À la mort de M. de Staël, il veut l’épouser ; elle refuse ou du moins y met la condition de ne pas changer de nom ; elle voulait faire dans le contrat ses réserves de grand écrivain en face de l’Europe et de la postérité : preuve de chétif amour.
Delille, & auquel nous n’avons rien changé depuis la premiere édition des Trois Siecles, nous a fait ranger, par cet Auteur, au nombre de ses ennemis, dans le VI vol. de sa Philosophie de la Nature, qu’il fit paroître un an après la premiere publication de notre Ouvrage.
Nous les avons portraiturés, ces hommes, ces femmes, dans leurs ressemblances du jour et de l’heure, les reprenant au cours de notre journal, les remontrant plus tard sous des aspects différents, et, selon qu’ils changeaient et se modifiaient, désirant ne point imiter les faiseurs de mémoires qui présentent leurs figures historiques, peintes en bloc et d’une seule pièce, ou peintes avec des couleurs refroidies par l’éloignement et l’enfoncement de la rencontre, — ambitieux, en un mot, de représenter l’ondoyante humanité dans sa vérité momentanée.
Nous les avons portraiturés, ces hommes, ces femmes, dans leurs ressemblances du jour et de l’heure, les reprenant au cours de notre journal, les remontrant plus tard sous des aspects différents, et, selon qu’ils changeaient et se modifiaient, désirant ne point imiter les faiseurs de mémoires qui présentent leurs figures historiques, peintes en bloc et d’une seule pièce, ou peintes avec des couleurs refroidies par l’éloignement et l’enfoncement de la rencontre, — ambitieux, en un mot, de représenter l’ondoyante humanité dans sa vérité momentanée.
Dirons-nous qu’elle est sans charmes, lorsque, penchée sur le front de Renaud endormi, le poignard échappe à sa main, et que sa haine se change en amour ?
Quand ces nations viennent à se rasseoir sur les débris du monde antique, un autre phénomène arrête l’historien : tout paraît subitement réglé, tout prend une face uniforme ; des monarchies partout ; à peine de petites républiques qui se changent elles-mêmes en principautés, ou qui sont absorbées par les royaumes voisins.
» Il alla près de l’adolescent sous une forme qui ne pouvait éveiller la défiance de celui-ci puis, arrivé tout à côté de lui, il se changea en arbre.
Les alarmes de la conscience s’étaient changées en lois d’État. […] Comme tout change aux mains de nos légers Français ! […] Les scènes sont mal liées ; elles changent vingt fois de lieu. […] Le décor change à chaque mouvement et à vue. […] L’homme changeait tout entier, et d’une seule volte-face.
Bientôt il changea de résolution, gagné par les jésuites. […] Quelques pages seulement, quelques lignes de son livre, supprimées ou changées, eussent rendu la paix à sa patrie. […] On ne décidera point s’il eut tort ou raison de changer à leur égard. […] A-t-on besoin des uns ou des autres, on change de langage. […] En quittant son habit de religieux, il ne changea pas de religion.
L’expérience l’a instruit et il sait combien peu il lui a servi de changer tant de fois de régime. […] Alors elle a changé d’attitude et son cœur a recommencé de battre à l’unisson du nôtre. […] Hommes et idées ne changent-ils pas de valeur suivant qu’ils s’accordent ou s’opposent à sa personne ? […] Cette idée ne leur est pas venue que, pour mener à bien l’œuvre nouvelle qu’ils entreprenaient, il leur fallût changer de procédés. […] Quelles caresses que celles qui, si tôt, pouvaient se changer en menaces !
Quand les affaires publiques font le fil de l’Histoire, il est toujours suivi : quand les Rois n’y sont considérés qu’autant qu’ils ont servi à les faire changer, on les y fait entrer avec bien plus d’agrément, que lorsqu’on se met en tête de ne parler des affaires que selon qu’elles servent à relever ou diminuer la gloire des Rois.
Plus un organe est délié, plus le sang qui le nourrit le change facilement.
Un sentiment si grandiose, une divination si compréhensive et si pénétrante, une pensée par laquelle l’homme embrassant l’immensité et la profondeur des choses, dépasse de si loin les bornes ordinaires de sa condition mortelle, ressemble à une illumination ; elle se change aisément en vision, elle n’est jamais loin de l’extase, elle ne peut s’exprimer que par des symboles, elle évoque les figures divines391. […] À l’endroit du christianisme, il se change tout de suite en hostilité pure, en polémique prolongée et acharnée ; car, à titre de religion d’État, celui-ci occupe la place, censure la libre pensée, fait brûler les écrits, exile, emprisonne, ou inquiète les auteurs, et se trouve partout l’adversaire naturel et officiel. […] En France, où tant d’institutions survivent à leur utilité, où les privilèges ne sont plus justifiés par les services, où les droits se sont changés en abus, quelle architecture incohérente que celle de la vieille maison gothique ! […] Il est dans la nature de l’égalité de s’accroître ; c’est pourquoi l’autorité des uns a grandi en même temps que la dépendance des autres, tant qu’enfin, les deux conditions étant arrivées à l’extrême, la sujétion héréditaire et perpétuelle du peuple a semblé de droit divin comme le despotisme héréditaire et perpétuel du roi. — Voilà l’état présent, et, s’il change, c’est en pis. « Car423 toute l’occupation des rois ou de ceux qu’ils chargent de leurs fonctions se rapporte à deux seuls objets, étendre leur domination au dehors, et la rendre plus absolue au dedans. » Quand ils allèguent un autre but, c’est prétexte. « Les mots bien public, bonheur des sujets, gloire de la nation, si lourdement employés dans les édits publics, n’annoncent jamais que des ordres funestes, et le peuple gémit d’avance, quand ses maîtres lui parlent de leurs soins paternels. » — Mais, arrivé à ce terme fatal, « le contrat du gouvernement est dissous ; le despote n’est maître qu’aussi longtemps qu’il est le plus fort, et, sitôt qu’on peut l’expulser, il n’a point à réclamer contre la violence ».
X Nous nous avançâmes d’un pas discret d’allée en allée dans le castel du curé comme on l’appelle encore, jusqu’à une galerie bâtie à neuf, car la maison avait changé plusieurs fois de maître, et un vieux serviteur qui fendait du bois au pied de la galerie, dans l’écurie, nous raconta toutes ces métamorphoses. […] C’est moi qui prenais son cheval, qui le conduisais par la bride aux tours qui servaient alors d’écurie, qui lui donnait du foin pour l’amuser pendant les longues heures que les deux amis passaient à causer et à souper ensemble ; je voudrais bien vous faire voir les chambres, mais je n’en ai plus les clés, et la maison, entièrement changée ainsi que les habitants, ne sert plus qu’à regarder par les fenêtres la tombe du curé que M. […] — Rien, nous dit Madame D…, n’avait été changé dans l’ameublement de la pauvre maison pour conserver religieusement les vestiges de madame de Lamartine, de ses filles et de son fils. […] Tout était changé, comme si on avait tiré un voile devant la nature, et tout paraissait si près qu’il semblait qu’on allait toucher tous les hameaux de la paroisse.
La compétition des deux pères pour les fonctions de gouverneur du fils du roi, les hauteurs du comte, la dignité du vieux don Diègue, l’intervention du roi entre Rodrigue et Chimène, le rôle de don Sanche, estimé, mais point aimé, que Chimène accepte pour champion, tout en désirant secrètement qu’il succombe ; tout cela, c’est la vie universelle et qui ne change pas. […] Corneille, dans ce chef-d’œuvre, n’a rien conçu d’absolu, ni la passion sans quelques remontrances secrètes du devoir, qui la troublent lors même qu’elle est la plus forte, et qui la contraignent à se voiler ; ni le devoir sans que la passion s’insinue jusque dans ses protestations les plus exaltées, et qu’il ne ressemble par moments à la passion elle-même se donnant le change. […] Le même écrivain qui tout à l’heure était si obscur, si incertain, et qui paraissait vouloir se donner le change sur la pauvreté de son fonds, redevient l’écrivain le plus clair, le plus franc, le plus sûr de sa pensée, le plus maître de sa langue. […] Il en a, dit-il, tout changé.
Un incident extérieur vint changer tout cela. […] combien les applications furent changées ! […] Non assurément ; si ses espérances avaient été réalisées, c’est le monde entier qui eût été changé de fond en comble et on ne s’aperçoit pas d’un tel changement. […] Certes la tentation est grande pour le prêtre qui abandonne l’Église de se faire démocrate ; il retrouve ainsi l’absolu qu’il a quitté, des confrères, des amis : il ne fait en réalité que changer de secte.
Sois habile à flairer le vent et à changer d’orientation selon celui qui souffle. […] Et le poète s’apitoie sur cette population qui ne peut se consoler de la vie qu’en s’abrutissant de gin ; il montre l’amour dégénérant en bestialité sauvage dans ces centres putrides ; il supplie les habitants de climats plus doux, les joyeux enfants de l’Italie, de ne pas changer leur heureuse pauvreté pour cette existence infernale, où, dans le bruit des métiers, des rouets, des bobines, Le fer use le fer et l’homme use les hommes. […] Tout cela fut changé par l’invention de la presse à bon marché et par la vogue triomphale du roman-feuilleton. […] Ce tout-puissant personnage vient-il à changer d’avis, à faire volte-face ?
Aussi éconduit-elle, depuis deux ans, tous les amoureux de change et d’escompte qu’enflamment les beaux yeux de sa cassette, et elle a juré de ne donner sa main qu’à celui qui la demandera pour l’amour d’elle-même. […] Balardier, son agent de change, le dandy de la Bourse, le fashionable du courtage, un jeune premier frotté de sentiment et d’arithmétique, au demeurant le meilleur fils du monde. […] On se battra le lendemain, à midi, au bois de Boulogne, et vous avouerez qu’il est cruel d’exposer ainsi un agent de change à manquer l’heure de la Bourse, pour cause de décès. […] Certes, il est hardi son petit projet, à Madame Olympe : changer de nature, de personnalité, d’existence ; sortir courtisane par une porte et rentrer comtesse par une autre, cela pourrait réussir dans les pays où le carnaval dure six mois.
. — Comment se fait-il, demande-t-on encore, que nous nous sentions changer et produire nous-mêmes des changements en faisant effort ? […] Il faut admettre comme un fait que l’être se sent exister et se sent changer, se sent faire effort et réagir, sent qu’il jouit, qu’il souffre, et conserve dans la souffrance même la représentation de la jouissance antérieure. […] De Hartmann, qui lui aussi platonise, nous dit que deux cubes ne possèdent point par eux-mêmes la qualité d’être égaux ; supprimez le premier, l’égalité en question n’existe plus pour le second ; l’existence du second ne peut enrichir le premier d’une qualité nouvelle, ni changer sa nature, ni par conséquent être cause de son égalité avec l’autre cube : la notion de l’égalité n’est donc pas tirée des choses. — Jusque-là, ce beau raisonnement platonicien peut se soutenir : il eût comblé d’aise Socrate et embarrassé peut-être Protagoras ; mais pourtant il s’agit de nos perceptions et non des cubes eux-mêmes. […] Pour se changer en une « idée » véritable et distincte, le sentiment de ressemblance n’a besoin que d’être renforcé, porté au point visuel de la conscience, érigé ainsi en force dominante qui entraine à sa suite les mouvements appropriés.
Benoist change aussi le texte à sa manière, mais il ne me paraît pas sûr d’avoir trouvé le mot de l’énigme. […] J’ai beau tourner et retourner le passage, je ne vois pas encore une fois que tous les efforts qu’on a faits pour changer le texte et lui donner, à vrai dire, une entorse, aient abouti à rien de plus satisfaisant que ce premier sens tout naturel de l’ancienne version, — une maxime en l’honneur des amoureux. […] Or voici encore un exemple très particulier de ce mode d’imitation éclectique qui lui est propre et par lequel, en empruntant d’Homère, il y change, il y ajoute, et je dirais, il le perfectionne, si la poésie d’Homère était de ces choses qui se laissent perfectionner.
Aujourd’hui les temps sont changés ; les hautes indications de Bossuet subsistent sans doute, mais il y a autre chose encore. […] On est obligé de reconnaître que les sentiments de l’homme sont exposés à l’effet d’un travail caché ; fièvre du temps qui produit la lassitude, dissipe l’illusion, mine nos passions, fane nos amours et change nos cœurs, comme elle change nos cheveux et nos années.
Cependant le sens et la portée des Maximes ne changèrent pas. […] Ses Mémoires sont une des occupations décentes de ses dernières années : ils suffiraient à montrer que le personnage n’a pas changé. […] La voilà chargée d’élever les enfants de Mme de Montespan : c’est le coup de fortune, qui change sa vie.
Le second… Me croirez-vous si je vous dis que c’est la même chose, et que chacune des « sept cordes de la lyre » rend sensiblement le même son Cela commence, toutefois, par une série de pièces moins impersonnelles, où le poète nous dit sa vie, se raconte plus familièrement, se confie à ses amis Tu me dis que j’ai changé, écrit-il à l’un d’eux, Non, je n’ai pas changé ; je veux, toujours le peuple grand et les hommes libres, et je rêve un avenir meilleur pour la femme. […] Voici la fin d’une de ces joyeuses énumérations : Zeb plante une forêt de gibets à Nicée ; Christiern fait tous les jours arroser d’eau glacée Des captifs enchaînés nus dans les souterrains ; Galéas Visconti, les bras liés aux reins, Râle, étreint par les nœuds de la corde que Sforce Passe dans les œillets de sa veste de force ; Cosme, à l’heure où midi change en brasier le ciel, Fait lécher par un bouc son père enduit de miel ; Soliman met Tauris en feu pour se distraire ; Alonze, furieux qu’on allaite son frère, Coupe le bout des seins d’Urraque avec ses dents ; Vlad regarde mourir ses neveux prétendants, Et rit de voir le pal leur sortir par la bouche ; Borgia communie ; Abbas, maçon farouche, Fait, avec de la brique et des hommes vivants, D’épouvantables tours qui hurlent dans les vents… etc… car ça continue.
Sous la même influence, son zèle pour l’humanité s’attiédit et change de nature. […] L’Essai n’en est pas moins le premier modèle de la critique historique, et si l’exécution n’en vaut pas toujours la méthode, la méthode est la bonne, et l’esprit humain n’en changera pas. […] C’est cet esprit qui, dans nos premiers conteurs, naît tout formé, et, parmi tant de mots et de tours destinés à la refonte, crée un français qui ne changera pas.
Nulle ne fut plus pénétrée de l’inutilité de l’effort et de son impuissance à changer quoi que ce soit à l’ordre établi du destin. […] » criait déjà Baudelaire, puis il revient à la sagesse des hiboux immobiles, sachant qu’on porte toujours le châtiment d’avoir voulu changer de place. […] En vain les brutalistes s’essayent à donner le change et parlent de franches lippées et de corps-à-corps éperdus.
En effet, tantôt les écrivains reproduisent dans leurs œuvres cette vie intime, le jeu compliqué des sentiments qu’elle suscite et les conflits de volontés qu’elle amène ; tantôt, comme nous l’avons vu déjà, opposant leur idéal à la réalité, ils travaillent à changer dans le sens de leurs prédilections les traditions consacrées par l’usage ou l’organisation sanctionnée par le Code. […] Pascal n’a qu’à regarder autour de lui pour que lui vienne à l’esprit cette remarque : « Le nez de Cléopâtre un peu plus court et la face du monde était changée. » Ainsi la littérature a subi la répercussion d’un mouvement qu’elle avait en partie suscité. […] tu es fâché contre moi qui ai fait des lettres de change ; mais moi, je ne le suis pas contre toi qui les as payées.
Si, réglant les droits des Souverains & des Peuples, je soutenois que le Gouvernement n’empruntant son pouvoir que de la Société, & n’étant établi que pour son bien, il est évident qu’elle peut révoquer ce pouvoir quand son intérêt l’exige, changer la forme du Gouvernement, étendre ou limiter le pouvoir qu’elle confie à ses Chefs, sur lesquels elle conserve toujours une autorité suprême Syst. de la Nat. […] Puis on l’assujettira à un régime propre à calmer l’âcreté de son sang ; on lui fera avaler des pillules capables de corriger le vice des humeurs ; enfin il changera d’air, pour tâcher de dissiper les vapeurs qui exaltent & brûlent son cerveau. […] Croira-t-on que, pour procurer du débit à son Ouvrage, qui n’en avoit point sous son premier titre, il ait osé le changer, pour lui donner le titre du mien ?
Le vent le change, la lune le gouverne, l’occasion en fait ce qu’elle veut. […] La physionomie de l’excellent juge change étrangement à mesure qu’il parle : de rayonnante qu’elle était, elle s’assombrit par degrés. […] La femme, trop fière pour se disculper, a changé de nom, elle a élevé l’enfant de sa faute, elle en a fait un homme d’honneur et de lutte.
Bien est-il vrai qu’auprès d’une beauté Paroles ont des vertus non pareilles ; Paroles font en amour des merveilles : Tout coeur se laisse à ce charme amollir… Une petite dissertation qui est initiale, qui commence le récit, plus frappante encore, plus nette, si vous voulez, au commencement, encore, de cet autre conte : Le jeune Amour, bien qu’il ait la façon D’un dieu qui n’est encor qu’à sa leçon, Fut de tout temps grand faiseur de miracles : En gens coquets il change les Catons, Par lui les sots deviennent des oracles, Par lui les loups deviennent des moutons. Il fait si bien que l’on n’est plus le même, Témoin Hercule et témoin Polyphème, Mangeurs de gens… L’un, sur un roc assis, Chantait au vent ses amoureux soucis, Et, pour charmer sa nymphe joliette, Taillait sa barbe, et se mirait dans l’eau ; L’autre changea sa massue en fuseau Pour le plaisir d’une jeune fillette. […] « Que si l’auteur (préface de la deuxième partie des Contes), que si l’auteur a changé quelques incidents et même quelques catastrophes (c’est-à-dire quelques fins de récit), ce qui préparait ces catastrophes, et la nécessité de les rendre heureuses l’y ont contraint.
A la vie éternelle sans doute, mais plus immédiatement à la vie terrestre… Quand je reviendrai, il faudra que je sois changé ; je n’aurai plus le droit d’être ce que j’étais ayant, sinon à quoi m’aurait servi cette guerre ? […] Et, dans le même temps, cet autre texte sibyllin : Je me sens déjà changé. […] La vie éternelle, si je comprends bien ce jeune lévite mystérieux, n’est pas un repos ; ébauchée ici-bas, elle ne change pas de qualité après la mort ; après la mort, les hommes continuent le noble labeur de la terre.
Jésus-Christ a changé le monde par l’Évangile ; quiconque n’écrit pas dans le sens de l’Évangile est l’ennemi de Dieu et des hommes, bien plus que la créature faible qui succombe à ses passions. […] Toujours, à l’origine, la foi qui ne doute de rien, la tradition qui se plaît aux habitudes, la routine encroûtée et tenace, se sont opposées à la recherche, et ont lancé d’abord injure et anathème à ceux qui la tentaient : toujours, la découverte une fois démontrée et accomplie, la foi, la tradition vaincues ont dû s’en accommoder, et, reculant un peu, elles ont réparé tant bien que mal leurs lignes rompues, déclarant, toute réflexion faite, que les derniers résultats ne changeaient rien en définitive aux antiques croyances et que, bien au contraire, celles-ci s’en trouvaient confirmées et raffermies.
Lorsque Prevost se décida à sortir de la Congrégation de Saint-Maur, il ne songeait d’abord qu’à se retirer à Cluny, où la règle était moins austère ; il voulait simplement, comme il va nous le dire, quitter la Congrégation pour passer dans le grand Ordre , changer de branche au sein du même Ordre. […] Il n’avait voulu que changer de branche, mais, la dernière branche lui faisant défaut, il prit son grand vol, et, comme on dit, la clef des champs.
Topffer, sans rien changer à sa vie modeste, avait fini par percer, par obtenir son rang, et il jouissait avec douceur des suffrages de cette estime publique qui, même de loin, ne séparait pas en lui l’homme de l’artiste et de l’écrivain. […] La seconde moitié n’est pas moins heureuse ni moins simple : quand la célébrité fut venue, il resta le même ; rien ne fut changé à ses habitudes, à ses pensées.
Il importe que de haut en bas le mot d’ordre soit changé. […] « La Profession de foi saint-simonienne de Pierre Leroux, qui parut dans le Globe au moment de la cession du journal aux Saint-Simoniens, est de moi : Leroux n’a fait qu’y changer deux ou trois mots et y mettre un ou deux pâtés d’encre72.