L’artiste souffre ; il arrive dès l’abord, sous le poids des siècles qui ont précédé, mais aussi sous leur aiguillon, dans un monde où les premiers rôles de la poésie et de l’art sont pris et, en quelque sorte, usurpés par les ancêtres. […] Comment l’affection, le mal sacré de l’art, la science successive de la vie et ses mécomptes, ont-ils par degrés amené en lui cette transformation ou du moins ce dédoublement du poëte en savant, de celui qui chante en celui qui analyse ? […] Ceux du poëte qui nous occupe n’étaient et ne pouvaient être encore qu’un tâtonnement : quelques vers gracieux, mélancoliques, très-roses ou très-sombres, une ébauche de tragédie des Maures de Grenade, mais déjà des idées d’art inquiètes, lointaines et hors du commun. […] Buchez, contribuèrent à l’éclairer et à le désabuser sur l’esprit envahissant des systèmes, et sur la prétention des philosophes et savants qui voudraient faire de l’art un serviteur. […] Longtemps harcelé et raillé pour cette pièce de vers bonne ou mauvaise, mais sincère, qui a paru à quelques-uns une laideur et une énormité, il ne me déplaît pas que De Vigny, le noble et le pur, l’art précisément choisie exprès pour la distinguer.
Partout ailleurs, l’art est plus indécis, l’esprit plus lourd, l’immoralité plus épaisse. […] Bachelier en 1449, il devint vers août 1452 licencié et maître ès arts. […] La politique est l’art de rouler les autres : pour les bien rouler, il faut s’en défier toujours, mais il faut qu’ils se confient. […] Mais le sentiment de l’art lui fait encore défaut : c’est ce que la Renaissance va apporter. […] L’Art et Science de rhétorique, par Henri de Crey (Molinet), A.
L’art est en décadence. […] L’art aussi rit volontiers. L’art, qui est un temple, a son rire. […] Voici que l’art, le grand art, est pris, d’un accès de gaieté. […] L’Art est une immense ouverture, béante à tout le possible.
C’est une remarque qui se vérifie sans cesse et qui peut se poser comme une règle générale : dans l’art aussi, chaque dévot a son saint, et chaque saint trouve ses dévots. […] L’ouvrage est dédié à l’un des critiques d’art qui ont le mieux parlé de ces peintres, à William Burger, c’est-à-dire le consciencieux Thoré. […] Auparavant, et plus on se rapprochait de l’époque de Henri IV, plus on était simple, naturel et voisin de la bonhomie : les arts eux-mêmes, qui avaient perdu de la délicatesse des Valois, marquaient de la probité et de la gravité, en attendant de retrouver mieux. […] Comme il n’y a rien de tel en littérature que de lire, et en art que de regarder et d’observer, je décrirai encore deux de leurs tableaux d’intérieur dont j’ai vu les originaux chez l’auteur du présent livre, et je les rendrai sous l’impression exacte qu’ils m’ont laissée. […] C’est bien assez de te rencontrer à chaque pas dans la vie ; on veut du moins dans l’Art, en te retrouvant et en te sentant présente ou voisine toujours, avoir affaire encore à autre chose que toi.
Il l’a bien prouvé dans cet Essai sur la Critique, qu’il composa à vingt et un ans, qu’il garda sous clef pendant plusieurs années, et qui vaut bien, ce me semble, l’Épître aux Pisons, ce qu’on appelle l’Art poétique d’Horace, et celui de Boileau. […] Je conçois qu’on ne mette pas toute la poésie dans le métier ; mais je ne conçois pas du tout que, quand il s’agit d’un art, on ne tienne nul compte de l’art lui-même, et qu’on déprécie à ce point les parfaits ouvriers qui y excellent. […] Pope nous résume toute sa théorie, qui est celle des Virgile, des Racine, des Raphaël, de tous ceux qui, dans l’art, ne sont pas pour la réalité pure, pour la franchise à tout prix, fût-ce la crudité ! […] J’ai omis, dans cet Essai d’art critique et poétique, de charmants modèles de versification et de poésie imitative que l’auteur a su joindre aux leçons, si bien que le précepte porte avec lui l’exemple. […] André Chénier, lorsqu’il a dit dans une Épître, parlant de son art composite et de ce métal de Corinthe auquel il compare son style : Tout ce que des Bretons la muse inculte et brave, Tout ce que des Toscans la voix fière et suave ……………………………………………… M’offraient d’or et de soie est passé dans mes vers, se souvenait probablement de ce passage de Pope.
Vinrent ensuite les Dolce, les Cinthio. les Ruccellai, les Alamanni302, qui s’essayèrent à calquer de leur mieux les formes de l’art antique. […] La date de 1552, si pompeusement célébrée par Ronsard et tous les amis de Jodelle, ne doit pas être acceptée par la critique comme celle d’une révolution dans l’art dramatique. […] Mais on ne comprendrait rien au développement du théâtre français, si l’on s’imaginait en avoir fini avec les mystères dès qu’on joue des tragédies : c’est une erreur que l’on commet souvent, quand on ne voit dans l’art dramatique qu’un genre littéraire. […] Il y avait du moins un art que ce barbouilleur entendait mieux que tous les artistes de la Pléiade : c’était l’art dramatique. […] Elle a, par là, fortement agi sur l’évolution de l’art dramatique en lui fournissant la formule de ses œuvres.
Il y a bien de l’ostentation, de la puérilité dans l’Art d’être grand-père ; ce grand-père exerce sa fonction comme un pontificat, avec une niaiserie solennelle qui dégoûte. […] Le mélange des formes lyriques et narratives, des apostrophes directes et des symboles objectifs, la variété des tons et des rythmes préviennent le dégoût ou la fatigue du lecteur : avec quel art, parmi tant d’invectives virulentes, développe-t-il le vaste poème de l’Expiation ! avec quel art jette-t-il, au milieu des tableaux de meurtre, de persécution et de servitude, comme de larges taches de nature, claires dans cette ombre, et gaies dans cette horreur ! […] Guyau, l’Art au point de vue sociologique. […] Art d’être grand-père, Mise en liberté.
Pourtant, quand il aura vu Rome, c’est-à-dire la grande et suprême beauté, il regrettera plus d’une de ses exclamations premières et superlatives, qui lui sont échappées : « À mesure qu’on se forme le goût, on devient plus difficile. » Il ne regarde pas seulement ce qui est de l’art, il fait attention aux hommes, beaucoup aux dames, à la société, aux conversations, à la nature. […] Croyez-vous qu’on puisse rien imaginer de mieux pour l’honneur des arts et de leur protecteur ? […] Il est sévère en général pour les peintres antérieurs à Raphaël, et même injuste pour les pauvres rénovateurs si méritants de l’art en Italie, les Cimabue, les Orcagna. […] En pénétrant si bien dans le secret des beautés étrangères et de l’art immortel, de Brosses se montre à la fois tout à fait lui-même ; il reste bien Français, de son pays et de sa race. […] En même temps, et si son style laisse à désirer pour un certain poli, nul plus que lui n’eut le goût fin et délicat des arts, la sensibilité italienne unie à la malice et à la naïveté gauloise.
. — Œuvres complètes (édition définitive) : Les Fleurs du mal ; Curiosités esthétiques ; L’Art romantique ; Petits poèmes en prose (1890). […] En résumé, ce qui me plaît avant tout dans votre volume, c’est que l’art y prédomine. […] Ces pièces de vers, d’une saveur si exquisément étrange, renfermés dans des flacons si bien ciselés, ne lui coûtaient pas plus qu’à d’autres un lieu commun mal rimé… Avec ces idées, on pense bien que Baudelaire était pour l’autonomie absolue de l’art et qu’il n’admettait pas que la poésie eût d’autre but qu’elle-même et d’autre mission à remplir que d’exciter dans l’âme du lecteur la sensation du beau, dans le sens absolu du terme. […] Et dans le vaste Éden de l’art, autre univers Accru de siècle en siècle, aux seuils toujours ouverts, Un labyrinthe appelle, épouvante et fascine. […] Pour t’en venir, puissant et seul, vers les statues D’un art en marbre noir veiné de violet.
Physiologiquement, métaphysiquement et socialement, trois choses unies et dépendantes, la femme est-elle conformée de manière à faire dans toutes les sphères de l’activité humaine, identiquement ce que fait l’homme ; et comme il ne s’agit ici que de littérature et d’art, est-elle d’organes, de cerveau, et même de main, lorsqu’il s’agît d’art, capable des mêmes œuvres que l’homme, quand l’homme est supérieur ? […] Seulement est-ce donc si malheureux d’être, en art ou en littérature, quelque chose comme la Vénus de Milo ? […] Elles restent donc incommutablement femmes, quand elles se montrent le plus artistes ; et les arts mêmes dans lesquels elles réussissent le mieux, sont ces arts d’expression qu’on pourrait appeler des arts femmes.
La pensée et l’art étaient plus pour lui que la vie. […] Selon nous, l’abondance humaine et cordiale de Fielding et la profonde bonhomie de Walter Scott valent cent fois mieux que cette belle coupe vide et magnifiquement travaillée qui pourrait figurer l’art de Goethe. […] On ne le trouve même pas dans ces lettres, qui ne sont plus l’art comme Werther, mais la vie, un fragment de la vie, et qu’un art stérilement littéraire n’a pas manqué de glacer. […] II23 C’est un livre magnifique d’art matériel, mais aussi d’art intellectuel profond et littéraire, que le livre de Paul de Saint-Victor sur les Femmes de Goethe.
Et Eugène Delacroix, qui venait de lire un article de lui sur le Cid, lui écrivait : « Je penserai à cela pendant quinze jours, et j’en ferai de meilleure peinture. » Ce sont là des suffrages, des titres de noblesse, et ils sont justifiés par ce qu’on lit depuis près de quinze ans, chaque dimanche soir, sous cette fière et résonnante signature : analyses d’ouvrages d’art ou de pièces de théâtre, feuilletons ou salons, comptes rendus qui sortent du cadre et qui sont eux-mêmes de brillants portraits ou des tableaux. […] La politique et le souffle enflammé des passions régnantes l’enlevèrent trop tôt à ce culte exclusif des lettres ; mais dans la dernière partie de sa vie il avait cherché une consolation dans l’amour des arts proprement dits, et il était devenu un connaisseur fin en peinture. […] Oui, M. de Saint-Victor, classique en cela, classique dans la plus large acception sans doute, classique toutefois, comme le pourrait être un fils retrouvé de Chateaubriand, a au plus haut degré et possède en toute sincérité la religion de l’art, la religion littéraire ; à la manière dont je les lui ai vu quelquefois défendre, dans la conversation comme dans ses écrits, j’ai compris qu’il a bien réellement des dieux, et il a eu droit, par une sorte d’invocation, de les inscrire dès le début au frontispice de son livre. […] M. de Saint-Victor est un homme de foi et de conviction dans l’art et dans les lettres : il perpétue en lui une race d’esprits qui diminue de jour en jour. […] Il tient en tout à observer les degrés ; il ordonne volontiers la littérature et l’art comme Raphaël ordonne l’École d’Athènes, et comme Ingres son plafond ; chaque génie, chaque talent y est à son plan et selon sa mesure ; Gil Blas n’y est pas mis de niveau avec le Don Quichotte : rien de plus vrai ni de mieux senti ; mais il n’y a pas seulement des degrés, il y a des exclusions, il y a des anathèmes : c’était à peu près inévitable.
Goûtez un peu l’ivresse que respirent ses dernières lignes : « L’Art triomphe une fois de plus ! L’Art pur, l’Art sans compromissions, sans étiquette de chapelle ; l’Art au service de la souveraine Beauté. » Il parlait de « haines à jamais abolies, de consciences haussées à la divinité » et il concluait : « Nous voilà prêts à fêter au prochain banquet la poésie personnifiée cette fois par Jean Moréas, le plus pur, le plus haut et le plus désintéressé des poètes. » Je lisais ces lignes de Léon Deschamps, lorsqu’un télégramme m’apprit le coup fatal. […] Tout un rayonnement d’art protestait contre l’envahissement des draperies noires.
On y admire, à chaque page, un art séduisant de peindre & d’animer tous les objets, de présenter à l’imagination les détails de la Physique avec toutes les richesses de la Poésie. […] Boileau même, dans son Art poétique, est-il aussi à la portée de tout le monde que dans son Lutrin ? […] Boileau, dans son Art poétique, a passé sous silence une infinité d’objets qui font néanmoins partie d’une poétique ; de là vient qu’en parlant de la Tragédie, il n’entre dans aucun détail sur la division des Pieces en Actes, des Actes en Scenes ; sur l’exposition, l’intrigue, le dialogue, les surprises, la catastrophe. […] Faites un Poëme sur la Peinture, l’Agriculture, la Déclamation, l’Art de la Chasse, l’Art de la Guerre, &c. ; ayez un génie vraiment poétique, & vous saurez ennoblir chaque terme pour exprimer chaque objet ; & vous traiterez les choses les plus difficiles d’une maniere aussi claire que poétique.
Un jeune homme ne sçauroit faire dans l’art de la peinture tout le progrès dont il est capable, si sa main ne se perfectionne pas en même-temps que son imagination. […] Il est donc à souhaiter qu’un jeune homme, que son génie détermine à être peintre, se trouve dans une situation telle qu’il lui faille regarder son art comme son établissement, et qu’il attende sa consideration dans le monde, de la capacité qu’il acquerera dans cet art. […] Quand la force du génie ramenera notre jeune peintre à une étude plus sérieuse de son art, parce que l’yvresse de la jeunesse sera passée, sa main et ses yeux ne seront plus capables d’en bien profiter. […] Ce dernier venoit de donner sa tragédie d’Alexandre, lorsqu’il se lia d’amitié avec l’auteur de l’art poëtique. […] S’il vient en des temps malheureux, sans Auguste et sans Mécene, ses productions ne seront ni fréquentes, ni de si longue haleine que s’il étoit né dans un siecle plus fortuné pour les arts et pour les sciences.
L’ensemble, dans le livre de Paul de Saint-Victor, ce n’est pas seulement le Théâtre grec, c’est tout l’Art dramatique, si heureusement exprimé par ce titre charmant : Les Deux Masques, puisque l’Art dramatique en a deux ! […] Ce livre qu’il écrit aujourd’hui sur les deux faces de l’art dramatique, et qu’il appelle Les Deux Masques, avec une ingéniosité si simple et si juste, doit avoir trois séries, nous annonce-t-il dans sa préface. […] Tel est le plan de l’ouvrage, tel est le demi-cercle, comme on dit en escrime, dans lequel l’auteur des Deux Masques a vigoureusement ramassé tout l’art dramatique de l’esprit humain. […] Des Deux Masques, il n’en avait pris qu’un, mais son érudition l’avait dilaté outre mesure, en recherchant ce masque-là et en le signalant partout, chez tous les peuples, — qui ne l’ont pas aussi glorieusement porté que les nations chez lesquelles Paul de Saint-Victor a concentré l’art théâtral.
À cet instant, l’art fait ses grandes découvertes techniques. […] Un homme de Chio invente l’art d’amollir, de durcir et souder le fer. […] Pourtant nous en devinons assez pour comprendre ce qu’une pareille culture peut fournir aux arts qui figurent le corps humain. […] Quant aux arts, cc sont ceux qui conviennent à une armée. […] Beaucoup de termes d’art militaire, de musique et de palæstre sont d’origine dorienne ou appartiennent au dialecte dorien.
Cet art, dont j’aurais voulu animer et revêtir quelques-uns des Portraits ici rassemblés, me sera peut-être une excuse et m’a du moins été un dédommagement pour les inconvénients d’un genre qui touche à tant de sensibilités vivantes ; car l’art vit en partie des difficultés même et des délicatesses de son sujet. Quelques Portraits flatteurs, où il entre de l’art, et qu’on peut sauver de ce grand naufrage de tous les jours, sont une compensation à bien des ennuis habituels dans le métier de critique. […] Au milieu de tant de mesures glissantes que nous avions à garder, et de la séduction de l’art même, qui n’est pas le moindre écueil, le vrai est resté notre souci principal.
Le sujet du Poëme n’est autre chose que la Description du Château de Richelieu ; mais dans cette Description, l’Auteur a l’art de déployer, d’une maniere aussi féconde que naturelle, toutes les richesses de la poésie. […] Vois ce col détourné, ce pied droit suspendu, Ce coude replié, ce bras gauche étendu ; La cruauté de l’Art fait plaindre la Nature De tenir si long-temps leurs corps à la torture…. […] Voici comme il décrit le Colosse de Rhodes : Que l’Isle où le Soleil chaque jour se récrée, Ne vante plus l’image à ce Dieu consacrée, Ce superbe Colosse en qui l’art des humains Consomma tant de jours, & lassa tant de mains, Dont la tête élevée au delà du tonnerre, Et les pieds embrassant & la mer & la terre, Sembloient, en leur stature épouvantable aux yeux, Joindre ensemble la mer, & la terre & les cieux.
En donnant de nouvelles bases à la morale, l’Évangile a modifié le caractère des nations, et créé en Europe des hommes tout différents des anciens par les opinions, les gouvernements, les coutumes, les usages, les sciences et les arts. […] Son gouvernement formé de royauté et d’aristocratie, sa religion moins pompeuse que la catholique, et plus brillante que la luthérienne, son militaire à la fois lourd et actif, sa littérature et ses arts, chez lui enfin le langage, les traits même, et jusqu’aux formes du corps, tout participe des deux sources dont il découle. […] Inquiets et volages dans le bonheur, constants et invincibles dans l’adversité, formés pour les arts, civilisés jusqu’à l’excès, durant le calme de l’État ; grossiers et sauvages dans les troubles politiques, flottants comme des vaisseaux sans lest au gré des passions ; à présent dans les cieux, l’instant d’après dans les abîmes enthousiastes et du bien et du mal, faisant le premier sans en exiger de reconnaissance, et le second sans en sentir de remords ; ne se souvenant ni de leurs crimes, ni de leurs vertus ; amants pusillanimes de la vie pendant la paix ; prodigues de leurs jours dans les batailles ; vains, railleurs, ambitieux, à la fois routiniers et novateurs, méprisant tout ce qui n’est pas eux ; individuellement les plus aimables des hommes, en corps les plus désagréables de tous ; charmants dans leur propre pays, insupportables chez l’étranger ; tour à tour plus doux, plus innocents que l’agneau, et plus impitoyables, plus féroces que le tigre : tels furent les Athéniens d’autrefois, et tels sont les Français d’aujourd’hui.
ou à l’art des jardins. […] Elle fonde donc sa foi à la beauté des œuvres, à l’art des ouvriers, sur un témoignage intérieur, sur l’amour. […] Mais sur Molière, sur les choses de l’art, comment clore la dispute, et comment ne pas disputer ? […] Boileau s’étonne que l’on ose combattre les règles de son Art poétique, après qu’il a déclaré que c’était une traduction de celui d’Horace. […] Dans l’Art Poétique.
Goethe, quoique étranger à l’art militaire, avait suivi courageusement son cher duc jusque sur les champs de bataille. […] « La terre a reçu le métal, le moule est heureusement rempli ; la cloche en sortira-t-elle assez parfaite pour récompenser notre art et notre labeur ? […] Conserver la beauté dans la douleur, ne dégrader jamais l’homme intellectuel par le déchirement de ses sensations, montrer toujours l’intelligence impassible survivant au cœur torturé, voilà le comble de l’art antique, voilà la loi du beau ; c’est cette loi du beau dans l’art que quelques grands artistes de notre époque ont voulu nier et renverser en cherchant l’expression dans la seule vérité imitative, en peignant le laid avec autant de recherche que le beau, et en inventant ce paradoxe artistique et littéraire qu’ils ont appelé l’art pour l’art ! […] La théorie du laid est la parodie de la nature ; la théorie de l’art pour l’art ravale l’art en ne lui donnant pour objet que lui-même. Qu’est-ce que l’art si vous le séparez du bon et du beau ?
Depuis l’art de plaire, qui est le sujet d’un des plus intéressants de ces poëmes, le Chatoiement des Dames, par Robert de Blois19, jusqu’à l’art d’élever les oiseaux de chasse, on rimait des. préceptes sur toutes choses. […] Après quoi il lui enseigne ses commandements : c’est tout un traité de l’art d’aimer. […] Ce poëme est, en plusieurs endroits, inspiré et, en quelques-uns, traduit de l’Art d’aimer d’Ovide. […] Ennuyeux peut-être pour qui vient d’éditer Boileau, et d’y admirer, dans la perfection même de l’art d’écrire en vers, une image si pure de l’esprit français. […] Il n’y a que les idées générales qui enfantent les arts et qui fassent marcher les nations.
Notre appartement est le seul de la maison où il y ait des objets d’art ; et c’est aussi le seul où il pleuve, quand il pleut. […] J’ai pourtant écrit sur l’art… Pourquoi ? […] Il y a un morceau, où ledit académicien défend d’aimer les lettres pour elles-mêmes (textuel) et proscrit le culte de l’art pour l’art, qui, dit-il, a été en tout temps le chemin de l’afféterie, de la subtilité et de la médiocrité. […] Car nous appelons amoureux, celui-là seul qui se ruine pour la passion de ce qu’il aime : femme ou chose, objets d’art animés ou inanimés. […] vos ennemis eux-mêmes reconnaissent que vous avez inventé votre art ; ils croient que ce n’est rien : c’est tout !
Les Commentaires que vous désirez ne se trouvent-ils pas dans mon Art de la Comédie ? […] Il a même fallu tout l’art de Molière pour qu’elle ne devînt pas intéressante. […] peut-il entrer dans la tête d’un acteur versé dans son art, que la situation d’Alceste lui permette de plaisanter ? […] Molière possédait si bien l’art de s’approprier tout ce qu’il trouvait digne de lui ! […] Le bel esprit se compromet toujours quand il veut parler d’un art qu’il n’a pas approfondi.
Les anciens connaissaient peu cet art : au moins les Latins s’embarrassaient-ils peu de tenir ainsi l’esprit des spectateurs dans l’attente. […] Le poète s’affranchissait par là de l’art pénible de mêler les échafaudages avec l’édifice et de les tourner en ornements. […] Il n’aperçoit pas le poète sous les personnages ; l’art des préparatifs disparaît. […] Si leurs récits font quelque impression au théâtre, elle est l’ouvrage de l’acteur qui supplée par son art à ce qui leur manque. […] Ces avertissements au parterre, où l’acteur annonce ce qu’il doit faire, ne sont plus permis ; on s’est aperçu qu’il y a très peu d’art à dire : je vais agir avec art.
. — Accord de son art et de sa critique. — Limites de la critique et de l’art classiques. — Ce qui manque à l’éloquence d’Addison, de l’Anglais et du moraliste. […] Que d’art il faut pour plaire ! D’abord l’art de se faire entendre, du premier coup, toujours, jusqu’au fond, sans peine pour le lecteur, sans réflexion, sans attention ! […] Telle est la critique d’Addison, semblable à son art, née, comme son art, de l’urbanité classique, appropriée, comme son art, à la vie mondaine, ayant la même solidité et les mêmes limites parce qu’elle a les mêmes sources, qui sont la règle et l’agrément. […] Il a beau goûter l’art, il aime encore la nature.
On sentit que l’art venait de faire un pas, et qu’il y avait là quelque chose de nouveau et de durable. […] Ces querelles de préséance sont plus ridicules dans l’art que partout ailleurs. […] L’art, qui est sorti de l’homme, aurait-il la prétention d’être plus haut que son origine ? […] Plus Racine produit, plus il se rapproche de l’idéal de l’art dramatique, la simplicité d’action. […] Les seconds apportent dans l’art l’esprit de démocratie : pour eux, la perfection, c’est du privilège, c’est de l’autorité ; ils la nient.
J’y ai puisé ma plus pure émotion d’art et de pensée. […] Le souci politique de jeunes arrivistes pour qui l’art est un moyen. […] Aucun homme ne me semble du reste avoir résumé en lui toute la pensée, tout l’art, toute la poésie d’une époque ni d’une race. […] Sur une trame, sur une pensée identique ; quelles ondoyances du dessin d’art ! […] Il n’a jamais existé d’artiste, de savant, totalement représentatif (n’eût-ce été que pour son époque) de la science ou de l’art — de son art ou de sa science.
Théodore de Banville Né dans un village, arrivé presque à l’âge d’homme sans éducation et sans lettres, Albert Glatigny entrevit l’art pour la première fois sous cette forme sensible qui seule peut s’imposer aux esprits ignorants. Il en eut la première révélation en voyant jouer des comédiens de campagne ; il les suivit, joua avec eux à la diable des mélodrames et des vaudevilles, et, sans y songer, apprit ainsi ce mécanisme de la scène et cet art matériel du théâtre, qui si souvent manquent aux poètes lyriques. […] Et en art, il faut saisir la nuance.
Allemands ou Français, Italiens, Espagnols, Anglais, nous avons tous été, dans la littérature et dans l’art, comme dans l’histoire et dans la politique, des nations avant de devenir des « races ». […] Mais aussi, comme les enfants, n’éprouvent-ils que des sentiments très généraux ou « typiques », dont l’expression est aussi générale qu’eux-mêmes ; et l’art est justement chose individuelle. […] Trois ou quatre siècles avant l’Art poétique, ils se rendent compte que l’épopée Se soutient par la fable et vit de fictions. […] Il faut attendre ; et, en attendant, toutes leurs Chansons, où il y a de réelles qualités sinon d’art, au moins de grâce, d’élégance et de mièvrerie, continuent toutes ou presque toutes de se ressembler. […] Mais ce n’est pas ici la question ; et nous nous bornerons à dire que, si « tout l’art d’écrire, selon le mot de La Bruyère, consiste à bien définir et à bien peindre », la scolastique nous en a certainement appris une moitié.
Il n’y a aucun art de composition dans le roman ; rien ne se tient, tout est successif et à l’aventure. […] les traits fins arriveront : ils arrivent en effet, mais tout cela sent un art bien neuf et bien élémentaire. […] On est, en lisant Bussy, à cent lieues de la Grèce et de ces mollesses, de ces flammes toutes naturelles, et où l’art ne faisait qu’encadrer et couronner la passion. Dans les préceptes et maximes qu’il donne de l’art d’aimer, il n’a rien non plus de cette agréable facilité d’Ovide, et rappelle plutôt, par le subtil des cas et des questions, un reste des cours d’amour ; c’est un voisin de Benserade. […] Pour comprendre qu’elles le parussent de son temps à d’autres que lui, on a besoin de se rappeler que ce temps était celui où l’art, le génie épistolaire, qui allait briller et éblouir dans la correspondance de la charmante cousine de Bussy, était encore à s’essayer et à se former.
2º Depuis le jour où, à peine fondée, elle s’en prenait à Corneille, à propos du Cid, l’Académie a montré qu’elle se proposait moins de provoquer des révolutions dans l’art que de s’opposer à celles qui se produiraient. […] Pourquoi ne demandez-vous pas aux peintres quelle influence le Cercle Volney a sur leur art ? […] Où voyez-vous là un rapport avec l’art ? […] En tout cas, une distinction, quelle qu’elle soit, n’est qu’une fleur à la boutonnière ; et, en art, l’autorité est personnelle. […] Soutenus par la majorité compacte dont parle Ibsen, ces messieurs du Pont des Arts auraient donc bien tort d’accueillir aujourd’hui un Flaubert ou un Baudelaire.
Il y a des pertes directes ou collatérales en art comme dans la vie. […] L’art se fit sec, rogue et pauvre. […] N’était-elle pas désormais un art d’initiés, un art ésotérique, comme on disait alors, et elle avait raison de s’en attribuer les privilèges. […] Par eux l’art du vers est codifié pour rester immuable. […] Les Jean Rameau et les Maurice Bouchor ne comptent pas plus dans l’art d’un temps que les Viennet et les Ponsard dans l’art d’un autre.