J’ai grand besoin de stimuler mes esprits… Eh bien ! […] Dante, comme la plupart des Florentins de son temps, était possédé tout ensemble d’un grand désir de savoir et d’un grand besoin d’agir. […] À ce besoin correspond d’ordinaire une circonstance fortuite, une voix du dehors qui nous rappelle à nous-mêmes, un ami, un Guido Cavalcanti qui nous tend la main. […] À sept ans, tout possédé qu’il est du besoin d’adorer, il invente une religion, il s’institue pontife. […] Dans son extrême besoin de croyance, il fera d’inouïs efforts pour concilier le Dieu de Moïse avec le Dieu de Platon, puis avec le Dieu de Spinosa.
Le Braz, n’avait pas besoin, pour expliquer son goût de l’ironie, d’évoquer un assez incertain ascendant gascon. […] Et je n’ai pas besoin de dire que, dans les passages du rôle où M. […] On n’a pas besoin de commentaire avec un artiste si intelligent. […] Je n’ai pas besoin d’avertir le lecteur que la « communication » de M. […] Je n’ai pas besoin d’ajouter que Casimir Périer, riant lui-même, s’excusa de tout son cœur auprès de son collègue, qui riait, lui aussi, comme le public des Variétés lundi soir.
Est-il besoin de dire que Dumas s’est épargné ce souci ? […] Il se sentait des besoins cuisants de réalité. […] Est-il besoin de le dire ? […] murmura la Teuse à demi-voix, ils ont joliment besoin d’un nettoyage ! […] Cela devrait être écrit en vieux français, mais n’a pas besoin d’être traduit en latin.
Quelle différence entre les deux directions selon lesquelles s’expriment, en général, les besoins spirituels des deux sexes ! […] J’ai à peine besoin de dire qu’il s’agit ici de Shakespeare. […] Tu me donnas tout ce dont j’avais besoin : tu m’attachas à la vie ! […] Leur existence n’est qu’une longue bataille contre le besoin […] Il a donc une volonté, dont il se servira au besoin pour appuyer ses caprices : « Quelle chose au monde pouvait résister à ses désirs ?
Il avait besoin de voir son texte typographié pour le trouver mauvais ou être enragé du désir de le faire meilleur. […] Elle l’encouragea, elle l’excita, elle lui donna même des idées, encore qu’il n’eût aucun besoin de cela. […] Il n’avait, ce me semble, besoin que de cela. […] Il est un besoin, comme celui de respirer largement. […] Personne, peut-être, n’a eu davantage et plus avant dans la vie le besoin d’être aimé, le besoin d’aimer et la pudeur craintive de ces deux sentiments.
Serait-ce qu’elles ont besoin du charme de l’éloquence, et que, dépouillées de leur expression oratoire, elles perdent leur intérêt ? […] Scribe, si vous lisez les bonnes lettres naïves qu’il écrivit alors à sa femme et à ses enfants, vous n’aurez pas besoin, pour comprendre la théorie hegelienne de la comédie, de remonter à la création du monde. […] Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention. […] Jamais il n’y en eut un qui eût plus besoin de sacrifier aux Grâces. […] Il y a dans son caractère deux traits dont la connaissance achève de répandre sur la nature spéciale de son génie comique tout le jour dont notre intelligence a besoin.
Nous avons tous fait des théories, au coin du feu, dans une discussion, pour le besoin de la cause, lorsque, faute d’une raison, il nous fallait un argument postiche, semblables à ces généraux chinois qui, pour effrayer les ennemis, rangent parmi leurs troupes des monstres formidables de carton peint. […] Macaulay porte dans les sciences morales cet esprit de circonspection, ce besoin de certitude et cet instinct du vrai qui composent l’esprit pratique, et qui, depuis Bacon, font dans les sciences le mérite et la puissance de sa nation. […] A-t-elle encore besoin de preuves, d’éclaircissement ? […] Mais un journal qu’on parcourt dans un café, une revue qu’on feuillette dans un salon, le soir avant de se mettre à table, ont besoin d’attirer les yeux, de vaincre la distraction, de conquérir leurs lecteurs. Macaulay a pris ce besoin dans cet exercice, et il a conservé dans l’histoire les habitudes qu’il avait gagnées dans les journaux.
Notre ami l’historien Pierre Deloire me disait, — car je n’ai pas besoin d’ajouter que je n’en ai pas aux historiens personnellement, et que les historiens sérieux sont les premiers à s’émouvoir de ces graves contrariétés, — l’historien Pierre Deloire me disait un jour au bureau des cahiers : Le bon temps des historiens est passé. — Il entendait railler ainsi, doucement, les historiens antérieurs. — Le bon temps des historiens, disait-il, c’était quand le professeur d’histoire, assis devant son bureau, refaisait à loisir toutes les opérations du monde ; il parlait de tout ; il écrivait de tout ; il était ministre, et refaisait l’administration de Colbert, qui, entre nous, n’était pas fort ; il était général ou amiral, et refaisait la bataille d’Actium ; ce Marc-Antoine, hein, quelle brute ; il refaisait les plans de campagne ; il était roi, il refaisait Versailles, Paris et Saint-Denis ; il était le roi, dans son bureau ; il était l’empereur, l’empereur premier ; il refaisait Waterloo ; ce Napoléon, quel imbécile, comme le disait récemment le général Mirbeau ; demandez les mémoires du général baron Mirbeau ; quand M. […] On peut sortir en toute saison, vivre dehors sans trop pâtir ; les impressions extrêmes ne viennent point émousser les sens ou concentrer la sensibilité ; l’homme n’est point alourdi ni exalté ; pour sentir, il n’a pas besoin de violentes secousses et il n’est pas propre aux grandes émotions. […] Les vertus de chacun sont déterminées par les besoins de la nature ; l’État où il n’y a pas de classes sociales est antiprovidentiel. […] C’est là le terrain national, très bon pour certaines plantes, mais très mauvais pour d’autres, incapable de mener à bien les graines du pays voisin, mais capable de donner aux siennes une sève exquise et une floraison parfaite, lorsque le cours des siècles amène la température dont elles ont besoin. […] ; de tels poëmes ne sont point faits pour les besoins des historiens ou des critiques de la littérature ; qu’on lise d’abord sans aucune arrière-pensée d’utilisation ce poëme unique, cet étrange et cet admirable poëme ; il sera toujours temps d’en parler plus tard ; si jamais l’impression reçue de la lecture s’efface un peu, et ainsi atténuée permet aux considérations d’apparaître sans paraître trop misérables en comparaison du texte.
S’ils servent alors malgré eux d’instruments de publicité, notre siècle pratique les juge cependant très inutiles en général et, de ce fait sans doute, dépourvus de besoins, de soucis, de désirs. […] Ainsi la rapidité et la facilité des communications, le mouvement accéléré de la vie moderne n’ont pas annihilé le besoin qu’ont les hommes de correspondre entre eux par lettres, besoin aussi général que celui d’échanger des paroles. […] Mais lorsque des besoins matériels sont opposés à des considérations morales, ce sont toujours les premiers qui l’emportent8. […] Après sa mort, elle lui témoigne une sollicitude tardive, dont il n’a plus besoin. […] Valery Larbaud, Sainte-Beuve eût répondu que c’était au critique de se débrouiller et de savoir lire, au besoin entre les lignes, mais que la spontanéité de ces lettres non destinées au public leur conférait souvent une rare valeur documentaire.
Auriez-vous besoin d’un ministre ? […] Le public a besoin de ce personnage-là pour le guider et pour le laisser sur une impression nette. […] L’homme dit ce qu’il sait, la femme dit ce qui plaît ; l’un pour parler a besoin de connaissances ; l’autre, de goût ; l’un doit avoir pour objet principal les choses utiles, l’autre, les agréables. […] Car je suis réduit à le chercher parce qu’on ne m’en donne pas des exemples, et les petits esprits ont besoin d’exemples, comme disait Diderot. […] En effet, ce sont des vices qui opèrent dans le sens de l’instinct conformément à la nature ; ce sont vices qui s’avouent et, au besoin, dont on se pare.
Les vrais chefs savent au besoin varier, changer le front de bataille, accommoder les dispositions et l’assaut selon les difficultés du moment.
il n’est pas même besoin de faire la réponse.
Charles Nodier, que certes on ne récusera pas comme l’un des types les plus actuels et les plus contemporains, assure qu’il a besoin de remettre au net même de simples articles de journal.
Nul n’a besoin de commentateurs pour reconnaître que ces trois faces d’un même talent sont des transformations successives, que ces trois fruits d’un même rameau sont d’une saveur et d’une valeur différentes.
Il reste l’homme, ses désirs, ses besoins.
Les graces n’ont pas besoin de fard, la nature est le plus bel ornement.
Quant à la dédicace placée en tête de ce volume, l’auteur, surtout après les lignes qui précèdent, pense n’avoir pas besoin de dire combien est calme et religieux le sentiment qui l’a dictée.
Justin le martyr, l’hérétique Tertullien, &c. sont mis à contribution par cet auteur pour appuyer des choses qui n’ont pas besoin d’autorité.
Tout cela eût supposé l’écriture vulgaire, et si cette écriture eût existé dès cette époque, on n’aurait plus eu besoin de rapsodes pour retenir et pour chanter des morceaux de ces poèmes87.
Le retour des mêmes besoins politiques y a renouvelé la forme du gouvernement des Achéens et des Étoliens.
Cette méthode dont nous avons tant besoin, que nous réclamons tous, pour ne pas retomber dans le mal romantique, pour ne pas recommencer les errements des symbolistes, cette méthode scientifique, Émile Zola en a usé le premier, dans l’édification de l’œuvre d’art. […] Ils avaient besoin, pour nourrir leurs poumons, de l’atmosphère des époques légendaires. […] L’humanité a donc besoin de rudes héros pour donner à nos esprits une nouvelle impulsion. […] Et ce sont comme des chœurs des tragédies antiques, mais où les objets réels n’ont besoin, pour se célébrer, d’aucun intermédiaire. […] … Non, le trouble qui suit la lecture de tels livres (le sillage d’effroi qu’ils laissent en nous) n’est-il pas fait pour inspirer aux uns la croyance de l’effort sans trêve, aux autres, plus subtils, le scepticisme triste apportant ce bienfait que Clemenceau nomme la suprême sagesse du doute, à tous une souffrance purifiante et un besoin de vie plus belle et plus intense !
Il y a des heures où le sang a besoin de se répandre généreusement en France : le peuple a plus de sang que d’idées ; enfin il y avait les vaniteux, parti inconséquent, immense à Paris, dans l’industrie, le commerce, la banque. […] Vous vouliez user la royauté en sa personne, vous n’aviez pas besoin de temps pour cela : en un jour vous l’aviez descendue de sa base ! […] Doux besoin d’être épouse et mère Fit céder Jeanne, qui, trois fois Depuis, dans une joie amère, Accoucha seule au fond des bois. […] Dès que j’eus besoin d’un consolateur il me prodigua sa présence, son intérêt, sa tendresse. […] La liberté a tout autant besoin de gouvernement que la monarchie ; le peuple est un beau nom, mais il lui faut une forme : le chef-d’œuvre de l’humanité, c’est un gouvernement. » XXIX Ces pensées étaient précisément les miennes.
Il s’agissait de satisfaire un petit nombre d’esprits délicats : il s’agit de répondre aux besoins d’une multitude affamée. […] Le succès d’une pièce nouvelle a promptement besoin d’être rajeuni par un succès nouveau. […] N’est-ce pas plutôt la matière qui, vaincue par l’esprit, se prête en esclave à tous les besoins de l’homme ? […] Nous entraînions le public, mais nous sentions qu’il avait besoin d’être entraîné. […] Ses personnages y interviennent au moment où il en a besoin, et il n’en limite pas le nombre.
Un dilettante, au sens élevé, en a besoin absolument pour continuer ses enquêtes et ses expériences. […] Il lui faut un parti, comme on a besoin d’un point d’appui pour frapper de grands coups. […] Il a besoin de liberté, de soleil, d’espace et de carnage. […] Ils n’ont pas besoin qu’on leur recommande d’être bons pour les animaux. […] Car il reconnaît qu’il n’a pas un profond besoin de vie intellectuelle : et nous nous en étions toujours doutés.
Je pense avoir été le premier qui vous ai donné de bonnes leçons37… Je me souviens que je vous instruisois à vous rendre aimable, et que dès lors vous ne l’étiez que trop pour moi… » On a voulu voir dans la suite de la lettre une façon détournée de demande en mariage ; c’est infiniment trop dire : le chevalier badine là-dessus et ne veut que recommander à son ancienne amie un honnête homme qui a besoin de protection. […] Aussi la vraie honnêteté est indépendante de la fortune ; comme elle s’en passe au besoin, elle ne s’y arrête pas chez les autres ; elle n’est dépaysée nulle part : « Un honnête homme de grande vue est si peu sujet aux préventions que, si un Indien d’un rare mérite venoit à la cour de France et qu’il se pût expliquer, il ne perdroit pas auprès de lui le moindre de ses avantages ; car, sitôt que la vérité se montre, un esprit raisonnable se plaît à la reconnoître, et sans balancer. » Mais ici il devient évident que la vue du chevalier s’agrandit, qu’il est sorti de l’empire de la mode ; son savoir-vivre s’élève jusqu’à n’être qu’une forme du bene beateque vivere des sages ; son honnêteté n’est plus que la philosophie même, revêtue de tous ses charmes, et il a le droit de s’écrier : « Je ne comprends rien sous le ciel au-dessus de l’honnêteté : c’est la quintessence de toutes les vertus. » Vous êtes-vous jamais demandé quelle nuance précise il y a entre l’honnête homme et le galant homme ? […] Il est besoin, selon une expression heureuse, de faire l’esprit, de faire le goût : l’étoffe un peu roide a besoin d’un certain usé pour acquérir toute sa souplesse et son délicat. […] Tous vos confrères se mêlent de l’un et de l’autre ; ce sont des vagabonds qui ne vont de çà, de là, que pour apporter du scandale et séduire quelque innocente, et quand on les pense tenir, ils ne manquent jamais de faire un trou à la nuit. — Je lui repartis que j’étois d’un esprit plus modéré, que j’avois passé deux ans et demi chez un gentilhomme de Normandie à élever ses enfants, et que je ne les avois point quittés qu’ils ne fussent bons latins et bons philosophes ; du reste, qu’il n’avoit pas besoin d’un autre que de moi pour apprendre à messieurs ses enfants à faire des armes ni à danser, que je savois tous les exercices, parce que j’avois été cinq ans à Rome auprès d’un jeune homme de qualité qui m’aimoit et me faisoit instruire par ses maîtres ; — et pour lui montrer mon adresse, je me mis en garde avec une canne que j’avois ; j’allongeois et parois, j’avançois et reculois en maître, et puis, ayant quitté ma canne, je fis quelques pas forts de ballet et plusieurs caprioles qui le réjouirent ; mais ce qui lui plut encore, je ne fus pas difficile pour mes appointements.
L’esprit recule d’étonnement et d’admiration devant la puissance d’organisation et devant l’immensité des détails que comporte ce nom d’armée : recrutement des soldats, habillement, armement, logement, nourriture de ces masses d’hommes ; solde, instruction, chevaux, canons, distribution de ces soldats dans les cadres, nomination et hiérarchie des sous-officiers et des officiers, génie du général, héroïsme collectif de ses bataillons, où chaque combattant est souvent désintéressé de la cause et où tous meurent au besoin pour la victoire ; c’est là un de ces phénomènes tellement compliqués de la civilisation antique ou moderne qu’un historien militaire doit commencer par l’approfondir dans ses plus minutieux détails avant d’en présenter l’ensemble sur les champs de bataille à l’esprit de la postérité. […] Il n’en était pas besoin : un seul de ses regards rappelant ce qu’il avait dit tant de fois sur le danger de guerres incessantes, le spectacle de ses deux jambes brisées, la mort d’un autre héros d’Italie, Saint-Hilaire, frappé dans la journée, l’horrible hécatombe de quarante à cinquante mille hommes couchés à terre, n’étaient-ce pas là autant de reproches assez cruels, assez faciles à comprendre ? […] Cette fois il avait besoin, non pas de demander un avis à ses lieutenants, mais de leur en donner un, de les remplir de sa pensée, de relever l’âme de ceux qui étaient ébranlés, et il est certain que, quoique leur courage de soldat fût inébranlable, leur esprit n’embrassait pas assez les difficultés et les ressources de la situation pour n’être pas à quelques degrés surpris, troublé, abattu. […] Thiers a montré dans ces pages qu’il pouvait attendrir au besoin ; son style, très souvent technique, s’élève jusqu’au diapason de la fibre du cœur humain, qui se déchire sous la pourpre avec les mêmes gémissements que sous la bure. […] Il n’avait pas eu besoin d’apprendre, il avait inventé la haute ambition ; c’était un despote inné : il portait en lui le gouvernement.
Le génie léger, mais prompt, du duc de Choiseul avait compris, comme le cardinal de Bernis, que l’Autriche n’était plus, par nature, l’ennemie mortelle de la France ; que la Prusse, alliée de haine contre nous avec l’Angleterre, et avant-garde de cet immense empire moscovite qui venait de surgir, et qui avait besoin d’une tête de pont sur l’Allemagne pour atteindre jusqu’au cœur de la France, était désormais le nœud des triples coalitions contre nous ; qu’une guerre de la France avec la Prusse serait toujours triple ; qu’une guerre avec l’Autriche pouvait être presque toujours isolée et par conséquent bien moins dangereuse à la vitalité française. […] Il n’y avait plus de danger à revoir sa patrie ; il y avait de grands rôles à y tenter à travers des régimes novices en politique, qui avaient besoin qu’on leur prêtât des noms, des idées, des talents, que l’exil et la mort avaient décimés à la tête du peuple. […] Le Directoire, qui représentait confusément cette résipiscence après le délire, avait besoin de noms, autour de lui, qui rappelassent 89 au lieu de 93. […] Cette diplomatie d’état-major n’a plus besoin de cabinet ; ses notes sont des boutades aux Tuileries, des victoires sur terre, des défaites sur mer. […] Je n’ai pas besoin de les lui nommer : elle les sait.
À la fin de l’an, mon maître eut besoin d’aller à Florence, pour y vendre des balayures d’or et d’argent qu’il avait amassées ; et, comme le mauvais air de Pise m’avait donné la fièvre, je l’y accompagnai. […] J’espère que mon travail n’aura pas besoin de toi pour témoigner qui je suis. […] J’avais de plus une belle fille, qui me servait de modèle quand j’en avais besoin, et surveillait toutes mes affaires. […] Ces soins qu’ils prennent de pourvoir à toutes mes dépenses me confirment dans l’idée que j’ai qu’ils veulent me trahir. — Mon cher Benvenuto, me dit-il, on dit dans Rome que le pape te donne un emploi de cinq cents écus de rente ; ainsi, je te prie de ne pas l’irriter par tes soupçons. — Je sais bien, lui répondis-je, qu’il pourrait me faire du bien, s’il le voulait ; mais il croit son honneur intéressé à me perdre : c’est pourquoi je te supplie à mains jointes de me tirer d’ici ; je te devrai la vie, et je te la sacrifierai, si tu en as besoin. […] « C’est dans cette situation que je passais ma vie, couché sur une triste paillasse tout humide, sans pouvoir me remuer, à cause de ma jambe rompue, et obligé de ramper au milieu des ordures pour aller faire mes besoins au dehors, afin de ne pas augmenter l’air infect de ma chambre.
Vendredi 17 janvier Hier, dans mon tête-à-tête avec Daudet, sur un regard jeté sur un groupe de femmes réunies dans un coin du salon, abandonnant Stanley et l’Afrique, il s’est écrié : « Dans le mariage, n’est-ce pas, on accouple des femmes ayant dix ans de moins que les maris, qui arrivent déjà un peu usés au mariage, et le sont à peu près tout à fait, quand la femme a acquis toute sa vitalité, toute sa richesse de besoins et de désirs : c’est l’histoire d’une dizaine de ménages que je pratique. […] Mercredi 4 juin Lavisse répétait devant moi, ce soir, une phrase à peu près dite ainsi par Bismarck à quelqu’un de sa connaissance : « J’ai cru que j’en étais arrivé à l’âge, où l’existence de gentilhomme campagnard remplit notre vie… Non, non, je m’aperçois que j’ai encore des idées, que je voudrais émettre… je ne ferai pas d’opposition… seulement si on m’attaque, je me défendrai… parce que lorsque l’on me bat, il me faut battre ceux qui me battent… ou sans ça, je ne peux pas dormir, et j’ai besoin de dormir. » Jeudi 5 juin Déjeuner chez le père La Thuile qu’a choisi Antoine, pour la lecture de La Fille Élisa, pièce faite entièrement par Ajalbert, d’après mon roman. […] Il dit que la prison est supportable trois mois, mais que, passé ce terme, il se développe chez le prisonnier un besoin de sortir qui s’accentue tous les jours, et il déclare que le travail est impossible en prison : le travail ne pouvant s’obtenir que dans une séquestration volontaire et non forcée. […] Eh bien, sous ces attaques, et plus tard dans le silence un peu voulu qui a suivi, renfonçant en lui l’amertume de sa carrière, et n’en faisant rejaillir rien sur les autres, Flaubert est resté bon, sans fiel contre les heureux de la littérature, ayant gardé son gros rire affectueux d’enfant, et cherchant toujours chez les confrères ce qui était à louer, et apportant à nos heures de découragement littéraire, la parole qui remonte, qui soulève, qui relève, cette parole d’une intelligence amie dont nous avons si souvent besoin, dans les hauts et les bas de notre métier. […] Maintenant, pour être franc, le monument de Chapu est un joli bas-relief en sucre, où la Vérité a l’air de faire ses besoins dans un puits.
« Tous ses besoins étaient dans son cœur, et son cœur s’ennuyait. » Sous une vive impulsion, qui ressemblait à un coup de la grâce, elle se sentit transformée. […] Est-il besoin d’ajouter que l’amour se légitime par lui-même ? […] Le développement exagéré de la vie positive a créé du même coup l’irrésistible besoin d’y échapper. […] Elle a besoin de protester, au nom du bon sens, du goût et du sérieux de la vie, quand la mesure a été dépassée. […] Ils disaient qu’il ne fallait pas écrire pour les ignorants ; ils me conspuaient, parce que je ne voulais écrire que pour ceux-là, vu qu’eux seuls ont besoin de quelque chose.
Enfin, la France avait besoin d’un gouvernement fort qui la sauvât des Jacobins et des Bourbons, de l’incertitude et de l’anarchie. » Ces lignes sont caractéristiques. […] Ce fut particulièrement ce besoin d’une entière indépendance qui lui fit redouter d’appartenir à un corps quelconque, même à l’Académie. […] Est-il besoin de citer des exemples, la loi d’équivalence et de transformation des forces, l’homogénéité de la matière cosmique révélée par l’analyse spectrale ? […] Le besoin partout crée le droit ; et quel besoin ! […] L’homme ne peut lier l’homme qu’au nom de l’intérêt, et le droit social, ainsi considéré, n’est que la règle des besoins.
(Je n’ai pas besoin d’ajouter que cette innocente plaisanterie a été imaginée avant la belle et triste mort de notre premier gouverneur civil du Tonkin.) […] J’avais besoin de cette heure d’apaisement : car, la veille, en débarquant dans mon chef-lieu de canton, j’avais eu une grande colère. […] Pas besoin de programmes pour cela ! […] Peut-être, d’ailleurs, éprouviez-vous déjà ce « besoin de déconsidération » que vous louez si fort dans votre méditation ignatienne sur Benjamin Constant. […] Peut-être aussi envie-t-il ceux qui n’ont pas encore besoin de tant d’ingéniosité ?
Il avait besoin d’être remis à sa place. […] Les autres s’inspirent de l’observation, se réclament de la Révolution et considèrent que le jeu des lois naturelles suffit à déterminer l’homme et l’univers sans qu’il soit besoin d’invoquer un moteur divin pour les expliquer. […] Admirable instrument de police, de despotisme absolu, religion de la mort que l’idée de charité a pu seule faire tolérer, mais que le besoin de justice emportera forcément. […] Je vous admirais, et tant que j’eus besoin de vous, je vous prônais comme je prône la grappe de raisin qui me rafraîchit la bouche en été, comme j’admire la bûche flambante qui me réchauffe en hiver. […] Il n’est pas besoin de chercher des formules nouvelles pour proclamer notre espoir.
Même il félicita A… de sa sincérité ainsi que de sa bonne tenue à l’audience, « ce procureur, se dit l’Ange, n’a pas besoin qu’on stimule son ange gardien. […] Un ordre parfait, pas besoin de sonnette ; ni sévérité du règlement, ni rien d’analogue. […] Sans que Puck ait eu grand besoin de congédier, ainsi par trop, l’âme et la chair en ce premier conflit. […] Quand Vénus Vulgevagues cesse de pourvoir au besoin du jeune homme, celui-ci perpètre des attaques nocturnes, modes simplistes d’acquérir la propriété. […] Vers huit heures, éprouvant le besoin de déjeuner, nous descendîmes du haut des falaises à la recherche d’un restaurant.