Ce n’est pourtant pas l’amour ou la préoccupation du xviiie siècle qui nous a manqué pour l’écrire. […] Alors, au lieu de quinze années, nous en aurions peut-être cinquante, mais il resterait toujours à écrire cette histoire dont Moret signale l’absence, cette œuvre, une et vaste, dont le Temps lui-même a tracé le cadre avec des dates et des événements. […] L’histoire se rabougrit dans toutes ces divisions, bonnes pour la faiblesse des valétudinaires qui l’écrivent. […] Il y a, parmi ceux qui écrivent l’Histoire, des imaginations qui vont de préférence aux désastres, aux revers, à tout ce pathétique qui éveille plus que la pensée dans la tête, mais la pitié, c’est-à-dire une vertu, dans les cœurs. […] Moret n’a point ce que j’oserais nommer la faculté suraiguë de l’Aperçu, le plus beau don que Dieu puisse faire à ceux qui doivent écrire l’histoire.
Pour lui, l’histoire de la Révolution ne contient pas que l’histoire de la Révolution proprement dite, elle contient encore celle de tous les gouvernements qui l’ont suivie : le Directoire, le Consulat, l’Empire, la Restauration, le Gouvernement de Juillet, la République de 1848, et l’Empire encore, et elle doit s’écrire d’une volée ! […] Montesquieu disait, je le sais bien : « Qui voit tout peut tout abréger. » Mais Montesquieu considérait l’histoire, il ne l’écrivait pas. […] L’écrivain peut écrire l’histoire qui y mène comme une mécanique l’écrirait. […] Le sans souci du détail, si on écrit une chronique dans laquelle il faudrait le culte du détail, et l’insouciance de tout ce qui n’est pas le gros fait accompli, insolent et heureux, si on écrit une histoire, ne sont ni le génie curieux de la chronique, ni le génie moral, sévère et mélancolique, de l’histoire. […] C’est bien quelque chose que de n’avoir pas écrit, même par distraction, une seule fois le nom de Dieu dans un volume de cinq cents pages où il s’agit d’un des plus grands événements qui se soient passés sur la terre, et d’avoir substitué à ce nom de Dieu, qui éclaire et apaise l’histoire, les mots de vent, de souffle, de trombe et de nécessité !
Pour leur donner vis-à-vis du public plus de solidité et de consistance et piper le bruit, on a écrit au frontispice de ces Mémoires cette ligne majestueuse : « Publiés sous le patronage (on a oublié le mot haut) de M. le duc de Luynes (ce qui fait deux ducs), par MM. […] Il n’a pas, il est vrai, la correction de Tacite, cette perfection dans la langue écrite et profondément gouvernée du Romain, qui gouvernait son style comme il eût gouverné le monde. […] Ces mémoires qu’il a écrits, jour par jour, comme Dangeau écrivait les siens, ont un détail encore plus aminci peut-être que le détail déjà si mince des Mémoires de Dangeau ! […] à mes dépens) de la manière constitutive de voir les choses de celui qui les a écrites. […] En attendant, du reste, ils ne l’ont point écrite.
L’espèce de fatuité qu’on attribuait à l’auteur d’Adolphe, qui, disait-on, avait dans ce roman écrit sa propre histoire et peint la fatigue d’une liaison qui justifiait le mot fameux des Liaisons dangereuses : « on s’ennuie de tout, mon ange », ne tient plus devant le ton de ces lettres écrites par le plus maltraité des hommes qui aiment, — par le plus patito des patiti qui aient jamais existé ! […] Ce fut, je crois, Philarète Chasles, qui, le premier, fut assez hardi pour, après la mort de l’énigmatique phénomène, écrire pour les yeux de tous ce qui n’avait jamais été dit tout bas qu’aux oreilles de quelques-uns. Mais la chose une fois écrite, et partie sur ces ailes de papier dont parle de Maistre et qui portent si loin les sottises, la chose écrite allait faire le tour du monde, comme le drapeau tricolore, et déjà elle l’a commencé… Madame Récamier a donc sa légende comme Jeanne d’Arc, mais Jeanne d’Arc a sauvé la France, et c’est là une gloire qui brûle la légende dans la clarté sublime de sa flamme. […] … Il lui écrit un jour : « Je vous remercie de votre lettre. […] Benjamin Constant, l’inconsistant et le vaniteux homme d’esprit à qui on ne croyait guères que de l’esprit, y gagne une âme, et l’exquise Juliette Récamier y perd quelque peu, si ce n’est tout, de la sienne, laquelle semblait divine et qui, véritablement, l’était trop pour nous… Benjamin Constant, qui a écrit ces lettres, y abdique comme écrivain dans les mains de l’homme, et l’homme y abdique à son tour dans les mains de l’amoureux.
C’est entre deux de ces courses, probablement, qu’il aura écrit ce premier roman de Guy Livingstone, publié d’abord à la mode anglaise, sans nom d’auteur, et dans lequel il a montré une vaillance de talent qui ressemble fort à la vocation la plus déterminée. […] Bernard-Derosne nous assure que Guy Livingstone a été écrit en « vingt-sept jours » et sans « autre but que l’envie de se distraire ». […] Et cependant l’admiration que nous avons pour le grand poète saigne dans nos cœurs quand nous voyons, en ses Mémoires, cette glace d’une magique beauté mais qui nous l’a tant rapetissé en le réfléchissant, qu’il eût pu, s’il avait voulu, arracher encore aux riens de son existence de dandy assez d’heures pour achever le Don Juan, ou pour nous écrire quelque autre poème comme Lara ou le Giaour. II Et j’écris, non sans dessein, ce nom de Byron, que j’aime d’ailleurs tant à écrire, car je ne crois pas qu’aucun nom puisse jamais exercer plus d’empire que celui-là sur l’esprit de l’auteur de Guy Livingstone. […] L’aventure, l’extraordinaire, c’est lui-même… Les faits extérieurs, pour un homme comme Lawrence, qui n’écrit que pour ses pairs, les faits extérieurs de toute destinée sont assez peu de chose, et il ne doit y avoir que des idées et des sentiments.
ou l’histoire de ce Visionnaire prodigieux, né en pleine époque rationaliste et rationaliste lui-même, quoique visionnaire, cette histoire, difficile à écrire et plus difficile à comprendre, soulève-t-elle trop de questions pour que la Critique, ce feu follet du feuilleton, s’attache à ces questions et les éclaire de son phosphore de passage ? […] Matter, qui a écrit une Vie de Saint Martin et un livre sur Fénelon, a voulu nous donner une histoire critique de l’étonnant Suédois, et faire voir clair, s’il le pouvait, dans ce bizarre phénomène, entremêlé de tant de choses contradictoires et incroyables, et qui présente, avec son nom superbe et sonore de Swedenborg, le plus beau tambourin à la Moquerie, — le plus beau tambour à la Gloire ! […] Rappelez-vous ce livre, le plus difficile à écrire de tous les livres de Balzac, le plus sublime et le plus incompréhensible aux esprits vulgaires… heureusement ! […] Et toute la visée, qui va devenir une vision, de cet homme, est d’être le secrétaire intime de Dieu et d’écrire directement sous sa dictée. […] n’est pas cependant beaucoup plus clair que le bégayant Brid’oison quand il faut prononcer ce terrible mot d’imposteur sur la tête d’un homme qui sembla toujours un homme de bien, ou donner les raisons d’admettre cette hallucination, qui dura, sans s’interrompre une minute, de cinquante-huit à quatre-vingt-cinq ans, dans une tête aussi calme quand elle écrivait la Doctrine de la vie pour la Nouvelle Jérusalem, que quand elle écrivait, dans son livre du Règne animal, les chapitres sur les entrailles et sur les organes pectoraux.
Les Quatre grands chrétiens français n’ont pas certainement été écrits par un cinquième… Rien de plus médiocre, en effet, et que dis-je ? […] Félix Faure a écrit une Vie de saint Louis couronnée par l’Académie, et Guizot, qui emporte l’Académie dans sa poche comme Hercule les Pygmées dans un coin de sa peau de lion, se fait à lui-même politesse en caressant publiquement son petit. […] Les pasteurs de l’Église réformée ne pouvaient pas l’écrire. […] Ainsi, Guizot, qui a écrit à la tête de son livre le mot Vie, — Vies de Quatre grands chrétiens français, — n’avait pas, en réalité, le droit de l’écrire, puisqu’il ne nous donne qu’une biographie dédoublée. […] J’avais envie d’épargner cette critique au grand âge de Guizot ; mais, lui, nous a-t-il épargné d’écrire un livre que nous ne lui demandions pas ?
Il avait une femme et une fille que le monde connaît, car il les lui a apprises dans cette poésie, qui fut la dernière qu’il ait écrite, et qu’il consacra, sous le titre de : Quelques vers pour Elle à sa femme, morte depuis à peine quelques mois. […] Ce fut alors que le poète de tant de poésies vigoureuses se mit à écrire ces Quelques vers pour Elle, qui ont été ses derniers vers. […] Amédée Pommier contint son cœur, et par piété pour la mémoire de sa femme, il s’attendit… il attendit qu’il fût capable d’écrire simplement cette vie à trois dont ils avaient vécu, et, simplement, il l’a écrite. […] L’impression de cela ne peut pas s’écrire, et bien des âmes en furent remuées. Mais ce qui rend cette impression encore plus profonde, c’est qu’immédiatement après avoir tracé cet écrit qu’on ne sait trop comment nommer, cette espèce de révélation testamentaire de sa vie, Amédée Pommier soit mort, après l’avoir signée· Cette mort presque subite donne, je trouve, à sa vie, la grandeur d’une destinée.
Georges-Alfred Lawrence serait un brillant officier, très-aristocratique d’origine et de fortune, aimant la chasse, les armes, les chevaux, qu’il monte lui-même sur le turf, et « ayant gagné un grand nombre de steeple-chases. » C’est entre deux de ces courses, probablement, qu’il aura écrit ce premier roman de Guy Livingstone, publié d’abord à la mode anglaise, sans nom d’auteur, et dans lequel il a montré une vaillance de talent qui ressemble fort à la vocation la plus déterminée. […] Bernard Derosne nous assure que Guy Livingstone a été écrit en « vingt-sept jours » et sans « autre but que l’envie de se distraire. » Mot bien nonchalant pour une chose si intense ! […] Et cependant l’admiration que nous avons pour le grand poëte saigne dans nos cœurs quand nous voyons, en ses Mémoires, cette glace d’une magique beauté, mais qui nous l’a tant rapetissé en le réfléchissant, qu’il eût pu, s’il avait voulu, arracher encore aux riens de son existence de dandy assez d’heures pour achever le Don Juan ou pour nous écrire quelque autre poème, comme Lara ou le Giaour. II Et j’écris, non sans dessein, ce nom de Byron, que j’aime d’ailleurs tant à écrire, car je ne crois pas qu’aucun nom puisse jamais exercer plus d’empire que celui-là sur l’esprit de l’auteur de Guy Livingstone. […] Lawrence, qui n’écrit que pour ses pairs, les faits extérieurs de toute destinée sont assez peu de chose, et il ne doit y avoir que des idées et des sentiments.
Il écrivait alors l’Histoire romaine. […] A-t-il écrit autre chose ? […] Il écrit avec aisance, justesse et netteté. […] Il voulait l’écrire. […] Là elle écrit ou rêve ; ici elle prend un livre.
Camille Mauclair Bilitis a chanté par son caprice des mélodies si admirables, que, les ayant notées, il s’est trouvé faire un livre auprès duquel il n’avait rien écrit. […] Il a écrit là un des meilleurs livres d’art que cette génération ait donnés. […] Sachez qu’on n’a rien écrit de plus parfait en prose française depuis le Roman de la Momie et depuis Salammbô. Soyez sûrs que les cendres de Gautier ont frémi de joie, à l’apparition de ce livre, et que, dans le paradis des lettrés, l’ombre de Flaubert hurle, à l’heure qu’il est, des phrases de Pierre Louÿs, les soumet à l’infaillible épreuve de son gueuloir, et qu’elles la subissent victorieusement… Enfin voilà donc un jeune, un vrai jeune — Pierre Louÿs n’a pas vingt-six ans — qui nous donne un beau livre ; un livre écrit dans une langue impeccable, avec les formules classiques et les mots de tout le monde, mais rénovés et rajeunis à force de goût et d’art ; un livre très savant et où se révèle, à chaque page, une connaissance approfondie de l’antiquité et de la littérature grecque, mais sans pédantisme aucun et ne sentant jamais l’huile et l’effort ; un livre dont la table contient sans doute un symbole ingénieux et poétique, mais un symbole parfaitement clair ; un livre, enfin, qui est vraiment issu de notre tradition et animé de notre génie et dans lequel la beauté, la force et la grâce se montrent toujours en plein soleil, et inondées d’éclatante lumière !
Surtout quand on veut séparer l’esprit du cœur et ne pas faire appel à son intelligence pour traduire ses sentiments, on est vite à court, et très embarrassé de parler ou d’écrire. […] Le cœur plein d’une ardente amitié, on écrit ; quand on a mis : je vous aime bien, que reste-t-il, qu’à le répéter ? Une fois le mot écrit, qui est la notation exacte du sentiment, le cœur qui déborde ne trouve plus rien à dire. […] Plus de génie, et non plus de passion, voilà ce qui a fait que, sur des malheurs communs, quelques-uns ont écrit des plaintes non communes. […] Elles ont des impressions fortes, des émotions vives, et elles ne trouvent rien à dire, rien à écrire.
On trouve la phrase qu’on vient d’écrire incomplète et inexacte : on la fait suivre d’une autre qui le sera moins, et l’on avancera ainsi péniblement et tortueusement vers l’objet qu’on a en vue, par une fastidieuse suite de tâtonnements et d’approximations. […] Surtout que l’on se défie des adjectifs, quand on commence à écrire. […] Les phrases longues peuvent être parfaitement nettes, et il n’est pas besoin d’écrire d’un style haché, ni d’éviter les qui et les que : mais il faut ménager la peine de son lecteur, lui offrir, comme disait Pascal, des reposoirs, pratiquer des jours, et ne pas l’essouffler à travers d’interminables périodes, inégales, tortueuses et mal éclairées. […] Les débutants qui ont quelque vivacité d’esprit manquent souvent de précision ; ils écrivent facilement avec prolixité et éteignent la propriété des termes dans une abondance un peu trop fluide de paroles : la phrase n’est pas liée, ni arrêtée ; le dessin en est mou et le contour indécis. […] On ne voit presque rien percer dans leurs écrits du feu et de l’emportement de la jeunesse : la plupart d’entre eux font terne et vieux.
Mais de plus au moyen âge, l’Église a sa langue qui n’est pas la langue française : elle parle, elle écrit le latin ; du moins ne confie-t-elle au français que les moindres manifestations de sa pensée, les plus vulgaires ou qui avaient le plus besoin d’être vulgarisées. Souvent aussi, elle écrit en latin ce qu’elle a dit en français : aussi notre littérature ne porte-t-elle qu’un témoignage indirect de la puissance de l’Église et de la direction qu’elle imprime à la pensée humaine. […] Le vilain n’écrit guère, et l’on n’écrit guère pour lui : deux voix en somme firent à travers les siècles le grand concert de la littérature française, celle de la bourgeoisie et celle de l’aristocratie, se répondant, se mêlant, se recouvrant en mille façons, toujours distinctes et reconnaissables à leur timbre singulier, qui ne s’efface même pas dans l’uniformité ecclésiastique. […] Rutebeuf, Jean de Meung quittent l’un sa Champagne et l’autre son Orléanais, et écrivent à Paris.
On ne s’est guère intéressé jusqu’ici aux mots du dictionnaire que pour en écrire l’histoire, sans prendre garde à leur beauté propre, de forme, de sonorité, d’écriture. […] Il y a aussi un grand nombre de termes abstraits qui, quoique d’une physionomie assez barbare, nous sont indispensables, tant que le vocabulaire n’aura pas subi une réforme radicale ; dès qu’on touche aux abstractions, il faut écrire en gréco-français ; cet essai sera, et est déjà plein de mots que je répudie comme écrivain, mais sans lesquels je ne puis penser. On ne peut les supprimer, mais on peut tenter de les rendre moins laids : cela sera l’objet d’un des chapitres que j’ai le dessein d’écrire. […] Nous ne comprenons plus, sans études préalables, le vieux français ; la tradition a été rompue le jour où les deux littératures, française et latine, se trouvèrent réunies aux mains des lettrés ; les hommes qui savent deux langues empruntent nécessairement, quand ils écrivent la plus pauvre, les termes qui lui manquent et que l’autre possède en abondance. Or, à ce moment, le français paraissait aussi pauvre en termes abstraits que le latin classique, tandis que le latin du moyen âge, enrichi de toute la terminologie scolastique6, était devenu apte à exprimer, avec la dernière subtilité, toutes les idées ; ce latin médiéval a versé dans le français toutes ses abstractions ; la philosophie et toutes les sciences adjacentes s’écrivent toujours dans la langue de Raymond Lulle.
On avait déjà beaucoup écrit. […] Elle est écrite avec précaution, mais avec critique et bonne foi. […] Il écrivit l’histoire avec simplicité, sans la dessécher ni la dénaturer. […] Dans tout ce qu’il a écrit, on trouve de l’intérêt et du charme. […] C’est prendre l’art d’écrire pour un art mécanique.
Je n’écris pas pour autre chose que pour donner à réfléchir. […] Hæckel écrivait cela en 1892). […] Albert Jean, pour la clarté de l’affaire, qui écrira sur M. […] Albert Jean écrira en 1920 de M. […] Vous écrirez.
Jamais il ne devrait écrire : — Ceci est bon ou mauvais ! […] Case a écrit un bon livre que le succès a déjà accueilli. […] Je l’ai battue, l’autre soir, comme un portefaix, et voici ce qu’elle m’écrit. […] Je ne puis que me résumer en disant que ce livre, un des plus développés qu’ait écrits M. […] Sa prétention à étonner le bourgeois, m’écrit-on, en est la preuve.
Prévost les a écrites prestement et avec l’art le plus parfait. […] Et il écrit à Joffre, et il écrit au roi Albert, et il écrit au président du Haut Conseil fédéral suisse. […] C’est au point qu’après avoir écrit des romans historiques, l’auteur de La Savelli en vint à écrire de l’histoire. […] « J’écris par dilettantisme ! […] Non, Émile Ollivier n’écrit pas par dilettantisme : il écrit par esprit de bataille.
Son personnage était aussi populaire que ses écrits. […] Tous ses écrits comportent un enseignement. […] Il écrivait : « Je le jure ! […] Il vint à Paris, mélancolique et occupé du projet d’écrire. […] Et il écrit à une amie : « Je travaille, le matin.
Elle écrivait alors, comme elle le dit, sous l’empire d’une émotion, non d’un système. […] Écrire est, pour certaines personnes, aussi naturel que respirer. […] Ils disaient qu’il ne fallait pas écrire pour les ignorants ; ils me conspuaient, parce que je ne voulais écrire que pour ceux-là, vu qu’eux seuls ont besoin de quelque chose. […] Si encore on n’avait à écrire qu’à ses amis ! […] Elle avait tant écrit pendant sa vie qu’elle voulait se reposer d’écrire toute l’éternité.
C’est la loi de l’art d’écrire. […] Jamais la puissance de la parole écrite ne s’est plus complètement manifestée. […] Quand Molière l’écrivit, c’était une action de courage. […] C’est pourtant un philosophe qui sait lire et écrire ! […] On a écrit et débité de grandes sottises au nom de la nature.
car il faut les aimer, quand on veut leur écrire. […] Ce qui empêchera toujours les Ecrivains de devenir profonds, c’est de n’écrire point ce qu’ils sentent avec le plus de force. […] comme cela est bien écrit ! […] Il est des choses qui font penser rapidement, & ce sont presque toujours celles que l’on n’écrit jamais. […] On a aujourd’hui trop d’admiration pour ce qu’on appelle le bien écrit.
Les questions de gouvernement sont donc, par leur importance, celles sur lesquelles les hommes ont le plus parlé, discuté, écrit ; ce que les hommes de tous les siècles ont écrit sur les gouvernements et sur la société est ce que nous appelons la littérature politique. […] Vous vous répondrez : C’est celui qui puise toutes ses lois dans le code de la conscience, ce code muet écrit en instincts dans notre âme par Dieu. […] Or, bien que la Chine soit le pays le plus historique de tous les pays du globe, puisqu’il écrit depuis qu’il existe, et qu’il écrit jour par jour par ses mains les plus officielles et les plus authentiques, ce peuple n’en commence pas moins, comme toutes les races humaines, par le mystère. […] une morale écrite ? […] Cette œuvre terminée, il cessa d’écrire.
Elles sont en prose et écrites en entier. […] On voit que Molière perfectionna sa manière d’écrire, par son séjour à Paris. […] Il n’y a que le premier acte et la première scène du second, qui soient en vers : Molière, pressé par le temps, écrivit le reste en prose. […] Celui qui écrit ceci, a vu la scène écrite de la main de Molière, entre les mains du fils de Pierre Marcassus, ami de l’auteur. […] C’est la première comédie que Molière ait écrite en vers libres.
Au retour et durant les soirées d’hiver, il en écrivait pour eux des relations détaillées et illustrées. […] Il le fit dans une brochure écrite en style soi-disant gaulois ou très-vieilli. […] Lui-même il a, depuis six mois, ses poches remplies de lettres qu’il écrit sans cesse et qu’il relit solitaire, sans jamais oser les remettre. Si Louise avait écrit, si le chantre avait parlé à M. […] Le nom s’écrit avec l’ö tréma ; il suffira de le remarquer une fois sans avoir à s’y astreindre durant tout l’article.
Fantine savait à peine lire et ne savait pas écrire ; on lui avait seulement appris dans son enfance à signer son nom ; elle avait fait écrire par un écrivain public une lettre à Tholomyès, puis une seconde, puis une troisième. […] Il alla à l’école à quarante ans, et apprit à lire, à écrire, à compter. […] Il y aurait un chapitre par mot à écrire pour réfuter le forçat ; M. […] Rousseau, ni Lamennais, n’ont jamais écrit de ce style. […] Il faut être poète pour sentir ce chapitre, mais il faut être plus que poète pour l’avoir écrit.
Un peu de sottise à côté de quelque talent, c’est comme une petite enseigne qu’on porte avec soi, et sur laquelle est écrit : Regardez ma qualité ! […] Un piquant morceau écrit en 1807, des Amis dans le malheur, me paraît contenir quelques allusions à cette situation des années précédentes. […] Mais dites-moi, je vous prie, si c’est Mlle de Meulan qui a écrit le morceau sur Vauvenargues et celui sur le Thibet, les Anglais, etc. […] Suard de Mlle de Meulan, de sa situation, et il avait écrit. […] Mlle de Meulan avait eu fréquemment l’occasion d’écrire quelques pages sur l’éducation et d’essayer ses idées à ce sujet.
En 1729, Montesquieu écrivait sur son carnet de voyage : « Point de religion en Angleterre ; quatre ou cinq de la Chambre des Communes vont à la messe ou au sermon de la Chambre… Si quelqu’un parle de religion, tout le monde se met à rire. […] Toute cette philosophie écrite a été dite, et elle a été dite avec l’accent, l’entrain, le naturel inimitable de l’improvisation, avec les gestes et l’expression mobile de la malice et de l’enthousiasme. […] Walpole, bon observateur, ne s’y est pas trompé. « D’après ce que je vous ai dit de leurs opinions religieuses ou plutôt irréligieuses, ne concluez pas, écrit-il, que les personnes de qualité, les hommes du moins, soient athées. […] Un mot redoutable, celui de citoyen, importé par Rousseau, est entré dans le langage ordinaire, et, ce qui est décisif, les femmes s’en parent comme d’une cocarde. « Vous savez combien je suis citoyenne, écrit une jeune fille à son amie. […] On laissait un libre cours à tous les écrits réformateurs, à tous les projets d’innovation, aux pensées les plus libérales, aux systèmes les plus hardis.
Ecrire est pour lui un pis-aller ; son bonheur eût été d’être un fondateur d’Etat. […] Il y aurait un curieux chapitre à écrire sur les rapports des financiers et des gens de lettres. […] Ton seigneur et maître, c’est le public qui te paie ; écris selon son goût, non selon le tien. […] Celui qui suit les conseils de la première écrit, écrit, écrit, compile, compile, compile ; il arrive ainsi à se faire bon an mal an une jolie rente, et il offre alors ce contraste paradoxal d’être souvent l’auteur de trente ou quarante ouvrages et d’être à peu près nul et non avenu pour l’histoire de la littérature. […] Mais trève à ces répercussions que la vie économique exerce sur les écrits et les paroles des hommes !
Quelqu’un parle d’une lettre écrite par lui à Paganini, le lendemain de sa première audition, lettre dans laquelle le maestro est tout entier. […] Il vous disait : « Moi, j’ai la plus grande facilité poétique, en pension, il m’arrivait, quand un devoir était difficile, de l’écrire en vers… » et je me doute de ce que pouvaient être ses vers ! […] Je ne partage pas cette opinion et je crois que le même morceau, écrit à quatre époques différentes, dans des dispositions d’esprit dissemblables, aura dans chacune de ses élaborations, s’il est écrit par un homme de talent, une excellence, une perfection autre, mais adéquate. […] Il n’y a pas huit jours qu’il était venu, en voisin, me demander de lui écrire la préface de son troisième volume de Paris au jour le jour. […] George Barral m’écrit qu’il a fait allusion à ce détail, dans son Précis de l’histoire sous Napoléon Ier .
Pour plus de clarté, j’écrirai Harmonie et Rythme au sens général, rythme et harmonie dans le sens particulier. […] Et pourtant ce poète se révèle un subtil écouteur de sa pensée lorsqu’il écrit Eurythmie. […] L’art est subjectif, mais il est objectif aussi, sans cela pourquoi ne point songer seulement, pourquoi écrire, peindre, sculpter ? […] Elle apparaît visiblement dans les écrits d’autres poètes, et non des moins doués. […] La plupart s’imaginent, je crois, écrire ainsi des mélodies.
Il n’en faudrait même pas parler si, dans cet art si difficile de la tragédie, il n’y avait quelque gloire, non seulement à écrire une belle scène, mais à relever par de beaux vers une scène médiocre. […] Il ne faisait pas de plan ; on n’en cite qu’un qu’il ait écrit, c’est celui de Xerxès. […] Le voilà qui se choque du prosaïsme de notre poésie, et qui extrait du théâtre de Racine quinze ou vingt vers médiocres pour s’autoriser à écrire plus hardiment. […] Tandis qu’il écrivait Alzire, il disputait à Euler un prix de physique. […] C’est à ce propos qu’il écrivait au comte d’Argental : « Tout Paris est devenu Welche. » La même année, il avait écrit, pour la lecture, les Lois de Minos.
Un traité de la vie élégante, partout où il s’écrit, fût-ce en Chine, n’est jamais que cela. […] Ils ne sont ni l’expression d’une société vivante, ni même l’œuvre d’un homme vivant ; car Balzac semble avoir traversé le tombeau pour les écrire et pris une âme de ce passé qu’il a voulu peindre. […] Leur effet ne sortira pas de cet arcane littéraire où le vieux langage dans lequel ils sont écrits doit nécessairement les retenir. […] Et, de fait, Balzac n’a pas dû écrire beaucoup en dehors de ce que j’appelle les productions publiques de sa pensée : livres, articles, mémoires. […] Il ne se mirait guères dans cette glace des lettres qu’on écrit, comme le font les Narcisses de l’oisiveté.