Toute vérité, en morale, est une partie du christianisme, qui est toute la vérité. […] En morale, aucune erreur absolue ; mais vérité incomplète, vérité exagérée, vérité mal appliquée. […] Comme s’il y avait deux vérités faites pour se combattre l’une l’autre ! […] Il existe au fond de l’âme une sorte de tradition de la vérité, car la vérité est le point de départ de l’esprit humain. […] Mais il naît égaré ; mais la première des vérités lui manque.
Le résultat de leur sensibilité médiocre sera vraisemblablement l’amour de la science ou de la vérité abstraite, et le défaut de goût et de chaleur. […] Mill ramène de même à l’expérience les axiomes et les vérités nécessaires. […] Les axiomes ne sont pas à priori ; ce sont des vérités expérimentales, des généralisations de l’observation. […] C’est donc sur une prolongation et reproduction interne de l’expérience que reposent en définitive les vérités dites à priori. […] Qu’est-ce qu’une vérité nécessaire ?
La vérité philosophique, la vérité de tous les temps et de tous les lieux, celle à laquelle toutes les sociétés humaines se reconnaissent, cette vérité qui n’a de sanction que dans l’expérience, voilà la nourriture habituelle de Rabelais. […] Les vérités générales sont enfin émancipées, et, si je puis ainsi parler, sécularisées. […] Rabelais tire la Vérité de son puits, et la prostitue aux yeux des passants. […] La vérité ne périt pas on la retire de dessous cet entassement de paroles vaines, mais on n’en a pas grande reconnaissance à Rabelais. […] Je croirais à ce calcul s’il n’y avait d’embrouillés et de confus que les endroits où la vérité pouvait être périlleuse à dire.
Ils rendent populaires, en les mettant à la portée de sa main, des vérités qui dans leur forme première, seraient restées longtemps inaccessibles. […] Qui sait même si nous ne pousserons pas l’amour de nous jusqu’à nous prendre pour la vérité elle-même ? […] Des vérités substituées aux idées, aux impressions, et, parmi ces vérités celles-là surtout qui servent, à la conduite de la vie. […] Le sens de ce grec francisé est transparent : Agnoste, inconnu ; Aléthée, vérité ; Éleuthère, liberté. Vérité liberté, c’est une belle devise pour Paris.
Alors, la vérité se fait jour. […] La vérité était que M. […] Tout est à étudier, voilà la vérité. […] C’est pourtant la stricte vérité. […] Aimons la vérité, et nous vaincrons.
Dans quel ordre d’idées Plutarque n’at-il pas, soit exprimé quelque vérité durable et féconde, soit recueilli quelque fait d’où sortira, sous la plume d’un autre écrivain une vérité de ce genre ? […] Quelle variété d’excursions et quelle curiosité universelle, quoique toujours réglée par le dessein de dire des vérités utiles à la conduite de la vie ! […] Ce sont les idées générales, les vérités toujours vraies ; et, à cet égard, il n’imagine rien ; mais son invention, son cachet propre, c’est le dessein de rattacher toutes ces idées, toutes ces vérités, à un sujet unique, à l’homme, étudié et confronté avec lui-même dans tous les pays et dans tous les temps. […] Mais les vérités y laissent chacun libre de se conduire à sa guise et les doutes n’y sont que des aveux de la sagesse bornée que Dieu a départie aux hommes. […] La vérité ne lui plaît que là où elle ne se présente pas sous la forme d’une affirmation.
Rendu par ce double événement bien plus difficile à résoudre, un tel problème, malgré tout ce qu’il a inspiré dernièrement aux esprits les plus opposés, n’était cependant pas arrivé à ce point de démonstration qu’il pût imposer sa solution, comme une loi, à l’État lui-même, après l’avoir imposée à l’Opinion, comme une vérité. […] Saint-Bonnet a ajouté la vigueur de l’idée chrétienne aux forces vives de son esprit ; et c’est ainsi qu’il est arrivé, non à la vérité par éclairs, mais au plein jour de la vérité. […] Les esprits superficiels…, nous savons ce qu’ils sont dans une époque où le système des majorités est une méthode de vérité. […] Quand on n’a pas ce bienheureux côté de médiocrité dans le talent qui nous vaut la sympathie vulgaire, on a besoin du temps pour la renommée de son nom ou la vérité qu’on annonce. […] Cela ne serait pas vrai et nous n’avons pas besoin d’exagérer la vérité dans l’intérêt de la vérité même.
et comme elle confirme bien cette vérité démontrée depuis longtemps par Aristote aux platoniciens, qu’à mesure qu’on remplace davantage les abstractions et les généralités par des notions particulières et concrètes, on augmente, avec l’intensité de la vie, l’intensité de l’intérêt ! […] L’école historique a découvert deux vérités, qui, bien qu’elles aient vaincu, ont encore à combattre et n’ont pas achevé de transformer la critique. […] La seconde vérité, c’est que les défauts essentiels sont les conditions des beautés essentielles, aphorisme qui peut s’exprimer ainsi : Chacun a les défauts de ses qualités. N’ayons garde de mépriser cette vérité sous prétexte qu’elle n’est pas neuve. Toutes les vérités sont vieilles ; mais apercevoir la portée nouvelle d’une vieille vérité, c’est vraiment découvrir.
Nicole étoit un de ces hommes qui persuadent sans être éloquens, par la seule force de la vérité développée. […] Si son Emile & ses autres ouvrages offrent de choses dangereuses, on a réduit ce qu’il a écrit aux seules vérités utiles, en publiant le recueil de ses Pensées. […] Quelques philosophes du nôtre ont trouvé que le piétisme l’avoit empêché d’élever son génie aux sublimes vérités de la morale. […] l’Abbé de Varennes, sont un traité de morale, semé de vérités bien développées, de moralités solides, & de quelques traits d’esprit. […] Les caractères sont tracés avec autant de vérité que de finesse.
Ce n’est qu’un tire-bouchon, et encore pour la longueur, car un tire-bouchon débouche quelque chose, et nous voudrions bien savoir quel flacon de vérités essentielles la philosophie a jamais débouché ! […] Ce qu’il lui faut de vérité pour vivre et de lumière pour l’éclairer, il les trouve dans la tradition et dans l’histoire. Qu’est-ce que toutes les philosophies du monde ont ajouté aux traditions de la vérité primitive et à celle qui les résume toutes, — à la doctrine de Jésus-Christ ? […] Il l’est, à la vérité, avec les réserves que font les honnêtes gens dans ce temps-ci, mais il l’est, nonobstant, de sentiment, d’idées, de rêveries. […] En dehors du christianisme, ces progrès sont nuls, et dans le cercle du christianisme, il ne peut pas y avoir progrès, puisqu’il y a vérité.
Si Phèdre a voulu faire voir qu’une association avec plus fort que soi est souvent dangereuse ; il y avait une grande quantité d’images ou d’allégories qui auraient rendu cette vérité sensible. […] Ce qui en fait la beauté, c’est la vérité du dialogue. Plusieurs personnes ne semblent voir dans cet Apologue qu’une vérité triviale, que le faible est opprimé par le fort. […] Au surplus, ce récit ne peut pas s’appeler une fable ; c’est une petite histoire allégorique qui conduit à une vérité morale. […] Quelques autres fables, comme celle des animaux malades de la peste, présentent peut-être des leçons plus importantes, offrent des vérités qui ont plus d’étendue, mais il n’y en a pas d’une exécution plus facile.
L’homme ne remonte pas plus haut que l’instinct, la vérité pour lui n’est qu’un invincible instinct. […] C’est un exercice de la vérité. […] C’est l’échafaudage de toute vérité. […] C’est beaucoup de graver dans la mémoire l’expression concise et forte de la vérité ; mais c’est plus encore de découvrir la vérité elle-même et de la mettre dans tout son jour. […] C’est par son goût pour la vérité.
La vérité des peintures doit faire rire les honnêtes gens et corriger les mœurs. […] Ce n’est pas toujours facile, ni surtout aisément compatible avec la vérité. […] Pas de vérité sans comique, peu de comique sans vérité, voilà la formule de Molière388. Le comique et la vérité se tirent du même fonds, c’est-à-dire de l’observation des types humains. […] Il a porté cette vérité même dans son jeu, qu’il a rendu le plus naturel possible.
Nous en sommes venus à mieux aimer l’esprit que l’emploi qui s’en fait, et l’écrivain que la vérité. […] Mais là où la matière est familière, et les vérités à la portée de tous, la perfection du style est dans l’absence même de cette marque de la personne. […] La gloire de bien écrire ne paraît point le toucher, et il songe bien moins à ce qu’on dira de lui qu’au dommage que pourrait souffrir la vérité de l’insuffisance de l’écrivain. […] Si, pour goûter, parmi ces vérités, les vérités de pure foi, il faut l’esprit de mortification qui reconnaît, avec l’auteur, tantôt le mal dans ce qui est le bien selon la sagesse humaine, tantôt le bien dans ce qui paraît le mal, toutes les autres sont goûtées par tous les esprits droits, fussent-ils prévenus contre la religion. […] Des vérités familières, de simples remarques sur les caractères et sur les mœurs, quelle qu’en soit d’ailleurs la justesse, risquent fort de ne pas piquer notre attention.
Vois-tu au-delà de la vie les jours purs de la vérité ? […] L’amour de la vérité a ses amans qui la préferent à tout. […] Toute vérité a été combattue, dès qu’elle s’est montrée pour la premiere fois. […] Or, les vues courtes s’obstinant sur une vérité qu’il leur est impossible de féconder, la vérité prend entre leurs mains l’insuffisance la plus stérile. […] Il me paroît avoir constamment tourné le dos à la vérité.
La France a son art ; elle exprime à son tour des vérités générales dans un langage définitif. […] Deux ordres de vérités constituent cet idéal : les vérités simples ou philosophiques qui constatent ce qui se fait, et les vérités morales, ou du devoir, qui établissent ce qu’il faut faire. […] Une très-petite part est faite à la pure curiosité, et aux spéculations qui ne mènent pas à quelque vérité d’application. […] Dans l’ordre des vérités philosophiques, quel spéculatif, parmi les anciens, a pénétré aussi avant que ses moralistes ? […] Et, dans l’ordre des vérités de devoir, quels espaces n’a-t-il pas ouverts à la morale ?
Pourquoi donc la vérité (et par vérité j’entends les vérités les plus essentielles à la vie morale), pourquoi, dis-je, ces vérités nécessaires lui auraient-elles manqué ? […] Qui a jamais dit : Ma vérité, votre vérité ? […] Ainsi successivement nouvelle vérité, et en même temps nouvelle erreur, afin que de vérités incomplètes en vérités incomplètes le cercle des vérités s’étende, les différents éléments de la pensée se manifestent et arrivent à leur entier développement. […] L’erreur est un des éléments de la pensée pris pour la pensée tout entière, une vérité incomplète convertie en une vérité complète. […] L’homme n’ouvre son entendement qu’à la vérité, et il faut que l’erreur prenne la forme de la vérité pour se faire admettre.
Les régies, dérivées de la tradition gréco-romaine, sont les conditions d’élaboration de la vérité intelligible en forme d’art. La vérité, scientifique ou philosophique, est toujours générale. […] Mais il ne faut pas croire qu’elle soit dédaigneusement artistique, curieuse de beauté, et indifférente au reste : les résultats pratiques des vérités énoncées l’intéressent. […] Elle ne demande qu’à elle-même la vérité. […] On croit bonnement que la société peut se refaire par une simple opération de raisonnement, et que les faits se mettront tout seuls d’accord avec les vérités idéales.
C’est là une grande raison, il semble, pour que la vérité, qui ne change point, la vérité immortelle, ne se croie pas obligée, devant les insolentes exigences de l’esprit humain, de revêtir des formes nouvelles qui la feraient mieux accepter de ce Balthazar ennuyé à la dernière heure de son orgie. […] venue d’en haut comme la lumière, la vérité révélée se rallume comme la lumière sur le flambeau où l’on croyait l’avoir éteinte. […] Pour tout cœur pur et tout esprit juste, il est évident que la reproduction des Évangiles est la meilleure exposition des vérités de notre foi. […] Comme un de ces grands artistes lapidaires du Moyen Âge, il a incrusté de pierres précieuses le tabernacle… Mais c’est moins un but d’adoration et de rayonnement splendide qu’il a eu en vue, que la pensée plus mâle de la propagation des idées et des faits qui sont pour nous la vérité. […] Le catholicisme a cela de remarquable que, par cela seul qu’il est la vérité, il élève tous les esprits dans une sphère de lumière qui les échauffe et les pénètre.
A la vérité, il en a quelque scrupule. […] La recherche est délicate ; mais elle est dans mon sujet, et la vérité me la commande. […] La vérité même y a je ne sais quoi de personnel à l’écrivain qui lui donne le même air qu’à l’erreur. […] Où Bossuet cesse de voir la vérité, on sent que c’est notre nature qui fléchit, comme sous une recherche au-dessus de ses forces. […] La vérité manque souvent à ces caractères formés de traits qui appartiennent à des civilisations différentes.
Mais à ce prix la Vérité demeurerait incommunicable ! […] Les personnages de Racine ont une vérité de convention ; les passions de Racine ont une vérité de réalité. […] Ce grand frisson de manifester la vérité (chrétienne) de Dieu, de trouver la vérité (philosophique) du Monde, d’étudier la vérité (passionnelle) de l’Homme, est l’universelle nouveauté de notre époque classique. […] à l’unité primitive de la Vérité et de la Beauté. […] La Vérité peut-elle n’être pas très belle ?
Il marche ainsi des vérités partielles à des vérités plus générales, mais sans jamais oser prétendre qu’il tient la vérité absolue. […] Les vérités mathématiques étant immuables et absolues, la science s’accroît par juxtaposition simple et successive de toutes les vérités acquises. […] Chaque temps a sa somme d’erreurs et de vérités. […] Mais chacune de ces vérités particulières s’ajoute aux autres pour constituer des vérités plus générales. […] Rappelons-nous comment nous avons caractérisé les vérités mathématiques et les vérités expérimentales.
Quelques années encore et l’universalité, la nécessité des rapports qu’elle exprime, leur interdépendance, apparaissaient comme les caractères de la vérité scientifique et la différenciaient de la vérité historique. […] Le genre de certitude que comporte renonciation de la vérité mathématique ou physique devenait la mesure ou le type de toute certitude. […] La vérité scientifique en soi n’est donc pas d’un autre ordre que les vérités qu’on l’a vue quelquefois essayer, non seulement de se subordonner, mais d’« intérioriser. » La connaissance que nous avons des lois de la nature n’a rien de plus « objectif », ou de plus « absolu », que celle que nous pouvons acquérir des lois de l’esprit ou de celles de l’histoire. […] Ce n’est pas, à la vérité, que la solution de la difficulté soit aisée, et ce n’est pas non plus qu’en s’efforçant de la donner, de nombreux philosophes n’aient fait preuve d’infiniment d’esprit. […] Nous ne pensons donc le principe d’Archimède qu’« en relation » de ces notions, et le principe lui-même n’a de sens ou de vérité qu’en fonction de ces relations.
« Rien ne peut faire que je n’aie pas aimé, cherché et dit la vérité. » Vous entendez : la vérité. […] Ici est la vérité. Voici Thouvenin qui s’avance vers la rampe, en bonne lumière, et près du souffleur : « La vérité, la vérité absolue, voulez-vous la savoir ? […] La voilà, la vérité. » Ouvrez le catéchisme. […] Or la fortune de ce théâtre ne viendrait-elle pas de cette extraordinaire faculté de Dumas : Suggérer qu’il sait la vérité, la solution des difficultés morales, qu’il va élucider, escamoter le problème, et, manches retroussées, vous faire circuler la solution. — Y a-t-il dans la salle une fille-mère de bonne volonté qui veuille bien me prêter un instant sa fausse situation ?
… Quelle vérité ! quelle cruelle vérité ! […] Ce dernier morceau est d’une vérité terrible.) […] La vérité (et nous parlons ici de la vérité humaine, de ce qui fait que l’homme lui-même est vérité) est une transformation de l’être qui la reçoit. […] Erreur de principe, puisque c’est substituer à des vérités complètes et fécondes des vérités incomplètes et, par là même, stériles.
Qu’on puisse tirer de la vérité des effets utiles, il ne l’a jamais soupçonné. […] Peu lui importe ; il n’ôtera rien à la vérité. […] Nous osons regarder de près les idées représentatives, meurtrières maudites de la certitude ; et si, par hasard, la vérité se rencontre chez elles, nous irons prendre chez elles la vérité. […] Pour rendre cette vérité sensible, prenons une idée sensible. […] Par quelle mécanique admirable la nature tire-t-elle la vérité de l’erreur ?
Nul plus que lui, l’auteur de la Henriade, de la Pucelle et de l’Essai sur les Mœurs, ne commit de crimes en histoire, et personne non plus parmi ces assassins de la vérité, qu’on ne traîne pas à l’échafaud, ne les commit avec un bonheur plus insolent, une plus épouvantable fortune. […] Dès lors, toute attaque dirigée contre la religion catholique apportait dans les conditions d’existence de la société française une perturbation que le gouvernement ou la société si le gouvernement passait à l’ennemi, comme, par exemple, dans le cas de la royauté protestante d’Henri IV, avait le droit et le devoir de réprimer comme un attentat… » Très certainement, rien n’est plus vrai et d’une vérité plus élémentaire, mais rien aussi n’est d’une vérité plus impuissante sur la masse des esprits, qu’une telle affirmation, et cela en raison de sa clarté et de sa simplicité même. […] Son livre, qui n’apprendra rien aux catholiques sur le fond des choses, n’imposera point la vérité à ceux-là qui la méconnaissent. […] Non seulement, comme nous l’avons dit plus haut, ce livre ne remonte pas aux causes qui produisirent la Ligue, mais, de plus, il n’éclaire pas les faits qui suivirent sa dissolution, et qui auraient mieux prouvé, que ses causes encore, combien elle était dans la vérité. […] … Nous ne le pensons pas, et nous croyons même qu’il appartenait à un historien de la Ligue de rétablir la vérité de physionomie dans une si facile et si fausse grandeur.
Des cerveaux se sont illuminés de conscience, pour lesquels ce qui avait été l’unique vérité devint l’erreur. […] Le moule, — aussi large que la vérité, aux yeux du moyen âge, indiscutablement étroit à nos yeux — dans lequel l’Europe médiévale avait enfermé le monde et l’homme, toute la vie, se trouva, au bout de huit siècles, insuffisant pour contenir l’ensemble des êtres et des choses. […] Certains d’entre les libérés eurent bientôt l’intuition d’une vérité nouvelle : que le monde ne pouvait être enfermé dans un moule, quel qu’il fût, et que sa réalité seule contenait toute la révélation. […] L’âpreté de la lutte ne nous permet plus cette modération dont s’atténue l’expression de sa pensée ; nous avons besoin de vérités plus brutales et plus radicales, dont l’équivoque soit totalement absente. […] Et si la découverte de la vérité a l’importance positive que je lui attribue, peut-être n’aurais-je point fait, suivant mes forces, besogne inutile.
Fournier se fût peut-être naturellement élevé de l’érudition à la critique ; il aurait virilement creusé le roc vif de l’histoire, et, s’il n’en eût pas percé les blocs et sondé les assises, il aurait au moins remué et retourné quelques-unes des pierres dont elle est faite, tandis qu’imitateur d’un vieillard dont les grâces séniles sont perdues, devenu sceptique… comme lui, par amour tremblant de la vérité, il ne nous a donné pour tout résultat que le petit regrattage de choses et de mots historiques qu’il appelle l’Esprit de l’histoire… L’Esprit de l’histoire ! […] Édouard Fournier, qui s’est fait sceptique par amour de la vérité, non de la vérité morale, de la grande vérité d’ensemble et d’effet, mais de la petite vérité matérielle, incertaine et pharisaïque, Édouard Fournier n’a pas même le scepticisme courageux. […] En effet, avec tout ce qui fausse ou entrave en toute chose le jugement des hommes, avec tout ce qui cache à leurs faibles yeux la pointe de la vérité, avec tous les impedimenta de l’histoire, et les passions, et les partis, et les dauphins, et leurs précepteurs, et les bourgeois qui ont remplacé les dauphins, et les Martin qui ont remplacé les Bossuet, ce n’est pas qu’il y ait dans l’histoire quelques déplacements d’anecdotes, quelques reflets des autres temps, quelques inventions, quelques préjugés, quelques misères, qui doit étonner, mais c’est plutôt qu’il n’y en ait pas beaucoup plus ! […] Au point de vue absolu de l’histoire et de sa vérité morale, comme au point de vue de son autorité et de son influence sur les imaginations et sur les cœurs, un livre pareil, nous n’hésitons pas à dire le mot, est détestable. […] Ce Petit Poucet de l’érudition atomistique, qui va à la picorée des miettes de vérité semées dans les ornières des chemins, en ramasse parfois ; mais c’est là trop peu de chose pour nourrir personne.
Qu’y a-t-il de plus beau, en effet, que d’écrire bravement ce qu’on croit être la vérité, et de l’écrire pour soi et pour elle, sans se préoccuper de ce que les autres en penseront ? […] Elle n’est pour lui que la « révélation des lois de notre entendement, c’est-à-dire des vérités de sens moral et de sens commun, et dont le principe est dans nous tous tant que nous sommes ». […] Pour cette raison, l’idée du « sens moral et commun révélé par les lois de notre entendement » que je trouve sous sa plume, je la connais, et puisqu’il s’agit de la vérité, je ne suis pas honteux de dire qu’elle m’épouvante. […] Il y tomba sous la pression de cette idée du sens commun prise comme criterium de toute vérité, et que tous les esprits faussés par une révolte quelconque de l’esprit ou du cœur peuvent invoquer. […] , qu’il ne lui est plus possible d’en sortir jamais, — soit pour aller aux hommes, soit pour aller à Dieu (le chemin manque), — et qu’il n’est plus capable d’inventer un criterium absolu et universel, comme doit être tout criterium de vérité.
Les philosophes d’Allemagne, entourés d’institutions vicieuses, sans excuses, comme sans avantages, se sont entièrement livrés à l’examen rigoureux des vérités naturelles. […] Mais je n’en connais point qui renferme une peinture plus frappante et plus vraie des égarements de l’enthousiasme, une vue plus perçante dans le malheur, dans cet abîme de la nature, où toutes les vérités se découvrent à l’œil qui sait les y chercher. […] Cette vérité dans les expressions de l’amour et les tableaux de la nature, à travers toutes les inventions les plus bizarres, produit un effet remarquable. […] Peut-être un détour était-il quelquefois nécessaire pour enseigner la vérité. […] D’ailleurs toutes les vérités sont susceptibles d’évidence, et l’évidence ne fait pas de secte.
En même temps, et comme vérité dernière, la comédie a trouvé sa morale. […] La vérité de la vie remplaçait la vérité de convention. […] La vérité voulait qu’il ne fût pas ménagé. […] Il n’est conte fait par elle qu’il ne soit prêt à tenir pour vérité. […] Est-ce bien d’ailleurs une vérité de situation ?
. — Genre de vérités ; beautés de la langue et du style de Montesquieu. […] Si la pensée a eu quelque chose de trop timide au dix-septième siècle sur certaines matières de grande conséquence, le dix-huitième siècle y supplée, et rend à l’esprit humain, avec la liberté, la vérité. […] La comparaison sert à faire voir non des infériorités, mais des différences dont la vérité historique, la morale et la langue ont profité. […] Attraits de l’Esprit des lois. — Genre de vérités. — Beautés de la langue et du style de Montesquieu. — Manque de méthode. […] L’ordre établi l’attaque, et ceux qui en veulent le renversement le louent avec tiédeur ; encore est-ce moins pour les vérités qu’il dit que pour celles qu’on le soupçonne de taire.
On me dira : selon quel critérium pourrons-nous juger de la vérité d’un personnage ? […] Je ne connais pourtant pas d’autre moyen de juger de la vérité. […] Vous avez donc les éléments nécessaires et suffisants pour juger de la vérité des peintures. […] Chacun de nous se suffirait presque pour peindre tous les vices et aussi toutes les vertus, s’il savait peindre ; pour reconnaître, du moins, la vérité de toutes les peintures de toutes les vertus et de tous les vices. […] Le caractère d’après les lectures, cela est donc vrai, mais, comme beaucoup de vérités, d’une vérité relative ; et c’est une observation intéressante, mais qui, comme toutes les observations, demande contrôle.
Pourquoi a-t-elle immolé avec si peu d'égards, la vérité, la décence, à l'essor de son imagination déréglée, & au désir de plaire à quelque prix que ce fût ? […] La justesse & la vérité en sont l’ame. […] Et cependant il a grand soin d’assarer, dans toutes ses Préfaces, que la vérité est son objet principal. […] Des lumieres, des vérités courageuses, des contradictions, des inconséquences, des absurdités. […] Le but du Philosophe est de découvrir & de faire connoître la vérité.
La vérité y vient d’en haut et non d’en bas. […] Guizot admet les mêmes principes, les mêmes vérités, et il s’en sert pour prouver la révélation. […] Il importe au succès même de la vérité que chacun dise ce qu’il pense, tout ce qu’il pense. […] Le domaine de la religion est d’une tout autre nature ; c’est la vérité absolue. […] C’est donc, quoiqu’il ne le dise pas expressément, le christianisme réformé qui pour lui est la vérité.
Le chœur des Grecs eût développé cette vérité dans un langage sententieux et poétique. […] Sans ces règles, ils multiplieraient, pour arriver à leur but, des tentatives dans lesquelles ils s’écarteraient toujours davantage de la vérité, de la nature et du goût. […] Leur prêter des expressions relevées, c’eût été manquer à la vérité des caractères, et dans ce cas la noblesse du dialogue serait devenue une inconvenance. […] Mais la vérité y perd peut-être encore. […] Il y a de la vérité dans ces deux manières de voir ; mais suivant qu’on adopte l’une ou l’autre, l’amour doit occuper, dans la poésie comme dans la morale, une place différente.
Honoré Bonhomme va demandant la vérité vraie, que l’histoire ne dit pas toujours… » Et à la suite de ce préambule, on nous prouve, moyennant citations louangeuses tirées d’articles de journaux, et conséquemment au système de la vérité vraie, que M. […] Honoré Bonhomme, qui depuis un certain jour « s’est révélé au monde littéraire », a commencé par dire quelques vérités qu’elle a rarement entendues… à qui ? […] La Vérité dans le vin, c’est mieux qu’un conte de Crébillon fils : c’est dans son genre, La Farce de Patelin du XVIIIe siècle. […] Il en résulte bien de l’injustice mêlée à quelques vérités. […] Ce n’était pas la peine à Collé de commencer par La Vérité dans le vin pour finir par conseiller à son jeune homme la lecture de Rollin et le Télémaque.
Il avait, réfutant le traité de l’Église de Duplessis-Mornay, établi trois vérités : vérité de l’existence de Dieu, contre les athées ; vérité du christianisme, contre les infidèles ; vérité du catholicisme, contre les protestants. […] Bien assurée de ce côté, la raison, mûrie dans les agitations du siècle et l’étude des anciens, se reconnaît juge souveraine de la vérité qu’on peut connaître, et la littérature s’imprègne d’un rationalisme positif et scientifique. […] Ce qui amène deux conséquences : la littérature devient l’expression de la vérité ; il faut donc qu’elle soit sincère et objective. […] Cependant le fond révèle une pensée déjà indépendante, qui choisit sa matière selon le besoin, et la traite selon la vérité. […] Si l’homme est le même dans tous les temps, l’histoire est chose bien mince, et la vérité historique n’est plus perçue.
Il crut possible de concilier cette disposition qui le rendait tout propre pour les vérités exactes, avec le goût qu’il avait pour les manières de dire agréables et assaisonnées. […] Dans ce singulier ouvrage, et qui reste agréable et encore utile malgré tout, il fit entrer les vérités de Copernic dans une enveloppe à la Scudéry ; mais ici le mauvais goût a beau faire, la vérité l’emporte et prend le dessus. […] Chez Fontenelle, la vérité nouvelle se déguise en madrigal, et elle passe plus sûrement. […] En fait d’astronomie et de physique, on n’a qu’à le laisser faire, et, comme on l’a dit très bien, il vous enjôle à la vérité. […] Ce grand esprit, atteint en ceci d’un reste de superstition, recule devant la vérité de Copernic et laisse indécise la balance.
Au début de ses feuilles de correspondance, il continue d’être dans les mêmes sentiments ; son ton et son intention ne sont rien moins que frivoles ; il ne voit, dans le secret qu’on lui promet, qu’une raison de plus d’exercer une franchise sans bornes : L’amour de la vérité, dit-il, exige cette justice sévère comme un devoir indispensable, et nos amis même n’auront pas à s’en plaindre, parce que la critique qui n’a pour objet que la justice et la vérité, et qui n’est point animée par le désir funeste de trouver mauvais ce qui est bon, peut bien être erronée et sujette à se rétracter quelquefois, mais ne peut jamais offenser personne. […] Mais, là où il le trouve incomparable, c’est dans l’art de dessiner des caractères, et de donner à tous ses personnages un air de vérité : Quel génie a pénétré jamais plus profondément dans tous les caractères et dans toutes les passions de la nature humaine ? […] Selon Grimm, il n’y a que deux manières de s’y prendre : ou bien s’appliquer à faire concevoir le plus clairement possible le petit nombre de vérités qu’on peut savoir (c’est ce qu’a fait Locke) ; ou bien peindre vivement l’impression particulière qu’on reçoit de ces mêmes vérités, ce qui sert du moins à multiplier les points de vue : et c’est ce qu’a fait Montaigne. […] Si elle était du petit nombre de ces vérités évidentes sur lesquelles il ne saurait ν avoir deux opinions, il ne pourrait en parler avec plus de confiance. » Rousseau lui paraissait dans le même cas pour son système sur l’état sauvage, ce prétendu âge d’or de félicité et de vertu. […] » Dans sa doctrine essentiellement aristocratique, il pensait encore que la vérité et la liberté, telles qu’il les entendait, n’appartiennent en ce monde qu’à un petit nombre, à une élite, et encore « sous la condition expresse d’en jouir sans trop s’en vanter ».
L’idée théologique de la vérité révélée condamnait la philosophie même à l’idolâtrie du texte perpétuellement commenté et développé. […] L’Italie la première avait retrouvé les deux clefs de l’antiquité : elle avait compris la vérité, senti la beauté des œuvres anciennes. […] Moins artiste que le génie italien, il a des tendances pratiques et positives, qui l’orienteront vers la recherche de la vérité scientifique ou morale : il trouvera de ce côté un appui dans les races septentrionales, en Angleterre, en Flandre, en Allemagne surtout, où la Renaissance prend la forme de l’érudition philologique et de la réforme religieuse. […] Un grand élan de curiosité porte le raisonnement et l’expérience vers la conquête de la vérité scientifique, plus rigoureusement définie quelle ne l’a jamais été chez les anciens, parce quelle emprunte le caractère d’absolue rigueur de la vérité théologique à laquelle elle s’oppose. […] On pourrait dire en deux mots que, au contact de l’Italie, et sous l’influence de l’antiquité, le bon sens français a dégagé d’abord l’idée de vérité rationnelle, puis celle de beauté esthétique, et que, demandant à sa littérature une vérité belle et une beauté vraie, il en a circonscrit le domaine aux sujets dans lesquels la coïncidence ou bien l’identité de ces deux idées se trouve le plus naturellement réalisée.
Pelletan restera la profession de foi — isolée — de son auteur aux incomparables grandeurs et à la vérité du dix-neuvième siècle, et nous ne disons pas assez, à toutes les grandeurs et à la vérité de tous les siècles qui le suivront. […] Pelletan, qui a l’esprit ardent des hommes faits pour la vérité, a mesuré la difficulté avec son courage. […] En nous tenant en dehors des livres qui sont pour nous la vérité, les premiers développements humains des sociétés, comme M. […] Pelletan dans sa recherche d’une très difficile vérité. […] Mais quoi qu’il en puisse être, l’auteur de la Profession de foi du dix-neuvième siècle est un mystique ; c’est un mystique dans l’erreur comme il y a des mystiques dans la vérité.
Quarante années d’héroïque labeur, de pureté et d’intégrité absolues, lui donnaient peut-être le droit d’éviter un certain ton dogmatique en parlant des vérités morales. […] À la vérité, ces novateurs ont découvert que l’âme avait son prix et qu’il faut avoir pitié des humbles et des souffrants. […] Renan, dans sa préface, « ne réclame pour ces pages qu’un mérite, celui de montrer dans son naturel, atteint d’une forte encéphalite, un jeune homme vivant uniquement dans sa tête et croyant frénétiquement à la vérité ». […] Mais l’accent était le même ; c’était le même sérieux, la même ardeur pieuse, la même émotion profonde de tout l’être attentif à la vérité. […] La réalité s’est trouvée plus dure, la vérité plus inaccessible, le bien plus difficilement réalisable qu’il ne se l’était figuré.
La vérité, pour eux, c’était le mouvement continu vers quelque chose qui reculait toujours ! […] Alaux, avec sa Religion progressive, ce doit être encore, celui-là, un postillon philosophique de ce temps, qui ne court pas seulement la poste vers la vérité, mais qui croit que la vérité n’est qu’une poste ou plusieurs postes à courir ! […] III Et la preuve de ceci, c’est que la Religion progressive, qu’il vient proposer au monde en détresse de vérité comme une découverte, un apaisement et le salut, n’est pas du tout une idée nouvelle. […] D’un autre côté, en tant qu’invention, que système religieux, — et un système religieux est loin d’être une religion encore, — la Religion progressive, — même à nos yeux, à nous, catholiques, qui, comme ce grand siècle marcheur, ne cherchons pas la vérité sur toutes les routes, parce que nous savons où elle se tient, immobile et rayonnante ! […] Preuve frappante de la Vérité immuable pour laquelle le monde est fait, et qui met à pied les postillons !
Tout rentra dans la vérité, devant celui qui tient la place de la vérité sur la terre, comme parle saint Augustin. […] Mais cette description manque de vérité. […] Mais les grands écrivains du siècle de Louis XIV, dégoûtés de ces peintures, où ils ne voyaient aucune vérité, les bannirent de leur prose et de leurs vers, et c’est un des caractères distinctifs de leurs ouvrages, qu’on n’y trouve presque aucune trace de ce que nous appelons poésie descriptive 63. […] Nous avons donc eu raison de dire que c’est au christianisme que Bernardin de Saint-Pierre doit son talent pour peindre les scènes de la solitude : il le lui doit, parce que nos dogmes, en détruisant les divinités mythologiques, ont rendu la vérité et la majesté aux déserts ; il le lui doit, parce qu’il a trouvé dans le système de Moïse le véritable système de la nature.
cette vérité dont ils se réclament sans cesse et à laquelle ils tiennent tant, ce n’est pas une vérité infiniment large, elle est assez large, certes, mais ce n’est pas une vérité indéfiniment large, c’est la vérité psychologique. Etudier l’homme, toujours l’homme, ne pas sortir de l’étude de l’homme et de la peinture de l’homme tel qu’il est ; étant toujours permis, du reste, d’ajouter un peu d’imagination pour faire rayonner, en quelque sorte la vérité, pour donner le radium à la vérité. […] Boileau, à la vérité, a négligé la fable, je ne dis pas La Fontaine, vous allez voir pourquoi, dans l’Art poétique. […] Il ne faut pas parler de raison, il faut parler de vérité. […] Si ce défaut de la réalité, le poète, l’écrivain l’exagère encore, il est exagéreur dans un sens, comme le romantique l’est dans un autre Le classique sera donc l’homme qui, doué de toutes les qualités littéraires, aussi bien de celles qu’on a appelées romantiques que de celles qu’on a appelées réalistes, a, de plus, le sentiment de la vérité, le sentiment de la mesure ; et le sentiment de la vérité, c’est-à-dire de la mesure, c’est ce que l’on a appelé le goût.
Vous renouvelez Condillac ; donc vous ne pouvez croire ni à la vérité, ni à la justice, ni à Dieu » — Bon Dieu ! […] Donc il détruit les principes de la science, qui sont des vérités absolues. Donc il détruit les principes de la morale, qui sont des vérités absolues. […] Mais si les beaux-arts ne plaisent que par les fictions, la philosophie ne plaît que par la vérité : elle doit s’interdire tout ce qui peut la voiler, je ne dis pas ce qui peut l’orner. […] Je crois pourtant que, si la psychologie se bornait à enseigner des vérités de cet ordre, son utilité serait médiocre.
Ce sont là de ces vérités naïves qui ressemblent plus encore à des pléonasmes qu’à des axiomes ; mais où n’est-on pas obligé de descendre pour convaincre l’entêtement et pour déconcerter la mauvaise foi ? […] La vérité revient partout, dans les mœurs, dans les lois, dans les arts. […] Il faut le dire et le redire, ce n’est pas un besoin de nouveauté qui tourmente les esprits, c’est un besoin de vérité ; et il est immense. Ce besoin de vérité, la plupart des écrivains supérieurs de l’époque tendent à le satisfaire. […] Si de pareilles fautes de vérité se présentent fréquemment dans nos meilleurs auteurs, il faut se garder de leur en faire un crime.
déshonoré en l’écrivant… Un immense mensonge s’est étendu sur elle, comme la nuée, pleine de feu, qui devait pleuvoir sur Sodome… L’auteur des Ruines de la Monarchie française — de cette histoire d’où il ressort pour conclusion la thèse historique de la vérité absolue de la Monarchie — ne sera pas même discuté par les petits traîneurs de fétus qui fourmillent dans le journalisme contemporain. Joseph de Maistre et Bonald ont péri, avec tout leur génie, à dire les mêmes choses que cet esprit de leur famille, qui prouve la même vérité qu’eux sous des formes qui lui appartiennent ; car la Vérité, qui est infinie, a trente-six mille côtés par lesquels on peut la prendre et la montrer aux hommes, et elle n’en est pas moins la Vérité, une et souveraine. […] Le Royalisme de l’auteur des Ruines est le Royalisme incompatible, qui n’entend à aucune transaction, et qui n’a ni la niaiserie, ni la lâcheté d’une espérance… C’est le Royalisme absolu comme la vérité est absolue. — Et c’est pourquoi il est une ruine aussi, parmi tant d’autres, impossibles à relever ! […] C’est moins une histoire — comme le dit, du reste, son sous-titre, — qu’un Cours tout entier philosophique et critique de l’histoire moderne ; c’est une démonstration en sens contraire de tous les problèmes agités, à cette heure, par l’esprit révolutionnaire, et dont la solution dernière serait, sous le nom imposteur de progrès, de faire rétrograder la civilisation du monde… Après avoir, dans ses premières pages, comme donné le dictionnaire de la langue qu’il va parler en fixant l’origine et en déterminant la grandeur de la Monarchie française, en traitant de « la providence des dynasties inamovibles », de la propriété, du droit divin, dont il dit : « La primogéniture, le droit successif, la légitimité, le droit divin, ne sont qu’une même expression, une même vérité, une loi de raison », le métaphysicien politique aborde vaillamment l’Histoire. […] Les idées qu’il exprime, ces verba novissima du dernier peut-être des royalistes purs, — si vraies qu’elles soient et en raison même de leur vérité, — ne sont pas capables d’arrêter le torrent des idées contraires qui emportent le monde vers d’autres ruines, lesquelles, certainement, nous vengeront de celles-ci !
Il y a seulement quelques circonstances où il n’est ni contre la vérité ni contre l’intérêt de rappeler l’instant qui n’est plus ou d’annoncer l’instant qui va suivre. […] Je vois frémir d’ici tous les admirateurs de Rubens ; mais peu m’importe, pourvu que le bon goût et la vérité me sourient. […] Reverse sur les peuples fanatiques l’ignominie dont ils ont prétendu couvrir ceux qui les instruisaient, et qui leur disaient la vérité. […] Celles-ci blessent d’autant plus qu’elles sont à côté des autres ; c’est le mensonge rendu plus choquant par la présence de la vérité. […] Chercher entre ses membres des oppositions purement techniques, y sacrifier la vérité rigoureuse de son action, voilà l’origine du style antithétique et petit.
La vérité est qu’un auteur dramatique doit avoir un style, plus cent autres qui ne sont pas le sien. […] Il doit avoir cent autres styles différents et dont il n’est pas responsable, ou plutôt pour lesquels il n’est responsable que de leur vérité relative et circonstancielle, à l’usage des différents personnages qu’il fait parler, bourgeois, homme du peuple, paysan, valet, marquis, hypocrite de religion, etc. […] Et enfin, il reste quelque chose de la critique, parce que, à la vérité, Shakespeare a été trop grand poète et particulièrement trop grand poète lyrique pour ne pas, un peu, faire parler ses principaux personnages d’une manière qui ne les distingue pas suffisamment les uns des autres. […] Il ne faut pas dire que Chrysale soit Molière, ni même que Gorgibus soit Molière, ni que le Cléante de Tartuffe soit Molière (et ici j’ai peur que, si on le croyait, on ne se trompât plus qu’ailleurs), ni même que le Clitandre des Femmes Savantes soit Molière encore, quoique ici j’estime qu’on serait plus près de la vérité. […] C’est qu’il arrive, et c’est cela que précisément il faut comprendre, qu’il y a pour un auteur et qu’il y a réellement, plusieurs vérités, vérité d’enthousiasme, vérité d’amour, vérité de raison, et que, par ainsi, plusieurs personnages peuvent discuter, disputer et se torturer dans le sein même de la vérité.
Ils n’ont point encore de littérature formée : mais quand leurs magistrats sont appelés à s’adresser, de quelque manière, à l’opinion publique, ils possèdent éminemment le don de remuer toutes les affections de l’âme, par l’expression des vérités simples et des sentiments purs ; et c’est déjà connaître les plus utiles secrets du style. […] Quand j’aurai présenté les diverses idées qui tiennent à ce sujet, je considérerai de quelle perfectibilité la littérature et la philosophie sont susceptibles, si nous nous corrigeons des erreurs révolutionnaires, sans abjurer avec elles les vérités qui intéressent l’Europe pensante à la fondation d’une république libre et juste. […] Il est aisé de montrer combien les pas qu’on ferait dans cette route seraient accélérés, si tous les préjugés autour desquels il faut faire passer le chemin de la vérité étaient aplanis, et s’il ne s’agissait plus, en philosophie, que d’avancer directement de démonstrations en démonstrations. […] Il faut écarter de son esprit les idées qui circulent autour de nous, et ne sont, pour ainsi dire, que la représentation métaphysique de quelques intérêts personnels ; il faut tour à tour précéder le flot populaire, ou rester en arrière de lui : il vous dépasse, il vous rejoint, il vous abandonne ; mais l’éternelle vérité demeure avec vous. […] Si vous portez des talents supérieurs au milieu des passions humaines, vous vous persuaderez bientôt que ces talents mêmes ne sont qu’une malédiction du ciel ; mais vous les retrouverez comme des bienfaits, si vous pouvez croire encore au perfectionnement de la pensée, si vous entrevoyez de nouveaux rapports entre les idées et les sentiments, si vous pénétrez plus avant dans la connaissance des hommes, si vous pouvez ajouter un seul degré de force à la morale, si vous vous flattez enfin de réunir par l’éloquence les opinions éparses de tous les amis des vérités généreuses.
Le choix des objets & la vérité de la peinture caractérisent la bonne comédie. […] Les sciences se réduisent à trois points : à la démonstration des vérités anciennes, à l’ordre de leur exposition, à la découverte des nouvelles vérités. […] Une vérité attend pour éclore la réunion de ses élémens. […] On ne sait que trop combien l’ambition des beaux vers a nui à la vérité du dialogue. […] D’ailleurs ce langage inculte auroit du moins pour lui l’énergie de la vérité.
Nous savons bien que ce n’est pas la vérité. […] En outre, la vérité flambait ; et ces fragments éteints ne contiennent plus la flamme de la vérité. […] Ainsi, la vérité est préservée. […] Ainsi, nous atteignons le plus de vérité possible. […] Pierre Mille sont de la vérité courte et parfaite.
Pour lui, la vérité du catholicisme fut surtout d’être la religion de l’unité. […] Et voilà pourquoi il remporte (à mes yeux du moins) sur Bossuet même ; car le génie, c’est ce qui ne change pas, mais ce qui se tient immuablement — stat — dans l’ordre de la vérité ! […] L’Histoire, pour lui, qu’elle parle ou se taise, est une révélation de toutes les vérités nécessaires à l’homme et à la société, ces deux êtres qu’il ne sépara jamais ! […] Elle était de la vérité arrangée ou dérangée, de la vérité sournoisement ombrée ou estompée d’invention. […] Dans les Quatre chapitres inédits sur la Russie, il appelle l’Histoire : « la vérité expérimentale », et, pour lui, il n’y a peut-être pas d’autre vérité, car la Révélation chrétienne conforme aux prophéties est de l’Histoire encore.
C’est l’histoire fondée sur les deux sources d’information les plus sûres, la vérité par le témoignage des contemporains éclairés, et, où manque la vérité, la vraisemblance. […] La vérité y a l’air d’une saillie heureuse, et l’erreur n’y mérite pas toujours qu’on la réfute. […] La vérité, au lieu de s’imposer, se donne comme un plaisir d’esprit dont Voltaire nous invite à essayer. […] Cicéron, tendre père d’une fille charmante, père désespéré quand il la perdit, en est meilleur citoyen, plus attaché à ses amis, plus épris de la vérité, laquelle devient plus chère à l’homme chez qui la tendresse de cœur se communique à l’esprit, et qui aime la vérité à la fois comme une lumière et comme un sentiment. […] Il aime la vérité comme une convenance de cet esprit, et quoique la vérité, même rabaissée à la commodité d’un homme, ait été souvent, dans ses mains habiles et actives, une puissance bienfaisante, souvent il la traite en homme qui aurait su s’en passer, et il lui préfère la gloire.
Que prouve cette façon de raisonner, absolument dépourvue de justesse & de vérité ? […] C'est une addition de l'Auteur des Articles, copiée presque mot à mot d'un petit Recueil de Pieces prétendues philosophiques, où l'on attaque avec déraison & sans pudeur, les vérités les plus saintes & les plus respectables. […] Quels Philosophes n’auroient pas tiré vanité des grandes vérités qu’ils enseignoient ? […] Qui nous assurera qu’ils ont saisi la vérité, dans une matiere si importante, lorsque la vérité leur échappe dans mille rencontres plus à leur portée ? […] L’expérience journaliere prouve cette vérité.
Ce mot, ce ne fut pas vérité. […] L’idée d’instruire, d’enseigner, d’agir sur la conduite des hommes, de prouver une vérité, n’était plus distincte de l’idée des ouvrages d’esprit. […] Ces lettres étaient comme la conversation d’un esprit sérieux et élevé, tirant quelque vérité morale de tout ce qui était pour le public sujet d’entretiens superficiels. […] Balzac est un honnête homme qui cherche la vérité, et qui tâche de la persuader aux autres. […] On peut dire de Voiture, avec bien plus de vérité que de Balzac, que tout cet esprit et ce talent ont eu le tort d’être sans sujet.
de cet esprit philosophique et mathématique à la fois, qui a autant d’audace dans la déduction que de prudence dans l’ordre de ses raisonnements pour ne pas manquer la vérité. La vérité, en effet, voilà ce qui a toujours préoccupé — et à outrance — Daly, en ses efforts et ses travaux, depuis vingt ans. La vérité qui se cherche, qui se veut à tout prix, la vérité même contre soi ; car, pour la première fois, il a donné l’exemple en France, et a élevé à la rigueur d’une règle de conduite, d’ouvrir les vastes espaces de sa revue à ses adversaires d’idées sur toutes les questions qu’ils seraient tentés d’y discuter. […] Comme, en matière de vérité humaine, il n’y a point de dictature, il ne peut en avoir la clémence ; mais il en a l’impartialité ! […] Moi aussi, je pense comme Daly que l’art est un symbole, — l’expression symbolique des hautes convenances d’ordre et de vérité souveraine, la prescience universelle des choses qu’il faut nommer et connaître, l’inventaire innocent du bien et du mal, de ce qu’il faut imiter et de ce qu’il faut écarter.
Cette fois il avait, non pas exécuté définitivement l’abdication de son intelligence, mais trouvé la vérité supérieure qui pouvait mettre l’unité dans sa vie intellectuelle et morale, la vérité où étaient compris toute certitude et tout bonheur. […] Et vers le même temps, sur de sa vérité, il jetait durement, cruellement, dans le cloître Mlle de Roannez, une pauvre et faible âme que son impérieuse direction brisa. […] Mais il avait conquis le bonheur avec la vérité : il était serein et souriant. […] Pascal croit servir la vérité du Christ ; il l’affaiblit. […] Plutôt que de se reposer béatement, comme tant de savants, dans la science des « apparences », puisque la raison ne lui permettait rien de plus, Pascal a tourné ses yeux d’un autre côté : il a cherché s’il n’y avait pas ailleurs une source de vérité, mais de vérité totale et certaine ; il l’a trouvée, et il est allé demander à la foi une connaissance supérieure à celle que procure la raison.
La réputation de son Ouvrage de la Vérité de la Religion, prouvée par les faits, ne se soutint pas long-temps, quoique ce Livre l’eût fait recevoir à l’Academie. […] Est ce par une élocution maniérée, néologique, surchargée de chutes épigrammatiques, qu’on peut se flatter de confondre l’Incrédule & de faire triompher la vérité ? […] Ceux qui se plaignent de n’y pas trouver assez de raisonnemens, ignorent que la Logique (dont on peut abuser) n’est pas toujours propre à éclairer & à convaincre l’esprit ; que l’enchaînement des faits conduit de lui-même & sans peine à la connoissance de la vérité. […] Il est vrai qu’il y soutient des paradoxes ; mais ces paradoxes n’ont rien qui puisse faire croire qu’il ait douté des vérités de la Religion, comme un des Coryphées de la Philosophie n’a pas craint de l’assurer.
Il voyait si clair, le bonhomme, qu’il a été le premier à noter, dès 16G0, que le temps de la fantaisie était passé, que le temps de la vérité était venu dans la littérature. […] Il les en a remerciés dans son Épître à Huet, attestant par son expérience la vérité des enseignements de Boileau. […] Mais le bonhomme avait son idée : il ne se voyait pas savant, mais poète et artiste, et derrière chaque vérité conçue par son esprit il sentait se lever toutes les émotions de son cœur, toutes les images de ses sensations. […] La vérité psychologique, le sentiment poétique, la délicatesse rythmique, voilà les parties essentielles de la Fable, telle que La Fontaine l’a faite. […] On estimait l’ample et profonde vérité de son observation.
L’érudit cherche la vérité pour elle-même : il l’accepte et l’aime toute seule et toute nue. […] Je ne connais pas de plus belle définition de cet esprit que celle qu’il en donne dans une leçon sur la Chanson de Roland, faite au Collège de France le 8 décembre 1870 : «… Je professe absolument et sans réserve cette doctrine, que la science n’a d’autre objet que la vérité, et la vérité pour elle-même, sans aucun souci des conséquences bonnes ou mauvaises, regrettables ou heureuses, que cette vérité pourrait avoir dans la pratique. […] Qu’est-ce que cet amour de la vérité, poursuivie en dehors de tout intérêt matériel ou moral, à plus forte raison en dehors de toutes les théologies et dans l’oubli de toutes les explications qu’on a pu tenter de l’univers et de sa destinée qu’est-ce que cet amour, sinon une religion encore ? […] Cette recherche désintéressée, pour être soutenue avec l’espèce d’héroïsme qu’y apportent certains esprits, suppose, ou la foi en cette idée que la vérité est bonne, quelle qu’elle puisse être, où la résignation à la vérité même triste, même décevante, même inintelligible. […] Et d’abord il aime sa patrie presque autant que la vérité.
Il n’y a point de race privilégiée pour la vérité, pour le beau, pour le bien. […] Les peuples du Nord aperçoivent les mêmes vérités que les peuples du Midi, mais ils les aperçoivent autrement. […] S’il était le principe de toutes les vérités mathématiques, ces vérités seraient des propositions purement analytiques ; or Kant prouve par des exemples tirés de l’arithmétique et de la géométrie qu’il n’en est point ainsi. […] Les vérités géométriques ne sont pas non plus des vérités identiques. […] Au contraire, prenez la dernière vérité de la géométrie, et cherchez d’où elle sort ; elle sort de la vérité précédente, qui, à son tour, sort d’une vérité antérieure, et chacune d’elles vous paraissant tour à tour principe et conséquence, il vous faudra remonter de théorème en théorème jusqu’à des vérités premières qui aient leur raison en elles-mêmes, qui soient principes, sans être conséquences, c’est-à-dire jusqu’à la définition du triangle, de l’angle, du cercle, de la ligne droite.
Le premier est l’acquis scientifique, celui-ci excellent de tous points et bienfaisant par sa nature ; il se compose d’un amas de vérités lentement préparées, puis assemblées tout d’un coup ou coup sur coup. […] C’est cette vaste provision de vérités certaines ou probables, démontrées ou pressenties, qui a donné à l’esprit du siècle l’aliment, la substance et le ressort. […] Car supposez un esprit tout pénétré des vérités nouvelles ; mettez-le spectateur sur l’orbite de Saturne et qu’il regarde334. […] — Vérité et survivance du principe. […] , I, 12 : « La première vérité qui sort de cet examen sérieux de la nature est une vérité peut-être humiliante pour l’homme, c’est qu’il doit se ranger lui-même dans la classe des animaux. » 338.
Cette vérité est évidente par elle- même. […] Le sens du mot, comme un juge sévère, a démêlé l’erreur de la vérité. […] Rien de plus simple que la déduction des vérités morales. […] Au bout de nos réfutations comme au début de nos critiques, nous trouvons le même homme, entravé et puissant, exclu de la vérité et voisin de la vérité. […] Il ne lui demanda point la voie du salut, mais le chemin de la vérité.
Il faut que la vérité ait changé de nature, depuis qu’il a entrepris de nous l’enseigner. Ses principaux effets sont d’éclairer, de saisir, de pénétrer : les Vérités de M. […] Cette sentence, fondée sur la vérité, est un arrêt terrible contre les Ecrits de M. […] Sera-t-il croyable qu’en se laissant aller à l’intempérance des idées, en prétendant annoncer la vérité dans des accès de délire, en faisant hurler la raison d’un ton d’énergumene, en étalant des maximes gigantesques, en combattant les sentimens reçus, en se parant d’une morgue plus burlesque que philosophique ; sera-t-il croyable que M. […] &, pour parler avec plus de vérité, la Philosophie n’est-elle pas déjà venue au point de se décrier par ses propres Ouvrages ?
Il est si facile de prendre ses instincts, ses passions, pour la vérité même ! […] Concentrées en quelques pages, les vérités que M. […] Cette vérité si facile à saisir, M. […] Il faut que les passions viennent au secours de la vérité. […] La vérité, la vérité pure compte encore de nombreux, de fervents adorateurs.
Goethe choisit, pour titre de ses Mémoires, Vérité et Poésie, montrant par là qu’on ne saurait faire sa propre biographie de la même manière qu’on fait celle des autres. […] Duportal le soin de publier la vérité, qu’il est seul à savoir, sur ce personnage singulier. […] Le plus simple écolier sait maintenant des vérités pour lesquelles Archimède eût sacrifié sa vie. […] Mais la liberté est comme la vérité : presque personne ne l’aime pour elle-même, et cependant, par l’impossibilité des extrêmes, on y revient toujours. […] La vérité est, quoi qu’on dise, supérieure à toutes les fictions.
Le théologien, spéculant sur l’absolu, sur la simplicité essentielle d’un dogme révélé, n’a pas à tenir compte de ces variétés, qui ne menacent d’aucune manière les vérités fondamentales ; mais comment le philosophe nationaliste s’empêcherait-il de les enregistrer ? […] Metternich et Haller ont vu qu’il y a des vérités générales providentielles qu’on ne changera pas. […] C’est la vérité profonde et divine ; elle ne peut pus être renversée ; elle peut être troublée, mais passagèrement ; l’équilibre se rétablit toujours ainsi. […] Il affirme la même vérité générale : il n’y a pas de justice. […] Il écrit, dans la dédicace de l’Étang de Berre (1915) : « Ce petit livre — dit — la ville et la province — épanouies — dans le royaume — pour les progrès — du genre humain » ; dans la préface de Quand les Français ne s’aimaient pas (1916), mettant en lumière « les services rendus à la beauté et à la vérité par les hommes de sang français », il spécifie que cela doit être considéré « sans perdre un seul instant de vue que la raison et l’art ont pour objet l’universel ».
L’auteur est ainsi amené à développer ses idées et ses réflexions sur l’âme, sur l’intelligence, sur les vérités senties et les vérités démontrables, sur la certitude. Il différencie radicalement les facultés de ce qu’il appelle l’intelligence d’avec les facultés de l’âme ; il fait de la première la science purement terrestre, le résultat élaboré des organes ; il fait de la seconde une émanation de Dieu et un pur esprit ; et c’est en s’attachant aux facultés de cette partie immatérielle qu’il pense arriver avec évidence aux vérités sublimes et naturelles qui doivent diriger toute une vie. S’il en était ainsi, si ce principe de certitude et cette méthode pour arriver à la vérité demeuraient infaillibles, on sent que l’éducation de la mère de famille deviendrait facile, et que ce qu’elle aurait à enseigner à ses enfants serait également trouvé.
Outougamiz, malgré sa vérité, intéresse médiocrement. […] Qui a dit toutes ces vérités ? […] Elle ne viole pas la vérité, mais elle l’explique. […] n’est-ce pas que Phidias et Jean Goujon, Raphaël et Rubens, ont toujours préféré la vérité humaine à la vérité locale et passagère ? […] Il voit la vérité face à face, pure, entière et splendide.
. — M. de Schlegel avait compris cette vérité. […] La Vérité morale reste inébranlable et intacte à côté des débris de tout ce qui s’enfle pour singer ou parodier sa puissance éternelle. […] On rit aux vérités les plus graves, pour peu qu’un mot nouveau s’y montre qui contredise nos habitudes. […] Il immole l’absurde et le faux à la vérité qu’il respecte207. […] Ils ont à un haut degré le sens du vrai, non pas de cette vérité large, concrète, réelle, que j’ai admirée dans Shakespeare, mais d’une vérité plus pure, plus générale et plus philosophique, qui supprime dans les représentations de l’art le détail et l’accident, pour dégager et mettre en lumière l’idée essentielle.
Le premier peut se dire la vérité, parce qu’il n’est entendu que de lui-même ; et encore n’est-ce pas sans combats. […] Son ignorance des hommes le jette sans cesse hors de la vérité morale. […] Et lors même que les faits qui en sont sortis seraient suspendus ou abolis, et que de vérités pratiques elles redeviendraient des vérités spéculatives, elles font désormais partie des conquêtes durables et des croyances de l’esprit humain. Il s’agit moins d’ailleurs de vérités nouvelles que de vérités rendues nouvelles, soit par le moment où il les a défendues, soit par la beauté de la défense. […] Mais l’épreuve en est dangereuse, et les lecteurs de Rousseau, tiraillés entre la vérité et le sophisme, comme il le fut lui-même, risquent fort de ne pas se ranger du côté de la vérité.
Preuve bien forte en faveur de la vérité de l’histoire sainte. […] Des idées uniformes nées chez des peuples inconnus les uns aux autres, doivent avoir un motif commun de vérité. […] Cette vérité et la précédente ne sont encore que des postulats, dont la démonstration se trouvera dans l’ouvrage. […] Ils renferment en même temps deux puissants arguments en faveur de la vérité du christianisme, qui dans l’histoire sainte ne présente aucun récit dont il ait à rougir. […] La vérité de ces observations nous est confirmée par l’exemple de la nation française.
Les critiques, même malveillants, sont plus près de la vérité dernière que les admirateurs. […] Plusieurs ont trouvé la vérité en cherchant le mal d’autrui. […] Par combien d’abstractions ténébreuses, de rêveries auxquelles manque le charme poétique, ne faut-il pas passer avant d’arriver à une page éloquente, à une vérité neuve ou renouvelée par une expression originale ! […] Dur aux idées plus qu’aux personnes, il ne croit pas plus licite d’être facile aux dépens de la vérité que libéral avec l’argent d’autrui. […] La chimère de l’infaillibilité du témoignage humain, comme principe unique de la vérité religieuse, a rejoint la chimère de l’infaillibilité du peuple, comme fondement unique des gouvernements.
Transformées en vérités universelles, elles se sont réclamées, selon la maturité de l’esprit humain, de Dieu ou de la raison. […] Mais elle montre tout d’abord un cas singulièrement typique d’une attitude d’utilité qui, propre à une physiologie collective déterminée, se propose, détachée de sa racine, sous le déguisement de l’idée générale, comme une vérité, religieuse d’abord, puis rationnelle. […] IV Entre temps l’idée chrétienne, admise dans le monde occidental, d’abord comme une vérité divine, plus tard comme une vérité de raison, y a joué, y joue encore un rôle où il faut distinguer bien des nuances et jusqu’à des contrastes. […] Elle s’exprime en l’idéal humanitaire, succédané de la fraternité chrétienne et qui se donne pour une vérité d’ordre général. […] Le Bovarysme idéologique avec ses conséquences néfastes consiste donc pour une collectivité donnée à prendre pour une vérité d’application universelle une attitude d’utilité propre à une autre collectivité déterminée.
Tous conviennent que l’unité et l’universalité sont les signes péremptoires auxquels la vérité absolue se fait reconnaître. […] Il y reste des portions de vérité ; l’élément catholique faussé et brisé y respire : belles ruines sauvées dans un dessein caché aux hommes, mais clair à Dieu, et avec lesquelles, vous le verrez, on pourra un jour reconstruire ! […] En 1833 retentit, comme le premier coup de canon d’une grande bataille, le premier numéro des Tracts for the times, qui ouvrit une des plus belles polémiques qui aient jamais été faites en dehors de la vérité. […] Elles sont en vertu d’une vérité antérieure et d’une inaliénable tradition. […] Par les livres, par les idées, par la science, par les besoins religieux des peuples, par la tendance générale vers une unité nécessaire, il ramène dans son flot toujours montant le catholicisme, et c’est le débordement de la vérité !
Les contemporains d’une révolution perdent souvent tout intérêt à la recherche de la vérité. […] Ce qu’il découvre aujourd’hui sera dans peu généralement connu, parce que les vérités importantes une fois découvertes, frappent tout le monde presque également. […] La vertu est à la fois une affection de l’âme, et une vérité démontrée ; il faut la sentir ou la comprendre. […] Que pouvez-vous sur la volonté libre des hommes, si vous n’avez pas cette force, cette vérité de langage qui pénètre les âmes, et leur inspire ce qu’elle exprime ? […] On a lié par des mots un contresens dont on a fait une phrase ; mais cette phrase ne change rien à la vérité des choses.
Ce grand et magnifique édifice de vérités nouvelles ressemble à une tour dont le premier étage, subitement achevé, devient tout d’un coup accessible au public. […] Un but est donné : il y a quelque vérité à prouver, quelque définition à trouver, quelque persuasion à produire ; pour cela, il faut marcher toujours, et toujours droit. […] Il n’y a place dans cette langue que pour une portion de la vérité, portion exiguë, et que l’épuration croissante rend tous les jours plus exiguë encore. […] « Pour atteindre à la vérité, il suffit de se rendre attentif aux idées claires que chacun trouve en lui-même. » (Malebranche, Recherche de la vérité, liv. […] Ce sont là les propres paroles de Siéyès Ailleurs il ajoute : « Les prétendues vérités historiques n’ont pas plus de réalité que les prétendues vérités religieuses. » (Papiers de Siéyès, année 1772, d’après Sainte-Beuve, Causeries du lundi, V, 194.) — Descartes et Malebranche avaient déjà ce mépris pour l’histoire.
Tout son livre témoigne de la vérité de ces déclarations. […] Ni la souple et ployable raison n’a su trouver une vérité constante, ni l’ondoyant et divers instincts n’a pu établir une forme universelle de vie. […] Il n’y a pas de mot qu’il prononce plus souvent que celui de vérité ; il ne connaît pas de plus excellente vertu que celle de savoir céder à la vérité, où qu’elle se présente ; et il connaît deux voies qui y mènent, la raison d’abord, puis au-dessous d’elle, et sous son contrôle, l’expérience. […] En philosophie, en littérature, partout, il pose la souveraineté de la raison, égale en tous les hommes, et qui a charge et pouvoir de reconnaître la vérité. […] , 19 et 20, éd. in-fol., 1665 ; Bossuet, 2e S. sur la Toussaint, 1669 ; Malebranche, Recherche de la vérité, l.
Et d’ailleurs la vérité n’y règne-t-elle pas aussi vivement par ses images que dans le comique ? […] L’antithèse est une opposition de deux vérités qui se donnent du jour l’une à l’autre. La métaphore ou la comparaison emprunte, d’une chose étrangère une image sensible et naturelle d’une vérité. L’hyperbole exprime au-delà de la vérité pour ramener l’esprit à la mieux connaître. Le sublime ne peint que la vérité, mais en un sujet noble, il la peint tout entière, dans sa cause et dans son effet ; il est l’expression, ou l’image la plus digne de cette vérité.
Il se plaisait alors à donner par les propos frivoles de sa vieillesse un démenti à une vie consacrée tout entière à la recherche laborieuse de la vérité. […] Cependant, elles contribuèrent à réintégrer quelques vérités oubliées. […] Le romantisme de Zola se heurta aux partisans de la vérité française. […] Ces vérités évidentes demeurent encore incomplètement admises. […] Une partie du public en est venue à préférer l’ébauche au travail achevé, à aimer les œuvres informes, mal composées, sous prétexte qu’elles sont plus proches de la vérité.
Heureusement, un des caractères de la vérité est d’être inépuisable ; avec elle, les derniers mots ne sont jamais dits. […] Des esprits, militaires dans l’ordre des idées et pour le service de la vérité, ont, en effet, reproché à Saint-Bonnet la grosseur d’un volume qu’on ne diminuerait pourtant de physique qu’en le diminuant d’intelligence. […] En France, on s’assied sur le puits de la Vérité, et c’est comme cela qu’on le bouche… Certes ! […] tout cela a le malheur, définitif et suprême, d’exprimer la vérité, l’invalidante vérité, et cette vérité est si haïe et méprisée que ceux qui pourraient lire ce livre pour sa seule beauté ne le lisent pas et n’y touchent pas, à cause de sa vérité ! La Vérité, dans notre temps, fait tort à, la Beauté même. — Ah !
Quelquefois les erreurs mêmes mènent à la vérité ou s’y mêlent jusqu’à ce que l’alliage en ait été séparé. Ce qu’il y a de plus étonnant encore, c’est que la vérité repose souvent au fond de l’erreur comme le germe d’un fruit délicat est protégé par la dure enveloppe du noyau. […] La haine pour les traditions juives a, dans ces derniers temps, jeté les hommes hors de bien des vérités, et, entre autres, hors de celle que nous venons d’énoncer. […] Le peuple juif n’était donc pas seul exclusivement chargé du dépôt de la vérité. […] La vérité seule peut toujours subsister.
Si, pour les écrivains qui se respectent, il est, à certains égards, bien pénible de venir même toucher par allusion à ces tristes conflits, quelque chose ici l’emporte, le besoin pour eux de rendre hommage à la vérité et de ne pas laisser s’autoriser par leur silence l’ombre d’un doute sur ce qu’ils pensent, sur ce qu’ils souffrent de tout ce bruit. […] Or ce sens de vérité est précisément ce qui, dans tous les genres, dans l’art, dans la littérature d’imagination et, ce qui nous paraît plus grave, dans les jugements publics qu’on en porte, s’est le plus dépravé aujourd’hui. […] Eh bien, dans ce rôle de critique positive que nous pratiquons, la Revue des Deux Mondes se pique de tenir ferme à quelques points, de compter de près avec les œuvres mêmes, et d’observer un certain esprit attentif de vérité et de justice. […] Ce rôle, la Revue des Deux Mondes, nous l’espérons bien, ne s’en départira pas désormais, et l’effet même de ces violences extérieures devra être de l’y faire viser de plus en plus : dire assez la vérité même à ses amis, ne pas dire trop crûment la vérité même à ses ennemis (avec de tels agresseurs cela mènerait trop loin), en un mot, ne pas trop oublier l’agrément, même dans la justice. […] Puisse du moins le sentiment croissant de la cause à défendre, la conscience de la vérité et de la dignité en littérature, contribuer entre nous à le resserrer !
Il réfute à la vérité cet argument et le réfute bien ; mais c’est que dès l’origine il s’est placé en dehors de la vraie notion du sujet, telle que Biran l’a déterminée. […] L’esprit est la vérité de la matière. Par la même raison, Dieu est la vérité de l’esprit, il est l’esprit en soi, l’esprit absolu. […] Toute vérité était donc dans le sujet et dans le sujet absolu. […] Il a raison ; l’une et l’autre sont la vérité : Dieu est à la fois et en nous et hors de nous.
C’est aussi la faculté de découvrir des vérités, car les contes eux-mêmes ont besoin d’être vrais, au moins par un côté, pour être bons. […] L’homme, sa personnalité libre, sa moralité, son intellectualité, partout où ces choses-là sont belles, il les sent avec un tressaillement profond, infaillible, qui ne se dément ni ne se blase jamais, et il les exprime avec une émotion presque géniale de vérité et quelquefois presque sainte. […] Dargaud, car il fallait beaucoup de talent et le charme d’une grande bonne foi dans le talent pour nous faire accepter jusqu’à la fin d’un récit, au bout duquel on retrouve enfin son sang-froid, cette exagération éblouissante, et nous faire traiter avec elle, pendant la durée de l’histoire, comme si c’était une vérité ! […] En effet, ce n’est presque jamais la vérité du fait ou du jugement politique, — l’Hôpital excepté, — qui manque à cette très noble histoire, c’est la vérité dans la conception de la nature humaine que l’auteur ne saisit pas telle qu’elle est. […] Dargaud par la profondeur de nos convictions catholiques, retrouvons si souvent, jusque sous les faits exposés avec le brillant du talent ou le brillant plus pur et plus précieux de la vérité, le choc implacable des principes, — le dissentiment éternel !
« Je me suis convaincu depuis longtemps », m’écrivait à ce sujet un étranger qui sait à merveille notre littérature, « que, pour presque tout le monde, la vérité dans la critique a quelque chose de fort déplaisant ; elle leur paraît ironique et désobligeante ; on veut une vérité accommodée aux vues et aux passions des partis et des coteries. » Et, pour me consoler, cet étranger, qui est Anglais, ajoutait qu’une telle disposition à se révolter contre une entière vérité et sincérité de critique appliquée à de certains hommes et à de certains noms consacrés, était poussée plus loin encore en Angleterre qu’en France, où l’amour des choses de l’esprit est plus vif et fait pardonner en définitive plus de hardiesse et de nouveauté, quand on y sait mettre quelque façon. […] M. de Loménie, affilié à la coterie, poussa aussi son soupir qu’il appuya de toutes sortes de réfutations et de raisonnements : essayant de m’opposer moi-même à moi-même, il ne daigna pas admettre qu’en pareille matière de jugements contemporains il vient une heure et un moment où, quand on n’est lié par rien de particulier, la vérité reparaît de plein droit et prend le pas sur la politesse. J’eus toutefois la satisfaction de voir que ceux qui avaient le plus anciennement, le plus habituellement vécu dans le même monde et les mêmes sociétés que M. de Chateaubriand, et qui en jugeaient sans prévention, reconnaissaient la vérité de la plupart de mes remarques, et y retrouvaient leurs propres souvenirs dans leur mélange, « de très bons souvenirs, et parfois d’assez mauvais. » C’est ce que m’écrivait l’illustre chancelier M. […] Il est certain qu’il aime mieux les erreurs que les vérités dont son livre est rempli, parce que ses erreurs sont plus siennes ; il en est plus l’auteur. […] Il pousse les ménagements et la pratique de la discrétion jusqu’à laisser immoler à ses yeux la vérité, et peut-être quelquefois la vertu, sans les défendre.
Les premiers mots qu’on entend font évidemment sentir que tout est fiction ; & les acteurs parlent avec des tons si extraordinaires, si éloignés de la vérité, qu’on ne peut pas s’y méprendre. » On réfuta Riccoboni. […] Quelle force, quelle vérité mâle & fière ne mettoit-il pas dans son jeu ! […] Son jeu fut plein d’expression & de vérité. […] Les uns & les autres ont pour objet, de jouer avec la plus grande vérité ; mais ils se gardent bien de réciter comme on parle. […] On rend ces nuances avec plus ou moins de vérité, selon la force & la délicatesse du sentiment, & selon la flexibilité des organes dont la nature nous a doués .
Saisi à chaque moment de la vérité de ce qu’il exprime, il poussera devant lui ; il s’enfoncera dans les affirmations de plus en plus absolues, et il ne s’apercevra pas que ce qu’il dit maintenant contredit ce qu’il a dit tout à l’heure, que ce sont des vérités partielles et relatives, qui doivent se tempérer et se limiter mutuellement L’humeur du moment donnera le ton à son œuvre, et l’on y lira toutes les lassitudes, tous les caprices, toutes les faiblesses de son esprit pendant l’exécution. […] Chaque vérité est mise à sa place par rapport au but : elle prépare, elle amène, elle appuie une autre vérité qui a besoin de son secours….. […] Descartes part d’un mot de saint Augustin : Je pense, donc je suis, et ne prouve que de vieilles vérités, l’existence de Dieu, celle du monde extérieur, l’immortalité de l’âme. […] Ainsi Descartes n’invente rien que sa méthode, c’est-à-dire une certaine manière d’ordonner ses pensées ; par elle, il établit entre des vérités anciennement connues une liaison inconnue, il féconde une parole stérile dans saint Augustin, et il en fait sortir Dieu, l’homme et le monde.
— Ce qu’il y a jamais eu de plus rare sur la terre, un homme qui meurt pour la vérité » ; et il fit Socrate mourant. […] On sait que dans tous les ouvrages de Platon, c’est Socrate qui mène l’homme à la vérité ; Socrate en même temps conserve son caractère et son génie ; partout il garde sa manière de raisonner, ses inductions, ses interrogations, ces espèces de pièges et de longs détours dans lesquels il enveloppait ses adversaires, pour les amener malgré eux à une vérité qu’ils combattaient. […] Le premier de ces trois discours est l’Apologie ; qu’on se peigne un vieillard de soixante-dix ans, qui toujours a été vertueux et juste, paraissant dans les tribunaux pour la première fois ; intrépide et simple devant ses juges, comme il l’était dans les actions ordinaires de sa vie, dédaignant l’artifice et les vains secours de l’éloquence, n’en connaissant d’autre que la vérité, et jurant de parler son langage jusqu’au dernier moment, priant ses juges avec l’autorité d’un vieillard et d’un homme de bien, d’examiner si ce qu’il va leur dire est juste ou ne l’est pas, parce que c’est là leur fonction, comme la sienne est de dire la vérité, parlant de ses accusateurs sans colère comme sans dédain, du reste, tranquille sur son sort, qu’il soit condamné ou qu’il soit absous, abandonnant à Dieu le succès, et se justifiant pour obéir à la loi : tel paraît Socrate dans son début. […] La mort d’un homme juste est un objet sublime par lui-même ; mais si ce juste est opprimé, si l’erreur traîne la vérité au supplice, si la vertu souffre la peine du crime, si en mourant elle n’a pour elle-même que Dieu et quelques amis qui l’entourent, si cependant elle pardonne à la haine, si de l’enceinte obscure de la prison où elle meurt, ses regards se tournent avec tranquillité vers le ciel, si, prête à abandonner les hommes, elle emploie encore ses derniers moments à les instruire, si enfin, au moment où elle n’est plus, ce soit le crime qui l’a condamnée qui paraisse malheureux et non pas elle, alors je ne connais point d’objet plus grand dans la nature : et tel est le spectacle que nous présente Platon, en décrivant la mort de Socrate ; il y joint tous ces détails qui donnent de l’intérêt à une mort célèbre et qui en reçoivent à leur tour.
Vien Vien a de la vérité, de la simplicité, une grande sagesse dans ses compositions. […] Il y règne d’abord une tranquillité, une convenance d’actions, une vérité de disposition qui charment. […] Et puis une vérité, et une sagesse qui vous attachent secrètement. […] C’est la vérité qui est de tous les temps et de toutes les contrées.
Il exhorta dom Thierry Ruinart à aimer la vérité ! […] N’y cherchez de vie ni de vérité d’aucune sorte. […] Cette vérité a été longtemps méconnue. […] La gaîté chez lui voile la vérité. […] Ils n’ont même pas l’idée de la vérité.
Qu’on ouvre nos mémoires, et l’on y trouvera à chaque page les vérités les plus dures, et souvent les plus outrageantes, prodiguées aux rois, aux nobles, aux prêtres. […] Il y a des vérités qui sont la source des plus grands désordres, parce qu’elles remuent les passions ; et cependant, à moins qu’une juste autorité ne nous ferme la bouche, ce sont celles-là même que nous nous plaisons à révéler, parce qu’elles satisfont à la fois et la malignité de nos cœurs corrompus par la chute, et notre penchant primitif à la vérité. […] La vérité humaine est semblable au triangle, qui ne peut avoir qu’un seul angle droit, comme si la nature avait voulu graver une image de notre insuffisante rectitude dans la seule science réputée certaine parmi nous.
Comme tous les hommes qui ont le génie pratique de l’enseignement, comme ces admirables natures de maîtres, mêlées de prêtres, qui préparent eux-mêmes, de leurs saintes mains paternelles, la tête et le cœur destinés à recevoir la vérité, l’abbé Noirot se soucie peu d’écrire et n’écrit point. […] Le livre de l’abbé Noirot, ou, pour parler mieux, ses idées peuvent donner l’espérance que philosophiquement notre pays n’a pas perdu tout à fait le sentiment de la vérité métaphysique, c’est-à-dire, en somme, de la plus haute vérité. […] — nourrie et préservée des faillances de l’erreur par la tradition, qui empêche les esprits les plus impétueux d’aberrer, et la réponse sera faite pour jamais aux philosophes qui prétendaient que le domaine de la vérité était exclusivement à eux.
M. de Bonald n’est donc pas venu pour faire entrer dans la société une vérité nouvelle ; mais il est venu pour empêcher une vérité ancienne de sortir de la société. Ainsi, quoique l’ouvrage de M. de Bonald semble s’appliquer à un ordre de choses qui n’existe plus, cet ouvrage n’en est pas moins d’une très grande importance et d’une utilité incontestable, parce que la vérité est toujours la vérité, parce que le don primitif de la parole n’a pas cessé d’être l’origine de nos connaissances. […] Beaucoup de philosophes qui, dans leurs méditations, sont partis de ces termes, se sont imaginé créer ce que l’âme humaine y avait placé sans le savoir, et en cédant à une espèce d’instinct de vérité ; tandis que, dans la réalité, ils n’ont fait que découvrir ce qui reposait dans les langues, et révéler aux yeux de l’âme surprise les trésors qu’elle-même y avait cachés ! […] On peut en dire autant à l’occasion de Euler et de Charles Bonnet, qui ne furent aussi séparés de la vérité que par la préoccupation d’une idée antérieure, contradictoire même avec l’ensemble de leurs autres idées.
Elles montrent l’homme dans une vérité plus sincère, et l’Histoire y gagne, si l’homme y perd, — ce qui vaut mieux ! […] Et pour tous ceux qui savent s’élever au-dessus des rubriques des partis et de leurs hypocrites langages, la vraie et la seule grandeur n’est-elle pas ici du côté de la vérité de l’Histoire ? […] C’est un talent sans vérité, énervé comme l’autre est tendre, mais tous les deux sont impuissants. […] Il n’a pas seulement, suivant le précepte divin, béni et glorifié la main qui châtie ; il a, au nom de la vérité toute simple et de l’étroite justice, amnistié l’Autriche de ses châtiments. […] Par le ton, par la vie morale qui y circule, par le dédain de tout ce qui n’est pas la vérité de Dieu, ce recueil de lettres est au-dessus de toute critique.
Ils sont bien, comme tous les sermons des prêtres chrétiens, depuis saint Paul jusqu’à saint Ambroise, et depuis saint Ambroise jusqu’à Bourdaloue et Bossuet, la vérité de Jésus-Christ dans toutes ses portées pour le cœur et pour l’esprit, la vérité avec son caractère absolu et universel ; mais ils ont cependant quelque chose de différent aussi et qui n’est pas seulement une question de talent, d’originalité et de forme. […] Or encore, à part la vérité morale et dogmatique du christianisme qui circule dans ces discours et qui appartient au premier curé de village autant et au même titre qu’au R. […] En dehors de ces deux vues politiques très connues, très discutées et encore très discutable », il ne voit plus rien, cet homme de politique sacrée, et c’est pour nous rapporter de telles choses, qui sont au pied de toutes les taupinières politiques de notre âge, qu’il est monté au Sinaï et qu’il en descend plus resplendissant de talent que de vérité ! […] Ventura est passé bien près de la vérité, de la vérité illuminante.
Elles montrent l’homme dans une vérité plus sincère, et l’histoire y gagne, si l’homme y perd — ce qui vaut mieux ! […] Et pour tous ceux qui savent s’élever au-dessus des rubriques des partis et de leurs hypocrites langages, la vraie et la seule grandeur n’est-elle pas ici du côté de la vérité de l’histoire ? […] C’est un talent sans vérité, énervé comme l’autre est tendre, mais tous les deux sont impuissants. […] Il n’a pas seulement, suivant le précepte divin, béni et glorifié la main qui châtie ; il a, au nom de la vérité toute simple et de l’étroite justice, amnistié l’Autriche de ses châtiments. […] Par le ton, par la vie morale qui y circule, par le dédain de tout ce qui n’est pas la vérité de Dieu, ce recueil de lettres est au-dessus de toute critique.
Je me flatte que la profession d’apôtre de la vérité ne vous sera pas désagréable. […] Peut-être n’y a-t-il que la proposition 48e d’Euclide à laquelle on puisse trouver le degré d’évidence qui convient à la vérité. Peut-être y a-t-il encore outre cela trois ou quatre vérités physiques et métaphysiques bien démontrées. […] Ces passions sont des espèces de magiciennes qui, par leur prestige, nous font trouver le bonheur, mais ne nous découvrent pas la vérité. […] La Beaumelle, en arrangeant et sophistiquant au courant de la plume les textes qu’il édite, suit sa vocation comme le menteur de Corneille, en ne disant pas un mot de vérité.
Ils ont oublié cette grande vérité : que l’art suppose la vie, dont il n’est que le reflet. […] En matière de morale, comme en matière d’esthétique, la Vérité, c’est notre vérité du moment, celle qui répond le mieux à ces poussées instinctives, à ces aptitudes héréditaires ou acquises dont notre âme actuelle est faite. […] La vérité neuve n’est pas encore arrivée pour elle à maturité. […] Notre vérité, c’est la vérité française. […] Il y a dans ce paradoxe une grande part de vérité.
Cette intelligence est faite pour aller à la vérité. […] La certitude est l’état de l’esprit qui sait posséder la vérité : c’est donc l’effet de la vérité sur le moi. […] Si « moins que la vérité » nous trompe, pourquoi « plus que la vérité » ne nous tromperait-il pas ? […] Les premières nous mènent directement à la vérité. […] C’est la meilleure garantie de sa vérité.
Il est impossible d’empêcher la raison de s’exercer sur tous les objets de croyance ; et tous ces objets prêtant à la critique, c’est fatalement que la raison arrive à déclarer qu’ils ne constituent pas la vérité absolue. […] Il aime mieux s’abstenir que de tout accepter indistinctement ; il préfère la vérité à lui-même ; il y sacrifie ses plus beaux rêves. Croyez-vous donc qu’il ne nous serait pas plus doux de chanter au temple avec les femmes ou de rêver avec les enfants que de chasser sur ces âpres montagnes une vérité qui fuit toujours. […] Oui, je verrais toutes les vérités qui constituent ce qu’on appelle la religion naturelle, Dieu personnel, providence, prière, anthropomorphisme, immortalité personnelle, etc., je verrais toutes ces vérités, sans lesquelles il n’y a pas de vie heureuse, s’abîmer sous le légitime effort de l’examen critique, que je battrais des mains sur leur ruine, bien assuré que le système réel des choses, que je puis encore ignorer, mais vers lequel cette négation est un acheminement, dépasse de l’infini les pauvres imaginations sans lesquelles nous ne concevions pas la beauté de l’univers. […] Nous en avons tant vu que nous ne pouvons nous résigner à croire que l’une possède plus que l’autre la vérité absolue.
N’est-ce pas là un axiome de vérité éternelle, bien que toujours méconnu ? […] L’art qui se rattache à la première de ces conceptions est un art de vérité, celui qui se rattache à la seconde, un art d’illusion. […] Notre monde ne peut plus s’en nourrir, ayant entrevu d’autres horizons et pressenti d’autres vérités. […] L’école qui semble au début basée sur la scrupuleuse recherche de la vérité — uncompromising truth — aboutit en réalité à un rêve d’artiste mystique conçu en dehors de toute réalité. […] S’il a pour but le mensonge, j’avoue le mépriser malgré les plus admirables artifices dont il puisse entourer le mensonge ; s’il doit être au contraire l’expression d’une vérité plus profonde et plus réelle que la vérité courante, comme je le crois, il nous faut avouer que l’artiste doit, en ce cas particulier, céder le pas à l’humble photographe.
Aucune vérité importante ne s’obtiendra par le prolongement d’une vérité déjà acquise. […] Mais c’est l’inverse qui est la vérité. […] Du moins est-il plus rapproché de la vérité. […] Mais cela veut dire que, des diverses espèces de vérité, celle qui est le plus près de coïncider avec son objet n’est pas la vérité scientifique, ni la vérité de sens commun, ni, plus généralement, la vérité d’ordre intellectuel. […] Nul n’aima la vérité d’un plus ardent amour.
Ils ont plus besoin d’une comparaison que d’une vérité ! […] Il faut qu’un autre Montesquieu surgisse et fasse le triage des erreurs et des vérités. Ces erreurs et ces vérités sont locales. […] Voilà la vérité. […] Les circonstances, les mœurs, le temps sont la mesure des vérités pratiques.
La danse est pour lui le plus intense symbole de la joie et le rythme le plus exact de la vérité. […] L’humanité, affirme Maeterlinck « veut enfin connaître la vérité ». […] Nos désirs changeants créent à chaque instant en nous des « vérités » nouvelles, et nous nous gardons bien de les confronter avec leurs anciennes. Aussi « le cerveau de l’homme civilisé est un musée de vérités contradictoires ». […] Il rumine ses vérités les unes après les autres.
Ce ne sont pas les philosophes, du moins ceux-là qui, négateurs impitoyables de la vérité chrétienne, pourraient s’appeler les radicaux du rationalisme moderne. […] Mais, à côté de ces philosophes qui ont l’épouvantante netteté de l’erreur complète, il y en a d’autres, à lumières équivoques et troublantes, sur les lèvres de qui, par exemple, le respect du christianisme n’est pas effacé et qui se servent de la vérité même pour détruire la vérité. […] Lui, l’homme incomparable longtemps, qui avait nourri son génie de la forte substance de la vérité, il eût dû savoir plus que personne combien l’idée qu’il soulevait était démentie par tous les faits et toutes les assertions de l’histoire.
L’auteur du Roman bourgeois est dans la vérité de son modèle. […] C’est un romancier qui a placé et élargi la comédie dans le roman, mais qui n’en est pas moins resté sérieusement attaché à la vérité de l’art et à la vérité sociale. Prétendre qu’il a voulu forcer le trait jusqu’à le faire crier, et convulser la vérité jusqu’à la caricature, c’est le rapetisser comme artiste sans pouvoir historiquement légitimer la prétention qu’on met en avant.
Les images, les sentiments et les idées représentent les mêmes vérités à l’homme sous trois formes différentes ; mais le même enchaînement, la même conséquence subsistent dans ces trois règles de l’entendement. […] Les écrivains font sans cesse des fautes semblables, quand ils veulent développer des sentiments profonds ou des vérités morales. […] Il n’existe pas un seul auteur qui ait, en parlant de lui, su donner de lui-même une idée supérieure à la vérité : un mot, une transition fausse, une expression exagérée révèlent à l’esprit ce qu’on voulait lui dérober. […] Toutes les fois que les paroles sont appelées en témoignage, on ne peut dénaturer dans le langage le caractère de vérité que la nature y a gravé ; ce n’est plus un art mensonger, c’est un signe irrécusable ; et ce qu’on éprouve échappe, de mille manières, dans ce qu’on dit. […] Je n’ai pas besoin de dire qu’aucune de ces conditions imposées à l’invention des mots ne peut s’appliquer aux sciences ; il leur faut des termes nouveaux pour des faits nouveaux, et les vérités positives exigent une langue aussi positive qu’elles.
Ne seront-ils un jour tentés de contrôler sur la nature la vérité de leurs créations ? […] la beauté, but premier, risquera fort de s’effacer bientôt pour eux, devant les clartés éclatantes de la réalité et de la vérité ! […] Loin de se soumettre aux faits, il voulut qu’ils vinssent corroborer une idée préconçue : cette idée, par malheur, ne fut pas l’idée de beauté antérieure à toute production de l’art, mais une idée d’ordre scientifique, mais une vérité. […] En lui, vont se joindre, se fondre, se compléter, empirisme et formisme, la vérité et la beauté. […] Il sut donner à chacun de ses livres une vérité différente, une différente beauté, mais une perfection semblable.
Ici, se vérifie, une fois de plus, la vérité des paroles de M. […] Dans toutes les pièces qui suivront il unira le poète au psychologue, le rêve à la vérité la plus stricte et par là il sera plus vrai que tant d’autres. […] Sa vérité est plus extérieure que celle de M. […] Cependant il semblerait ici, comme partout, qu’il y eut un retour vers la simplicité et la vérité. […] S’il n’est pas une école de beauté, de vérité et de renaissance, il devient fatalement une école de laideur, de mensonge et de mort.
Or, nous ne connaissons dans l’histoire du monde que le Catholicisme qui ait jamais pu régler et contenir cet extravasement de la faculté religieuse, parce que le Catholicisme, cette force organisée de la vérité, a, par son Église, l’autorité éternellement présente et vigilante, qui sauve l’homme de son propre excès et le ramène tout frémissant à l’Unité, quand le malheureux s’en écarte, fût-ce même par une tangente sublime ! […] Lui, dont les yeux sont fins et sûrs, n’a-t-il pas senti que, s’il les avait fixés profondément sur ce qui n’est pas seulement une distinction nominale, faite par la haute sagesse gouvernementale de l’Église, il n’aurait pu s’empêcher de voir, se détachant du fond commun des idées et des phénomènes imputés au Mysticisme, pris dans son acception la plus générale et la plus confuse, un autre mysticisme, ayant ses caractères très déterminés ; l’éclatante réalité, enfin, qui contient la vérité intégrale que la Religion seule met sous les mains de nos esprits, mais dont la Philosophie les détourne ? […] L’auteur, dont nous pressentons les opinions à certains accents qui passent à travers les surveillances de sa pensée, l’auteur nie à Saint-Martin et au mysticisme la vérité philosophique et religieuse, — ces deux vérités qui pour nous n’en font qu’une, mais que les rationalistes croient très habiles de séparer ; — et il a raison, s’il ne s’agit ici que de Saint-Martin, « le philosophe inconnu du xviiie siècle », et du mysticisme hors l’orthodoxie, du mysticisme de l’hérésie ou de l’erreur. […] Le grand préjugé contemporain, c’est de croire que le dix-huitième siècle fut uniquement le siècle de l’analyse, de la philosophie d’expérience, des sciences positives, de la démonstration, de la clarté, quand la vérité est qu’il fut autant le siècle des synthèses éblouissantes ou ténébreuses, des à priori audacieux, des sciences menteuses à leur nom, enfin de l’indémontrable en toutes choses. […] Il a raffiné sur ce qui n’admet pas de raffinement, c’est-à-dire sur la vérité du catholicisme qui est la vérité absolue, et il a été dans l’ordre des choses religieuses ce que furent les Précieuses dans l’ordre des choses littéraires.
Vérité inutile et comme non avenue, celle qui demeure au fond d’un puits, fût-ce un puits de science ! […] C’est de savoir se subordonner à celle qu’elle veut aider ; c’est de ne pas satisfaire, aux dépens de la vérité, sa prédilection pour la beauté ! […] Le roman naturaliste a été scientifique par le but qu’il s’est proposé : toute la vérité, rien que la vérité, telle fut sa devise ambitieuse. […] Seulement faut-il regretter que ces fantaisies enfantines cèdent de jour en jour la place à des vérités plus viriles et, somme toute, plus grandioses ? […] Elle ne présentait alors que des vérités éparpillées, des résultats fragmentaires et presque sans lien entre eux.
Ferrari, le mal a commencé déjà ; à part la vérité qu’elle outrage, la théorie de M. […] Assurément la vérité, et même toute la vérité sur l’Italie, est au fond d’une pareille idée. […] Ferrari n’apparaît pas seulement comme une vérité, mais comme la seule vérité qu’il y ait à exprimer sur l’Italie. […] Or, je n’hésite nullement à déclarer que ces détails et ces développements sont d’un maître, — d’un maître dans l’art, si ce n’est dans la vérité ! […] Ferrari soit une vérité ?
Taine de sa théorie sociologique et les lois générales qu’il pose sont insuffisantes : elles ne constituent qu’une partie de la vérité. […] Hennequin a sa part de vérité ; mais, selon nous, son auteur l’a exagérée. […] Toutes les théories que nous avons précédemment examinées n’expriment qu’une part de vérité ; elles aboutissent à des systèmes étroits. […] Ces deux doctrines sont deux parties essentielles de la vérité ; mais la doctrine de M. […] Les ouvriers ne croient guère à la vérité de l’Assommoir, tandis qu’ils admettent facilement le maçon ou le forgeron idéal des feuilletonistes populaires.
Depuis le temps des Périclès, des Auguste, des Médicis, l’influence des bons gouvernements sur les lettres est la moins contestable des vérités littéraires. […] Les troubles civils, en faisant peser sur tout le monde la nécessité d’attaquer ou de se défendre, avaient jeté, pour ainsi dire, chacun hors de sa mesure et de sa vérité. […] Louis XIV n’a fait ni Molière ni Racine, mais il les a mis dans leur naturel et leur vérité. […] Ce serait calomnier ce prince que de prétendre qu’elle ait retenu par crainte aucune leçon, ni tu aucune vérité par flatterie. […] Je la retranche de cette édition, parce que la plus grande vraisemblance ne doit pas prévaloir sur la vérité.
L’incontestable vérité, nul philologue ne l’attrape. […] Et c’est la vérité, l’indiscutable vérité. […] Il a cette grande beauté, la Vérité. […] La victoire nous a remis dans la vérité. […] Il donne l’impression de la vérité.
Il nous avait fait rougir de notre sagesse et douter de notre vérité ; il avait voulu nous mener, l’épée dans les reins, à la foi par le désespoir. […] La grandeur de la royauté, sous Louis XIV, et la grandeur personnelle du roi, en abaissant tout le monde, mirent chacun dans sa vérité. […] Rien n’est annoncé d’avance ; il aime mieux, pour l’efficacité de la leçon, surprendre nos consciences tandis qu’elles sont occupées des autres, et les faire revenir par comparaison sur elles-mêmes, que de les attaquer dogmatiquement, au risque de les trouver en défense derrière des préjugés ou des intérêts auxquels se brisent la vérité impérieuse de La Rochefoucauld et la vérité impitoyable de Pascal. […] C’est la même vérité qui s’est servie successivement des violents combats de l’âme de Pascal, de la mélancolie de La Rochefoucauld, et de la tranquille ironie de La Bruyère. […] Le seul de cette grande famille, il a cherché la vérité pour plaire, dans un temps où les auteurs plaisaient en la cherchant pour elle-même.
L’affectation du style nuit d’ailleurs à l’expression du sentiment, et par conséquent à la vérité. […] Les anciens, si je ne me trompe, ont senti cette vérité, et c’est pour cette raison qu’ils ont traité de l’élocution avec tant de détail ; c’est aussi dans la même idée que nous allons en tracer légèrement les principes. […] La simplicité et le naturel de Massillon me paraissent, si j’ose le dire, plus propres à faire entrer dans l’âme les vérités du christianisme, que toute la dialectique de Bourdaloue. […] Ce n’est, ni dans un sermon, ni en vers, qu’il faut entreprendre de prouver aux incrédules la vérité du christianisme ; le recueillement du cabinet et l’austérité de la prose n’ont rien de trop pour une matière si sérieuse. […] En un mot, la vérité, la simplicité, la nature, voilà ce que tout écrivain doit avoir sans cesse devant les yeux.
Le sentiment moral, prenant sa source dans la vérité religieuse, équivaut à des facultés. […] C’est la vérité que M. […] Nettement, qui n’a que des aspirations confuses, et dont le genre de cerveau brise la cohérence et diminue l’étendue de la vérité, M. […] Parfois dupe de cette forme dont les regains, quand elle en a, sont dus à l’habitude d’une plume longtemps exercée, l’esprit du lecteur s’imagine que quelque chose va enfin sortir de cette intelligence qui a des velléités de vérité, mais rien ne vient. […] Nettement, dont le talent n’était pas précisément la légèreté, est tout à coup devenu souple entre la vérité et la sympathie.
Nulle forme poétique n’est donc plus voisine de la vérité que la forme lyrique. […] Sandeau avec une vérité qui s’élève souvent jusqu’à l’éloquence. […] Tous les traits de ce tableau sont d’une irréprochable vérité. […] C’est une vérité vieille comme le monde, et que M. […] Il n’y a pas une page qui ne porte l’empreinte de la vérité.
C’est à lui de trouver la vérité. […] Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. […] Son besoin de vérité, de vérité absolue, que les choses ont déçu, va se tourner vers leur reflet en lui-même. […] Il ne les a pas voulues, si j’ose dire, ces vérités. […] d’une profondeur et d’une vérité effroyables.
Une vérité si évidente n’a pas besoin d’être démontrée. […] Personne, je crois, ne contestera la vérité du caractère tracé par M. de Lamartine. […] N’eût-il pas été plus sage d’étudier la vérité, au lieu de la travestir ? […] Comme il serait absurde de chercher dans la poésie dramatique autre chose que la vérité historique ou la vérité humaine, et comme M. […] Cette conclusion se distingue, comme la première partie, par une grande vérité.
Il y a une part de vérité dans cette conception. […] Dans un groupe, quel qu’il soit, toute vérité n’est pas bonne à dire ; tout mensonge n’est pas bon à taire. […] Souvent il commence par adopter et par soutenir un mensonge de groupe, en sachant parfaitement que c’est un mensonge : puis, à force de l’entendre et de le répéter, il finit par oublier sa nature mensongère et par le soutenir mordicus comme une vérité. […] Le pragmatisme, c’est l’utile prenant le déguisement du vrai pour mieux s’imposer aux esprits ; c’est une utilisation de la force d’illusion incluse dans l’idée de vérité. […] Tel est le cas de Vigny dénonçant le mensonge social au nom d’un idéal de vérité et de sincérité.
La voix qui se fait entendre est celle de toutes peut-être qui a le moins de force et d’autorité ; mais il ne lui sera pas reproché de manquer de zèle pour la bonne cause et de respect pour la vérité. […] Les maîtres de la nouvelle école parlent beaucoup de vérité. […] Aucun système de littérature ne peut s’attribuer exclusivement, et contester au système opposé ce principe de la double vérité du fond et de la forme, de la nature et du costume. […] Il est, dans les arts, un excès de naturel qui est la pire des affectations, et un degré de vérité niaise ou abjecte qui ferait préférer une élégante imposture. […] La prose elle-même, cette langue du besoin et de la vérité, n’en est pas longtemps exempte.
Seulement, disons-le d’abord, pour éviter tout embarras, le livre d’Aubryet brille de tant de talent et de tant de conscience que, pour nous, la vérité n’est pas plus difficile à dire que la reconnaissance n’est difficile à porter. […] Encore un coup d’aile dans cette voie, encore un bout d’ascension dans cette profondeur de ciel, et la critique était arrivée, je ne dis pas à sa vérité de fait et de découverte, — car Aubryet peut se tromper et même il se trompe quelquefois dans l’idée générale qu’il dégage d’un homme ou d’une œuvre pour le faire mieux ressortir sur ce fond de lumière, — mais elle était arrivée à sa vérité d’essence et de direction. […] » dit-il, avec un charmant rapport de vérité, et il ajoute excellemment, pour conclure une thèse soutenue avec une raison étincelante : « L’immense supériorité du monde moderne sur le monde antique, c’est, tout en gardant la beauté physique, de l’avoir reconciliée avec la beauté morale », et rien n’est plus vrai. […] L’horreur de la démocratie, que doit avoir un homme qui écrit avec idolâtrie le mot de « Patriciennes » sur la première page d’un livre qu’il publie, est une garantie de christianisme chez Xavier Aubryet ; mais il est chrétien, comme ses femmes sont chrétiennes, parce que le Christianisme, cette religion de la grâce, est un charme pour lui, et non pas une vérité. […] — Lovelace avait déjà, de son temps, deviné cela devant le corsage fermé de Clarisse ; mais ce qu’il avait senti n’avait pas été mis en coupe réglée d’axiomes et de vérités à déduire.
Nous avons grandi, nous avons rejeté bien des erreurs, découvert bien des vérités ; nous avons soulevé bien des voiles. […] Vainement on essaierait de nier cette vérité. […] C’est une erreur, mais qui cache une vérité. […] n’y a-t-il donc pas une vérité à laquelle je puisse m’attacher ? […] Telle est en effet la vérité psychologique.
Tous les deux font régner la vérité dans leur commerce : avec la vérité, la liberté, la vertu, le bonheur. […] L’essentiel est que cet idéal jamais atteint contienne assez de vérité et de vertu pour améliorer notre pauvre présent. […] Et ici apparaît la vérité profonde enfermée dans le paradoxe qu’il soutient contre les arts et les lettres. […] L’autre vérité du livre, c’est la guerre déclarée au mensonge social : notre société vieillie vit d’une vie factice, elle s’est fait des sentiments, des jouissances, un honneur, une morale hors de la vérité ; ses préjugés autorisent le mépris de la vertu plutôt que des convenances. […] Cependant de là encore on peut tirer d’excellentes vérités.
La morale de la bonne comédie le veut ainsi, et la vérité le veut avant la morale. […] Si détournées que soient les routes, pourvu qu’on arrive à la vérité, je ne chicane pas. […] Voilà pourquoi ils parlent avec vérité et gaieté. […] C’est ainsi que Fabre a complété le héros de Molière, et la vérité n’y répugne point. […] Non ; la vérité morale ne le voudrait pas et la nature s’y oppose.
Elle eut à la vérité ses différens âges tirés de la rudesse ou de la politesse des plumes qui la traitèrent, comme le remarque le P. […] Comme le goût tient à la vérité, & qu’il étoit perdu depuis long-temps, le faux prit la place du vrai. […] Il étoit en effet plus aisé de rétablir la vraisemblance dans la Tragédie, que la vérité dans la Comédie. […] Quelle vérité dans les caractères ! […] Que de couronnes arrachées par le Temps & par la force de la Vérité !
Enfin, comme chez les romantiques, il y avait chez Zola le manque de finesse et l’horreur de la vérité. […] » Et comme les romantiques il avait l’horreur même de la vérité. Les romantiques vivent dans l’imagination comme le poisson dans l’eau et ont la crainte de la vérité comme le poisson de la paille. […] Non seulement ils ne sentent pas la réalité, mais ils révèlent l’horreur qu’a leur auteur à l’égard de la vérité. […] La vérité plaît à un petit nombre d’hommes, l’hyperbole ravit la majorité des hommes.
L’écrivain qui ne cherche que dans l’immuable nature de l’homme, dans la pensée et le sentiment, ce qui doit éclairer les esprits de tous les siècles, est indépendant des événements ; ils ne changeront jamais rien à l’ordre des vérités que cet écrivain développe. […] La plaisanterie était, du temps de Voltaire, comme les apologues dans l’Orient, une manière allégorique de faire entendre la vérité sous l’empire de l’erreur. […] Les idées philosophiques ont pénétré dans les tragédies, dans les contes, dans tous les écrits même de pur agrément ; et Voltaire, unissant la grâce du siècle précédent à la philosophie du sien, sut embellir le charme de l’esprit par toutes les vérités dont on ne croyait pas encore l’application possible. […] Dans ses pièces, les situations sont plus fortes, la passion est peinte avec plus d’abandon, et les mœurs théâtrales sont plus rapprochées de la vérité. […] L’enchaînement des idées et la progression croissante des vérités philosophiques fixent l’attention de l’esprit bien plus que les rapports passagers, incohérents et partiels qui peuvent exister entre nos circonstances particulières et les événements de notre temps.
Dès que les ouvrages de littérature ont pour but de remuer l’âme, ils approchent nécessairement des idées philosophiques, et les idées philosophiques conduisent à toutes les vérités. […] Les vérités philosophiques ont sur l’esprit éclairé qui les admet le même empire que la vertu sur une âme honnête. Ces vérités sont un mobile d’émulation indépendant des circonstances, un but qui console des revers, et ne soumet pas le bonheur au succès. […] Qu’est-ce que l’homme s’il se soumet à suivre les passions des hommes ; s’il ne recherche pas la vérité pour elle-même, s’il ne marche pas toujours vers les hauteurs des pensées et des sentiments ? […] L’on doit donc s’affranchir, s’il se peut, des craintes douloureuses qui pourraient troubler l’indépendance des méditations, confier sa vie à la morale, son bonheur à ceux qu’on aime, et ses pensées au temps, au temps, l’allié fidèle de la conscience et de la vérité.
la forme sera-t-elle sauvée par la vérité éternelle du fond ? A la vérité, une considération importante diminue beaucoup la portée du problème. […] Je n’admets pas sans doute la séparation des deux domaines en ce sens que la philosophie serait faite pour les uns et la religion pour les autres, ni en ce sens qu’elles auraient deux objets différents : l’une les vérités naturelles, l’autre les vérités surnaturelles. […] Elle compense à la vérité ce mal par la hauteur de son enseignement moral ; mais cette compensation est insuffisante : c’est du moins notre profonde conviction. […] Sans doute personne ne peut répondre de l’avenir : il pourrait se faire que la crise protestante à laquelle nous assistons ne soit qu’un des symptômes de la dissolution des croyances, un acheminement au scepticisme, au positivisme, à l’athéisme ; mais il me semble que cela ne peut être solidement soutenu que par ceux qui nient la vérité intrinsèque de toute religion.
Ils ont tellement besoin de vérités qu’ils adoptent les vérités nouvelles sans rejeter les anciennes ; le cerveau de l’homme civilisé est un musée de vérités contradictoires. […] Il ne s’agit pas de vérité. […] C’est cette utilité qui démontre sa vérité. […] Toute idée de vérité doit être écartée des études religieuses, et même de vérité relative. […] Voilà la vérité.
Quelle joie plus pure en effet que celle que donne la découverte d’une utile vérité ? […] Il jouit tour à tour des systêmes élevés & profonds de la Métaphisique, des sublimes préceptes de la Morale, des immuables vérité de la Géométrie, des tableaux attachans de l’Histoire, du pinceau de Rubens, du cizeau de Bouchardon, du charme inexprimable de l’éloquence, & de celui de la Poësie le premier, le plus beau des Arts, qui frappant par excellence le cœur de l’homme, lui procure le plaisir d’être délicieusement ému, & embellit à ses yeux tous les objets de l’Univers. […] Une premiere vérité l’enhardit à en connoître une seconde, & si sa vie n’étoit pas bornée, sans doute, tél homme de génié auroit embrassé le cercle des connoissances humaines. […] Vous n’avez pas moins de charmes pour moi que la vérité ; puissiez-vous me toucher & me plaire jusques dans les derniers instans de ma vie. […] Si votre cause exige quelque chaleur, que ce soit avec noblesse avec honnêteté ; vos raisons ne perdront rien de leur force lorsqu’elle seront présentées avec modération ; on y reconnoîtra mieux le ton de la vérité.
Mais cette vérité trop simple n’eût pas produit des livres. […] L’histoire ne m’a offert qu’incertitude ; la physique que ténèbres ; la morale que vérités communes, ou paradoxes dangereux ; la métaphysique que vaines subtilités. […] Mille plumes, et encore plus de clameurs, se sont élevées contre moi, et m’ont fait éprouver que la vérité est comme les en fans, qu’on ne la met point au monde sans douleur. Ayant ainsi appris à mes dépens qu’il ne faut montrer aux hommes, ni la vérité historique qui les blesse, ni la vérité philosophique qui les révolte, mais des vérités froides et palpables, qui ne donnent prise ni à la calomnie ni à la satire, je me suis jeté dans les sciences exactes, et j’ai fait enfin un livre dont on a dit du bien, mais qui n’a été lu de personne. […] Sans doute elle ne dit pas toujours la vérité ; mais elle ne la dit encore que trop pour le principal objet que vous deviez vous proposer dans cette lecture, celui de connaître les hommes.
La science a libéré l’esprit de Renan de sa discipline d’enfance ; elle lui a appris à douter pour la vérité. […] On peut cerner, au moins de loin, la vérité. […] Elles reconnaissent un esprit intelligent et travailleur, un esprit probe qui ne veut pas se laisser imposer de vérité du dehors, soit un esprit cartésien : sur le doute provisoire, que bâtir ? […] Et alors la pensée libre de Renan, qui croit à beaucoup de vérités, lui semble nulle de par ses recherches variées et sa richesse même.
Parlant de certaines pièces, de dépêches de Chamillart qu’il avait eues entre les mains et qui eussent été capables de déshonorer le ministère depuis 1701 jusqu’en 1709, Voltaire écrivait au maréchal de Noailles (1752) : « J’ai eu la discrétion de n’en faire aucun usage, plus occupé de ce qui peut être glorieux et utile à ma nation que de dire des vérités désagréables. » Ce point de vue est loin d’être celui de Saint-Simon, dont on a dit avec raison qu’il était « curieux comme Froissart, pénétrant comme La Bruyère, et passionné comme Alceste ». […] Mais si c’est un jugement impartial, désintéressé et historique, que M. de Noailles a prétendu porter, comme cela était si digne de son esprit, je me permets de croire qu’il n’a pas rendu à Saint-Simon l’éclatante justice que ce grand observateur et peintre mérite à tant d’égards, et particulièrement pour la bonne foi, pour la probité, pour l’amour de la vérité qui se fait jour jusque dans ses erreurs et ses haines, et pour un certain courage d’honnête homme dont on ne voit pas que, jusqu’en ses excès, il ait manqué jamais. […] La vérité, s’écrie-t-il, il l’a eue en vue jusqu’à lui sacrifier toutes choses : « C’est même cet amour de la vérité qui a le plus nui à ma fortune ; je l’ai senti souvent, mais j’ai préféré la vérité à tout, et je n’ai pu me ployer à aucun déguisement ; je puis dire encore que je l’ai chérie jusque contre moi-même. » Pourtant, s’il redresse si haut la tête sur ce chapitre de la vérité, il convient que l’impartialité n’a pas été son fait ; il sent trop vivement pour cela : On est charmé, dit-il, des gens droits et vrais ; on est irrité contre les fripons dont les cours fourmillent ; on l’est encore plus contre ceux dont on a reçu du mal. […] Sa seule prétention, en ce qu’il écrit, c’est que, somme toute, la vérité surnagera même à la passion, et que, sauf tel ou tel endroit où la nature en lui est en défaut, le tissu même de ses Mémoires rendra témoignage de sincérité et de franchise dans son ensemble. […] Saint-Simon est sincère et véridique, et ici il va nous prouver par ses aveux qu’il sait chérir la vérité au besoin jusque contre lui-même.
La vie paresseuse ou la vie active sont plus dans la nature de l’homme que la méditation ; et pour consacrer toutes les forces de sa pensée à la recherche des vérités philosophiques, il faut que l’émulation soit encouragée par l’espoir de servir son pays et d’influer sur la destinée de ses concitoyens. […] Lorsqu’au contraire les faveurs de l’opinion dépendent aussi des faveurs d’un homme, la pensée ne peut se sentir libre dans aucune de ses conceptions : loin de se consacrer à découvrir la vérité, ses bornes en tout genre lui sont prescrites. […] Et quel misérable mélange n’ont-ils pas fait des flatteries et des vérités, ces philosophes incrédules et soumis, hardis et protégés ! […] L’on est un grand écrivain dans un gouvernement libre, non comme sous l’empire des monarques, pour animer une existence sans but, mais parce qu’il importe de donner à la vérité son expression persuasive, lorsqu’une résolution importante peut dépendre d’une vérité reconnue. […] Si les paroles n’ont pas éloquemment instruit du motif des actions, si les actions n’ont pas consacré la vérité des paroles, la mémoire garde un souvenir isolé des paroles et des actions.
Mais voici, hésitante et envahisseuse comme le flot qui monte, puérilité persistante en qui rien n’éveillera des sens ou un cœur de femme, mais dont la tête faible se grisera tantôt de perversités, tantôt de vérités, tantôt de folies, — Suzanne. […] Après bien des agitations, bien des mouvements contradictoires, le flot pousse sur la terre de vérité cet esprit inquiet et troublé, épave enfin sauvée peut-être. […] En Tain Jude s’irrite, affirme avec une énergie croissante que les vérités éternelles ne doivent pas être vues aux reflets changeants des évènements fortuits. […] Elle me paraît suffisante à faire sentir la grave faute commise par Thomas Hardy en confiant à un personnage aussi flottant que Suzanne le soin de nous enseigner la vérité morale. […] Les vérités antisociales et les demi-vérités psychologiques contenues dans Jude l’obscur pouvaient peut-être se mouvoir en une harmonie vivante.
Chargés de vérité et pour ainsi parler, pavoisés de couleurs d’un grand talent, dont le caractère est l’éclat, ces trois volumes, comme le vaisseau que montait l’aïeul de Cortès pour aller à la conquête d’un monde, s’en vont à la conquête des âmes, qui sont aussi des mondes et peut-être plus difficiles à conquérir… Quelle que soit leur destinée, c’est un service rendu à l’Église que d’avoir pensé à les traduire et à les publier dans cette langue française qui n’est pas seulement, comme on l’a dit, la langue de la diplomatie et de la philosophie, mais qui est plus qu’une autre la langue de la propagation et de la foi. […] Son mérite le plus net, à nos yeux, le plus grand honneur de sa pensée, c’est d’avoir ajouté à une preuve infinie ; c’est, après tant de penseurs et d’apologistes, qui, depuis dix-huit cents ans, ont dévoilé tous les côtés de la vérité chrétienne, d’avoir montré, à son tour, dans cette vérité, des côtés que le monde ne voyait pas ; c’est, enfin, d’avoir, sur la Chute, sur le Mal, sur la Guerre, sur la Société domestique et politique, été nouveau après le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, ces imposants derniers venus ! La vérité a des fonds de sac étonnants et inépuisables. […] Elle est aussi dans cette philosophie de l’histoire qu’on trouve dès 1849 dans la lettre, datée de Berlin, à M. de Montalembert, et qui est d’ailleurs la vue génératrice de toutes les vérités de l’Essai, lesquelles sont nombreuses. […] Au premier rang de ce monde par les titres et les relations, Donoso Cortès, marquis de Valdegamas, n’y exerça pas toute l’influence à laquelle, de talent et d’âme, il avait droit, et la faute en fut justement au monde de ce temps, haïsseur de toute vigueur et de toute vérité complète !
Funck Brentano, qui devrait croire à la philosophie puisqu’il la professe, le sophiste n’existe point en soi… Le sophiste, c’est toujours un philosophe dépravé qui déprave une philosophie antérieure, qui abuse de cette philosophie, qui en fausse le principe, les idées, le langage, et cela est vrai si la philosophie est elle-même une vérité. […] … Or, quelle philosophie est absolument une vérité ? Il peut y avoir des parcelles de vérité dans un système philosophique, mais les erreurs foisonnent dans tous, et le génie lui-même a le sort de Sylla : il meurt des poux qu’il a engendrés. […] Funck Brentano… Peut-être qu’au fond de sa pensée il conclut que tout système philosophique a droit au respect ou à l’admiration des hommes, non pour la vérité qu’il prouve, mais pour le génie qu’il a prouvé ! […] L’auteur est certainement un homme qui se connaît en philosophie, — qui jauge compétemment et lestement tous les systèmes, quoiqu’il se soucie peu de les hiérarchiser, dans son livre, par la somme de vérité qui les distingue les uns des autres.
Mais nonobstant, ce qui distingue, ce qui met à part ce dernier livre, c’est la sincérité, c’est la vérité de l’inspiration que l’on trouve au fond. […] Déjà très-éloigné par la vérité des sentiments de son premier recueil de poésies qui n’avait que la vérité très-relative de la jeunesse et la ferveur de l’imitation, M. de Beauvoir, s’il ne veut pas manquer aux dons qu’il a reçus, aux facultés d’une nature primitivement exquise et dont il a certainement abusé comme tous ces Polycrates de la destinée qui lancent à la mer leur émeraude qu’un brochet ne leur rapporte pas toujours, M. de Beauvoir doit entrer résolument dans la voie que certaines pièces de son dernier recueil viennent d’ouvrir. […] L’auteur des Colombes et Couleuvres a les défauts de ses qualités, mais cette phrase, devenue si vulgaire, inventée par les Éclectiques de ce temps, pour éviter les embarras de la vérité et les lâchetés de la Critique, n’exprime pas pour nous une fatalité. […] Ainsi encore les Lakistes et Wordsworth en Angleterre, s’ils manquent de vérité humaine, sont, au point de vue de la langue poétique, de très grands écrivains. C’est cette correction de l’expression dans la vérité de l’inspiration qui constitue la poésie complète et que l’auteur de Colombes et Couleuvres n’a pas toujours.
Il faudrait donc dans ces sortes d’ouvrages tâcher de n’être jamais ni au-dessus, ni au-dessous de la vérité. […] Il consiste presque toujours dans des allusions fines, ou à des traits d’histoire connus, ou à des préjugés d’état et de rang, ou aux mœurs publiques, ou au caractère de la nation, ou à des faiblesses secrètes de l’homme, à des misères qu’on se déguise, à des prétentions qu’on ne s’avoue pas ; il indique d’un mot toute la logique d’une passion ; il met une vertu en contraste avec une faiblesse qui quelquefois paraît y toucher, mais qu’il en détache ; il joint presque toujours à un éloge fin une critique déliée ; il a l’air de contredire une vérité, et il l’établit en paraissant la combattre ; il fait voir ou qu’une chose dont on s’étonne était commune, ou qu’une dont on ne s’étonne pas était rare ; il crée des ressemblances qu’on n’avait point vues ; il saisit des différences qui avaient échappé ; enfin, presque tout son art est de surprendre, et il réussit presque toujours. […] Par le même caractère, il devait se faire un plan raisonné du bonheur ; il consentait bien à instruire, mais il voulait plaire ; il ne mettait assez d’intérêt ni à la vérité, ni aux hommes, pour se compromettre : il ne devait donc jamais présenter la vérité avec chaleur ; et son système devait être de la laisser entrevoir plutôt que de la dire. […] On citera toujours le tableau de la police de Paris comme un morceau très éloquent, non pas, à la vérité, de cette éloquence de l’âme qui remue, mais de celle de l’esprit, qui sait voir et présenter un grand objet sous toutes ses faces80. […] Ce qui caractérise l’auteur de ces éloges, c’est une philosophie pleine de fermeté, et quelquefois de hauteur ; une âme qui ne craint pas de se montrer, qui ose afficher son estime ou sa haine, qui ne blesse point les convenances, mais qui, en ôtant à la vérité ce qu’elle a de révoltant, lui laisse tout ce qu’elle a de noble ; un esprit à la fois sage et profond ; l’étendue des idées jointe à la méthode ; un style précis qui n’orne point sa pensée, qui ne l’étend pas, dont la clarté fait le développement, et dont la parure est la force ; et quelquefois l’art de saisir le ridicule et de le peindre avec toute la vigueur que donne le mépris, quand ce mépris est commandé par la raison.
C’est la vérité. […] Son livre est tout plein du désir de la vérité ; son livre est tout plein de vérité. […] Elle ne nous dit pas où est la vérité : elle nous dit où la vérité n’est pas. […] Il est d’une vérité manifeste. […] la vérité.
L’œuvre du génie est, par excellence, de nous ramener sans cesse à la nature, à la vérité, et par la vérité à l’idéal. […] Est-elle aussi riche en vérités supérieures à la vérité vulgaire ? […] L’art ne reproduit pas seulement la beauté et la vérité visibles, mais une beauté et une vérité supérieures à celles des faits réels. […] Le langage rythmé a, pour ainsi dire, plus de vérité que la prose. […] C’est donc la vérité supérieure, la vérité invisible qui a besoin d’un symbole : ce symbole est la beauté.
La vérité selon soi, c’est la sincérité. […] Le Tasse, plus tard, mêlait avec génie les vérités du catholicisme, religion nouvelle du monde, aux fables divines ou infernales de son époque. […] Le sentiment que le sculpteur a de cette vérité influe à son insu sur la perfection de son travail. […] Voilà la vérité. […] Cette vérité d’instinct chez lui, d’expérience chez nous, est la seule démontrée.
Et il n’y aurait là qu’un fait de l’ordre pathologique à déplorer, si Michelet était tombé de la vérité et du plein bon sens dans ses fureurs physiologiques ; mais nous savons trop d’où il est tombé ! […] il s’agit de la vérité absolue ; il s’agit de la vie ou de la mort de la France ! […] Le Christianisme, pour le monde moderne et à tous les étages de l’intelligence, est l’enveloppement de la vérité dernière. […] Ils ont marché par toute la terre pour évangéliser les nations, et, quand il l’a fallu, ils sont morts pour la vérité qu’ils apportaient au monde. […] Parmi les sensations sérieuses que nous fait éprouver ce volume sorti de la tombe de Michelet, la meilleure, pour nous, est la sensation de l’ennemi qui s’enfile lui-même sur le glaive de la Vérité.
Ce simple hommage de la vérité, à un labeur considérable, à une œuvre de haute importance n’a jamais été offert, et il serait temps de le tenter. […] Nous voici donc en possession de la vérité première. […] Et c’est, à la lumière de cette vérité, que nous pourrons pénétrer dans les constructions massives qu’il édifia, et en découvrir l’intime signification. […] Je crois qu’Emile Zola pourrait méditer longuement et avec profit ces quelques lignes du poète américain Walt Whitman, cette vérité des vérités dont la révélation suffirait à la gloire d’un homme : En acceptant joyeusement de marcher sous la conduite de la science moderne, je n’en reconnais pas moins un fait supérieur à tous les faits quelle peut mettre en lumière. […] Je crois à une peinture de la vérité plus large, plus complexe, à une ouverture plus grande sur l’humanité 19 » Il y a peut-être là l’intuition du vrai.
Chaque principe étant une partie de la vérité totale, il implique virtuellement cette vérité, et ne saurait se réaliser intégralement qu’avec cette vérité ; or cela est impossible, vu la relativité des groupes, des temps, de la connaissance et de la puissance humaines. […] Au lieu donc de nous opposer aveuglément, inutilement, aux principes nouveaux, de les exaspérer par notre résistance, il faudrait travailler à leur réalisation harmonieuse, qui respectera forcément, peu importe sous quelle forme, les vérités essentielles du passé. […] C’est alors seulement que la vérité relative d’une époque, d’un milieu, vécue par un artiste, prend une valeur absolue : elle n’est plus une abstraction, elle est un fait ; en prenant corps dans une œuvre précise et personnelle, elle devient une réalité agissante et durable à jamais. […] Quelque contradictoires que puissent paraître ces œuvres d’art successives, chacune d’elles est vraie ; étant œuvres de vie, elles convergent toutes, dans la même sincérité, comme autant de rayons, vers l’immortelle beauté de la vérité. […] C’est ainsi que Machiavel et surtout Montesquieu ont pu établir des vérités constantes.
Notre conscience croit se décharger en confessant la vérité de ces peintures. […] » A la vérité, dans cette hardiesse contre les grands, il n’a pas de lâches complaisances pour les petits. […] J’en doute, et la vérité me force d’en dire les raisons. […] Quelques-uns rencontraient souvent la vérité, mais on les admirait plus souvent pour l’avoir manquée. […] Une autre fois, au bas d’un passage où Vauvenargues parlait de « la vérité » dont Bossuet « fait sentir despotiquement l’ascendant », — de la vérité !
C’est la vérité qui dissipe le mensonge. […] Il crut en Dieu sans y mettre sa confiance, il aima la vertu sans y croire, et la vérité en prêtant sa voix au mensonge. […] Chaque émotion lui fait découvrir une vérité, chaque objet de la nature un bienfait. […] Il dit: Aimez-moi, honorez-moi, croyez en moi, je suis la vérité ! […] En deux mots, c’est l’écrivain français de la vérité.
En attendant, Charron continuait son office de théologal et d’homme d’Église et combattait avec sincérité les protestants : il composait à Bordeaux, pendant ces années de troubles, et il publiait en 1595 son livre intitulé Les Trois Vérités. […] Ces trois vérités qu’il veut établir sont : 1° qu’il y a un Dieu ; 2° que de toutes les religions la chrétienne est la seule vraie ; 3° qu’entre les diverses créances ou communions dites chrétiennes, la catholique romaine est la seule véritable. Il traite brièvement des deux premiers points et réserve tous ses développements pour la troisième vérité qu’il dédie expressément à Henri IV ; et dans cette dédicace il exprime particulièrement sa joie comme Parisien « pour cette tant douce et gracieuse, et en toutes façons tant miraculeuse réduction de cette grande ville du monde à l’obéissance de son vrai et naturel roi, à son devoir et à son repos. » C’était l’heure de la Satyre Ménippée, cette œuvre parisienne aussi et si décisive pour le triomphe de la bonne cause. […] Quelques-uns de ces caractères ne laissent pas d’étonner au premier abord : en effet Charron s’y montre plus sceptique dans l’exposé de certaines vérités naturelles qu’on ne s’y attendrait d’après son rôle public de théologien, et il nous est possible, sans trop de difficulté, de retrouver le lien qui unit ses ouvrages de religion et d’apologétique à celui qu’il composera bientôt à un point de vue tout philosophique, comme disciple de Montaigne, et sous le titre humain De la Sagesse. […] Après tout, assez peu lui importe qu’on atteigne à cette croyance vive qui est la source unique de la vérité et du bonheur, selon Pascal et les vrais croyants.
Cette vérité, un mot sublime l’interprète. […] La vérité ? […] Je n’ose dire : la vérité. Cependant, oui, la vérité ! […] Il ne cherche pas la vérité, mais il cherche de la vérité.
Suffit-il de mettre côte à côte ces études particulières, de présenter dans un ordre vaguement chronologique un monceau de vérités de détail sans lien entre elles ? […] Bref, on ne mutile pas seulement la vérité : on la fausse. […] Nous avons commencé par étudier les œuvres individuelles et les individus eux-mêmes ; nous avons amassé une quantité de vérités particulières. […] Nous sommes ainsi en passe d’arriver à des vérités générales, et c’est à cette étude d’ensemble qu’il nous faut travailler maintenant.
En un mot, avec une entière sincérité, mais aussi avec une race adresse, il fait entrer dans le système de la religion toutes les vérités acquises depuis des siècles par la raison laïque. […] Une ferme et souple logique mène le sermon à son but ; Bossuet raisonne loyalement, solidement ; il excelle à résoudre les plus rudes objections, à mettre en lumière la vérité qu’elles recèlent, pour s’emparer de cette vérité et en faire un argument à son usage. […] Il a saisi dans leur caractère, dans leur activité, un trait, un caractère, qui mettaient bien en lumière une vérité importante du dogme ou de la morale : et c’est sur cette vérité qu’il prêchait son panégyrique. […] Mais il a dit, ou fait entendre toute la vérité qu’il était capable de concevoir. […] Fénelon nous a tracé dans ses Dialogues sur l’éloquence un portrait de Bourdaloue prêchant, qui manque de bienveillance, mais non de vérité.
Changez l’orthographe c’est une vérité de tous les temps exprimée dans un langage définitif. […] La plus sensible des différences entre Froissart et ses devanciers, c’est que ceux-ci s’en tiennent à ce qu’ils croient la vérité et que Froissart entre hardiment dans la vraisemblance C’était là une grande et fécondé nouveauté. Je ne sais même pas si la vraisemblance, en ce qui regarde l’histoire, est d’un rang inférieur à la vérité, et un motif de jugement moins certain ; outre que celle-ci, pour être reconnue, a besoin d’être conforme à celle-là. […] Je ne lui en veux pas non plus des changements qu’on l’accuse d’avoir fait dans ses chroniques, parce qu’il aurait tiré, dit-on plus d’argent du mensonge que de la vérité. […] Et qui peut accuser Froissart de n’avoir pas aimé, jusqu’à se mettre mal avec les gens, la vérité, qu’il lui était presque impossible de savoir ?
C’est elle seule qui est la vérité. […] La recherche de la vérité est seule digne de notre activité intelligente. […] C’est une vérité austère, étrangère à la réalité concrète, une vérité nue, dépourvue des agréments d’ici-bas, mais une vérité souveraine en son ascétisme autocratique. […] Mais contient-elle plus de vérité qu’une autre ? […] La vérité de ce cadavre est pathétique.
De plus, ces vérités qui ont besoin d’explication, de restriction, ne doivent-elles pas être réservées pour un âge plus avancé que celui du duc de Bourgogne ? […] La Fontaine a déjà établi plusieurs fois qu’on revient toujours à son caractère ; mais de toutes les fables où il a cherché à établir cette vérité, celle-ci est sans contredit la meilleure : aussi y avons-nous souvent renvoyé le lecteur. […] Il faut, dans la louange, le ton de la vérité. […] Ce n’est point à la vérité un Apologue, mais une fort bonne leçon de morale, et plusieurs vers sont admirables ; tels sont ceux-ci : V. 4. […] Autrefois l’éléphant et le rhinocéros… Nous retrouvons pourtant un véritable Apologue, c’est-à-dire, une action d’où naît une vérité morale voilée dans le récit de cette action même.
Plus ambitieuse de plaire à l’esprit que de toucher le cœur, son éloquence est plutôt celle d’un Ecrivain moraliste & poli, que d’un Orateur Chrétien, pénétré des vérités qu’il prêche, & doué du talent d’en pénétrer les autres. […] Cet Orateur prouve assez bien les vérités qu’il avance, ses raisonnemens sont assez suivis, ses pensées assez souvent lumineuses & toujours assez bien exprimées ; mais il ne touche, il ne remue, il n’est vraiment éloquent que par intervalles, & les intervalles sont très-longs, si ce n’est dans le Discours sur l’aumône, où il se montre souvent sensible & pathétique, toujours noble & quelquefois sublime. Dans ses autres Discours, il parle rarement au cœur ; jamais ou presque jamais de ces expressions vigoureuses, de ces images frappantes, de ces traits hardis qui supposent une ame fortement pénétrée de son sujet, & capable de maîtriser les autres ames Il a paru trop oublier que les hommes déferent moins à la raison qu’à leurs passions ; que ce n’est qu’en agitant leur cœur, qu’on parvient à les dominer ; que l’homme éloquent n’est pas celui qui raisonne avec justesse, mais celui qui rend avec énergie ce qu’il sent avec vivacité ; celui qui nous échauffe par la chaleur du sentiment & de l’imagination, non celui qui nous instruit & nous éclaire par la lumiere & la vérité de ses raisonnemens.
Son père, d’ailleurs respectable et attentif, ne le comprit pas et le contraignit ; lui qui sera si ami de la vérité, il lui arriva, tout enfant, de mentir quelquefois à son père par crainte. […] Au lieu de cela, il va tomber entre des mains équivoques et à demi ténébreuses : Après le duc de Choiseul, écrit-il naïvement, c’est Grainville, premier capitaine de grenadiers au régiment de Foix, qui a été l’instrument de mon entrée dans les hautes vérités qu’il me fallait. […] Dans l’intervalle, il fit imprimer plusieurs ouvrages dont le premier, composé à Lyon, fut publié en 1775, sous le titre Des erreurs et de la vérité, ou les Hommes rappelés au principe universel de la science. […] Voltaire, à qui le maréchal de Richelieu en avait parlé avec éloges, écrivait à d’Alembert (22 octobre 1776) : Votre doyen51 m’avait vanté un livre intitulé Les Erreurs et la Vérité ; je l’ai fait venir, pour mon malheur. […] Ils croient traiter des vérités d’intelligence, tandis qu’ils ne traitent que des affections et des sentiments ; ils ne voient pas que la femme passe tout, pourvu qu’elle trouve l’harmonie de ses sentiments ; ils ne voient pas qu’elle sacrifie volontiers à cette harmonie de ses sentiments l’harmonie des opinions… Tenons-nous en garde contre les fournaises.
Elle n’est pas seulement de la grande peinture, elle est aussi — et avant tout — un jugement prononcé par l’homme au nom de Dieu et de la vérité, et, comme tous les jugements, elle ne s’établit que sur une enquête sagace et profonde. […] Les pédants de l’Histoire les avaient traités d’esprits superficiels, parce qu’ils ne disaient que la sobre vérité, et ces esprits superficiels avaient raison ! […] La vérité n’en doit pas moins être dite, pour des raisons supérieures, soit qu’elle blesse les partis toujours vivants, soit qu’elle contrarie les opinions faites ou même qu’elle paraisse trop piquante pour être admise. […] Cassagnac a regardé en face le fabuleux basilic, et il a eu l’honneur, je ne dis pas de rétablir, mais d’établir la vérité sur un homme à qui on avait fait une gloire dépravante : car, il ne faut pas s’y méprendre, dans un moment donné ceux qui l’admirent s’efforceraient de l’imiter. […] Et, je l’ai dit ailleurs, à côté de l’intérêt de la vérité en elle-même, il en est un autre dû aux circonstances et qui donne au livre de Cassagnac une importance d’opportunité qui tient réellement de l’événement politique.
Et cette faute, de l’avoir oubliée, plane dans toute son histoire comme un nuage qui y jette son ombre à tout ce qu’il y a de vérité. Car il y a beaucoup de vérité dans cette histoire ; car le souffle qui y passe et qui l’anime est très fort et très pur. […] : « Quand on croit posséder la force et la vérité, on ne peut supporter l’insolent spectacle des outrages contre cette force et cette vérité. » Et cette phrase, à mille pieds au-dessus des partis, me faisait dire : « En voilà un qui a peut-être compris ! […] Forneron croit justement qu’il l’a perdue par la faute des hommes, — par ce que nous nommons, nous autres catholiques, le Péché, et ce que les mondains appellent seulement des fautes… Et c’est la vérité. […] pour écrire la vérité, l’épouvantable vérité, qui le désole, mais sans le faire trembler dans la moindre des certitudes de sa foi.
Le christianisme y est montré pareil aux religions hindoues, tenant une égale part de la Vérité. […] Elle est la vérité, parce qu’elle s’accorde pleinement à la seule théorie possible du bonheur. […] L’Art que promet Wagner doit enseigner la vérité, n’a de valeur que celle d’un précepte. […] L’écrit Religion et Art révèle la vérité aux penseurs. […] « Connaissez la vérité, disait Jésus, et la vérité vous rendra libres. » Et c’est, encore, la doctrine de Wagner.
Karr a eu l’idée de dire dans ses Guêpes ce qu’on ne lui laisserait dire dans aucun journal, car tout journal a son genre de vérités particulières à l’usage des rédacteurs et des abonnés. Mais ce n’est pas tel ou tel journal qui a seulement ce genre de vérités restreintes, c’est la société elle-même qui ne peut jamais entendre qu’une portion de vérités, et, dès qu’on en est avec elle aux personnes, cette limite est bien vite atteinte.
Le drame voulait une dernière explication entre Orosmane et Zaïre ; la vérité voulait un dernier combat. […] On n’y sent pas la vérité historique. […] N’oublions pas, après tout, que tel d’entre eux a rendu populaire plus d’une vérité utile. […] A cet âge-là on sait trop peu la vie pour discerner la vérité dramatique de ses apparences. […] Mais la vérité veut que je remarque par quel étrange et mélancolique retour ce qui nous a le plus séduits dans la jeunesse est ce qui choque le plus notre âge mur.
Mais il vaut mieux encore revenir à la vérité et ne reconnaître d’autre majesté que celle de la nation et de l’idéal. […] La religion, c’est savoir et aimer la vérité des choses. […] Dites aux simples de vivre d’aspiration à la vérité et à la beauté, ces mots n’auront pour eux aucun sens. […] Jusqu’ici je t’ai appelé d’un nom d’homme ; j’ai cru sur parole celui qui dit : je suis la vérité et la vie. Je lui serai fidèle en suivant la vérité partout où elle me mènera.
Je vivais au sein même de la vérité ; j’en étais inondé, pénétré, enivré. Mais aujourd’hui, je le dis sincèrement, ma joie est mêlée d’une grande inquiétude ; cette vérité historique dont j’ai eu la révélation première, ai-je bien la force et le talent qu’il faut pour la communiquer ? […] Né en janvier 1641 et de trois ans plus jeune que Louis XIV, Louvois comprit dès l’enfance la vérité de ce que La Bruyère, a mis en maxime : Jeunesse des princes, source des belles fortunes . […] Il lui donne en retour toutes les preuves de dévouement dont il est capable, et celle qu’un ministre digne du pouvoir doit le plus désirer, la vérité en toute chose. […] Louvois ébranlé lui en écrit avec reproche, supposant qu’il a dissimulé la vérité sur quelque point.
Et remarquez que, dans cette conquête de la vérité, chacun procédait à sa manière et s’y prenait selon ses moyens : les uns par le sentiment, les autres par la justesse du mouvement et la copie naïve, les autres par l’audace des tons, l’ardeur et la couleur ; on montait à l’assaut et on entrait dans la place comme on pouvait ; l’essentiel était d’y entrer et de s’y loger sur un point. […] Horace trouve partout des sujets pour ses pinceaux, et il peint tour à tour une chasse, des chevaux, des batailles, des marines, des caricatures pleines d’esprit, d’effet et de vérité. […] Peu importe la différence des temps, des mœurs et des sujets qu’il reproduit : son procédé d’imitation est le même, et il a le même caractère de naturel et de vérité, et, comme eux encore, il se distingue par une fécondité extraordinaire. […] En dehors de l’originalité qui lui était propre et de la vérité moderne où il était maître, son pinceau rencontrait partout, et jusque dans les sujets où il était dépaysé, de ces bonheurs d’expression et de facilité qu’il portait avec lui. […] Mais nous nous réservons de l’admirer là où il est dans l’entière vérité.
Personne, en France, avant Boileau, n’avait nettement conçu ni formulé ce grand principe de l’imitation de la nature, et tous les mots dont on se servait : vérité, bon sens, avaient en soi un air d’abstraction ou un sens subjectif, qui faisaient glisser la littérature dans la sèche logique, ou l’abandonnaient à la tyrannie du goût individuel et de la mode. […] Ils ont la vérité et la beauté : nous sommes romanesques et spirituels, nous cherchons le rare et le joli. […] Si, en effet, les anciens ont mené Boileau à définir l’art une imitation de la nature, on sent à chaque moment une conception nouvelle de la vérité, une conception presque scientifique, dans les formules que le critique français emploie : et c’est en cartésien, ou, si l’on veut, en classique, enfin en homme de sa race et de son temps, qu’il a substitué au naturel aisé des anciens son « naturalisme » rationnel et conscient. […] Il est vrai qu’en cinq pages Boileau disait plus de vérités que Perrault en quatre volumes : mais enfin, avec toute la vénération possible pour l’antiquité, l’auteur de l’Art poétique et des Réflexions sur Longin confessait qu’il était réellement un « moderne ». […] Il entrevit alors cette vérité importante : que le mouvement général de la littérature se compose d’un grand nombre de mouvements particuliers, de vitesses très inégales ; qu’il y a pour une langue, et qu’il y a pour chaque genre des points de perfection qui sont atteints à des moments très différents : le progrès commence à peine d’un côté, que la décadence se fait sentir de l’autre.
Il a, comme Saint-Simon, cette terrible puissance de la couleur qui fait croire à la vérité du mensonge. […] Ce travail inouï est si grand, et il a tant d’attitude, qu’il fait croire non seulement, comme nous le disions, à la vérité de la peinture, mais à la plus haute moralité dans le peintre qui, au fond, ne fut point ce grand honnête homme qu’il se pique d’être et qu’il paraît. […] Mais ce que l’on passe à un poète, à un faiseur de fictions, on ne peut pas le passer à un homme dont le métier sublime est de faire de la vérité. […] … Ce n’est pas une caricature, c’est l’incroyable vérité. […] Mais ici, en cet endroit suprême de ces Mémoires qui finissent, on peut demander à Saint-Simon quelque chose de plus que les invariables cruautés du mépris ; oui, on peut lui demander autre chose pour l’honneur de la vérité.
— En toute humilité, il faut convenir qu’il y a beaucoup de vérité dans cette boutade. […] Nous sommes pénétré de cette vérité. […] Le rôle, de la poésie ayant toujours été d’agrandir la conscience humaine au-delà même des vérités contrôlées, il ne nous est plus permis de tout ignorer de ce qui se passe autour de nous. […] Elles évoluent dans leurs domaines respectifs, et chacune poursuit la vérité. Or, la vérité, dans l’absolu, est une.
Ils environnaient la recherche de la vérité de tout ce qui pouvait frapper l’imagination ; ces promenades où de jeunes disciples se réunissaient autour de leur maître, pour écouter de nobles pensées en présence d’un beau ciel ; cette langue harmonieuse qui exaltait l’âme par les sens, avant même que les idées eussent agi sur elle ; le mystère qu’on apportait à Éleusis dans la découverte, dans la communication de certains principes de morale ; toutes ces choses ajoutaient à l’effet des leçons des philosophes. À l’aide du merveilleux mythologique, on faisait adopter des vérités à l’univers dans son enfance. […] Platon, cet écrivain si brillant d’imagination, revient sans cesse à une métaphysique bizarre du monde, de l’homme et de l’amour, où les lois physiques de l’univers et la vérité des sentiments ne sont jamais observées. […] C’est un homme admirable pour son siècle ; mais c’est vouloir forcer les hommes à marcher en arrière, que de chercher dans l’antiquité toutes les vérités philosophiques ; c’est porter l’esprit de découverte sur le passé, tandis que le présent le réclame. […] Ils ne blâment ni n’approuvent ; ils transmettent les vérités morales comme les faits physiques, les beaux discours comme les mauvaises actions, les bonnes lois comme les volontés tyranniques, sans analyser ni les caractères, ni les principes.
J’avais trouvé dans quelques-unes de ses productions une métaphysique souvent fausse et toujours inutile : je n’avais été bien frappé que du mérite du style, et j’avoue que la vérité est ce dont je fais le plus de cas dans les ouvrages comme dans les hommes : dans celui-ci ce n’est plus, comme dans les autres livres de J. […] Rousseau, une nature gigantesque et imaginaire ; c’est la nature telle qu’elle est, à la vérité, dans des âmes tout à la fois tendres et élevées, fortes et sensibles ; en un mot, d’une trempe peu commune. […] Quant au style je n’y vois rien ou presque rien à désirer ; il est plein de vérité, de naturel, de clarté, de chaleur et de force : cependant j’ai cru y remarquer, mais assez rarement, un peu de recherche ; il y a aussi des expressions hors d’usage ; il y a même de temps en temps quelques pages de mauvais goût, et quelques jugements où l’on voit trop l’auteur. […] Mais les hommes s’intéressent encore moins au plaisir de découvrir la vérité au dedans d’eux-mêmes, qu’à celui de prouver à un autre qu’il ne l’a pas trouvée. […] Faites donc de votre enfant un magot comme les autres, mais à la vérité le moins magot qu’il soit possible ; qu’il le soit assez pour ne pas déplaire à ses semblables, et pas assez pour se déplaire trop à lui-même.
— mais d’un royaliste absolu et incompatible, qui croit à une vérité et qui ne veut pas que jamais — et quelles que soient les circonstances — cette vérité puisse mettre sa main pure dans la main souillée de l’erreur ; ce livre taillé à pic contre la révolution, les révolutionnaires, absolus comme l’auteur du livre est royaliste, le retourneront comme un argument formidable contre cette royauté détestée par eux, et que des secondes vues, aussi incertaines en France qu’en Écosse, croient voir poindre, comme un fantôme qui revient, à travers l’effrayante et vivante réalité que l’on appelle la République. […] contre la politique avouée du dernier descendant des Rois de France ; mais la vérité avant tout pour cette grande conscience de chrétien ! […] L’histoire de la monarchie française a été rompue par la révolution le jour que cette monarchie s’est séparée du principe religieux qui faisait sa vie et sa force, et cette rupture n’est pas seulement qu’une interruption momentanée… Pour les logiciens de l’Histoire, qui a sa mathématique inflexible, c’est la rupture dans la chaîne des faits qu’il faut nécessairement reprendre dans leur ordre, comme un raisonnement dans le sien, si on veut se retrouver dans la vérité, qui est la même dans l’ordre des raisonnements et des faits. […] Catholique du Syllabus, — du Syllabus qui n’est pas une nouveauté de ces derniers temps, mais l’expression dernière du catholicisme éternel, — il n’a pas craint de regarder à la clarté fixe de cette lumière les choses d’une époque où la société, désespérée, est à l’extrémité de tout, et où l’on peut jeter sans inconvénient une dernière fois le dé de la vérité à travers les dés pipés d’une partie à peu près perdue, et qu’il est peut-être impossible maintenant de gagner !
On ne vit depuis semblable tyrannie qu’à l’Abbaye où Mme Récamier avait composé à Chateaubriand un cercle d’admirateurs, d’où la vérité ne put sortir qu’après la mort de l’idole qu’on y encensait. » On n’est pas plus instruit que M. […] Pasquier, Mme de Boigne, Mme de Castellane, M. de Noailles lui-même dans le tuyau de l’oreille, la vieille marquise d’Aguesseau, sœur de Christian de Lamoignon, etc. ; je dis que cette susceptibilité si vive est le fait de personnes qui aiment le convenu et qui répugnent à la vérité. […] C’est qu’en effet le cœur de l’homme est ainsi fait que souvent la vérité, par cela seul qu’elle est la vérité, l’indispose et l’offense.
On lui a contesté encore la vérité des mœurs qu’il s’est piqué de rendre et l’espèce de haute société où il s’est voulu tenir. […] De cette objection générale sur le peu de vérité scénique, si l’on passait à la vérité réelle, et, pour ainsi dire, biographique des personnages, il y aurait beaucoup à dire. […] La Motte, le premier, l’a très bien remarqué : « Molière est à la vérité un grand peintre, mais il lui est échappé de faux portraits.
Le livre de Télémaque était alors une action courageuse ; et Télémaque ne contient cependant que des vérités modifiées par l’esprit monarchique. […] Les guerres religieuses avaient fait naître un esprit de parti qui change plusieurs histoires en plaidoyers théologiques ; l’esprit de corps, différent encore de l’esprit de parti, mais non moins éloigné de la vérité, dénature également les faits. Enfin le code de la féodalité donnant pour base à toutes les institutions, à tous les pouvoirs, les droits antérieurs consacrés par le temps, il n’était pas permis de dire la vérité sur le passé, quelque ancien qu’il pût être ; les autorités présentes en dépendaient : des erreurs de tous les genres arrêtaient les historiens sur tous les sujets, ou, ce qui était plus fâcheux encore, les historiens adoptaient sincèrement ces erreurs mêmes. […] Un seul asile restait encore, la religion, et dans cet asile, un homme, Bossuet, fit entendre quelques vérités courageuses.
Ainsi, lorsque Voltaire s’écrie, dans l’invocation de son poème : Descends du haut des cieux, auguste Vérité ! […] Si l’on disait que le Tasse a aussi invoqué la Vérité, nous répondrions qu’il ne l’a pas fait comme Voltaire. La Vérité du Tasse est une Muse, un Ange, je ne sais quoi jeté dans le vague, quelque chose qui n’a pas de nom, un être chrétien, et non pas la Vérité directement personnifiée, comme celle de la Henriade.
Il ne paraît pas, à la vérité, que les Delille et les Thomas, d’ordinaire, laissent derrière eux grand’chose d’inimprimé. […] Ce sera dommage, car la phrase est jolie ; mais la vérité regagnera ce qu’y perdra la rhétorique. […] Faut-il dire la vérité ? […] Et nous, ne sachant plus où est la vérité, la justice, et le droit, nous ne savons plus où est l’éloquence. […] On prouve tout avec des chiffres, et même parfois la vérité, quand on sait la manière de s’y prendre.
Mais à des vérités si neuves il faut un monde neuf aussi pour les accueillir et pour s’y conformer sans hésitation, sans froissement, sans partialité, sans récrimination dans les dépossédés de l’erreur, sans excès et sans violence dans les nouveaux venus à la liberté. […] Je pouvais donc dire ce qui me semblait la vérité à tous. […] Son principal ministre à cette époque, qui sait mieux que personne une partie de la vérité sur cette entrevue et sur les avances du roi, les a démenties récemment, dit-on, en les mettant sur le compte de mon imagination. […] C’est en approchant de l’homme témoin des événements qu’on approche le plus près de la vérité des actes et des caractères. […] L’acteur disparaît, l’homme se révèle, l’histoire devient nue comme la vérité.
Il ne faut donc point l’accuser d’être de mauvaise foi, c’est-à-dire d’altérer sciemment la vérité dans un intérêt personnel, — mais d’user parfois d’un peu d’artifice dans la démonstration de ce qu’il croit être la vérité. […] Tous ces témoins avaient des raisons pour ne pas dire la vérité. […] Où a-t-elle dit la vérité ? […] Faustus, après le parfait contentement de ses sens, a la joie plus haute de connaître la vérité. Quelle vérité C’est, hélas !
La vérité est une, et c’est pur sophisme de distinguer l’esprit qui convient aux prêtres et celui qui convient aux simples fidèles. […] Jamais Louis Veuillot n’a lié le sort de la vérité éternelle à celui d’aucune puissance passagère. […] Tandis qu’il s’attache à la vérité éternelle, maintes fois il rencontre la vérité de demain, la vérité généreuse et hardie. […] Si je n’aimais la vérité, je me condamnerais au silence ; mais la vérité a encore sa force dans les plus humbles voix, et elle commande la hardiesse aux plus humbles esprits. […] Vous me direz : « Cherchez la vérité ; instruisez-vous. » Hélas !
… Ô vérité ! […] L’Évangile est-il pour vous la vérité divine ? […] Aujourd’hui rien n’est plus pour nous vérité, ni erreur. […] Il n’y a point de vérité définitive. Il n’y a que des vérités qui se préparent en se détruisant.
Ce Poëte, si jaloux de la vérité, a consacré dans ses Mélanges un chapitre pour réfuter les Mensonges imprimés, & n’a pas pensé qu’il fournissoit la matiere d’un volume, quand on voudroit recueillir ses propres mensonges. […] Il a fait un Ouvrage plein de force, de lumieres & de vérités sur l’expulsion des Protestans au siecle dernier, & sur les motifs qui y ont pu déterminer Louis XIV & son Conseil. […] Linguet ; mais nous nous flattons de connoître les devoirs de la justice & de la vérité ; & c’est pour y satisfaire que nous nous empressons de confondre ceux qui n’ont connu ni l’une ni l’autre.
Cet auteur paroît s’attacher principalement à la vérité de l’histoire. […] dit quelque part que son objet n’a pas été la vérité des détails. […] Il étoit payé pour écrire & il aimoit beaucoup mieux l’argent que la vérité. […] Ils mettent la vérité de l’histoire dans le plus grand jour. […] Il y marque plus d’amour pour sa patrie que pour la vérité.
L’exagération y fausse tout, jusqu’à la vérité, qui est la modération de l’esprit. […] et, comme tu fus jadis le centre de l’erreur, tu es depuis dix-huit siècles le centre de la vérité ! […] La vérité est précisément le contraire. […] La gloire, au contraire, ne s’attache qu’aux vérités permanentes et ne se ratifie que par la postérité. […] La vérité ne rit pas, elle pense.
Sans doute, lorsqu’il s’agit de la théorie abstraite de l’induction ou de la déduction, la philosophie est sur son propre terrain, et elle seule peut accomplir cette œuvre difficile ; mais, lorsque, passant du sujet à l’objet, elle cherche à quelles règles ces procédés doivent obéir pour discerner la vérité dans telle ou telle science, quels sont en mathématiques les principes de la méthode analytique, en physique ceux de la méthode expérimentale, la philosophie ne peut plus alors se passer du concours des sciences ; et, sur ce terrain pratique, les savants seront nécessairement les meilleurs logiciens. […] Ces expériences sont les expériences décisives, qui tranchent le débat entre deux hypothèses, ou qui établissent d’une manière définitive une vérité contestée. […] Claude Bernard a montré que c’est un préjugé de croire que le crapaud ne s’empoisonne pas de son propre venin : la vérité est qu’il lui faut une plus forte dose ; ceux qui avaient fait l’expérience avaient négligé de la pousser assez loin. […] Les théories ne sont que des moyens de recherche, des représentations approximatives et partielles de la vérité absolue ; elles ne sont pas la vérité absolue elle-même. […] Il a établi sur Bacon la vérité définitive sans rien exagérer, sans rien diminuer.
La grande vertu d’Hamlet, c’est un amour inaltérable, ardent pour la vérité. […] Il n’est pas vrai d’une vérité éternelle, comme les créations de tel autre grand poète ; mais il est vrai d’une vérité temporaire et relative. […] Rarement la sagesse humaine s’est approchée plus près de la vérité sur ce point de l’éducation. […] Certes, cela a sa poésie, sa beauté et sa vérité. […] Si le bonheur existe, je n’en veux rien savoir ; si la vérité existe, elle ne m’est plus nécessaire.
Il enseigna aux hommes des routes nouvelles & sûres pour parvenir à la découverte de la vérité. […] Ces principes établis, le Philosophe ne marcha plus au hasard & selon le gré d’une imagination vagabonde : il suivit des guides sûrs & infaillibles, qui, lui découvrant la vérité, lui apprirent, par une chaîne non interrompue de conséquences, à agrandir le cercle de nos idées. […] En étendant les connoissances humaines, aucun Philosophe ne prouva mieux les vérités divines.
Mais nous assurerons avec la même vérité, qu'après la lecture de son Discours sur les progrès des Lettres en France, mis à la tête de la nouvelle édition des Bibliotheques de la Croix du Maine & de du Verdier, nous nous sommes applaudis de voir nos principes conformes aux siens. […] En parcourant les différentes branches de la Littérature, on y met en opposition les Ecrivains qui ont préparé le Siecle de Louis XIV, avec ceux d'aujourd'hui ; & ce parallele, tracé avec autant de lumiere que de vérité, malgré les exceptions qu'on a soin de faire, ne tourne point à l'avantage des derniers. […] Elevés , dit-il, dans les principes séveres du goût & de la vérité, nous ne nous en écarterons jamais ; & la seule estime dont nous soyons jaloux est celle des honnêtes gens.
J’avais une vérité désagréable dans la main, et je l’y gardai. […] … » Car c’est la vérité, on en a parlé ! […] Le Diable boiteux de Lesage, les Mémoires du Diable de Frédéric Soulié, ce Shakespeare des portières, dans lesquels il y a tant de vie et de vérité pourtant, ne reposent, après tout, que sur les plus grossières inventions fantastiques ; mais les Mémoires d’une femme de chambre, qui sont aussi des Mémoires du Diable à leur façon, s’appuient sur une donnée humaine d’un tout autre intérêt et d’une toute autre réalité ! […] Ce qu’a fait dernièrement en Angleterre cette fille de compagnie, cette espèce de gouvernante anglaise chez un garçon, qui a tiré de sa situation même un livre poignant de vérité, une âpre peinture des mœurs anglaises, pourquoi une femme de chambre française ne le ferait-elle pas à son tour ? […] Si ce livre des Mémoires d’une femme de chambre n’étincelait pas, n’éclatait pas de vérité, il n’était plus qu’une platitude, et c’est justement ce qu’il est !
Considérant Jésus comme l’incarnation de la vérité, Jean ne pouvait manquer de lui attribuer ce qu’il était arrivé à prendre pour la vérité. […] Toute une nouvelle langue mystique s’y déploie, langue dont les synoptiques n’ont pas la moindre idée (« monde », « vérité », « vie », « lumière », « ténèbres », etc.). […] Mais une chose résulterait certainement avec un haut degré de vérité de ces naïfs récits, c’est le caractère du héros, l’impression qu’il faisait autour de lui. […] Ces détails ne sont pas vrais à la lettre ; mais ils sont vrais d’une vérité supérieure ; ils sont plus vrais que la nue vérité, en ce sens qu’ils sont la vérité rendue expressive et parlante, élevée à la hauteur d’une idée. […] Les traditions même en partie erronées renferment une portion de vérité que l’histoire ne peut négliger.
Je ne fais pas le même reproche à ceux qui ne vivraient avec les grands que pour leur dire la vérité. […] c’est un homme que le malheur des rois et des peuples a placé entre les rois et la vérité pour la cacher à leurs yeux. […] Mais la vérité et la justice s’opposent à la bonne volonté que j’ai pour eux. […] Échappé à cette mer orageuse, que je n’ai fait qu’entrevoir, puisse-t-il dire aux gens de lettres avec autant de fruit que de vérité ! […] De toutes les vérités contenues dans cet ouvrage, la plus précieuse pour moi est l’expression d’un sentiment si noble et si juste.
Après la jeunesse il voyait venir immédiatement la vieillesse sans avant-garde ni appareil protecteur, sans rien qui la lui ornât à l’avance et la lui déguisât : Me voilà déjà avancé en âge, disait-il, et je suis toujours incertain et mobile dans le chemin de la vérité. […] Ce journal intéresse, parce qu’il n’est pas seulement d’un esprit qui cherche la vérité, mais aussi d’une âme plaintive et qui a soif de bonheur. La vérité pour lui, c’est avant tout celle qui fortifie et guérit, celle qui console. […] J’ai alors le sentiment intime, la vraie suggestion de certaines vérités qui se rapportent à un ordre invisible, à un mode d’existence meilleur, et tout autre que celui où nous sommes. […] D’où me vient enfin cette suggestion extraordinaire de vérités dont les expressions sont mortes pour mon esprit, même quand il les connaît à la manière ordinaire ?
Elle a gagné des intelligences dignes de la vérité et qu’elle fausse. […] Pour cela besoin serait d’une tête de premier ordre ; car où la vérité n’est pas les ressources de l’esprit doivent être immenses ; et il n’y a point de ces têtes-là dans le parti ultramontain, parmi ces hommes passionnés qui sont comme la mauvaise monnaie de l’esprit et des opinions de Joseph de Maistre. […] Il s’agit, pour ceux à qui elle est chère, bien plus de politique que de philosophie, d’influence que de vérité. […] Telle est la vérité sur l’Allemagne, ou du moins une partie de la vérité. […] mais si nous montrons que cette vérité s’applique surtout à Innocent III, nous aurons un peu compromis l’admiration de Hurter.
« C’est dans les critiques sans doute, non dans les compliments, que la vérité se trouve. […] Je dirai, contre toute vérité (est-ce qu’il y a une vérité ?) […] Comme si « l’engrenage » n’était pas la mieux établie des vérités psychologiques ! […] Personne n’a eu la hardiesse d’entrer dans mon point de vue, qui est pourtant la vérité. […] La force intérieure de la vérité n’est point ce qui la constitue.
Vous savez combien les deux moitiés du dix-septième siècle se ressemblent peu, et comment la littérature, héroïque et romanesque avec d’Urfé, Corneille et les grandes Précieuses, revient, vers 1660, à plus de vérité, avec Racine, Molière et Boileau. […] Que si pourtant le romanesque de George Sand continue à vous déplaire, vous trouverez dans ses chefs-d’œuvre assez de vérité, et beaucoup plus qu’on ne l’a dit. Vérité choisie, comme l’est toujours la vérité exprimée par l’œuvre d’art.
I Les quatre manifestations18, où l’on a observé dans la première partie de ce livre les effets d’un Bovarysme essentiel de l’Humanité, sont unies entre elles par un lien de dépendance si étroit qu’il semble préférable de ne pas les séparer, pour les examiner du point de vue nouveau auquel nous a fait accéder la réduction de l’idée de vérité à l’idée d’artifice, de moyen, d’illusion. Attaché àla croyance en une vérité objective, persuadé que toute conception, pour être acceptée, devait être évaluée sous le jour de cette vérité et recevoir sa sanction, on s’était évertué tout d’abord à montrer à quel point l’idée du libre arbitre est réfractaire à toute construction, à quel point elle implique contradiction : c’est ce grief qu’on lui avait imputé, c’est de ce chef qu’on l’avait condamnée. […] Délivré de la croyance en une vérité objective, on va maintenant considérer ces mêmes manifestations de l’activité humaine sous le jour de leur efficacité à procurer les fins où l’on voit que l’activité humaine aboutit.
Voici où la semence de vérité jetée aux vents légers et imbécilles tomba ! […] Car c’est un esprit de feu, composé de foi et d’enthousiasme, que ce Léon Bloy inconnu, qui ne peut plus l’être longtemps après le livre qu’il vient de publier… Pour ma part, parmi les écrivains catholiques de l’heure présente, je ne connais personne de cette ardeur, de cette violence d’amour, de ce fanatisme pour la vérité. […] Otez, en effet, par la pensée, la personnalité de Christophe Colomb de la synthèse du monde, que, seule, l’Église embrasse, et que seule elle explique, et il ne sera plus qu’un homme à la mesure de la grandeur humaine ; mais avec l’Église et faisant corps avec elle, il devient immédiatement le grand homme providentiel, le bras charnel et visible de Dieu, prévu dès l’origine du monde par les prophètes des premiers temps… Les raisons de cette situation miraculeuse dans l’économie de la création, irréfragables pour tout chrétien qui ne veut pas tomber dans l’abîme de l’inconséquence, ne peuvent pas, je le sais, être acceptées par les esprits qui chassent en ce moment systématiquement Dieu de partout ; mais l’expression de la vérité, qu’ils prennent pour une erreur, est si grande ici, qu’ils seront tenus de l’admirer. […] … Seulement, s’ils en commencent la lecture et qu’ils se retournent de cette lecture vers les livres de cette époque de puéril et sot bibelotage, auront-ils la sensation de l’amincissement universel qui veut nous faire disparaître dans le néant, ce paradis des imbécilles… Et c’est toujours au moins cela pour le compte et la gloire de la vérité.
L’expression, en donnant un corps à la pensée, en fait apercevoir le faible ; on la corrige, on l’étend, on l’approfondit ; parfois on l’abandonne, mais pour en prendre une autre dont la vérité s’est révélée à nous en parlant. […] Dans la jeunesse on regarde volontiers les idées comme erreurs ou vérités absolues, les personnes comme des êtres simples, sans alliage, bons ou mauvais absolument. […] En un mot, au lieu de se persuader qu’on a affaire à de purs esprits et à des axiomes universels, on croira qu’on a devant soi un individu vivant, en qui tout est borné et relatif, chez qui les affections, les habitudes, la disposition physique font échec à la vérité ; on prendra la parole qu’on entend pour le signe de l’âme qu’on ne voit ni n’entend ; on tâchera par elle de deviner ce qu’est l’invisible personne qui ne se laisse jamais atteindre que par le dehors.
Les courtisans de la vérité, qu’on appelle les philosophes, ne pouvaient avoir qu’une place avilie et peu sûre à sa cour. […] Il avait la passion de la vérité, la vérité ne vieillit pas ; la pensée qui s’y attache et qui s’en nourrit n’a point de décadence ; chaque aurore lui rend son élasticité et sa vigueur. Or, quelles que soient ses erreurs personnelles, on ne peut méconnaître dans Voltaire cette passion désintéressée de la vérité. […] Le libertinage d’esprit avait dissipé sa jeunesse ; la passion de la gloire avait occupé son âge mûr ; le zèle de la vérité et de l’humanité se développa en lui dans sa verte vieillesse. […] Voilà, avec l’impartialité que l’on doit à la vérité et même à l’erreur, le vrai caractère de Voltaire philosophe.
La meilleure façon de donner à connaître de telles activités morales, ce n’est pas en effet de les interpréter ni de les peindre, c’est surtout d’acquiescer à l’ensemble des vérités qu’elles restaurent, et de rendre témoignage au principe fondamental dont elles se déclarent les simples organes. […] M. de La Mennais s’y élève déjà contre l’indifférence glacée qui ne prend plus même à la religion assez d’intérêt pour la combattre : « Aujourd’hui, » dit-il, « il en est des vérités les plus importantes comme de ces bruits de ville, dont on ne daigne même pas s’informer. » C’est au matérialisme philosophique qu’il rapporte particulièrement ces effets, et il en poursuit la source chez M. de Voltaire, chez M. de Condillac et jusque chez M. […] Heureux celui qui vit de ses revenus, qui n’éprouve d’autre besoin que celui de digérer et de dormir, et savoure toute vérité dans le pâté de Reims que nul n’oserait censurer en sa présence ! […] Tout ce qui est de l’ordre purement théologique et moral y présente une texture de vérité absolue, une immuable consistance qui ne vieillira pas. […] Il sentit que, dans l’âge futur régénéré, l’union de l’ordre de justice et de vérité avec l’ordre matériel n’aurait plus lieu que par un mode libre et nouveau, convenable à la virilité des peuples ; il avait hâte d’ailleurs de voir tomber ces liens adultères qui, enchaînant un timide ou cupide clergé à un pouvoir enivré de lui-même, retardaient l’éducation spirituelle si arriérée et le ravivement du christianisme.
A dire la vérité, la démocratie n’est dans le monde moderne que depuis les révolutions de France et d’Amérique. […] Or c’est là, je crois, qu’est la vérité. […] Ces égarements n’altèrent pas le droit fondamental qu’elles représentent et qui est la vérité. […] Dans sa jeunesse, Tocqueville avait douté ; mais il s’était arrêté dans le doute, et son esprit, curieux surtout des choses politiques, semble avoir mis en réserve les vérités révélées pour s’exercer en toute liberté sur le reste. […] Comme les écoles et les partis n’aiment guère plus que les gouvernements qu’on leur dise leurs vérités, les démocrates ont toujours tenu M. de Tocqueville en défiance et ne l’ont jamais considéré comme un des leurs.
Je vous dirai encore : La vérité vous est fermée, vous n’avez pas su lire dans le monde, dont les livres ne parlent pas ! La vérité vous est étrangère, vous dis-je. […] Ne pensez-vous pas que ces parcelles de nature et d’humanité recèlent un monde de douleur et de joie, de vérité profonde et d’insondable idéal ? […] Je crois que la voie de la vérité est là. […] La communion des pensants dans une recherche commune de vérité et de beauté nous indique cette voie.
On connaît les vers fameux de Charles IX à Ronsard : Tous deux également nous portons des couronnes : Mais, roi, je la reçus : poète, tu la donnes… Ces vers apocryphes ont leur vérité. […] Ce qui lui échappe, et à tous encore, c’est le trait d’union de l’antiquité et de la vérité, le principe qui concilie, réunit l’imitation et l’originalité : ce sera la grande trouvaille du xviie siècle, et de Boileau, de fonder en raison le culte des anciens. […] En bon classique, il préfère la vraisemblance à la vérité, c’est-à-dire la vérité générale à la vérité particulière, les êtres normaux aux monstres accidentels. […] Car bien qu’il n’ajoute cela que pour justifier l’emploi de la mythologie, je sens là une erreur générale : Ronsard pose les anciens à côté de la nature, non comme offrant déjà la nature, mais comme égaux à la nature dans les choses même où nous n’y trouvons ni raison ni vérité, où leur nature enfin n’est pas la nôtre.
S’il est une vérité que nous croyons connaître par intuition directe, c’est bien celle-là. […] Hermite, c’est tout le contraire ; ses yeux semblent fuir le contact du monde ; ce n’est pas au dehors, c’est au dedans qu’il cherche la vision de la vérité. […] La proposition qu’il s’agissait d’établir se composait en réalité de deux vérités différentes, mais que l’on n’avait pas distinguées tout d’abord. La première était une vérité mathématique et elle est maintenant rigoureusement établie. La seconde était une vérité expérimentale.
Une partie de ce poëme avait pour objet la vérité, τὰ πρὸς ἀλήθειαν ; une autre, ce qui se rapporte à l’opinion, il la croyance, τὰ πρὸς δόξαν. […] Une interprétation semblable était-elle déjà cette vérité première, que Parménide avait prétendu célébrer, par opposition aux croyances humaines ? […] La sagesse dont il était le disciple, les croyances qu’il avait recueillies sur l’essence divine de l’âme et la vérité absolue, fortifiées de sa puissante parole, trouvaient près de lui d’autres maîtres pour les enseigner, d’autres poëtes pour les chanter. […] On ne peut douter qu’Empédocle n’ait visité surtout l’Égypte, d’où Hérodote et Platon devaient tirer des faits certains en histoire, et, ce qui n’est pas moins précieux, des vérités en morale. […] Envoie vers moi, sous la conduite de la piété qui le guide, un char docile, etc. » Puis, s’animant à cet espoir d’un appui céleste et d’une vérité descendue d’en haut, le poëte disait tout à la fois dans un esprit de confiance et de doute : « Ose, et alors tu pourras librement courir sur les hautes cimes de la sagesse.
La vérité ne saurait différer d’elle-même, et la vérité du savant ne saurait contredire la vérité de l’artiste. […] D’abord le sentiment, s’imposant à la raison, créa les vérités de la foi, c’est-à-dire la théologie. […] Cette comparaison n’est point exacte scientifiquement : le savant monte toujours en cherchant la vérité, et s’il ne la trouve jamais tout entière, il en découvre néanmoins des fragments très importants, et ce sont précisément ces lambeaux de la vérité générale qui constituent la science. […] C’est précisément la proposition contraire qui exprime la vérité, et cette vérité a été surabondamment démontrée par les travaux de Lavoisier et de ses successeurs. […] Cette métaphore est devenue de nos jours, grâce à Lavoisier, une vérité.
L’idée de la Calomnie est aussi courageuse que spirituelle ; on doit remercier l’auteur d’avoir osé dire et su faire accepter au public, si esclave des journaux, bon nombre de vérités assez neuves sur la scène. […] Il y a deux manières de juger cette comédie : ou bien l’on veut, même sur les planches, de la vérité fine, de l’observation fidèle et non outrée des caractères, une vraisemblance continue de ton et de circonstances ; ou bien on se contente d’une certaine vérité scénique, approximative, et à laquelle on accorde beaucoup, moyennant un effet obtenu.
Francis Jammes Vous êtes de ceux qui marchent sous la lueur mystérieuse de la vérité. Et vous savez, Keats l’a dit : « La vérité c’est la beauté ». […] Il y a, dans ce livre, plusieurs poésies qui m’ont ému comme une feuille ; il y a la Petite fiancée, qui est un chef-d’œuvre de grâce, de simple émotion, de vérité, Voici la lampe sainte, Fiançailles, Réveil et tant d’autres.
On avait alors l’avantage d’écrire les annales de la fable, en écrivant celles de la vérité. […] Il n’en est pas des vérités comme des illusions : celles-ci sont inépuisables, et le cercle des premières est borné ; la poésie est toujours nouvelle, parce que l’erreur ne vieillit jamais, et c’est ce qui fait sa grâce aux yeux des hommes. Mais, en morale et en histoire, on tourne dans le champ étroit de la vérité ; il faut, quoi qu’on fasse, retomber dans des observations connues.
Lorsqu’il eut par des voies surnaturelles éclairé et affermi la vérité du christianisme, contre la puissance romaine par la vertu des martyrs, contre la vaine sagesse des Grecs par la doctrine des Pères et par les miracles des Saints, alors s’élevèrent des nations armées, au nord les barbares Ariens, au midi les Sarrasins mahométans, qui attaquaient de toutes parts la divinité de Jésus-Christ. Afin d’établir cette vérité d’une manière inébranlable selon le cours naturel des choses humaines, Dieu permit qu’un nouvel ordre de choses naquît parmi les nations. […] Ils avaient des dignités ecclésiastiques : Hugues Capet s’intitulait comte et abbé de Paris, et les annales de Bourgogne remarquent en général que dans les actes anciens les princes de France prenaient souvent les titres de ducs et abbés, de comtes et abbés. — Les premiers rois chrétiens fondèrent des ordres religieux et militaires pour combattre les infidèles. — Alors revinrent avec plus de vérité le pura et pia bella des peuples héroïques.
Diderot, le bavard, réclame encore plus de vérité. […] C’est bien ainsi que l’entendent les symbolistes, pour qui les mythologies contiennent plus de vérité que nos manuels d’histoire49. […] Voir Remy de Gourmont dans son livre des Masques : « Une vérité nouvelle est entrée récemment dans la littérature et dans l’art, et c’est une vérité toute métaphysique et vraiment neuve… Cette vérité, c’est le principe de l’idéalité du monde. » 23. […] Au fond, le symbole est une vérité que la langue de l’homme ne peut pas dire à l’oreille de l’homme et que l’esprit dit à l’esprit. » Ballanche. […] Les mythes, déclare Ballanche, sont des emblèmes de vérité.
Cette assertion a trouvé bien des partisans : mais a-t-on cru aveugler les esprits, au point de leur faire oublier les principes & la vérité ? […] On ne fit point un crime à la Motte-Houdart de s’être ainsi expliqué dans une Ode lue & applaudie par toute l’Académie Françoise, à qui elle étoit adressée : Notre âge retrouve un Homere Dans ce Poeme salutaire, Par la Vertu même inventé : Les Nymphes de la double cîme Ne l’affranchirent de la rime, Qu’en faveur de la vérité. […] Homere & Virgile ne le cedent-ils pas souvent à Fénélon du côté de l’intérêt général, des intérêts particuliers, de la vérité des caracteres, de la beauté des sentimens, de la sublimité de la morale ? […] de la Harpe, à la vérité de cet éloge, parce qu’il ne fait qu’énoncer ce que tout le monde avoit dans l’esprit & dans la bouche avant le Panégyriste ; mais on s’élevera toujours contre la témérité qui le porte à lui refuser le titre de Poëme. […] Ce Soleil représente la Vérité foudroyant plusieurs Livres d’erreurs, parmi lesquels on en voir un intitulé : Maximes des Saints.
Elle y perd les grandes qualités qui la rendent la plus imposante et la plus robuste des Muses : l’ampleur, la majesté, l’ordonnance de composition, — et ce n’est pas tout ; qui oserait dire qu’elle n’y perd pas de sa vérité ? […] La vérité historique, cette chose vivante, n’est point la vérité de l’exactitude, cette chose morte ; et peut-être se dégage-t-elle plus encore de l’ensemble fortement exprimé des choses que du soin apporté à la description des détails. […] L’auteur y a concentré heureusement, dans l’intérêt de la vérité historique, agrandie par son propre effort, à lui, et par sa recherche, les deux livres modernes qui ont versé le plus de jour sur les hommes et les faits d’une époque qu’il retrace à sa manière, je veux dire les Mémoires de Mignet sur la succession d’Espagne, et les Mémoires militaires du général Pelet, aussi intéressants que les premiers, mais moins connus. […] Les jugements qu’on y trouve, ces jugements qui doivent couronner tous les faits quand l’historien sait penser sur ce qu’il raconte, manquent généralement du grand caractère qui, toujours dans la vérité, et quelquefois, hélas !
Il avait les facultés nécessaires à cette besogne ; il avait le degré qu’il faut de sagacité, d’érudition, d’enthousiasme et même de duperie, pour aller chercher des idées dans des livres profonds et obscurs comme des puits, où elles se tiennent peut-être pour se faire croire la Vérité, et pour les verser dans les esprits qui les ignorent, après les avoir fait passer par cette langue française, qui est la langue universelle de la clarté, comme par un crible lumineux ! […] Quand nous la lûmes sous sa forme première et oratoire de Cours public, elle ne nous donna pas l’idée d’une vérité que nous ne demanderons jamais à la philosophie, mais pourtant elle nous donna celle d’une chose plus forte, d’une systématisation essayée et plus heureuse que ce qu’on avait l’habitude de rencontrer dans les œuvres de Cousin. […] Encore une fois, ce fut là un succès très grand, et qui a donné de l’importance à la vie de Cousin, mais ce fut un succès d’époque, de parti, de parole, presque incompréhensible à présent quand on lit ces discours dédoublés de l’homme qui les prononça, ces discours devenus un livre, sans conviction et sans vérité, déshonorés, d’ailleurs, par l’aveu cynique et brutal du philosophe qui, à quatorze ans de là, se félicite d’avoir rencontré un complice de mensonge dans un autre philosophe comme lui. […] Car l’auteur qui l’a revu et qui le prend à sa charge devant le public y a mis certainement toute sa force de tête, qu’il soit une vérité ou un mensonge, et si c’est un mensonge il en aura, certes ! […] C’est lui qui disait, assez insolemment pour nous catholiques et pour ce que nous croyons la vérité : « Le catholicisme en a encore pour trois cents ans dans le ventre.
Tout cela est si gros de visée, et dans le détail, comme on le verra, si blessant pour les idées acquises, si révoltant au premier abord, pour les éducations et les impressions contemporaines, que la Critique, fût-elle persuadée que la vérité est ici du côté de l’audace, doit, dans l’intérêt même du livre, s’interdire d’abord tout ce qui en dépasserait l’analyse complète et fidèle. […] Nous avons fait partie de cette jeune école qui, dans les dix premières années de la Restauration, ramenée à la foi chrétienne par l’étude des de Maistre, des Bonald et des Frayssinous, succédait, non pas à l’école légère et railleuse de Voltaire, morte déjà depuis longtemps, mais à l’école positive et raisonneuse de l’Empire… Pleine d’amour pour la vérité, mais, après tout, fille de son siècle, et pleine aussi d’admiration pour la science, l’école dont nous parlons accueillait avec respect une foi dont elle sentait la grandeur et les bienfaits, mais elle n’en restait pas moins fidèle à la raison, dont elle comprenait l’autorité… La science était déjà venue en aide aux vérités chrétiennes… Cuvier montrait partout les traces du déluge et l’accord parfait des nouvelles découvertes géologiques avec le récit génésiaque. […] La haine perçante de la philosophie ne s’y était pas trompée quand elle avait lâché contre la vérité religieuse Rabelais et Voltaire, et fait de Lucifer tombé un diable grotesque, trop comique pour que l’on y crût. […] En cela le catholicisme, que la philosophie se vantait d’avoir tué en l’asphyxiant de sa lumière, se montre ce qu’il fut toujours, vivant et vivace, parce qu’il est la vérité.
Enfin, ceux de Julien ont été beaucoup plus éloignés que les autres, du ton de la bassesse : souvent aux éloges il mêle des vérités utiles ; et telle est la malheureuse faiblesse de l’orgueil et du pouvoir, que pour instruire les hommes puissants, il faut les louer, et qu’on est presque toujours forcé d’étayer chaque vérité d’un mensonge. […] Les dieux écoutent les vœux des nations, parce qu’ils ne sont dictés ni par le mensonge, ni par la flatterie, mais par la vérité. Ils comblent le prince de tout ce qu’ils peuvent accorder à l’homme ; et quand sa carrière est finie, alors ils l’appellent pour habiter avec eux dans les palais célestes ; il monte, et sa gloire reste sur la terre. » Il me semble qu’il y a peu de morceaux chez les anciens qui vaillent celui-là pour la raison, la justesse et la vérité. […] Faibles et lâches envers leurs bienfaiteurs, ces mêmes hommes sont fiers et ardents avec leurs ennemis ; leur reconnaissance est glacée, leur haine est implacable. » Par le peu que j’ai cité, il est facile de connaître le ton et le mérite de Julien, dans ses éloges ; on doit les estimer par certaines vérités de détail, et des idées philosophiques qui sont de tous les pays et de tous les temps : mais il faut en convenir, le fond intéresse peu.
Cet usage met toute la maison à l’aise : il dispense les parents d’autorité, et les enfants de respect. » Toutes ces pensées dont on voit l’originalité morose et dans lesquelles il entrait une part de vérité, avaient l’inconvénient toutefois de ne comprendre qu’un seul côté de la question, le côté qui regarde le passé, de ne tenir aucun compte des changements survenus, de l’émancipation des intelligences, du libre développement de l’individu, des progrès des villes, de ceux de l’industrie, des rapports multipliés avec l’étranger. […] Autrefois, après la lutte, on trouvait dans l’atelier et dans la maison la paix et un repos réparateur : aujourd’hui la lutte est dans la maison même ; elle continue d’une manière sourde, lorsqu’elle n’éclate pas ouvertement ; elle mine donc incessamment la société en détruisant toute chance de bonheur domestique. » La Révolution française, en s’attaquant aux désordres des règnes antérieurs et, du même coup, à tout l’ordre ancien, a dû faire appel à la passion plus encore qu’à la vérité. […] Pour rester impassible en présence d’une contradiction ardente, éloquente parfois, qui s’attaque à vos convictions les plus chères et à ce que vous croyez la vérité, il faut plus de force et de constance encore que pour rester froid devant les injures ; et cette constance ne s’acquiert que moyennant un grand fonds de vigueur et de foi en la vérité même. […] Peut-être même la tolérance n’est-elle jamais plus utile que lorsqu’elle autorise un talent supérieur à propager l’erreur et le vice : l’amour du bien et le sentiment du salut public excitent alors les cœurs généreux à faire effort sur eux-mêmes et à s’élever à la même hauteur pour faire prévaloir la vérité et la vertu. […] Assurément il n’y a qu’un petit nombre d’hommes qui puissent grandir ainsi par la lutte de la vérité contre l’erreur ; mais tous s’élèvent dans l’ordre moral, à la vue des exemples de tolérance donnés par les classes dirigeantes, en s’habituant à résister à la tentation de persécuter leurs semblables.
Partie du genre héroïque, Mme de la Fayette achemina le roman vers la vérité. […] Nous trouvons là l’explication de tout ce qu’il y a d’espagnol dans Gil Blas, exactitude topographique, vérité historique, connaissance des mœurs, couleur locale. […] L’égoïsme est réduit au minimum nécessaire à la vérité. […] Il est exquis de vérité pittoresque, en peignant le dîner d’un chanoine ou la figure d’une duègne. […] Il se contente d’utiliser les vérités acquises, et qui sont du domaine commun.
La vérité est que l’humanité n’existe pas. […] Ils ont donc crainte et horreur de la vérité ? […] On ne recherchera plus la vérité. […] La vérité c’est donc ce que pense l’univers pensant. […] C’est la vérité absolue, c’est la vérité métaphysique et théologique qu’il veut tirer du consentement prétendu universel.
On s’adresse à des gens qui savent très bien la vie et qui, le plus souvent, ne savent pas l’orthographe, qui sont curieux de tout et ne sont préparés sur rien ; il s’agit de faire descendre la vérité jusqu’à eux. […] De la notion ainsi renouvelée et rectifiée, on fait sortir la vérité la plus prochaine, puis, de celle-ci, une seconde vérité contiguë à la première, et ainsi de suite jusqu’au bout, sans autre obligation que le soin d’avancer pied à pied et de n’omettre aucun intermédiaire Avec cette méthode, on peut tout expliquer, tout faire comprendre, même à des femmes, même à des femmes du monde. […] La vérité est pourtant qu’il a quelque chose de leur esprit. […] Partout des lieux communs, des thèmes généraux, des enfilades de sentences et de raisonnements abstraits, c’est-à-dire des vérités plus ou moins vides et des paradoxes plus ou moins creux. […] Ils suivent leur auteur, comme un révélateur, comme un prophète, jusqu’au bout de son monde idéal, encore plus pour ses exagérations que pour ses découvertes, aussi loin sur la route de l’erreur que dans la voie de la vérité.
Il n’a presque point de tendresse ; il a rarement la mesure, le bon sens, la vision nette de la vérité humaine. […] Il a la grâce, la raison harmonieuse, le bon sens, la sobriété, la vérité psychologique. […] Et il y avait peut-être un fond de vérité dans cette boutade facile. […] A la vérité, je ne vois pas trop pourquoi M. […] Il suffit qu’ils aient, dans leur ordre, de la vérité, de la grandeur, de la beauté.
Je ne sais pas, dans le moderne, de plus frappant désaccord entre la tradition ou, si l’on aime mieux, la légende littéraire et poétique et la vérité historique, de plus éclatant démenti donné par celle-ci à l’autre que l’histoire de don Carlos, fils de Philippe II. […] La vérité, pour qui sent et réfléchit, est que ce père dur et farouche, quoique ayant eu raison au fond dans le jugement définitif et péremptoire qu’il porta de son fils, est très peu intéressant, et le fils, de son côté, on doit l’avouer, ne l’est pas davantage. […] Évitons, dans l’art sérieux, de rendre trop sensible le divorce entre la poésie et la vérité ; la première ne peut qu’y perdre et se décréditer à vue d’œil. […] De ce côté la poésie elle-même n’a plus que la vérité pour ressource. […] Il reste le pathétique de la vérité, assez touchante par elle-même. » 75.
La première est une vérité, la seconde une commodité ; la première est une partie de la science, la seconde un expédient du langage. […] En effet, celle-ci, depuis deux mille ans, passe pour une vérité acquise, définitive, inattaquable. […] La seconde n’est qu’un cas de la première ; sa vérité est enfermée par avance dans celle de la première, et c’est pour cela qu’elle est une vérité. […] Or cela ne peut être, puisqu’en fait le raisonnement nous apprend des vérités neuves. […] Ils ne peuvent pas l’être, puisqu’ils dépassent, par la nature et la portée de leurs vérités, les vérités de l’expérience.
La première est une vérité, la seconde une commodité ; la première est une partie de la science, la seconde un expédient du langage. […] Celle-ci, depuis deux mille ans, passe pour une vérité acquise, définitive, inattaquable. […] La seconde n’est qu’un cas de la première ; sa vérité est enfermée par avance dans celle de la première, et c’est pour cela qu’elle est une vérité. […] Or cela ne peut être, puisqu’en fait le raisonnement nous apprend des vérités neuves. […] Ils ne peuvent pas l’être puisqu’ils dépassent, par la nature et la portée de leurs vérités, les vérités de l’expérience.
Mais au-dessous et dans les limites de la doctrine universelle, la liberté humaine, l’esprit de curiosité et d’intelligence, le génie enfin se sont exercés ; il y eut des théologiens, des philosophes, des poètes qui essayèrent de prêter des formes particulières, tantôt ingénieuses et subtiles, tantôt magnifiques et brillantes, à ce qu’ils croyaient la vérité. […] Dante, Milton, Caldéron, sauf quelques mélanges divers de platonisme, de mosaïsme ou de pompe idolâtre, ont donné aux vérités chrétiennes d’admirables et vives représentations. […] M. de Lamartine, le seul dont nous ayons à nous occuper, par cela même qu’il range humblement sa poésie aux vérités de la tradition, qu’il voit et juge le monde et la vie suivant qu’on nous a appris dès l’enfance à les juger et à les voir, répond merveilleusement à la pensée de tous ceux qui ont gardé ces premières impressions, ou qui, les ayant rejetées plus tard, s’en souviennent encore avec un regret mêlé d’attendrissement. […] C’est une aimable beauté de cœur et de génie qui nous ravit et nous touche par toutes les images connues, par tous les sentiments éprouvés, par toutes les vérités lumineuses et éternelles.
Les poètes théologiens ont senti, par une sorte d’instinct, cette dernière vérité ; et dans les poèmes d’Homère ils ont appelé l’âme (animus), une force sacrée, une puissance mystérieuse, un dieu inconnu. […] Ainsi, dans leur grossièreté, ils pénétrèrent cette vérité sublime que la théologie naturelle a établie par des raisonnements invincibles contre la doctrine d’Épicure, les idées nous viennent de Dieu. […] Ils disaient sententiæ, pour résolutions, parce que leurs jugements n’étaient que le résultat de leurs sentiments ; aussi les jugements des héros s’accordaient toujours avec la vérité dans leur forme, quoiqu’ils fussent souvent faux dans leur matière. […] Admirons en tout ceci la Providence divine qui, nous ayant donné comme pour la garde de notre corps des sens, à la vérité bien inférieurs à ceux des brutes, voulut qu’à l’époque où l’homme était tombé dans un état de brutalité, il eût pour sa conservation les sens les plus actifs et les plus subtils, et qu’ensuite ces sens s’affaiblissent, lorsque viendrait l’âge de la réflexion, et que cette faculté prévoyante protégerait le corps à son tour.
Ce n’est pas de vérité que manque cet exposé, mais de mesure, mais de prudence, mais d’acheminement à ce qu’il veut obtenir. […] Montalembert étale des vérités excessives, repoussantes, et qui dès lors ne sont plus des vérités ; ce sont des plaies secrètes que tout le monde désire soigner et soulager, et que le grand air va irriter.
Nous verrons, à l’appui de cette vérité, que plus le poète dans l’Épopée garde un juste milieu entre les choses divines et les choses humaines, plus il devient divertissant, pour parler comme Despréaux. […] Or, c’est un autre principe de toute vérité, qu’il faut travailler sur un fonds antique, ou, si l’on choisit une histoire moderne, qu’il faut chanter sa nation. […] Il faut peut-être chercher la raison de cette omission dans la nature de son talent, qui avait plus d’enchantement que de vérité, et plus d’éclat que de tendresse.
Je prends à témoin de la vérité de mon récit tous les comédiens qui jouaient dans mes pièces et tous les auteurs mes confrères, qui n’agissaient pas autrement que moi. […] Tout Paris vous en attestera la vérité. […] C’est un grand avantage pour un auteur de pouvoir faire beaucoup parler de soi, en se mettant sous la protection des lois, d’avoir un célèbre avocat qui puisse vous dire en face « que vous avez reçu une mission de votre génie pour rappeler notre littérature à la vérité, non à cette vérité de convention et d’artifice, mais à cette vérité qui se puise dans la réalité de notre nature, de nos mœurs et de nos habitudes ». […] Il sortit furieux du palais, s’enferma dans sa chambre, y passa la nuit à pleurer ; mais enfin, devenu plus calme, il comprit que l’orgueil devait céder à l’ascendant de la vérité, qu’il valait mieux profiter des avis d’un grand maître que de persévérer dans une ignorance obstinée. […] Dès le matin il se rendit humblement chez Paësiello, implora sa bienveillance, reçut ses conseils, en profita ; et grâce à la dure vérité du maître, il en devint l’élève le plus chéri et le plus distingué.
Il y avait de tristes, de hideuses vérités entrevues, et plus qu’entrevues, des monstres arrachés et traînés au jour du fond de cette caverne du cœur, comme l’appelle Bacon : mais le tout revêtu d’un éclat, d’une puissance sonore incomparable. […] Le dialogue entre Lorenzo et Philippe Strozzi, un honnête et vertueux citoyen qui ne voit que le côté honorable et désirable des choses, est d’une effrayante vérité. […] Il a eu, il a dû avoir bien des fois le sentiment et comme l’agonie de sa défaillance devant l’idée de cette vérité supérieure, de cette beauté poétique plus sereine qu’il concevait et qu’il n’avait plus assez de force pour atteindre ni pour embrasser. […] Quand j’ai connu la vérité. […] Poète qui n’a été qu’un type éclatant de bien des âmes plus obscures de son âge, qui en a exprimé les essors et les chutes, les grandeurs et les misères, son nom ne mourra pas, Gardons-le particulièrement gravé, nous à qui il a laissé le soin de vieillir, et qui pouvions dire l’autre jour avec vérité en revenant de ses funérailles : « Notre jeunesse depuis des années était morte, mais nous venons de la mettre en terre avec lui. » Admirons, continuons d’aimer et d’honorer dans sa meilleure part l’âme profonde ou légère qu’il a exhalée dans ses chants ; mais tirons-en aussi cette conséquence de l’infirmité inhérente à notre être, et de ne nous enorgueillir jamais des dons que l’humaine nature a reçus.
Le grand Gœthe, le maître de la critique, a établi ce principe souverain qu’il faut surtout s’attacher à l’exécution dans les œuvres de l’artiste, et voir s’il a fait, et comment il a fait, ce qu’il a voulu : « Il en est beaucoup, disait-il, qui se méprennent, en ce qu’ils rapportent la notion du beau à la conception, beaucoup plus qu’à l’exécution des œuvres d’art ; ils doivent ainsi, sans nul doute, se trouver embarrassés quand l’Apollon du Vatican et d’autres figures semblables, déjà belles par elles-mêmes, sont placés sous une même catégorie de beauté avec le Laocoon, avec un faune ou d’autres représentations douloureuses ou ignobles. » Il y a donc, selon lui, une part essentielle de vérité, qui entrait dans les ouvrages des anciens, dans ceux qu’on admire et qu’on invoque le plus, et c’est cette part de vérité, cette nature souvent crue, hideuse ou basse, moins négligée des anciens eux-mêmes qu’on ne l’a dit, qu’il ne faut point interdire aux modernes d’étudier et de reproduire : « Puisse, s’écriait Gœthe, puisse quelqu’un avoir enfin le courage de retirer de la circulation l’idée et même le mot de beauté (il entend la beauté abstraite, une pure idole), auquel, une fois adopté, se rattachent indissolublement toutes ces fausses conceptions, et mettre à sa place, comme c’est justice, la vérité dans son sens général ! […] Cette histoire, où l’on ne sent pas seulement la fidèle observation des lieux, mais où perce aussi une vérité de fond et de récit, cette histoire commencée et finie au son du merveilleux carillon de Bruges, et où se déroule toute la vie d’enfance et de jeunesse de Catherine, de cette pauvre enfant « si cruellement meurtrie et de si bonne heure », intéressera. […] Le caractère des personnages principaux est fortement tracé, éclairé en plein tout d’abord, et soutenu jusqu’au bout ; le comte de Goyck, et surtout son vieux père impénitent et goutteux, sont d’une vérité à faire peur.
Je regrette presque pour elle qu’elle n’ait pas gardé ce premier nom qui, en la spécifiant d’une manière moins distinctive, la définissait pourtant avec largeur et vérité. […] A vrai dire, quand une philosophie en est arrivée là, quelles qu’aient pu être sa valeur et sa vérité au point de départ, il est temps qu’elle finisse et soit détrônée ; car toute philosophie, digne de ce nom, n’existe qu’à la condition d’être sans cesse en question, sur le qui-vive, et de recommencer toujours. […] Pour les esprits superficiels et qui jugent sur l’étiquette, l’éclectisme n’a souvent paru désigner qu’un procédé extérieur qui va par le monde, quêtant et glanant les vérités à droite et à gauche, sans les avoir avant tout approfondies en soi. […] Ne faisant remonter la philosophie, comme science, que jusqu’à Descartes, le jeune professeur la voyait s’égarant presque aussitôt et ressaisissant seulement la vraie méthode au commencement du dernier siècle, mais avec des préventions exclusives dans les différentes écoles qui s’étaient alors partagé l’Angleterre, la France et l’Allemagne : « Le temps, disait-il, qui recueille, féconde, agrandit les moindres germes de vérité déposés dans les plus humbles analyses, frappe sans pitié, engloutit les hypothèses, même celles du génie. […] La tâche de l’ami de la vérité est de rechercher les débris utiles qui en subsistent et peuvent servir à de nouvelles et plus solides constructions. » Après avoir essayé cette méthode, un peu timidement encore, sur les principaux successeurs de Descartes, M.
L’auteur, en commençant, ne se dissimule pas quel courage est nécessaire pour oser en pareil temps exposer des idées saines sur l’art dramatique : mais, en prenant la plume, il s’est résigné à subir les conséquences de sa témérité ; et dût la cabale ameutée immoler à son fanatisme la nouvelle pièce classique qu’il nous promet avant un mois peut-être, la vérité l’emporte, et il va la proclamer hautement. […] Duval ; maintenant en voici les effets désastreux : Comme les jeunes rédacteurs d’un journal scientifique et littéraire emploient beaucoup de talent et d’esprit à prouver que tous les ouvrages français n’ont pas le sens commun et à proposer pour modèles les étrangers, qui n’ont pas d’autre théâtre que le nôtre, il s’en est suivi : 1° que, de nos jours, tout vise à l’originalité, au bizarre ; que la vraisemblance et la raison sont bannies ; et que, à force de chercher la vérité, on arrive au trivial pour tomber bientôt dans l’absurde ; 2° que les jeunes gens, égarés par les prédicateurs des nouvelles doctrines, ne sachant plus quelle est la meilleure route, de celle qu’ont suivie nos pères ou de celle qu’on leur indique, se bornent, en attendant la solution du problème, à faire des tiers de vaudevilles, ou à mettre de petits articles dans les journaux littéraires ; et que notamment l’un d’entre eux, à force d’esprit et de savoir-faire, en est venu (ô scandale !) […] Duval la justice d’avouer que sa polémique ne franchit jamais les bornes d’une contradiction décente ; son ton est empreint de douleur plutôt que de colère ; s’il récuse et condamne les doctrines, il absout les personnes, et l’on voudrait seulement qu’il reconnût un peu plus la force efficace et paisible de la vérité dans une vogue que son indulgence attribue à je ne sais quel prestige du talent13. […] Cette œuvre du loisir et du recueillement, où viendront sans doute contraster et se confondre en mille effets charmants ou sublimes la vérité et l’idéal, la raison et la fantaisie, l’observation des hommes et le rêve du poète, arrivée dans le monde réel, exposée aux regards de tous, enchantera les âmes et ravira les suffrages ; les esprits les plus graves, philosophes, érudits, historiens, se délasseront à la contempler, car l’impression d’une belle œuvre n’est jamais une fatigue ; les politiques surtout, en n’y cherchant que du plaisir, y puiseront plus d’une émotion intime, plus d’une révélation lumineuse, qui, transportée ailleurs et transformée à leur insu, ne restera stérile ni pour l’intelligence de l’histoire, ni pour les mouvements de l’éloquence ; la tribune et la scène, en un mot, rivales et non pas ennemies, pourront retentir ensemble et quelquefois se répondre. […] On a osé comprendre que dans le genre secondaire de la comédie-vaudeville, il y avait de nos jours plus de vérité piquante et de nouveauté qu’en de froides et ennuyeuses comédies de caractères ou qu’en des compositions trivialement sentimentales et romanesques ; on a osé le dire d’abord à l’oreille, puis haut, et en conséquence on n’a pas cru déroger en laissant la rue de Richelieu pour le boulevard.
Fourier ; ces questions, grâce à Béranger, circuleront maintenant parmi le peuple sous une forme intelligible et saisissante ; elles y mûriront, pour ainsi dire, sous l’enveloppe colorée dont il les a revêtues, en attendant le jour où l’enveloppe se brisera, et où les vérités à nu sortiront de l’écorce. […] Avant de quitter Lucrèce, rendons hommage à l’actrice qui l’a si tragiquement réalisée : mademoiselle Georges, sans déroger à l’idéal effrayant, au diadème de bronze qui couronne ce rôle d’horreur, a trouvé des accents de nature, des cris de passion familière, la vérité dans la majesté. […] Maurize, et nous reconnaîtrons de grand cœur que la doctrine qu’il professe si ardemment, recèle un contingent de vérités dont c’est un devoir d’essayer le triage. […] La pleine vérité, en aucun temps, a-t-elle jamais tenu un tel langage ? Nous souhaiterions qu’il comprît cela lui-même et que ses amis le comprissent dans l’intérêt des vérités partielles et positives qui peuvent ressortir, pour chacun, de cette doctrine.
D’ailleurs, une science uniquement faite en vue des applications est impossible ; les vérités ne sont fécondes que si elles sont enchaînées les unes aux autres. […] II Le physicien ne peut demander à l’analyste de lui révéler une vérité nouvelle ; tout au plus celui-ci pourrait-il l’aider à la pressentir. […] Toute vérité particulière peut évidemment être étendue d’une infinité de manières. […] Sans doute on vous dira qu’en dehors du nombre entier, il n’y a pas de rigueur, et par conséquent pas de vérité mathématique ; que partout il se cache, et qu’il faut s’efforcer de rendre transparents les voiles qui le dissimulent, dût-on pour cela se résigner à d’interminables redites. […] Combien de vérités que les analogies physiques nous permettent de pressentir et que nous ne sommes pas en état d’établir par un raisonnement rigoureux !
car, si ce sont des vérités absolues, comment seraient-elles susceptibles d’être modifiées, et si elles se modifient, comment seraient-elles des vérités absolues ? […] Tous les spiritualistes sans exception croient à la fois à la nécessité de l’esprit d’examen ; mais il semble que les uns attachent plus d’importance à la doctrine qu’à la liberté, aux conclusions déjà trouvées qu’à la recherche de vérités nouvelles, à la défense qu’à la découverte, à l’intérêt moral et pratique qu’à la pure science et à la libre spéculation, au repos qu’au mouvement, à la tranquillité d’une conviction satisfaite qu’aux ardeurs toujours anxieuses et dangereuses d’une pensée en travail. […] Plus préoccupés des conclusions que de la liberté philosophique, ils attachent peu d’importance à la différence de méthode, et, reconnaissant dans la théologie, sous des formes plus ou moins symboliques, les vérités dont se compose leur credo philosophique, ils sont disposés à une alliance avec les religions positives contre ce qu’ils appellent les mauvaises doctrines. […] Comme eux, nous croyons à Dieu et à l’âme ; mais pour eux la liberté de penser est un crime, pour nous c’est le droit et la vie, et nous aimons mieux l’erreur librement cherchée que la vérité servilement adoptée.
A-t-il tremblé dans sa conscience logique ou dans sa conscience morale, en voyant les conséquences terribles, dégagées enfin de ce qu’il crut la vérité si longtemps ? […] Ni les efforts de Mœhler, le théologien catholique qui s’est occupé, dans un autre but, de la métaphysique de l’illustre archevêque, ni les petites chicanes d’une revue estimable (la Revue de Louvain), qui prétendait et montrait plaisamment un jour que M. de Rémusat n’entendait pas même le latin du texte qu’il traduisait, ne nous feront perdre de vue la vérité dans cette question de la métaphysique de saint Anselme. Or la vérité, la voici ! […] Ce n’est pas assurément en passant qu’on peut traiter, comme il le faudrait, de la vérité absolue ou relative de toute philosophie, de cette science qui n’en est pas une, car elle se cherche éternellement sans se trouver. […] Systèmes qui mourront et ressusciteront plus d’une fois encore, si les hommes doivent s’occuper longtemps de ce que les philosophes appellent des vérités éternelles, lesquelles n’ont d’éternel peut-être que leur inutilité !
Et quant à l’Esquisse d’une philosophie, ce syncrétisme éblouissant, mais confus, cette mosaïque où tout se trouve, excepté la vérité, le nom célèbre de son auteur n’en put cacher sous son éclat les nombreuses erreurs et les faiblesses. […] Pour nous, vu le temps où nous sommes et les singulières dominations de la pensée contemporaine, nous dirons que jamais peut-être meilleur service ne fut rendu à la cause de la vérité. […] Seulement, cette méthode, qui brille plus ou moins dans toutes les grandes philosophies du passé, et qui n’est, après tout, dit l’abbé Gratry quelque part, « que le haut emploi d’un procédé général de la raison », il l’a faite sienne à force de l’avoir précisée, affinée, et pour ainsi dire affilée, comme un instrument de découverte, une espèce de pince intellectuelle avec laquelle, quand il abordera plus tard les applications spéciales de la philosophie, il pourra mieux saisir la vérité. […] En faisant précéder le système qui viendra plus tard par une théodicée, l’abbé Gratry a suivi la marche de la Nature et l’ordre des vérités prises en elles-mêmes. […] » Or, comme dans toute théodicée il n’y a jamais qu’une démonstration, la démonstration de l’existence de Dieu, faite par autant de voies que l’esprit peut en inventer, et impliquant, quand elle est bien faite, non seulement la science de Dieu, mais la science de l’homme s’élevant à Dieu et le rencontrant à l’extrémité de tous les rayons de sa vie, il est évident que le moyen d’appréhender cette vérité première, de s’élever à Dieu, de l’approcher de nous, de nous le démontrer enfin, est toute l’originalité ou toute la vulgarité, toute la force ou toute la faiblesse du traité qui, en ce moment, nous occupe.
En vain est-il écrit avec cette furie de coloris qui fit de Balzac, en ses derniers écrits, quelque chose comme un Tintoret, d’une exaspération sublime, ce n’est, après tout, pour qui veut conserver son sang-froid devant cette magie, que la satire en action d’un colossal Archiloque qui avait au ventre une peur égale à celle de Pascal pour l’enfer, devant le « Robespierre aux cent mille têtes » et le communisme futur ; mais ce n’est pas la vérité ! II Or, c’est la vérité que M. de La Madelène a voulu exprimer, la vérité locale, qui n’est jamais que locale en matière de paysan, la vérité des mœurs, des traditions et du langage d’une contrée entre toutes les autres, la vérité étroite, exacte, mais vivante cependant, car M. de La Madelène est un artiste qui a puissance de vie, et l’analyse chez lui double l’action sans l’étouffer.
Paul de Kock a fait un monde qui approche de la vérité extérieure et sociale. […] Je ne pense pas qu’il y ait de Hollandais exact en état de lutter avec cette exactitude, cette vérité historique, comme disent les gens qui ne connaissent ni la vérité, ni l’histoire. […] Donc, « il faut nécessairement tricher et on est alors plus vrai que la vérité ». […] L’unique base de la littérature est la vérité ; c’est le premier des arts, puisque c’est l’art utile. […] La première est la vérité dans la fable, la seconde l’illusion dans l’action.
Nous avons peur de la vérité, peut-être haine pour la vérité, comme a dit Pascal. […] Mais la conviction n’est pas preuve de vérité. […] Laissez-moi donc vous dire la vérité. […] À la vérité, ceux-là, il les connaît bien. […] » — Et il ne cherchera plus la vérité.
A mes yeux, il n’est point d’honneur plus grand pour une intelligence humaine que de saisir et d’embrasser l’ensemble de vérités qui constituent les lois des nombres et des mondes. […] Qu’est-ce, auprès de ces systèmes profonds, rigoureux, enchaînés, et d’une vérité éternelle, qui occupent la pensée d’un Newton ou d’un Laplace, que nos faibles observations passagères, nos remarques d’esprits fins et légers, sans suite, où le fil casse à chaque instant, nos aperçus rapides et fugitifs, ce que nous appelons traits d’esprit, saillies, reflets, étincelles aussitôt nées, aussitôt évanouies ? A ceux dont la pensée, subtile et ferme tout ensemble, saisit une fois et ne lâche plus ces séries et ces enchaînements de vérités immuables, un juste respect est dû. — Que s’ils joignaient à la possession de ces hautes vérités mathématiques le sentiment et la science de la nature vivante, la conception et l’étude de cet ordre animé, universel, de cette fermentation et de cette végétation créatrice et continue où fourmille et s’élabore la vie, et qui, tout près de nous et quand la loi des cieux au loin est connue, recèle encore tant de mystères, ils seraient des savants plus complets peut-être qu’il ne s’en est vu jusqu’ici, quelque chose, j’imagine, comme un Newton joint à un Jussieu, à un Cuvier, à un Gœthe tout à fait naturaliste et non plus seulement amateur, à un Geoffroy Saint-Hilaire plus débrouillé que le nôtre et plus éclairci. — Que s’ils y ajoutaient encore, avec l’instinct et l’intelligence des hautes origines historiques, du génie des races et des langues, le sentiment littéraire et poétique dans toute sa sève et sa première fleur, le goût et la connaissance directe des puissantes œuvres de l’imagination humaine primitive, la lecture d’Homère ou des grands poèmes indiens (je montre exprès toutes les cimes), que leur manquerait-il enfin ? […] Biot a eu au moins l’honneur de comprendre et d’embrasser les vérités mathématiques les plus élevées qu’avaient découvertes ou perfectionnées les maîtres de sa jeunesse. […] Biot, intitulé la Vérité sur le procès, de Galilée ; est singulier à la longue : chaque détail est exact, on l’admet ; chaque réflexion même, amenée chemin faisant, paraît juste, chaque conjecture plausible, et pourtant le tout laisse une impression équivoque.
C’est une vérité à laquelle tout le monde n’a pas voulu se rendre. […] L’écriture, selon lui, présente, tout à la fois, aux prédicateurs les vérités qu’ils doivent annoncer & la manière dont ils doivent les rendre. […] Il s’en faut bien que leur éloquence ne nous présente jamais qu’une majestueuse simplicité, qu’ils aient toujours montré la vérité sans parure & sans art. […] Il nia que l’évangile présentât, tout à la fois, aux prédicateurs & les vérités qu’ils doivent dire & la manière dont ils doivent les dire . […] quel ton de vérité, de philosophie, d’humanité !
Ce qu’il nous faut, c’est la vérité. […] Or celui qui juge n’est pas tenu de remplacer ce qu’il juge, il use de son droit en approuvant ou en désapprouvant ; mais son but n’est pas d’ajouter à la somme des vérités nouvelles et de résoudre les problèmes inexplorés. […] Son principal objet est d’exposer et de faire connaître les différents systèmes philosophiques, de les interpréter avec toute l’exactitude désirable, d’en rechercher les origines, les conséquences, d’en découvrir les lois ; en un mot, il se propose, non pas de découvrir la vérité en soi, mais de chercher ce que les hommes, et les plus grands hommes, ont pensé de la vérité. […] L’objet de la science étant, non pas l’utilité, mais la vérité, il me semble que la vérité doit embrasser tous les faits, de quelque nature qu’ils soient, tout aussi bien les faits passés que les faits actuels, car, je le demande, de quel droit exclurait-on le passé de la recherche scientifique, et sur quoi s’appuierait-on pour établir que le présent seul peut être l’objet de la science ?
Pénétré de pareils axiomes, il traita, comme nous le savons tous, la vérité historique sans aucun égard. […] Il fut l’avocat de la vérité dans l’art. […] Si l’inspiration amenait par la main la vérité, tant mieux ! […] Le plus grand nombre de ses caractères sont des prodiges de vérité. […] Zola prétend observer la vérité et assure que ses livres en sont ourdis.
Selon lui, Reid et Stewart, pour la première fois, avaient fait d’elle une science indépendante, importante en elle-même, digne d’étude non-seulement pour les découvertes qu’elle prépare, mais encore pour les vérités qu’elle contient. […] Toutes ces vérités ont été mises par M. […] Nulle part il n’a touché de plus près la vérité. […] Ceci peut s’appeler la métaphysique des métaphores ; des fautes de style font ici des fautes de science ; le langage faux produit la pensée fausse ; en comparant des qualités et des pouvoirs à des êtres, on les change en êtres ; l’expression pervertie pervertit la vérité. […] On découvre une vérité importante, singulière même, en apprenant que les arbres, les maisons, tous les objets sensibles, sont des fantômes de notre cerveau, lesquels correspondent ordinairement à des objets réels.
Je crois, je sais qu’il n’a cherché que la vérité. […] Il n’a dit que la vérité, je le sens. Je sens aussi qu’il n’a pas dit toute la vérité. […] Gardez vos vérités ; je garde mon idéal. Surtout ne m’apportez point vos vérités d’archives, vos vérités d’autographes, vos vérités de vieilles lettres d’amour et de vieux papier timbré, dont vous nous bouchez la poésie et l’histoire.
C’est que M. de Rémusat, par instinct comme par doctrine, croit que la stagnation est mortelle à la nature de l’homme ; il pense qu’elle corrompt autant qu’elle ennuie, et il prendrait volontiers pour sa devise cette parole du grand promoteur Lessing, laquelle peut se traduire ainsi : « Si l’Être tout-puissant, tenant dans une main la vérité, et de l’autre la recherche de la vérité, me disait : Choisis, je lui répondrais : Ô Tout-Puissant, garde pour toi la vérité, et laisse-moi la recherche de la vérité. »— Marcher vaillamment et toujours, dût-on même ne jamais arriver, c’est encore après tout une haute destination de l’homme201. […] M. de Rémusat a certes en lui du sceptique, il a du railleur, et de plus il aime la vérité, et il eut à de certains jours, il a pour elle de ces merveilleux amours dont parle Cicéron après Platon. […] M. de Rémusat est de ceux du moins qui ne sauraient se faire à l’indifférence en matière de vérité ; c’est sous cette forme plutôt philosophique qu’il combat le mal présent. […] Il est de ceux qui, même s’ils avaient saisi la vérité, ne sauraient ni ne voudraient peut-être pas uniquement s’y tenir, et qui regarderaient encore derrière pour voir s’il n’y a pas autre chose de caché. […] Ce qui en ressort, c’est le besoin qu’a cette raison humaine d’aller en avant toujours et d’aspirer vers la vérité, coûte que coûte, dût-elle ne jamais l’atteindre et rencontrer pour tout prix le martyre.
De toutes les heures de la vie, chacune est chargée de nous apporter une vérité ; aucune de ces heures ne vient à nous les mains vides, et c’est peut-être la dernière heure d’une longue vie qui vous apporte la vérité la plus précieuse en récompense de votre sincérité à la rechercher et de votre patience à l’attendre. […] La vie est un courant qui mène à la vérité, c’est-à-dire au bien. […] J’eus le sentiment de cette vérité. […] On dit : la vérité viendra tôt ou tard. […] Cette vérité, sur laquelle le pays a pu se faire illusion pendant la bataille, éclatera à ses yeux dès demain.
Recherche des vérités générales37 § 1. ― Comment passer des faits particuliers à des vérités générales ? […] On le voit, soit par une comparaison directe des œuvres littéraires entre elles, ce qui est le moyen le plus sûr et le plus fécond en résultats, soit par une application de lois générales ou universelles déjà découvertes, ce qui exige beaucoup de tact et de prudence —. c’est-à-dire le plus souvent par la méthode inductive et quelquefois par la méthode déductive — on peut obtenir quantité de vérités démontrables, qui contiennent et résument une multitude de faits particuliers. […] On pourrait même soutenir qu’on arrive plus facilement à la vérité en opérant sur une masse de phénomènes qu’en se restreignant à l’étude de cas individuels.
… Forneron croit justement qu’il l’a perdue par la faute des hommes, — par ce que nous nommons, nous autres catholiques, le Péché, et ce que les mondains appellent seulement des fautes, — et c’est la vérité ! […] pour écrire la vérité, l’épouvantable vérité qui le désole, mais sans le faire trembler dans la moindre des incertitudes de sa foi. […] Après cette histoire, d’une vérité qui ne bronche pas, il n’y a pas moyen de conserver la moindre illusion sur ceux-là qui, auréolisés par les rayons de leur Cause, nous paraissaient aussi grands qu’elle.
Le monde littéraire, comme tous les mondes, se brise et se classe en deux camps absolus, irréconciliables, comme la vérité et l’erreur ? […] On en fait une femme qui sourit et ne rudoie pas, — une femme qui ne rudoie pas ceux qui outragent la vérité sous toutes les espèces : la vérité dans les idées, dans l’art, dans le style ! […] Être pris, en effet, pour les honnêtes gens du Journal des Débats, c’est avoir la vérité en face.
Voilà vraiment des hommes de génie : ils n’imitent pas les Grecs, ils ne copient pas les Espagnols ; ils n’ont de maître que la vérité. […] Nous ne souffrons tant de vérité sur aucun de nos théâtres, pas même dans nos mélodrames. […] Il est à la vérité tombé sous un fer ennemi ; mais que sais-je ? […] La pure vérité, nous crie-t-on, la pure et simple nature ! […] On réclame d’un côté la vérité des faits matériels, de l’autre celle des mœurs et des caractères.
Vérité de la passion : lutte contre le faux idéalisme. […] On a bâti là-dessus toute une légende : la vérité est que Racine ne fut jamais en disgrâce ; mais son jansénisme déplaisait. […] Contre la mode, contre les délicatesses mondaines, Racine fit régner la raison, c’est-à-dire la vérité, dans sa tragédie. […] Ces huit caractères de femmes sont tous des types bien tranchés, et d’une absolue vérité. […] Je crains que Racine, comme Bossuet, n’ait été trop poète pour un siècle qui s’éloignait de plus en plus de la poésie : on sentit la vérité humaine mieux que la grandeur poétique de son œuvre.
Boileau ne m’en eût-il pas fait un devoir, par la mention d’estime qu’il donne à ces deux poëtes dans ce résumé des traditions de notre poésie, la vérité eût réclamé pour eux. […] C’est la nature qui lui inspire un assez grand nombre de vers pleins de douceur, qui subsistent par la vérité des pensées et par la nouveauté d’un langage aimable et délicat. […] Il mérite d’être lu, non-seulement pour sa date, mais pour la justice de l’éloge toujours conforme à la vérité historique ; pour l’onction chrétienne de certains passages, et parce que la langue en est forte et saine. […] Il indiqua l’objet de la poésie en s’attachant aux vérités générales, j’allais dire aux lieux communs pourquoi pas ? […] Qu’à l’un de ces moments-là Malherbe nous tombe sous la main, d’où vient que nous sommes si surpris de cette vivacité, de cette verdeur d’un sexagénaire, de ce grand sens de ces vérités qui ont reçu leur forme dernière, de ce style si précis, si noble, si frappant ?
Enfin la vérité s’est manifestée et, pour la première fois, on va voir son règne sur la terre. Son droit est suprême, puisqu’elle est la vérité. […] C’est à ce titre qu’elle est efficace et populaire ; car, sauf pour une élite imperceptible, une pure idée n’est qu’un mot vide, et la vérité, pour devenir sensible, est obligée de revêtir un corps. […] L’abbé Barthélemy devait étaler l’uniformité de son vernis littéraire sur la vérité des mœurs grecques. […] Voilà désormais la raison armée en guerre contre sa devancière, pour lui arracher le gouvernement des âmes et pour substituer au règne du mensonge le règne de la vérité.
Hermant, admis la vérité du christianisme. […] La base de ces anciennes éducations était une sévère moralité, tenue pour inséparable de la pratique religieuse, une manière de prendre la vie comme impliquant des devoirs envers la vérité. […] La vie n’a de prix que par le dévouement à la vérité et au bien. […] Mais, je le répète, quand on s’est donné bien du mal pour trouver la vérité, il en coûte d’avouer que ce sont les frivoles, ceux qui sont bien résolus à ne lire jamais saint Augustin ou saint Thomas d’Aquin, qui sont les vrais sages. […] Il y manquait la science positive, l’idée d’une recherche critique de la vérité.
Au lieu de nous dépiter follement contre un ordre de choses que nous ne comprenons pas, attachons-nous aux vérités pratiques. […] On pourrait citer nombre de ces vérités dues à de Maistre, auxquelles on ne se serai ! […] Or, en toute vérité, il faut, pour l’embrasser, tenir à la fois les deux pôles et l’entre-deux. […] Ce qui achève de tout embrouiller, c’est que la vérité se mêle parfois au mensonge. […] Je fais toujours la même réponse : du temps de la canaillocratie, je pouvais, à mes risques et périls, dire leurs vérités à ces inconcevables souverains ; mais, aujourd’hui, ceux qui se trompent sont de trop bonne maison pour qu’on puisse se permettre de leur dire la vérité.
Si nous ne donnons pas ces conjectures pour des vérités, nous les donnons du moins comme des vraisemblances aussi rapprochées de la vérité que l’ombre est rapprochée du corps. […] Pour nous en rendre bien compte, résumons-nous, en nous-même, notre propre philosophie naturelle, abstraction faite de ce que nos croyances, nos dogmes, nos cultes divers peuvent y ajouter de symboles de vérités ou de ténèbres. […] Le point de vue universel et infini du Créateur doit être tellement différent du point de vue étroit, fini et ténébreux, de la créature, que, par cela seul qu’une pensée métaphysique paraît vérité pour l’homme, elle peut paraître erreur, petitesse et chimère à Dieu. […] Sans ces ténèbres, l’évidence de Dieu aurait foudroyé l’âme de vérité et de vertu, contraint l’équilibre entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres. […] Un jour ce mystère nous sera révélé dans sa vérité et dans sa plénitude.
Comme on décrédite jusqu’à la vérité même, quand on se permet de pareilles impostures ! Si vous lui écrivez jamais, M., priez-le de vous envoyer ces Vers, avec un certificat du Préteur, du Geolier, & de la Muse libertine qui m’aura inspiré si magnifiquement : il y a apparence que M. de Voltaire connoît tout ce monde-là… Ce n’est pas tout : il prétend, dans le même Ouvrage & avec la même vérité, qu’ayant été tiré de la plus extrême misere par feu M. […] lui qui a attendu sa mort pour relever les erreurs du Livre de l’Esprit, avec une sévérité & une amertume qui décelent plus de haine pour l’Auteur, que d’amour & de zele pour la vérité.
Car, remarquons-le en passant, il a été donné à Shakspeare, et c’est ce qui fait la souveraineté de son génie, de concilier, d’unir, d’amalgamer sans cesse dans son œuvre ces deux qualités, la vérité et la grandeur, qualités presque opposées, ou tout au moins tellement distinctes, que le défaut de chacune d’elles constitue le contraire de l’autre. […] Au centre de toutes ses créations, on retrouve le point d’intersection de la grandeur et de la vérité ; et là où les choses grandes et les choses vraies se croisent, l’art est complet. […] La vérité contient la moralité, le grand contient le beau.
La vérité est si difficile à fixer ! […] Au nom même de la vérité — si l’on admet que la vérité ne s’éprouve que par la contradiction, — il allait revendiquer le droit de tout homme à l’erreur. […] C’est l’audacieuse conclusion de Bayle ; — et je pense que l’on voit maintenant ce que, sous son aspect d’abord un peu paradoxal, elle enferme de vérité. […] Ce qui paraissait impossible, surtout, c’était de rendre sensibles à tous des vérités qui commencent par révolter tous les témoignages des sens. […] « Amassons donc toujours, au hasard de ce qui en arrivera, des vérités de mathématiques et de physique. » S’il y en a par elles-mêmes d’apparemment inutiles, nous verrons qu’il est rare que « le concours de plusieurs vérités ne produise pas un usage ».
Les auteurs ont perdu la vérité des personnages ; mais il leur reste la vérité de leurs propres sentiments, de leur imagination. […] Mais il est écrit avec une verve et une vérité de sentiments qui entraînent. […] C’était le doute complet, universel, la suppression de la vérité et de la certitude. […] Cependant ce genre de vérités ne peut s’élever au rang de vérité nécessaire et absolue. […] Il sut y répandre un intérêt doux et des sentiments exprimés avec charme et vérité.
S’il a cherché en ses écrits « la seule vérité », il ne l’a point évitée, quand elle lui était contraire. […] A la vérité, invention, genres, style, il veut que tout se subordonne à la raison. […] On l’a si bien senti, qu’il est d’usage de dire : la vérité des genres. […] Les transitions ne sont-elles pas des vérités intermédiaires qui lient les vérités principales ? […] Je ne me figure pas aisément Boileau méditant d’autres vérités, ni se servant d’une autre langue, tant il y est dans son naturel.
On ne peut commencer trop tôt à rectifier l’esprit de l’homme, en le meublant de modèles de raisonnement de la première évidence et de la vérité la plus rigoureuse. […] La Recherche de la Vérité, par Malebranche. […] L’histoire se conforme rigoureusement à la vérité. […] La poésie, plus soucieuse de la vraisemblance que de la vérité, l’agrandit en l’exagérant. […] — Nous donnons cette appréciation, malgré ses erreurs, parce qu’il y a beaucoup plus de vérités que d’erreurs, et qu’il ne s’agit que d’une vue rapide, à vol d’oiseau, qui n’a aucune prétention à être un traité approfondi.
J’ai recherché la vérité partout. […] L’idéal n’est que la vérité à distance. […] Dans les desseins de Dieu, le temps paraît être un élément de la vérité elle-même ; demander la vérité définitive à un seul jour, c’est demander à la nature des choses plus qu’elle ne peut donner. L’impatience crée des illusions et des ruines au lieu de vérités. […] Mais la haine avait assez de vérités cruelles à verser sur son nom pour s’épargner les calomnies et les rumeurs.
Il n’y faisait aucune concession, car la vérité de l’orthodoxie ne fut jamais pour lui l’objet d’un doute. […] Or Descartes m’avait enseigné que la première condition pour trouver la vérité est de n’avoir aucun parti pris. L’œil complètement achromatique est seul fait pour apercevoir la vérité dans l’ordre philosophique, politique et moral. […] la main sur la conscience, cet engagement-là, je n’y ai jamais manqué. je n’ai jamais eu d’autre intérêt que celui de la vérité et j’y ai fait des sacrifices. […] En suivant la vérité au prix de tous les sacrifices, j’étais convaincu de le suivre et d’obéir au premier de ses enseignements.
L’éloge d’un grand homme est presque toujours un combat contre les préjugés ; mais si jamais cette vérité fut incontestable, c’est surtout à l’égard de Racine. […] C’est bien assez que la vérité soit tardive ; il ne faut pas du moins qu’elle soit timide. […] Non sans doute ; mais la justice, la vérité est-elle une satire ? […] Soyons donc justes, et rendons gloire à la vérité et au génie. […] Quelle effrayante vérité dans la peinture de ce monstre naissant !
Il avait laissé couler, comme un fleuve, presque un siècle sur la vérité, et les flots puissants de ce siècle, chargés de toutes les immondices de l’erreur, ne l’avaient pourtant ni souillée, ni entraînée, ni engloutie. […] La vérité longtemps cachée est si claire et si démontrée à présent, que les hommes intéressés à la nier ou à ne pas la reconnaître vont prendre, soyez-en sûrs ! […] vraiment, ce n’est pas une médiocre jouissance pour ceux qui aiment la vérité, que le spectacle de l’atroce embarras qu’elle cause parfois à ceux qui la détestent ! […] Pour qui se sent dévoué au catholicisme, dont la cause est ici beaucoup plus engagée qu’on ne croit, y a-t-il une mission plus haute, en ce temps, que de faire tomber, à force de laver les peuples dans les flots de la vérité, l’horrible lèpre qu’ils ont contractée dans les préjugés des derniers siècles ? […] En effet, il n’y a point de grandeur sans vérité et sans justice, et c’est de justice qu’elle a manqué.
Si Villars rangeait dans cette troisième espèce d’hommes le prince Louis de Bade et le prince Eugène, il entendait bien s’y ranger également, et il se déclarait encore mieux lorsqu’il ajoutait : Ceux-là, à la vérité, ne sont pas communs : mais comment ne s’en trouverait-il pas sous le règne du plus grand roi du monde, et dans des armées toujours victorieuses ? […] Les méchants propos de Versailles ne sont plus que des propos, et même en y faisant toute la part possible, en accordant un peu de vérité dans beaucoup de mensonge, les lignes et les traits essentiels de l’habile et hardi capitaine, ses belles parties de talent n’en sont pas entamées ; la gloire de Villars subsiste. […] Si je parlais autrement à Votre Majesté, je n’aurais plus l’honneur de me conduire à son égard avec un esprit de vérité. » C’est comme un janséniste de la guerre que Catinat ; il y porte l’amour strict de la vérité, et une prudence, une patience opiniâtre. […] Comme je ne doute pas que ce brave homme ne vous dise la vérité lorsque vous lui ferez demander, j’espère, Sire, que vous aurez autant d’estime pour moi qu’il m’a prouvé d’amitié. […] On saisit bien la nuance et le degré du tort où Villars put être à l’égard de M. de Magnac ; il le nomme, il lui rend aussi, justice : mais il ne va pas sur son compte au-devant de l’entière et éclatante vérité : seulement, si on la lui demande, il la dira.
Le livre des Maximes : sens et vérité. […] Mais comme il dit en cinq mots la vérité que le roman dilue en un volume, notre amour-propre trouve le breuvage amer. […] Retz se joue impudemment de la vérité : il dit ce qu’il veut qu’on croie, il prépare sa figure pour l’immortalité. […] Comme il n’a pas moralisé son récit, ses mensonges n’altèrent pas la vérité générale de ses peintures : dans l’ensemble, son temps et lui y sont admirablement représentés avec une incomparable vigueur. […] Beaucoup d’entre eux ont laissé des lettres où revivent ces originales figures d’érudits, qui cherchèrent la vérité avec une passionnée indépendance sans cesser d’être d’humbles chrétiens.
Il n’avait que vingt-sept ans, et, pendant deux années encore, jusqu’en 1792, nous le voyons prendre part au mouvement dans une certaine mesure, donner en quelques occasions des conseils par la presse, ne pas être persuadé à l’avance de leur inefficacité : en un mot, il est plus citoyen que philosophe, et il se définit lui-même à ce moment « un homme pour qui il ne sera point de bonheur, s’il ne voit point la France libre et sage ; qui soupire après l’instant où tous les hommes connaîtront toute l’étendue de leurs droits et de leurs devoirs ; qui gémit de voir la vérité soutenue comme une faction, les droits les plus légitimes défendus par des moyens injustes et violents, et qui voudrait enfin qu’on eût raison d’une manière raisonnable ». […] J’ajoute qu’il est bon, qu’il est honorable, qu’il est doux, de se présenter, par des vérités sévères, à la haine des despotes insolents qui tyrannisent la liberté au nom de la liberté même. […] Il réclame la punition énergique, exemplaire, des coupables ; il fait entendre de grandes vérités : « Souvenez-vous que rien n’est plus humain, plus indulgent, plus doux, que la sévère inflexibilité des lois justes ; que rien n’est plus cruel, plus impitoyable, que la clémence pour le crime ; qu’il n’est point d’autre liberté que l’asservissement aux lois. » Un caractère essentiel à noter dans ces articles de prose d’André Chénier, c’est que si le poète s’y marque par l’élévation et la chaleur du sentiment, par le désintéressement de la pensée et presque le détachement du succès, par une certaine ardeur enfin d’héroïsme et de sacrifice, il ne donne pourtant au style aucune couleur particulière. […] Ce n’est pas le temps de se taire… Élevons tous ensemble une forte clameur d’indignation et de vérité. […] A lui demandé commant il sapelloit A répondu quil senomoit André Chenier natife de Constentinoble âgé de trente et un ans demeurant à Paris rue de Clairy section de Brutus A lui demandé de quelle ané il demeuroit rue de Clairy A lui répondue depuis environ mil sept cent quatre vingt douze au moins A lui demandé quel son ses moyent de subsisté A lui répondu que de puis quatre vingt dix quil vie que de que lui fait son père12 A lui demandé combien que lui faisoit son père A répondu que son père lui endonnoit lorsquil luy endemandoit A lui demandé s’il peut nous dire a combien la somme quil demande à son pere par an se monte A repondu quil ne savoit pas positivement mais environ huit cent livre à mille livre par année A lui demandé sil na auttre chose que la somme quil nous déclare cy-dessus A repondu qu’il na pas d’auttre moyent que ce quil nous a déclarée A lui demande quelle manierre il prend son existance A repondu tenteau chez son père tenteau chez ses amis et tentot chez des resteaurateurs A lui demandé quel sont ses amis ou il va mangé ordinairement A répondu que cetoit chez plusieurs amis dont il ne croit pas nécessaire de dire lenom A lui demandé s’il vien mangé souvent dans la maison ou nous lavons aretté A repondu quil ne croyoit n’avoir jamais mangé dans cette maison ou il est aresté, mais il dit avoir mangé quelque foy avec les mêmes personnes apparis chez eux A lui demandé sil na pas de correpondance avec les ennemis de la République et la vons sommé de nous dire la vérité A repondu au cune A lui demandé sil na pas reçue des lettre danglaitaire depuis son retoure dans la République A repondu quil en a recue une ou deux ducitoyent Barthelemy àlorse ministre plénipotensiêre en Anglaitaire et nen avoir pas reçue dauttre A lui demandé à quelle épocque il a recue les lettre désigniés sy dessus sommé a lui denous les representés A répondue quil ne les avoit pas A lui demandé ce quil en àfait et le motife quil lat engagé à sendeffaire A repondu que ce netoit que des lettre relative à ses interrest particulier, comme pour faire venire ses livres et auttre effest laissé en Anglaitaire et du genre de celle que personne ne conserve A lui demandé quel sorte de genre que personne ne conserve et surtout des lettre portant son interest personnelle13 sommé de nous dire la vérité A répondu il me semble que des lettre qui énonce l’arrivé des effest désigniés cy-dessus lorsque ses effest son reçue ne son plus daucune valeure A lui representé quil nest pas juste dans faire réponse, dautant plus que des lettre personnelle doive se conserver pour la justification de celui qui à En voyé les effet comme pour celui qui les à reçue A repond quil persite à pensé quand des particulier qui ne mettre pas tant dexactitude que des maison de commerce lorsque la reception des fait demandé est accusé toute la correspondance devient inutisle et quil croit que la plus part des particuliers en use insy A lui représenté que nous ne fond pas des demande de commerce sommé à lui de nous répondre sur les motifes de de son arestation qui ne sont pas affaire de commerce14 A repondu quil en ignorest du faite A lui demandé pourquoy il nous cherche des frase et surquoy il nous repond cathegoriquement15 A dit avoir repondue avec toute la simplicité possible et que ses reponse contiene lexatte veritté A lui demandé sil y à longtemps quil conoit les citoyent ou nous l’avons aresté sommé a lui de nous dire depuis quel temps A repondu quil les connaissoit depuis quatre ou cinqt ans A lui demandé comment il les avoit conu A repondu quil croit les avoir connu pour la premiere fois chez la citoyene Trudenne A lui demandé quel rue elle demeuroit alors A repondu sur la place de la Revolution la maison à Cottée A lui demandé comment il connoit la maison à Cottée16 et les-citoyent quil demeuroit alors A repondu quil est leure amie de l’anfance A lui represanté quil nest pas juste dans sa reponse attendue que place de la Revolution il ny a pas de maison qui se nome la maison à Cottée donc il vien de nous déclarés A repondue quil entandoit la maison voisine du citoyent Letems A lui représentes quil nous fait des frase attandue quil nous a repettes deux fois la maison à Cottée A repondue quil a dit la vérité A lui demandée sil est seul dans lappartement quil occuppe dans la rue de Clairy nº quatre vingt dix sept A repondue quil demeuroit avec son père et sa mère et son frère ainée A lui demandée sil na personne pour le service Il y à un domestique commun pour les quatre qui les sere A lui demandée ou il étoit a lepoque du dix aoust mil sept cent quatre vingt douze A répondue a paris malade d’une colique nefretique A lui demandee sy cette colique le tient continuellement et sil elle tenoit le jour du dix aoust quatre vingt douze A répondue quil se rétablissoit a lors d’une attaque et que cette maladie le tiend presque continuellement depuis lage de vingt ans plus ou moins fortes A lui demandés quelles est cette malady et quelle est le chirurgient quil le traitoit alors et sy cest le même qui letraitte en core A repondu le médecin Joffroy latraitté au commancement de cette maladie et depuis ce temps jai suis un régime connue pour ses sorte de meaux A lui demandée quelle difference il fait d’une attaque de meaux ou de maladies.
Un écrivain ne mérite de gloire véritable, que lorsqu’il fait servir l’émotion à quelques grandes vérités morales. […] La tragédie met en action cette sublime vérité. […] Si l’on voulait se servir encore de la mythologie des anciens, ce serait véritablement, retomber dans l’enfance par la vieillesse : le poète peut se permettre toutes les créations d’un esprit en délire ; mais il faut que vous puissiez croire à la vérité de ce qu’il éprouve. […] Mais les modernes ont observé les mouvements de l’âme avec une telle pénétration, qu’il leur suffit de savoir les peindre pour être éloquents et passionnés ; et s’ils adoptaient les fictions antérieures à cette profonde connaissance de l’homme et de la nature, ils ôteraient à leurs tableaux l’énergie, la nuance et la vérité. […] Tant que l’imagination d’un peuple est tournée vers les fictions, toutes les idées peuvent se confondre au milieu des créations bizarres de la rêverie ; mais quand toute la puissance qui reste à l’imagination consiste dans l’art d’animer, par des sentiments et des tableaux, les vérités morales et philosophiques, que peut-on puiser dans ces vérités qui convienne à l’exaltation poétique ?
Au fond, je crois sentir en lui certaines directions d’esprit très précises, certaines tendances morales très nettes : c’est un Français, et un Beauceron, de ferme sens, amoureux de clarté, de vérité, défiant de tout ce qui est trouble, lointain, hors de prise et de portée, de l’exotisme et du symbolisme, très positif, en somme, en même temps que très artiste. […] Depuis tantôt trente ans, il défend dans le même journal sa vérité : et cette vérité, au fond, c’est la doctrine de l’art pour l’art. […] Il n’y a en ceci ni vérité d’observation, ni valeur de pensée : mais c’est du théâtre ; applaudissons. […] Il y a un fond de vérité dans cette doctrine : c’est la valeur de la technique, et de la technique spéciale à chaque art comme à chaque genre en tous les arts. […] Antoine a certainement inoculé à quelques-uns de ses acteurs, à beaucoup de ses spectateurs, le sens de la vérité.
La cause des positifs est la vérité. […] Après la légende délicate dont le poète voile transparemment sa pensée, s’érige cette note, de conclusion : « Les vérités demeurent derrière les formes-symboles. Tout phénomène est le symbole d’une vérité. […] Gide dénomme une vérité. Toute la différence de son point de vue à celui du savant et même du vulgaire est que où l’on reconnaît : 1º des faits inexpliqués expérimentalement perçus ; 2º des lois qu’on peut dégager de l’apparence de ces faits, — le symboliste, intervertissant, discerne : 1º les vérités intuitivement sues ; 2º les faits, expressions concrètes de ces vérités, ou symboles.
Ceux qui croient que la vérité est une non seulement en morale, mais en religion, en politique, en tout, qui croient posséder cette vérité en eux et la démontrer à tous par des signes clairs et manifestes, voudraient à chaque instant que la littérature ne s’éloignât jamais des lignes exactes qu’ils lui ont tracées ; mais comme il est à chaque époque plus d’une sorte d’esprits vigoureux et considérables (je ne parle ici ni des charlatans ni des imposteurs) qui croient posséder cette vérité unique et absolue, et qui voudraient également l’imposer, comme ces esprits sont en guerre et en opposition les uns avec les autres, il s’ensuit que la littérature, la libre pensée poétique ou studieuse, tirée ainsi en divers sens, serait bien embarrassée dans le choix de sa soumission. […] Mais supposez que le récit soit partout sur le ton simple et de la vérité, représentez-vous nos amoureux en peine, à travers champs, dans cette marche de nuit, et cherchant depuis une heure ou deux leur invisible château. […] c’est quand il parle de Molière qu’il arrive à la vérité pleine et courante, « la bonne, la franche, l’aimable, la vraie vérité ».
Mieux valait attendre ; et, puisque aussi bien, de roman en roman, il allait s’éloignant un peu plus de la décence, du naturel, et de la vérité, on en reparlerait, pour la dernière fois, quand il en serait tout à fait sorti. […] D’abord, parce qu’il est toujours pénible de voir un homme de talent se fourvoyer sans ressource ; et puis, parce qu’il est plus pénible encore de le voir compromettre avec lui, dans son aventure, ce qu’il pouvait y avoir de justesse et de vérité dans les théories d’art auxquelles les circonstances avaient attaché son nom. […] Ou, si l’on aime mieux cette autre façon de dire la même chose : le peu de vérité qu’il y a dans La Terre est banal, pour traîner partout, et le peu de nouveauté qu’on y rencontre n’est pas vrai. […] et, ne se rencontrant pas plus dans le langage, comme l’on voit, que dans les mœurs et dans les caractères, où est la vérité ? […] Zola, c’est de valeur documentaire, de naturel et de vérité, de vie et de variété.
Si des critiques soutiennent un jour que la Revue des Deux Mondes et Le journal des Débats me gâtèrent en m’apprenant à écrire, c’est-à-dire à me borner, à émousser sans cesse ma pensée, à surveiller mes défauts, ils aimeront peut-être ces pages, pour lesquelles on ne réclame qu’un mérite, celui de montrer, dans son naturel, atteint d’une forte encéphalite, un jeune homme vivant uniquement dans sa tête et croyant frénétiquement à la vérité. […] C’est ainsi qu’après avoir aperçu la première les vérités de ce qu’on appelle maintenant le darwinisme la France a été la dernière à s’y rallier. […] La France a ainsi passé à côté de précieuses vérités, non sans les voir, mais en les jetant au panier, comme inutiles ou impossibles à exprimer. […] Elle préserve de l’erreur plutôt qu’elle ne donne la vérité ; mais c’est déjà quelque chose d’être sûr de n’être pas dupe. […] Et songez qu’aucune vérité ne se perd, qu’aucune erreur ne se fonde.
Aura-t-il pris Christophe Colomb pour appuyer et rappeler une vérité de plus en plus oubliée, — l’intervention directe de Dieu dans l’histoire, — car M. […] Roselly de Lorgues ne s’est pas contenté de tirer de pareilles données tout ce qu’elles contenaient, mais, prenant de plus les faits d’une vie dont voilà l’effort et la pensée, il a montré qu’ils étaient providentiellement en harmonie avec la sainteté de Colomb, et nous avons eu une histoire dans laquelle le merveilleux et le romanesque, diront nos ennemis, mais la vérité catholique, dirons-nous, dominent les chétives clairvoyances et les clignotantes explications ! […] … Y a-t-il des places réservées pour la vérité dans l’histoire ? […] III D’ailleurs, toute vérité à part, le point de vue, hardiment mystique, qui donne au livre de M. […] S’il n’a pas été aussi heureux de vérité et de clarté de regard avec Isabelle, c’est que les vertus de la Catholique agissent sur son catholicisme, et qu’elle, du moins, comprit et protégea Colomb.
Mitraud sur la Nature des sociétés humaines, comme il dit, et ce livre dont tout pour nous, jusqu’au titre, manque de rigueur et de vérité nous a jeté dans des perplexités étranges. […] Il a vu, à la vérité, passer à travers l’histoire des masses d’hommes, sous la lance de leurs conducteurs. […] Seulement, s’il la tire, comme nous, cette conclusion ; si, pour lui comme pour nous, la vérité sociale a été révélée à Moïse pour être complétée par Jésus-Christ, nous demanderons à M. Mitraud s’il y a et s’il peut y avoir des interprétations ou des développements ultérieurs à cette vérité sociale et au christianisme, tels que l’Église les enseigne et les a toujours enseignés. […] M. l’abbé Mitraud nous dit bien, il est vrai, « que le catholicisme renferme toute vérité », qu’il est « l’affirmation universelle », qu’il n’y a pas « une loi qu’il ne contienne ».
Lerminier a donc fait un livre chaud, semé de vérités larges et brillantes, comme sa vocation d’orateur et d’écrivain placé en face de la jeunesse le lui a conseillé. […] Nous avons regretté aussi qu’en insistant avec raison sur l’importance de l’idée et de la vérité, lorsqu’on écrit, et sur la part très secondaire qu’il faut laisser aux mobiles personnels, M. Lerminier ait traité si durement ce qu’il appelle l’ éclat futile de la gloriole des lettres ; pour nous, qui croyons, en le lisant, que l’éclat des lettres sert de beaucoup à propager et à illustrer les vérités, nous le trouvons ingrat en ceci, comme Malebranche dans sa colère contre l’imagination. […] Comme, après un certain laps de temps, la vérité minutieuse et toute réelle est introuvable, comme elle l’est même souvent déjà entre contemporains, il faut ou se condamner à un scepticisme absolu et fatal, ou se résigner à cette grande manière qui nous reproduit bien moins l’individu en lui-même que les idées auxquelles il a contribué, et qu’on personnifie sous son nom.
Encore une fois, l’arène est ouverte, les barrières sont tombées ; nos régents, pêle-mêle, culbutés les uns sur les autres, se noient dans la foule de l’amphithéâtre ; la vérité de plus belle est au libre concours ; elle ressortira large et forte de cette confusion ; voilà un avantage qui compense, selon nous, plus que la perte. […] Heine pousse trop à l’effet de chaque jour ; s’il voit tel petit flot voisin plus gros et plus menaçant qu’il ne l’était en réalité ; si en un mot l’harmonie du temps et de l’histoire n’a point encore passé sur ces impressions successives et parfois discordantes, que de vérités en revanche, que d’observations fines et bien saisies il sème chemin faisant ! […] Je crois que l’artiste ne peut trouver dans la nature tous ses types, mais que les plus remarquables lui sont révélés dans son âme comme la symbolique innée d’idées, et au même instant. » Et il ajoute avec justesse que Decamps a le droit de répondre au critique qu’il a été, en peignant, fidèle à la vérité fantastique, à l’intention d’un rêve, à la vision nocturne de ces figures sombres courant sur un fond clair. […] Souvent, le soir, regardant quelque coin de ciel, des toits lointains, çà et là un rare feuillage, je me suis dit qu’un tableau qui retracerait exactement cette vue si simple serait divin ; puis j’ai compris que cette fidélité entière était impossible à saisir directement ; que mon émotion résultait du tableau en lui-même et de ma disposition sentimentale à le réfléchir ; que, de l’observation directe de l’objet, et aussi de la réflexion modifiée de cet objet au sein du miroir intérieur, l’art devait tirer une troisième image créée qui n’était tout à fait ni la copie de la nature, ni la traduction aux yeux de l’impression insaisissable, mais qui avait d’autant plus de prix et de vérité, qu’elle participait davantage de l’une et de l’autre19.
Et qui sait si cette sobriété d’interprétation n’est pas conforme à la vérité des choses ? […] Cette étrange histoire, nous en touchons du doigt la vérité, jour par jour, heure par heure. […] Il regarde si bien que je ne puis douter de la vérité de son livre (lequel porte en lui-même le témoignage de cette vérité) ; et il raconte si bien que, l’ayant lu voilà trois semaines, j’ai encore le cœur serré en y songeant.
Mais ces lois ne sont-elles pas locales, variables d’un point à l’autre, comme celles que font les hommes ; ce qui est la vérité dans un coin de l’univers, sur notre globe, par exemple, ou dans notre petit système solaire, ne va-t-il pas devenir l’erreur un peu plus loin ? […] Il faut pourtant qu’on s’en dépouille ; ou bien on ne sera qu’un éternel myope, incapable de voir la vérité. […] Aujourd’hui, une hypothèse ne nous paraîtra plus absurde, parce qu’elle nous oblige à imaginer des objets beaucoup plus grands ou beaucoup plus petits que ceux que nos sens sont capables de nous montrer, et nous ne comprenons plus ces scrupules qui arrêtaient nos devanciers et les empêchaient de découvrir certaines vérités simplement parce qu’ils en avaient peur. […] Grâce à l’éducation qu’elle a reçue, notre imagination, comme l’œil de l’aigle que le Soleil n’éblouit pas, peut regarder la vérité face à face.
La vérité est que, pour déterminer les périodes secondaires, il faut étudier avec un soin extrême l’histoire générale. […] Mais il serait téméraire de conclure d’une vérité passagère à une loi générale. […] Il le divisa d’abord en deux parties : la première fut redivisée en quatre points ; puis, chacun de ces quatre points fut de nouveau subdivisé ; le quatrième seul contient huit vérités, et une seule de ces huit vérités est établie par douze arguments en l’honneur des douze apôtres.
Son Adversaire, au contraire, plus méthodique à la vérité, mais froid & sans vigueur, ne lui oppose que de foibles raisonnemens, exprimés plus foiblement encore*. […] » Et d’avoir ajouté, avec autant de bon sens que de vérité : Fuyez ceux qui, sous prétexte d’expliquer la Nature, sement dans le cœur des hommes de désolantes doctrines, & dont le scepticisme apparent est une fois plus affirmatif & plus dogmatique, que le ton décidé de leurs Adversaires. […] Jamais, disent-ils, la vérité n’est nuisible aux hommes ; je le crois comme eux ; & c’est, à mon avis, une grande preuve que ce qu’ils enseignent n’est pas la vérité. » *.
Cela n’est pas d’une vérité assez exacte et assez générale pour être mis en maxime. […] On peut dire même que ce n’en est pas un, puisqu’un apologue doit offrir une action passée entre des animaux, qui rappelle aux hommes l’idée d’une vérité morale, revêtue du voile de l’allégorie. Ici la vérité se montre sans voile : c’est la chose même et non pas une narration allégorique. […] A la vérité, ce mot est un peu dur ; mais il l’est beaucoup moins que le propos de ces jeunes gens : Assurément il radotait.
Dans les journaux, ne sait-on pas de reste que les relations de la vie l’emportent sur les intérêts de la vérité ? […] Est-ce une présomption par trop forte, de la part de quelques esprits qui aiment la vérité, que de vouloir la dire à tout le monde sur les choses de la littérature, délaissées depuis longtemps parce que l’esprit de vérité ne les anime plus ? […] Nous ne sommes ni les raffinés ni les bravaches de la vérité Nous ne voudrions même pas être ses bourrus bienfaisants.
L’originalité et la gloire de son œuvre est justement d’avoir ramené vers les vérités fortes et salubres nos esprits égarés dans l’invraisemblable, le paradoxal et l’impossible, d’avoir exprimé ces vérités immortelles dans un style ferme, net, franc, de bonne école et de bonne race, d’avoir fait circuler dans les veines de la comédie moderne, après tant de fièvres et de langueurs, un reste de ce sang vigoureux et pur qui semblait tari depuis les maîtres, et de n’avoir pas craint de nous paraître banal pour être plus sûr d’être vrai. […] C’était un peu ridicule, et pourtant… Si Victor Hugo reste au théâtre, comme ailleurs, un incomparable poète lyrique, la vérité vraie, c’est qu’un drame du bon Ponsard n’est en aucune façon plus ennuyeux, à la scène, que Marion de Lorme ou le Roi s’amuse.
Mais Charles Barbara, qui, je vous l’assure, est un homme, n’a pas craint de mettre son pied dans ce soulier éculé, rempli de sang, et, au lieu de barboter là-dedans comme un réaliste de 1855 ou un romantique de 1832, il nous a donné une étude superbe de vérité inattendue sur le remords dans les âmes fortes, — et, comme un chirurgien retire du fond d’une plaie des os brisés, des fragments de l’homme corporel il nous a retiré une conscience, les fragments d’une âme déchirée et mutilée par le crime… Jusqu’ici, la plupart des livres qui avaient peint le remords lui avaient fait pousser quelque cri sublime ou l’avaient peint accessoirement, de côté, le mêlant au torrent des autres sentiments de la vie. […] Son effroyable héros, dans l’âme de qui se passe le drame, ne se raconte pas, mais c’est sous la pression d’événements noués habilement autour de lui que l’auteur fait jaillir des éclairs de la vérité qui le torture ! […] Comme un homme atteint d’une folie terrible, il passe ses jours, les minutes de ses jours, à enterrer son crime et à le déterrer, n’allant jamais qu’à moitié de cette horrible besogne, réveillé toujours à temps, épouvanté de ses mains qui creusent, soit pour cacher la vérité, soit pour la faire sortir ; et c’est ainsi qu’écartelé à deux idées d’une égale énergie, qui le déchirent sans le tuer et ne peuvent pas plus sur cette organisation vigoureuse que le rasoir du bourreau sur les articulations de Damiens, il offre le spectacle le plus émouvant qu’un artiste puisse offrir à la contemplation intellectuelle.
Les détails d’érudition inévitables dans un pareil livre entravent la pensée de l’auteur, et entremêlent désagréablement la vérité relative et la vérité absolue. […] Tous les dogmes catholiques sont pour lui des vérités inviolables. […] Pour le surprendre et l’attacher, il ne faut pas prendre la vérité à la lettre. […] Mais il n’avait pas négligé la réalité humaine entre les éléments de la poésie ; il douait ses héros d’une double vérité, de la vérité éternelle, antérieure à toutes les histoires, contemporaine de tous les événements, et aussi d’une vérité déterminée, spéciale, qui relevait des temps et des lieux. — M. […] À la vérité, la composition de la salle avait été délibérée en conseil.
Elle refuse au prêtre d’accepter la vérité religieuse sans vérification, et elle accepte du savant la vérité scientifique sans contrôle. […] Unité, continuité, voilà la vérité sociale. […] Le roi est responsable envers la vérité, et l’Église a le dépôt de la vérité. […] Et quelle vérité ! […] L’univers est monarchique, voilà la grande vérité à établir.
Chez Molière, la réalité, observée de loin ou de près, subissait cette transformation imposée à toute œuvre d’art ; mais elle se transformait dans le sens de la vérité, parce que le génie et la vérité sont frère et sœur, et que d’irrésistibles affinités les ramènent sans cesse l’un vers l’autre. […] Ce trait seul suffirait pour nous indiquer ce qu’il faut penser de la fécondité, de la vérité et de la variété de M. de Balzac. […] Merveilleux effet de la vérité chez un homme trop habitué à se bercer de mensonges ! […] Qui, selon vous, est le plus cruel, le plus intolérant, de l’homme qui, dans un siècle de lutte et de violence, torture la conscience de son semblable pour y faire entrer par force ce qu’il croit la vérité, ou de l’homme qui, dans un siècle civilisé, corrompt et dissout la conscience de son frère pour y introduire par surprise, non pas sa vérité à lui, — il n’en a point, — mais le déni de toute vérité ? […] Il a pris un bon moyen pour échapper à ces deux excès qu’il signale, et dont chacun cache un des côtés de la vérité.
Mais la tâche préparatoire d’introduction à la vérité n’est jamais complète, jamais suffisante ! […] » Voilà la vérité. […] Simple affaire de mesure, comme dans tout l’ordre si délicat de la vérité morale. […] Une belle légende n’est-elle pas pour un peuple une vérité morale infiniment plus précieuse que la vérité d’ordre inférieur qui la détruit ? […] La vérité est qu’on n’en sait rien et qu’on n’en peut absolument rien savoir.
L’auteur du Cid est venu le premier, à la vérité. […] Il débuta à la vérité par des piéces fort insipides ; mais en 1642. il donna le Menteur. […] Il saisit avec la vérité la plus frappante le jargon poissard & les mœurs de la derniere classe du peuple. […] Il instruit en badinant, & lorsqu’il n’est que sérieux, ses pensées frappent par leur vérité. […] Les fables de cet élégant Ecrivain sont autant de miniatures admirables pour la simplicité, la vérité & le naturel.
Sous prétexte que toucher ou convaincre son lecteur, c’est sacrifier l’art en le subordonnant à une autre fin que lui-même, on vide son discours de toute vérité, que la raison, la conscience ou le cœur pourraient saisir : on poursuit une beauté toute matérielle et physique, que nul mélange du vrai, du bien, du beau moral même ne vient corrompre, et l’on travaille son style pour l’œil et l’oreille du public : on se fait ciseleur, coloriste ; on sculpte des phrases marmoréennes, on exécute d’étourdissantes variations ; on a une riche palette, un clavier étendu. […] Cette indifférence a été favorisée par le progrès de l’analyse et de la critique, qui ont montré l’erreur au sein de toute vérité, la vérité mêlée encore à toute erreur : si rien n’est absolument, éternellement vrai ou faux, bon ou mauvais, si rien de ce que nous voyons n’est tel que nous le voyons, si même rien peut-être n’est, à quoi bon se peiner pour chercher le vrai, pour l’exprimer ?
Cela revient à dire qu’elle vise avant tout à la vérité. […] Leur opposer des raisonnements est inutile ; il faut des faits ; il faut pouvoir leur montrer des portions de vérité, qui restent acquises une fois pour toutes ; il faut construire pierre à pierre un monument auquel on puisse incessamment ajouter, mais où l’on ne puisse plus rien retrancher. […] Sur la porte par où l’on y pénètre devrait se lire cette inscription : Vous qui entrez ici, mettez bas toute passion autre que l’amour de la Vérité d’abord et de la Beauté ensuite.
Il les a menées à bien pour l’amour de la vérité. […] Cela, c’est la vérité. […] En d’autres termes, c’est d’observer la vérité matérielle, qui est la ressemblance physique ; et la vérité morale, qui est la dissemblance de mœurs. […] Là est la vérité morale ; la ressemblance physique, ce n’est qu’une vérité de fait, une vérité matérielle. […] En art, la vérité matérielle ne doit point préoccuper, il ne faut s’attacher qu’à la vérité morale, et, dans l’espèce, cette vérité résulte du contraste des caractères.
» Oui, si le contraire de la vérité n’est qu’une des faces de la vérité, ce qui est assez probable. […] Il accomplit, selon la vérité morale, l’apostolat qu’il n’a pu se résoudre à entreprendre selon la vérité religieuse. […] A la vérité, on comprend, lorsqu’on le veut absolument, les phrases de M. […] Sa foi n’est pas l’espérance imprécise d’un hédoniste inconscient ; elle est absolue dans son principe comme dans son but, et ce principe et ce but sont uns ; parti de la vérité, il va vers la vérité. […] C’est là l’erreur absolue, comme la vérité absolue est de ne pas croire en soi, mais de croire en Dieu seul, qui est la vérité unique.
Ni enseignement ni poème, c’est-à-dire ni vérité, ni beauté ; qu’est-ce donc ? […] Chacun entrevoit la vérité, et rougirait de la dire. […] Il dit la vérité pour le plaisir de la dire. […] Triste vérité ! […] Vérité simple, et que beaucoup pourtant révoquent en doute, ou ne soupçonnent pas.
C’est que la vérité est toujours en péril. […] Qui, je vous prie, les a fait éloquents, sinon l’amour de la vérité ? […] A la vérité, c’était le plus souvent vers la porte de sortie. […] C’est de cette façon que j’ai vu Pasteur en user avec la vérité, ou plutôt la vérité en user avec Pasteur. […] C’est que, sur les vérités littéraires, l’accord des bon juges n’est ni universel, ni unanime.
Peut-être Livet (c’est presque d’Olivet, par le nom du moins,) attend-il d’être académicien à son tour pour reprendre l’histoire de l’Académie de 1700 jusqu’à nos jours ; mais, s’il attend cela, nous n’aurons qu’une histoire dans le genre et le goût de celles qu’il a rééditées, c’est-à-dire sans vue, sans profondeur et sans vérité. […] Lui, Boileau, le rare jugeur, l’énergique bon sens, qui ne cherchait pas des arbres et des fontaines pour dire la vérité sur ses confrères, a dit la seule qui restera ; et les compilations de Livet, qui ne sont pas les portes de l’enfer, mais les portes de l’ennui, ne prévaudront pas contre elle. […] On continuera donc d’apprendre correctement et suffisamment l’histoire de l’Académie en son premier âge en lisant cet homme qu’on a appelé méchant et qui l’est comme la vérité ; car la vérité parfois est féroce, mais ce n’est pas sa faute, à elle !
On n’aime pas que quelqu’un y parle très haut, et on s’y met du coton dans les oreilles contre la vérité âprement exprimée. […] II Entendue de cette façon, l’Histoire de Louis-Philippe et de l’Orléanisme est un pamphlet, je le veux bien, ou même un libelle, si vous l’aimez mieux ; mais c’est un libelle sans calomnie, un pamphlet expurgé de mensonge, dans lequel je trouve non seulement de la vérité, mais jusqu’à de la coquetterie de vérité, à certaines places. […] III Car c’est à dater du Régent que le mal fait par les d’Orléans s’élargit et grandit comme un gouffre… Malgré son impuissance politique et ses vices, le Régent, à qui Crétineau-Joly, que j’appelais une coquette de vérité il n’y a qu’un moment, accorde trop généreusement « des éclairs de génie et des conceptions diplomatiques d’une haute portée », le Régent est encore, si on y regarde de près, le meilleur de ces trois hommes que j’ai nommés plus haut et dont le pire est encore le second, mais dont le troisième acheva à son profit le mal commis par les deux autres.
Saisset n’a jamais tué personne, elle n’est meurtrière que de vérité ; mais elle va mourir au milieu d’ennemis chaque jour plus nombreux, plus prompts aux coups et plus puissants… Parmi eux, bien entendu, le Catholicisme est là qui la presse, et non pas seulement le Catholicisme farouche, haineux, théocratique et rétrograde, que hait modestement M. […] Ôtez, en effet, les vérités indémontrables et nécessaires à la vie et à la pensée humaines, qu’on savait avant les philosophes, et auxquelles ils n’ont pas donné un degré de certitude de plus, — le nombre infini de leurs sophismes laborieux, — les forces d’Hercule perdues par eux pour saisir le faux ou le vide, — le mal social de leurs doctrines qui n’ont pas même besoin d’être grandes pour produire les plus grands maux, — ôtez cela après l’avoir pesé, et dites-moi ce qui reste de tous ces philosophes et de toutes ces philosophies, même de ceux ou de celles qui paraissent le plus des colosses ! […] Il reste de grands poëtes, fort curieux d’abord et ensuite assez fatigants à connaître, des poëtes étranges, les poëtes de l’abstraction bien plus que des découvreurs de vérités. […] Avec leurs tourbillons, leur vide et leur plein, leur dynamique, leurs harmonies préétablies, leurs idéalismes impossibles, ce sont de grands poëtes, mais abstraits, — des faiseurs, comme dit le mot poëte, des créateurs de puissantes ou d’impuissantes chimères, car l’homme n’invente réellement que sur le terrain de l’imagination : mais Dieu lui donne et il reçoit seulement sur celui de la vérité.
Il y a peut-être moins d’imagination — je puis l’accorder, bien que j’en doute fort — chez l’adolescent, mais il y a moins de vérité chez le garçon. […] Il y a certainement une part de vérité dans cette remarque sur l’infécondité physique des grands spéculatifs. […] C’est d’un malentendu que naissent presque toutes les discussions, et je reconnais une fois de plus, ici, la vérité de cette observation. […] On peut mieux encore observer la vérité de ce fait, chez les individus dont le désir d’un autre être n’est pas satisfait, en un mot chez les amoureux éconduits, dont la morne tristesse et la sombre rêverie sont demeurés classiques en tout pays. « Languir d’amour » est la traduction, en langage proverbial et populaire, de cette vérité biologique : l’excitation sexuelle non satisfaite déprime les facultés cérébrales. […] Dans ma première étude, ce qui m’a détourné de remarques et d’incidentes telles que celles qui précèdent, c’est que je les croyais d’une vérité tellement commune et indiscutée, que les réaffirmer après tant d’autres, me semblait inutile.
La morale est un épanouissement de vérités. […] Vous savez bien que j’ai des ailes, Ô vérités ! […] Sous les clartés du dehors, ce que le poète veut découvrir, ce sont les clartés de l’intelligence, les vérités, que le monde physique, au moment même où il semble les faire éclater aux yeux, enfouit et dérobe. […] Toutes les Vérités, comme autant de constellations du firmament moral, vont lui apparaître l’une après l’autre ; toutes les divinités de l’âme vont surgir, chacune avec son « attribut », et les ailes du poète nous transportent dans cet Olympe nouveau. […] Même partialité quand il s’agit d’apprécier la vérité des sentiments affectueux chez Lamartine et chez Hugo. « Car, dit encore M.
Or, c’est devant cet auditoire contenu à peine par Louis XIV que Massillon avait à prêcher ses Avents et ses Carêmes, et qu’il abordait à certains jours ces vastes sujets : Des doutes sur la Religion ; — De la vérité d’un avenir. […] Il le redit en cent façons frappantes de vérité : « On commence par les passions ; les doutes viennent ensuite. » Ces doutes, il n’essaye pas de le dissimuler, étaient déjà dans le beau monde le langage le plus commun de son temps. […] … — Que d’éternelles vérités sur le sujet de la mort, vérités encore neuves aujourd’hui et qui le seront toujours ! […] » Acceptant hardiment l’éloge et en tirant sujet de s’humilier : Dieu, dit-il, ne retire plus ses prophètes du milieu des villes, mais il leur ôte, si j’ose parler ainsi, la force et la vertu de leur ministère ; il frappe ces nuées saintes d’aridité et de sécheresse : il vous en suscite qui vous rendent la vérité belle, mais qui ne vous la rendent pas aimable ; qui vous plaisent, mais qui ne vous convertissent pas : il laisse affaiblir dans nos bouches les saintes terreurs de sa doctrine ; il ne tire plus des trésors de sa miséricorde de ces hommes extraordinaires suscités autrefois dans les siècles de nos pères, qui renouvelaient les villes et les royaumes, qui entraînaient les grands et le peuple, qui changeaient les palais des rois en des maisons de pénitence… Et faisant allusion à d’humbles missionnaires qui, durant ce même temps, produisaient plus de fruit dans les campagnes : « Nous discourons, disait-il, et ils convertissent. » J’ai cité, d’après la tradition, quelques-unes des conversions soudaines opérées par l’éloquence de Massillon : pourtant, sans nier les deux ou trois cas que l’on cite, je vois que Massillon croyait peu à ces sortes de conversions par coup de tonnerre, « à ces miracles soudains qui, dans un clin d’œil, changent la face des choses, qui plantent, qui arrachent, qui détruisent, qui édifient du premier coup… Abus, mon cher Auditeur, disait-il ; la conversion est d’ordinaire un miracle lent, tardif, le fruit des soins, des troubles, des frayeurs et des inquiétudes amères ». […] [NdA] Il y a dans L’Estoile un mot de Henri IV qui est d’une amère vérité.
Noblesse et vérité, c’est là toute la poétique de Léopold Robert, et qu’il ne songea à s’exprimer à lui-même que successivement et après l’œuvre : « La noblesse sans la vérité, pensait-il, n’est plus qu’une singerie qui ne peut plaire aux véritables connaisseurs. » La vérité sans noblesse est un autre écueil : Si je copie juste ce que je vois, je sens que je ferai un tableau plat… Si on se contentait de faire vrai, on se contenterait aussi de copier servilement le modèle que l’on a sous les yeux ; mais, aussitôt que l’on veut ajouter à cette qualité de l’élévation et de la noblesse, c’est une difficulté bien plus grande ; on peut tomber dans la manière, qui est l’opposé de ce qu’on doit chercher. […] Aux environs de Florence, les paysannes, « qui sont, à la vérité, très propres et très gracieuses, disait-il », ne lui semblaient pas avoir le type du beau italien. […] Or, cette personne qui revient quelquefois dans ses lettres, disciple de Corinne à beaucoup d’égards, surtout par les prétentions à l’enthousiasme, et qui paraît avoir été peintre, si ce n’est poète, il ne put jamais, malgré son esprit et son mérite, parvenir à la goûter : Ma foi, mon cher, écrivait-il à un ami, malgré son amabilité (affectée bien souvent), je lui trouve si peu de naïveté, de vrai sentiment, de jugement raisonnable, qu’elle est bien loin d’aller sur ma piquée… Elle nous fait des compliments si exagérés souvent, qu’il est impossible de ne pas voir qu’ils ne sont que dans sa bouche ; et puis, enfin, on voit le caractère des gens dans leur peinture ; je trouve qu’elle n’a pas l’ombre de sentiment, pas d’expression, pas de vérité bien souvent dans la couleur ; pour le dessin, elle ne s’en doute pas : et elle veut mettre à tout cela une touche-homme… Ma foi, je la juge violemment, tu diras. […] Malgré l’accident funeste qui brisa sa carrière et qui l’arrêta dans son développement, et quoique son dernier tableau (celui des Pêcheurs) ait pu paraître empreint de quelque affectation mélancolique, il est certain, à lire ses lettres nombreuses, que sa pensée s’élevait et aspirait chaque jour plus haut avec l’âge ; il devenait plus hardi, ou du moins d’un horizon plus agrandi, en vieillissant ; il avait commencé par copier la nature, il ne cessait de vouloir s’y conformer, et il visait en même temps à un idéal, impossible peut-être à concilier avec cette reproduction sévère et scrupuleuse, mais que, dans son ardeur opiniâtre, il concevait toutefois en accord avec l’exacte vérité.
Mais il faut en prendre son parti : si l’art était la forme la plus haute sous laquelle l’Antiquité aimait à concevoir et à composer l’histoire, la vérité au contraire est la seule loi, décidément, que les modernes aient à suivre et à consulter. La vérité, toute la vérité donc ! […] Voici un portrait peu connu de Louis XIV jeune, qui, au milieu de tout ce qu’il contient de flatteur, nous atteste la vérité en passant : « Le roi est grand, les épaules un peu larges, la jambe belle, danse bien, fort adroit à tous les exercices. […] Les médecins liront avec intérêt toute cette description mémorable en son genre, et même, quand on est à demi profane, on partage presque l’enthousiasme du savant et pieux Vallot qui dit en finissant : « Cette évacuation (une très abondante sécrétion finale par les voies urinaires) continua neuf jours de cette même force, et fut tellement avantageuse qu’elle acheva ladite guérison de Sa Majesté, sans aucun accident et sans aucune rechute, et même sans aucun ressentiment de la moindre incommodité du monde ; de manière qu’après cette parfaite guérison, le roi s’est trouvé beaucoup plus fort, beaucoup plus vigoureux et plus libre de toutes ses actions, tant du corps que de l’esprit, et l’on peut dire avec vérité que Dieu a conduit cet ouvrage par des voies si extraordinaires et par des secours et des grâces si particulières, s’étant servi des causes secondes en une conjoncture qui semblait devoir être plutôt destinée au miracle qu’à l’industrie et l’expérience des médecins. » Vallot ne fait là que délayer le mot d’Ambroise Paré : « Je le traitai, Dieu le guarit. […] La vérité sue à fond est plus piquante et plus imprévue ici que la conjecture.
Toute classification qui n’est point fondée sur des rapports réels, peut contenir beaucoup de vérités ; elle est utile au début d’une science, mais elle ne peut être que provisoire. […] Peut-être en esthétique n’y a-t-il qu’une seule méthode vraiment sérieuse et qui n’aboutit pas à l’illusion, en croyant tenir la vérité ? […] C’est faire violence au langage que de maintenir l’existence d’une vérité abstraite, et il en est de même pour les idées morales. […] Seulement les hommes s’accordent dans leurs approbations et désapprobations morales, comme ils s’accordent dans leur jugement sur la vérité. […] On traduirait cette doctrine dans la langue de Kant en disant : les vérités scientifiques et morales sont subjectives ; toute leur réalité est en nous et non hors de nous.
Réservez votre doctrine secrète pour un petit nombre d’amis sûrs, dans le sein de qui votre âme puisse s’épancher sans contrainte, et qui soient dignes de cultiver avec vous la philosophie et de rendre honneur à la vérité. […] C’est un vilain tableau d’un vilain modèle, mais il y a de la vérité. […] Ce n’est pas tant à Pariset que je fais le procès en ce moment qu’au genre académique lui-même, qu’il est temps, surtout dans l’ordre des sciences, de rapprocher de la vérité et de baisser d’un cran. […] Il y a des coins de vérité qu’on présentera plus agréablement sous un léger voile. […] C’est ce sentiment de réalité et de vérité qu’il s’agit d’introduire de plus en plus, bien qu’avec discrétion toujours et avec goût, dans l’éloge historique.
Mais elle a eu peu de peintres de l’art pour l’art, pour la vérité seule de la peinture. […] C’est le conte et c’est la vérité. Ou, plutôt, c’est la vérité tous les deux. Car le conte, fût-ce celui de Peau d’Âne, doit avoir, pour intéresser, sous les combinaisons et les arrangements de la fiction, une vérité de nature humaine ou de mœurs. […] Il ne s’agit que de la valeur de vérité du roman d’Octave Feuillet, quand il nous copie une société qui n’est plus elle-même qu’une nullité sous les formes d’une élégance mesquine, et des habitudes sans originalité et sans grandeur.
On était rempli de respect et de confiance, et quand un tremblement de la voix ou quelque image subite indiquait la découverte d’une vérité importante, on apercevait dans ce faible signe plus d’émotion et d’éloquence que dans les magnifiques dithyrambes de son rival. […] Celui-ci osa tout pour retrouver la vérité perdue ; il entreprit de construire une philosophie seul, sans maître, avec toutes les précautions de la méthode et tous les scrupules du doute, sur un terrain obstrué, inconnu, périlleux, hérissé d’obstacles qu’il avait et qu’il comptait. […] Il était si possédé de sa passion, qu’il l’apercevait en tout le monde et l’imposait au genre humain ; le fond de l’homme, à ses yeux, est la connaissance de la vérité morale. […] Ses raisonnements font plaisir à voir, tant le réseau en est serré, solide, soigneusement disposé pour ne laisser aucune issue à la vérité fuyante. […] Il ne réduisait point les grands mots métaphysiques aux expressions simples et familières qui les éclaircissent, les rendent palpables et permettent à l’esprit d’en démêler la vérité ou l’erreur, D’ailleurs, par métier peut-être, il y répugnait.
Ses fables, et même les plus absurdes en apparence, sont autant de mysteres respectables, où sont cachées les vérités les plus curieuses et les plus intéressantes. […] Je me dispense d’y chercher d’autre mystere, avec d’autant moins de scrupule, que ceux qui sçavent là-dessus la vérité n’ont pas grand avantage sur ceux qui l’ignorent. […] Un poëte ne lui doit donc proposer que des choses qu’il puisse croire et qui ayent du moins l’apparence de la vérité. […] Dans celles que le poëte dit de lui-même, la vérité doit être exacte et absolue, parce qu’il est obligé de penser juste. […] Mais pour les sentences que le poëte met dans la bouche de ses personnages, il suffit qu’il y ait une vérité de rélation ; c’est-à-dire, qu’elles soient conformes au caractere et à l’état de celui qui parle ; parce que la vérité de la maxime n’est pas alors l’objet du poëte, mais la vérité du caractere et de la passion.
C’est un moyen d’approcher de la vérité de la nature, sans beaucoup d’effort. Ce n’est plus à la vérité le mérite d’un statuaire habile ; mais celui d’un fondeur ordinaire.
(Morale.) le contraire de la vérité. […] Rendez gloire à la vérité, reconnoissez la vérité. […] Si une vérité peut être de quelque utilité à l’état, votre silence est condamnable. […] rien ; rien ni sur la vérité de la religion, ni sur la sincérité des historiens sacrés. Il y a bien de la différence entre la vérité de la religion & la vérité de l’histoire, entre la certitude d’un fait, & la sincérité de celui qui le raconte.
À la vérité, ici, ma théorie n’est peut-être pas juste. […] L’auteur a compris que, pour parler avec vérité sur Jeanne d’Arc, pour voir la vérité relativement à elle, il fallait une sorte de dédoublement. […] La vérité n’est jamais le contraire d’un lieu commun. […] Jamais, semble-t-il, la vérité n’est assez humble pour M. […] Lang est convaincu qu’elle avait dit exactement la vérité.
Il y a un accent de vérité qui ne saurait tromper dans les livres dont je parle. […] C’est la grande vérité découverte et pratiquée par Gœthe. […] La portée de la vérité ainsi entrevue par l’artiste fait la portée de son génie. […] Telle est la vérité contre laquelle Flaubert s’est insurgé toute sa vie. […] C’est à la démonstration de cette vérité qu’aboutissait la grande œuvre de M.
On imposa à la vérité l’obligation d’être poétique et non d’être vraie. […] Établir la vérité par des autorités étrangères, c’est lui ôter son autorité. […] On n’apprend ces tristes vérités que par l’histoire ou le maniement des affaires. […] À la vérité, les étrangers s’en choquent et réclament. […] Quatre vérités composent cette doctrine.
Et c’est ce sentiment monarchique, si peu romain, si peu conforme à la vérité historique, qui, dans la tragédie, commence à relever Auguste aux yeux du spectateur, et à faire oublier Octave. […] Derrière cette vérité, notre Molière en aperçoit une autre, plus universelle, plus humaine, moins étroitement chrétienne : les dons isolément les plus précieux, naissance, beauté, amour, grâce, courage, esprit, intelligence, corrompus par leur assemblage même, tournés eu monstrueuse scélératesse par le dérèglement et l’impunité, et portant pour fruits l’égoïsme féroce, le scepticisme insolent, le libertinage capricieux. […] Il faut fouiller son esprit et son cœur, se poser pour ainsi dire en face de soi-même, comme un juge d’instruction qui veut arracher la vérité à un accusé muet.
Cette vérité est déjà comprise à peu près de tous les bons esprits, et le nombre en est grand ; et bientôt, car l’œuvre est déjà bien avancée, le libéralisme littéraire ne sera pas moins populaire que le libéralisme politique. […] La vérité et la liberté ont cela d’excellent que tout ce qu’on fait pour elles, et tout ce qu’on fait contre elles, les sert également. […] C’est pour elle surtout qu’il travaille, parce que ce serait une gloire bien haute que l’applaudissement de cette élite de jeunes hommes, intelligente, logique, conséquente, vraiment libérale en littérature comme en politique, noble génération qui ne se refuse pas à ouvrir les deux yeux à la vérité et à recevoir la lumière des deux côtés.
En effet, personne n’a jamais fait élever autant de brouillards autour de la vérité. […] C’est un homme de lettres que sa situation n’ayant pas mis à portée de se laisser prévenir, a tâché de n’avoir d’autre intérêt que celui de la vérité. […] Ainsi ceux qui aiment la vérité ne peuvent s’empêcher d’acheter un ouvrage, où on l’a dite avec autant de sincérité que d’exactitude.
Il n’est pas besoin d’y faire descendre d’en haut la vérité comme une lumière divine ; son être et sa vérité immanente, c’est d’être perçu : esse est percipi disait Berkeley. […] Ce n’est donc pas la réflexion, c’est la conscience spontanée qui a une originalité absolue, irréductible au mécanisme. — Mais, dira-t-on, en admettant que la sensation puisse exister pour soi et se saisir elle-même, du moins ne peut-elle saisir ce que Platon appelait la vérité et l’être, et c’est pour cela que Platon faisait de la vérité intelligible quelque chose de transcendant. […] La vérité de la sensation n’est qu’un point : voilà sa réelle infériorité. […] Quelque étrange que la chose paraisse, nous irons jusqu’à dire, contrairement à certaines spéculations abstraites des platoniciens sur la « vérité » : — C’est la portée pratique qui fait la valeur théorique, qui distingue la réalité du rêve, même du rêve « bien lié ». La mesure de la vérité n’est pas la sensation seule, comme le disait Protagoras ; elle n’est pas non plus la pensée pure ; mais elle est la sensation jointe à faction.
la question n’était pas là pour lui… Rien de la vérité ne pourrait arrêter un homme qui a dans le ventre la fringale de l’applaudissement, la fureur dramatique… Ah ! […] Il y a plus ou moins, dans tout poète dramatique, je ne dis pas un cabotin, mais je ne sais quoi de cabotin qui préfère l’applaudissement à la vérité. […] La Vérité a pris le poète par les cheveux et l’a violenté. […] La notion qu’Hugo a de la maternité, et qui n’est pas d’hier dans sa pensée, — car madame Fléchard n’est qu’une variante en écho de la Sachette de Notre-Dame de Paris, — est une notion sans vérité et sans grandeur. […] la vérité et la vie !
Son traducteur, qui a la haute prudence d’un prêtre, nous dit assez dans ses introductions que nulle obligation ne nous est faite, de par l’autorité de l’Église, d’admettre ou de rejeter la vérité objective des visions de la sœur Emmerich. […] Suppléer au mutisme volontaire ou forcé de l’histoire, c’est déjà téméraire pour tout être qui a le respect de la vérité humaine : mais ajouter à l’Évangile, le continuer là où il s’arrête, cela peut être si facilement sacrilège pour qui doit avoir le respect chrétien de la vérité divine ! […] » Si la sainte Mystique, fille de l’extase, n’a pas la vision surnaturelle de la vérité, elle a certainement le génie de la vraisemblance qui, — le mot le dit, — passe bien près de la vérité.