L’amour ôté, il n’y a plus d’art ; et l’art ôté, l’amour n’est plus guère qu’un besoin physiologique. […] Pour le type moyen, l’idée de beauté n’existe guère ; il jugera de l’œuvre d’après l’intensité ou la qualité de son émotion. […] Quant à l’avortement précoce, on n’oserait plus guère le considérer comme un crime, hors le cas de meurtre ou de scandale. […] A cette heure, la théorie idéaliste n’est plus guère contestée que par quelques canards enclins à se plaire dans les vieux marécages. […] Paris, 1880 — Ce livre ne se compose guère que d’une préface et de trois discours prononcés à la Chambre en juin et juillet 1879.
Mais dans notre littérature il n’y paraît guère. […] Il n’a guère exagéré. […] Après un siècle écoulé, ceci n’a plus guère, à nos yeux, d’importance. […] Et il n’y a guère que certaines femmes qui puissent lire jusqu’au bout La Belle de jour de M. […] « … Voyez-vous, ce n’est guère qu’aux souvenirs involontaires que l’artiste devrait demander la matière première de son œuvre.
L’économie est une excellente vertu publique, mais la parcimonie qui laisse séjourner de belles œuvres d’art dans l’atmosphère farouche et sombre d’une cave humide n’est guère moins qu’un détestable vice public. […] Aussi les tourments de conscience, qui aujourd’hui causent de si profonds remords, à un Gladstone, à un Morley, pour les péchés de leurs aïeux, n’étaient guère susceptibles d’agir sur un Marcius ou un Quinctius ! […] La traduction de Sir Charles Bowen ne rend guère ce qui fait la qualité propre du style de Virgile, et çà et là par une inversion maladroite, elle nous rappelle qu’elle est une traduction. […] Il est capable de nous rendre un peu de l’énergie de la lyre, mais il n’est guère fait pour saisir la douceur de la flûte. […] La jeune école ne le goûte guère, mais l’école plus ancienne l’accepte, et quand il apparaît sur les murs de l’Académie Royal, on l’appelle l’Enfance de Samuel.
Le mécanisme et l’outillage n’ont guère varié depuis lors. […] La direction du journal n’a guère envie d’y mettre le nez, et la grosse clientèle n’y voit goutte. […] si l’on pouvait mettre face à face les noms des exploiteurs et ceux des exploités, porter à la lumière du jour les secrets des collaborations occultes, démasquer les signataires au front audacieux, faire remonter de l’ombre, ne serait-ce que pour un instant et pour le seul amour de la vérité, les humbles artisans de ces productions sans guère de valeur et, néanmoins, si profitables à d’autres, si lucratives entre les mains des hardis entrepreneurs, qui les ont parafées d’un geste large sans les avoir conçues ni lues peut-être ! […] Ce que deviennent ensuite ces rocambolades, l’impression morale qui doit en rester, le bien ou le mal qu’elles sont susceptibles de produire, la part plus ou moins forte qu’elles risquent d’avoir à la perversion des consciences et du goût publie : voilà des points qui ne les touchent guère. […] Il y a cent ans, ce peuple, excité par le Tiers et les philosophes, fit la Révolution Française, mais ne lisait guère.
Les coroplastes de Tanagra n’en sortaient guère. […] Mais il ne leur emprunte guère que ce qui convient à sa nature première. […] C’est pourquoi la pénétration morale n’est guère l’instrument de l’art populaire. […] À l’origine, il n’avait guère usé de la représentation des choses réelles que comme d’un moyen. […] Les personnages n’y ont guère le sentiment du devoir.
Les défenseurs de l’orthodoxie n’ont guère facilité l’accommodement. […] Il revient, guère plus sage, mais avec un talent en pleine maturité à vingt-cinq ans. […] Mais on ne les prend guère au sérieux ; la gaieté l’emporte, saine et robuste. […] Ce recueil ne doit guère nous arrêter. […] L’Europe n’a guère soupçonné le faible écho qui répondit là-bas à son cri de lassitude sociale.
Pourtant, vous vous en souvenez, elle n’a guère été encouragée, cette pauvre Exposition. […] je raye toute ma première liste, et je n’y laisse guère que Racine et Renan. […] Même, nous ne les étonnons guère. […] À l’origine, ils ne distribuaient guère que du chocolat. […] Il n’y a guère plus de deux ou trois grandes façons de juger et de sentir en politique.
On n’y pourrait guère regretter qu’une chose. […] Je sais assez de philosophie pour avoir entendu dire qu’il n’est guère de philosophie qui ne mène au doute. […] Faguet ne le prend jamais guère sur un ton plus emphatique. […] Il n’en est guère de plus actuelle en effet. […] On n’y voit guère que l’analyse des impressions de Geneviève.
Mais M. de Musset-Pathay n’avait guère le temps de s’occuper des marmots. […] Un de ses camarades de collège, qui l’a vu très souvent jusqu’au printemps de 1833, m’assure n’en avoir guère connu d’autre. […] « Je vous avoue qu’ils ne me plaisent guère ; ceux que j’ai lus ne signifient rien. […] À l’instant où je vous écris, je quitte mon uniforme, que je n’ai guère ôté depuis l’insurrection. […] Il en trouve guère qu’à blâmer dans la Confession d’un Enfant du siècle, qui lui paraît violente et désordonnée, très fausse, malgré ses prétentions au réalisme.
Cagliostro, à cette époque, n’avait guère que trente-deux ans : sa physionomie expressive et brillante colorait l’impudence sous des airs inspirés et sous les effusions de la philanthropie à la mode ; il semblait aller fouiller dans le cœur les secrets de chacun, et promettre en retour toutes les félicités et les merveilles. […] Depuis lors, la critique littéraire qui, aux mains des maîtres, ne s’est guère appliquée qu’à des époques plus éloignées, n’a pas daigné regarder ou du moins signaler ce qu’elle n’ignorait pas, ce que pourtant, je crois, elle ne prisait point assez et à sa valeur.
Il en tire, selon son habitude, l’occasion d’une petite moralité à l’usage des capitaines ses compagnons qui lui feront l’honneur de lire sa vie : l’important, c’est de chercher dès ses débuts à montrer ce qu’on vaut et ce qu’on peut faire ; ainsi les grands et chefs vous connaissent, les soldats vous désirent et veulent être avec vous, et par ce moyen on a toute chance d’être employé : « Car c’est le plus grand dépit qu’un homme de bon cœur puisse avoir, lorsque les autres prennent les charges d’exécuter les entreprises, et cependant il mange la poule du bonhomme auprès du feu. » M. de Lautrec, à la première occasion, donne à Montluc une compagnie ; celui-ci n’avait guère que vingt ans. […] Il avoue ses opiniâtretés, ses colères, qui sentent le cheval de sang et de race : « Il ne me fallait guère piquer pour me faire partir de la main. » Quelquefois aussi, chez lui, c’était méthode et tactique ; on le verra user de sa réputation terrible pour obtenir de prompts et merveilleux résultats : ainsi, à Casal, ville presque ouverte, où il se jette (1552) pour la défendre, et où il lui fallut improviser des fortifications et de grands travaux de terrassement en peu de jours, il donnera ordre à tout son monde, tant capitaines, soldats, pionniers, qu’hommes et femmes de la ville, d’avoir dès le point du jour la main à l’ouvrage « sous peine de la vie » ; et, pour mieux les persuader, il fit dresser des potences (dont sans doute cette fois on n’eut pas à se servir) : « J’avais, dit-il, et ai toujours eu un peu mauvais bruit de faire jouer de la corde, tellement qu’il n’y avait homme petit ni grand, qui ne craignît mes complexions et mes humeurs de Gascogne. » Et en revanche, sans se fier plus qu’il ne faut à l’intimidation, il allait lui-même, sur tous les points, faisant sa ronde jour et nuit, reconnaissant les lieux, « encourageant cependant tout le monde au travail, caressant petits et grands. » Ces jours-là, où il était maître de lui-même, il savait donc gouverner les esprits autant par les bons procédés que par la crainte, et il s’entendait à caresser non moins qu’à menacer.
J’ai eu quelque pensée sur M. d’Oraison ; il a un fils qu’il voulait mettre au Régiment du roi ; je le défie de l’y faire entrer, à qui que ce soit qu’il s’adresse ; mais il est riche, il a des amis ; cela ne le touchera guère ; il trouvera bien à le placer : cependant, s’il persistait à le vouloir avec nous, je le prendrais bien sur moi, et je lui tiendrais parole ; mais comment lui dire cela, comment même l’en persuader ? […] Je ne doute pas que beaucoup de gens ne me condamnent de l’avoir donné au public ; on ne pardonne guère dans le monde cette espèce de présomption, mais j’espère de supporter avec patience le tort qu’elle pourra me faire, si on me devine.
Le trait distinctif et caractéristique de Mme Récamier est d’avoir inspiré de l’amour, un amour très vif, à tous ceux qui la virent et la cultivèrent, et, en ne cédant à aucun, de les avoir conservés tous, ou presque tous, sur le pied d’amis. « Il n’y a guère que vous dans le royaume, écrivait Bussy à sa charmante cousine, qui puissiez réduire un amant à se contenter d’amitié. » Mme Récamier, plus belle, et d’une beauté plus irrésistible, que Mme de Sévigné, peut-être aussi un peu plus coquette et plus irritante au temps de ses élégances, eut bien plus à faire qu’elle pour réduire ensuite au devoir et à la douceur d’un commerce uni ceux qu’elle enflammait. […] [NdA] C’est ce double sentiment d’admiration persistante pour l’écrivain et de vérité entière sur l’homme, que j’ai essayé de rendre dans mon ouvrage Chateaubriand et son groupe littéraire ; la plupart des critiques n’ont voulu y voir qu’une chose, qui n’y est pas, le désir de rabaisser Chateaubriand ; les lecteurs français sont si pressés et si inattentifs qu’ils n’admettent guère qu’une idée à la fois.
Puis, s’exaltant sur ce mot de génie et y mêlant une idée mystique, il en vient à dire « qu’un grand génie n’est guère autre chose pour celui qui le porte qu’un plus douloureux fardeau ; — que toute grande mission emporte avec elle ici-bas la nécessité d’un crucifiement. » Cela est bon à mettre en vers ; ce qui ne peut pas se dire, on le chante. […] C’est toute une croisade : on se demande à quel propos, et contre qui elle est dirigée : car l’industrie moderne, tout occupée à se développer, à conquérir le monde et à régner sur notre planète, ne pense guère pour le moment à se traduire en poésie.
Boileau n’aimait et n’estimait guère rien en dehors des livres ; il n’avait nul goût pour les sciences, pas même la curiosité de se tenir au courant de leurs résultats généraux ; le tour précieux et maniéré, que Fontenelle donna à son livre de la Pluralité des Mondes, l’empêcha toujours d’en reconnaître la vérité et la supériorité philosophique. […] Et il n’est guère probable que Perrault lui-même connût ce recueil. » Ainsi donc, il est bien entendu que ce n’est nullement d’invention qu’il s’agit avec Perrault ; il n’a fait qu’écouter et reproduire à sa manière ce qui courait avant lui ; mais il paraît bien certain aussi, et cela est satisfaisant à penser, que ce n’est point dans des livres qu’il a puisé l’idée de ses Contes de Fées ; il les a pris dans le grand réservoir commun, et là d’où ils lui arrivaient avec toute leur fraîcheur de naïveté, je veux dire à même de la tradition orale, sur les lèvres parlantes des nourrices et des mères.
Il ne faut rien s’exagérer pourtant, et lorsque du détail d’une civilisation on ne sait guère que ce qu’en apprennent les fouilles, et que ces fouilles ont rendu aussi peu qu’elles l’ont fait jusqu’ici sur le sol de Carthage, on se trouve bien en peine, malgré les travaux des Beulé et des Falbe, pour tout remettre sur pied et pour tout restituer. […] A vrai dire, on ne s’intéresse plus guère à l’antique Carthage que par deux choses diversement immortelles, l’une vraie et l’autre mensongère : Hannibal et Didon ; celle-ci, la création la plus touchante que nous ait laissée la poésie des Anciens ; celui-là, à cause des obstacles de toute nature qu’il rencontrait sur sa route glorieuse et du génie qu’il mit à les vaincre, offrant « le plus beau spectacle que nous ait fourni l’Antiquité » : c’est encore Montesquieu qui dit cela.
Mardi 12 janvier 1869 Écrire la vie de M. de Talleyrand n’est guère chose possible, et je ne crois pas que la publication de ses Mémoires tant désirés et tant ajournés, si elle se fait jamais, y aide beaucoup. […] Cela prouve du moins qu’il n’était guère en odeur de vertu.
Parny lui-même et Bertin, en leurs élégies, n’ont guère songé à retremper aux horizons de l’Ile-de-France les descriptions trop affadies de Paphos et de Cythère. […] Ses fonctions diplomatiques elles-mêmes ne l’y avaient guère préparé.
A partir d’elle on a commencé à posséder comme un droit ce qui n’était guère auparavant qu’une audace et une usurpation. […] Cela est écrit avec une élégance agréable, mais cela ne valoit guère la peine d’être écrit. » Trublet lui répondait que toutes les femmes étaient de cet avis, mais que tous les hommes n’en étaient pas.
L’apologue est de sa nature une forme très primitive et très naïve : la réflexion individuelle ne peut guère plus créer des sujets de fables que des sujets d’épopée ; et ces formes symboliques ne sauraient être compréhensives et vivantes qu’à condition de dériver d’une source populaire ou d’être au moins consacrées par une longue tradition. […] On n’y retrouve guère ce pétillement de fantaisie, qui rendaient Chaulieu séduisant dans un souper, au Temple, à Saint-Maur ou à Sceaux.
Sully-Prudhomme, qui n’est guère un contemporain, et dont nous trouverions irrespectueux d’insinuer qu’il est redevenu un jeune. […] À vrai dire, je ne le crois guère.
.), l’éducateur ne peut guère trancher ces questions à l’école. […] L’Église à laquelle l’école d’aujourd’hui se substitue et dont on apprend par cœur le catéchisme avant d’être admis à la communion ne procède pas autrement pour retenir ses fidèles ; les liens sont de nature fort voisine ici et là. » « L’école nous demande non de nous enquérir de ce que sont les idées, mais de les acquérir ainsi. » Voilà un enseignement qui ne fait guère de place à la spontanéité de l’élève et dont l’idéal semble bien être de faire de lui une machine à répétition.
Il est vrai que Pilate, en qualité de procurateur, n’avait guère sous ses ordres que des troupes auxiliaires 1144. […] Vu l’attitude que les Romains avaient prise en Judée, Pilate ne pouvait guère faire que ce qu’il fit.
Habitude vicieuse et pleine de périls au théâtre surtout : car le public — il faut bien le constater — n’aime guère l’abscons ni le mystérieux, et, peu enclin à chercher la signification secrète des mots, affectionne les idées simples et d’assimilation facile. […] De tous ces livres aux appellations saugrenues et bizarres, il ne reste pourtant plus guère que le titre lorsque les modes sont passées.
Le tempérament de Mirabeau devait faire rêver cet autre tempérament… Le début, dans la prose de Mme Louise Colet, fut une Étude sur la jeunesse de Mirabeau ; mais le Mirabeau de cette étude, fort peu savante, n’est pas le Mirabeau historique ; c’est le Mirabeau romanesque, et ce livre n’est guère qu’un roman. […] Il n’y a dans son livre que les opinions du parti auquel elle appartient probablement depuis le berceau… À cela près d’un fort petit nombre d’esprits, chez qui la réflexion domine et pousse à la recherche de la vérité, on n’a guère communément que les opinions de sa naissance ou de son milieu.
Voici un livre comme on n’en fait plus guère et comme il est heureux pourtant qu’on en fasse encore. […] Hédouin, il n’est guère possible de se faire illusion sur le livre qu’il a publié.
L’hypothèse anthropologique et l’hypothèse idéologique ne sortent guère du mystère. […] Or on sait que l’histoire ne se répète guère ; il est rare qu’elle ramène deux fois les mêmes combinaisons de conditions.
Ces ballades ne ressemblent guère à celles de François Villon ou de M. […] Chacun de nous ne les entend guère qu’avec la signification que tous leur ont donnée et qui fait leur efficacité morale. […] De l’extérieur il ne peut guère nous venir que la science, mais « c’est un peu le mal du temps d’avoir compté sur l’action du savoir plus que sur l’énergie spontanée ». […] Je n’aime guère cette histoire, trop médicale, de transfusion du sang, mais le thème accepté, on est en présence d’un vrai drame d’aujourd’hui, hardi et vrai. […] En histoire, il est demeuré à Bossuet, et de Maistre lui semble hardi ; en philologie, presque jovial, il sait que Babel veut dire confusion, et il ne sait guère que cela.
Et nous ne connaissons guère Pascal, j’entends le Pascal des Pensées. […] Ce n’était guère le temps de donner à qui que ce fût « asile et protection » ! […] Les apologistes de parti pris n’insistent guère que sur ce chapitre des opérations de Voltaire. […] Voltaire, en effet, jusqu’alors, n’avait guère travaillé que pour le mondé. […] De Chateaubriand même, il n’a guère étudié que le Génie du christianisme, pour lequel nous le trouvons sévère.
Duplessis, n’est guère connu lui-même que des littérateurs de profession.
On n’achète guère de livres quand on lit tant les journaux ; les yeux et l’esprit ont leur ration chaque matin, et s’en tiennent là.
En résumé nous disputions beaucoup et nous ne travaillions guère… Votre portrait de notre excellent professeur demi-gaulois est frappant de ressemblance et touché avec une grâce champenoise.
D’une part, engagée par les sollicitations de votre mémoire, disons mieux, de votre conscience ; de l’autre retenue par les scrupules de votre amour-propre, ou du moins de votre délicatesse, il vous faudra, et j’adopte ici la supposition la plus douce, il vous faudra tout ménager, tout prévoir, conter avec apprêt et réserve, fausser presque à votre insu vos réminiscences, prendre à propos vos rêves pour des souvenirs, en un mot, par un officieux et perpétuel mensonge d’imagination, reconstruire le passé en croyant le reproduire ; à moins toutefois, ce que je ne redoute guère, qu’il ne vous advienne l’orgueilleux caprice de nous confesser voire vie pleine et entière, à la mode de saint Augustin, sinon de Jean-Jacques.
Et d’abord ce n’est pas un fait indigne de remarque que, pour la première fois peut-être, la génération nouvelle, qui jusqu’ici n’a guère eu accès auprès du prince, dont la voix n’arrive directement au chef suprême de l’État ni dans les Conseils, ni par la tribune, ni par la chaire, ait comparu devant lui, simple et sérieuse, dans la personne d’un de ses représentants.