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888. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

Mais il a si clairement vu, si profondément senti, si passionnément aimé ce qu’il avait entrepris de faire, que la pensée a, cette fois, emporté la forme et que, même aux endroits où cette forme reste un peu courte et où se trahit le défaut d’invention verbale, une âme intérieure la soutient et communique à ces vers un frisson plus grand qu’eux.

889. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chénier, André (1762-1794) »

Peut-être l’habitude de l’antiquité nous égare, peut-être avons-nous lu avec trop de complaisance les premiers essais d’un poète malheureux ; cependant nous osons croire et nous ne craignons pas de le dire, que, malgré tous ses défauts, André de Chénier sera regardé comme le père et le modèle de la véritable élégie… Il est hors de doute que si André de Chénier avait vécu, il se serait placé un jour au rang des premiers poètes lyriques.

890. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 40-47

Toutes ces Pieces ne sont pas égales, à la vérité ; mais on trouve dans ses défauts mêmes, selon l’expression d’Horace, la touche du grand Poëte qui rend respecpectables jusqu’à ses écarts : Invenias etiam disjecti menbra Poëta.

891. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Ces deux fables ne comportent aucune espèce de notes, n’étant remarquables ni par de grandes beautés, ni par aucun défaut.

892. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Klopstock est tombé dans le défaut d’avoir pris le merveilleux du christianisme pour sujet de son poème.

893. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

Les autres défauts de la traduction de cette savante dame tiennent pareillement à une loyauté d’esprit, à une candeur de mœurs, à une sorte de simplicité particulière à ces temps de notre littérature.

894. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Assurément ce n’est pas pour le vain et cruel plaisir de troubler cette espèce de succès d’outre-tombe que nous venons parler des défauts d’un livre dont l’auteur n’a plus rien à apprendre.

895. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Elles nous font oublier les défauts de Déroulède. Car il a des défauts, n’en doutez pas, des défauts pour la plupart inconscients et par conséquent irrémédiables. […] S’il n’y prend garde, ses qualités, en s’exaspérant, se changeront en défauts. […] Les mêmes beautés y brillent, on y relève les mêmes défauts. […] Il faut prendre M. d’Esparbès avec ses qualités et ses défauts.

896. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Ce n’est pas tant le poète qui a fait défaut, que le cadre qui a manqué au poète. […] II La probité, quoi qu’il en soit, subsiste, même sous les défauts de Malherbe ; son caractère privé, bien qu’étroit, est solide et suffit à porter, sans jamais fléchir, sa grandeur lyrique. […] Comme, après avoir jeté les yeux sur tous les défauts de la France, il a reconnu qu’il ne s’y pouvait remédier que par le rétablissement du commerce, il s’est résolu, sous l’autorité du roi, d’y travailler à bon escient et, par l’entretenement d’un suffisant nombre de vaisseaux, rendre les armes de Sa Majesté redoutables aux lieux où le nom de ses prédécesseurs a bien à peine été connu. […] On a pu juger du défaut au point de départ. […] Ici, Malherbe, dont le défaut n’est pas d’être crédule, prête un peu trop à la résistance du Cardinal.

897. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Quelle que soit l’influence qu’un long usage d’un côté, et le défaut d’exercice de l’autre, puissent avoir, pour modifier un organe, cette influence affectera surtout l’animal adulte, qui a acquis toute l’activité de ses facultés, et qui doit pourvoir à ses besoins. Or, les modifications ainsi produites s’hériteront également à l’âge adulte ; tandis que l’embryon restera sans modification, ou ne sera modifié qu’en moindre degré, par les effets de l’usage ou du défaut d’exercice. […] C’est le défaut d’exercice qui me semble devoir être la cause principale de ces phénomènes d’atrophie, en agissant sur la suite des générations, de manière à réduire graduellement certains organes, jusqu’à ce qu’ils deviennent complétement rudimentaires. […] À quelque période de la vie qu’un organe tende à se résorber par le défaut d’exercice ou la sélection, cette époque étant le plus généralement celle où l’individu, ayant atteint sa maturité, doit faire usage de toutes ses facultés, le principe d’hérédité à l’âge correspondant reproduira la réduction de ce même organe chez ses descendants et au même âge ; conséquemment il ne pourra que rarement l’affecter et le réduire chez l’embryon. […] D’après ce même principe, si l’on se souvient que, lorsque des organes s’atrophient, soit par défaut d’exercice, soit par sélection naturelle, ce ne peut être en général qu’à une période de la vie où l’être organisé doit pourvoir à ses besoins ; et si l’on songe d’autre part quelle est la force du principe d’hérédité, l’existence d’organes rudimentaires, de même que leur avortement complet, résultant de leur lente résorption, ne nous offre plus aucune difficulté particulière, et leur présence aurait même pu être prévue.

898. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Défaut. […] D’autant qu’Elle n’a rien de sottement féminin — littérairement parlant — (car, il faut bien l’avouer, les dames ont aussi leurs défauts, et leur plus grande qualité serait pour moi, si je devais leur en accorder une, d’être généralement barrées à toute espèce de littérature), les dames ont aussi bien leurs défauts. […] Elles étaient servies sur une assiette à gauche, et remplaçaient le pain qui faisait complètement défaut. […] L’expérience des conférences ne me fait pas défaut. […] Je ne parle, soyez-en sûr, que de défauts élégants et respectables.

899. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Le plus bel objet du monde a ses défauts ; la plus charmante figure a ses taches. […] Ses mérites, ses défauts. — Nécessité d’un point de vue politique exclusif. […] La Science nouvelle a un autre défaut. […] Leurs mérites et leurs défauts. […] Là est aussi la racine de ses mérites et de ses défauts.

900. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

L’ouvrage entier lui-même ressemble à une conversation animée et entraînante ; il a les mérites et les défauts d’une improvisation arrachée par l’indignation et l’enthousiasme.

901. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre X. De la simplicité du style »

Il en est quelques-uns, morts jeunes, qui n’ont pas eu le temps de mûrir, et dont tous les écrits le laissent apercevoir : mais un certain charme de fraîcheur et de naïveté y compense les défauts, qui sont imputables à l’âge plutôt qu’au talent de l’homme.

902. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

Je vais maintenant vous dire le vrai, le grand défaut de ce drame, celui qui est en quelque sorte répandu dans l’œuvre tout entière, et qui m’en a gâté le plaisir ; il n’est pas clair.

903. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Sans préjuger si j’y parviendrais, le désir me fait complètement défaut de composer sur Goncourt le grand article historique et critique.

904. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Nous avons des défauts, cela est hors de doute.

905. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 348-356

Semblable à un Architecte, qui, sur les débris informes d’un édifice miné, en traceroit le plan, en dessineroit les proportions, en sentiroit les beautés & les défauts, & assigneroit, sur les plus foibles indices, la cause de sa chute : son génie, par d’heureuses combinaisons, a ranimé les objets effacés, a rappelé ceux qui avoient disparu, en a recréé de nouveaux, pour achever le tableau qu’il vouloit mettre sous les yeux.

906. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Pourquoi les acteurs qui se passionnent veritablement en déclamant, ne laissent-ils pas de nous émouvoir et de nous plaire, bien qu’ils aïent des défauts essentiels : c’est que les hommes qui sont eux-mêmes touchez, nous touchent sans peine.

907. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Mais, me dira-t-on, vous semblez louer les acteurs des anciens, d’une chose qui passe pour un défaut.

908. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Mes études de peinture me firent apercevoir d’un défaut que j’ignorais, c’est que j’avais la vue basse. […] Reprocher les digressions à un livre dont le sujet n’est que l’accessoire ; c’est ne pas l’avoir compris, c’est gourmander Lawrence de ne pas dessiner comme Holbein ; en un mot, ne trouver de défaut à un homme que de n’en pas être un autre. […] Sur ce point, son jugement si fin, si profond, « si sagace faisait défaut ; il admirait un peu au hasard et en quelque sorte d’après la notoriété publique. […] Ce défaut est sa principale qualité. […] Nous dîmes : — Si c’est une sorcière, elle cache bien son jeu— de cartes, ajouta madame de Girardin avec cette prestesse d’esprit qui ne lui fit jamais défaut.

909. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Cela ne m’empêchait pourtant pas, tout en rendant justice à ces excellents travailleurs, de noter quelques-uns de leurs défauts, l’engouement, l’enthousiasme excessif des uns, la complaisance un peu minutieuse des autres ; et en parlant de la sorte, c’était à M.  […] Mais pour un léger défaut, qui peut-être même était nécessaire, que de grâce, que d’agrément de détail, quel discernement utile ! […] A défaut du grand et du beau, on assiste par lui à la naissance, au progrès lent, à la formation successive d’une branche des plus remarquables de la production et de l’imagination humaines.

910. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Gardez-vous de penser que par le mot critique nous comprenions uniquement l’art de trouver des défauts. […] Lorsqu’un tableau est mis tout à coup devant nos yeux, il nous est impossible d’en discerner immédiatement les défauts et les beautés ; nous en recevons une impression générale qui fait qu’au premier coup d’œil le tableau nous plaît ou nous déplaît. […] Les beautés nous apparaissent dans tout leur jour, les défauts ne peuvent nous échapper, et nous pouvons alors prononcer notre opinion en pleine connaissance de cause.

911. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Et comme ce sont moins les vérités générales qui, de leur vivant, font la fortune, même des meilleurs, que le tour d’esprit du moment, qu’une disposition de leur époque qu’ils ont flattée ou subie à leur insu, le moindre risque que nous courions en les imitant, c’est de nous donner des défauts exotiques. […] L’imitation des anciens, dans Ronsard et son école, n’est le plus souvent qu’une traduction si éprise de son original, qu’où la langue de la traduction fait défaut, elle se borne à donner aux mots de l’original une terminaison française. […] La passion même excite la sagacité et, pendant que les admirateurs s’exagèrent les beaux côtés, les ennemis voient les défauts d’un œil d’autant plus sûr qu’il est plus intéressé.

912. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

L’une a dû son titre au roi de France, et a montré au plus haut degré les défauts et les qualités ordinaires de la noblesse française ; l’autre était d’origine celtique et vraiment bretonne. […] De là vient en partie mon inaptitude à laisser ma pensée se gouverner par la rime, inaptitude que j’ai depuis bien vivement regrettée ; car souvent le mouvement et le rythme me viennent en vers, mais une invincible association d’idées me fait écarter l’assonance, que l’on m’avait habitué à regarder comme un défaut et pour laquelle mes maîtres m’inspiraient une sorte de crainte. […] À défaut du mariage, on eût dû la faire religieuse : la règle et les austérités l’eussent calmée, mais il est probable que le père n’était pas assez riche pour payer la dot et sa condition ne permettait pas de la faire sœur converse.

913. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Ce défaut, compensé par un talent si éclatant dans la comédie de M.  […] S’il se débraille, il se découvre ; son masque ne doit pas avoir de défaut. […] Un drame ne se refait pas, il est ce qu’il est ; ses défauts mêmes font partie de sa raison d’être.

914. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Voilà ce que j’appelle les vrais contes de La Fontaine, c’est-à-dire les récits où il a peint des hommes et des femmes avec leurs défauts, avec leurs ridicules qu’il a joliment et très spirituellement raillés, et aussi avec des qualités qu’il s’est attaché à peindre avec complaisance et avec un certain attendrissement. […] Cette manière, je le répète, est absolument différente de la manière des contes proprement dits, et elle est à considérer comme on a considéré celle des contes proprement dits, pour en faire remarquer les défauts en même temps que les qualités. […] Moraliste, il l’est, il s’entend à faire l’analyse d’un travers, d’un ridicule, d’un défaut.

915. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Quand on avait un Mascarille, c’est Leslie qui faisait défaut ; et, d’autres fois, il est arrivé que Leslie manquait de Mascarille. […] Est-ce que tous ses défauts ne vous sauteront pas aux yeux ? […] Ce défaut est bien rare chez notre grand comique. […] Elle a ses défauts ; on les voit, on en gémit, on s’en irrite ; on les adore. […] Il a assez d’autres défauts sur la conscience, ce misérable monologuiste, pour qu’on ne le charge pas de ceux dont il n’est pas responsable.

916. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Il est vrai que nous pouvons découvrir des défauts dans l’un et dans l’autre ; mais il ne faut pas confondre la faculté d’apercevoir des taches au soleil, avec celle de concevoir un soleil plus beau. […] Ainsi, les sentiments littéraires d’Uranie ne dépendent point des théories littéraires, ni des prétendues notions innées du beau, du comique, du parfait, et c’est précisément le défaut de cette dépendance logique, qui rend nécessaire pour son goût la souveraineté douce et libérale de l’intelligence314. […] C’est un défaut d’intelligence, il faut bien le reconnaître, qui tient caché aux regards de Schlegel, de Jean-Paul et de Hegel lui-même l’ordre particulier de beauté exprimé dans les comédies de Molière. […] À propos de la critique que Schlegel fait du théâtre d’Euripide, Goethe a dit : « Quand un moderne comme Schlegel relève un défaut dans un si grand ancien, il ne doit lui être permis de le faire qu’à genoux. » (Entretiens avec Eckermann.)

917. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

L’impatience est le défaut, mais aussi la vertu de la jeunesse. […] Mais le peintre raisonnait en politique comme Platon : c’est le défaut des artistes. […] C’est un défaut, disent les savants ; cette peinture n’est qu’une sorte de gravure, cette peinture fait penser et sentir, mais elle ne fait pas assez voir ; elle n’accentue pas assez les objets ; elle ne colorie pas assez la nature ; elle ne sculpte pas assez les figures sur la toile, par le jeu savant et puissant des jours et des ombres, pour faire saillir en relief les objets de la surface plane du tableau ; elle n’étonne pas comme Michel-Ange ; elle n’illumine pas comme Raphaël ; elle n’éblouit pas comme Titien ; elle n’éclabousse pas comme Rubens ; oui, mais elle rappelle Van Dyck, ce traducteur de l’âme sur les traits presque incolores de la physionomie. […] Nous ne voulons pas louer un genre par ses défauts, ni donner à deux grands peintres quelques qualités de métier qui peuvent leur manquer.

918. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Tout ce que nous connaissons d’écrits en vers aux xiie et xiiie siècles, sauf de rares exceptions, est affecté de ce double défaut. […] Guillaume de Lorris vivait au temps de saint Louis, vers le milieu du xiiie  siècle ; il mourut vraisemblablement vers l’an 1260, à l’époque même où naissait son continuateur, Jean de Meung surnommé Clopinel, probablement de quelque défaut à la jambe. […] J’en dirai autant de certaines choses que le temps reculé où elles furent écrites ne doit pas protéger contre la critique de certains vieux défauts à côté de quelques beautés poétiques ; d’une portion de poésie parasite, qui, au berceau de notre littérature, dispute le terrain à la poésie du sujet ; de descriptions qui dispensent le poëte d’imaginer, et de quantité de choses déjà pour la rime. […] Enfin, il arriva au Roman de la Rose ce qui arrive à tous les ouvrages fortement empreints d’originalité : on l’imita par les seuls côtés où ils sont imitables, par ses défauts, si ce mot est applicable à une poésie naissante.

919. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Le succès ne fit pas défaut aux pièces de Destouches. […] Damis a un autre défaut, le pire de tous : ses qualités n’attachent pas. […] Il n’est pas besoin d’aller chercher la prose de Collin pour trouver sa langue en défaut. […] Où en trouver un qui pousse le défaut de tout le monde jusqu’au genre de ridicule dangereux qui fait le fond de la haute comédie ?

920. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Sans doute, pour ceux à qui les idées font défaut, la forme devient le plus clair de l’art. […] Au dix-septième siècle, on tenait le moi pour haïssable ; on reprochait à Montaigne de s’être mis en scène, d’avoir étalé avec complaisance ses qualités et même ses défauts. […] En tout cas, la littérature des déséquilibrés ne doit pas être pour nous un objet de prédilection : une époque qui s’y complaît comme la nôtre ne peut, par cette préférence, qu’exagérer ses défauts. Et parmi les plus graves défauts de notre littérature moderne, il faut compter celui de peupler chaque jour davantage ce cercle de l’enfer où se trouvent, selon Dante, ceux qui, pendant leur vie, « ils pleurèrent quand pouvaient être joyeux » 300.

921. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Railler l’idéal, ce serait là le défaut de Cervantes ; mais ce défaut n’est qu’apparent ; regardez bien ; ce sourire a une larme ; en réalité, Cervantes est pour don Quichotte comme Molière est pour Alceste. […] La musique, par son défaut de précision même, qui, dans ce cas spécial, est une qualité, va où va l’âme allemande. […] V L’ex-« bon goût », cet autre droit divin qui a si longtemps pesé sur l’art et qui était parvenu à supprimer le beau au profit du joli, l’ancienne critique, pas tout à fait morte, comme l’ancienne monarchie, constatent, à leur point de vue, chez les souverains génies que nous avons dénombrés plus haut, le même défaut, l’exagération.

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