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265. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

C’est cet effort pénible qui se sent dans tout ce qu’a écrit Mme Necker, et qui contribua à miner sa santé avant le temps. […] On conçoit le travail et l’effort de renouvellement qui dut se faire dans l’esprit de Mme Necker en présence de ce monde tout nouveau, surtout quand le cercle de ses relations se fut de plus en plus agrandi, à mesure que M.  […] Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent. […] Un moraliste physiologiste a dit : « De même que, lorsqu’on s’est trop appliqué le soir à un travail, on a mille idées pénibles, tiraillées, fatigantes, qui reviennent avant le sommeil ; mais, au matin, tout s’éclaircit, et l’on se réveille avec de nouvelles idées faciles et vives, qui sont dues pourtant à cet effort du soir précédent : de même, d’une génération à l’autre, les formes d’idées qui, chez Mme Necker, sont à l’état de préparation laborieuse et compliquée, et presque de cauchemar, se réveillent chez Mme de Staël, jeunes, brillantes et légères. »

266. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Au début, il fut soutenu partiellement par la revue toulousaine l’Effort 5. […] « Je ne demande qu’à être compté comme un franc et probe ouvrier9… » Parallèlement au naturisme s’était formé à Toulouse le groupe de l’Effort, par la fusion des Essais de jeunes avec Les Pages d’art. […] En 1898, l’Effort avait organisé un referendum sur le sens énergique chez la Jeunesse. […] Par un violent effort ils ont voulu se placer au centre même du réel, et par une sorte de sympathie intellectuelle, communier avec la nature.

267. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

S’il s’efforce par hasard de suivre un moment l’exemple du vulgaire, pour une action usuelle dont il reconnaît temporairement la nécessité, c’est au prix d’efforts inouïs qu’il pourra dompter son habitude de s’approcher des choses de la vie par la route la plus longue, la plus ténébreuse et la plus compliquée ; et même sil y parvient, sa jouissance sera médiocre. […] Je sais bien que l’effort international, de liberté, de vie nouvelle, de sensualité païenne et d’action écrase et submerge ces produits sans avenir, mais il importe toutefois de signaler le danger. […] J’avais pris la défense de la vie comprise à la façon païenne, c’est-à-dire large et féconde, contre les mystiques et les in-sensuels de tout ordre, qui dirigent tous leurs efforts vers son anéantissement ; mais je ne traitais pas, à proprement parler, la question des rapports de la vie sexuelle et de la vie cérébrale, question qui aurait exigé une démonstration scientifique, et qui demeurait englobée, à l’état embryonnaire, dans la généralité de ma thèse. […] Tout effort physique produit un engourdissement de la vie générale, et la dépense d’énergie qu’implique l’acte sexuel suffit à expliquer l’affaiblissement momentané qui en résulte.

268. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

On sent qu’il se hausse, pour ainsi dire, jusqu’à Tacite, et cet effort d’impuissance choque encoiti plus le lecteur que la résignation modeste du bonhomme Dotteville. […] Il a ménagé avec un soin infini les liaisons les plus légères, les transitions les plus délicates, et a presque effacé par son industrieuse élégance la marque de ses longs et laborieux efforts.

269. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Nul effort, nulle réflexion pénible pour arriver où sa philosophie nous porte. […] Mais c’est aussi une espèce d’originalité bien rare et désirable, que celle qui s’accommode si aisément des idées reçues, des sentiments consacrés, des préjugés de jeunes filles et de vieillards ; qui parle de la mort comme en pense l’humble femme qui prie, comme il en est parlé depuis un temps immémorial dans l’église ou dans la famille, et qui trouve en répétant ces doctrines de tous les jours une sublimité sans efforts et pourtant inouïe jusqu’à présent.

270. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Les hommes de la première classe de la société, en France, aspiraient souvent au pouvoir ; mais ils ne couraient dans cette carrière aucun hasard dangereux ; ils jouaient sans jamais risquer de beaucoup perdre ; l’incertitude ne roulait que sur la mesure du gain ; l’espoir seul animait donc les efforts : de grands périls ajoutent à l’énergie de l’âme et de la pensée, la sécurité donne à l’esprit tout le charme de l’aisance et de la facilité. […] Ce n’était ni par le travail, ni par l’étude qu’on parvenait au pouvoir en France : un bon mot, une certaine grâce, étaient souvent la cause de l’avancement le plus rapide ; et ces fréquents exemples inspiraient une sorte de philosophie insouciante, de confiance dans la fortune, de mépris pour les efforts studieux, qui poussait tous les esprits vers l’agrément et le plaisir.

271. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

[L’Effort (octobre 1897).] […] [L’Effort (15 janvier 1900).]

272. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Il faut qu’ils soumettent à la critique toutes ces vues nouvelles que je viens d’esquisser devant vous et qu’ils n’abandonnent les principes qu’après avoir fait un effort loyal pour les sauver. […]   Les conventions devant l’expérience. — Supposons maintenant que tous ces efforts échouent, et, tout compte fait, je ne le crois pas ; que faudra-t-il faire ?

273. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

À Toulouse, L’Effort (1896), fusion des Essais de Jeunes et des Pages d’Art (Voir les Écoles et les Manifestes). […] À Bruxelles : L’Art Moderne, Le Thyrse, Durendal, le Jeune Effort, L’Idée Libre, La Belgique Artistique et Littéraire, Jadis, L’Essor Littéraire, etc… À Liège : Vallonia, etc… Sans compter les revues disparues, La Jeune Belgique, Le Coq Rouge, Comme il vous plaira, etc… 66.

274. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

La conception et la composition d’un rôle imposent à l’acteur qui en est chargé un labeur considérable et un grand effort subjectif. […] Seulement on n’a pas réussi, ce qui demandait un effort artistique, à constituer le type théâtral d’Antony. […] Je ne méprise nullement l’effort de l’artiste en quelque sens qu’il s’exerce ; cet effort n’est ni vain ni puéril, mais c’est l’histoire des chercheurs d’or : après avoir épuisé les mines aux filons éblouissants, ils tamisent la poussière d’or mêlée au limon que charrient les fleuves. […] En outre, la recherche de l’impression réelle avait d’avance annihilé tout l’effort artistique des comédiens. […] Est-ce à dire que les efforts de l’école seront vains et inutiles ?

275. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

L’esprit scientifique, partout où il pénètre, apporte avec lui l’habitude de rechercher le comment et le pourquoi des choses, l’effort pour établir un enchaînement serré de causes et d’effets, le dessein de condenser une quantité de faits particuliers dans une formule générale, le désir de découvrir des lois constantes dans la suite des phénomènes. […] On peut en relever cependant quelques traces dans l’effort qui s’y est dépensé pour détruire certaines conventions et serrer de plus près la vérité, dans le souci de donner une exactitude rigoureuse au costume, au décor, à la mise en scène, de rétablir ainsi quelques-uns des fils mystérieux qui rattachent les acteurs d’un drame au milieu où ils vivent. […] Il a été scientifique par l’effort des auteurs pour arriver à l’impassibilité, pour éliminer l’émotion personnelle, pour reproduire la réalité tout entière avec l’implacable fidélité d’un miroir, pour substituer à tout parti pris moral la leçon de choses qui se dégage de l’enchaînement des causes et des effets. […] Dites, est-ce que l’effort héroïque, l’endurance, l’ascension lente du futur roi de la terre vers le bien-être, la lumière, la puissance, la justice ne sont pas cent fois plus émouvants, plus poétiques que les fables trop docilement répétées de siècle en siècle ? […] Les grandes généralisations d’un Darwin, d’un Spencer, l’effort pour enfanter une théorie nouvelle qui explique l’univers, cette doctrine de l’évolution qui nous fait assister à la formation et à la transformation incessante des continents, des plantes, des animaux, de l’homme, qui s’applique au développement des sociétés comme à celui de la faune ou de la flore terrestres, tout cela a reculé notre horizon et en même temps nous a fourni un moyen de nous orienter dans la forêt touffue des détails.

276. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Puis quelle recherche de l’érudition, quelle curiosité de la science, — et dans quelle littérature légère de débutant, trouverez-vous ce ferraillement des hautes conversations, cette prestidigitation des paradoxes, cette verve qui, plus tard, tout à fait maîtresse d’elle-même, enlèvera les morceaux de bravoure de Charles Demailly et de Manette Salomon ; — et encore ce remuement des problèmes qu’agitent les bouquins les plus sérieux, et tout le long du volume, cet effort et cette aspiration des auteurs vers les sommets de la pensée ? […] Puis, de la chapelle, au fond du cimetière Montmartre, élargi comme une nécropole et prenant un quartier de la ville, une marche à pas lents et qui n’en finit pas dans la boue… Enfin les psalmodies des prêtres, et le cercueil, que les bras des fossoyeurs laissent glisser avec effort, au bout de cordes, comme une pièce de vin qu’on descend à la cave. […] Dans la presse, en ces derniers temps, s’est produite une certaine opinion s’élevant contre l’effort d’écrire, opinion qui a amené un ébranlement dans quelques convictions mal affermies de notre petit monde. […] Répétons-le, le jour où n’existera plus chez le lettré l’effort d’écrire, et l’effort d’écrire personnellement, on peut être sûr d’avance que le reportage aura succédé en France à la littérature.

277. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Aussi vais-je m’efforcer de caractériser l’effort de chacune d’elles, d’étiqueter leurs produits amorphes et peu discernables. […] Dès que l’œuvre exige une vue d’ensemble, un effort de synthèse, la femme y est inégale. […] Mais la besogne est tout extérieure et la compilation de cette bibliothèque n’a pas coûté de grands efforts intellectuels. […] Je ne la féliciterai pas du grand effort intellectuel qui lui a permis de modifier le dénouement. […] Elle est inégale à l’effort d’une synthèse nouvelle.

278. (1921) Esquisses critiques. Première série

Bourget et l’on peut penser qu’il ne se fit psychologue que par un effort de volonté appliquée. […] Bourget s’est abstenu de ce grand effort, c’est, pensons-nous, pour une autre raison. […] Ce n’est pas peu de chose, car l’on sait quelle séduction possèdent les œuvres où n’apparaît pas l’effort qui les a construites. […] Ainsi, limitant nettement son effort, il en assure les chances de réussite. […] Ciselé, poli, travaillé, très librement d’ailleurs et sans qu’un effort apparaisse, il est à lui seul un divertissement pour l’esprit.

279. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

L’insurmontable incuriosité du Dauphin, nature apathique et têtue, rendit inutiles les efforts, le dévouement, la sévérité du gouverneur et du précepteur. […] Mais dans sa haute et généreuse intelligence, ce service s’élargit, de façon que son état de prêtre ne lui crée jamais une dispense, lui impose souvent une aggravation de peine et d’effort. […] Il a même fait effort pour être bien informé : il n’est pas de ceux qui craignent de savoir, de peur de ne pouvoir plus admirer ou aimer. […] Cette histoire représente le principal effort de Bossuet dans la guerre d’un demi-siècle qu’il a faite au protestantisme. […] De là ses efforts contre Richard Simon, contre les libertins, contre Fénelon même ; de la sa défiance à l’égard de Malebranche, et ses sombres pronostics sur le péril du cartésianisme.

280. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Nous pouvons saisir le résultat de l’effort romantique, nous qui aujourd’hui ne pouvons guère écrire même sur des idées, sur des matières de raisonnement, sans essayer de retenir ou de projeter dans nos mots nos sensations734. […] Il se soulageait, se complétait en créant son œuvre ; et il se trouvait doué par malheur d’une facilité qui le dispensait de l’effort. […] Sur la fin, il arriva à se dire que tout cet effort, toute cette bonté, toute cette pensée ne seraient pas en vain. […] Il fera effort pour être la pensée du siècle : il battra puissamment l’air autour des grands problèmes, des lieux communs éternels, il nous étourdira d’un froissement tumultueux de métaphores et de symboles. […] Mais la poésie dramatique surtout l’avait mis en renom : de Cromwell (1827) aux Burgraves (1843) on peut dire qu’il lui consacra les plus vigoureux efforts de son génie.

281. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Pierre Janet, cet abaissement produirait directement le phénomène en diminuant l’effort de synthèse qui accompagne la perception normale : celle-ci prendrait alors l’aspect d’un vague souvenir, ou d’un rêve 49. […] Kindberg a repris et développé cette idée d’une diminution de l’effort de synthèse 50. […] Un simple relâchement de l’effort de synthèse réclamé par la perception donnera bien à la réalité l’aspect d’un rêve, mais pourquoi ce rêve apparaît-il comme la répétition intégrale d’une minute déjà vécue ? […] D’un côté il sait qu’il continue d’être ce qu’il était, un moi qui pense et qui agit conformément à ce que la situation réclame, un moi inséré dans la vie réelle et s’adaptant à elle par un libre effort de sa volonté : voilà de quoi sa perception du présent l’assure. […] Le souvenir du présent fait effort comme les autres ; il est d’ailleurs plus près de nous que les autres ; penché sur notre perception du présent, il est toujours sur le point d’y entrer.

282. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Le lecteur, ce semble, peut faire sans beaucoup d’effort le reste du chemin, pour peu qu’il en ait envie. […] Il y a bien de la force dans ce peu d’effort. […] Ce ne sont que nos efforts pour obtenir quelque chose, qui nous en apprennent la valeur.

283. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Il puisa dans cette grande école ce souffle qui en était l’âme à l’origine, l’amour vrai de la science et une confiance sincère dans les efforts de l’esprit humain dirigé par les méthodes. […] Après un grand désespoir d’amour, il se fit traducteur pour s’occuper petit à petit sans trop d’effort et se consoler ; il alla jusqu’à près de quatre-vingt-dix ans et survécut à La Fontaine, dont il gardait le cilice comme une relique. […] Cette lettre, je le répète, est un assez joli et assez naturel échantillon du style élégant comme on le concevait dans les premières années du siècle, avant l’effort de régénération de la langue à ses vraies sources : mais entre cette élégance et celle de Louis XIV, on conviendra qu’il y a tout un monde.

284. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Cette dernière est plus visible, et on peut en suivre avec moins d’efforts les résultats. […] L’homme se raidissait dans une attitude sculpturale et pénible, résultat d’un effort d’esprit et d’une détermination douloureuse. […] Cela est le secret de son génie et du long effort de sa vie, et ne s’est vu que cette seule fois dans l’histoire intellectuelle de l’humanité. […] C’est l’œuvre d’efforts individuels sans nombre. […] Je remontai sans effort tout le cours des pensées qui l’avaient agité, et je vis clair dans son âme.

285. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Cet effort est celui de Flaubert et sa gloire. […] — Cet effort, M.  […] Dans cet effort magnifique et insensé les plus grands s’épuisent et meurent. […] — D’ailleurs, je pense que l’effort de M.  […] Moréas y faisait de grands efforts pour écrire en magnifique charabia.

286. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Il a fallu bien des années, bien des efforts et des bégayements de l’admiration et de la critique pour arriver à le refaire et à le compléter ainsi ; mais ces efforts n’ont pas été vains, mais on ne s’était point trompé dans un premier élan d’enthousiasme et de sympathie filiale ou fraternelle ; on ne l’avait point porté trop haut, et l’étude attentive, approfondie, n’a fait que justifier les désirs du cœur et confirmer les pressentiments du goût.

287. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Il y aurait eu moyen avec peu d’effort d’amasser quelque gloire, et pour quelque temps, sur cette tombe prématurée. […] « Eugène, est-il dit dans l’Introduction, n’a point seulement servi la doctrine par des efforts purement intellectuels ; il voulait lui consacrer sa vie entière.

288. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Imaginons donc qu’une ambition pareille, ou contraire, ne brouillera point deux amis : comme il est impossible de séparer l’amitié des actions qu’elle inspire, les services réciproques sont un des liens qui doivent nécessairement en résulter ; et qui peut se répondre que le succès des efforts de son ami n’influera pas sur vos sentiments pour lui ! […] Que devient cependant le plaisir de se confier, si l’on aperçoit de l’indifférence, si l’on surprend un effort ?

289. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

dépassent-ils notre effort ? […] Il y a là un grand effort, je n’en connais pas de plus beau, je n’en vois pas de plus logique.

290. (1865) Du sentiment de l’admiration

Mais je n’en veux qu’à cette fausse sagesse, calculatrice et imprévoyante à la fois qui, sous prétexte de s’en tenir au nécessaire, n’essaie pas même de conquérir le superflu ; à cette sagesse banale qui considère le travail comme une action régulière et mécanique et qui s’interdit comme une imprudence tout effort intellectuel qui n’est pas rigoureusement commandé. […] On ne vous demande pas de tels efforts.

291. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

L’œuvre de ce dernier ne nous a jamais dominé au point que nous ne puissions sans effort rester impartial avec elle. […] Et, nous le répétons, avec tout son talent, tout son effort, toutes ses ressources, M. 

292. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Pourquoi, dans cette seconde édition d’un livre qui ressemble bien plus à la glaise énergique d’un sculpteur qu’à son marbre achevé et définitif, le de Maistre possible n’aurait-il pas fait au moins un effort pour sortir ? […] III Pour nous, en effet, encore plus que pour lui, toute cette grosse philosophie politique dans laquelle il sonne comme dans une trompe, avec des efforts à se démonter le cerveau, n’est rien de plus qu’une petite question d’histoire, et d’histoire de France.

293. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

. —  Tout l’effort de la science est d’ajouter ou de lier un fait à un fait. […] Ce sont là les seuls éléments de notre science : partant, tout l’effort de notre science sera d’ajouter des faits l’un à l’autre, ou de lier un fait à un fait. […] Mill les taille, les tranche, les renverse et les remplace toutes les deux, de la même manière et du même effort. […] S’il s’agit des deux, comme dans les définitions de nom qui cachent une proposition de chose, tout son effort est de faire l’un et l’autre. […] Tout notre effort consiste à passer de l’un à l’autre, du complexe au simple, des faits aux lois, des expériences aux formules.

294. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Tous les lyriques de tous les temps ont traité ce thème avec plus ou moins de bonheur, et, d’ordinaire, ils ont porté l’effort principal de leur lyrisme sur le spectacle de la vie immortelle et de l’union sans fin des amants. […] Son instinct lui suggérait les travaux contre lesquels protestait tout l’effort de ses sentiments. […] Mais, en dehors du style, — qui baisse d’ailleurs, — et de l’affabulation, — qui tend à disparaître, — on cherche l’effort artistique, et on ne le trouve guère. […] En tant qu’effort philosophique, peut-être même y a-t-il quelque chose de génial dans cette sorte de travail. […] Les lettres qu’il lui adressait et qui ont été publiées gardent en dépit d’efforts contraires, une froideur désespérante.

295. (1894) Critique de combat

L’évolution sociale est, je le sais aussi, le produit d’efforts individuels en nombre incalculable. […]  » Il loue sans doute la valeur bienfaisante de l’effort accompli, ce qui est passablement contradictoire ; car accomplira-t-on l’effort, si l’on a la conviction qu’il est parfaitement inutile ? […] De même que le moteur de tout effort est l’aiguillon d’un besoin matériel ou moral, de même le guide de tout effort, dans la vie individuelle comme dans la vie sociale, est une idée conçue par l’intelligence. […] Un effort tranquille et grave pour débrouiller les lois qui président au développement des sociétés. […] Un effort pour rendre l’histoire purement humaine.

296. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Que restera-t-il de l’effort qui a été fait pour rapprocher les procédés de l’écrivain des méthodes du savant ? […] Est-ce à dire que de son long effort rien ne doive subsister ? […] Tout l’effort de M.  […] Son innocence foncière éclate dans les efforts que fait le malheureux écrivain pour paraître pervers. […] Il est exact, eu effet, que nous assistons depuis une vingtaine d’années à un effort intéressant et méritoire pour renouveler la poésie ; mais cet effort, dans ce qu’il a d’efficace, va précisément à l’inverse des exemples donnés par Verlaine.

297. (1911) Nos directions

Leur effort ne déviera-t-il pas vers un rôle plus apparemment actif que le rôle de créateur ? […] Car nous n’avons examiné encore qu’une moitié de l’effort du musicien dramaturge. […] L’effort réaliste submergea tout. […] On juge mal de la valeur exacte de son propre effort. […] Notons que leur effort premier enrichit le drame de quelques moyens nouveaux et subtils.

298. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je ne rendrai jamais qu’imparfaitement l’impression que firent sur moi les amères beautés de cet ouvrage ; elle n’a pas vieilli, mais elle s’est depuis confondue avec tant d’impressions diverses, qu’il me faut un effort pour la ressaisir avec ses premiers charmes et sa vigueur première. […] Les Tories étaient portés au pouvoir par la reine et par l’opinion, et Swift allait leur tendre la main, malgré les efforts de ses anciens amis. […] Swift alla errer deux mois dans le sud de l’Irlande, laissant ses amis dans l’inquiétude, et revint à Dublin, où de nouvelles luttes politiques et des efforts suprêmes d’ambition devaient effacer pour un temps de son esprit l’image vengeresse de Vanessa. […] Laputa est le théâtre décourageant et ridicule de nos sciences, de nos inventions, de nos efforts pour rendre le séjour de la terre plus supportable, et abaisse les plus nobles occupations de l’esprit humain. […] En un mot, la raison nous défend seule contre des récits auxquels l’imagination se rend sans efforts, et, selon le langage des philosophes, c’est à priori que nous refusons d’y croire.

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