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1378. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Ou bien, un jour qui n’est pas éloigné, on ne parlera plus d’Elle et Lui et c’est une chose probable et désirable encore plus, ou, si on en parle, Lui et Elle se lèvera en face comme une inévitable réponse, et le scandale — l’odieux et sinistre scandale qui s’est fait à propos de ces deux romans — continuera !

1379. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Rassis promptement, comme toutes les âmes tièdes, d’une grande émotion de jeunesse, il se voua discrètement à des études qu’il avait d’abord partagées, — on sait avec qui, — et il les continua seul.

1380. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Ou bien, un jour, qui n’est pas éloigné, on ne parlera plus d’Elle et Lui (et c’est une chose probable, et désirable encore plus), ou, si on en parle, Lui et Elle se lèvera en face comme une inévitable réponse, et le scandale, — l’odieux et sinistre scandale qui s’est fait à propos de ces deux romans, — continuera !

1381. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Et il en sera de même du roman, si le train qu’on mène continue.

1382. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Guy Livingstone est le frère du Giaour, de Lara, de Conrad le Corsaire, moins coupable sans doute que ces sombres figures de la Force blessée au cœur et qui continuent de vivre avec la fierté de la Force jusqu’au moment où, d’un dernier coup, Dieu les achève… C’est un héros de lord Byron, resté au logis (at home), dans son ordre social, qui a été très-bon pour lui et qui lui a donné à peu près tout ce que l’ordre social peut donner : la naissance, la fortune, l’éducation, les relations, tout ce qui s’ajoute à la force individuelle dans un pays où l’ordre social est si bien fait, qu’un homme s’y dira, avec la certitude qu’on n’a jamais ailleurs dans les pêles-mêles que l’on prend pour les sociétés : Je nais ici, et c’est là que je puis mourir.

1383. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

« Aussi longtemps, continue M.  […] On connaît l’histoire de ce violoniste qui jouait dans un orchestre et qui, ayant perdu la conscience dans un accès de vertige épileptique, continuait néanmoins de faire exactement sa partie : tous ses organes, et probablement ses nerfs auditifs eux-mêmes, continuaient mécaniquement leur jeu ; tout vibrait encore en lui, excepté la vie et la conscience en leur profondeur, qui s’étaient désintéressées et endormies. […] Ils se transforment lentement, mais d’une façon continue, et M.  […] Ses deux affirmations essentielles sur l’absence de césure et sur la richesse continue de la rime méritent donc examen. […] L’homme a acquis de nos jours et continuera sans doute d’acquérir un sentiment plus désintéressé de la nature.

1384. (1914) Une année de critique

Il est fort possible que le public, friand de ses « Mémoires » qui continuent de paraître, applaudisse à son évasion. […] Et le principe moral contenu dans le livre continue, au contraire, d’entretenir parmi nous le désordre des sentiments et des mœurs. […] Ainsi, sourd à la voix des tentations intérieures, comme Ulysse au chant des sirènes, Monsieur Bois continue de penser. […] Qu’elle continue de vivre, il lui en faudra découvrir la médiocrité quotidienne. […] Grâce au premier, le monde continue d’exister, mais c’est grâce au second qu’il vaut de ne point disparaître.

1385. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Il y avait de plus la présence continue, l’action toute-puissante de l’Église ; c’était son chef-lieu, c’était son camp principal. […] Les noms d’Aaroun-al-Raschild et de son fils Al-Mamoum, marquent le commencement de cette ère glorieuse qui se continua sous leurs successeurs. […] Privé d’un si puissant secours, Bertram continua la guerre, mais son-château fut pris, et lui-même fut amené devant le roi d’Angleterre. […] Écuyer, le jeune homme continuait à se former par la conversation et l’action, beaucoup plus que par aucune étude régulière. […] Ville-Hardouin continue de raconter en détail les lents préparatifs de la croisade.

1386. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Dans l’une et dans l’autre, l’objet est vivant, c’est-à-dire soumis à une transformation spontanée et continue. […] « Sa route, de Saint-George’s-Fields à White-Hall, fut une ovation continue. […] Quelques-uns des capitaines, à défaut de celle-là, en essayèrent une autre, et l’on continua cette manœuvre jusqu’à la nuit. […] Ils exhortent Socrate à continuer, ils l’empêchent de s’en aller, ils ne veulent pas qu’il retranche rien de l’entretien. […] L’Angleterre d’aujourd’hui continue l’Angleterre d’autrefois.

1387. (1929) La société des grands esprits

Les Grecs étaient d’ailleurs bien capables d’en faire eux-mêmes la remarque et de continuer quand même. […] Continuons. […] Cependant, même pour Voltaire prosateur, l’injustice continue. […] La logique de sa doctrine opère automatiquement : la mèche qu’il avait allumée continue de brûler, quoi qu’il en ait, et aboutit à l’explosion. […] Dans l’Histoire de la Révolution, Michelet, révolutionnaire et démocrate jusqu’aux moelles, n’en continue pas moins de juger impartialement.

1388. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Il est horrible qu’un amant, après avoir tué le père, continue à poursuivre la fille de ses assiduités ? […] Or, le marquis Urbain de Villemer a aimé une femme qui est morte depuis trois ans, — et il continue d’être sombre comme la nuit. […] non, — mais qui continuerait d’être juste. […] C’est que le clerc ou le prêtre, émancipé, continuera d’attacher une importance énorme à « l’œuvre de chair ». […] Mais sa tête surnage, et, tandis que les flots l’entraînent, ses lèvres mortes continuent de murmurer : « Eurydice !

1389. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Et le dix-huitième siècle à cet égard continue le dix-septième. […] Un autre, boulanger, a des scrupules parce que son maître continue à cuire le dimanche, se dessèche d’inquiétude, et bientôt n’est plus qu’un squelette. […] Pendant dix pages, l’idée déborde en une seule phrase continue du même tour, sans crainte de l’entassement et de la monotonie, en dépit de toutes les règles, tant le cœur et l’imagination sont comblés et contents d’apporter et d’amasser toute la nature comme une seule offrande « devant celui qui, par ses nobles fins et sa façon obligeante de donner, surpasse ses dons eux-mêmes et les augmente de beaucoup ; qui, sans être contraint par aucune nécessité, ni tenu par aucune loi ou par aucun contrat préalable, ni conduit par des raisons extérieures, ni engagé par nos mérites, ni fatigué par nos importunités, ni poussé par les passions importunes de la pitié, de la honte et de la crainte, comme nous avons coutume de l’être ; ni flatté par des promesses de récompense, ni séduit par l’attente de quelque avantage qui pourrait lui revenir ; mais étant maître absolu de ses propres actions, seul législateur et conseiller de lui-même, se suffisant, et incapable de recevoir un accroissement quelconque de son parfait bonheur, tout volontairement et librement, par pure bonté et générosité, se fait notre ami et notre bienfaiteur ; prévient non-seulement nos désirs, mais encore nos idées, surpasse non-seulement nos mérites, mais nos désirs et même nos imaginations, par un épanchement de bienfaits que nul prix ne peut égaler, que nulle reconnaissance ne peut payer ; n’ayant d’autre objet en nous les conférant que notre bien effectif et notre félicité, notre profit et notre avantage, notre plaisir et notre contentement833. » La force du zèle et le manque de goût : tels sont les traits communs à toute cette éloquence. […] Les artifices oratoires deviennent entre ses mains des instruments de supplice, et lorsqu’il lime ses périodes c’est pour enfoncer plus avant et plus sûrement le couteau ; avec quelle audace d’invective, avec quelle roideur d’animosité, avec quelle ironie corrosive et brûlante, appliquée sur les parties les plus secrètes de la vie privée, avec quelle insistance inexorable de persécution calculée et méditée, les textes seuls pourront le dire : « Milord, écrit-il au duc de Bedford, vous êtes si peu accoutumé à recevoir du public quelque marque de respect ou d’estime, que si dans les lignes qui suivent un compliment ou un terme d’approbation venait à m’échapper, vous le prendrez, je le crains, pour un sarcasme lancé contre votre réputation établie ou peut-être pour une insulte infligée à votre discernement862… » « Il y a quelque chose, écrit-il au duc de Grafton, dans votre caractère et dans votre conduite qui vous distingue non-seulement de tous les autres ministres, mais encore de tous les autres hommes : ce n’est pas seulement de faire le mal par dessein, mais encore de n’avoir jamais fait le bien par méprise ; ce n’est pas seulement d’avoir employé avec un égal dommage votre indolence et votre activité, c’est encore d’avoir pris pour principe premier et uniforme, et, si je puis l’appeler ainsi, pour génie dominant de votre vie, le talent de traverser tous les changements et toutes les contradictions possibles de conduite, sans que jamais l’apparence ou l’imputation d’une vertu ait pu s’appliquer à votre personne, ni que jamais la versatilité la plus effrénée ait pu vous tromper et vous séduire jusqu’à vous engager dans une seule sage ou honorable action863. » Il continue et s’acharne ; même lorsqu’il le voit tombé et déshonoré, il s’acharne encore. […] Il y a un homme, Charles Fox, qui s’est trouvé heureux dès le berceau, qui a tout appris sans études, que son père a élevé dans la prodigalité et l’insouciance, que, dès vingt et un ans, la voix publique a désigné comme le prince de l’éloquence et le chef d’un grand parti, libéral, humain, sociable, fidèle aux généreuses espérances, à qui ses ennemis eux-mêmes pardonnaient ses fautes, que ses amis adoraient, que le travail n’avait point lassé, que les rivalités n’avaient point aigri, que le pouvoir n’avait point gâté, amateur de la conversation, des lettres, du plaisir, et qui a laissé l’empreinte de son riche génie dans l’abondance persuasive, dans le beau naturel, dans la clarté et la facilité continue de ses discours.

1390. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Agamemnon le conducteur des peuples parloit ainsi, et il alloit continuer, quand Achille aux pieds légers l’interrompit en ces termes : superbe fils d’Atrée, etc. ou bien, en laissant le discours d’Agamemnon suspendu, superbe fils d’Atrée, interrompit Achille . […] Je sçais bien que dans l’instant de la victoire, il peut échaper au vainqueur quelques paroles d’insulte et de triomphe ; mais non pas des discours continués et adressés personnellement au cadavre. […] Cet ordre, à ce qu’on dit, signifie également quatre choses toutes différentes ; et c’est un beau secret, continue-t-on, de pouvoir dire tant de choses à la fois. […] Les auteurs ne leur auroient pas donné cette étendue, s’ils avoient fait attention à deux choses : l’une, que les vers françois veulent être extrêmement soignés, qu’ils ne souffrent rien de forcé ni de languissant ; que tout difficiles qu’ils sont, le lecteur ne tient compte de la difficulté de les bien faire, qu’autant qu’elle est surmontée ; et que par conséquent, il est téméraire de se mettre hors d’état de suffire à cette élégance exacte et continue que les vers exigent, en se surchargeant d’une matiere trop vaste. […] Il n’y a de poëmes françois que le lutrin qui se lise ; et quoiqu’il ait sur les autres, l’avantage d’une élégance continue, je suis persuadé que c’est encor un de ses agrémens de n’avoir que six livres, dont le plus long n’a pas trois cens vers.

1391. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Dans la préface en prose de cette canzone, Leopardi rappelait le mot de Pétrarque : Ed io son di quei che’l pianger giova (Et moi aussi je suis de ceux qui se plaisent à la plainte) : « Je ne dirai pas, ajoute-t-il, que la plainte soit ma nature propre, mais une nécessité des temps et de la fortune. » Et en effet on ne peut douter, rien que d’après ces débuts, de la nature avant tout mâle et antique de Leopardi ; elle continuera de se dessiner de plus en plus. […] Bunsen, avec qui le poëte noua des relations toujours continuées. […] Durant les six années qui suivirent (1831-1837), une correspondance aussi fréquente que le permettait l’état de santé de Leopardi se continua entre eux.

1392. (1813) Réflexions sur le suicide

Quelle grandeur aussi dans cet entretien philosophique sur l’immortalité de l’âme, continué avec tant de calme jusqu’à l’instant où le poison lui fut apporté ! […] Votre père a rassemblé vos partisans pour s’opposer à Marie et cette Reine justement détestée s’en prend à vous de tout l’amour que votre nom fait naître. — Ses sanglots l’interrompirent. — Continuez, lui dis-je, oh ! […] Guilford a levé les yeux vers ma prison, puis il les a portés plus haut, je l’ai compris : il a continué sa route.

1393. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Plus on étudie les races et les littératures latines par contraste avec les races et les littératures germaniques, plus on arrive à se convaincre que le don propre et distinctif des premières est l’art de développer, c’est-à-dire d’aligner les idées en files continues, selon les règles de la rhétorique et l’éloquence, par des transitions ménagées, avec un progrès régulier, sans heurts ni sauts. […] De la pensée première à la conclusion finale, il conduit le lecteur par une pente continue et uniforme. […] Le mari, qui sait sa femme innocente, est le plus acharné. « Cette femme, sauf le bon plaisir de vos paternités, est une catin, la plus chaude au plaisir… Elle hennit comme une jument. » Il continue en termes toujours plus violents et en descriptions toujours plus précises.

1394. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Mais je crois rehausser encore le mérite de ces maîtres respectés, en disant qu’ils n’ont fait que renouer et continuer la tradition d’Aristote. […] La tragédie s’efforce autant que possible de se renfermer dans une seule révolution du soleil, ou du moins de très peu sortir de ces limites ; l’épopée, au contraire, n’a pas de limite de temps ; et c’est là une différence essentielle, quoique dans le principe on se donnât cette facilité pour la tragédie aussi bien que dans la comédie. » * * * « La tragédie, continue-t-il, est selon moi l’imitation de quelque action sérieuse, noble, complète, ayant sa juste dimension et employant un discours relevé par tous les agréments qui, selon leur espèce, se distribuent séparément dans les diverses parties, sous forme de drame et non de récit, et arrivant, tout en excitant la pitié et la terreur, à purifier en nous ces deux sentiments. […] continue M. 

1395. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Les systèmes continuent à ne valoir que la valeur individuelle de leurs auteurs : mais ceux-ci ont appris à connaître les bornes de leur puissance, l’imagination a fait d’utiles écoles. […] Dans le plein air de leur audace affranchie, dans la forêt gothique du temple sans toit qui va s’ouvrir, ils continuent à contempler ces étoiles toujours géminées : le beau et le vrai. […] Les universités, enlisées dans d’immémoriales traditions, continuent, par la seule impulsion de la force acquise, à enseigner la jeunesse selon des doctrines et des programmes bâtards et dans un but de sanction immédiate qui bannit fatalement des jeunes esprits le sens réel de la vérité.

1396. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Vendredi 1er août J’ai, de temps en temps, une fatigue à continuer ce journal, mais les jours lâches, où cette fatigue se produit, je me dis : « Il faut avoir l’énergie de ceux qui écrivent mourants dans les glaces ou sous les tropiques, car cette histoire de la vie littéraire de la fin du xixe  siècle, sera vraiment curieuse pour les autres siècles. » Lundi 4 août En pensant aux choses magiques trouvées par ce siècle comme le phonographe, etc., etc., je me demande si les autres siècles ne trouveront pas encore des choses plus surnaturelles, et si à propos des livres perdus de l’antiquité, on ne trouvera pas le moyen, par une cuisine scientifique dans une boîte crânienne d’une momie d’Égypte ou d’un autre mort antique, de faire revivre la mémoire des livres lus par le possesseur de cette boîte crânienne. […] vous pouvez continuer à vous promener, il y a encore de quoi faire une culotte de suisse !  […] Le jeune Benedetti qui a passé deux ans au Brésil, comme attaché à la légation, vient s’asseoir à côté de moi, et se met à causer de la fièvre jaune, de cette épouvantable maladie, qui lors même qu’elle n’est plus épidémique, ne continue pas moins d’enlever à Buenos-Ayres, tous les jours, au moins vingt-cinq personnes.

1397. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Mais qu’en plein xixe  siècle, quand les passions et leur étude, et leurs beautés, et leurs laideurs, et jusqu’à leurs folies, ont pris dans la préoccupation générale la place qu’elles doivent occuper ; quand la littérature est devenue presque un art plastique, sans cesser d’être pour cela le grand art spirituel ; quand nous avons eu des creuseurs d’âme, des analyseurs de fibre humaine, des chirurgiens de cœur et de société ; enfin, qu’après Chateaubriand, Stendhal, Mérimée et Balzac, — Balzac, le Christophe Colomb du roman, qui a découvert de nouveaux mondes, — la vieille mystification continue et que la réputation de Gil Blas soit encore et toujours à l’état d’indéracinable préjugé classique, voilà ce qui doit étonner ! […] Mais on garde le pli pour sa peine de s’être courbé, et on continue de procéder comme on a procédé toute sa vie. […] Et si celui-là continue son livre comme il l’a commencé, il fera un délicieux roman, et probablement le plus délicieux qui soit jamais sorti de sa plume.

1398. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Jocelyn, remarquons-le bien, chante, tant qu’il n’est pas tout à fait guéri encore ; il chante, tant que l’image de Laurence le trouble et continue de partager son cœur. […] Pourtant, ce qui continue de distinguer expressément le poëte, c’est encore la grandeur, l’élévation à laquelle il revient, vers laquelle il s’échappe toujours par quelque côté.

1399. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

» Et, en battant les buissons avec le manche de son aiguillon qui réveillait les oiseaux sous les feuilles : « Merles », continua-t-il, « envolez-vous ! […] Mais ce Te Deum de l’amour continuait et se renforçait toujours en se rapprochant.

1400. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Mais encore les grandes républiques, telles que Gênes, Venise, Rome, continuent-elles à subsister sous les doges comme sous les papes, car la papauté au fond n’est qu’une république, puisque le pouvoir temporel y est électif comme le pouvoir spirituel, et que le gouvernement y est représentatif par le sénat des cardinaux. […] l’annexion continue de vos autres États indépendants au Piémont vous constitue inévitablement en jalousie, en suspicion et bientôt en guerre sourde avec la France ; or une guerre sourde ou déclarée à la France est la perte, à un jour donné, de l’indépendance de l’Italie.

1401. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

« Mais vous ne voulez pas », continuai-je, «  et vous avez raison de ne pas vouloir qu’il y ait des misères incurables et imméritées, comme la société mal inspirée en est pleine. […] Et puis tu les verrais, vainement irrité, Continuer, joyeux, quelque festin folâtre, Ou, pour dormir aux sons d’une lyre idolâtre,         Se tourner de l’autre côté.

1402. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

XLV Satisfait d’avoir protesté par ses actes au sentiment public, Chateaubriand reprit sa vie studieuse, et continua d’écrire des articles pour le Mercure. […] Pendant qu’on se fusillait dans les rues de la capitale, le roi, retiré à Saint-Cloud, continuait sa partie de chasse le matin et sa partie de whist le soir, comme si les anges s’étaient chargés de le défendre.

1403. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Et assurément, ces facultés n’agissent pas, dans la réalité, d’une façon continue : mais elles sont pourtant le véritable et suprême ressort d’une âme. […] A-t-on le droit de juger ainsi ceux que l’on sert, ou, les jugeant ainsi, de continuer à les servir, c’est-à-dire à vivre d’eux   Je ne sais ; les choses, dans la réalité, ne se présentent point aussi simplement.

1404. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais Béranger a continué dans l’art, comme avec un dessein prémédité, l’esprit du Dix-Huitième Siècle et de la Révolution. […] On dirait, tant il sentait que toute son œuvre était là en germe, qu’il n’a songé à écrire ses Mémoires que pour cette explication, par laquelle il termine une confession qu’il n’a jamais continuée au-delà.

1405. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

L’immense majorité de ses habitants continuait pour ces motifs à parler la langue d’oc, n’en connaissait pas d’autre ; et l’explication de M.  […] C’est pour cela que la Normandie, la Champagne, dont les relations ont été faciles et continues avec le centre intellectuel qu’était et qu’est demeuré Paris, ont fourni à la littérature française tant de poètes et d’écrivains.

1406. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Sans cette révélation, on aurait continué à les traiter comme des artistes ! […] Après, s’ils veulent continuer, du moins ne leur ai-je pas menti, et je les aide comme je peux.

1407. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Les uns continuent, avec moins de bonheur, le badinage élégant de Marot ; les autres renchérissent sur l’amour chevaleresque des romans espagnols et italiens, et sur l’amour sentimental de Pétrarque. […] « L’imitation des nostres, dit-il dans la préface de la première édition de ses Odes, m’est tant odieuse, d’autant que la langue est encores en son enfance, que pour cette raison je me suis eslongné d’eux, prenant style à part, sens à part, œuvre à part, ne désirant avoir rien de commun avec une si monstrueuse erreur. » Il attaque les rimeurs, et principalement les courtisans, « qui n’admirent qu’un petit sonnet pétrarquisé ou quelque mignardise d’amour qui continue toujours en son propos ».

1408. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Le poète parle en son nom de tout ce qui l’a touché, peines, plaisirs, espérances, regrets, impressions des grands événements et des beautés de la nature, amour, enthousiasme, tentations du doute, rêveries, désenchantements, tout ce qui a passé par l’âme de René, René, le type de la poésie personnelle, l’aîné de cette noble famille qui le continue, non par imitation, mais parce que sa mélancolie est l’état des âmes d’élite au dix-neuvième siècle. […] Je ne parle pas du théâtre de ce poète, sur lequel les juges compétents, unanimes pour en admirer les beautés plus lyriques que dramatiques, continuent, après plus de trente ans, à différer d’avis.

1409. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

En notre siècle, la même préoccupation se traduit dans tous les domaines par la prédominance de deux conceptions intimement unies : d’une part, l’idée d’un déterminisme universel reliant entre eux par un fil de plus en plus visible tous les phénomènes qui se succèdent dans le temps où se côtoient dans l’espace ; d’autre part, l’idée d’un perpétuel devenir, d’une évolution régulière et continue. […] Pour parler sans métaphore, il se fait dans le domaine intellectuel un partage sur de nouvelles bases entre l’élément personnel ou subjectif fourni par l’homme et l’élément réel ou objectif fourni par la nature, et le mouvement de pendule qui fait tour à tour prédominer l’un ou l’autre continue ses régulières et larges oscillations.

1410. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Le matelot chanteur continue à faire entendre, du haut de son mat, sa chanson nostalgique. […] Comment continuer et mener à bonne fin l’entreprise sans en changer complètement la tendance ?

1411. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

La volonté continue du bien-être, reliant les séries d’effets, les change en séries de moyens, leur prête ainsi une continuité interne, une unité de but, une unité de conscience. […] Les insectes d’aujourd’hui n’ont plus besoin de voir leurs larves éclore et grandir ; ils continuent à faire tout ce qu’ils avaient jadis appris, ou tout ce qui, par hasard, ayant mieux réussi, avait entraîné la sélection des plus aptes.

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