Cette fable, inventée par la vanité des Grecs et adoptée par celle des Romains, ne put naître qu’au temps de la guerre de Pyrrhus, époque à laquelle les Romains commencèrent à accueillir ce qui venait de la Grèce. […] * Tite-Live assure qu’à l’époque de Servius Tullius, le nom si célèbre de Pythagore n’aurait pu parvenir de Crotone à Rome à travers tant de nations séparées par la diversité de leurs langues et de leurs mœurs.
Les Valentines furent composées à cette époque.
Des recueils comme celui-là et comme deux ou trois autres qui ont paru récemment sont en poésie, entre la glorieuse époque de la Restauration et le poète inconnu qui entraînera sur ses pas la génération nouvelle, ce que sont en musique les doux accents de Lucia, les mélancoliques soupirs de Bellini, les délicieux refrains d’Auber, entre Guillaume Tell et le musicien à venir qui nous consolera du silence de Rossini.
Ampère, et qui consiste à prendre les choses ab ovo dès l’époque latine ; mais les Bénédictins, messieurs, n’ont pas consacré moins de cinq gros volumes in-4° à la littérature de la France antérieure au Xe siècle (et huit gros avant le XIIe), et M. […] Or, maintenant, que peut-on conjecturer de l’état de la langue ou des langues parlées en Gaule à cette époque, et de ce qui dut résulter de la ruine de la prédominance romaine ? […] Le moyen âge en France (si l’on donne ce nom à toute l’époque intermédiaire qui précède la Renaissance) achevait donc, dès l’entrée du xve siècle, de se traîner comme un vieillard à qui un grave accident a ôté plus qu’à demi la conscience de lui-même. […] Nodier, par exemple, cet homme de tant de grâce et d’esprit, mais étranger aux vraies méthodes, et qui, « dans tout ce qui tient à l’étude des langues, s’est fait remarquer par de bonnes intentions plutôt que par de bons ouvrages » (la définition est de Génin), s’était écrié dans un accès d’enthousiasme pour le simple, comme en ont les littérateurs des époques blasées : « Les patois ont donc une grammaire aussi régulière, une terminologie aussi homogène, une syntaxe aussi arrêtée que le pur grec d’Isocrate et le pur latin de Cicéron. […] L’autre, dû aux notaires et aux moines, alors que les langues nouvelles commençaient à s’écrire, est dénué d’importance. » La haute période du bas-latin était une époque encore vivante.
On verra que cet amour, qui ne porta jamais la moindre atteinte à la chasteté de Laure ni à la vertu de son amant, n’eut pas d’autre caractère que celui d’adoration intellectuelle aux yeux de son époque et de la postérité. […] Un tel amour divinisé par de tels vers était, à cette époque, une gloire et non un affront pour une famille. […] Lélio et Socrate, deux de ces commensaux des Colonne, y charmèrent les heures de Pétrarque : « Ce sont les moments les plus heureux de ma vie », écrit-il à cette époque. […] Une autre ode qu’il adressa à la même époque à Étienne Colonna, et que Voltaire appelle la plus admirable de ses poésies lyriques, éleva sa renommée au-dessus de tous les poètes du temps. […] Cette adjuration poétique est le fond de toutes les odes et de toutes les harangues que nous avons entendues, depuis cette époque, dans la bouche de tous les poètes politiques de la Péninsule : de Pétrarque à Alfieri ou à Monti, il n’y a qu’un écho éternel ; les mêmes circonstances produisent le même cri ; mais Pétrarque fut le premier qui fit chanter à la lyre ce cri de la politique.
À cette époque, cette femme était quelque chose de fragile qui pouvait se consolider ou se briser, selon le sort. […] Ce sentiment, confus et non analysé dans l’âme de Robert, se révèle cependant, dans ses grands ouvrages à cette époque de sa vie intérieure, par deux symptômes de l’art qui sont en même temps deux symptômes de la passion. […] Léopold Robert, quoique républicain de patrie et plébéien de naissance, n’aimait pas les révolutions. — « Je ne les trouve bonnes », écrit-il à cette époque à son ami, M. […] Les lettres de Robert à cette époque sont pleines d’inspirations mystiques vers cette autre vie où l’on sera réuni à ce qui est digne d’être aimé dans ce bas monde. […] On voit dans ses lettres, à cette époque, qu’il tremble également de l’achever ou de le laisser imparfait.
Il faut donc que cet écrivain prédestiné à devenir prophète naisse et vive dans l’éloignement ; il faut de plus qu’il naisse et qu’il vive dans un temps de grande dissension de l’esprit humain, époque où chaque parti a besoin de champions éclatants pour embrasser, fortifier, diviniser sa cause. […] dès cette époque je respectais beaucoup l’éloquent et le majestueux vieillard avec lequel je m’entretenais au bord du ruisseau ou à table, sans soupçonner cependant que je causais avec un demi-dieu. […] VII C’est là que vivait, à cette époque, l’aimable et respectable famille. […] Chateaubriand, Bonald, Lamennais (intolérant au nom du Ciel et absolutiste au nom des hommes alors), étaient à Paris, à cette époque, avec Martainville, les correspondants et les patrons de ce grand écrivain, dont on veut faire aujourd’hui, à Turin et à Paris, un agitateur de l’Italie, précurseur de M. de Cavour, et, qui sait ? […] À l’époque de mon mariage, qui fut célébré à Chambéry, le comte Joseph de Maistre fut choisi par mon père absent pour le représenter au contrat et pour me servir ce jour-là de père.
Pour plus de clarté, je diviserai mon sujet en trois parties : je parlerai d’abord du poème, ensuite de la musique, et en dernier lieu des autres œuvres musicales et écrits qui datent de l’époque de trente ans qui s’est écoulée depuis les premières origines de l’Anneau du Nibelung jusqu’à son complet achèvement. […] Œuvres contemporaines Je vais rapidement énumérer les principales ouvres de Wagner qui d’une façon ou d’une autre se rattachent à cette époque de trente ans, soit qu’elles aient été conçues et exécutées en entier entre 1844 et 1874, soit qu’elles aient été terminées après 1844 ou commencées avant 1874. […] Quant aux œuvres théâtrales, elles touchent toutes à cette époque, à partir de Tannhæuser. […] bm Les écrits de tout genre qui datent de cette époque sont très nombreux, je n’en mentionnerai que les plus importants. […] A part les beaux plaidoyers enthousiastes de Champfleurybo et de Baudelaire, de Champfleury surtout, à qui Wagner a rendu ce magnifique témoignage de l’avoir compris comme l’on ne peut se comprendre qu’entre « amis », à part encore les écrits de Madame Judith Gauthier, cette première période peut se caractériser celle de l’admiration inconsciente. « Puis vint l’époque des analyses d’œuvres, dont M.
Tout annonçait en lui la supériorité et un mérite fait pour briller, et l’on s’explique peu comment, vers cette époque, il écrivait au général de l’Oratoire Sainte-Marthe « que, son talent et son inclination l’éloignant de la chaire, il croyait qu’une philosophie ou une théologie lui conviendraient mieux ». […] Le Petit Carême plus célèbre, et qu’il prêcha en 1718 devant Louis XV enfant, appartient déjà à une autre époque et un peu à une autre manière. […] Quoi qu’il en soit, Massillon apparut dans toute sa force et dans toute sa beauté d’orateur sacré dès cette première époque de 1699 à 1704 et à ce point de réunion des deux siècles : il montra que le grand règne durait toujours, et que jusqu’en ce dernier automne la postérité des chefs-d’œuvre s’y continuait.
Isidore Geoffroy Saint-Hilaire s’est occupé avec étendue de Buffon ; une comparaison qu’il établit de l’éloquent historien de la nature avec Linné, et où il marque vivement les contrastes des deux génies, se termine en ces termes : Linné, un de ces types si rares de la perfection de l’intelligence humaine, où la synthèse et l’analyse se complètent dans un juste équilibre, et se fécondent l’une l’autre : Buffon, un de ces hommes puissants par la synthèse, qui, franchissant d’un pied hardi les limites de leur époque, s’engagent seuls dans les voies nouvelles, et s’avancent vers les siècles futurs en tenant tout de leur génie, comme un conquérant de son épée ! […] Ce qui est vrai, c’est que les grandes hypothèses de Buffon, ses tableaux des diverses époques de la nature, quelques phrases jetées çà et là sur l’unité primitive de dessein, phrases qui n’ont pas la portée qu’on leur donne, ont paru suffisantes au savant illustre, mais enthousiaste, pour voir en Buffon un précurseur de lui-même, un prophète de l’ordre de vues qu’il affectionne : il a donc salué en Buffon une sorte de dieu humain à peu près comme Lucrèce salue Épicure. […] [NdA] Je ne vois que des hommes fiers du progrès de leur siècle, de l’avancement des sciences et de l’industrie ; au milieu de tout cet orgueil et de ces triomphes, je reste frappé d’une chose : Combien l’homme, l’immense majorité des hommes continuent d’être dépendants d’une seule moisson bonne ou mauvaise, aux époques les plus civilisées !
Mais les mille pensées qu’éveille la comparaison de la société à ces deux époques, avec ce qu’il y a de ressemblances réelles et de dissemblances profondes, me mèneraient trop loin, et me tireraient surtout des cadres tout littéraires où j’aime à me renfermer, sauf à les agrandir le plus que je puis. […] Revenant en souvenir sur cette époque de sa vie dans ses Mémoires d’outre-tombe et sur cette disposition intérieure où il était après la publication de l’Essai, il ne s’en rendait plus un compte bien exact quand il disait : Je m’exagérais ma faute ; l’Essai n’était pas un livre impie, mais un livre de doute et de douleur. […] … » À cette première époque de Londres et avant la gloire, Chateaubriand avait encore en lui une simplicité et une sensibilité qui le montrent comme l’un de nous tous, comme un homme de la vie commune et naturelle, plus égaré seulement, plus rêveur, plus facile à effaroucher et à rejeter dans les bois.
Cela est vrai surtout des époques où l’écriture était chose à part et réservée aux seuls clercs. […] Aux époques cultivées, où les hommes d’État et de guerre sont instruits aux lettres et ont aisément la plume à la mainp, un autre écueil tout opposé, c’est qu’ils fassent trop les écrivains en se ressouvenant, et qu’ils ajoutent par la phrase aux circonstances de l’action. […] Un Octave qui est un politique tout fait dès vingt ans, et qui sait dès cet âge tout ce qu’il faut penser des hommes en certaines époques, jusqu’où on peut les pousser et comment oser les conduire, court risque par moments d’être un prodige ou même un monstre.
Renan, qui a le sentiment de toutes les époques a une intelligence très-profonde et très-vive du Moyen-Âge entre autres. […] Il lui semble que cette aberration laborieuse de l’esprit humain, qu’on a pu comparer à un cauchemar pesant, a été fructueuse et féconde : « Le sentiment de l’infini a été, pense-t-il, la grande acquisition faite par l’humanité durant ce sommeil apparent de mille années. » Il lui est arrivé, à certains jours, en même temps qu’il jugeait sans grande estime ce que nous appelons notre ère immortelle de 89, et où il ne voyait, en haine des badauds, qu’un fait purement français de vulgarisation égalitaire, de regretter, tout à l’opposite, je ne sais quelle époque du haut Moyen-Âge où, derrière les mille entraves et sous leur abri peut-être, l’intelligence des forts s’exerçait et se développait avec plus de vigueur et d’élévation solitaire. Je ne crois pas que, si on le poussait, il insistât sur ces caprices de sa philosophie en ses heures de rêve ; il m’est difficile notamment de concevoir quelle époque précise du haut Moyen-Âge a pu être si favorable au développement vigoureux de l’intelligence individuelle, à moins que ce ne soit dans le même sens qu’une prison avec ses barreaux est favorable à l’exercice de la force du prisonnier, s’il parvient à en sortir.
S’en suit-il que deux siècles plus tard, à l’époque d’Hamilcar et d’Hannibal, il y eût encore de ces immolations publiques et officielles ? […] Cela ne veut pas dire qu’il ne faille traiter que des sujets de son temps ; mais, en prenant même des sujets éloignés, il faut qu’il y ait communication vive et réverbération d’une époque à l’autre. […] Revenons à la vie, à ce qui est du domaine et de la portée de tous, à ce que notre époque désire le plus et qui peut l’émouvoir sincèrement ou la charmer.
Les Parlements, magistrature bourgeoise, renchérirent sur les vices de cette législation, et jusqu’à l’époque de 1789, elle déchira la France en lambeaux. » Il va sans dire que je répète telles quelles, sans les endosser le moins du monde, les assertions historiques surprenantes de ce bizarre esprit30. […] Jusqu’à une époque que je fixerai vers l’an 1750, l’aisance du peuple français avait toujours augmenté, c’est-à-dire que la quantité des subsistances s’accroissait plus que celle des habitants, et que, pour le même travail, ils en obtenaient tous les jours une ration plus forte… » Paris, l’énorme capitale qui s’est accrue successivement de tant de richesses et aussi recrutée de tant de cupidités et de misères, cette cité-tête-monde et gouffre que nous définissait admirablement hier M. le baron Haussmann qui a si bien qualité pour cela32, était, on le conçoit, l’épouvante et le cauchemar de ce M. […] Mais il y a, entre les deux époques, cette différence essentielle que, dans l’ancien régime, chaque patron allait au combat soutenu par ses ouvriers ou ses domestiques, tandis que maintenant il les rencontre armés devant lui.
Et comment ne serait-ce point M. de Talleyrand qui, après avoir vu de près l’Amérique, l’avoir observée si peu d’années après son déchirement d’avec la mère patrie, et l’avoir, non sans étonnement, retrouvée tout anglaise, sinon d’affection, du moins d’habitudes, d’inclinations et d’intérêts, aurait lui-même écrit ou dicté les remarques suivantes : « Quiconque a bien vu l’Amérique ne peut plus douter maintenant que dans la plupart de ses habitudes elle ne soit restée anglaise ; que son ancien commerce avec l’Angleterre n’ait même gagné de l’activité au lieu d’en perdre depuis l’époque de l’indépendance, et que par conséquent l’indépendance, loin d’être funeste à l’Angleterre, ne lui ait été à plusieurs égards avantageuse. » Appliquant ici le mode d’analyse en usage chez les idéologues et tout à fait de mise à l’Institut en l’an III, il partait de ce principe que « ce qui détermine la volonté, c’est l’inclination et l’intérêt », et que ces deux mobiles s’unissaient des deux parts pour rapprocher les colons émancipés et leurs tyrans de la veille : « Il paraît d’abord étrange et presque paradoxal de prétendre que les Américains sont portés d’inclination vers l’Angleterre ; mais il ne faut pas perdre de vue que le peuple américain est un peuple dépassionné ; que la victoire et le temps ont amorti ses haines, et que chez lui les inclinations se réduisent à de simples habitudes : or, toutes ses habitudes le rapprochent de l’Angleterre. […] Je relève dans ce Mémoire un heureux coup de crayon donné en passant, et qui caractérise en beau M. de Choiseul : « M. le duc de Choiseul, un des hommes de notre siècle qui a eu le plus d’avenir dans l’esprit ; qui déjà, en 1769, prévoyait la séparation de l’Amérique d’avec l’Angleterre et craignait le partage de la Pologne, cherchait dès cette époque à préparer par des négociations la cession de l’Égypte à la France, pour se trouver prêt à remplacer, par les mêmes productions et par un commerce plus étendu, les colonies américaines le jour où elles nous échapperaient… » Voilà un éloge relevé par un joli mot : un joli mot, en France, a toujours chance de l’emporter sur un jugement. […] Son bon sens, s’il eût été écouté alors, aurait sans doute été d’un grand contrepoids dans la balance des destinées, Un grave problème, et des plus tristes, qui, bon gré mal gré, se dresse devant nous un peu avant cette époque dans la vie de M. de Talleyrand, c’est la part qu’il aurait prise, non pas seulement une part de transmission et d’information ministérielle, mais un rôle d’instigation et d’initiative, à l’arrestation et à l’enlèvement du duc d’Enghien.
En y regardant de près pourtant, on y verrait bien quelque différence d’opinion aux diverses époques. […] La Ligue, cette époque trop peu connue, est au long célébrée. […] Il explique l’animosité des Jésuites contre lui par un passage du livre des Progrès de la Révolution (1829), et il ajoute après avoir cité ce passage : « On conçoit donc pourquoi leur institut ne nous paraissait pas suffisamment approprié aux besoins d’une époque de lutte entre le pouvoir absolu des princes et la liberté des peuples, dont le triomphe à nos yeux est assuré, » et il oublie que, pour l’accord logique, il faudrait était assuré, ce qui serait inexact en fait, et même entièrement faux, puisqu’en 1829 ce n’était point par ce côté, mais par l’autre bout, qu’il remuait les questions sociales.
Le succès prodigieux de l’opéra-féerie de Cendrillon tenait encore la curiosité en éveil, lorsqu’on annonça quelques mois après (août 1810) la représentation des Deux Gendres, l’une de ces pièces en cinq actes et en vers qui, à cette époque propice, étaient des solennités attendues et faisaient les beaux jours du Théâtre-Français. […] Cette querelle et l’importance exagérée qu’elle acquit aussitôt est une des plus grandes preuves, en effet, du désœuvrement de l’esprit public à une époque où il était sevré de tout solide aliment. […] Ce n’est point, en effet, par des traits isolés et poussés à l’extrême que se peignent des époques tout entières ; il faut de l’espace, des nuances, et considérer tous les aspects.
La réflexion ne saurait opérer l’unité ; la diversité est le caractère essentiel des époques philosophiques ; toute grande fondation dogmatique y est impossible. […] Toutes les phases de l’humanité sont donc bonnes, puisqu’elles tendent au parfait : elles peuvent seulement être incomplètes, parce que l’humanité accomplit son œuvre partiellement et esquisse ses formes l’une après l’autre, toutes en vue du grand tableau définitif et de l’époque ultérieure, où, après avoir traversé le syncrétisme et l’analyse, elle fermera par la synthèse le cercle des choses. […] Puis est venue l’époque de la distinction des genres, durant laquelle on eût blâmé l’introduction du lyrisme dans le drame ou de l’élégie dans l’épopée.
La Révolution, qui le surprit quand il avait vingt ans, coupa sa carrière : il était élève en médecine, il devint soldat ; il redevint élève après la Terreur, et suivit à Paris les cours de toute espèce qui signalèrent la renaissance confuse de cette époque de l’an iii. […] Il était très initié, à cette époque, dans la petite société philosophique d’Auteuil, dans l’intimité de Cabanis, de Mme de Condorcet, de Fauriel. […] Il est à croire qu’aux diverses époques, et dans ces lieux différents, Pariset ne professa point tout à fait, dans la même rigueur, les mêmes idées dont la source première remontait à la société d’Auteuil et à Cabanis.
Ce qui frappe Mallet aux diverses époques de notre Révolution, surtout pendant la période qui suit la Terreur, et au lendemain des nouvelles rechutes (telles que le 13 Vendémiaire, le 18 Fructidor), c’est l’absence complète d’opinion et d’esprit public, dans le sens où on l’entend dans les États libres : L’esprit public proprement dit, écrit-il le 28 janvier 1796, est un esprit de résignation et d’obéissance ; chacun cherche à se tirer, coûte que coûte, c’est-à-dire par mille bassesses infâmes, de la détresse générale. […] Ces grandes épidémies morales par lesquelles passent les sociétés, et qui les transforment, qui ne les laissent pas après ce qu’elles étaient devant, usent bien des générations et constituent les véritables époques de l’histoire68. […] Exposant dans son Mercure britannique, peu de mois avant sa mort, en janvier de l’an 1800, le caractère de la grande commotion qui allait continuer de peser sur le nouveau siècle et qui ouvrait une époque de plus dans l’histoire des vicissitudes humaines, il y montrait en vrai philosophe que le caractère de cette Révolution portait avant tout sur la destruction de toutes les distinctions héréditaires préexistantes, que c’était au fond une guerre à toutes les inégalités créées par l’ancien ordre social, une question d’égalité, en un mot : « C’est sur ce conflit, ajoutait-il, infiniment plus que sur la liberté, à jamais inintelligible pour les Français, qu’a porté et que reposera jusqu’à la fin la Révolution. » Espérons que, même en tenant moins à la liberté qu’il ne faudrait (ce qui est trop évident), nous la comprendrons pourtant assez pour démentir un pronostic si absolu et si sévère.
Avant tout, et pour rattacher à sa vraie date ce nom modeste et qui s’est bien plus appliqué à s’effacer qu’à se produire, je rappellerai que sous la Restauration, vers 1820, à l’époque où ce régime, si peu assis d’abord, commençait à entrer en pleine possession de lui-même, il se fit de toutes parts, dans tous les jeunes esprits, un mouvement qui les poussait avec ardeur vers les études et vers les idées. […] Mais, vers cette époque de 1820-1822, un seul nom entre ceux du clergé s’offrait avec éclat et retentissement aux gens du monde : M. de Lamennais, dans sa première forme catholique, forçait l’attention de tous par son Essai sur l’indifférence, et remuait mille pensées au sein même du clergé qu’il étonnait. […] Dans un certain nombre de niches sépulcrales qui ont été ouvertes à diverses époques, on peut suivre, en quelque sorte pas à pas, les formes successives, de plus en plus éloignées de la vie, par lesquelles ce qui est là arrive à toucher d’aussi près qu’il est possible au pur néant.
Il ne va plus à l’air de notre époque. […] Chaque époque a sa manière à elle d’être libre. […] Il y a eu, c’est vrai, des époques où l’on pensait autrement ; dans ces temps-là les choses sur lesquelles on marchait le prenaient quelquefois mal, et se soulevaient ; mais c’était l’ancien genre, ridicule maintenant, et il faut laisser dire les fâcheux et les grognons affirmant qu’il y avait plus de notion du droit, de la justice et de l’honneur dans les pavés d’autrefois que dans les hommes d’aujourd’hui.
A cette époque, en effet, on avait le goût de la plus haute généralité possible dans l’interprétation des faits humains. […] Tandis que les écoles politiques de son époque combattaient pour ou contre le suffrage universel, il pénétrait plus avant, et, montrant dans la commune le noyau de l’État, il voyait dans la liberté communale la garantie la plus solide et de la liberté politique et de l’ordre public. […] Moi, je voudrais que la société vît ces périls comme un homme ferme qui sait que ces périls existent, qu’il faut s’y soumettre pour obtenir le but qu’il se propose, qui s’y expose sans peine et sans regret, comme à une condition de son entreprise, et ne les craint que quand il ne les aperçoit pas dans tout leur jour. » Dans une lettre de la même époque à un autre de ses amis, trop longue pour être citée, il exprime encore avec plus de précision la vraie pensée du livre de la Démocratie.
Cet homme, beaucoup trop littéraire pour une époque qui ne l’est plus, ne pouvait guère passionner les générations nouvelles. […] Il y avait la largeur, l’épanouissement, la chaleur, le mouvement des idées, l’abondance, la plénitude et la richesse cultivée du langage, la faculté de grouper les choses les plus éloignées dans une époque de l’histoire littéraire ou politique et de les ramasser dans un centre lumineux qui les éclaire en les étreignant, toutes qualités qui se retrouvent dans Chasles à des degrés presque identiques. […] Il est vrai que dans l’Angleterre Whig l’un a écrit une histoire whig de ce whig couronné, Guillaume III, auquel il sacrifie Marlborough et toutes les grandes figures de l’époque ; tandis que le pauvre Philarète Chasles a continué de faire de la critique et de la littérature inutiles en ce beau pays de France où Chateaubriand se plaignait de ne pouvoir rester ministre, où le grand Balzac n’aurait jamais pu l’être, quand Disraëli, un mauvais romancier que nous mépriserions en France, l’est en Angleterre à plus de soixante-dix ans !
Après cela, il ne faut chercher dans cet Ouvrage, ainsi que dans la Vie du Cardinal Charles de Bourbon, du même Auteur, d’autres objets d’utilité, qu’un amas assez indigeste d’époques & de recherches.
Cependant, n’est-il pas à peu près certain qu’il y a eu des époques en France où les lettres ont été au-dessous de ce qu’elles sont aujourd’hui ? […] Il serait bien à désirer qu’on en eût fait une bonne traduction à cette époque : Sacy est venu trop tard. […] Comme il n’a pas rempli les différentes époques de sa vie, il ressent toujours au-dedans de lui-même quelque chose d’imparfait qui ne s’achèvera pas. […] Il y a des époques où il faut dire avec le prophète : « Bien heureux sont les morts ! […] Après la description des monuments de cette époque, M. de Laborde passera aux dessins des monuments moresques : c’est la partie la plus riche et la plus neuve de son sujet.
Ruben Dans un temps où la mode d’aujourd’hui fait si bien justice de la mode d’hier, on a pu parfaitement se hasarder à publier les poésies de Charles Valette, non seulement celles qui ont paru à une époque déjà reculée, mais encore celles qui étaient restées manuscrites.
Préface Ces articles ont été publiés à diverses époques dans diverses revues, et l’auteur se proposait de les revoir et de les compléter.
Le Tasse s’exprime ainsi lui-même dans sa correspondance sur Alphonse : « Ce prince me releva avec la main de mon obscure fortune, au grand jour, et à l’estime de sa cour ; il me fit passer de l’indigence à la richesse, il donna lui-même une considération et un prix de plus à mes productions poétiques, en assistant fréquemment et attentivement à la lecture de mes vers, et en traitant leur auteur avec toutes sortes d’égards et de marques d’admiration ; il m’admit honorablement et familièrement à sa table et à ses entretiens ; il ne me refusa aucune des faveurs que je lui demandai. » La félicité du Tasse à Ferrare, à cette époque, était de nature à inspirer l’envie. […] Mais les lettres de l’écuyer, ami du Tasse, au grand-duc, à cette époque, disent que l’état de l’esprit du poète était plus affligeant que jamais, et qu’il « fatiguait ses confesseurs par des montagnes de folies, débitées comme des accusations contre lui-même ». […] Le Tasse, comme on l’a vu, n’avait d’autre prison à cette époque que ses propres appartements dans le palais de Ferrare, ou dans la villa de Bello Sguardo, sous la surveillance de deux serviteurs de la cour. […] L’indifférence que ce prince montra bientôt après à l’éloignement ou au retour du poète confirme cette supposition ; rien jusqu’à cette époque ne révéla que de l’affection et de la pitié dans le cœur d’Alphonse pour le Tasse. […] On peut se figurer son bonheur en se retrouvant ainsi sous le toit paternel, et jouissant d’un bien-être qu’il n’avait jamais goûté que dans ses souvenirs et à une époque où son jeune âge l’empêchait de l’apprécier comme aujourd’hui.
Il est donc à croire que les liens étaient rompus à cette époque, et que la comtesse n’était pas fâchée qu’on le sût, afin de se justifier elle-même d’un changement dont on lui avait donné l’exemple. […] M. de Lamartine, qui vit la comtesse d’Albany en 1810, c’est-à-dire à une époque très rapprochée de la date qui nous occupe, la représente à peu près dans les mêmes termes. “Rien, dit-il, ne rappelait en elle, à cette époque déjà un peu avancée de sa vie, ni la reine d’un empire, ni la reine d’un cœur. […] « Necker de Staël-Holstein. » VII Cependant, le 4 septembre 1810, époque précise où j’arrivai en Toscane, le monument funèbre de Canova fut inauguré dans l’église de Santa-Croce, malgré la véhémente réclamation du clergé. […] Une seule ressemblance rapprochait les deux époques : la liberté individuelle n’avait pas encore de garanties.
Édouard Fournier La muse la plus idéalement pure, comme talent et comme caractère, de toute l’époque romantique.
Les trois grands critiques de l’époque républicaine, Brunetière, Lemaître, Faguet, étaient des universitaires, et Brunetière était de plus un professeur de race. […] La critique universitaire a pris, depuis vingt ans, des habitudes de rigueur, d’examen et de défiance qui l’ont fait réagir, tout comme l’art de notre époque, contre les généralisations oratoires. […] Et il ne s’agit pas seulement ici du génie individuel (rare dans le monde littéraire) mais du génie profond et vivant d’un genre, d’une époque, d’une religion. […] Elle n’est pas inutile à une époque comme la nôtre, où nous avons vu, de Mallarmé à M. […] Epoque critique s’opposait pour les Saints-Simoniens à époque organique, et génie critique s’oppose toujours d’une certaine façon à génie organique.
L’amour avait occupé jusqu’à cette époque les rêves de Flaubert plutôt que sa vie. […] Elle donnait à cette époque plus qu’elle ne recevait. […] À l’époque de Madame Bovary, il y a une tendance du bourgeois vers le genre artiste. […] » Il avait conscience d’avoir écrit, au-dessus des « mœurs de province », le grand roman complet, balzacien et parisien, que réclamait son époque et qui s’imposait à l’art de cette époque. […] Il est probable que le sujet de Bouvard date de la même époque, ce qui ajoute encore à la concordance des deux œuvres.