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755. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Grec de la décadence, Florentin d’il y a trois siècles, roué du siècle dernier, Parisien d’aujourd’hui et Français de toujours, homme de plaisir et homme d’action…, voilà bien des affaires ! […] Il a montré, presque avec émotion et en condamnant sur ce point les railleries vulgaires, ce qu’il y a de touchant dans l’amour, des femmes qui ont un peu dépassé l’âge de l’amour, des amantes mûries et meurtries, qui s’attachent à leur dernière passion avec fureur et avec mélancolie, parce qu’après il n’y aura plus rien, et qui, pour se faire pardonner, pour s’absoudre elles-mêmes et sans se douter du sacrilège, mêlent à leur suprême amour de femme un sentiment d’équivoque maternité. […] Et c’est bien, en dernière analyse, dans ce mélange de nonchalance voluptueuse et de bon sens raffiné, de raison armée et de sensuel abandon, que réside le charme original de cet Alcibiade de la chronique parisienne.

756. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Charles Baudelaire Gautier, c’est l’amour exclusif du Beau, avec toutes ses subdivisions, exprimé dans le langage le mieux approprié… Or, par son amour du Beau, amour immense, fécond, sans cesse rajeuni (mettez, par exemple, en parallèle les derniers feuilletons sur Pétersbourg et la Néva avec Italia ou Tra les montes), Théophile Gautier est un écrivain d’un mérite à la fois nouveau et unique. […] Gautier devrait s’appeler plutôt Perles fondues, car, presque toutes ces perles de poésie, que l’esprit boit avec des voluptés de Cléopâtre, se fondent en larmes aux dernières strophes de chacune d’elles, et c’est là un charme, un charme meilleur que leur beauté ! […] Victor Hugo a rayonné sur son esprit jusqu’au dernier jour, et son culte n’a jamais faibli.

757. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Edmond Lepelletier Parmi les jeunes poètes qui ont le plus contribué au puissant renouveau poétique de ces dernières années, M.  […] C’était un exilé, et qui se consolait de son exil très simplement, avec les premiers venus de l’Académie Saint-Jacques ou avec les derniers « arrivés » de la littérature. […] Ce sera l’originale gloire de Paul Verlaine d’avoir conçu, vécu et bâti une œuvre d’art, qui, à elle seule, reflète, en l’agrandissant, la renaissance d’idéalité et de foi dont ces dernières années ont vu s’épanouir la floraison.

758. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

On y suit dans toutes ses phases la croissance du pouvoir volontaire, depuis le moment où il n’est encore qu’un germe obscur, un instinct presque physiologique, jusqu’à sa dernière période d’épanouissement, alors que, sous le nom de liberté, il suppose l’intelligence et fonde la moralité. […] « La vraie source, le véritable antécédent de son pouvoir musculaire, c’est une large dépense d’énergie nerveuse et musculaire qui dérive en dernier ressort d’une bonne digestion et d’une saine respiration. […] I, p. 301), a mis en ordre la grande masse des faits découverts par les anatomistes et physiologistes dans ces cinquante dernières années.

759. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Je prendrai donc le livre en lui-même ; je l’isolerai tant que je pourrai de la politique ; en oubliant le Lamartine de ces dernières années, je tâcherai de ne me souvenir que de celui d’avant les Girondins. […] Au dernier moment, et par respect, dit-il, pour l’ombre de sa mère, de son père, de ses sœurs, il n’a pas hésité : L’acte était sur la table. […] Tout cela est choquant au dernier point, et tellement indélicat, que c’est presque une indélicatesse à la critique elle-même de venir le relever.

760. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Il l’avait vue et il l’avait faite, et cette saine odeur de la poudre qu’il avait respirée avait préservé la vigueur de son esprit, sinon de son âme, des dernières pourritures de la corruption. […] Voilà le secret de son empire sur les âmes plus énergiques que délicates et de la révolte de ces dernières. […] Si un homme de la hauteur de Goethe, en se faisant païen comme il le devint sur ses derniers jours, a, pour tous ceux qui ne mesurent pas la grandeur du génie à son ombre, diminué la portée comme la chaleur de ses rayons, on peut s’interroger sur ce que peut produire un système d’idées comme le matérialisme de Stendhal sur des facultés moins nombreuses, moins enflammées et moins opulentes !

761. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Vivant après une Révolution qui avait fait des maux affreux, elle s’interposa souvent entre les derniers coups de cette hache et les écarta de bien des têtes. […] Telle fut, sans vieillir, jusqu’à sa dernière heure, cette Madame Récamier dont la médaille, le buste, le portrait, sont peut-être impossibles à faire ; car la grâce est une ondoyance et le mouvement ne se fixe pas. […] Madame Lenormant n’est, en somme, que la Phlippote de la société de l’Abbaye-au-Bois, qui, comme la Phlippote de Madame Pernelle, porte la lanterne devant eux tous et les reconduit ainsi à leur dernière demeure, — la tombe.

762. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Il l’avait vue et il l’avait faite, et cette saine odeur de la poudre qu’il avait respirée avait préservé la vigueur de son esprit, sinon de son âme, des dernières pourritures de la corruption. […] Voilà le secret de son empire sur les âmes plus énergiques que délicates, et de la révolte de ces dernières. […] Si un homme de la hauteur de Gœthe, en se faisant païen, comme il le devint sur ses derniers jours, a, pour tous ceux qui ne mesurent pas la grandeur du génie à son ombre, diminué la portée comme la chaleur de ses rayons, on peut s’interroger sur ce que doit produire un système d’idées, comme le matérialisme de Stendhal, sur des facultés moins nombreuses, moins enflammées et moins opulentes !

763. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Son évolution poétique, des Poèmes saturniens jusqu’à l’instrument faussé et à la voix disloquée de ses derniers recueils, eût pourtant fourni matière à une étude intéressante. […] Quelques remarques justes sur sa syntaxe, mais que « le verbe joue dans sa phrase un rôle capital », c’est juste le contraire de la vérité ; l’idéal de Mallarmé serait plutôt de l’éliminer. — Surtout, et bien que cela soit répété partout, il n’a pas « transposé en littérature une méthode de composition spéciale à la musique » (si ce n’est dans un coup de dés, son dernier ouvrage, dont M.  […] Comparez les deux dernières œuvres de M. 

764. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il n’abandonna guère ses fonctions que contraint par sa dernière maladie, dont il mourut au bout de quelques mois en 1881, et ne quitta Genève que pour des voyages de vacances ou de santé. […] Le 9 juillet, dernière leçon, pour le professeur, de l’année académique. […] Désillusion. « En dernière analyse (comme s’il y avait jamais chez Amiel une dernière analyse !) […] Spirituels si l’on veut, mais bornés au dernier point. […] Avec les Derniers Entretiens de Renouvier, les pages de la dernière année d’Amiel sont seules à nous apporter un de ces monologues lucides et pacifiés de la dernière heure.

765. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

9 juillet : Je vous annonçais, vendredi dernier, une addition à l’art. sur Michelet. […] il n’y a point de Jésus de Nazareth ; il n’y a point de Seigneur du jugement dernier. […] Les anges du jugement dernier rassemblent les nations autour d’eux. […] De quel droit a-t-il falsifié l’idée du jugement dernier ? […] Tout ce qu’on sait bien, c’est que son dernier terme et sa forme accomplie, c’est le vers.

766. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Il en avait ressenti les premières velléités et les premières atteintes dans le temps de la maladie et de la mort de son ami, le poète Desmahis, qui, dans ses derniers jours, avait tourné à un effroi extrême de l’Enfer. […] Son mari meurt ; il a cessé de souffrir dans les derniers jours de 176377. […] « Quoique tout ce que vous m’écrivez, madame, me soit intéressant, l’article le plus important de votre dernière lettre en mérite une tout entière et fera l’unique sujet de celle-ci. […] Loin de là, il écrivait à celle qu’il appelait cette fois son amie : « Quatre jours avant l’arrivée de votre dernière lettre, M.  […] dernière jouissance de ceux qui ont beaucoup vécu dans leur chambre, qui ont peu agi et beaucoup lu !

767. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Messieurs, A notre dernier semestre, j’arrivais à un milieu d’année ; j’ai cru ne pas devoir m’adresser tout d’abord aux premières origines de notre langue, de notre littérature, ne pas devoir remonter si haut, attaquer mon sujet par ses hauteurs : les fruits à cueillir se seraient trop fait attendre. […] Aujourd’hui, c’est bien à l’origine, c’est à son vrai commencement, à ses racines et dans toute sa continuité qu’il nous convient d’étudier cette littérature et cette langue qui sont nôtres depuis près de huit cents ans, et qui ont été deux fois universelles, — au moyen âge et aux deux derniers siècles. […] Or, il arrivait précisément, au sortir du moyen âge, ce qu’on éprouve en redescendant des montagnes ; d’abord on ne voit derrière soi à l’horizon que les dernières pentes qui vous cachent les autres ; ce n’est qu’en s’éloignant qu’on retrouve peu à peu les diverses cimes et qu’elles s’échelonnent à mesure, dans leur vraie proportion. […] L’étude de ces dernières ne devait être, un jour, tout à fait constituée que lorsque le secret mépris et le divorce entre les deux ordres d’érudits auraient cessé et auraient fait place à un effort commun, à un concours de direction et de méthode. […] J’ai nommé Génin : il est un de ceux qui s’étaient le plus occupés, dans les dernières années, de ces questions de vieille langue ; il y portait du savoir, de l’esprit, de la passion, et il avait su piquer l’attention du public.

768. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

En Allemagne et en Angleterre, le tempérament froid, lourd et rebelle à la culture retient l’homme, jusqu’à la fin du dernier siècle, dans les habitudes germaniques de solitude, d’ivrognerie et de brutalité. […] Le mari a son gouvernement, son commandement, son régiment, sa charge à la cour, qui le retiennent hors du logis ; c’est seulement dans les dernières années que sa femme consent à le suivre en garnison ou en province245. […] À cet égard, tel salon « de la très bonne compagnie » est un tribunal supérieur où l’on juge en dernier ressort266. […] Dernier trait, plus significatif encore, je veux parler de la petite pièce. […] La gaieté est une sorte d’ivresse qui puise jusqu’au dernier fond du tonneau, et, après le vin, boit la lie.

769. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Il retournait dans son village pour y recueillir, auprès de sa mère et à côté de ses troupeaux, ses dernières inspirations. […] Ce livre était le tribut de souvenir que le poète découvert par Adolphe Dumas m’avait promis l’été dernier. […] Les vers varient leurs hémistiches et leur repos pour laisser respirer le lecteur ; ils se relèvent aux derniers vers de la stance pour remettre l’oreille en route et pour dire, comme le coursier de Job : Allons ! […] tends la main, les derniers éclos ! […] Depuis un moment, dans la bande ailée avaient, les derniers éclos, mis le bouleversement.

770. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Penses-tu qu’aucun de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et celle qui l’a précédée ? […] … Vous me parlez, dans votre dernière lettre, de l’image que l’affranchi de Crassus vous a faite de mon désespoir et de ma maigreur ! […] … » Les sanglots du peuple coupèrent ses dernières paroles : Mirabeau ne fit jamais pleurer. […] Pompée, resté à Rome avec les derniers hommes libres et vertueux de la patrie, s’associait à Cicéron. […] Puis les deux proscrits, comme s’ils avaient eu le pressentiment de leur éternelle séparation, se récrièrent sur l’extrémité de leur malheur, qui ne leur permettait pas même de le supporter ensemble, pleurèrent de tendresse sur le chemin à la vue de leurs esclaves, et, se serrant dans les bras l’un de l’autre, se séparèrent et se rapprochèrent plusieurs fois, comme dans un dernier adieu.

771. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Quant à son aspect contemplé du dehors, rien n’annonçait ni prétention ni orgueil dans le style ou dans la construction du Cayla ; il ne se distinguait des grosses fermes du pays que par un porche à moitié démoli avançant sur le perron, par les deux rainures d’un pont-levis sur le milieu desquelles le marteau symbolique de 1793 avait effacé les vieilles armoiries de la famille des Guérin, et par un large pan de toit qui recouvrait le principal corps de bâtiment entre les constructions inégales et successives des derniers siècles. […] « Dimanche dernier j’allai encore serrer la main à une agonisante de dix-huit ans. […] « Je ne sais pourquoi, la nuit dernière, je n’ai vu en songe défiler que des cercueils. […] « Voilà donc mes dernières pensées, car je n’écrirai plus rien de cette année ; dans quelques heures c’en sera fait, nous commencerons l’an prochain. […] Que c’est touchant pour tous ceux qui en vivent et qui s’y réchauffent, et qui espèrent s’y réchauffer jusqu’à leur dernier jour.

772. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Certes, si on connaissait mieux les idées de Wagner, on pourrait considérer comme très acceptables les deux dénominations qu’il a employées pour ses derniers drames : Action, et Jeu scénique ; car ce qui se passe sur la scène est « de la musique mise en action, devenue visible ». […] D’autres encore voient dans le Ring le système poussé à ses dernières limites, et saluent avec joie, comme une concession au goût du public, la forme mélodique souvent plus arrondie dans Tristan, la réintroduction de la rime, etc. […] Ou bien encore, comme à la page 134, ils chantent les vers alternativement ; mais puisque chacun d’eux attaque sa phrase avant que l’autre uit fini la sienne, il en résulte qu’on n’en saisit que le milieu, et que ce sont les premiers et les derniers mots qu’on ne comprend pas. […] Il en est de même des derniers mots : « Hoechste Liebeslust » (suprême volupté d’amour). […] Quel étonnement de voir toujours de nouveau des gens qui, sérieusement, nous demandent plus d’action dans les deux derniers actes de Tristan.

773. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

. — Au dernier siècle encore, Nadir Shah faisait fustiger un arbre jusqu’à ce qu’on eût retrouvé des joyaux volés sous son ombre. […] La postérité, comptant et recomptant les hommes des Thermopyles, n’en a jamais trouvé que trois cents, et ce fut, en effet, le chiffre du dernier combat. […] C’était leur adieu aux joies brillantes de la vie, leur dernière communion avec la patrie. […] Le lion d’airain qu’on érigea sur leur champ de mort, fut un double emblème : c’est avec des dénis de bête aux abois que Sparte livra son dernier combat. […] Aux lueurs des dernières étoiles, la petite flotte hellénique se fit enveloppée par les mille navires de la Perse.

774. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Si elle évite son dernier souffle, si elle ne reçoit pas son dernier regard, c’est que sa dignité divine lui interdit l’aspect de la mort — « Adieu, reçois mon dernier salut. […] Il perdit sa seule pudeur et sa dernière dignité. […] » Je m’arrête à cette fleur dernière. […] un Jugement Dernier de momies ! […] Rome sentit que sa dernière vertu se retirait d’elle avec ce grand homme.

775. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Marc-Aurèle et les philosophes stoïciens, qui sont les derniers prêtres de l’antiquité, parlent ainsi. […] Il fut impopulaire, il y a vingt ans, au Collège de France ; il était populaire, l’an dernier, au Sénat. […] Jusque dans les dernières années, il étudiait avec un Grec érudit les monuments de l’antiquité grecque. […] Je connais à quelques lieues de Paris une commune où, au mois de juillet dernier, l’élection s’est faite à quatre degrés. […] J’ai beaucoup connu Gleyre pendant les six dernières années de sa vie.

776. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

On se rappelle les derniers sonnets des Épreuves. […] Tenons-nous en aux cent dernières années. […] Puis il se résigne ; il est fier, « dût-il en mourir », d’avoir aimé une dernière fois. […] Les derniers poètes, MM.  […] Et cela est surtout sensible dans ses derniers romans.

777. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

« …………… On nous dit qu’Hélénus, « Enfant du dernier roi de la triste Pergame, « Possède de Pyrrhus et le sceptre et la femme ; « Qu’il commande à des Grecs, et qu’un dernier lien « Met la veuve d’Hector dans les bras d’un Troyen. […] Les six derniers chants seront destinés aux images de la guerre, et se rempliront d’une foule d’incidents tantôt pathétiques ou gracieux, tantôt majestueux ou terribles. […] Il le pleure ; il entend sa dernière exclamation à la nouvelle de la bataille d’Alcacerquivir, bataille où succombèrent le roi don Sébastien et toutes les forces du Portugal ruinées dans l’Afrique. « Ah ! […] Ces chants sublimes, autant que gracieux, ont été traduits par Lebrun et Delille, et la seule comparaison de leur dernier travail éclaircira suffisamment le sujet que nous traitons. […] Elle ne paraît qu’une courte incidence des derniers jours du siège d’Ilion, et pourtant la plupart des événements de cette époque fameuse en dépendent et s’y lient.

778. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Guttinguer, avait donné autrefois une fleur de Pensées choisies, tirées surtout des derniers ouvrages du philosophe : c’est une manière commode, mais un peu trompeuse, d’attirer vers Saint-Martin, qui de près est bien plus compliqué que ne l’annonçait ce choix aimable. […] Taschereau, à qui j’en dois communication, se compose d’une suite de pensées et de souvenirs tracés par Saint-Martin dans les dernières années, et ne s’arrête que peu avant sa mort. […] Ce ne fut que dans les dernières années de sa vie qu’il s’enhardit peu à peu et se dilata. […] Il aurait pu y mettre en épigraphe cette pensée de lui : « J’ai vu, au sujet des vérités si importantes pour l’homme, qu’il n’y avait rien de si commun que les envies, et rien de si rare que le désir. » Quand on songe que ce dernier ouvrage, L’Homme de désir, paraissait en regard des Ruines de Volney, on sent que le siècle, à ce moment extrême, était en travail, et qu’en même temps qu’il donnait son dernier mot comme négateur et destructeur, il lui échappait une étincelle de vie qui, toute vague qu’elle était, disait que l’idée religieuse ne pouvait mourir.

779. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Sa profession de foi sur la Révolution française est simple, elle est celle d’un croyant : il pense que la Providence s’en mêle soit directement, soit indirectement, et par conséquent il ne doute pas que cette Révolution n’atteigne à son terme, « puisqu’il ne convient pas que la Providence soit déçue et qu’elle recule » : En considérant la Révolution française dès son origine et au moment où a commencé son explosion, je ne trouve rien à quoi je puisse mieux la comparer qu’à une image abrégée du Jugement dernier, où les trompettes expriment les sons imposants qu’une voix supérieure leur fait prononcer, où toutes les puissances de la terre et des cieux sont ébranlées… Quand on la contemple, cette Révolution, dans son ensemble et dans la rapidité de son mouvement, et surtout quand on la rapproche de notre caractère national, qui est si éloigné de concevoir et peut-être de pouvoir suivre de pareils plans, on est tenté de la comparer à une sorte de féerie et à une opération magique ; ce qui a fait dire à quelqu’un qu’il n’y aurait que la même main cachée qui a dirigé la Révolution, qui pût en écrire l’histoire. […] Il voit dans la Révolution française une sorte de Jugement dernier qui doit hâter cette sorte de restauration religieuse et de théocratie libérale, qu’il appelle, qu’il ne définit pas, mais qui sera le triomphe plus ou moins complet de sa doctrine secrète. […] C’est à sa manière un millénaire, un utopiste à imagination pieuse ; et les beaux résultats qu’il se peint à l’avance, le futur âge d’or de sa philosophie divine, cette espèce d’Éden plus ou moins retrouvé dès ici-bas, quelles que soient les épreuves de la crise dernière, ne lui paraissent pas trop chèrement payés. — Lui, de tous les hommes le moins semblable assurément à Condorcet, il lui arrive de rêver et de délirer comme lui. […] Les dernières années de Saint-Martin se passèrent tantôt à Paris, tantôt à la campagne, à méditer, à écrire, à traduire Boehm, à revoir ses amis de l’émigration et de la haute société qui rentraient peu à peu et se ralliaient après l’orage.

780. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il y serait venu, j’imagine, vers 1786, un peu avant son voyage d’Italie ; il aurait trouvé l’ancienne société française dans sa dernière fleur ; il aurait été un moment à la mode comme tous ces princes du Nord qui y passèrent, comme tous ces princes de l’esprit et de la pensée, Hume, Gibbon, Franklin ; on se serait mis à lire Werther et le reste comme on aurait pu, à la volée, pour lui en parler et le bien recevoir. […] Aujourd’hui, ce sont non pas des lettres, mais des conversations proprement dites de Gœthe avec un de ses admirateurs et disciples pendant les dernières années de sa vie, que publie M.  […] Et qu’était-ce d’abord que l’interlocuteur, cet Eckermann, qui, venu à Weimar pour visiter et consulter l’oracle, y demeura durant les huit ou neuf dernières années que Gœthe vécut encore ? […] Nous avons à passer avec Gœthe la revue de presque tous nos auteurs en vogue dans les dix dernières années de la Restauration, à entendre sur eux son avis vrai et sans fard.

781. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Cette publication ajoute à toutes celles qui ont paru dans les dernières années, tant en Allemagne qu’en France, et qui semblaient avoir épuisé la matière : elle nous présente l’illustre guerrier sous un aspect presque nouveau, et elle complète en un sens les remarquables travaux de M. de Weber et de M.  […] Parlant du chevalier de Folard, qu’il voudrait bien emmener avec lui en Saxe pour le faire causer sur ses systèmes de fortification et de tactique que le brave et digne officier mêlait dans les dernières années de sa vie avec sa dévotion janséniste convulsionnaire : « Enfin, disait-il, je compte qu’il amusera Votre Majesté sur toute sorte de métiers. […] Il eut beau écrire jusqu’au dernier moment au comte de Bruhl : « Prenez de mes idées ce qu’il vous plaira…, mais livrez-vous entièrement à la France, car les choses à demi faites ne valent rien » ; le roi de Pologne n’entra qu’à demi et d’un pied boiteux dans l’alliance française ; ses troupes assemblées se concertèrent plus volontiers avec Frédéric qu’avec nos généraux. […] » Elle ne courait point le danger sans doute d’être rayée du rang des nations ; mais Louis XIV, qui exigeait si impérieusement de Villars qu’il livrât une bataille, et qui avait prévu le cas désespéré où elle serait perdue, afin de risquer en personne le tout pour le tout dans un suprême et dernier effort, savait mieux apparemment à quoi s’en tenir sur ses affaires que MM. 

782. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Songer à lui substituer l’abbé Raynal, vieux, fatigué, moins grand que célèbre, dès longtemps retiré de la scène, qu’une dernière affaire, un dernier conflit allait achever de ruiner et d’user, et qui enfin n’était pas membre de cette Assemblée devenue souveraine ! […] Moyennant ce biais, Malouot se trouva chargé de la motion dont personne au dehors ne soupçonnait la portée ; le secret en fut gardé jusqu’au dernier moment entre M. de Montmorin, M. de Clermont-Tonnerre, l’abbé et lui. […] Dans un écrit, — malheureusement inachevé, — intitulé : Détails sur mon dernier exil ; causes probables, Malouet nous met dans le secret de ses relations avec M. 

783. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Ces deux derniers qui, sous l’appareil de la philanthropie ou de l’orthodoxie, couvraient des portions de tristesse chagrine et de préoccupation assez amère, dont il n’y a pas trace chez leur rivale expansive, avaient le mérite de sentir, de peindre bien autrement qu’elle cette nature solitaire qui, tant de fois, les avait consolés des hommes ; ils étaient vraiment religieux par là, tandis qu’elle, elle était plutôt religieuse en vertu de ses sympathies humaines. […] Cependant l’absence habituelle où Lamartine vécut loin de Paris et souvent hors de France, durant les dernières années de la Restauration, le silence prolongé qu’il garda après la publication de son Chant d’Harold, firent tomber les clameurs des critiques qui se rejetèrent sur d’autres poëtes plus présents : sa renommée acheva rapidement de mûrir. […] Un jour, c’était au temps des oisives années, Aux dernières saisons, de poésie ornées Et d’art, avant l’orage où tout s’est dispersé, Et dont le vaste flot, quoique rapetissé, Avec les rois déchus, les trônes à la nage, A pour longtemps noyé plus d’un secret ombrage, Silencieux bosquets mal à propos rêvés, Terrasses et balcons, tous les lieux réservés, Tout ce Delta d’hier, ingénieux asile, Qu’on devait à quinze ans d’une onde plus facile ! […] Et de là nous viendront tes dernières moissons, Peinture, hymne, lumière immensément versée, Comme un soleil couchant ou comme une Odyssée !

784. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Par l’autre voix secrète, il n’était pas moins excité à se marquer une place entre les jeunes et hardis investigateurs qui, dans les dix dernières années de la Restauration, allaient demander aux littératures étrangères des vues plus larges, des précédents et des points d’appui pour l’émancipation de l’art, et des termes nombreux de comparaison pour l’histoire de l’humaine pensée. […] Ampère dans cette étude détaillée de la Gaule romaine, et pour le justifier, s’il en était besoin, par une large ouverture toute littéraire, je poserai en thèse que, sans avoir étudié à fond, comme il l’a fait, le ive  siècle et ses environs, on ne peut bien entendre toute une période très-importante de nos derniers âges littéraires, l’époque Louis XIII. […] Il est vrai que ces éternelles discussions entre parenthèses ralentissent un récit, et que, lui, il porte volontiers dans le maniement son érudition, si vaste et si bien acquise, quelque chose de la façon courante et preste de Voltaire ; ce qui est un dernier éloge ; car ce nous serait une honte de finir par une chicane janséniste avec un si beau livre, qui n’a qu’à se poursuivre sur ces bases et dans cette ordonnance pour être un monument. […] on raconte que dom Rivet, dans les derniers mois de sa vie, fut atteint d’une toux qui le força de prendre une chambre à feu : ce fut le seul adoucissement qu’il s’accorda 173.

785. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Quoi qu’il en soit, pour insister sur un point capital de l’histoire littéraire de ces dernières années, je suis de ceux qui estiment que l’école dite romantique a été dissoute par le fait même de la révolution de Juillet. […] Les écrivains polémiques et les pamphlétaires l’ont bien senti : ceux qui ont eu du succès en dernier lieu l’ont pris sur un autre ton, et ce ton, en général, était plus aisé en ce qu’il a plutôt grossi. Le nom de Courier provoque le rapprochement avec un pamphlétaire d’esprit et même de talent182, qu’on lui a comparé souvent en ces dernières années et que quelques-uns n’ont pas craint de lui préférer. […] Sa pièce de vers sur les derniers moments de Bayard eut un accessit à l’Académie en 1815.

786. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard a sans doute ajouté à l’idée qu’on peut prendre d’elle sous sa dernière forme et à son importance comme prêcheuse, mais il a ôté à son premier charme. […] Ce que décidément j’aimais dans Mme de Krüdner, c’est l’auteur et le personnage de Valérie, la femme du monde qui souffre, qui cherche quelque chose de meilleur, qui aura un jour sa conversion, sa pénitence, sa folie mystique ; qui ne l’a pas encore, ou qui n’en a que des lueurs ; qui n’a renoncé ni au désir de plaire ; ni aux élégances, ni à la grâce, dernière magie de la beauté ; qui se contredit peut-être, qui essaie de concilier l’inconciliable, mais qui trouve dans cette impossibilité même une nuance rapide et charmante dont son talent se décore. […] L’art du bonheur dans la dévotion est de se donner une dernière illusion plus longue que la vie, et dont on ne puisse se détromper avant la mort. […] La Revue des Deux Mondes, livraison du 1er juillet 1837 ; et dans les Portraits de Femmes. — Cette nouvelle et dernière Mme de Krüdner dément et déjoue l’autre sur quelques points ; je le regrette, mais, en ce qui me semble vrai, je n’ai jamais été à une rétractation ni à une rectification près.

787. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Ainsi depuis 1830, en notre siècle où les courants contraires se sont succédé avec rapidité, où les vagues d’idées ont été, pour ainsi dire, plus courtes, on compte en moins de cinquante ans trois de ces coalitions avec les forces de résistance ; l’une après la première explosion de socialisme qui menaça la société bourgeoise, c’est-à-dire au lendemain des journées de juin 1848 ; l’autre après la seconde grande levée du prolétariat, lors de la Commune de 1871 ; la troisième enfin qui a commencé de 1885 à 1890 et qui dure encore, causée par les craintes que le progrès des nouvelles théories sociales inspire aux détenteurs des derniers privilèges. […] Dans les vingt dernières années du siècle, une teinte catholique s’impose à toutes les œuvres qui se publient. […] Ils ne font pas des philosophes, des historiens ; mais ils étendent sur l’esprit ce vernis brillant dont l’homme du monde sait couvrir son savoir superficiel ; ils ont le goût du bel esprit et les œuvres qu’ils suscitent rappellent ces abbés à petit collet qui pullulaient dans les salons du siècle dernier ; elles sont de robe courte ; elles ont une physionomie moitié mondaine, moitié ecclésiastique. […] Avec lui et avec la plupart des philosophes du siècle dernier la littérature travailla (on sait avec quelle passion et quel succès) à délivrer la raison humaine du joug pesant des dogmes, et c’est pourquoi depuis lors toute réaction religieuse en France s’annonce par un nouvel écrasement posthume de Voltaire et de ses compagnons d’armes.

788. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Chapitre XXXVII et dernier 1679 et 1680 (fin de la huitième période). — Mademoiselle De Fontanges, nouvelle maîtresse du roi. — Madame de Montespan moins jalouse d’elle que de madame de Maintenon. — Grossesse, maladie, mort de madame de Fontanges. — Éloignement définitif de madame de Montespan. — Étroite amitié du roi et de madame de Maintenon. — Triomphe de madame de Maintenon qui obtient du roi un retour vers la reine dont il faisait le malheur. — Le triomphe de madame de Maintenon est celui de la société polie. […] Par les dernières paroles qu’on vient de lire, j’ai déjà passé les bornes de mon sujet. […] Puisque les conséquences ultérieures de cette fortune ne sont plus de notre sujet, et que nous nous arrêtons ici dans l’histoire de la société polie, jetons un dernier regard sur les personnages qui la composent en 1680, rassemblons-les dans notre pensée : leur aspect suffira pour nous faire entrevoir l’avenir que nous laissons à d’autres le soin de décrire. […] Dans cette même année, le grand Corneille donna son dernier ouvrage, la tragédie de Suréna.

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