forçait par instants à relever sa tête en tordant sa bouche. […] C’est qu’ils ont attendu quelques instants, et… MADAME D’ALALY.

524. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Mais, avant de passer outre, reposons-nous un instant, et laissons à notre horizon le temps de se contracter jusqu’à n’embrasser que notre pauvre présent. […] Rien n’en a pu distraire un seul instant l’attention des porteurs de ce fonds. […] Et le public d’écouter, et de laisser là, pour un instant, le plat de lentilles contre lequel il avait cru qu’un grand peuple pouvait impunément tout échanger. […] Il est, en effet, un seul instant fugitif, et pourtant très précis, où ils peuvent espérer d’être bien accueillis. […] Point de groupes, mais une procession de personnages qui ne se mêlent qu’un instant en marchant en sens inverse.

525. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Ce que la volonté, la détermination d’un homme de tête et de cœur, aux instants les plus critiques, si cet homme est le point de mire de tous, peut jeter d’imprévu dans la balance des événements, est incalculable.

526. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

On crie presque au vieillard le Temps comme madame Dubarry sur l’échafaud : « Monsieur le bourreau, encore un instant ! 

527. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

A ses côtés est une lyre, dont il joue par instants, pour accompagner ses chants d’insouciance et de plaisir.

528. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

«  Il avoit si bien acquis, dit-il, la pénible habitude de l’attention, que, quand on lui proposoit quelque chose de difficile, on voyoit dans l’instant son esprit se pointer vers l’objet & le pénétrer.

529. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Nourri jusqu’à en pâlir des philosophes et des savants, entraîné au grand air par le lyrisme des Lamartine et des George Sand, mais encore bien âpre et livresque et provocant comme un curé breton, Renan eut tout pour séduire son siècle dès cet instant où Sainte-Beuve le fit homme de goût.‌

530. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

S’il s’élève à des considérations générales, il monte pas à pas tous les degrés de la généralisation, sans en omettre un seul ; il sonde à chaque instant le terrain ; il n’ajoute ni ne retranche rien aux faits ; il veut, au prix de toutes les précautions et de toutes les recherches, arriver à l’exacte vérité. […] Ces raisonnements serrés et multipliés qui se portent tous vers un seul but, ces coups répétés de logique qui viennent à chaque instant, et l’un sur l’autre, ébranler l’adversaire, communiquent au style la chaleur et la passion. […] Lorsqu’il raconte les actions d’un homme ou d’un parti, il revoit en une minute tous les événements de son histoire, et toutes les maximes de sa conduite ; il a tous les détails présents ; ils lui reviennent à chaque instant par multitudes. […] Il est prêt à chaque instant, et sur toutes les parties de sa cause. […] 1388 Ne reconnaît-on pas ici l’Anglais élevé parmi les essais et les sermons psychologiques et moraux, qui involontairement, à chaque instant, en répand quelqu’un sur le papier ?

531. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Mais il n’a aussi nulle obligeance ; et je me trompe ou l’on n’évite pas toujours d’être un peu impatienté, ne fût-ce qu’un instant. […] Un amour qui a paru beau un instant, grâce à la ferveur première ; et puis le plus malheureux des amours. […] Il va si lentement qu’à chaque instant le lecteur, au lieu de le suivre, le précède. […] Victor Hugo voulait que Juliette lui écrivît à chaque instant, plusieurs fois le jour, et la nuit. […] Par instants, il clôt les yeux et il semble dormir : à travers sa barbe, on voit ses lèvres remuer.

532. (1902) Propos littéraires. Première série

Elle parlait aussi : les continuelles avalanches qui, d’instant en instant, s’écroulaient sur ses flancs, lui prêtaient une voix pour gronder, pour gémir, pour pousser des plaintes, qui, tour à tour, éclatent ou s’étouffent comme des cris de victoire ou des râles d’amour. […] Jacquine ne suppose pas un instant qu’il est un personnage mis là tout exprès par M.  […] C’est en cet instant que Félix sentit pour la première fois combien il avait haï cet homme. […] Nous crûmes un instant que c’était fini. […] Mais à chaque instant j’entendais dire : “Comme cela est bien fait !”

533. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

un instant d’agonie flétrirait une action héroïque ! […] l’ulcère qui dévore ce malade depuis le premier instant de sa naissance, et qui le dévorera jusqu’à sa mort, n’est pas un mal ? […] Il ne tient pas à toi qu’entre l’instant où tu es et l’instant où tu voudrais être, les jours, les mois, les années intermédiaires ne soient anéanties : la chose que tu attends n’est rien peut-être, ou presque rien ; et celle que tu sacrifierais volontiers, est tout ! […] Ce n’est pas au premier instant de la douleur qu’on parle bien ; l’on sent trop fortement, et l’on ne pense pas assez. […] de mesurer les forces de la nature mise aux épreuves les plus dangereuses, et réduite à chaque instant au choix des plus dures extrémités.

534. (1884) La légende du Parnasse contemporain

» Au même instant, je me sens enlevé, transporté par quinze gendarmes. […] Aussi, par instants lassé, De tout mon poids je m’appuie Sur mon vieux fauteuil froissé. […] Le procédé du Lampascope pouvait même, à l’aide d’une petite roue, modifier à tout instant l’expression des deux physionomies. […] Mais qu’importe l’erreur d’un instant ? […] Et, sans avoir faibli un instant sous le rude coup de ma franchise, il jeta au feu, — nous faisions du feu alors, — les six mille vers qu’il m’avait apportés !

535. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Or, lui-même, que fait-il en cet instant ?

536. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Ce livre est en effet admirablement composé et conduit ; on ne se perd pas un seul instant dans les détails, quoique il y en ait beaucoup en chaque branche spéciale, en finances, en administration, en stratégie, mais le tout est ramené à l’ensemble et concourt à la marche générale.

537. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

Ayant achevé ses études et son droit à Paris avant la Révolution, il s’essaya, durant ses instants de loisir, à composer pour le théâtre.

538. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

     Enlacée au corps d’une femme,      Comme l’amant de Rimini,      Tournoie un instant, ô mon âme,      Dans le tourbillon infini !

539. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Alors elle a laissé échapper tous les sanglots, toutes les larmes de son cœur déchiré, et pâle, austère, silencieuse, elle se repose un instant d’avoir loyalement exhalé vers les cieux tant de cris immortels, tant de plaintes désespérées !

540. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

Il y a là, il faut le dire, une abondance singulière et une vitalité puissante, toute la plantureuse confusion d’un esprit qui se cherche et s’exerce dans tous les sens, à travers les zigzags de toutes ses fantaisies, obéissant à des poussées disparates, à des intuitions subites, aux soubresauts d’une verve capricieuse, à tout ce que l’instant fait passer d’émotions, d’images et de rythmes en une âme extraordinairement vibrante et attentive, prompte à les saisir au passage et à en fixer la nuance, la forme ou le mouvement.

541. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

« Notre langue, peu accentuée, prétendait-il16, ne saurait admettre le vers blanc, et ni Voltaire, vice-roi de Prusse en son temps, ni Louis Bonaparte, roi de Hollande au sien, ne me sont des autorités suffisantes pour hésiter, ne fût-ce qu’un instant, à ne me point départir de ce principe absolu.

542. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Hartley »

On s’étonne parfois de l’ingénuité de ses explications et l’on comprend par cette lecture combien le raisonnement, s’il n’est à chaque instant appuyé par l’expérience et la confrontation avec les faits, est impuissant tout seul à débrouiller l’inextricable lacis des phénomènes psychiques.

543. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre cinquième. »

La peinture du travail des servantes, celle de l’instant de leur réveil, sont parfaites.

544. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre X. Suite du Prêtre. — La Sibylle. — Joad. — Parallèle de Virgile et de Racine. »

« Ma mère infortunée qui a suivi mes pas, et que n’ont pu retenir ni les rivages de la patrie, ni les murs du roi Aceste. » Il ajoute un instant après : …… Nequeam lacrymas perferre parentis.

545. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

Non seulement l’observation est superficielle, les trucs démodés, la narration commune et dépourvue de caractéristiques, mais la note ordurière est exacerbée encore, descendue à des saletés si basses que, par instants, on se croirait devant un recueil de scatologie : le Maître est descendu au fond de l’immondice.

546. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

On l’a vu par les corrections que nous avons publiées, il superposait ses verbes, il écrivait trois mots pour un, il essayait les épithètes, il modifiait à chaque instant ses idées et ses expressions.

547. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

Il est impossible de lire avec intérêt des éloges démentis à chaque instant par l’histoire : cependant ceux de Claudien offrent en eux-mêmes de beaux détails.

548. (1886) Le roman russe pp. -351

L’homme, ayant démoli sa vieille maison, se reposa un instant pour chanter avant de la reconstruire, comme fait l’ouvrier qui interrompt son travail. […] Par instants, le style s’élève et s’affine ; un flot de poésie emporte l’auteur quand revient sous ses yeux un des paysages où il a grandi. […] Par instants, il retrouvait des éclairs de son ancienne gaieté, surtout près des enfants, qu’il aimait. […] Détachons cependant deux silhouettes épisodiques, qui passent un instant dans le récit avec une vérité saisissante. […] Je vous écris expressément pour vous dire combien j’ai été heureux d’être votre contemporain, et pour vous exprimer ma dernière, instante prière.

549. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Et que peut-il y avoir ensuite de plus désirable pour sa vanité que de fixer à jamais par une vivante peinture le souvenir de cet instant ? […] Renoncera-t-il à Dieu en cet instant suprême, par la raison que Dieu l’abandonne et l’annihile ? […] Il faut que l’idée divine qui inspire l’artiste soit assez puissante pour posséder son âme tout entière et lui faire oublier, au moins par instants, sa personnalité. […] Ils sont les premiers à recueillir et à réfléchir une lumière qui, sans leur concours, serait devenue visible un instant plus tard à des hommes qui sont placés fort au-dessous d’eux. […] Mais il ne faut pas prendre ces expressions au pied de la lettre, et entendre qu’il eût pu être avantageux pour aucun talent ayant marqué tant soit peu dans l’histoire de la littérature, d’avancer ou de reculer l’instant de sa naissance.

550. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

On voit à tout instant, sur la phrase poétique, la brisure du rythme comme celle de la vitre sur la peinture. […] Le génie du poète dominait par instants les routines et les mauvais instincts de la foule qui regimbe contre tout ascendant qu’elle ne subissait pas la veille et trouve qu’elle admire déjà bien assez de gens comme cela. […] Cette nouvelle, répandue avec toute la rapidité des mauvaises nouvelles, a causé dans Paris une véritable stupeur ; Paris si distrait, si affairé, si frivole, s’est arrêté un instant pour s’enquérir de cette mort. […] Pour tomber du ciel, il faut y être monté, ne fût-ce qu’un instant, et cela est plus beau que de ramper toute sa vie sur la terre. […] Comme un guerrier couvert d’une armure bien trempée et bien polie, il reflétait un instant les objets voisins, prenait quelques-uns de leurs tons et passait, pour reparaître un peu plus loin avec sa couleur propre.

551. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Si quelque lueur inespérée de bonheur brille un instant à ses yeux, elle s’évanouit bientôt. Sa volonté se soulève un instant, puis retombe, épuisée de son effort. […] Il cherche et trouve un instant de repos à la Grande-Chartreuse de B… d’où il repart pour les Apennins. […] Un instant après on y lisait les tourments de l’enfer. […] Il pense un instant à consacrer sa vie à Dieu ; mais l’étude de la philosophie le détourne de ces idées.

552. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

On ne rencontre pas l’Énéide à chaque instant, parmi les livres qui affluent. […] L’histoire d’Antoinette : l’héroïsme de tous les instants, l’héroïsme qu’on ne voit pas, car il n’a ni orgueil ni éclat. […] Mais elle aura goûté la joie d’éterniser un instant. […] « Nous avons été un instant sur le point d’admirer les Jeunes-Turcs ; il a fallu y renoncer. […] À nul instant l’auteur n’est inquiet.

553. (1802) Études sur Molière pp. -355

Arnolphe est goguenard ; il aime à plaisanter les époux maltraités, et craint pour lui le mépris qu’il attache à leur disgrâce ; il est dévoré de jalousie, et il est forcé de paraître écouter avec satisfaction le rival qui, sans lui donner le temps de respirer, vient à chaque instant lui raconter ses succès. […] Premièrement, louez-le, dans votre journal, d’avoir laissé percer un instant sur son visage, aux yeux des spectateurs, la joie qu’il éprouve lorsqu’Orgon donne sa malédiction à son fils. […] Orgon, prévenu, entêté pour tout ce qui a rapport à Tartuffe, n’est rien moins qu’imbécile, avec sa femme, ses enfants ; il n’a même pas avec eux un seul instant de faiblesse : tout au contraire ! […] Quittons Plaute, quelques instants, pour nous occuper de ce que Molière doit aux Italiens, à Boisrobert, etc. […] Molière, chargé de choisir un sujet propre à amener des divertissements qui tinssent du miracle, prend dans la fable de Psyché l’instant le plus favorable pour mettre à contribution le ciel, la terre et les enfers.

554. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Une difficulté plus grande, c’est de savoir où l’attention commence et où elle finit ; car elle comporte tous les degrés depuis l’instant fugitif accordé à une mouche qui bourdonne, jusqu’à l’état de complète absorption. […] A notre avis, cela se rencontre dans quelques cas très rares d’extase que nous analyserons plus tard ; mais c’est un instant fugitif, parce que la conscience, placée en dehors des conditions rigoureusement nécessaires de son existence, disparaît. […] Que nous ayons le pouvoir, dans beaucoup de cas, d’arrêter les mouvements de diverses parties de notre corps, c’est ce que l’expérience prouve à chaque instant. […] Alors c’est une préoccupation perpétuelle, une observation de tous les instants sur l’état de chaque organe et les produits de chaque fonction : bref, cet état d’hypocondrie complète dont le tableau a été tracé tant de fois. […] La diffusion n’est pas seulement intérieure ; elle se traduit sans cesse au dehors et se dépense à chaque instant.

555. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

L’humanité ne reste jamais deux instants de suite la même, elle est essentiellement mobile, et cette mobilité infinie d’états, déterminant une semblable mobilité de sensations, de sentiments, d’impulsions do toute nature, donne naissance aux croyances, aux doctrines, aux systèmes qui changent indéfiniment aussi, comme la substance dont ils sont les accidents. […] Les phénomènes naturels se modifient sans cesse autour de nous, et le tableau qui nous environne ne reste jamais un instant immobile. […] Le phénomène, c’est le fait en mouvement, c’est le passage d’un fait à un autre, c’est le fait qui se transforme d’instant en instant. — En partant de cette définition, je dis que M.  […] Ainsi la métaphysique de Hegel ne cesse jamais un instant d’être la métaphysique de l’absolu. […] Admettons un instant la non-existence de cet être parfait, je demande avec Descartes comment nous en avons l’idée.

556. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

D’autre part, le rappel des événements de l’hypnose pendant la veille, lorsqu’il s’agit d’un ordre à exécuter, peut reproduire pour un instant l’état hypnotique ; l’idée fixe de l’hypnose devient alors l’hypnose même. […] Nous accomplissons d’une manière machinale bien des mouvements (comme de tourner la page d’un livre) dont nous avons une conscience faible au moment même où nous les accomplissons, mais dont nous ne nous souvenons plus un instant après, parce que cette conscience n’a été en rien tirée à part du reste : nous n’avons pas pris conscience de notre conscience même. […] Pierre Janet compare les actions des hypnotisés à celles des gens distraits. « On sait, dit-il, les sottises que nous pouvons commettre dans un instant de distraction ; eh bien, si l’on tient compte des conditions de la production, un acte suggéré, pour le sujet, est l’idéal de la distraction178 ». […] Le sujet peut aussi, nous l’avons vu, quand l’heure d’accomplir la suggestion est venue, être ressaisi d’une sorte de vertige hypnotique, exécuter l’acte pendant un instant de somnambulisme, puis en perdre aussitôt le souvenir. […] Cette léthargie ne fut interrompue qu’un instant par une période de somnambulisme proprement dit, où elle murmura : « Je suis venue… J’ai vu M. 

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