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322. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 134-135

Toutes les fois qu’il n’écoute que la raison & le bon goût, on ne peut s’empêcher de le regarder comme le modele des bons Critiques.

323. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 84-86

Ces traits de foiblesse n'empêchent pas que le Cardinal de Richelieu n'ait été le Fondateur du Théâtre, par les bienfaits sans nombre qu'il répandoit pour encourager ce genre de Poésie.

324. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Mystères. » pp. 35-37

On mêlait aux sujets les plus respectables les plaisanteries les plus basses, et que l’intention seule empêchait d’être impies ; car, ni les auteurs, ni les spectateurs, ne faisaient une attention bien soutenue à ce mélange extravagant, persuadés que la sainteté du sujet couvrait la grossièreté des détails.

325. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

A cette question nous ne pouvons pas nous empêcher de chercher une réponse. […] Une fiction, si l’image est vive et obsédante, pourra précisément imiter la perception et, par là, empêcher ou modifier l’action. […] Mais si l’on a commencé par poser en principe que l’ombre du corps demeure, rien n’empêchera d’y laisser le principe qui imprimait au corps la force d’agir. […] Cela suffit à dissiper la frayeur, ou plutôt à l’empêcher de naître. […] Celui qui n’accepte pas la croyance commune l’empêche, pendant qu’il nie, d’être totalement vraie.

326. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LII » pp. 203-205

Déjà à la Chambre des pairs, dans une discussion précédente à propos des fonds secrets, M. de Montalembert, de retour de l’île de Madère, avait incidemment soulevé cette question de liberté d’enseignement, et il l’avait fait avec tout le talent qu’on ne peut s’empêcher de reconnaître à cette parole arrogante et élégante.

327. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Des Essarts, Emmanuel (1839-1909) »

Le beau antique corrige à propos le joli et l’empêche de tourner au coquet… Dans les Élévations, l’auteur peut laisser ouvrir à son lyrisme des ailes qui se seraient brûlées aux bougies d’un salon ; il vole à plein ciel, chassant devant lui l’essaim de strophes et ne redescend que sur les cimes.

328. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VIII. Des Anges. »

Rien n’empêche d’accorder à ces esprits bienfaisants des marques distinctives de leurs pouvoirs et de leurs offices : l’Ange de l’amitié, par exemple, pourrait porter une écharpe merveilleuse, où l’on verrait fondus, par un travail divin, les consolations de l’âme, les dévouements sublimes, les paroles secrètes du cœur, les joies innocentes, les chastes embrassements, la religion, le charme des tombeaux, et l’immortelle espérance.

329. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Cela n’empêchait en rien la douceur de son commerce et son agrément infini. […] La tristesse qu’un tel état nourrissait naturellement n’empêchait pas l’agrément et le sourire de reparaître aux moindres intervalles. […] Elle s’entendait bien aux procès, et l’empêcha de perdre le plus beau de ses biens en lui fournissant les moyens de prouver qu’ils étaient substitués. […] Nulle part comme dans la Princesse de Clèves, les contradictions et les duplicités délicates de l’amour n’ont été si naturellement exprimées : « Mme de Clèves avoit d’abord été fâchée que M. de Nemours eût eu lieu de croire que c’étoit lui qui l’avoit empêchée d’aller chez le maréchal de Saint-André ; mais, ensuite, elle sentit quelque espèce de chagrin que sa mère lui en eût entièrement ôté l’opinion… » — « Mme de Clèves s’étoit bien doutée que ce prince s’étoit aperçu de la sensibilité qu’elle avoit eue pour lui ; et ses paroles lui firent voir qu’elle ne s’étoit pas trompée. […] Sa malice, qui se tempère toujours, n’empêche pas en lui l’équité, et qu’il ne fasse la part à la louange ; il n’a pas évité pourtant la minutie et la chicane du détail.

330. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Mais, tant que l’effet subsiste, sa constance ne l’empêche pas d’exister, et de même la constance de la sensation, tant qu’elle subsiste, ne l’empêche pas d’être sentie avec tout le reste ; elle l’empêche seulement d’être triée à part. […] Même quand nous passons de l’éclair au son, il y a sentiment de différence sous forme de choc intérieur, de surprise, de coup inattendu ; l’absence de continuité empêche seulement la différence d’offrir une quantité immédiatement appréciable, comme cela a lieu quand on passe d’une lettre de cinq grammes à une lettre de trente grammes. […] L’idée d’une synthèse mentale n’est pas absurde, et c’est par un paralogisme que l’on conclut de la spécificité d’un état de conscience à sa simplicité ; encore une fois, la spécification est le signe de la complication : ce n’est donc pas la simplicité des sensations qualitatives, mais au contraire leur complexité, qui empêche de les réduire à un de leurs éléments pris arbitrairement comme le seul, quand il n’est que le plus constant et le plus primitif.

331. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide fait dire à son pasteur : « Un instinct aussi sûr que celui de la conscience m’avertissait qu’il fallait empêcher ce mariage à tout prix. » C’est la plus vulgaire jalousie qui pousse le pasteur à empêcher son fils d’épouser Gertrude, mais qu’est-ce donc que la conscience, si elle est sujette à de telles illusions ? […] C’est comme si un marin dénonçait la tyrannie de la boussole, qui J’empêche d’aller librement à la dérive et de se perdre en toute indépendance sur les écueils. […] Mais les sympathies qu’on accorde justement au caractère et au talent de cet écrivain jovial n’empêchent point qu’en l’espèce il n’ait tout à fait tort. […] André Gide attribue à Valéry quelque humeur, à cause de ce mot : « J’appelle Beau ce qui m’exalte vaguement. » Mais un certain vague dans l’exaltation n’empêche pas qu’elle n’ait des causes très précises. […] Abel Hermant et Alain, que j’ai vivement combattus : ce qui n’a pas empêché M. 

332. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Cette qualité l’aura du moins empêché d’être un de ces poètes qu’on a dénommé les Maudits. […] Maintenant nous aimons Napoléon Ier : celui-là au moins ne nous empêche pas de dormir à notre aise. […] Et Chalek comprit alors que rien ne l’empêchait d’exercer à son tour ce pouvoir magique. […] Et je ne puis m’empêcher d’en être ravi. […] Le grand tort de la propriété et de la science, à ses yeux, était d’être deux chaînes qui liaient l’homme à lui-même, et l’empêchaient ainsi d’être heureux.

333. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Des mesures sages, et que tout le monde approuve, empêchent de faire chez l’homme les autopsies avant qu’il se soit écoulé vingt-quatre heures depuis le moment de la mort. […] Enfin j’ai pu aller plus loin et paralyser les mouvements thoraciques en ne conservant intègre que le nerf diaphragmatique, qui suffit pour empêcher l’asphyxie. […] Cela explique comment j’ai pu empêcher des animaux d’être empoisonnés en laissant la ligature appliquée pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures. […] L’homme peut arriver par la raison à empêcher les actions réflexes sur son cœur ; mais plus la raison pure tendrait à triompher, plus le sentiment tendrait à s’éteindre. […] Il faut donc empêcher que l’esprit, trop absorbé par le connu d’une science spéciale, ne tende au repos ou ne se traîne terre à terre, en perdant de vue les questions qui lui restent à résoudre.

334. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

D’ailleurs qui pouvoit empêcher ses soldats de le joindre aussi-tôt ? […] Son devoir vouloit qu’elle empêchât dom Pedre de consommer son crime ; et sa prudence ne vouloit pas qu’elle l’exposât à une mort certaine. […] Si la surprise l’avoit empêché de s’écrier au premier vers ; du moins à celui-ci qui apuye sur la même idée, devoit-il exprimer son étonnement. […] Deux raisons m’ont empêché d’en risquer la représentation. […] Il reste pourtant à étudier l’art de les amener, ce qui suppose bien des réflexions que l’excès même de la sensibilité empêche souvent de faire : il faut du sens froid pour refléchir.

335. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Charles Nodier Cette persévérance dans ce qu’on appelait la voie classique, cette servilité d’imitation que l’on apprenait au collège, une prétention plus déplorable encore, et c’était, à la vérité, la seule dont ce brillant esprit se fût jamais avisé, celle de surprendre, par des riens cadencés comme on en rimait alors, le suffrage routinier d’un auditoire académique, empêchèrent Millevoye de parvenir à tous les succès auxquels il pouvait prétendre.

336. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soumet, Alexandre (1788-1845) »

Vainement s’y était-il jeté avec sa fougue ordinaire et avait-il figuré des premiers dans la rédaction du Conservateur et de la Muse française ; des liens le rattachaient à l’ancienne école, qui l’empêchaient de marcher avec la nouvelle.

337. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

Il reste original même à côté d’André Chénier, auquel, du reste, sa modestie bien connue l’eût empêché de s’égaler.

338. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 390-393

Cela n’empêche pas qu’on ne lise cet Ouvrage avec autant d’utilité que de plaisir.

339. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 111-114

Cet Eloge n’empêche pas qu’il n’y ait des fautes dans son Histoire : ces sortes d’Ouvrages ne deviennent parfaits qu’avec le temps, qui offre chaque jour de nouvelles découvertes ; le meilleur ne sauroit être que celui qui a le moins de défauts.

340. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 459-462

Peintre vigoureux & facile, son coloris, il est vrai, est sec & rembruni ; mais ce défaut n’empêche pas qu’il ne l’emporte de beaucoup sur le commun des Moralistes, & ne s’éleve même au rang des plus éloquens & des plus substantiels.

341. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Toutefois, on ne saurait s’empêcher de remarquer que son attachement à l’ancien régime ne l’empêcha point de vanter le gouvernement de fait : un extrait d’un de ses articles (25 mars 1806) en est une preuve évidente3. […] Hoffmann, cette indignation prophétique n’ont point empêché l’auteur d’Adrien de se placer ensuite, et dans le journal même de Geoffroy, au rang des critiques les plus habiles et les plus savants. […] Lorsqu’on entre bien dans l’intérêt du Cid, on ne peut s’empêcher de frémir de cet excès d’emportement du comte de Gormas, en songeant aux suites qu’il doit avoir. […] Comment Voltaire ne pouvait-il s’empêcher de citer la sottise d’autrui ? […] Sévère en juge autrement ; il ne peut s’empêcher d’admirer ce noble enthousiasme qui élève un homme au-dessus de la nature et de l’humanité, qui lui fait dédaigner ce qu’il y a de plus enchanteur et de plus précieux sur la terre.

342. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Mais, en même temps, Gui Patin n’était pas d’avis qu’on traduisît Hippocrate : « Si j’avais du crédit, je l’empêcherais. » Il craignait que cela ne fournît texte et matière à faire habiller les charlatans et les singes du métier. […] Aujourd’hui que toutes les classes sont mêlées et confondues, que tous les angles sont polis et usés, le bon goût, le simple usage empêche qu’on ne ressente ou qu’on ne témoigne les colères ou les préjugés de son état : en a-t-on autant qu’autrefois toutes les convictions et les vertus ? […] Mais Renaudot n’était pas facile à émouvoir sur ce point ; il croyait à l’utilité de ses diverses innovations et de ses établissements, à celle de sa Gazette entre autres, et il s’en faisait gloire : Mon introduction des Gazettes en France, écrivait-il en 1641, contre lesquelles l’ignorance et l’orgueil, vos qualités inséparables, vous font user de plus de mépris, est une des inventions de laquelle j’aurais plus de sujet de me glorifier si j’étais capable de quelque vanité… ; et ma modestie est désormais plus empêchée à récuser l’applaudissement presque universel de ceux qui s’étonnent que mon style ait pu suffire à tant écrire à tout le monde déjà par l’espace de dix ans, le plus souvent du soir au matin, et des matières si différentes et si épineuses comme est l’histoire de ce qui se passe au même temps que je l’écris, que je n’ai été autrefois en peine de me défendre du blâme auquel toutes les nouveautés sont sujettes.

343. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

On ne peut s’empêcher de remarquer que Saint-Martin ici nous présente une simple contrariété de sa vie intérieure comme un malheur horrible, et cela en regard de cette véritable infortune publique de Louis XVI et de Marie-Antoinette, qu’il se contente d’appeler une bagarre. […] Pendant le repas, j’allai me reposer à l’écart au pied d’un arbre, et là je ne pus m’empêcher de réfléchir à la bizarrerie des destins de l’homme en ce bas monde, en me voyant par l’effet de la Révolution isolé de tous les rapports que j’ai dans l’Europe par mes objets d’étude, et de toutes les personnes qui me font l’amitié de désirer ma présence, et forcé au contraire à venir passer mon temps à travailler de mes bras au milieu d’une forêt pour concourir à l’avancement de la Révolution. […] Cela n’empêche pas qu’il me venait quelquefois sur le terrain, pendant mon travail, quelques réflexions par rapport au blut (c’est-à-dire, sans doute, la séparation de la pure farine d’avec le mauvais mélange).

344. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Poirson, du sein de sa retraite où il ne peut s’empêcher d’être laborieux comme toujours, vient de publier un ouvrage qu’il préparait depuis longtemps, une Histoire du règne de Henri IV, dans laquelle il a rassemblé tout ce qu’une application persévérante et vigoureuse lui a permis d’apporter de documents, de réflexions et de faits de toute sorte. […] C’est le prince du monde, continue Du Fay, qui a le plus de créance et de fiance en ceux qui le servent, et qui les traverse le moins en leurs charges, lui semblant que depuis qu’il a une fois fait élection de quelqu’un en quelque chose, il lui doit laisser faire son devoir sans l’en empêcher… Et n’y a rien en quoi il fasse gloire de s’en faire croire seul qu’aux principaux coups de la guerre, lorsqu’il se trouve à cheval. […] Un grand prince de France lui reprochait un jour qu’il était léger : il fit venir, pour s’en défendre, tous ses officiers domestiques, ceux de cuisine, ceux de panneterie, de la sommellerie, ceux des écuries, et quasi tout son train ; il ne s’en trouva pas un qui n’eût servi ou qui ne fût sorti de personnes qui avaient servi son père et son aïeul, et lui-même dès le berceau : l’autre se trouva bien empêché à la réplique, étant accoutumé, de trois en trois mois, de faire maison neuve… On l’a estimé aussi être avare, et à la vérité il était malaisé autrement, succédant à un prince qui était par-delà le libéral… L’un pourvoyait à ses libéralités plutôt qu’à ses nécessités : celui-ci ne le fera pas.

345. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il aime assez la vie, il ne la trouve pas mauvaise, il l’a satirisée sans être misanthrope, et seulement parce qu’il ne pouvait s’empêcher de la voir telle quelle est ; mais enfin la vie dans la réalité lui paraît plate ; elle ne lui plaît jamais plus que quand il peut l’animer, la poétiser, la travestir ; il eût été capable de faire, des folies pour cela ; « Mon royaume pour un cheval !  […] Ainsi, pour les Enfants terribles, le mot générateur de la série, c’est cet égoïsme profond de ces petits êtres qui, sans malice d’ailleurs ni arrière-pensée, leur fait tout voir par rapport à eux et les empêche de se rendre compte en rien de l’effet et de*la catastrophe morale que leur imprudence va produire au dehors chez autrui. […] Il ajoutait dans le billet d’envoi : « Monseigneur le Surintendant a voulu avoir ces six vers, et je ne suis pas fâché de lui avoir fait voir que j’ai toujours eu assez d’esprit pour connaître mes défauts, malgré l’amour-propre qui semble être attaché à notre métier. » — L’ancien Balzac n’aurait pas écrit ce petit billet-là, ni le moderne Balzac non plus : l’amour-propre les empêchait de se voir et de se juger.

346. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Et ici je ne puis m’empêcher d’établir un rapprochement et un parallèle. […] Mais voilà qu’arrivés en vue de Carthagène, le gouverneur les empêche de débarquer, pendant n’avoir pas d’ordre à recevoir de celui de Malaga, et le bâtiment dut faire voile vers Majorque. […] Cette généreuse femme rendait ainsi le bien pour le mal, et peut-être aussi entendait-elle remercier par là ce chef d’avoir empêché, au moment de la capture, le massacre de son mari.

347. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Par exemple, Mme Duchambge se reportait toujours en idée à ses jeunes rêves, et ne pouvait s’empêcher de se revoir telle qu’elle avait été autrefois ; à quoi Mme Valmore répondait : « (Le 9 janvier au soir, 1857)… Pourquoi t’étonnes-tu de retourner si jeune dans le passé ? […] Mais des choses que l’on déteste dans quelqu’un empêchent-elles de l’aimer ? […] Rien ne se guérit dans mon triste cœur ; mais aussi rien n’y sèche, et tout est vivant de mes larmes. » Cette dernière sœur elle-même mourait ; la mesure des deuils était comblée, et il y eut des moments où, dans sa plénitude d’amertume, l’humble cœur jusque-là sans murmure ne put toutefois s’empêcher d’élever des questions sur la Providence, comme Job, et de se demander le pourquoi de tant de douleurs et d’afflictions réunies en une seule destinée : « (A sa nièce, 30 janvier 1855)… J’ai depuis bien longtemps la stricte mesure de mon impuissance ; mais tu comprends qu’elle se fait sentir par secousses terribles quand je sonde l’abîme de tout ce qui m’est allié par le cœur et par la détresse.

348. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Ce qui n’empêchait pas qu’à la prochaine visite, en ne voulant causer avec M. de Murçay que des moyens de sauver et de ramener l’absent, elle l’oubliait insensiblement tout à fait, pour jouir du charme de cette conversation si attentive et si tendre, si variée dans son prétexte unique, et si doucement conduite. […] Ce fut donc comme une utilité convenue, dans les propos du monde, que ce rôle de dévouement assigné à Mme de Pontivy ; et je ne répondrais pas que bien des femmes n’aient cru faire une épigramme piquante, en disant d’elle et de ses rêveries, comme Mme du Deffand ne put s’empêcher un jour : « Quant à Mme de Pontivy, on sait qu’elle n’a de pensée que pour son prochain absent. » La passion, telle qu’elle peut éclater en une âme puissante, illuminait au dedans les jours de Mme de Pontivy. […] Elle n’était pas moins heureuse divinement, quand elle l’avait vu une demi-heure de soirée au milieu d’une compagnie qui empêchait toute confidence, et ce bonheur dû au seul regard et à la présence de la personne chérie la possédait tout entière sans qu’elle crût manquer de rien.

349. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Ils empêchèrent ainsi que la large saignée pratiquée sur la langue française ne fût irrémédiable. […] Feint-on de mépriser les douceurs dont il est prodigue, il répond, la bouche en cœur101 : « Il ne s’agit pas de compliments, Madame ; vous êtes bien au-dessus de cela, et il serait difficile de vous en faire. » N’essayez pas de l’empêcher de débiter ses sucreries ; vous n’y réussiriez pas. — « Tu peux te passer de me parler d’amour, dit Silvia. — Tu pourrais bien te passer de m’en faire sentir, répond Dorante. — Ahi ! […] Piètre victoire, qui n’empêche pas son poème entier d’être, à cause de son effort persistant pour polir son style et ses personnages, revêtu d’une teinte grisâtre qui efface et les caractères et les événements !

350. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

On pourrait se demander peut-être à quelle lanterne on a affaire avec Camille : ne serait-ce pas à la simple lanterne de Sosie ou de Diogène, à celle dont lui-même, à la fin de sa Réclamation en faveur du marquis de Saint-Huruge (1789), il a dit : Pour moi, messieurs, rien ne pourra m’empêcher de vous suivre avec ma lanterne et d’éclairer tous vos pas. […] Il avait dit : « L’Assemblée nationale a fait des fautes parce qu’elle est composée d’hommes… ; mais elle est la dernière ancre qui nous soutienne et nous empêche d’aller nous briser. » Il avait flétri, sans nommer personne, mais en traits énergiques et brûlants, ces faux amis du peuple qui, sous des titres fastueux et avec des démonstrations convulsives, captaient sa confiance pour le pousser ensuite à tout briser ; « gens pour qui toute loi est onéreuse, tout frein insupportable, tout gouvernement odieux ; gens pour qui l’honnêteté est de tous les jougs le plus pénible. […] Il dit : Voyez comme on nous traite, voyez ce qu’on dit de nous.  Cette naïveté de conscience m’a paru plus plaisante que rien de ce que j’avais vu de lui jusqu’à ce jour, et vous-même, si vous l’avez lu, vous n’aurez pu sans doute vous empêcher de rire comme moi, qu’un homme, trouvant dans un livre où personne n’est nommé une grande quantité d’auteurs qui, d’après leurs écrits, d’après des faits, d’après une longue suite de preuves, sont traités de perturbateurs séditieux, de brouillons faméliques, d’hommes de sang, aille se reconnaître à un tel portrait, et déclarer hautement qu’il voit bien que c’est de lui qu’on a voulu parler.

351. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Le jour où Louis XIV, cédant au désir de son fils, lui avait permis de se marier, il n’avait pu s’empêcher de dire, dans le bon sens de son préjugé royal : « Ces gens-là ne devraient jamais se marier. » Il prévoyait la confusion et les conflits que cette race équivoque de bâtards légitimés pouvait apporter dans l’ordre monarchique, qui était alors la constitution même de l’État. […] On n’a jamais mieux compris qu’en lisant cette correspondance raffinée et quintessenciée, la fatigue de ceux qui, passant leur vie à Sceaux à faire de l’esprit soir et matin, ne pouvaient s’empêcher de crier grâce, et appelaient cette petite cour les galères du bel esprit 26. […] À quoi elle ripostait assez gaillardement pour une précieuse et pour celle qui venait de jouer l’ingénue avec La Motte : Si je cédais à ton instance, On te verrait bien empêché, Mais plus encore du péché     Que de la pénitence.

352. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

En tout, c’était une beauté touchante et non triomphante, une de ces beautés qui ne s’achèvent point, qui ne se démontrent point aux yeux toutes seules par les perfections du corps, et qui ont besoin que l’âme s’y mêle (et l’âme avec elle s’y mêlait toujours) ; elle était de celles dont on ne peut s’empêcher de dire à la fois et dans un même coup d’œil : « C’est une figure et une âme charmantes. » Le roi l’aima donc, et pendant des années uniquement et très vivement : pour elle, elle n’aima en lui que lui-même, le roi et non la royauté, l’homme encore plus que le roi. […] On souriait donc de Mme de La Vallière et de ses velléités de religion qui ne tenaient pas : « À l’égard de Mme de La Vallière, écrivait Mme de Sévigné à sa fille (27 février 1671), nous sommes au désespoir de ne pouvoir vous la remettre à Chaillot ; mais elle est à la Cour beaucoup mieux qu’elle n’a été depuis longtemps ; il faut vous résoudre à l’y laisser42. » Et encore (15 décembre 1673) : « Mme de La Vallière ne parle plus d’aucune retraite ; c’est assez de l’avoir dit : sa femme de chambre s’est jetée à ses pieds pour l’en empêcher : peut-on résister à cela ?  […] Mme de Sévigné avait d’abord commencé par plaisanter là-dessus comme les meilleures personnes du monde ne peuvent s’empêcher de faire : « On dit qu’elle (Mme de La Vallière) a parfaitement bien accommodé son style à son voile noir, et assaisonné sa tendresse de mère avec celle d’épouse de Jésus Christ. » Mais quand elle fut allée elle-même à la grille et qu’elle eut vu Mme de La Vallière, elle n’eut plus qu’un cri d’admiration pour une simplicité si véritablement humble et si noble encore : Mais quel ange m’apparut à la fin !

353. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Sans doute, quand nous essayons de nous représenter le vouloir, nous n’y parvenons qu’en l’incorporant dans un objet, — désir de telle chose, vouloir de tel mouvement, — car nous ne pouvons vouloir à vide ; mais cette présence nécessaire d’un objet, qui seul donne à la volonté une détermination représentable, n’empêche pas la volonté même d’être avant tout nécessaire. […] Il n’en est pas moins vrai qu’une seconde est toujours une durée, qu’un millimètre est toujours une étendue, que la pensée d’une action est toujours une action, que l’idée d’un mouvement est toujours ce mouvement commencé ; s’il est arrêté ensuite, cela ne l’empêche point d’avoir existé tout d’abord. […] Pour avoir un levier, il faut avoir une puissance et une résistance ; la constante nécessité de l’une n’empêche pas, mais implique, au contraire, la constante nécessité de l’autre.

354. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Ce qui n’empêche pas Claudius inquiet de faire effort deux fois pour se débarrasser de lui, au milieu du drame par la hache ou le poignard, et au dénouement par le poison. […] La chaussure qui blesse et qui empêche de marcher, il représente cela ; la chaussure, c’est le corps. […] Hamlet est formidable, ce qui ne l’empêche pas d’être ironique.

355. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Autant on doit être sévère pour les philosophes qui nient la philosophie, autant nous trouvons naturel et excusable l’orgueil du savant qui, marchant d’un pied ferme sur le terrain solide de la réalité, ne peut s’empêcher de contempler avec quelque pitié nos fragiles systèmes et nos éternelles controverses. […] Lorsque le philosophe prend d’un côté un morceau de marbre, et de l’autre une grande pensée, un grand sentiment, un acte de vertu, il n’a pas de peine à démontrer que ces phénomènes répugnent à la nature du marbre ; mais, lorsque d’intermédiaire en intermédiaire il s’est élevé du minéral au végétal, du végétal à l’animal, de l’animal à l’homme, lorsqu’il passe du travail chimique au travail vital, de là au travail psychologique, — lorsque enfin il vient à remarquer que de la vie consciente à la vie inconsciente, et réciproquement, il y a un va-et-vient perpétuel et un passage insensible et continu, il ne peut s’empêcher de demander en quoi consiste ce moyen terme entre l’âme pensante et la matière brute, qui lie l’une à l’autre, et qui, sans pouvoir se séparer de la seconde, est ici-bas la condition indispensable de la première. […] A proprement parler, ce sont des idées, et ces idées suffisent pour empêcher l’action ou la déterminer.

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