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477. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Fille du Péché, Pudeur impudique, combien n’avez-vous point troublé les jours de l’homme par une vaine apparence de pureté ! […] Ainsi passe, en se tenant par la main, le plus superbe couple qui s’unit jamais dans les embrassements de l’amour : Adam, le meilleur de tous les hommes qui furent sa postérité ; Ève, la plus belle de toutes les femmes entre celles qui naquirent ses filles.

478. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Assurément, il y a du Burns sous son écorce, du Burns qui c’est pas encore sorti de sa tige, dans le poète qui nous a donné Les Sapins, Le Braconnier, La Vache blanche, Le Lavoir, Le Bûcheron, La Fille du Cabaret, La Chanson de la soie, même Les Bœufs, populaires pourtant, mais comme toute poésie inférieure, Les Bœufs, dont l’inspiration est brutale, car la femme et la fille y sont grossièrement et sordidement sacrifiées aux animaux, et enfin Le Tisserand, dont le refrain est idéal d’imitation pittoresque et d’harmonie !

479. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Quand, sorti de chez sa maîtresse pour rentrer chez sa femme, il y trouve des enfants qui, tout à l’heure, par le fait du roman, vont le mettre au supplice (sa fille en voulant épouser le fils d’un ennemi politique, son fils en jugeant et en réprouvant sa conduite quand il accepte le ministère), ce père, qui aurait pu être sublime dans ce déchirement de Laocoon, dévoré non plus par des serpents, mais par ses propres enfants, a perdu le bénéfice et l’auguste caractère de la paternité, et tous les sophismes de l’auteur n’ont pas le pouvoir de les restituer à cette paternité souillée. […] Il cède sa fille à son ennemi, tremble devant la conscience armée de son fils, qui se tait et s’éloigne en emportant respectueusement son mépris, et il meurt de tout cela, comme un homme sans puissance d’ambition et d’idées ; car les grands hommes peuvent bien être tués par leur ambition ou par leurs idées, mais ils ne se laissent pas, comme une jeune fille allemande, mourir !

480. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Là seront les filles des champs et les filles des montagnes, et celles qui habitent les forêts, les bois sacrés, les collines.

481. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Elle lui donne une fille, qu’il nomme Amélie (retenez ce point). […] C’est Atala, fille de Simaghan. […] Elle n’est pas, comme on le croit, la fille de Simaghan ; elle est la fille de Lopez, de ce vieil Espagnol qui fut le bienfaiteur de Chactas. […] … Ô fille plus belle que le premier songe de l’époux ! […] Peu après, il rencontre Cymodocée, fille de Démodocus, prêtre d’Homère.

482. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

l’éternelle petite fille de l’école naturaliste conduisant la vache au taureau. […] La mère et la fille s’en allaient aussi maintenant. […] Il prit la lumière et m’emmena au fond de l’appartement, vers la couchette de la petite fille. […] Et la fille qu’elle vient de mettre au monde a pour père un misérable ! […] Elle l’atteint : la mère et la fille sont réunies.

483. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Mme de Sévigné écrivait à sa fille (7 octobre 1676) : « Quant à M. de La Rochefoucauld, il alloit, comme un enfant, revoir Verteuil et les lieux où il a chassé avec tant de plaisir ; je ne dis pas où il a été amoureux, car je ne crois pas que ce qui s’appelle amoureux, il l’ait jamais été. » Lui-même, au rapport de Segrais, disait qu’il n’avait trouvé de l’amour que dans les romans. […] » On leur reprochait aussi de l’obscurité ; Mme de Schomberg ne leur en trouvait pas, et se plaignait plutôt de trop les comprendre ; Mme de Sévigné écrivait à sa fille en lui envoyant l’édition de 1672 : « Il y en a de divines ; et, à ma honte, il y en a que je n’entends pas. » Corbinelli les commentait. […] Il est fort bien disposé pour sa conscience ; voilà qui est fait… Croyez-moi, ma fille, ce n’est pas inutilement qu’il a fait des réflexions toute sa vie ; il s’est approché de telle sorte de ses derniers moments, qu’ils n’ont rien de nouveau ni d’étranger pour lui. » Il est permis de conclure de ces paroles, ajoute M. […] Il avait épousé fort jeune Mlle de Vivonne, dont je ne vois pas, qu’on dise rien de plus par rapport à lui, sinon qu’il en eut cinq fils et trois filles. […] Fille de M. de Longueville, d’un premier lit.

484. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Sa veuve (Mlle de Bastard), qui exerça une grande influence sur l’éducation de ses filles, était une femme de mérite, d’un esprit original, gai, piquant et très-sensé. […] Mme de Vergennes éleva gravement et même sévèrement ses deux filles, en idée des conditions nouvelles qu’elle prévoyait dans la société. […] Mon imagination me la représente au milieu de nous, travaillant à quelque ouvrage destiné à l’une de ses filles, égayant nos soirées par sa conversation si piquante et si variée, tantôt racontant, avec une originalité qui lui était particulière, mille histoires plaisantes, ou qui nous le paraissaient, parce qu’elle leur prêtait un charme qu’elle seule savait donner, tantôt animant la société par une discussion sérieuse qu’elle savait de même, et selon la convenance, ou prolonger avec intérêt, ou terminer avec saillie. […] L’une de ses filles, celle qui nous occupe, développera plutôt le côté sérieux et philosophique, si je puis ainsi l’appeler ; on possède, on retrouve chaque jour chez l’autre (j’allais dire, on applaudit) l’ingénieuse et riante fertilité, le brillant d’imagination238 ; tandis que de cette veine originale primitive, de cette haute source d’excellente raillerie, il restera encore assez pour rejaillir en dons heureux et piquants sur le petit-fils dont elle chérissait et charmait l’enfance. […] Que deviendrai-je quand vous me reprocherez de m’être enorgueillie de ma félicité, et d’avoir été fière quelquefois d’être si heureuse fille, si heureuse femme et si heureuse mère ?

485. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Un devoir inattendu, une petite fille abandonnée qu’il recueille, achève son retour à la vie morale  Adam Bede, ouvrier charpentier, aime une jeune paysanne coquette, pas méchante, mais qui, de faiblesse en faiblesse, en vient à se laisser séduire par un gentilhomme campagnard et, devenue mère, étouffe son nouveau-né. […] Norah lui en veut de n’avoir pas pris la responsabilité d’un faux commis par elle dans une intention charitable, et aussi de l’avoir toujours traitée comme une petite fille, comme une « poupée ». […] — Les Idées de Madame Aubray et Denise, ces deux pièces d’esprit vraiment évangélique, nous veulent persuader que, dans de certaines conditions, un honnête homme peut et doit, en dépit de prétendues convenances, épouser une fille séduite, et séduite par un autre que lui  Dans la Femme de Claude, un homme, après avoir prié Dieu, se met avec sérénité au-dessus des codes humains, et substitue son tonnerre à celui de Dieu même, dans la lutte engagée par la conscience contre les deux grandes puissances mauvaises qui perdent le monde moderne : la luxure et l’argent, ou, plus expressément, la spéculation financière  L’Ami des femmes, la Princesse Georges, l’Étrangère, Francillon reposent sur la même conception du mariage que la Dame de la mer ou Maison de poupée  Et si vous voulez des orgueilleuses, des insurgées démoniaques, Mme de Terremonde, et mistress Clarkson, et Césarine ne le cèdent point, ce me semble, à Hedda Gabler  Bref, le théâtre de Dumas, comme celui d’Ibsen, est plein de consciences ou qui cherchent une règle, ou qui, ayant trouvé la règle intérieure, l’opposent à la règle écrite, ou enfin qui secouent toutes les règles, écrites ou non. […]     C’est, dans Crime et Châtiment, la rencontre de Sonia, la fille publique, et de Raskolnikof, l’assassin. […] Raskolnikof est le seul homme qui ne l’ait pas traitée avec mépris : elle le voit torturé par un secret ; elle essaie de le lui arracher… L’aveu s’échappe : la pauvre fille, un moment atterrée, se remet vite ; elle sait le remède : « Il faut souffrir, souffrir ensemble… prier, expier… Allons au bagne ! 

486. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

La reconnaissance de Lusignan et de sa fille, dans Zaïre ; l’arrivée du vieux Narbas, dans Mérope, au moment où la reine va frapper Égisthe, sont des effets admirables ; on ne leur demande pas s’ils sont conformes aux règles. […] Les événements du drame lui apprennent tour à tour qu’elle est chrétienne, de la race des anciens rois de Jérusalem, fille du dernier Lusignan, que son père vit encore. […] C’est la foi d’une fille obéissante ; elle croit par respect pour son père et par honneur domestique. […] Quand la vie d’Égisthe est menacée, je regrette qu’à l’exemple de Clytemnestre défiant Agamemnon d’arracher sa fille d’entre ses bras, elle ne rende pas à Polyphonte menace pour menace, et ne sache pas en même temps prier et se faire craindre. […] Il écrit Mahomet « pour faire voir le danger du fanatisme » ; Marianne, parce qu’on pleure à Inès de Castro ; Zulime, pour essayer de fléchir un père qui ne voulait pardonner ni à son gendre ni à sa fille, mariés sans son consentement ; Sémiramis, Oreste, Rome sauvée, pour faire pièce à la Sémiramis, à l’Électre, au Catilina de Crébillon, qui s’imprimaient au Louvre aux frais du roi.

487. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Le duc d’Albemarle l’était depuis longtemps quand la duchesse de Richelieu, digne fille de la duchesse Mazarin, la fut trouver. Le duc, qui la vit, ne put tenir contre cette jeune beauté et quitta bientôt la mère pour la fille. « La duchesse, au désespoir, se servit de son crédit auprès du roi Guillaume pour faire sortir sa fille d’Angleterre, et, en effet, celle-ci fut obligée de se retirer en Hollande ; mais la duchesse n’y gagna rien, car le duc d’Albemarle suivit aussitôt la duchesse de Richelieu. […] Mais voici l’annotation qui a tout à fait son prix et qui est la plus ressemblante des esquisses : « Ninon, qu’on appelle à présent dans sa vieillesse Mlle de L’Enclos, est fille d’un nommé de l’Enclos, joueur de luth.

488. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il amnistia tous ses ennemis, et rappela Soderini à Rome ; il plaça les fils et les filles de Laurent dans toutes les grandes familles royales de l’Italie et de l’Europe ; il donna son nom à son siècle, et il mérita cette gloire. […] X Le descendant de Laurent par Lucrezia Salviati, sa fille, reprit le nom vénéré de Côme et le titre de grand-duc. […] Alexandre n’était point méchant, mais ses mœurs étaient dépravées par l’amour ; il fit de Florence le sérail de ses plaisirs ; il corrompait ou séduisait les femmes ou les filles des plus illustres maisons de la capitale. […] XV Les rois de l’Europe s’empressèrent de rechercher en mariage les filles de cette illustre maison, qui commença la dynastie par les alliances.

489. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Orgon90 annonce à sa fille qu’il a fait choix pour elle d’un mari. […] Il désire naturellement que son choix soit ratifié par sa fille. […] Il y a peut-être, suivant la coutume et la nature, une nuance de tendresse de plus envers les filles. […] Il a créé la mère amie et sœur aînée de sa fille92. « Je n’ai point d’ordres à vous donner, ma fille, dit Mme Argante ; je suis votre amie, et vous êtes la mienne ; et si vous me traitez autrement, je n’ai plus rien à vous dire. » Il est donc convenu que les deux amies n’ont plus de secret l’une pour l’autre ; la plus âgée met seulement son expérience au service de la plus jeune, et comme celle-ci hésite à lui confier ses peines : « Ah !

490. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Ça devait être, dans le même milieu et la même tonalité, une vieille fille dévote et chaste… Et puis j’ai compris que ce serait un personnage impossible. » En rentrant à la maison, nous trouvons notre manuscrit de Sœur Philomène que nous retourne Lévy, avec une lettre de regret, s’excusant sur le lugubre et l’horreur du sujet. […] Il y a aussi un garde française au pastel tout pâle, une petite fille qui a un serin jaune perché sur un bras, une vieille femme noire, austère, janséniste, la mère inconsolable du garde française tué en duel à vingt ans. […] Et regardez encore la petite fille toute de lumière, enfant de soleil qui jette ses reflets d’ambre à toute la toile, cette petite fille coiffée d’or, qu’on dirait habillée d’émeraudes et d’améthystes, et à la hanche de laquelle pend un poulet : petite juive, vraie fleur de Bohème.

491. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Voici le passage, le voici tout entier : Psyché, à travers les épreuves dont je vous ai parlé, traversant les déserts, traversant les contrées sauvages, finit, ce qui est tout à fait naturel, par rencontrer un ermite  pas tout à fait, puisque c’est un bon vieillard qui vit dans une sorte de cottage avec sa fille  qui lui raconte son histoire. […] Il a épuisé tous les dégoûts, lui, et du reste sa fille, et ils se sont parfaitement entendus pour ne plus rien vouloir savoir des grandeurs de ce monde. […] Est-il possible que vous ne vous y soyez point ennuyé, vous, ni votre fille ? […] Il semblait qu’il se fût paré Pour plaire aux filles de Nérée : Dans un nuage bigarré, Il se coucha cette soirée.

492. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Le nom de fille de notre tante était Mauconseil ; sa mère était une belle femme de beaucoup d’esprit, qui avait épousé un vieux mari, dont j’ai ouï conter qu’il avait été page de Louis XIV ; il en gardait l’immense souvenir d’avoir un jour brûlé la perruque du grand roi avec son flambeau. Mlle de Mauconseil, fille unique, riche, très jolie, et passablement enfant gâté, épousa le prince d’Hénin, fils d’une Beauvau, sœur du père de ma grand-mère ; ce fut l’origine de leur liaison. […] Partout où il y aura une femme spirituelle, douée de charme ; à côté de l’aïeule souriante et qui n’invoque pas à tout propos son expérience, une mère avec d’aimables filles qui paraîtront presque ses sœurs ; un cercle de jeunes femmes amies, honnêtement enjouées, instruites, attirant autour d’elles leurs frères ; partout où il y aura de l’aisance, de l’instruction et de la culture, des mœurs sans maussaderie, avec le désir de plaire ; partout où tout cela se rencontre, la bonne compagnie à l’instant recommence.

493. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Douée de discrétion et de dissimulation, son étonnement était grand en entendant son fiancé lui parler de tout à tort et à travers et à l’étourdie : « Je me taisais et j’écoutais, ce qui me gagna sa confiance, Je me souviens qu’il me dit, entre autres choses, que ce qui lui plaisait le plus en moi, c’était que j’étais sa cousine, et qu’à titre de sa parente il pourrait me parler à cœur ouvert ; en suite de quoi il me dit qu’il était amoureux d’une des filles d’honneur de l’Impératrice, qui avait été renvoyée de la Cour lors du malheur de sa mère, une Mme Lapoukine, qui avait été exilée en Sibérie ; qu’il aurait bien voulu l’épouser, mais qu’il était résigné à m’épouser moi, parce que sa tante le désirait. […] La mère de Catherine, moins prudente et moins avisée que sa fille, court risque de la compromettre dans l’esprit de l’Impératrice ; elle entre dans des intrigues de cour. […] Il avait vu précédemment Catherine à Hambourg et avait grondé sa mère de faire trop peu de cas de cette enfant, qui avait, disait-il, « une tournure d’esprit très-philosophique. » Arrivé en mission à Pétersbourg, il vit beaucoup la mère et la fille, et s’intéressa de plus en plus à celle dont il avait deviné le génie : « Il me demanda comment allait ma philosophie dans le tourbillon où j’étais placée.

494. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

L’auditoire avait été choisi à souhait : outre les habitués, M. de Chateaubriand en tête, c’était M. le duc de Noailles, plus la vicomtesse de ce nom et sa fille la duchesse de Mouchy, c’est-à-dire la fille et la petite-fille de Mme de Noailles elle-même. […] Il a fait un joli roman, Mademoiselle de Liron, son seul titre vraiment littéraire : son héroïne n’est pas une héroïne, c’est une fille aimable et sensée qui excelle aux soins du ménage et à la pâtisserie du pays, une campagnarde un peu philosophe qui a aimé et failli une première fois, et qui aimera et cédera encore une seconde ; intéressante et sensible, bien qu’un peu grasse23.

495. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Comme un cœur pur de jeune fille Qui coule et déborde en secret, A chaque peine de famille, Au moindre bonheur, il pleurait ; A voir pleurer sa fille aînée ; A voir sa table couronnée D’enfants, et lui-même au déclin ; A sentir les inquiétudes De père, tout causant d’études, Les soirs d’hiver, avec Rollin ; Ou si dans la sainte patrie, Berceau de ses rêves touchants, Il s’égarait par la prairie Au fond de Port-Royal-des-Champs ; S’il revoyait du cloître austère Les longs murs, l’étang solitaire, Il pleurait comme un exilé ; Pour lui, pleurer avait des charmes. […] Lui-même il dut payer sa dette ; Au temple il porta son agneau ; Dieu marquant sa fille cadette, La dota du mystique anneau. […] Lope de Vega eut aussi une fille, et la plus chérie, qui se fit religieuse ; il composa sur cette prise de voile une pièce de vers fort touchante, où il décrit avec beaucoup d’exaltation les alternatives de ses émotions de père et de ses joies comme chrétien (Fauriel ; Vie de Lope de Vega).

496. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Nous avons comparé plus d’une fois la muse d’André Chénier au portrait qu’il fait lui-même d’une de ses idylles, à cette jeune fille, chère à Palès, qui sait se parer avec un art souverain dans ses grâces naïves : De Pange, c’est vers toi qu’à l’heure du réveil Court cette jeune fille au teint frais et vermeil : Va trouver mon ami, va, ma fille nouvelle, Lui disais-je. Aussitôt, pour te paraître belle, L’eau pure a ranimé son front, ses yeux brillants : D’une étroite ceinture elle a pressé ses flancs, Et des fleurs sur son sein, et des fleurs sur sa tête, Et sa flûte à la main……… La muse de Millevoye est bergère aussi, mais sans cet art inné qui se met à tout, et par lequel la fille de Chénier, sous sa corbeille, s’égale aisément aux reines ou aux déesses. […] Je recommanderai encore, d’après mon ami qui la chantait à ravir, la romance intitulée le Tombeau du Poète persan, et ce dernier couplet où la fille du poëte expire sous le cyprès paternel : Sa voix mourante a son luth solitaire Confie encore un chant délicieux, Mais ce doux chant, commencé sur la terre, Devait, hélas !

497. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

La terre de Blet, possédée pendant plusieurs siècles par la maison de Sully, passa par mariage de l’héritière, en 1363, à la maison de Saint-Quentin, où elle fut transmise en ligne directe jusqu’en 1748, date de la mort d’Alexandre II de Saint-Quentin, comte de Blet, gouverneur de Berg-op-Zoom, père de trois filles d’où sont nés les héritiers actuels  Ces héritiers sont le comte de Simiane, le chevalier de Simiane, et les mineurs de Bercy, chacun pour un tiers, qui est de 97 667 livres sur la terre de Blet, et de 20 408 livres sur la terre des Brosses. […] (Barbier, Journal, octobre 1750.) — La dauphine vient d’accoucher d’une fille. […] Conversation avec Madame Louise, fille de Louis XV, devenue carmélite.)

498. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle est fille de Rousseau, par l’intensité de la vie sentimentale. […] Elle a l’âme de Rousseau : mais par l’esprit elle est fille de Voltaire, fille du xviiie  siècle raisonnable et mondain.

499. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

A Lyon, où il fait souvent l’école buissonnière et passe des journées dans les bois ou le long de l’eau ; au collège de Sarlande, où il invente des histoires pour les « petits », à Paris même, où, fraîchement débarqué, de ses yeux de myope encore tout pleins de songerie, il s’essaye à regarder ce monde nouveau qu’il peindra si bien, le petit Chose, délicat et joli comme une fille, timide, fier, impressionnable, distrait, continue de rêver effrontément, fait des vers sur des cerises, des bottines et des prunes, chante le rouge-gorge et l’oiseau bleu, soupire le Miserere de l’amour, et adresse à Clairette et à Célimène des stances cavalières qui semblent d’un Musset mignard et où l’ironie, comme il convient, se mouille d’une petite larme. […] Et la Bohème en famille, ce bizarre intérieur du sculpteur Simaise, la mère dans un hamac, quatre grandes filles remplissant l’atelier de leur tapage, de leurs chiffons, une fête perpétuelle… « Plus ils vont, plus ils sont joyeux. […] Il ne lui faut qu’installer dans les bureaux de la Morgue un petit employé placide, écrivant de sa plus belle main sur un grand registre, pendant que ses pommes mijotent sur le poêle : « Félicie Rameau, brunisseuse, dix-sept ans85. » — Ou bien ce sont les derniers communards buvant et chantant avec des filles dans les chapelles funéraires du Père-Lachaise86.

500. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Ce livre avec lequel on pourra toujours restituer la physionomie exacte du Paris actuel, nous donne l’aspect intime de la rue le matin quand les cafés s’ouvrent sur le passage des ouvriers et des filles découchées la nuit au moment des rentrées tardives, le soir à l’heure discrète ou des messieurs bien mis enboitent le pas d’ouvrières en cheveux, au crépuscule, où déserte et morte, elle sèche d’une averse sous la flambée jaune du soleil couchant ; il nous donne les boutiques, les ateliers, le garni d’un peintre, les brasseries, les restaurants, l’appartement d’une fille, celui d’un employé, tout le dedans et le dehors de la capitale du monde moderne. […] D’autres phrases coulent lentement comme des larmes de miel : « Cette pièce où des glaces se faisaient écho et se renvoyaient à perte de vue dans les murs des enfilades de boudoirs roses, avait été célèbre parmi les filles, qui se complaisaient à tremper leur nudité dans ce bain d’incarnat tiède qu’aromatisait l’odeur de menthe dégagée par le bois des meubles ».

501. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Je la vois d’ici, sa machine : moitié Fille Élisa et moitié Faute de l’abbé Mouret. […] Mais la comtesse rappelle sa fille auprès d’elle ; Annette a dix-huit ans : c’est le portrait vivant de la comtesse ; c’est elle-même, comme elle était jadis, quand Olivier la rencontra.

502. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Hors du bas-relief, à droite, contre un pilastre, une figure de ronde-bosse tenant une balle dans la main, foulant du pied une couronne, son autre bras ramené sur son ventre, y soutenant sa draperie, ce qui lui donne l’air d’une fille grosse, et je ne voudrais pas jurer qu’il n’en fût quelque chose, car elle est triste. […] A-t-il perdu son père, sa mère, sa sœur ou sa fille, son ami ou sa maîtresse ?

503. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

… Sans la marquise de Sévigné et sa passion incompréhensiblement folle pour sa maussade fille, qui donc se douterait seulement de l’existence de ce Grignan, qui ne fut qu’une bouture assez mal venue de sa mère, et dont la possession d’État — comme on dit en droit — vient de deux femmes, deux cents ans avant que ce bâtard de Girardin demandât que la femme fît la possession d’État de l’enfant légitime ! […] Il épousa la fille de Saint-Amans, un riche financier de ce temps ; mais, à cette date de son histoire, Frédéric Masson, l’amoureux de madame de Sévigné, le railleur qui se moque de ce qu’il adore, et dans les moqueries duquel on voit pourtant encore trembler l’amour, n’est plus le riant, le gai, l’ironique historien des premières pages et des premières années de cet enfant ou de ce jeune homme gâté par sa grand’mère, et on n’a plus affaire — changement soudain !

504. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

Caron, l’octogénaire, qu’elle assassine de son âge en lui répétant sur tous les tons qu’il est dégoûtant et vieux, elle ne s’en dit pas moins sa fille soumise et subordonnée. […] Elle parle bien, sans peser sur les motifs de son désespoir, à un de ses amis, d’un projet de suicide qui, dans cette âme mobile, se change bientôt en projet d’aller vivre d’une vie cachée, avec sa fille, à la Martinique ou à la Louisiane, mais rien ne reste en peu de temps de ces deux projets.

505. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Cette instruction, divisée par chapitres et où nul n’est oublié du personnel de la valetaille : le butler (sommelier), la cuisinière, le laquais, le cocher, le groom, l’intendant, le portier, la femme de chambre, la fille de service, la fille de laiterie, la bonne d’enfants, la nourrice, la femme de charge et la gouvernante ; ce mandement d’un doyen que Mascarille, après boire, refuserait de signer, ne peut être évidemment qu’une mystification immense et même une mystification à commencer par l’auteur lui-même, — car rien ne doit équivaloir, non seulement pour un esprit élevé, mais pour un esprit quelconque, au dégoût d’écrire, dans quelque but de raillerie que ce soit, ces conseils de friponnerie et de bassesse où tout le sens est dans la grosseur de l’ironie et dans une impudence égale entre l’idée et le langage… Et ce n’est pas tout.

506. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Mais si la fille du millionnaire comte de la Bastie est au désespoir, elle n’en est pas moins riche héritière et voilà que les prétendants accourent autour d’elle. […] Où Vénus Astarté fille de l’onde amère Secouait, vierge encor, les larmes de sa mère, Et fécondait le monde en tordant ses cheveux ? […] Telle qu’elle est, c’est bien une Muse et véritable et du pur sang des filles du Parnasse. […] Si Satan se met à s’attendrir avec les petites filles qu’il séduit, où en serons-nous, grands dieux ! […] Cependant, tandis que la petite fille chantait, et que le poète lui-même se laissait aller à ces réflexions ultra-démocratiques, les malles et les bagages de la diligence étaient visitées par les douaniers prussiens.

507. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Elle s’est rappelé les plus innocents vers de sa fille, quand sa fille avait six ans. […] De ces filles bien nées et bien humbles, l’histoire est la même en toute famille, à cette époque. […] Condamnée, on la vint prendre, la pauvre fille ! […] Annette alors regretta le cloître et la tombe des filles ensevelies sous l’amandier en fleur. […] Quelle belle maison ils ont bâtie en pleine Espagne à cette fille charmante !

508. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Schaller, Elisabeth (Pseud. François Casale) »

Aussi n’avez-vous rien écrit de mieux que Les Hirondelles, Les Oubliés, La Petite Fille aux étoiles, Les Trois Gouttes de sang, et cette Forêt muette qui me plaît pour des raisons personnelles.

509. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Roslin et Valade »

Le premier a peint la Comtesse d’Egmont, fille du maréchal de Richelieu.

510. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Je remarque une toute petite fille ayant une paire de bottes à l’écuyère accrochée par une ficelle à une épaule, et portant, de sa main libre, un vieux baromètre doré. […] Il y a des femmes du peuple, des filles, des jeunesses en capuchon rouge, et même des petites bourgeoises, ne sachant en ce temps où passer la soirée. […] Il y a de la fille à soldat de toutes les catégories, et je marche derrière une créature, à laquelle un jeune lignard donne le bras. […] C’est la toilette distinguée de la fille de maison, à l’usage des militaires, en l’an de grâce 1870. […] Une petite fille, qui a un minuscule sac au dos, avec un biscuit de mer, en guise de pain de munition, joue entre les jambes de son père.

/ 1828