Mais lui, critique de conscience, voudra bien prendre comme un hommage même plusieurs de nos réserves indispensables et de nos explications adverses. […] Les qualités qu’il possède en effet, instruction, dignité, conscience, honnêteté, il sait les mettre en dehors dans ses écrits, et ne les laisse pas à deviner. […] n’enflez pas tant votre voix pour mêler tous ces hommes et Carrel ensemble au même moment, pour saluer l’un comme prince, pour parler de l’autre comme d’un père, et proclamer celui-là devant tous comme votre seconde conscience ; pour Dieu !
Plus loin, il exprime son grand plaisir de lire le Comte de Gabalis, quoique, au reste, plusieurs endroits profanes fassent beaucoup de peine aux consciences tendres. Ces consciences tendres ont-elles tort ou raison ? N’est-ce pas bien, en certaines matières, d’avoir la conscience tendre ?
Cela ne vous dit rien, à vous, parce que vous êtes un profane, un indifférent, un malheureux égaré ; mais le prêtre qui, étant homme, est pourtant tout cela, et qui le croit, et qui en a conscience ! […] En sorte que la conscience qu’il a de cette élection surnaturelle peut également développer en lui, selon son caractère, l’humilité ou l’orgueil. […] Une ambition de cet ordre ne laisse donc le plus souvent ni scrupule ni inquiétude de conscience : en priant Dieu de l’éclairer sur sa vocation épiscopale, le prêtre se convainc presque inévitablement qu’il se conforme, en effet, à la volonté divine.
Luxe, d’exalter chez autrui la conscience de précieux semblables, pas tout à fait inutile. […] J’en veux la perception par le fisc, tuteur, en tant que redevance : réduite à des centimes ou, si le coin existait autre part que dans les consciences, à un « scrupule ». […] Théâtralement, pour la foule qui assiste, sans conscience, à l’audition de sa grandeur : ou, l’individu requiert la lucidité, du livre explicatif et familier.
La prétention de la Revue des Deux Mondes (et cette prétention avouée vient de conscience bien plutôt que d’orgueil) serait de relever, autant qu’il se peut, ce phare trop souvent éclipsé, et de maintenir publiquement certaines traditions d’art, de goût et d’études : tâche plus rude parfois et plus ingrate qu’il ne semblerait. […] Puisse du moins le sentiment croissant de la cause à défendre, la conscience de la vérité et de la dignité en littérature, contribuer entre nous à le resserrer !
Les hommes en jugent à leur façon, mais ma conscience me répond que le Ciel en juge autrement, et cela me suffit. […] Au tome VI du Pour et Contre (1735), parlant du Voyage de Jordan qui venait de paraître, Prevost touche quelques mots de l’accusation, à la fois vague et grave, dont il s’y voit l’objet ; mais, soit qu’il se sente la conscience moins nette, soit que les compliments mêlés à ce mauvais propos l’aient amolli, il répond moins vivement qu’il n’avait fait, l’année précédente, à Lenglet-Dufresnoy : « Je me suis attendu, depuis mon retour en France, dit-il, à ces galanteries de MM. les protestants, et je ne suis pas fâché d’avoir occasion de m’expliquer sur la seule manière dont je veux y répondre.
Aux heures calmes, après la chasse ou l’ivresse, la divination vague d’un au-delà mystérieux et grandiose, le sentiment obscur d’une justice inconnue, le rudiment de conscience qu’il avait déjà dans ses forêts d’outre-Rhin, se réveille en lui par des alarmes subites, en demi-visions menaçantes. […] Par son travail intelligent, volontaire, exécuté en conscience et conduit en vue de l’avenir, il produit plus que le laïque.
Il a sa source dans les sentiments les plus respectables : humilité candide, conscience de sa propre ignorance, respect du maître, confiance aux lumières de ceux qui sont établis pour savoir et pour instruire, soif de savoir, qui saisit avidement toutes les connaissances qu’on lui présente et n’en veut rien laisser tomber. […] Non, si vous le faites avec conscience, avec sincérité, sans orgueil.
Nous sommes un public pour ces écrivains immortels au même titre que les gens de 1580 ou de 1670 ; et nous avons le même droit d’essayer sur nos consciences, nos sensibilités et nos intelligences, la vertu de leurs œuvres, de les obliger à révéler par les réactions de nos esprits des propriétés nouvelles, que les générations des siècles disparus n’ont pas ou n’ont qu’à peine soupçonnées4. […] Dans une étude récente sur la Vie morale selon les Essais de Montaigne (Revue des Deux Mondes, 1er-15 février 1924), j’ai essayé de distinguer nettement la pensée de Montaigne, telle qu’elle peut apparaître quand on l’étudie historiquement selon les règles d’une exacte critique, et l’interprétation qu’une conscience d’aujourd’hui, se plaçant dans une attitude analogue à celle de Montaigne, mais développant sans embarras ou dépassant selon les besoins et selon les lumières du temps présent les indications des Essais, pourrait en tirer pour l’usage présent de la vie.
Castagnary Cet homme qui, par deux fois, en 1820 avec les Méditations, en 1847 avec l’Histoire des Girondins, a renouvelé les consciences et jeté les esprits dans une direction nouvelle, me paraît grand entre tous. […] Philarète Chasles C’était la plus étonnante créature de Dieu, la plus instinctive, la moins apte à conduire les affaires ou à juger les hommes, la mieux douée pour s’élever, planer, ne pas même savoir qu’il planait, tomber dans un abîme et un gouffre de fautes, sans avoir conscience d’être tombé ; sans vanité, car il se croyait et se voyait au-dessus de tout ; sans orgueil, car il ne doutait nullement de sa divinité et y nageait librement, naturellement ; sans principes, car, étant Dieu, il renfermait tous les principes en lui-même ; sans le moindre sentiment ridicule, car il pardonnait à tout le monde et sc pardonnait à lui-même ; un vrai miracle, une essence plutôt qu’un homme ; une étoile plutôt qu’un drapeau ; un arome plutôt qu’un poète, né pour faire couler en beaux discours, en beaux vers, même en actes charitables, en hardis essors, en spontanées tentatives, les trésors les plus faciles, les plus abondants d’éloquence, d’intelligence, de lyrisme, de formes heureuses, quoique trop fluides ; de grâces inépuisables, non pas efféminées, mais manquant de concentration, de sol et de virilité réfléchie.
La lutte fut celle que tous subissent et subiront, jusqu’au jour où l’esprit chrétien s’affaiblissant de plus en plus, l’accord des deux antiques adversaires rendra la paix et l’unité à la conscience humaine. […] D’abord il semble ne confesser, n’extérioriser, n’exalter que lui-même, mais il se trouve que cet être choisi est tellement d’accord avec les idées de son siècle, avec l’incessante évolution de l’humanité, qu’il s’affirme : la conscience de tous.
Il n’y a pas une page de ce roman, si toutefois c’est un roman, et pour ma part j’ai grand’peine à le croire, qui ne donne lieu à une sorte d’examen de conscience. […] Comme elles aperçoivent en dedans un monde supérieur plus grand, plus beau, plus varié ; comme elles ont peuplé leur conscience des souvenirs d’une vie imaginaire ; comme elles comparent incessamment le spectacle de leurs journées au spectacle de leurs rêveries, le dédain et l’impertinence ne sont chez elles qu’une forme particulière de la douleur.
Mais il faut remarquer que ces mots de « surhumain » et de « surnaturel », empruntés à notre théologie mesquine, n’avaient pas de sens dans la haute conscience religieuse de Jésus. […] Bonne foi et imposture sont des mots qui, dans notre conscience rigide, s’opposent comme deux termes inconciliables.
Il ne reste que le héros incomparable de la Passion, le fondateur des droits de la conscience libre, le modèle accompli que toutes les âmes souffrantes méditeront pour se fortifier et se consoler. […] La conscience morale de l’homme du peuple est vive et juste, mais instable et inconséquente.
Dargaud ne lui avait offert aujourd’hui qu’un de ces volumes comme certains historiens en pondent régulièrement un par année, avec une exactitude qui fait honneur à leur tempérament littéraire, elle l’aurait lu, au moins du pouce, entre la préface et la table, et elle en aurait rendu compte à peu près avec la même conscience et avec la même peine qu’il aurait été composé. […] Ce sont là des idées modernes appliquées rétrospectivement et plus ou moins témérairement à l’histoire, Je ne sais pas si Michel de l’Hôpital eut conscience pleine et volonté entière de la liberté religieuse, telle que l’entendent et que la veulent les philosophes du xixe siècle, par la seule raison qu’il rédigea le fameux Édit de tolérance qui fut, jusqu’à l’édit de Nantes, le manifeste sans cesse repris des protestants et le prétexte de leurs rébellions obstinées, mais ce que je crois savoir, c’est qu’on n’est pas au-dessus de tous les partis parce qu’on se met entre tous les partis, et ce que je sais certainement, c’est que le portrait de cet homme de juste-milieu, de cette espèce de La Fayette en toge au xvie siècle a pris, sous le pinceau de M.
L’observateur réel, intérieur au système, a conscience, en effet, et de la distinction et de l’identité de ces Temps divers. […] Quand, se figurant son système en mouvement, il se représentera sa ligne de lumière plus longue, il dira que le temps s’est allongé ; mais il verra aussi que ce n’est plus du temps psychologique ; c’est un temps qui n’est plus, comme tout à l’heure, à la fois psychologique et mathématique ; il est devenu exclusivement mathématique, ne pouvant être le temps psychologique de personne : dès qu’une conscience voudrait vivre un de ces Temps allongés O₁B₁, O₂B₂, etc., immédiatement ceux-ci se rétracteraient en OB, puisque la ligne de lumière ne serait plus aperçue alors en imagination, mais en réalité, et que le système, jusque-là mis en mouvement par la seule pensée, revendiquerait son immobilité de fait.
Sans que nous y fassions attention, et comme en dehors de notre conscience, l’esprit travaille et cherche, combine et découvre encore, et soudain parmi les lignes de plan que nous arrêtons nous voyons surgir une pensée nouvelle, importante souvent, parfois vraiment principale et maîtresse, à laquelle il faut tout soumettre, et qui nous oblige à bouleverser l’édifice commencé.
C’est pour nous, au contraire, une vive joie de pouvoir admirer, dans un aîné, une aussi ferme conscience d’artiste qui ne défaut point aux pins périlleuses tentatives.
Maurice Perrès Le vers libre pour donner au lecteur l’impression musicale et le frisson du grand art doit être manié avec une dextérité rare et une haute conscience d’artiste.
Oser cela, c’est être sûr de soi, c’est avoir la conscience d’une maîtrise, c’est affirmer tout au moins que, venant après Leconte de Lisle et après M. de Heredia, on ne faiblira pas en un métier qui demande, avec la splendeur de l’imagination, une certaine sûreté de main.
Dès lors, il est à craindre que tôt ou tard les industriels ne s’aperçoivent du marché de dupes qu’ils font en commandant une affiche à un peintre de plus de talent que de conscience, ou si l’on veut d’application, et que les imprimeurs d’odieuses affiches, genre Appell ou Lévy n’en bénéficient.
« Ma chrétienne & sincere Palinodie, Monsieur, après la satisfaction de ma conscience, ne m'en pouvoit causer une plus sensible que de m'avoir rappelé dans votre souvenir.
Oser cela, c’est être sûr de soi, c’est avoir la conscience d’une maîtrise, c’est affirmer, tout au moins que, venant après Leconte de Lisle et après M. de Heredia, on ne faiblira pas en un métier qui demande avec la splendeur de l’imagination une singulière sûreté de main. […] Acquérir la pleine conscience de soi, c’est se connaître tellement différent des autres qu’on ne sent plus avec les hommes que des contacts purement animaux : cependant entre âmes de ce degré, il y a une fraternité idéale basée sur les différences, — tandis que la fraternité sociale l’est sur les ressemblances. Cette pleine conscience de soi-même peut s’appeler l’originalité de l’âme, — et tout cela n’est dit que pour signaler le groupe d’êtres rares auquel appartient M. […] Les plus vantées pour leur candeur furent comédiennes encore, telle cette lacrymatoire Marceline, actrice d’ailleurs, et qui pleura sa vie ainsi qu’un rôle, avec la conscience que donnent les applaudissements du public. […] Sans talent et sans conscience, nul ne représenta sans doute aussi divinement que Verlaine le génie pur et simple de l’animal humain sous ses deux formes humaines : le don du verbe et le don des larmes.
Non seulement il ne s’efforça point comme tant d’autres d’éviter ces fonctions encombrantes, mais il les remplit avec une patience et une conscience admirables. […] La conscience et même les digestions d’Amédée sont troublées par le remords. « Cette mission de choix, dit-il, réclamait un serviteur sans tache ; j’étais tout indiqué. […] André Gide fait dire à son pasteur : « Un instinct aussi sûr que celui de la conscience m’avertissait qu’il fallait empêcher ce mariage à tout prix. » C’est la plus vulgaire jalousie qui pousse le pasteur à empêcher son fils d’épouser Gertrude, mais qu’est-ce donc que la conscience, si elle est sujette à de telles illusions ? […] Si la conscience n’est rien, ou peu de chose, on peut conclure à l’immoralisme, mais aussi à la nécessité de rétablir le dogme écrit. […] André Gide, a dit : « Je n’admets rien que je ne comprenne… » Conscience et lucidité lui paraissent les vertus cardinales de l’artiste.
Et la mémoire l’obsède de tant de folies… Pour la première fois sa conscience s’éveille : Il fond en larmes. […] J’ai parlé selon ma conscience : dussé-je rester ostensiblement seul de mon avis — je suis content. […] Après le naufrage que je viens de faire, je n’ai de sauf que l’honneur et la conscience de n’avoir jamais trahi personne qui se soit fié à moi. […] Un sang injecté de bile leur verdit la face dès qu’une œuvre de conscience descend illuminer la bourbe où grouille leur âme. […] Et, grâce à l’estime mutuelle qu’ils se vouent, ils finissent par accepter la vie difficile, contents d’avoir acquis une conscience supérieure.
On s’est intéressé au jeu des phénomènes de conscience. […] Jouira-t-il de ce bonheur acheté au prix d’un acte que sa conscience lui reproche comme un crime ? […] Il avait conscience de faire quelque chose d’éminemment distingué. […] Alors naissent une à une les idées qui font la vie de la conscience et lui créent une atmosphère morale. […] Elle n’était pas faite pour la vie de la conscience et pas née pour avoir une âme.
C’est que le poète travaille dans sa province, conçoit et exécute dans la retraite ses œuvres de conscience et d’émotion ; cela est bon pour la tragédie, pour le drame historique : « Les héros de l’histoire, a dit M.
Nous avons la conscience de n’être demeurés étrangers à aucun effort littéraire.
Quelle beauté noble et touchante dans la prière de ce capitaine plein de la conscience de sa vertu !
Or, c’est ici le grand avantage de notre culte sur les cultes de l’antiquité : la religion chrétienne est un vent céleste qui enfle les voiles de la vertu et multiplie les orages de la conscience autour du vice.
Non, monsieur, votre seule conscience en aura l’honneur.
Le troisième âge fut celui de la nature humaine intelligente, et par cela même modérée, bienveillante et raisonnable ; elle reconnaît pour lois la conscience, la raison, le devoir.
Je l’ai commis avec une parfaite lucidité de conscience, méthodiquement, en toute sécurité. […] Sa conscience lui dit que non, et que celui à qui il a été tant pardonné est dans le devoir de pardonner à son tour. […] Et elle avait la conscience intime qu’elle se mentait à elle-même. […] Non pas ; dans le seul intérêt de notre conscience, par devoir envers nous-mêmes ; je dirai le mot brutal : par propreté pour notre âme. […] Car ces visions émouvantes du Seigneur étaient ce qu’il y avait de plus radieux dans leur vie, de plus profond dans leur conscience.
Déjà, dans ses Mémoires, Chateaubriand avait dit un mot sur ce Distrait de la Terreur, qui signait, sans en avoir conscience et par préoccupation de ses berquinades, des arrêts de mort entre deux romances ; seulement, ce qui n’était qu’un mot dans Chateaubriand, devient dans Cassagnac toute une accusation longue et déduite, appuyée sur une masse de témoignages. […] Granier de Cassagnac a la conscience du renseignement, l’intérêt varié du récit, la hauteur des appréciations ; mais tout cela ne lui donnerait pas sa place encore, s’il ne les couronnait et ne les achevait par la qualité excellemment historique, pour nous autres modernes : la vigueur de touche dans le portrait. […] Il n’est pas une de ses journées qui n’ait été livrée aux vents et aux tempêtes de cette affreuse publicité qui emporte tout : l’âme, la vie, le talent, et quelquefois la conscience, hélas ! […] Ce n’est qu’une raison d’amoureux que s’applique sur la conscience Cassagnac, pour satisfaire sa bizarre passion de linguistique, quand il parle de l’influence de l’origine de la langue sur sa destinée et sur son avenir, et qu’il croit possible d’en diriger à volonté l’incoercible génie. […] … Pour qui savait bien le juger et pénétrer dans le fond de sa conscience politique, Granier de Cassagnac était un autoritaire et un monarchiste.