Il a affirmé la nécessité de leur passage dans le monde, non pas pour glorifier, par le spectacle de leur stérilité et de leur impuissance, les vérités immortelles, mais parce que, se combattant mutuellement, chacun d’eux prouvant la fausseté des trois autres et renfermant en outre des parcelles de vérité relative, il en résultait une bonne philosophie formée des débris des mauvaises, une vérité philosophique, vivant de l’exclusion ou plutôt de l’équilibre des erreurs ; si bien que pas une de ces erreurs, qui, prises en elles-mêmes, s’écroulaient sous le raisonnement le plus simple, n’avait été inutile à l’ensemble et au progrès de la science, et qu’en supprimer une seule, c’était détruire tout l’édifice. […] Plus tard, lorsque leur liaison est divulguée, lorsqu’Abailard, par peur plutôt que par vertu, lui propose de l’épouser, vous croyez peut-être qu’Héloïse, heureuse de pouvoir réconcilier son honneur et son amour, sa conscience et son bonheur, va tressaillir de reconnaissance et de joie : erreur ! […] Tant il est vrai que tout se tient dans la longue chaine des erreurs humaines ! C’est le propre de l’excès en toutes choses, d’être également funeste, et par lui-même, et par l’excès contraire qu’il amène ou qu’il confine en quelque point ; et c’est probablement pour les hérésies et les erreurs théurgiques, mystiques, théosophiques et philosophiques, qu’a été fait le vieil adage « les extrêmes se touchent ». […] Mercier ajoute, toujours dans sa veine de bon sens : — « Une secte nouvelle, composée surtout de jeunes gens, paraît avoir adopté les visions répandues dans un livre intitulé les Erreurs et la Vérité, ouvrage d’un mystique à tête échauffée (Saint-Martin), où brillent néanmoins quelques éclairs de génie…… Cette secte est travaillée d’affections vaporeuses/ maladie singulièrement commune en France depuis un demi-siècle (déjà !
L’erreur est grande. […] Mais qu’importe l’erreur d’un instant ? […] Si naïve, l’erreur peut être pardonnée. […] Une autre erreur serait de croire que nos réunions littéraires fussent des séances dogmatiques et moroses. […] Une seule erreur prouvée peut engendrer un soupçon général.
L… pousse un juron formidable, suivi d’un appel olympien, dont le retentissement sonore se prolonge de salle en salle, pénètre dans les cabinets particuliers, et arrache la dame de comptoir aux mystérieuses combinaisons d’addition par erreur. […] L… constata une erreur de 60 fr. au préjudice du comptoir […] La maîtresse de la maison, voulant mettre un terme à ce petit scandale, prit l’actrice à part : — C’est sans doute une erreur qui nous procure l’avantage de vous avoir parmi nous ? […] Janin regarde son perroquet, qui la lui souffle sur-le-champ ; — et il n’y a pas d’exemple qu’il ait fait jamais erreur. — En outre, bon juge comme son maître, et disant son avis net et franc à tout un chacun. […] Quelques voyageurs, possédant des Guides, se permettent de relever quelques erreurs commises par le jeune collégien, entre autres celle qui place Dublin sur la Tamise. — Blessé dans son amour-propre, le père soutient l’opinion de son fils, — et celui-ci profite de la discussion pour aller se cacher derrière un panier de prunes, auquel il a remarqué une fuite qu’il n’hésite pas à encourager.
C’est une grande erreur de croire que la superstition est exclusivement religieuse. […] Et cette tournure d’esprit donne à quelques-unes de ses erreurs mêmes un caractère superbe. […] Dans la régularité présente, les médiocres eux-mêmes savent se garder contre les erreurs dans lesquelles les meilleurs étaient autrefois entraînés. […] Bien des faiblesses même, bien des erreurs et des fautes ont leur beauté touchante. […] On a relevé plusieurs erreurs dans son livre ; mais, en somme, point d’erreurs graves.
Mais cet avantage restera aux esprits sinueux et flottants, qu’ils peuvent amuser autrui dans les erreurs qui les amusent eux-mêmes. […] Prudemment nous nous acheminerons d’erreurs en erreurs vers une vérité relative. […] C’est une grande erreur. […] Cette fois-ci l’erreur est complète et on ne saurait imaginer un roman plus déraisonnable que le Rêve. […] L’intelligence est sujette à l’erreur ; l’instinct ne trompe jamais.
Les moralistes sont divisés à ce sujet et, pour ma part, je me sens au cœur quelque respect pour les erreurs consolantes. […] Paul Mantz, et non à moi, de déterminer les diverses raisons d’une telle erreur. […] Nous sommes tous sujets à l’erreur, et le monde, comme dit l’Écriture, est livré à nos disputes. […] Peut-être cette erreur est-elle un peu ébranlée chez celui qui a beaucoup médité. […] C’est une de mes erreurs.
Vaut-il pas mieulx demeurer en suspens, que de s’infrasquer en tant d’erreurs que l’humaine fantaisie a produites ? […] Contre les superstitions et les erreurs, un petit fait, dûment constaté, est bien fort. […] Les vieux préjugés français, ce pédantisme de la légèreté, qui semble être l’apanage de notre race, tous les menus travers de notre frivolité nationale ont entretenu, sur ce sujet, des erreurs vivaces. […] Ceux-là ne se lasseront pas de défendre la doctrine de Renan contre les erreurs qui la déguisent et sa personne contre les mensonges qui la défigurent. […] Il nous a fallu faire tant de sacrifices et perdre de si chères erreurs que, après avoir suivi avec enthousiasme cet incomparable initiateur, nous avons regretté parfois d’être trop tôt désabusés et d’y voir trop clair.
Car, de dire qu’elle n’ait point de fonction ni de rôle, c’est une autre erreur, comme on a vu que c’en était une, pour nier son objet, que d’exagérer à plaisir le nombre, la nature, et la portée de ses contradictions. […] cruellement défaut à la plupart de nos soi-disant romanciers, — de quelle erreur sur la nature, les moyens, et la portée de leur art les autres, ceux dont on pourrait attendre, dont nous attendons quelque chose, sont-ils donc les victimes ? Je dis : de quelle erreur ? […] Une autre manie ou une autre erreur, contre laquelle les jeunes gens ne sauraient trop se tenir en garde, c’est de croire qu’il suffise qu’ils s’intéressent à l’art pour que nous nous intéressions à eux. […] Est-ce à dire, toutefois, que parmi leurs erreurs il ne se glisse quelques idées justes ; et, pour en louer la justesse, attendrons-nous qu’un chef-d’œuvre l’ait rendue publique ?
Oui, l’amour survit à la mort, et nous n’avons pas la force de sourire en constatant l’universalité des touchantes erreurs auxquelles a entraîné cette croyance. […] C’est là une évidente erreur. […] Zola peut être victorieusement opposé à cette grossière erreur. […] Être bien persuadé qu’on est sujet à l’erreur, n’est-ce point le commencement de la sagesse ? […] Chez Gaboriau, l’infatigable adversaire des erreurs judiciaires efface le romancier d’aventures.
C’est bien le même homme qui, se jugeant plus tard à l’âge de cinquante-quatre ans, presque au terme de sa carrière, disait de lui encore : « Le sol primitif a été considérablement amélioré par la culture ; mais on peut se demander si quelques fleurs d’illusion, quelques agréables erreurs n’ont pas été déracinées avec ces mauvaises herbes qu’on nomme préjugés. » Culture, suite, ordre, méthode, une belle intelligence, froide, fine, toujours exercée et aiguisée, des affections modérées, constantes, d’ailleurs l’étincelle sacrée absente, jamais le coup de tonnerre : c’est sous ces traits que Gibbon s’offre à nous en tout temps et dès sa jeunesse.
Ce fut le 10 décembre 1683, dans la maison professe des Jésuites, que Bourdaloue prononça cette première oraison funèbre : il y parlait de l’hérésie, contre laquelle on n’avait pas pris encore les dernières mesures violentes, avec modération et avec une charité réelle : À Dieu ne plaise que j’aie la pensée de faire ici aucun reproche à ceux que l’erreur ni le schisme ne m’empêchent point de regarder comme mes frères, et pour le salut desquels je voudrais, au sens de saint Paul, être moi-même anathème !
» Des deux portraits originaux qu’on a de Bourdaloue, il en est un qui, plus répandu et reproduit en tête des Œuvres, pourrait, ce me semble, à première vue, induire en erreur ; de ce que, dans ce portrait fait après la mort, Bourdaloue est représenté les yeux exactement fermés et les mains jointes, « dans la posture d’un homme qui médite », on en a trop conclu que c’était là son attitude et sa tenue habituelle ou constante en prêchant.
Qu’il se glisse dans ses calculs la moindre erreur, et les plus heureuses combinaisons de stratégie sont manquées, des foules de braves périssent en pure perte, la patrie même peut devenir victime d’une seule de ses fautes… Et il continue cette définition et ce tableau en l’élevant à toute sa hauteur.
Le printemps le dissipait trop pour qu’il pût beaucoup s’y recueillir ; il aimait mieux en profiter avec l’abeille et avec l’oiseau : mais les soirs d’hiver, près de son intelligente et silencieuse amie, dans ce doux confort domestique qu’il a si bien exprimé, ayant là près de lui la bouilloire qui chante, et la tasse pleine de cette liqueur « qui égaye et qui n’enivre pas », il s’appliqua pour la première fois à traiter en vers d’assez longs sujets, tout sérieux d’abord et presque théologiques, qui montrent, à leur titre seul, le fond de ses pensées : Le Progrès de l’erreur, La Vérité, L’Espérance, etc.
[NdA] Tout bas, je demanderai à l’éditeur de vouloir bien ajouter à ces deux excellents volumes deux choses, l’une utile, l’autre nécessaire : une table et un errata ; une table qui a été omise, et un errata indispensable pour réparer quelques erreurs typographiques de noms, qui se sont glissées surtout dans les notes : ainsi le nom de l’évêque de Lisieux, précédemment évêque de Gap et d’Auxerre, M.
d’idées et de phrases convenues : « Je regarde Dussault, disait-il, comme le Fiévée du classicisme, le meilleur avocat d’une vieille platitude. » Il appelait de tous ses vœux un digne adversaire et un vrai contradicteur : « Prions Dieu que quelque homme de talent prenne ici la défense du classicisme, et force ainsi les romantiques à faire usage de tout leur esprit, et à ne laisser aucune erreur dans leur théorie. » Il écrivait cela de Milan en 1819, et en vue du romantisme italien de Manzoni.
Il lui reproche comme une erreur, non pas précisément d’avoir pensé que, pour enrichir la langue, il ne fallait rejeter aucune des locutions populaires, mais bien d’avoir voulu les introduire et les admettre dans toute espèce de style, même dans le discours élevé.
Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu !
tu as des âmes d’élite derrière ces murs ; tu fais rayonner ton amour, tu fais resplendir ton salut en dépit des tromperies de l’erreur. » Enfin, elles se sont mutuellement recommandées à Dieu : elles ne se sont pas maudites.
. — La vérité, sur ce point historique, c’est que la pénitence du maréchal de Broglie ne fut que bien peu de chose ; on peut dire qu’elle ne compta pas et ne fut prise au sérieux ni à la Cour ni dans une partie du public : on vient d’entendre Mme de Tencin ; Barbier, dans son Journal, dit positivement : « On croit que la disgrâce n’est qu’une feinte. » De là l’erreur de Frédéric, très excusable.
Que si l’on a été induit en erreur pour une vingtaine ou une trentaine de lettres, eh bien !
En même temps qu’il redresse quantité d’erreurs en circulation, lui-même il en commet bon nombre à côté.
« Pour populariser l’erreur, il abusait du vocabulaire de la liberté. » C’est le mot de quelqu’un qui l’a bien connu, d’un de ses anciens collègues et compagnons d’armes à la Chambre des pairs, le comte d’Alton-Shée.
Il résultait parfois de ce partage d’occupations quelques erreurs de chiffres dans sa tâche habituelle : on cite tel cheval dont le chiffre fut porté, par mégarde, à la colonne des 10,000, au lieu de celle des 1000.
Michelet833 eut ses erreurs, ses préjugés, ses haines ; âme infiniment tendre, il a détesté furieusement certaines idées, et les hommes aussi qui les représentaient.
Un prêtre dans la chaire expose le dogme ; quand il a fini, un petit vicaire, assis en face, au banc d’oeuvre, se lève : il représente l’Erreur. « Je rends hommage, dit le prestolet, à l’éloquence de l’éminent prédicateur ; mais, nous autres protestants, nous sommes entêtés. » Et il fait alors des objections ridicules, aggravées de facéties qui mettent en joie les dévotes.
Jésus vit peut-être ce Juda, qui conçut la révolution juive d’une façon si différente de la sienne ; il connut en tout cas son école, et ce fut probablement par réaction contre son erreur qu’il prononça l’axiome sur le denier de César.
Fernande, qui a reconnu son erreur, vient loyalement demander pardon à Maxime.
C’est, je vous assure, en ce moment le seul moyen de ne faire que peu de fautes, de n’adopter que peu d’erreurs, de ne souffrir que peu de maux. — Vivre, lui disait-il encore, c’est penser et sentir son âme ; tout le reste, boire, manger, etc., quoique j’en fasse cas, ne sont que des apprêts du vivre, des moyens de l’entretenir.
Quant aux autres émotions de ses jeunes années, M. de Chateaubriand s’est contenté de les confondre poétiquement dans un nuage, et de les mettre en masse sur le compte d’une certaine Sylphide, qui est là pour représenter idéalement les petites erreurs d’adolescence ou de jeunesse que d’autres auraient décrites sans doute avec complaisance, et que M. de Chateaubriand a mieux aimé couvrir d’une vague et rougissante vapeur.
Il a dit quelque part d’un artiste sculpteur découragé et tombé dans la paresse : « Redevenu artiste in partibus, il avait beaucoup de succès dans les salons, il était consulté par beaucoup d’amateurs ; il passa critique comme tous les impuissants qui mentent à leurs débuts. » Ce dernier trait peut être vrai d’un artiste sculpteur ou peintre qui, au lieu de se mettre à l’œuvre, passe son temps à disserter et à raisonner ; mais, dans l’ordre de la pensée, cette parole de M. de Balzac, qui revient souvent sous la plume de toute une école de jeunes littérateurs, est à la fois (je leur en demande bien pardon) une injustice et une erreur.
Il n’y a guère plus de trente ans que, lorsqu’on avait à parler du xvie siècle, on en parlait comme d’une époque barbare, en ne faisant exception que pour le seul Montaigne : il y avait là erreur et ignorance.
Excepté dans un ou deux cas, qui seraient à discuter, elle ne fit que favoriser de toutes ses forces et de tout son zèle les erreurs et les fautes de ce règne finissant.
Obéissant en ceci encore aux dispositions naturelles de son esprit, autant qu’à l’intérêt de la cause qu’il prenait en main, il s’appliqua, à l’aide de rapprochements fins et peut-être forcés, à rapporter ce grand acte, qui fut l’erreur de tout un siècle, à des causes secondaires accidentelles, et à en diminuer le dessein primitif ; c’était une manière d’en rendre plus facile, plus acceptable à tous, la réparation.
Que de femmes sont tombées dans la même erreur !
” » — C’est dans cet état de choses que Beaumarchais a la bonhomie de revenir de Londres et de se remettre aux mains de la Convention pour plaider cette affaire, et avoir raison de la dénonciation de Lecointre, dont il démontre surabondamment l’erreur et l’injustice.
De telles études, ennoblissement et délices de la vie, ne sont jamais une erreur ; mais celle-ci, avec la forme qu’il y donna, fut au moins un anachronisme.
Kahn emprunte à l’ancienne versification, est donc erronée ; mais cette erreur, dans le vers libre n’est pas essentielle.
Ô erreurs sacrées, mères lentes, aveugles et saintes de la vérité !
Jamais, mon ami, nous ne nous embrasserons dans cette demeure antique, silencieuse et sacrée, où les hommes sont venus tant de fois accuser leurs erreurs ou exposer leurs besoins, sous ce panthéon, sous ces voûtes obscures où nos âmes devoient s’ouvrir sans réserve, et verser toutes ces pensées retenues, tous ces sentiments secrets, toutes ces actions dérobées, tous ces plaisirs cachés, toutes ces peines dévorées, tous ces mystères de notre vie dont l’honnêteté scrupuleuse interdit la confidence à l’amitié même la plus intime et la moins réservée.
Cela équivaudrait à juger des Français d’après les œuvres de Ponson du Terrail ou de Xavier de Montépin et des déductions ainsi basées n’aboutiraient qu’à de grossières erreurs.
Il est une contrée septentrionale de l’Europe, qui est comme une grande république de royaumes, où la littérature n’a pas plus de centre d’unité que le pouvoir, où la police du ridicule n’existe pas, où les esprits, disposés à la méditation par leur isolement, à l’indépendance par leur dispersion, et à l’erreur par leur sincérité même, ont souvent porté la profondeur jusqu’à l’abstrusion, le sentiment jusqu’au mysticisme, et l’enthousiasme jusqu’à l’exaltation.
Il se vante, il est vrai, en ces Lettres qui le changent, non plus en nourrice, mais en tombe, d’avoir été trois ans un damné mauvais sujet ; mais, outre que les passions ne sont pas plus de l’âme que les servantes ne sont leurs maîtresses, quoique les mauvais sujets les leur préfèrent souvent, un homme qui, comme feu Mérimée, passa toute sa vie à avaler des dictionnaires et des grammaires, à visiter des musées, à gratter la terre pour y trouver des antiques, à monter et à descendre des escaliers pour entrer ès Académies, à galoper et à valeter sur toutes les routes, comme un courrier de malle-poste, dans l’intérêt de l’art et des gouvernements, à rapporter au Sénat et à charader pour l’Impératrice, était attelé à trop de besognes pour avoir le temps de regarder du côté de son cœur pour s’attester qu’il en avait un… Eh bien, c’était là une erreur !
Beaucoup d’esprits, qui se mettent en colère pour lui, ont regardé cet homme, qui fut peut-être le plus calme des hommes de génie (il a le calme de l’absolu), comme le plus violent des violents ; mais c’est là l’erreur de la violence chez ceux qui l’ont jugé.
On chante bien encore un peu dans le Midi, on nasille légèrement dans le Poitou, on a la gorge assez rude dans le Nord ; mais, je vous le certifie pour avoir couru les chemins de France, les fortes convictions dans l’erreur de grammaire ou de prononciation descendent de plus en plus vers la rue, et bientôt ne se trouveront plus que là.
C’est maintenant qu’on voit disparaître le monde imaginaire, fondé sur trois erreurs d’expérience et d’analyse, sur la transformation des qualités en substances, sur l’invention des efficacités et des aperceptions directes, sur le mépris des sciences positives, du sens commun et du bon sens.
Quelle sanction sublime auraient reçue les fragments de vérité, les éclairs de sentiment moral, les premiers cris de justice et d’humanité mêlés souvent aux erreurs de sa philosophie et aux pernicieux exemples de son siècle corrompu !
Car enfin, s’il s’était trompé, — puisque Rome l’a condamné, — qui répondra cependant que l’erreur de Lamennais ne devienne pas peut-être la vérité de demain ? […] Mais alors l’erreur de Lamennais n’était donc pas si profonde ? […] Renan, quand on le convaincrait d’erreur dans le détail, ne s’est pas trompé sur l’ensemble, c’est la liaison, c’est l’enchaînement, c’est la correspondance de toutes les parties de son livre, et, plus encore que tout le reste, — car la contradiction n’est pas toujours marque d’erreur, ni l’incontradiction de vérité, — c’est son air de ressemblance avec la réalité et avec la vie. […] Prendre une métaphore pour une réalité, si c’est l’une des grandes causes d’erreur qu’il y ait dans toutes ces « sciences » de formation récente, — linguistique, anthropologie, ethnographie, sociologie, — M. […] Si l’on dit qu’elle est l’organe de la vérité, c’est aussi celui de l’erreur et, qui pis est, de la calomnie : par elle on détruit les villes, on persuade de méchantes choses… ».
L’erreur était absolue. […] Voici mes yeux, luminaires d’erreur, Pour être éteints aux pleurs de la prière, Voici mes yeux, luminaires d’erreur. […] Il se demande si l’erreur n’était pas préférable au doute desséchant qui l’oppresse : J’étais naguère catholique Et je le suis bien encor, Mais ce doute mélancolique ! […] Il n’est pas nécessaire de faire ressortir les invraisemblances, les erreurs d’analyses dont ce récit est affligé. […] S’il ne dévie pas vers le roman à prétentions trop psychologiques, s’il continue de chercher autour de lui ses sujets d’inspiration, et s’il peut enfin, ayant épuisé le filon des erreurs judiciaires, élargir son genre en conservant sa forte simplicité, M.
Il semble qu’en remettant le pied dans cette ville gouailleuse, il ait eu un vague soupçon que le « lien idéal » dont tous trois étaient si fiers pourrait bien être une erreur, et une erreur ridicule. […] Il avait fait des efforts stériles pour se purifier de ses anciennes souillures au feu d’une passion qui était elle-même une violation de la règle morale, et à ses chagrins d’amour s’ajoutait le sentiment accablant d’avoir commis une erreur capitale, au jour solennel où l’homme choisit l’idéal qui sera sa raison d’exister. […] C’est peut-être une erreur métaphysique, mais que deviendrait la poésie sans cette illusion ? […] Chaque fois qu’une âme noble, pure de vulgarité et de bassesse, est tombée dans cette erreur, elle est arrivée à une incurable mélancolie, si ce n’est à une désespérance complète.
Telle brave mère de famille, assez bégueule chez elle, se précipite à des pièces dont rougirait un suisse : vérité en deçà du « home », erreur au-delà. […] Encore faudrait-il que cet art sacro-saint n’induise pas en erreur l’infortuné qui n’est pas du cénacle ! […] Ce « vieil languaige » est mort récemment, sur les hauteurs de Montmartre, malgré les efforts que tentèrent les joyeux cabaretiers du Chat-Noir, pour le préserver de la désuétude… C’est que, peu de temps avant le Chat-Noir, les érudits étaient venus, paléographes, diplomatistes, correcteurs de textes, redresseurs de torts, tous armés de ces instruments de précision à qui les préjugés, les snobismes et les erreurs ne peuvent pas résister. […] Hanotaux aurait dû se terminer ainsi : « Sur ces mots, monsieur le ministre, Sa Hautesse voulut bien me donner congé. » Le premier venu d’entre nous aurait évité cette erreur.
Rossetti commet la grave erreur de séparer l’homme de l’artiste. […] Je n’ai jamais commis l’erreur de prendre le plaisir pour la cause finale de la poésie, ni le loisir comme l’heure favorable au poète. […] C’est simplement un ennui pour le lecteur, et une erreur de la part de l’écrivain. […] Sans cette erreur, son livre, sans être le moins du monde une œuvre de génie, ou même de haut mérite littéraire, aurait encore possédé une valeur durable. […] Mais c’est là une erreur bienveillante.
Je crois volontiers à une loi supérieure des événements, mais aussi à la profonde insuffisance des hommes pour la saisir, et il y a trop de source d’erreur à ne faire que l’entrevoir : la clef qu’on croit tenir nous échappe à tout moment. […] Thiers vient de nous donner une histoire du système de Law, où, avec l’impartialité et l’étendue d’esprit qui le distinguent, il a exposé et jugé les plans du financier écossais, fait la part de l’éloge et du blâme, des grandes conceptions et des erreurs.
On s’y connoissoit alors à peu près comme aujourd’hui, tantôt plus, tantôt moins, selon les cours et les personnes ; car le monde ne va ni ne vient, et ne fait que tourner. » L’erreur du chevalier se saisit bien nettement dans ce passage. […] Et puis, comme une vérité ne va jamais seule, il arrive aussi qu’une erreur en attire beaucoup d’autres.
Ce travail est tel que, si, dans cinq ou six siècles, un homme d’État ou un homme de guerre à venir veut se rendre compte, sans erreur et sans effort, de la formation d’une armée au dix-neuvième siècle, il n’aura qu’à ouvrir l’Histoire du Consulat et de l’Empire, et l’armée moderne lui apparaîtra tout entière, recrutée, vêtue, armée, montée, hiérarchisée, disciplinée, commandée, vivant et combattant, comme ces modèles d’anatomie que l’on dévoile dans les musées pour découvrir aux initiés de la science les mystères de la structure humaine. […] Nota Par une erreur de pagination dans la copie du manuscrit, on a placé les considérations sur la campagne d’Égypte après Marengo au lieu de les placer après Campo-Formio, anachronisme qui sera corrigé par une rectification de la pagination dans le prochain Entretien.
Et les plumes, que d’erreurs avant d’arriver ! […] Les recherches et les erreurs donnent aussi des enseignements ; on connaît non seulement la chose elle-même, mais tout ce qui la touche tout à l’entour.
Je me hâte d’ajouter que Virgile mérite cette étrange fortune, et que jamais erreur ne fut plus intelligente que celle dont bénéficie un tel poète. […] On ne découvre des vérités neuves que par de grands partis pris qui entraînent tout autant d’erreurs.
La Bataille des Livres ne réparait pas l’erreur de sir Temple, mais elle payait avec usure les incivilités des adversaires. […] En conséquence, c’est une erreur grossière que d’écrire dans notre langue Knot, par un K, et dorénavant on prendra soin de l’écrire par un C.
Le langage, si utile aujourd’hui pour l’expression de nos pensées, est lui-même un instrument d’erreur quand il s’agit de retracer l’évolution de nos pensées ; il nous fait juger l’animal d’après l’homme, l’enfant d’après l’adulte et même d’après l’adulte civilisé du XIXe siècle. […] Il n’en est pas moins vrai que la classification proprement dite est une opération ultérieure, complexe et dérivée, et que les logiciens font erreur en confondant le jugement primitif avec une classification et une généralisation.
À peine entré, marchant d’un bout à l’autre du Grenier, avec ces petits rires à la fois pouffants et étouffés qui lui sont particuliers, il s’est mis à railler spirituellement l’erreur des gens, des gens qui veulent voir dans les Rothschild et les banquiers de l’heure présente, des réactionnaires, des conservateurs à outrance, établissant très nettement que tous, y compris les Rothschild, ne détestent pas du tout la République, se trouvant en l’absence d’Empereurs et de Rois dans un pays, les vrais souverains, et rencontrant dans les ministres actuels, ainsi que les Rothschild l’ont rencontré chez un tel et un tel, par le seul fait de la vénération du capital, chez des hommes à la jeunesse besogneuse, — rencontrant des condescendances qu’ils n’ont jamais obtenues des gens faits au prestige de la pièce de cent sous. […] il y aurait un beau livre vengeur à faire de toutes les erreurs et de toutes les injustices de la critique, depuis Balzac jusqu’à Flaubert.
Il ne reconnaîtra son erreur qu’à la condition d’en être averti, tant il est porté à mesurer un état psychologique donné par les mouvements conscients qui l’accompagnent ! […] L’erreur de Fechner, disions-nous, était d’avoir cru à un intervalle entre deux sensations successives S et S′, alors que de l’une à l’autre il y a simplement passage, et non pas différence au sens arithmétique du mot.
» En le citant, on a quelquefois supposé que c’est à Boyer, ancien évêque de Mirepoix, et qui tenait la feuille des bénéfices, que Bernis l’avait plus tard adressé ; c’est une erreur, et qui ôte au mot de son piquant et de sa vengeance.
Guizot, en étant venu à un examen plus particulier sur quelques points, avoue qu’il eut des mécomptes ; il y rencontra quelques erreurs soit dans les citations, soit dans les faits, mais surtout, par places, des veines et des teintes générales de partialité qui l’amenèrent presque à une conclusion toute rigoureuse.
Il n’entre pas dans la raison et dans le vrai de certains préjugés qui ne sont point pour cela des erreurs.
Le style ensorcelle quelques autres, et, à travers les labyrinthes et les déserts de l’erreur, les mène s’extasiant pour une harmonie ; tandis que la paresse séduit la plupart, trop faibles pour soutenir l’insupportable fatigue de la pensée, et prêts à engloutir, sans réflexion et sans choix, le bon et le mauvais grain, le son et la fleur du froment.
Dans une seconde partie, s’attaquant aux entretiens ou lettres de Costar, il s’attachait à montrer que celui-ci, bien qu’ayant plus de connaissance des belles lettres et plus d’étude que son ami, avait commis lui-même bien des erreurs et des bévues.
Mes goûts, mon caractère, ma conduite, mes volontés, mes passions, tout était décidé avant moi ; mon cœur, mon esprit et mon tempérament ont été faits ensemble, sans que j’y aie rien pu, et, dans leur assortiment, on aurait pu voir ma pauvre santé, mes faiblesses, mes erreurs, avant qu’elles fussent formées, si l’on avait eu de bons yeux.
Vous l’avez cru trop tôt ; vous n’avez pas pris des mesures suffisantes pour vous garantir de l’erreur.
Vous y tracez le portrait le moins ressemblant de mon caractère et poussez l’erreur jusqu’à prendre le change sur mes impressions.
Il était écrit que tout se ferait à contresens. » Malouet lui-même convient, d’ailleurs, qu’il eut aussi, à cette époque, ses erreurs de vue et ses préventions92.
Je sais bien que c’est là de la philosophie humaine, mais tout n’est pas erreur dans la sagesse de l’homme, comme tout n’est pas folie dans sa raison… « Il semble que le jour ne se lève que pour me convaincre de plus en plus de ma parfaite ineptie.
Préoccupé du christianisme atrabilaire de Nicole, de Pascal et du xviiie siècle, qui range le très-petit nombre d’élus sur un pont étroit et dévoue le reste du monde à l’abîme du feu, il commet lui-même quelque chose d’analogue, sans y prendre garde ; il sépare le très-petit nombre de sages et de vérités, qu’il enferme dans l’arche de sa théosophie, délaissant l’humanité entière sur un océan d’erreurs, de rites bizarres et de vertiges : c’est moins cruel qu’une damnation, mais presque aussi contristant.
Je me permets tout bas de penser que ce laisser-aller est une erreur ; rarement les moindres choses (à plus forte raison les grandes) s’organisent d’elles-mêmes.
Je suis, grâce à mon bavardage sur moi-même, tellement décrié que je n’ai pas besoin de l’être plus ; et si mes lettres, qui nagent dans vos appartements, échouaient en quelques mains étrangères, cela donnerait le coup de grâce à ma mourante réputation… » Je n’avais pas jugé utile dans le premier travail de faire entrer ce fragment, qui en dit plus que nous ne voulons, qui en dit trop, car certainement Benjamin Constant valait infiniment mieux que la réputation qu’il s’était faite alors ; mais enfin il se l’était faite, comme lui-même il en convient : étais-je donc si en erreur et si loin du compte quand j’insistais sur certains traits avec précaution, avec discrétion ?
Le cinquième répara tout heureusement, et l’auréole de l’échafaud couvrit les ambitieuses erreurs.
Rien ne saurait mieux donner idée du degré de défaveur que la réputation de Boileau encourait à un certain moment, que de voir dans l’excellent recueil intitulé l’Esprit des Journaux (mars 1785, page 243) le passage suivant d’un article sur l’Épître en vers, adressé de Montpellier aux rédacteurs du journal ; ce passage, à mon sens, par son incidence même et son hasard tout naturel, exprime mieux l’état de l’opinion courante que ne le ferait un jugement formel : « Boileau, est-il dit, qui vint ensuite (après Regnier), mit dans ce qu’il écrivit en ce genre la raison en vers harmonieux et pleins d’images : c’est du plus célèbre poëte de ce siècle que nous avons emprunté ce jugement sur les Épîtres de Boileau, parce qu’une infinité de personnes dont l’autorité n’est point à mépriser, affectant aujourd’hui d’en juger plus défavorablement, nous avons craint, en nous élevant contre leur opinion, de mettre nos erreurs à la place des leurs. » Que de précautions pour oser louer !
Plus elle est monstrueuse, plus elle est vivace, accrochée aux plus frêles vraisemblances et tenace contre les plus fortes démonstrations Sous Louis XV, pendant l’arrestation des vagabonds, quelques enfants ayant été enlevés par abus ou par erreur, le bruit court que le roi prend des bains de sang pour réparer ses organes usés, et la chose paraît si évidente, que les femmes, révoltées par l’instinct maternel, se joignent à l’émeute : un exempt est saisi, assommé, et, comme il demandait un confesseur, une femme du peuple prend un pavé, crie qu’il ne faut pas lui donner le temps d’aller en paradis, et lui casse la tête, persuadée qu’elle fait justice739 Sous Louis XVI, il est avéré pour le peuple que la disette est factice : en 1789740, un officier, écoutant les discours de ses soldats, les entend répéter « avec une profonde conviction que les princes et les courtisans, pour affamer Paris, font jeter les farines dans la Seine ».
On trouve encore des érudits enragés, comme ce Feuardent qui dénonçait d’un coup quatorze cents erreurs des réformés.
Sauf erreur, se guémenter est plutôt une corruption du vieux verbe se guermenter (qu’on trouve, par exemple, dans Villon), et qui vient apparemment du latin populaire querimentari.
Sauf erreur, l’Hamlet moderne n’essayerait même pas de tuer son beau-père — surtout quand ce beau-père est le plus charmant des assassins, au point qu’on voudrait trouver, pour le lui appliquer, un mot plus doux.
La théorie des deux morales, c’est-à-dire, pour parler net, le privilège accordé aux souverains et aux hommes d’État de manquer à la morale dans un intérêt public ou qu’ils estiment tel, peut être également l’erreur volontaire et calculée d’un prince selon Machiavel — ou l’illusion d’un mystique, comme paraît avoir été ce mélancolique empereur au souvenir de qui trop de douleur s’attache pour que nous puissions, nous, le juger en toute liberté d’esprit, mais qui, au surplus, se trouverait sans doute suffisamment jugé, si l’on regarde sa fin, par le mot de Jocaste à Œdipe : « Malheureux !
L’erreur porte parfois, non plus sur un individu, mais sur toute une civilisation.
Qu’ils ne cèdent point à cette erreur.
Dix de moins, et son infamie perdait toute excuse : c’est une erreur d’addition.
On croirait que ce mariage de M. de Guibert va tout rompre ; la noble insensée le croit d’abord elle-même ; mais erreur !
Les inconvénients attachés à une révélation si subite et si vive se sont évanouis ; les légères erreurs ou les infidélités de pinceau, les inexactitudes de détail ont même perdu de leur importance.
Mais si c’est un jugement impartial, désintéressé et historique, que M. de Noailles a prétendu porter, comme cela était si digne de son esprit, je me permets de croire qu’il n’a pas rendu à Saint-Simon l’éclatante justice que ce grand observateur et peintre mérite à tant d’égards, et particulièrement pour la bonne foi, pour la probité, pour l’amour de la vérité qui se fait jour jusque dans ses erreurs et ses haines, et pour un certain courage d’honnête homme dont on ne voit pas que, jusqu’en ses excès, il ait manqué jamais.
Rien de plus piquant, rien de plus clair ; on assiste à cette suite d’explications provisoires et illusoires, à cette succession naturelle d’erreurs, et l’on comprend si bien comment l’on a dû dès l’abord y donner et les épuiser toutes, qu’on s’en détache déjà.
L’épisode de la princesse Czartoryska, de cette intéressante femme dont il a dit : « Rien n’était perdu avec une âme si tendre, on ne pouvait être plus aimable à aimer » ; cet épisode serait touchant s’il était le dernier, et s’il couronnait une vie de légèreté et d’erreurs par un sentiment fidèle et sincère.
Il en garda avec Voltaire mort, qu’il avait connu durant huit années consécutives et dans son intérieur ; il marquait ses erreurs, mais ne confondait pas toutes les opinions et les œuvres de ce brillant génie dans un même anathème.
Il est des erreurs et des fautes si bien confessées qu’elles deviennent à l’instant contagieuses pour l’imagination humaine.
Bien que Mme de Motteville aimât à se rappeler et à citer ces vers galants de son oncle : Et constamment aimer une rare beauté, C’est la plus douce erreur des vanités du monde, elle avait le cœur plus fait pour l’amitié que pour l’amour ; elle était faite en tout pour les sentiments réguliers et justes, et pour une égalité heureuse ; elle en a exprimé le vœu en plus d’un endroit.
Il croit que le bon sens, mis à l’épreuve de la pratique et de l’expérience, est le meilleur conseiller et le plus sûr guide : et il est tenté quelquefois de tenir pour inutiles les conseils écrits, à commencer par ceux qu’il donne à son fils ; mais aussitôt il se ravise, et il estime qu’il est profitable à tout bon esprit d’être mis en garde à l’avance et prémuni contre les erreurs.
Michaud, ni un apôtre, ni un docteur, je ne suis pas même un disciple bien fervent ; je suis venu à Jérusalem, je dois l’avouer, non pour réformer les erreurs de ma vie, mais pour corriger les fautes d’un livre d’histoire.
Du fond de sa retraite grondeuse et tournée vers le passé, il ne lui rendra jamais justice ; mais, dans ce premier moment, l’erreur peut-être était permise : le maréchal d’Ancre masquait encore Richelieu.
La sottise, selon lui, est comme ce premier vêtement de peau que Dieu fit à Adam et à Ève avant de les chasser du Paradis : « Cette robe de peau qui doit couvrir notre nudité, ce sont les erreurs agréables, c’est la douce confiance, c’est l’intrépide opinion de nous-mêmes ; dons heureux auxquels notre corruption a donné le nom de sottise, et que notre ingratitude cherche à méconnaître. » Et il énumère tous les trésors qui y sont renfermés.
Ce que sa notion des hommes et des choses avait de menu, de nuancé, d’épais, de peu concluant, de peu poussé, le laissait comme en une sorte d’admiration rêveuse pour un spectacle qui lui apparaissait étrangement varié, singulier, multiple surtout et compliqué ; une douce sympathie lui venait pour les êtres qu’il avait connus intimement et confusément comme penché sur eux de trop près, l’intelligence de leurs erreurs, la tristesse de leurs fautes, l’étonnement navré de les apercevoir eux si intensément vivants et complexes, bornés, faibles, isolés, perdus et passagers en ce vaste monde dont le romancier ne parvenait à comprendre ni l’arrangement ni le but, ni l’infinie petitesse.
J’ai prononcé là-dessus autrefois un peu légèrement. à tout moment je donne dans l’erreur, parce que la langue ne me fournit pas à propos l’expression de la vérité.
Voici la voix grave, pleine et résolue d’un homme dont la conscience se lève : « Il reste toujours à l’honnête homme (dit Heine) le droit imprescriptible d’avouer ses erreurs, et c’est de ce droit que j’userai ici sans crainte ni jactance.
Pour ma part, quand je repasse dans ma mémoire les résultats de l’admirable enquête poursuivie inlassablement par vous pendant plus de trente ans, quand je pense aux précautions que vous avez prises pour éviter l’erreur, quand je vois comment, dans la plupart des cas que vous avez retenus, le récit de l’hallucination avait été fait à une ou plusieurs personnes, souvent même noté par écrit, avant que l’hallucination eût été reconnue véridique, quand je tiens compte du nombre énorme des faits et surtout de leur ressemblance entre eux, de leur air de famille, de la concordance de tant de témoignages indépendants les uns des autres, tous analysés, contrôlés, soumis à la critique — je suis porté à croire à la télépathie de même que je crois, par exemple, à la défaite de l’Invincible Armada.
Cette prédominance exclusive du théâtre d’Athènes, à l’époque même où le drame ressemblait le plus au dithyrambe, explique assez comment Pindare, contemporain d’Eschyle, dut chercher une autre voie et s’abstenir du théâtre, malgré l’erreur du compilateur Suidas, qui, en dénombrant ses ouvrages, lui attribue dix-sept tragédies.
Il le dit expressément : « Toutes les fois qu’une doctrine aboutira par voie de conséquence logique à mettre en question les principes sur lesquels la société repose, elle sera fausse, n’en faites pas de doute ; et l’erreur en aura pour mesure de son énormité la gravité du mal même qu’elle sera capable de causer à la société. » Et, un peu plus loin, il dit des déterministes que « leurs idées doivent être fausses puisqu’elles sont dangereuses ». […] Histoire de la dame à l’éventail blanc Tchouang-Tsen, du pays de Soung, était un lettré qui poussait la sagesse jusqu’au détachement de toutes les choses périssables, et comme, en bon Chinois qu’il était, il ne croyait point, d’ailleurs, aux choses éternelles, il ne lui restait pour contenter son âme que la conscience d’échapper aux communes erreurs des hommes qui s’agitent pour acquérir d’inutiles richesses ou de vains honneurs. […] Elle lui dicte ces paroles : « L’époque approchant où te sera laissé le soin de me connaître sous d’autres traits, sous une forme nouvelle, je tiens à te sortir d’erreur, à te faire un certain nombre de révélations, afin que tu puisses les conserver, les relire et ne point douter, en les voyant tracées comme de ma main. » Et elle lui communique un petit catéchisme enfantin et d’une extrême douceur, dans lequel les idées néo-chrétiennes d’une Providence universelle se mêlent au dogme de la métempsycose.
L’erreur de madame de Tillières fut plus profonde, car elle se donna par pitié pure et sans véritable amour. […] Mais c’est la fille, comme de raison, qui reconnaît ses torts et confesse ses erreurs. […] Mais l’erreur du père Didon est de penser qu’on peut faire de l’histoire en acceptant le surnaturel, tandis que l’histoire n’est que la recherche de la suite naturelle des faits. […] Sans doute, telle qu’elle est, elle est seul arbitre de la vérité et de l’erreur et rien n’est acquis à la connaissance sans avoir passé par son examen. […] Ce terrien destiné merveilleusement à marquer à l’aventureux voyageur la fin de ses erreurs, de ses travaux et de ses peines, prend ingénument la rame qu’Ulysse porte sur ses épaules pour un instrument à battre le blé.
Ce dernier livre eût été comme sa confession de foi philosophique et la conclusion naturelle de l’ouvrage, car il y aurait indiqué les voies où la France devra un jour trouver la guérison de ses maux et la réparation de ses erreurs. […] Cette unité d’inspiration et de labeur a une incontestable grandeur en dépit des erreurs où le réalisme a entraîné beaucoup de ses adeptes. […] Les savants de profession ont sans doute trouvé à reprendre dans ces livres des erreurs, des inexactitudes, des exagérations. […] Villemain déclarait qu’à cette œuvre « était attachée une erreur que le talent ne pouvait corriger et dont parfois il aggravait la portée. […] La liberté qu’on se donne… doit prévoir et tolérer la libre contradiction, et la libre contradiction peut refuser son suffrage à l’œuvre habile et brillante dont elle juge le principe erroné… Cette erreur, sans cesse et à tout propos reproduite, était trop inséparable du livre.
Il y a comme une erreur dans sa constitution morale, comme un oubli ; il lui manque une muqueuse ; il ressemble à ces cataleptiques dans la chair desquels on enfonce des épingles, sans qu’ils les sentent. […] Plein de bonne volonté, du désir, du besoin impérieux de croire, il avait été à Lourdes, espérant être à son tour revivifié par l’atmosphère religieuse dans laquelle il vivrait avec tant de milliers de croyants, par des miracles que la science et la philosophie l’avaient amené à considérer comme des erreurs, sinon des impostures. […] Et, si c’est seulement pour rappeler sans cesse aux juges qu’ils sont sujets à l’erreur, et qu’ils exercent le plus redoutable des pouvoirs, qu’on a installé près d’eux l’effigie du Juste cloué sur le gibet, pourquoi lui tournent-ils le dos ? […] C’était là un point d’histoire utile à rectifier dans ce premier volume qui ne renferme, je crois, pas d’autre erreur. […] Lui-même ne reconnaît-il pas son erreur quand, avec une grande mélancolie, il écrit : « Je rêvais d’une population parisienne oubliant devant la grandeur du péril commun ses griefs contre l’Empire, pour s’associer à l’effort suprême que nous allions faire avec lui ; de Paris avec ses immenses ressources, mis en état de défense par le travail de cent mille bras, et, à bref délai, rendu imprenable ; de l’armée du maréchal de Mac-Mahon, reconstituée dans son moral et dans son organisme, portée à un minimum de deux cent mille hommes ; surveillant, au point de concours de nos chemins de fer, l’arrivée des colonnes prussiennes ; fondant sur elles, les accablant, revenant au centre pour se refaire et retournant au combat soutenue par les vœux, exaltée par les applaudissements des patriotes de tous les partis ; de l’armée allemande, s’épuisant en efforts devant cet invincible obstacle, appelant à elle des réserves, forcée de s’affaiblir autour de Metz et de rendre à l’armée du maréchal Bazaine assez de liberté pour qu’elle pût agir sur les flancs, sur les derrières de l’invasion !
Henri Welschinger a trouvé sans peine, dans l’histoire de l’humanité faillible et pécheresse, des erreurs judiciaires commises par des imbéciles, ou des crimes juridiques absous par les représentants officiels des pouvoirs publics. […] Plus tard, elle a reconnu son erreur en des termes qui doivent lui concilier l’indulgence de la postérité. […] Plusieurs fois, par une inexplicable erreur, il laissa échapper l’occasion d’achever ses victoires et d’en finir avec l’armée russe. […] Donc Joseph Oberlé s’ingénie à trouver des prétextes pour colorer son erreur. […] Un greffier inscrit sur un registre spécial la date de cette entrevue, afin qu’il n’y ait point d’erreur dans les héritages de la dynastie mandchoue.
Cette identification du donné avec le simple est une erreur identique à celle que l’on retrouve dans la philosophie de Locke, pour qui le simple est la sensation donnée, et le composé, l’idée qui en résulte. […] Dès lors, tenir pour la fixité, c’était admettre un créateur ; nier la fixité, c’était, en convainquant d’erreur scientifique l’auteur de la Genèse, ruiner les fondements de la métaphysique et de la religion. […] C’est l’erreur de la philosophie contemporaine d’avoir confondu nécessité et déterminisme. […] C’est une erreur de croire qu’une action est connue comme déterminée d’une façon nécessaire par cela seul qu’on peut la prévoir.
Quinet, malgré toutes les erreurs que nous lui reprochons, n’a pas droit d’occuper un rang glorieux parmi les poètes de notre temps ? […] Convaincu par les réflexions de plusieurs années des erreurs du catholicisme, il se prépare à quitter une religion puérile et corrompue pour une religion plus sérieuse et plus raisonnable. […] Elles peuvent s’obstiner dans l’erreur, mais non pas mentir. […] Il n’y a ni honneur ni plaisir à éplucher ces détails d’érudition, à signaler des erreurs qu’une lecture d’une semaine suffit à découvrir. […] Cette erreur, si d’aventure elle était réelle, ne pourrait entamer la gloire poétique de M.
Ce sont des causes d’erreurs qui, en s’introduisant dans l’expérimentation, donnent naissance à des assertions contradictoires avancées par les physiologistes. […] C’est là une cause d’erreur que n’ont pas connu Tiedemann et Gmelin. […] Ici la physiologie a prouvé que l’anatomie était insuffisante, et qu’elle avait fait admettre des erreurs physiologiques. […] Quant aux erreurs dans lesquelles sont tombés les physiologistes, elles sont le résultat des inductions anatomiques qui, ainsi que nous l’avons déjà dit, ne sauraient faire prévoir ce que pourrait donner l’expérimentation ; et il vous sera démontré, par la suite de ces leçons, qu’au lieu de rapprocher le pancréas des glandes salivaires au point de vue de leurs fonctions, il faut au contraire l’en distinguer avec soin. […] C’était afin d’avoir un terme de comparaison pour les expériences précédentes, et pour me mettre à l’abri de causes d’erreurs de ce genre, que j’ai soumis un chien de taille moyenne à la même alimentation graisseuse, et j’examinai comparativement ses excréments avec ceux des chiens des expériences 9e et 10e.
Je ne sais pas d’exemple plus propre à marquer la difficulté de condition qui est faite dorénavant aux poètes modernes, condition la plus opposée à celle des poètes de l’Antiquité, lesquels, avant l’institution de la critique, avaient pour eux et en faveur de leurs créations les bruits, les fables, les erreurs répandues dans l’air, pourvu qu’elles fussent touchantes et de nature à exciter l’intérêt.
Cet artiste, qui a tant contribué au succès des journaux politiques les plus armés en guerre et les plus acharnés à la démonétisation des masques royaux, ce fin railleur a l’aversion et la haine de la politique, et n’y a jamais trempé : « Ces erreurs-là, dit-il, ne sont pas des miennes ; elles ont trop de fiel et trop peu de sincérité. » — « Ce peuple insensé, dit-il encore, en parlant d’une de nos révolutions, avait poussé la question du progrès jusqu’au coup de fusil. » Il est donc trop philosophe pour être politique, de même qu’il est foncièrement trop élégant pour être caricaturiste.
Viollet-Le-Duc fait mieux que de protester contre cette manie ; il en démontre sur des points essentiels la fausseté et l’erreur.
Vouloir le remettre sur un pied d’égalité avec son illustre compagne en même temps que l’on consentait à donner les Mémoires de celle-ci dans l’intégrité de leurs aveux, c’était une erreur filiale d’Eudora et qui n’était permise qu’à elle.
Le mot de Napoléon : « Le maréchal de Villars sauva la France à Denain », serait une pure erreur historique.
Il est dans une grande erreur.
Cet épisode des Mémoires, sans rien apprendre de bien nouveau, est curieux et s’ajoute, pour le confirmer, à ce que l’on connaît de Barnave : « Je savais, dit Malouet, où il en était vis-à-vis du roi ; je savais qu’il y avait de sa part conviction de ses erreurs, désir sincère de les réparer ; mais il ne convenait pas de paraître instruit de ses projets, s’il évitait de s’en expliquer avec moi.
Lacaussade ; mais il est si malheureux qu’il comprend le sauve qui peut des âmes qui ne se jettent pas dans la lutte, et qui vont s’enfermer, croyant tout fuir… Ce serait là pour nous l’erreur la plus funeste ; et c’est en cela que j’ai peur pour l’autre s’il l’a osé ; je dis si, ma Pauline, car personne encore ne croit tout à fait à ce bruit que rien ne confirme, et que l’on fait toujours courir sur ceux que l’Italie attarde et rend affreusement paresseux d’écrire.
On lit dans l’Histoire du Consulat et de l’Empire, tome vii, p. 372, au récit de la bataille d’Eylau : « Napoléon se hâta de dépêcher le soir même du 7 février plusieurs officiers aux maréchaux Davout et Ney pour les ramener l’un à sa droite, l’autre à sa gauche… » — « C’est une erreur, dit M. de Fezensac, en ce qui concerne le maréchal Ney ; il ne reçut aucun avis et ne sa doutait pas de la bataille, quand je le joignis le 8, à deux heures dans la direction de Creutzburg. » 41.
Selon l’opinion de Jomini, quoique Napoléon, à partir de 1806, eût commis de grandes fautes militaires, « sa chute néanmoins avait été plutôt le résultat de ses fautes politiques et de ses erreurs comme homme d’État. » En passant condamnation sur le cadre, disons vite que dans un genre faux Jomini a montré un talent véritable, même parfois un talent d’écrivain.
C’est une grosse erreur ; car, d’un côté, le Roman de la Rose est un symptôme, un résultat au lieu d’être une cause, et de l’autre il est venu à la fin d’une période qui avait été grande et qui reste plus importante que ce qui l’a suivi ; il a apporté un élément nouveau sans doute, mais regrettable, et, par son succès, il a jeté la poésie française dans une voie déplorable, où elle pouvait rester éternellement embourbée ; en somme, il lui a fait perdre près de deux siècles et peut-être vingt poètes.
Tout d’abord Du Bellay a sur l’origine des langues une idée fausse, abstraite, rationnelle : « Les langues, dit-il, ne sont nées d’elles-mêmes en façon d’herbes, racines et arbres, les unes infirmes et débiles en leurs espèces, les autres saines et robustes, et plus aptes à porter le faix des conceptions humaines ; mais toute leur vertu est née au monde du vouloir et arbitre des mortels. » On voit l’erreur ; c’est déjà la doctrine du rationalisme appliquée aux langues.
Les erreurs des mortels, leurs fausses passions, Les récits du passé, quelques prédictions Que vous ne recevez que de votre mémoire.
Il y a toutes sortes de grâces dignes du dix-septième siècle, d’un Bussy-Rabutin, moins bel esprit et plus poëte, et racontant à ses fils ses erreurs, son retour, avec repentance, avec goût ; il y a beaucoup du vicomte de Valmont, qui serait sincèrement devenu chrétien.
le bruit de mes fers Détruit l’erreur qui me console : Hélas !
Corneille se laissa probablement séduire à ces raisons du moment ; l’essentiel, c’est que de son erreur même il sortit des chefs-d’œuvre.
« Mais, pour plaire aux sages et pour avoir la perfection, il faut que l’unité ait pour limites celles de sa juste étendue, que ses limites viennent d’elle ; ils la veulent éminente pleine, semblable à un disque et non pas semblable à un point. » En songeant à ses erreurs, à ce qu’il croyait tel, il ne s’irritait pas ; sa bienveillance pour l’humanité n’avait pas souffert : « Philanthropie et repentir, c’est ma devise. » Trompé par une ressemblance de nom, nous avons d’abord cru et dit que, comme administrateur du département de la Seine, il contribua à la formation des Écoles centrales ; nous avions sous les yeux un discours qu’un M.
Il nous est toutefois impossible de ne pas admirer la sagacité et presque la prophétie de Favier, quand il insiste sur les inconvénients constants de cette alliance autrichienne qu’on a vue depuis encore si fertile en erreurs et en déceptions : « Il faut, écrivait-il en faisant allusion au mariage du Dauphin (Louis XVI) et de Marie-Antoinette, il faut avoir peu de connaissance de l’histoire pour croire qu’on puisse en politique se reposer sur les assurances amicales qu’on se prodigue, ou au moment de la formation d’une alliance, ou à celui d’une union faite ou resserrée par des mariages.
Je conçois le sentiment de discrétion et de délicatesse qui fait qu’on hésite à toucher à de vieilles blessures et à remuer les cicatrices d’un cœur ; mais ce mot humilier en pareil cas n’est pas français : tant que la dernière source, la dernière goutte du vieux sang de nos pères n’aura pas tari dans nos veines, tant que notre triste pays n’aura pas été totalement régénéré comme l’entendent les constituants et les sectaires, il ne sera jamais humiliant pour un homme, même vieux, d’avoir aimé, d’avoir été aimé, fût-ce dans un moment d’erreur.
L’idée chasse la sensation, et la notion de vérité ou d’erreur, de bien ou de mal, vient se jeter à la traverse d’une perception de forme et de couleur.
Elle défendra cette large conception même contre Calvin, quand son dogmatisme accusera la tiédeur ou l’erreur de certains réformés.
Ce dernier roman est une complète erreur ; mais les précédents, dans le décousu et l’incohérence de leur composition, présentent d’admirables parties.
Si alors nous voulons à toute force proclamer qu’ils se trompent, que leur droite n’est pas la vraie droite, si nous ne voulons pas confesser qu’une pareille affirmation n’a aucun sens, du moins devrons-nous avouer que ces gens n’ont aucune espèce de moyen de s’apercevoir de leur erreur.
Leur erreur, hélas !
Mais rêver n’est pas une profession, et c’est une erreur de croire que les grands écrivains eussent pensé beaucoup plus s’ils n’avaient eu autre chose à faire qu’à penser.
Billevesées, fadaises, paroles en l’air, ont crié quelquefois des juristes choqués de ces empiètements sur leurs terres et triomphant de quelques erreurs échappées à leurs confrères improvisés !
La littérature, sans être aussi redoutable pour les dogmes que la science l’a toujours été par sa ferme volonté de ne rien admettre qui ne soit prouvé, est devenue, elle aussi, dangereuse pour eux, à mesure qu’elle a été pénétrée de l’esprit scientifique ; l’histoire, la philologie, la philosophie, armées de méthodes sévères, ont critiqué les faits, les textes, les conceptions qui s’offraient à leurs regards aigus dans les livres dits sacrés, et nul n’ignore l’abatis qui s’en est suivi de légendes et d’erreurs données comme des vérités révélées.
Il n’attache en effet d’importance qu’à la pensée ; il laisse presque tout à fait à l’écart la sensibilité et il la traite assez mal : les sens nous trompent ; l’imagination est, comme dit Pascal, une maîtresse d’erreur et de fausseté ; les passions sont des guides déplorables qui nous détournent de la vertu et de la vérité, etc.
C’est là l’erreur capitale de la comédie ; en versant le génie dans l’être misérable que nous allons voir à l’œuvre, elle a fêlé son type, dénaturé sa morale et produit un caractère odieux, nauséabond, répulsif, nectar aigri, ambroisie tournée, mixture impossible de ce qu’il y a de plus élevé dans l’âme.
Cette fois, l’erreur est trop préméditée et trop éclatante pour n’être pas hautement signalée ; il faut avertir ce grand talent qui se perd, ce ferme esprit qui s’égare, M.
On assure qu’il y a ici une petite erreur de Mme de Caylus, qu’elle s’est trompée d’un an, et que la scène de raccommodement dont il s’agit eut lieu après la Semaine sainte de 1675, et non à l’occasion du jubilé, qui n’eut lieu que l’année suivante.
La mère de l’abbé fit tout pour prolonger et pour cultiver en lui cette erreur de la nature.
Elle montre que, comme il est difficile de supprimer tout à fait la galanterie et l’amour, le mieux peut-être serait encore d’en revenir à cette erreur si commune qu’une vieille coutume a rendue légitime, et qui s’appelle mariage.
Il est certain, disait Mlle de Scudéry, qu’il y a des femmes qui parlent bien, qui écrivent mal, et qui écrivent mal purement par leur faute… C’est, selon moi, une erreur insupportable à toutes les femmes, ajoute-t-elle, de vouloir bien parler et de vouloir mal écrire… La plupart des dames semblent écrire pour n’être pas entendues, tant il y a peu de liaison en leurs paroles, et tant leur orthographe est bizarre.
Mais s’il fallait prononcer entre les deux erreurs, entre l’opinion de ceux qui le considèrent comme dès lors établi légitimement à l’état de dynastie, et ceux qui ne veulent voir en lui qu’un aventurier coupable, M. de Maistre trouverait que la plus fausse des deux opinions est encore la dernière : Un usurpateur qu’on arrête aujourd’hui pour le pendre demain, ne peut être comparé à un homme extraordinaire qui possède les trois quarts de l’Europe, qui s’est fait reconnaître par tous les souverains, qui a mêlé son sang à celui de trois ou quatre maisons souveraines, et qui a pris plus de capitales en quinze ans que les plus grands capitaines n’ont pris de villes en leur vie.
Voilà l’erreur ; et c’est parce qu’il n’a pas le goût assez sûr pour discerner à l’instant ces nuances, que Marmontel n’est pas un véritable artiste, ni même un critique du premier ordre.
Une autre ordonnance du recteur Rollin, c’est de faire réciter chaque jour aux élèves, dans toutes les classes, quelques passages choisis des Écritures et particulièrement des Évangiles : « Car, dit-il, si nous empruntons aux écrivains profanes l’élégance des mots et tous les ornements du langage, ce ne sont là que comme ces vases précieux qu’il était permis de dérober aux Égyptiens sans crime, mais gardons-nous d’v verser le vin de l’erreur. » — Par ces diverses prescriptions et ordonnances, qui datent de son rectorat, on voit combien Rollin était peu novateur, combien il s’acheminait lentement et avec circonspection dans les pas qu’il faisait vers le siècle.
Et quand sur ce fond d’un paysage si neuf et si grand se détachent les deux plus gracieuses créations de figures adolescentes, et que la passion humaine y est peinte aussi dans toute sa fleur et dans toute sa flamme, il y a de quoi mériter à jamais de vivre, et de quoi couvrir bien des erreurs, des ignorances et des infirmités qui se trahissent ailleurs chez l’homme et dans son talent.
À part cela, excellent voyageur, bon guide à sa date, et n’induisant jamais en erreur par trop de complaisance et de facilité.
Quelques erreurs que nous fassions ainsi dans l’orientation de nos états de conscience, nous en revenons toujours à distinguer le pôle passif et le pôle actif, le non-moi et le moi.
Cela n’empêcherait pas mon bottier de me dire — parce que j’ai la figure longue, — que moi, Périgourdin, j’ai le type anglais ;-et mon tailleur, de vouloir me convaincre que je commis une erreur en ne naissant pas à Bruxelles !
S’il saisit l’idée russe, il comprendra les erreurs de notre peuple.
Pour nous l’erreur était bien facile, parce que les véritables sujets tragiques des anciens, transportés sur nos théâtres, ne pouvaient être que des sujets d’imagination.
— et il se trouvait que de tempérament, au contraire, cet exclusif et cet intolérant était l’esprit le plus comprenant et le plus doux, le plus habile à découvrir la cause des erreurs littéraires, mais l’homme du monde qui pesait le moins sur sa plume pour les expliquer.
Erreur profonde !
Certes, aucun de vos lecteurs ne vous en voudrait de cette erreur. […] On tombe assez souvent dans la même erreur, relativement à l’Académie : c’est de l’orgueil ! […] C’est là une preuve nouvelle à l’appui de ce qu’on a dit tant de fois sur les singulières erreurs de jugement que les auteurs commettent envers eux-mêmes. […] Une des plus graves erreurs du poète, à mon avis, c’est le choix qu’il a fait de rythmes trop savants, trop particuliers, trop limités. […] Où elle est, où elle paraît, l’erreur tombe, le mal s’enfuit.
Puisque cette haine du père s’est apaisée après la mort dans l’intelligence, puisque l’homme de colère a déposé devant la vérité posthume son injurieux fardeau, puisque le même tombeau, par une loi supérieure à l’individu, doit réunir ceux que l’erreur de la vie sépara, ce qui est vrai d’une famille n’est-il pas vrai d’une nation, ce qui est vrai d’une nation n’est-il pas vrai de l’humanité ? […] Silas est resté le même et sur cet homme pareil le second coup de la destinée est pareil au premier : c’est la même erreur qui l’abuse. […] Et le jour où Gertrude a cessé d’être physiquement aveugle, le contraste entre l’erreur où elle était mêlée et la vérité à laquelle lui donne accès son sens nouveau lui rend sa destinée contradictoire et la vie impossible. […] enlevez de mon cœur tout ce qui n’appartient pas à l’amour. » La Symphonie pastorale paraît conclure à l’erreur de la porte large (avec les critiques récents du romantisme, de M. […] Maurras) comme La Porte étroite concluait à l’erreur de la voie stricte, et cette contradiction laisse beau jeu à ceux qui donneraient volontiers de Gide la définition que Moréas donnait de Sainte-Beuve : un naturel tortueux surexcité par l’intelligence.
L’âme flottante des Russes dérive à travers toutes les philosophies et toutes les erreurs ; elle fait ses stations dans le nihilisme et le pessimisme ; un lecteur superficiel pourrait parfois confondre Tolstoï et Flaubert. […] Ce serait une erreur. […] Les meilleures doctrines doivent comporter, pour réussir, certaines exagérations qui répondent aux prédispositions maladives des races ; elles doivent tolérer certaines erreurs qui séduisent les imaginations faussées par de longues souffrances. […] Éraste a oublié les préjugés de sa caste » et promet à Lise d’être son époux ; mais il devance le moment dans l’une de ces minutes « où l’ombre du soir nourrit les désirs et où aucun rayon n’éclaire les erreurs ». […] Ce serait une grande erreur.
Cette confiance n’était qu’une erreur de la liberté ; elle a servi d’arguments contre ses amis dans des controverses sans bonne foi ; au fait, elle avait son danger. […] Au moment où les idées démocratiques s’exaltent, un ouvrage, mélange incroyable de vérités et d’erreurs, vient réhabiliter les types d’exterminations de la démocratie de 93. […] Le spiritualisme, je l’ai dit, a laissé une profonde empreinte jusque dans ses erreurs, et c’est par ce côté qu’il se sépare de l’école sensualiste qui domine aujourd’hui le roman, et dont je vais avoir à dire les excès. […] C’est une étrange prétention que de vouloir réduire le réel à la matière, et l’erreur des matérialistes sur ce point n’est pas moins choquante que celle des idéalistes qui veulent tout réduire à l’esprit. […] Le temps leur apprendra combien ils se sont trompés, mais leur erreur n’en est pas moins profonde. » La constitution sociale a remplacé la constitution politique dans le mirage qu’on fait luire aux regards populaires.
Ils ont donné à l’erreur de l’homme se détachant de la nature l’autorité d’une volonté et d’une intervention surnaturelles. […] Les hommes du parti religieux en étaient toujours à leur erreur séculaire : maintenir à l’Église son caractère, sinon d’ordre de l’État, du moins de corps de l’État, pour lui conserver son prestige. […] On lit aujourd’hui dans certains journaux qu’il n’est pas possible de laisser l’Église continuer à élever la jeunesse française dans l’erreur ; j’ai même lu « qu’il n’était pas possible d’admettre la liberté de l’erreur ». Comme si la liberté de l’erreur n’était pas l’essence même de la liberté ! […] C’est une vieille vérité et c’est une erreur d’aujourd’hui.
La critique a le devoir de proclamer hautement l’erreur de la publication à outrance. […] Zola nous citent Manon Lescaut ; mais c’est une erreur de croire que Manon Lescaut est mal écrit. […] Il est sujet à de pareilles erreurs de jugement chaque fois qu’il apprécie ses contemporains. […] Aujourd’hui que l’œuvre des de Goncourt est close, il très facile de signaler leurs erreurs. […] J’ai, comme bien d’autres, partagé cette erreur à une époque où le naturalisme triomphant déviait les imaginations.
La mort l’attrapa sur l’arrondissement d’une période, et l’an climatérique l’avait surpris délibérant si erreur et doute étaient masculins ou féminins. […] Sainte-Beuve a écrit ces mots : « Erreur et aberration de Turquety », sur une plate rapsodie de ce poëte, les Représentants en déroute, ou le deux décembre, poème en cinq chants (1852).
Une chanson de lui, pleine de sentiment, intitulée le Retour ou le mois de juin 1820, nous le montrerait abandonnant, abjurant à cette heure une querelle qu’il jugeait désespérée, et se retournant vers des dieux plus indulgents : Je le sens trop, les jours de mon jeune âge A de faux dieux étaient sacrifiés ; Deux ans d’erreur m’ont enfin rendu sage, Et la raison me ramène à tes pieds. […] Et de quel prix serait la vie, avec les passions qui la corrompent et les chagrins qui la désolent, de quel intérêt serait la société que l’erreur égare et que la force ravage, sans le besoin de chercher la vérité et le devoir de la dire ?
Cette fameuse phrase doit-elle être classée parmi les sottises échappées aux grands hommes, ou n’est-elle qu’une erreur de copiste, ou encore une chose incomplète jetée au hasard, je n’en sais rien, mais il est certain qu’elle n’a qu’une apparence de bon sens. […] On y trouve aussi l’histoire du médecin qui compte à un client les visites amicales qu’il lui a faites, les dîners chez lui, les promenades en sa compagnie, et, ce qu’il y a de curieux, c’est qu’une aventure pareille a été jugée récemment et qu’on disait à ce propos : « Voyez à quoi en sont réduits pour vivre les médecins d’aujourd’hui. » Erreur, c’est une vieille anecdote.
Là est l’erreur. […] Théophile Gautier d’abord, puis Zola, — Daudet lui-même, malgré sa délicatesse de sentiments, — et nombre de nos romanciers modernes se sont plu dans cette peinture des amours contre nature ; et une erreur dans laquelle ils sont à peu près tous tombés, c’est d’avoir cru que s’étendre longuement était pallier les choses.
l’erreur est pire que l’ignorance : celle-ci nous laisse tels que nous sommes ; si elle ne nous donne rien, du moins elle ne nous fait rien perdre ; au lieu que l’erreur séduit l’esprit, éteint les lumieres naturelles, & influe sur la conduite. […] Il commença à enseigner ses erreurs en Egypte, & passa ensuite à Rome où il se fit des disciples appellés Valentiniens. […] Les abstractions sont dans le discours ce que certains signes sont en Arithmétique, en Algebre & en Astronomie : mais quand on n’a pas l’attention de les apprécier, de ne les donner & de ne les prendre que pour ce qu’elles valent, elles écartent l’esprit de la réalité des choses, & deviennent ainsi la source de bien des erreurs. […] Cette pratique n’étant fondée que sur la prononciation des Anciens, il me semble que non seulement elle nous seroit inutile, mais qu’elle pourroit même induire les jeunes gens en erreur en leur faisant prononcer muliéris long pendant qu’il est bref, ainsi des autres que l’on pourra voir dans la Méthode de P. […] Ce sont ceux qui sont fondés sur l’uniformité connue, qu’on observe dans les opérations de la nature ; & c’est par cette analogie que l’on détruit les erreurs populaires sur le phénix, le rémora, la pierre philosophale & autres.
Il déclara « que l’Erreur soutient la Coutume, que la Coutume accrédite l’Erreur, que les deux réunies, soutenues par le vulgaire et nombreux cortége de leurs sectateurs, accablent de leurs cris et de leur envie, sous le nom de fantaisie et d’innovation, les découvertes du raisonnement libre. » Il montra que « lorsqu’une vérité arrive au monde, c’est toujours à titre de bâtarde, à la honte de celui qui l’engendre, jusqu’à ce que le Temps, qui n’est point le père, mais l’accoucheur de la Connaissance, déclare l’enfant légitime et verse sur sa tête le sel et l’eau. » Il tint ferme par trois ou quatre écrits contre le débordement des injures et des anathèmes, et au même moment osa plus encore : il attaqua devant le Parlement la censure, œuvre du Parlement463 ; il parla en homme qu’on blesse et qu’on opprime, pour qui l’interdiction publique est un outrage personnel, qu’on enchaîne en enchaînant la nation. […] Comblons la mesure ; joignons, comme il le fait, les perspectives du ciel aux visions des ténèbres : le pamphlet devient un hymne. « Quand je rappelle à mon esprit, dit-il, comment enfin, après tant de siècles pendant lesquels le large et sombre cortége de l’Erreur avait presque balayé toutes les étoiles hors du firmament de l’Église, la brillante et bienheureuse Réforme lança son rayon à travers la noire nuit épaissie de l’ignorance et de la tyrannie antichrétiennes, il me semble qu’une joie souveraine et vivifiante doit entrer à flots dans la poitrine de celui qui lit ou qui écoute ; et que la suave odeur de l’Évangile ramené baigne son âme de tous les parfums du ciel483. » Surchargées d’ornements, prolongées à l’infini, ces périodes sont des chœurs triomphants d’alleluias angéliques chantés par des voix profondes au son de dix mille harpes d’or.
Je crois que ce qui a induit en erreur le public et les journalistes à l’endroit de M. […] Cela est si vrai que Lavater a dressé une nomenclature des nez et des bouches qui jurent de figurer ensemble, et constaté plusieurs erreurs de ce genre dans les anciens artistes, qui ont revêtu quelquefois des personnages religieux ou historiques de formes contraires à leur caractère. […] Ils sont allés dans le passé, loin, bien loin, copier avec une puérilité servile de déplorables erreurs, et se sont volontairement privés de tous les moyens d’exécution et de succès que leur avait préparés l’expérience des siècles.
Ce fut en elles qu’il puisa son mépris de ce qu’il considérait comme l’erreur impardonnable, celle qu’il combattit avec une obstination vraiment héroïque ; mais on méconnaîtrait Villiers en ne le considérant que comme le critique et l’adversaire d’une tendance qu’il haïssait. […] Puis la voici aux premières heures de découragement et de doute, lorsqu’elle s’aperçoit qu’il y a eu dans son jeu une erreur de calcul qui menace d’en fausser le résultat. […] Elle comprend la noble erreur de sa vie. […] N’avons-nous même pas vu des critiques de profession, dont toute l’étude avait été dirigée vers le but d’acquérir une certitude de jugement à laquelle nous ne pouvons prétendre, commettre, en matière de prédictions littéraires, de graves erreurs d’évaluation ?
Se placer dans l’intérieur des familles et ressaisir par là cet immense avantage de la variété des conditions et des idées qui élargit le domaine de l’art sans altérer la simplicité de ses effets ; trouver dans l’homme des passions assez fortes, des travers assez puissants pour dominer toute sa destinée, et cependant en restreindre l’influence aux erreurs qui peuvent rendre l’homme ridicule sans aborder celles qui le rendraient misérable ; pousser un caractère à cet excès de préoccupation qui, détournant de lui toute autre pensée, le livre pleinement au penchant qui le possède, et en même temps n’amener sur sa route que des intérêts assez frivoles pour qu’il les puisse compromettre sans effroi ; peindre, dans le Tartufe, la fourberie menaçante de l’hypocrite et la dangereuse imbécillité de la dupe, pour en divertir seulement le spectateur et en échappant aux odieux résultats d’une telle situation ; rendre comiques, dans le Misanthrope, les sentiments qui honorent le plus l’espèce humaine en les contraignant de se resserrer dans les dimensions de l’existence d’un homme de cour ; arriver ainsi au plaisant par le sérieux, faire jaillir le ridicule des profondeurs de la nature humaine, enfin soutenir incessamment la comédie en marchant sur le bord de la tragédie : voilà ce qu’a fait Molière, voilà le genre difficile et original qu’il a donné à la France, qui seule peut-être, je le pense, pouvait donner à l’art dramatique cette direction et Molière. […] Othello seul aborde sans ménagement toute sa souffrance ; mais son malheur était si horrible, quand il ne le connaissait pas, que l’impression qu’il en reçoit, après la découverte de son erreur, devient presque un soulagement. […] Il en connut également la nature ; il sentit qu’une illusion de ce genre, étrangère à toute erreur des sens ou de la raison, simple résultat d’une disposition de l’âme qui oublie tout pour se contempler elle-même, ne peut se soutenir que par le consentement perpétuel du spectateur à la séduction que le poëte veut exercer sur lui, et qu’ainsi il faut le séduire sans relâche. […] Dans Jules-César, la scène s’ouvre par le tableau vivant des mouvements et des sentiments populaires : quelle exposition, quel entretien feraient aussi bien connaître le genre de séduction qu’exerce sur les Romains le dictateur, le genre de danger que court la liberté, et l’erreur ainsi que le péril des républicains qui se flattent de la rétablir par la mort de César ?
Mais s’il est incapable, comme nous le sommes tous, de se défaire de certaines convictions ou de certaines prédilections qui sont le fond même de sa nature, s’ensuit-il qu’il ne doive rien faire pour diminuer les chances d’erreur qui en résultent ? […] Le populaire n’invente que des moyens de détruire la langue ; Malherbe pensait que les crocheteurs du Port-au-Foin avaient du bon pour la défendre contre les entreprises des pédants ; Malherbe avait tort. — Le populaire ne doit occuper dans l’histoire qu’une toute petite place ; tel n’était pas l’avis d’Augustin Thierry ni de Michelet ; ils étaient dans l’erreur. — Le populaire admire tout ce qui est bas, grossier, médiocre ; pour déterminer la valeur d’une œuvre, il suffirait ainsi d’appliquer le suffrage universel à rebours. […] Il a arrêté plus d’une erreur qui courait sur les débuts de la critique d’art. […] Brunetière vous apprend que c’est une erreur, et la preuve c’est que Galiani, qui fut Napolitain, s’émancipait souvent en plaisanteries de mauvais aloi. […] Or on peut répéter : Vérité en deçà, erreur au-delà !
Mais la critique et le public accueillaient avec froideur ses tentatives de renouvellement : plus tard les Centauresses furent considérées comme une erreur, et ses Venise parurent ternes et plombées. […] Venturi, a relevé de façon significative les nombreuses et graves erreurs de Taine en ce qui concerne l’art italien. […] Les qualités ont leur raison d’être ; les erreurs on parvient enfin à les comprendre ». Mais c’est rarement de façon absolue et en dernier ressort qu’on peut établir l’erreur du génie, affirmer que Rembrandt ici ou là a fait à tort état de la lumière. […] « La vie, croyez-moi, voilà la grande antithèse et le grand remède à toutes les souffrances dont le principe est une erreur.
Les artistes qui en sont moins bien pourvus y verront plutôt une maîtresse d’erreurs. […] Des deux côtés c’était la même erreur : souci exagéré de la forme et du procédé. […] C’est une lourde erreur. […] Dans cet accouplement de formes hétérogènes, l’imagination a fait des erreurs. […] Mais pour quelques réussites en ce genre, que de lourdes et déplaisantes erreurs dans l’art décoratif !
Erreur vénielle après tout, familière aux étrangers, même à ceux qui nous aiment, encouragée d’ailleurs par l’éclectisme bizarre de nos Panthéons, de nos dictionnaires biographiques, de nos agences de publicité, de nos musées Grévin et même de nos « galas » officiels. […] Quelle erreur ! […] On remarqua, tant que durèrent les fonctions de Mariette, que les pancartes attachées au flanc des bas-reliefs, des inscriptions et des statues, ne contenaient plus d’erreurs de dates ni de fautes d’orthographe… À la longue, ce métier parut dur à Mariette. […] On refondra les anciennes éditions, qui sont très fautives, les unes ayant été arrangées sans scrupules, comme il était arrivé aux Pensées de Pascal, les autres fourmillant d’erreurs, dont la plupart sont imputables au père Harel, minime. […] Que nous sommes loin de Busaeus, et du chanoine Cochlaeus, et du pasteur Carlostadt, et du jésuite Possevin, et du cordelier Feuardent qui se vantait, dans ses préfaces latines, d’avoir réfuté quatorze cents erreurs !
— Quoique j’aie lu les Revenants avec une extrême attention, j’ai commis, lundi dernier, une erreur dont il faut que je m’accuse. […] Toute révolte contre une erreur sociale, quand cette erreur a des siècles de durée et qu’elle est l’erreur de toute une race, est dirigée en réalité contre la nature des choses, sur laquelle nous ne pouvons rien ; et alors la révolte, si elle réussit, ne va qu’à changer la forme de l’erreur. […] Les erreurs que commettent les grands écrivains dans la force de l’âge et du talent sont parfois séduisantes et sont toujours instructives. […] M.Dumas a beau l’appeler « pauvre chère victime de l’erreur humaine », cela ne me touche ni ne me persuade. […] Il a même gardé aux Romains une haine implacable (sentiment qui, sauf erreur, devait être bien rare en Gaule trois siècles après la conquête).
C’est une étrange erreur. […] Au sujet de notre position prise dans le lyrisme contemporain, les erreurs semblent s’être accumulées toutes seules. […] Au moins devrait-elle reconnaître son erreur, lorsque les années sont venues fortifier un talent qui produit avec entêtement et qui se grandit à mesure. […] C’est une grossière erreur de penser que l’idéaliste est celui qui ne s’attache qu’aux idées.
Vous aviez grande raison en principe, mais vous étiez en erreur de fait ; car je faisais ce que vous demandiez que je fisse. » — L’article auquel Bonaparte faisait allusion, et qui était dans le Journal de Paris du 25 juillet 1796, avait pour but de signaler le grand changement survenu dans les rapports du gouvernement et des généraux.
Je dois, au reste, vous dire, pour l’explication du fait, que nous profitons d’une erreur très-naturelle dans laquelle tombent tous les Américains.
Avec les légers défauts qu’une critique minutieuse y peut relever, les Épilogues de Virgile restent charmantes ; il ne faut point leur demander sans doute l’entière et expressive rusticité des Idylles de Théocrite, ni la réalité du cadre et de la composition ; mais ce serait une autre erreur que de les considérer comme un genre factice, allégorique, parce qu’il s’y mêle de l’allégorie et de l’allusion.
Le Jour des Morts, la plus grave erreur, et l’une des plus anciennes, de sa première manière, était une concession de faux respect humain à cette gaieté de rigueur qui circule à la ronde, une désobéissance dérisoire et presque sacrilège à la voix de son cœur et de son génie.
Faut-il qu’on puisse raconter de Crébillon fils la même flatteuse aventure qu’on raconte, bien que par erreur, du plus chaste et du plus divin de nos poëtes102 !
Dans Jean Cavalier, il s’est attaqué à la grande erreur politique de ce règne, à la révocation de l’édit de Nantes, et a retracé les révoltes et les désastres qui s’ensuivirent.
Nisard, dans ces milieux divers, se disait honnête et il l’était ; mais il avait un sens qui le détournait des fausses espérances et des excessifs désespoirs ; mais, par ses goûts classiques mêmes, par son habitude raisonnée de prosateur, par un certain ballottage équitable qui neutralise les écarts, il se tenait, dans ses variations, à des idées moyennes d’expérience et de portée actuelle, que l’expression seule grossissait un peu ; il n’était du reste nullement fermé à plusieurs des discussions nouvelles qui s’agitaient, et il en retirait, après coup, matière à digression littéraire, sans s’éprendre du fond : autant de garanties contre l’erreur et pour la marche de ce genre de talent.
» L’idéal de l’abbé Prévost, son rêve dès sa jeunesse, le modèle de félicité vertueuse qu’il se proposait et qu’ajournèrent longtemps pour lui des erreurs trop vives, c’était un mélange d’étude et de monde, de religion et d’honnête plaisir, dont il s’est plu en beaucoup d’occasions à flatter le tableau.
Les gouvernements, dans les pays devenus libres, ont besoin, pour détruire les antiques erreurs, du ridicule qui en éloigne les jeunes gens, de la conviction qui en détache l’âge mûr ; ils ont besoin, pour fonder de nouveaux établissements, d’exciter la curiosité, l’espérance, l’enthousiasme, les sentiments créateurs enfin, qui ont donné naissance à tout ce qui existe, à tout ce qui dure ; et c’est dans l’art de parler et d’écrire que se trouvent les seuls moyens d’inspirer ces sentiments.
On pourrait excuser sur les mœurs de ce siècle une circonstance qui paraît démentir la gravité du caractère de Côme de Médicis : mais lui-même dédaigna une pareille apologie, et, reconnaissant les erreurs de sa jeunesse, il voulut réparer auprès de la société l’atteinte qu’il avait portée à des règlements salutaires, en s’occupant avec intérêt de donner à son fils illégitime des principes de vertu et une existence honorable.
Tristan était venu demander la main d’Yseult pour son oncle le roi March, et ramenait la blonde fiancée, quand une funeste erreur leur fait boire à tous deux le philtre que la prudente mère d’Yseult avait préparé pour attacher à jamais le roi March à sa fille.
Le paupérisme, et l’inégalité des biens, la nature du pouvoir royal, l’origine de l’État et des pouvoirs publics, la justice, l’instinct, la nature du mal, l’origine de la société, de la propriété, du mariage, le conflit du clergé séculier et du clergé régulier, des mendiants et de l’Université, l’œuvre de création et de destruction incessantes de la nature, les rapports de la nature et de l’art, la notion de la liberté et son conflit avec le dogme et la prescience divine, l’origine du mal et du péché, l’homme dans la nature, et son désordre dans l’ordre universel, toutes sortes d’observations, de discussions, de démonstrations sur l’arc-en-ciel, les miroirs, les erreurs des sens, les visions, les hallucinations, la sorcellerie et jusque sur certain phénomène de dédoublement de la personnalité, voilà un sommaire aperçu des questions que traite Jean de Meung, outre tous les développements de morale et de satire qui tiennent plus directement à l’action du roman, etje ne sais combien de contes mythologiques extraits d’Ovide ou de Virgile, tels que les amours de Didon et l’histoire de Pygmalion.
C’est un chaos de systèmes et de pratiques, où il se manifeste que l’homme ignore ce qu’est son âme, et son corps, et l’univers, et Dieu : l’Apologie de Raimond Sebond, cet immense chapitre de trois cents pages, est le recueil de toutes nos ignorances, erreurs, incohérences et contradictions, et conclut au doute absolu, universel.
Même quand il s’agit de ces aventures cléricales où il est trop prompt à prendre parti, si par hasard on lui fait voir qu’il a été trompé, avec quelle bonhomie il reconnaît son erreur, quitte à recommencer le lendemain !
L’erreur du pamphlétaire en question est d’avoir traité tout comme un déchet.
J’attribue pour beaucoup ces erreurs aux prix littéraires, qui ont surtout pour résultat de fausser les valeurs, ces prix étant le plus souvent dus à la brigue, ou à bien des considérations étrangères à la littérature.
Quelques années auparavant, un homme de beaucoup d’esprit, Beckford, avait commis la même erreur.
La gloire des explications hardies, des vues fécondes mêlées d’erreurs réparables, est restée tout entière à Buffon.
Des erreurs et même des fautes ne peuvent suffire pour la rompre.
Quant aux passions, qui tiennent trop du corps, elles sont condamnées comme des causes d’erreur et d’achoppement : ce sont elles qui empêchent l’homme d’aller droit au vrai et au bien.
L’erreur dépend presque uniquement des associations suggérées par Le mot nécessité, et on l’éviterait en s’abstenant d’employer, pour exprimer le simple fait de la causalité, un terme aussi complètement impropre que celui-là.
Je conviens que je me suis élevé contre les Philosophes, & que je n’ai négligé aucune occasion de relever leurs injustices, de fronder leurs fausses prétentions, de combattre leurs dogmes dangereux, de montrer, en un mot, toutes leurs erreurs littéraires & morales.
C’est là une sorte d’erreur contre laquelle il est bon d’être toujours en garde, car il y a plus d’un bras, disent les géographes, à la mer Rouge, et il serait désagréable à la société d’en avoir un à traverser encore, si petit qu’il fût.
Cinq années de passion, d’erreur, d’entraînement et de délire, mais aussi de dévouement, de souffrance et de persécution vaillamment endurée, en seront la preuve.
La ligne honorable d’André Chénier s’y dessine déjà tout entière : Lorsqu’une grande nation, dit-il en commençant, après avoir vieilli dans l’erreur et l’insouciance, lasse enfin de malheurs et d’oppression, se réveille de cette longue léthargie, et, par une insurrection juste et légitime, rentre dans tous ses droits et renverse l’ordre de choses qui les violait tous, elle ne peut en un instant se trouver établie et calme dans le nouvel état qui doit succéder à l’ancien.
Humbles vertus, approchez de mon trône ; Le front levé, marchez auprès de moi ; Faible orphelin, partage ma couronne… Mais, à ce mot, mon erreur m’abandonne ; L’orphelin pleure ; ah !
. — Quintilien (X, 1) est plus pénétrant que Boileau ; il comprend que l’expression peut être en retard sur la pensée ; mais, si les nombreuses analyses psychologiques de cet auteur sont très fines, elles sont aussi très vagues ; nulle part il ne distingue dans la mémoire verbale la puissance (conservation) et l’acte (reproduction, parole intérieure) ; puis la parole est pour lui le but, et la pensée le moyen : ce faux point de vue est l’erreur fondamentale de son livre.
Là-dessus Descartes est d’une précision à laquelle il n’y a rien à désirer, qui ne laisse certainement rien à désirer. « Au reste, je me suis étendu ici sur le sujet de l’âme à cause qu’il était plus important ; car après l’erreur de ceux qui nient Dieu, laquelle je pense avoir ci-dessus assez réfutée, il n’y en a point qui éloigne plus tôt les esprits faibles du droit chemin de la vertu que d’imaginer que l’âme des bêtes soit de même nature que la nôtre, et que, par conséquent, nous n’avons rien à craindre ni à espérer après cette vie, non plus que les mouches et les fourmis.
Nous avons fait des réflexions sur les fautes et sur les erreurs à quoi sont sujets les hommes.
Je ne veux pas tomber dans l’erreur de mettre en système leurs élans, leurs aspirations, et de durcir hâtivement ce qui est libre, naissant, flexible.
Ce qui importe pour le moment, ce n’est pas d’y faire la part de la vérité ou de l’erreur, c’est d’apercevoir nettement où finit l’expérience, où commence l’hypothèse.
Erreur profonde !
De là sont venues beaucoup d’erreurs. […] Or les erreurs en cette matière ne sont pas sans danger. […] Or c’est, pour l’historien qui cherche à percer l’obscurité de ces vieux temps, un puissant motif de confiance, que de savoir que, s’il a affaire à des erreurs, il n’a pas affaire à l’imposture. Ces erreurs mêmes, ayant encore l’avantage d’être contemporaines des vieux âges qu’il étudie, peuvent lui révéler, sinon le détail des événements, du moins les croyances sincères des hommes. […] On a l’habitude de dire que ce mot était odieux et méprisé : singulière erreur !
Mais ce n’est rien dire : car justement Rousseau ne souffre point cette idée qu’Alceste puisse paraître ridicule, même dans ses passagères erreurs d’appréciation. […] Le bon Blandinet aurait la sottise de voir partout le bien, et il serait brutalement tiré de cette erreur. […] Puis, tout à coup, une bonne action lui serait révélée là où il avait flairé et attendu une gredinerie ; et ainsi il serait tiré de sa seconde erreur, mais non point pour revenir à la première. […] J’ai seulement obéi à un scrupule de conscience ; il m’a semblé que, d’un homme tel que lui, on n’avait le droit de discuter telle erreur particulière qu’en se souvenant de l’œuvre totale. […] Ma seconde erreur a été de croire que l’idée de la mort n’était point d’une tristesse insupportable.
» — Ceci n’est pas une sottise ; c’est une erreur. […] Quand je dis qu’elle n’a jamais cessé, je commence à croire que c’est une erreur. […] Il avait, au milieu de beaucoup d’erreurs et de préventions, un sens profond et admirablement généreux des choses de la vie. […] L’inspiration en est très noble et très généreuse, mais l’invention des détails et des incidents, l’exécution, en un mot, est toute pleine d’assez fortes erreurs. […] C’est une erreur. » C’est une erreur, M. du Bois l’affirme.
Nous pouvons, nous devons faire sur ce point les erreurs les plus bouffonnes. […] Ces « vases brisés » sont même un des plus grands éléments d’ennui dans la conversation et une des plus grandes sources d’erreurs dans les appréciations littéraires de la foule. […] C’est pourquoi la Grand’Rose est, à mes yeux, le personnage le plus défectueux de la pièce… C’est à des femmes très pures, sévères pour elles-mêmes, indulgentes pour autrui, qu’il fallait demander le type de la Grand’Rose. » L’erreur de Planche consiste, à mon avis, en ce qu’il commence par donner à la Grand’Rose, dans la pièce, une importance et un rôle qu’elle n’a pas. […] Ervann lui déclare son amour hardiment, bien témérairement, je le reconnais, mais avec la conviction, après tout, d’un Luther qui croit profondément que le célibat des prêtres est une erreur.
Ce qui soulève cette médiocre aventure jusqu’à une hauteur de symbole, ce qui transforme ce récit des erreurs d’une petite bourgeoise mal mariée en une poignante élégie humaine, c’est que l’auteur n’a pas pu, malgré les gageures de sa doctrine, se renoncer lui-même. […] L’erreur est de croire que tous les genres sont également propres à des transformations de cet ordre. […] A la distance même de cent années, il nous est malaisé de nous représenter comment les hommes d’un autre âge n’ont pas aperçu l’erreur de certaines hypothèses sur la vie. C’est qu’aussi bien cette erreur faisait partie intégrante de leur personne. […] Au demeurant ces juges méritaient eux-mêmes d’être jugés et avec sévérité, car ils se permettaient nombre d’erreurs.
) que c’était au contraire comme si on avait par erreur laissé tomber quelques épis, quelques grains de blé, dans une prairie naturelle, qui auraient poussé. […] Singulières erreurs, singulières tromperies de la perspective temporelle. […] Singulières erreurs, illusions d’optique. […] Et comme il n’était pas Du Bellay, lui Hugo, une telle variante s’appelle, pour tout autre s’appellerait une erreur de citation. Et tout Hugo est encore dans cette erreur de citation.
Un conte de Voltaire ou de Diderot avait un but, une idée maîtresse ; c’était un acte ; il forçait à réfléchir ; il combattait un abus, un préjugé, une erreur. […] Erreur de calcul, en ce cas. […] cette théorie repose sur une erreur fondamentale, qui a été commise par Spencer et par bien d’autres. L’erreur consiste à considérer une société comme un simple total d’individus ; à oublier que, comme tout être vivant, elle n’est pas une juxtaposition, mais une association, une combinaison de parties intimement unies. […] Veut-on voir à quelles erreurs elle mène ?
Ceux-ci sont moins connus : Ce monarque, dont l’âme aux grandes qualités Joint un goût délicat des savantes beautés, Qui, séparant le bon d’avec son apparence, Décide sans erreur, et loue avec prudence, Louis, le grand Louis, dont l’esprit souverain Ne dit rien au hasard et voit tout d’un œil sain202 . […] Peut-être aussi, par la même erreur de goût qui lui faisait dire d’une pièce décorée de peintures flamandes : « Otez-moi ces Chinois de paravent », ne comprit-il pas le naturel sans la majesté, ni la grandeur dans les petites choses.
Quand d’erreur on nous tira, Ma douleur fut bien amère ! […] N’est-on pas las d’ambitions vulgaires, De sots parés de pompeux sobriquets, D’abus, d’erreurs, de rapines, de guerres, De laquais-rois, de peuples de laquais ?
Je ne le fais point plus doux qu’il n’est ; je ne revendique point pour lui le privilège du désintéressement et de l’innocence parfaite ; dans l’histoire de nos erreurs et de nos fautes, il a sa part, je ne la diminue point. […] Les erreurs de notre intelligence mériteraient à peine ce nom d’erreur, si elles ne causaient en nous qu’une perturbation, pour ainsi dire abstraite, sans influer sur notre vie et sur les mobiles de nos actions. […] Pour ne pas être injuste à son égard, en condamnant ses erreurs, il faudrait lui accorder un peu de cette tendresse trop aveugle qu’elle n’a jamais refusée, malgré leurs fautes, aux âmes généreuses. […] Poitou, nombre d’erreurs de détail, de fantaisies excessives. […] Mais la merveille de ces faux systèmes, c’est que l’erreur même y tourne au profit de la vérité.
On peut difficilement les convaincre d’erreur. […] Cela tient soit à des archaïsmes, soit à des variations d’orthographe, soit, dans les inscriptions plus récentes et chrétiennes, à des erreurs que faisait naître la complication même de la langue. […] « Je ne m’étonne point, Rome, si le monde est dans l’erreur, puisque tu as mis le siècle en travail et en guerre ; car mérite et miséricorde par toi meurent et s’ensevelissent. […] Aussi, un très savant homme, M. de Sainte-Palaye, voulant établir tous les caractères de la chevalerie, considérée comme institution militaire et religieuse, les a tout simplement cherchés dans les romans du moyen âge ; et ce n’est point erreur ou système de sa part.
La plupart des graves erreurs, je veux dire des erreurs des gens graves, viennent de vouloir absolument ne voir qu’une chose là où il y en a deux ou trois. — Donc M. […] Charles une erreur de fond. […] À mon avis, c’est là l’erreur. […] Et par conséquent, nous pouvons et nous devons faire la même erreur sur les poètes italiens que nous lisons en français ou que nous lisons mal en italien. […] En m’appliquant, je ne relève que deux erreurs probables, lesquelles je note, non pour le plaisir de les signaler, ce qui serait idiot, mais pour soumettre aux éditeurs mes doutes et mes corrections.
Il corrigea plusieurs erreurs, propagées avec fougue par les archéologues départementaux. […] Quelle erreur on a commise en retirant des mains de nos écoliers le Conciones et en remplaçant le discours latin par d’insipides exercices ! […] Je crois qu’il y a là une erreur. […] Tristan et Yseult burent (par erreur, dit la fable, mais je crois bien qu’ils le firent exprès) un breuvage enchanté dont l’influence les lia, l’un à l’autre, d’un amour plus fort que la mort. […] Erreur !
La fatale insuffisance de nos organes nous condamne à une erreur perpétuelle. — Adorer Dieu et nous résigner au mystère ? […] Il montre l’erreur des démocrates, des aristocrates ambitieux, des réformateurs inintelligents qui rêvent un changement partiel, et le rêvent accompli doucement par l’exemple et la persuasion. […] Comme l’instrument de la raison n’a jamais conduit à une erreur, il faut en conclure qu’il est bon et qu’on peut s’y fier. […] J’ai reconnu mon erreur en approchant de plus près ces ouvrages dont Mme Barine s’était inspirée. […] Évidemment, cette pauvre science, acharnée à expliquer l’impossibilité éternelle de faits maintenant constatés, elle était l’erreur d’une fausse piste : on allait liquider ses restes et procéder à l’installation d’un nouveau reflet de l’immuable nature.
N’ayant pu les soumettre à la révision de l’auteur, nous ne saurions les présenter, jusque dans leurs moindres parties, comme l’expression définitive de sa pensée ; mais nous pouvons garantir l’exactitude de la reproduction sténographique dont nous avons corrigé les très rares erreurs, de même que nous avons vérifié sur les textes l’exactitude des citations. […] Voici comment Lamartine salue cette mort dans laquelle il voit une délivrance : Je te salue, ô mort, libérateur céleste : Tu ne m’apparais point sous cet aspect funeste Que t’ont prêté longtemps l’épouvante et l’erreur ; Ton bras n’est point armé d’un glaive destructeur. […] Car c’est une erreur de croire que tout le monde, à un certain moment de sa vie, ait été jeune.
Attendez, laissez passer la saison, allez vous figurer qu’ainsi, selon le vieux précepte, vous les laisserez mieux mûrir et que vous saurez les perfectionner en les retardant : erreur et oubli de la fuite rapide des heures, de ces heures qui s’appellent aussi les grâces !
Quand je songe que, dans l’âge voisin de la vieillesse et de ses infirmités, me voilà seul sur la terre, comme un célibataire débauché ou un homme personnel qui n’a vu que lui dans la nature ; que le sein sur lequel je m’appuie doucement, pour y chercher la consolation, est le sein d’une bonne mère de soixante-quinze ans ; que les objets qui devaient vivre avec moi et auprès de moi m’ont précédé si jeunes dans le tombeau ; quand je parcours tout cet espace qu’on appelle la vie, et que j’embrasse d’un coup d’œil cette longue chaîne de besoins, de désirs, de craintes, de peines, d’erreurs, de passions, de troubles et de misères de toute sorte, je rends grâces à Dieu de n’avoir plus à sortir du port où il m’a conduit ; je le remercie de la tendre mère qu’il me laisse, et des amis qu’il m’a donnés, et surtout de pouvoir descendre dans mon cœur, sans le trouver méchant et corrompu.
Ce tableau symbolique, qui, de son espèce, est unique dans l’œuvre d’Horace Vernet, ne saurait être qualifié qu’une singularité et une erreur.
Il y aurait pourtant quelque erreur à croire que l’Académie française d’aujourd’hui est la plus ancienne des institutions subsistantes, que seule, comme on l’a dit souvent, elle a survécu à tout un passé englouti, qu’elle a surnagé par miracle comme l’Arche et n’a pas fait le grand naufrage.
Cette peine corporelle est une petite torture lente, imperceptible, indigne d’être infligée, chez un peuple civilisé, à des hommes qui n’ont eu qu’une erreur intellectuelle (si tant est qu’ils l’aient eue en effet).
XVII Par une circonstance bien étrange, pendant que je m’entretenais avec vous des erreurs politiques et des essais théologiques de J.
Je ne réclamai pas contre une erreur qui ne venait que d’une complaisance, et ayant fait paraître moi-même alors les premières pages de mes poésies, attaquées et défendues avec acharnement, j’abandonnai la Revue à elle-même avant de l’avoir commencée.
voilà ce que je voudrais bien savoir, étant persuadé que toute expression vague correspond à quelque erreur, à quelque illusion pernicieuse.
Mais, la part faite aux erreurs de goût et de logique, il reste assez de vues originales et fécondes dans ces deux parties du Génie du Christianisme, pour faire du livre une date dans l’histoire de la critique et des doctrines esthétiques.
Ne parlons pas des erreurs de syntaxe ; tout le monde en commet, plus ou moins ; voilà qui est plus grave : beaucoup de livres modernes fourmillent de fautes d’orthographe.
L’article fit un beau tapage, tombé dans la mare aux grenouilles de la critique contemporaine, où quatre crétins, onze ratés, deux prophètes, huit philosophes, revenus des erreurs de ce monde, et soixante-quatorze bons garçons équitablement partagés entre la crainte de peiner un ami et le désir bien légitime de ne pas compromettre leurs titres à la réception d’un lever de rideau, disputaient à notre Bon Oncle l’honneur de rectifier le tir.
J’ai encore feuilleté, hier, ses Remarques, et j’ai le malheur de persister dans mon erreur : je le trouve pernicieux et très « tyrannique », ce gentilhomme de l’Académie, vous aurez beau dire.
Le témoignage que se rend Malherbe, devançant le jugement que Boileau devait porter de lui, et donnant de son vivant la mesure de sa renommée, est de ceux dont Montaigne a dit126 : « je ne veulxpas que, de peur de faillir du costé de la presomption, un homme se mescognoisse pourtant, ny qu’il pense estre moins que ce qu’il est… C’est raison qu’il veoy en ce subject, comme ailleurs, ce que la vérité luy présente ; si c’est César, qu’il se trouve hardiement le plus grand capitaine du monde. » L’histoire doit recueillir ces éloges que les poëtes font d’eux-mêmes car, selon que la postérité les a confirmés ou démentis, c’est la punition de l’erreur qui a égaré les uns, ou la consécration de la vérité qui a inspiré les autres.
Quelques-uns affaiblissent en les développant, ou corrompent en les mêlant d’erreurs qui affectent la nouveauté, les vérités que ceux-ci ont exprimées d’autres, qui ont plus de fougue et d’audace, se retournent tout à la fois contre les vérités et les disciplines consacrées par les œuvres du génie, et attaquent le goût du public par impuissance de le contenter, Au xvie siècle, où les écrivains supérieurs laissent d’ailleurs beaucoup à perfectionner, les écrivains secondaires ont l’importance et l’originalité d’auxiliaires chargés de quelque partie plus facile de la tâche commune, et qui, dans certains ordres de vérités et de connaissances, poussent l’esprit français et la langue, et complètent les conquêtes du génie.
Soutenant que son ami, malgré ses souffrances, est « un des êtres les plus vivaces qui existent » : « La ténuité de votre charpente, lui dit-il, la délicatesse de vos traits, et la douceur résignée et même un peu triste de votre physionomie, lorsqu’elle est calme et que votre tête ou votre âme ne sont point en mouvement, alarmeront et induiront toujours en erreur vos amis sur votre force. » Et il en conclut que chez lui, loin que ce soit la lame qui use le fourreau, c’est l’âme, le vis ignea qui entretient la machine : « Comment son feu intérieur ne le consume-t-il pas ?
— Moâ, bien content — reprend l’Anglais qui parle très mal le français — je ne suis pas un astronome, je ne suis pas un géologue… les choses que je ne sais pas, ne me regardent pas… je suis un naturaliste… Donc, puisque la Bible dit que c’est un ruminant, et que c’est une erreur… la Bible n’est pas un livre révélé… Moâ bien content… » Et il repasse la porte là-dessus, débarrassé tout à coup de sa religiosité.
Si elle est l’objet d’un jugement d’extériorité bientôt convaincu d’erreur, soit par un de nos semblables qui nous persuade, soit par nous-mêmes après examen, l’image est une hallucination.
Quelques rares esprits dans lesquels le génie exaspéré du Romantisme vit encore, appelleront peut-être le nouveau livre de Sainte-Beuve une capucinade littéraire, et ce mot, tout choquant qu’il veuille être, ne nous choque point, nous qui aimons les capucinades en toutes choses, parce qu’elles impliquent à nos yeux la reconnaissance de la vérité et le repentir de l’erreur ; Seulement, si ce mot veut dire conversion, appliqué à Sainte-Beuve c’est un mot faux et nous le repoussons.
On y verrait, à toutes les pages, si l’on n’a pas fait plus que d’excuser les erreurs et les corruptions d’une époque où mœurs et monarchie achevaient de se précipiter, par la même pente, au même abîme !
Des erreurs de son livre (et elles sont nombreuses) celle-ci est peut-être la plus grave, celle qui prouve le mieux l’affaiblissement, la ruine de l’esprit de l’auteur !
L’écrivain de la Vie de Jésus n’a ni l’enthousiasme passionné de l’erreur, ni la haine implacable de la vérité, ni l’adoration païenne de l’homme par l’homme, devenu le seul Dieu qui puisse exister.
Il communique à l’âme un équilibre que tu ne connais pas, toi qui as toujours vécu dans le tumulte ; loin de l’accabler, il la dispose aux pensées légères ; on croit qu’il représente l’absence de bruit, comme l’obscurité résulte de l’absence de lumière ; c’est une erreur.
Gardons-nous de retomber à ce propos dans l’erreur cent fois énoncée qui « met la charrue avant les bœufs » : une société ne peut naître de contrats entre individus ; les contrats entre individus supposent au contraire, pour être valables et produire un effet social, l’existence d’une société selon les règles de laquelle ils sont formulés et par la puissance de laquelle, une fois formulés, ils sont garantis.
C’est peut-être une double erreur.
Elles sont mortes, dit-il, de la misère endurée dans les cachots de la Révolution, et dans l’affliction des erreurs des Français. […] Mais les trois autres parties, De la littérature et des arts, la Philosophie et la Morale, la Religion et l’Enthousiasme, si les erreurs et les légèretés y abondent, ont créé ou mis en lumière, pour les Français, un pays du romantisme, ou un climat du romantisme. […] Ses erreurs de fait sont nombreuses, et d’ailleurs le sentiment de la vérité scientifique manque complètement à ce pur humaniste et à ce disciple de Saint-Martin qui ne croit qu’aux vérités de sentiments.
Imbu de cette vérité que l’art le plus haut n’est accessible qu’à peu, Il a fait comme s’il voulait, en renforçant par l’intention le côté hermétique de son génie, épargner au public la prétention de comprendre, l’erreur de supposer qu’Il a compris. […] Si, comme les pragmatistes, nous donnons pour mesure à la vérité la somme d’action qu’elle engendre, s’il n’y a de vérité poétique que celle qui rend la poésie féconde, l’idéalité du monde devient au contraire l’erreur capitale entrée dans l’art avec le symbolisme, et la fonction du poète sera de proclamer comme Gautier : Je suis un homme pour qui le monde extérieur existe, de donner à l’Homo sum la suite que lui donne Terence. […] Mais ce serait, je le répète, une erreur que de relier l’idéalisme de Mallarmé à des racines philosophiques, de le rattacher à l’influence de penseurs dont il n’a sans doute rien lu. […] Instituer une relation entre les images exactes, et que s’en détache un tiers aspect fusible et clair présenté à la divination… Abolie, la prétention, esthétiquement une erreur, quoiqu’elle régit les chefs-d’œuvre, d’inclure au papier subtil du volume autre chose que par exemple l’horreur de la forêt, ou le tonnerre muet épars au feuillage : non le bois intrinsèque et dense des arbres. […] Dans l’élan droit d’un raisonnement, d’un argument, il flairait le prestige, l’erreur, la grossièreté oratoires.
On a jugé très sévèrement parfois les œuvres des frères de Goncourt ; tout en reconnaissant à la critique le droit d’être sévère, je crois qu’il y a eu la plus part du temps erreur à leur endroit ; on leur a reproché le manque de composition, le défaut d’arrangement, sans songer qu’on n’avait point affaire à des romanciers dans le sens du mot usité jusqu’ici. […] Si elle ne faisait pas, dans ses élections, la part de la faiblesse et de l’erreur, si elle ne se donnait pas quelquefois l’air de prendre au hasard, elle se rendrait si haïssable qu’elle ne pourrait plus vivre. […] Là, en quelques mots, l’homme qui a compris la vérité de la parole du Christ, refait toute une civilisation dont le bonheur est le programme ; il nous montre une contrée délicieuse où ne sera jamais transporté le bloc d’erreurs que nous appelons la science, et d’où est proscrit ce manque de goût effronté, générateur de tant d’horribles choses que nous avons l’audace de baptiser du nom d’art. […] Il a vu les troubles de Paris, donne des détails sur les massacres de septembre, sur le 10 août, accuse d’erreur ceux qui font mourir Louis XVI au milieu de la place de la Révolution : On croit généralement et j’ai longtemps cru moi-même que Louis XVI avait été guillotiné au milieu de la place Louis XV, c’est une erreur ; on a guillotiné dans toutes les parties de cette place, excepté là.
Il l’avala avec une grimace qui annonçait une convulsion imminente, et saisissant à côté de lui une bouteille qu’il croyait du Sauterne, mais qui se trouva être de l’eau-de-vie française, il en but près d’une pinte avant de reconnaître son erreur. […] Au bout de quelques scènes, on connaît ce ressort, et dorénavant on prévoit sans cesse et sans erreur qu’il va partir.
Pendant des jours et des jours, il fallait collationner les copies sans parvenir, malgré l’attention, à les purger de toutes les omissions et de toutes les erreurs. […] Le mercredi 4 février, « Criton » (Maurras), dans sa « Revue de la presse » écrit, en réponse à l’article d’Albalat : « Il était donc permis de vivre trente années entières dans le voisinage de Moréas et de commettre des erreurs, involontaires du reste, mais de ce calibre !
Erreur. […] J’entends la conscience de l’esprit, qui est proprement le goût, et qui ne souffre pas plus les erreurs de jugements, que la conscience morale les fautes de conduite. Où les candidats sont des concurrents, les erreurs de jugement sur les ouvrages peuvent être des injustices envers les personnes. […] Par quel ensemble d’observations et de raisonnements, de précautions contre les causes d’erreur, de soins minutieux pour obtenir ces spécimens organiques à l’état de parfaite pureté ; par quel usage perfectionne des moyens connus, et quelle invention de moyens nouveaux, il arrivait à rendre ses démonstrations inattaquables, c’est ce que, faute de compétence et d’habileté de, plume, je renonce à décrire.
Comment à ce premier reproche ne se hâte-t-il pas de la tirer d’erreur ! […] Cependant la confusion de dom Sanche et la grande opinion qu’elle a de Rodrigue, doivent lui laisser encore assez d’incertitude, pour souhaiter d’être mieux instruite : mais Corneille a crû devoir prolonger l’erreur de Chimene, pour pouvoir prolonger aussi sa passion ; et c’est en vûë de ce pathétique, qu’il a arrangé le silence et les discours de ses personnages. […] Ignorent-ils que s’il faut être si circonspect, pour ne pas faillir, il faut l’être encore davantage, pour ne pas reprendre mal à propos, puisque c’est faillir doublement que d’ajoûter l’injustice à l’erreur ? […] Une pareille idée ne pourroit que jetter les hommes dans le désespoir ; et loin qu’il fût raisonnable de leur insinuer cette erreur, il auroit fallu leur cacher à jamais une si triste vérité, si nous étions assez malheureux, pour que c’en fût une.
Il n’a plus personne pour le gêner si ce n’est, là-bas, à Port-Royal-des-Champs, sa tante, la mère Agnès de Sainte-Thècle, qui prie pour lui ; qui lui envoie de temps en temps, sans se lasser, des lettres de reproches plaintifs et d’exhortations ; qui, durant tout le temps de sa gloire et de ses erreurs, continuera de prier et de lui écrire et qui, patiente et jamais découragée, mettra quinze ans à le ramener à Dieu. […] Votre erreur, dit Ariste-Boileau, provient de ce que vous confondez la pitié avec la douleur. […] C’est une erreur. […] Donneau de Visé, autre ami de Molière, découvrit dans des livres, tels que les Voyages du sieur Le Loir contenus en plusieurs lettres écrites du Levant ou l’Abrégé de l’histoire des Turcs de Du Verdier, que la tragédie de Racine était pleine d’erreurs, qu’Amurat s’était défait de Bajazet en même temps que de son frère Orcan, et que Roxane avait été avec Amurat au siège de Bagdad.
Parti à la recherche de la vérité avec le zèle le plus sincère et la plus ardente loyauté, on ne saurait dire s’il en a rapporté plus d’erreurs ou plus de vues justes, profondes et neuves. […] Que s’ils ne veulent pas se laisser instruire, et s’ils s’obstinent dans leur erreur, ils deviennent risibles. […] L’homme « qui sait » échappe à la domination de la femme ; il dirige celles qui peuvent être dirigées, sauve les unes, profite des erreurs des autres. […] Qu’on fût venu à soutenir devant lui qu’il est de l’essence de la vérité d’enfermer l’erreur, et qu’une idée vraie qui n’est pas corrigée par son contraire est par cela même fausse, il eût pensé qu’on se moquait de lui et jugé la plaisanterie de mauvais goût. […] Il n’y a aucune assimilation possible entre l’œuvre du savant, qui est impersonnelle, et celle de l’écrivain qui ne peut jamais faire complète abstraction de sa personnalité. — De cette erreur une autre découle, dont les conséquences sont de la dernière gravité.
Coleridge, dans sa jeunesse, a fait d’admirables Poëmes méditatifs, dans lesquels la nature anglaise domestique, si verte, si fleurie, si lustrée, décore à ravir, et avec une inépuisable richesse, des sentiments d’effusion religieuse, conjugale ou fraternelle ; soit que le soir dans son verger, entre le jasmin et le myrte, proche du champ de fèves en fleur, il montre à sa douce Sara l’étoile du soir, et se perde un moment, au son de la harpe éolienne, en des élans métaphysiques et mystiques, qu’il humilie bientôt au pied de la foi ; soit qu’il abandonne ensuite ce frais cottage, de nouveau décrit, mais trop délicieux, trop embaumé à son gré pendant que ses frères souffrent (vers l’année 93), et qu’il se replonge vaillamment dans le monde pour combattre le grand combat non sanglant de la science, de la liberté et de la vérité en Christ ; soit qu’envoyant à son frère, le révérend George Coleridge, un volume de ses œuvres, il y touche ses excentricités, ses erreurs, et le félicite d’être rentré de bonne heure au nid natal ; soit qu’un matin, visité par de chers amis, dans un cottage encore, et s’étant foulé, je crois, le pied, sans pouvoir sortir avec eux, du fond de son bosquet de tilleuls où il est retenu prisonnier, il fasse en idée l’excursion champêtre, accompagne de ses rêves aimables Charles surtout, l’ami préféré, et se félicite devant Dieu d’être ainsi privé d’un bien promis, puisque l’âme y gagne à s’élever et qu’elle contemple ; soit enfin que, dans son verger toujours, une nuit d’avril, entre un ami et une femme qu’il appelle notre sœur, il écoute le rossignol et le proclame le plus gai chanteur, et raconte comme quoi il sait, près d’un château inhabité, un bosquet sauvage tout peuplé de rossignols chantant à volée, en chœur, et entrevus dans le feuillage sous la lune, au milieu des vers luisants : Oh !
On a vu là dedans une épigramme, comme qui dirait : « Il eut un non-succès en 1820, et cela lui mérita l’Académie l’année suivante. » Je n’y avais pas mis tant de malice, et il n’y avait de ma part qu’une légère erreur, car le Cromwell était de 1819, et non de 1820.
Toutes nos erreurs nous sont connues ; l’âpreté de nos jugements d’autrefois nous revient à l’esprit avec honte ; on laisse désormais pour le monde le temps faire ce qu’il a fait pour nous, c’est-à-dire éclairer les esprits, modérer les passions. » Il n’était pas temps encore pour Farcy de rentrer dans l’Université ; le ministère de M.
Mais à des vérités si neuves il faut un monde neuf aussi pour les accueillir et pour s’y conformer sans hésitation, sans froissement, sans partialité, sans récrimination dans les dépossédés de l’erreur, sans excès et sans violence dans les nouveaux venus à la liberté.
Valjean n’est qu’une erreur du poète.
Erreur (Ms.)
Te souviens-tu que je me comparais à Monique pleurant sur Augustin, quand nous parlions de mes afflictions pour ton âme, cette chère âme dans l’erreur ?
Si le chant de Childe Harold était le début d’un auteur complètement inconnu, si la vie et les ouvrages de M. de Lamartine étaient totalement ignorés, on comprendrait plus aisément peut-être l’erreur qui lui fait attribuer aujourd’hui les sentiments qu’il désavoue.
… Doulce erreur !
Mais c’est une erreur de s’imaginer que Goethe ne relève que de son pays : le développement de Goethe appartient à la France comme à l’Allemagne, Il suffit de jeter les yeux sur ses Mémoires pour en être convaincu.
N’est-il pas vrai d’ailleurs que les pactes du Midi qui veulent écrire en français n’ont qu’une préoccupation : imiter, dans leur manière et jusque dans leurs erreurs, les poètes de Paris ?
Une fois sur dix, au moins, un jury peut reconnaître le talent véritable, il peut le sauver de la misère, il peut le conduire vers la gloire… Paul Souchon Certes, je déplore aussi les erreurs des jurys littéraires et les mœurs électorales introduites dans la république des lettres.
C’est là une grave erreur.
Tréguier a d’ordinaire beaucoup de fous ; comme toutes les races du rêve qui s’usent à la poursuite de l’idéal, les Bretons de ces parages, quand ils ne sont pas maintenus par une volonté énergique, s’abandonnent trop facilement à un état intermédiaire entre l’ivresse et la folie, qui n’est souvent que l’erreur d’un cœur inassouvi.
Pour cela, il est indispensable que Bayreuth reste ce qu’il est et qu’on ne tombe pas dans l’erreur de vouloir imiter dans les théâtres soumis à la Mode, ce qui ne peut être réalisé, en vérité, que dans l’unique théâtre créé par le Maître.
. — Nous avons annoncé par erreur, an mois de janvier, la mort de M.
Daignerai-je lui indiquer quelques-unes de ses erreurs les plus grossières ?
En vain par le doute et ses désespoirs et de hautains appels à sonder le néant des Révélations, avait-on ainsi que rendu tressaillantes les sphères ouraniennes de l’Intellect : en vain, parce que le doute et la négation participent davantage de l’erreur ou du rêve d’où ils naissent, que de la vérité à laquelle ils aspirent sans pouvoir la produire… Et pourtant, au présent immédiat et là de nos poétiques Fastes, — alors que la science des Origines a environné nos têtes ainsi que de la tornade stellaire dont éternellement devient l’éternelle Fluence : voilà que, sans savoir que les apports de la sensation ne sont que les matériaux de l’Idée pour que de ses ondes intelligentes elle tente, en le plus d’unité-sciente, de reproduire en soi l’Univers et ses Rythmes, — la presque généralité des poètes n’est que la survie dégénérée des rapsodes du plaisir et de la douleur, et des philosophes qui ne peuvent se passer d’Eden !
……………………………………………………… Deux surtout dont le nom, les talents, l’éloquence, Faisant aimer l’erreur ont fondé sa puissance, Préparèrent de loin des maux inattendus, Dont ils auraient frémi, s’ils les avaient prévus.
On voit à quelles erreurs on est entraîné soit quand on ne définit pas, soit quand on définit mal.
Cependant en voici quelques-uns que vous pouvez comme épingler à ce titre de Galatée : Le silence en amour est une erreur extrême : Souffrez, mais déclarez vos maux ; Car qui les sait mieux que vous-même ?
… Les quelques notices qu’on vient de publier nous vengent-elles, au moins, par l’expression, des oublis pires que les erreurs de ce livre sur la tribune moderne où l’on ne trouve ni classement, ni comparaison, ni hiérarchie établie entre les talents qu’il veut juger ?
L’artifice dont nous allons user a pour unique objet de fournir un support imaginatif à la théorie, de la rendre ainsi plus claire, et par là de faire mieux apercevoir les erreurs où des conclusions hâtives nous feraient tomber.
Égale erreur, égale impuissance de part et d’autre, égal besoin de s’éclairer et de se compléter mutuellement.
Je tenais, moi, pour George Sand ; j’alléguais que cette femme excellente était faite, au fond, pour aimer les « collectivités », non les individus ; que ses faiblesses successives n’avaient été que les erreurs, forcément passagères, d’une âme tout évangélique ; enfin que Musset, ce délicieux enfant, devait être, dans ses mauvais jours, un enfant bien insupportable… On me répondit sévèrement : « Oui, mais il souffrait, il cherchait la vérité en gémissant, il ne se complaisait pas dans l’erreur. […] Cette erreur n’a rien de funeste. […] Par malheur je crains que Flore de Frileuse ne soit seulement une erreur fort intéressante. […] Cette pudeur, je le sais, pourrait avoir tort ; mais je crois qu’elle a raison ici ; car elle n’est peut-être qu’un malaise causé par une erreur d’art. […] — Je sais bien que cette substitution d’une illusion à une erreur est déjà un progrès, et je n’ignore pas, d’ailleurs, ou même je confesse l’impertinence de mes propos.
Lorsque Vasantasena, au premier acte, se réfugie chez lui, il la prend d’abord, dans les ténèbres, pour sa servante et lui dit : « Va voir si mon fils Rohasena, qui dort dans la chambre haute, n’a pas froid. » Mais, quand il a reconnu son erreur : « Cette jeune femme, dit-il, a choisi la demeure du pauvre pour s’y abriter. […] Une autre cause de l’erreur où certains spectateurs sont tombés, c’est que cette pièce est, comme presque tout le théâtre de M. […] Sauf erreur, c’est la comédie politique et ce sont les acteurs de cette comédie qui ont le mieux résisté au temps, et qui paraissent, après plus d’un quart de siècle, le plus vivants et le moins fanés. […] Oui, pour ceux-là, et même pour les meilleurs d’entre eux, la soixantaine peut être l’âge éminemment « difficile », l’âge où ils se trouvent exposés à plus d’erreurs et de souffrances, — viles ou généreuses, selon la mesure de leur âme… Dès lors mon personnage se dessine. […] Et comment son erreur se tournera-t-elle contre lui ?
Vous lui objectez la force irrésistible de la foi ; il répond par un chapitre de Dugald-Stewart, et prouve que la croyance est distincte de la connaissance, que l’imagination, l’habitude et l’enthousiasme suffisent pour fixer notre assentiment, que souvent la conviction est d’autant plus puissante qu’elle est moins légitime, et que l’erreur compte autant de martyrs que la vérité. […] Ce n’est pas pour rien qu’il y a une histoire de la philosophie ; nous n’avons qu’à ouvrir les yeux pour voir leur folie et pour fuir la méthode qui les a précipités dans de telles erreurs. — Rappelons-nous ce qu’ils ont trouvé dans cette voie. — Dieu est infini, disent les Alexandrins, infiniment producteur, et ne peut produire que des choses analogues à sa nature. […] Sa tête a été un volcan de projets, songes dont il s’éprenait et qu’il quittait pour de plus beaux, rêves de fortune et de gloire, combinaisons d’affaires, réformes de l’État, de la langue et de la science, systèmes d’administration et d’aventures, erreurs et vérités sur toutes choses, enchevêtrement de fusées étranges et splendides qui illuminent et révèlent un siècle et un monde. […] C’est une erreur que de demander à dona Anna des plaintes sans mélodie ; c’est une erreur que de demander à Bérénice des plaintes sans éloquence ; l’une exprime sa douleur par des notes liées, comme l’autre par des raisons suivies, et on n’a rien dit contre l’une ni contre l’autre lorsqu’on a remarqué contre l’une et contre l’autre que la passion ne s’exprime ni par le développement oratoire ni par le chant musical.
Le poème de Lucrèce, dans la longue erreur de ses raisonnements, offre d’ailleurs une méthode, une force d’analyse qui ne permet pas de supposer que l’auteur n’ait eu que des moments passagers de calme et de raison. […] Le traité de la Nature des Dieux n’est qu’un recueil des erreurs de l’esprit humain, qui s’égare toujours plus ridiculement dans les plus sublimes questions ; mais l’absurdité des différents systèmes n’empêche pas d’admirer l’élégance et la clarté des analyses ; et les morceaux de description restent d’une vérité et d’une beauté éternelles. […] L’érudition fait à Plutarque historien beaucoup d’autres reproches ; on l’a souvent accusé, et même convaincu de graves inexactitudes, d’oublis, d’erreurs dans les faits, dans les noms, dans les dates, de contradictions avec lui-même. […] Aidée par l’imprimerie, la patience moderne, en rapprochant les textes, les monuments, a pu rectifier les erreurs des anciens eux-mêmes ; mais qu’importe que Plutarque ait écrit que Tullie, fille de Cicéron, n’avait eu que deux maris, et qu’il ait oublié Crassipes ? […] Racine choisit bientôt de meilleurs modèles et des sujets plus dignes du théâtre ; mais l’erreur du jeune poète s’explique par le fond d’intérêt qui règne dans Théagène et Chariclée.
Ce serait une erreur. […] Il suffisait d’imaginer les grands hommes ordinaires, purs de leur première erreur, ou de s’appuyer sur cette erreur même pour concevoir un degré de conscience plus élevé, un sentiment de la liberté d’esprit moins grossière. » Je crains qu’Amiel et Teste ne soient dupes d’une illusion.
D’autant que, le progrès des méthodes inspirant confiance aux familles, une erreur funeste s’est répandue, favorisée par certaine mollesse, et détrempe des âmes chez les parents mêmes : on donne ses enfants à instruire, et on se croit dispensé de les élever La famille abdique ; et, voyant le mécanisme ingénieux et compliqué des machines à distribuer la science, elle croit ou feint de croire que l’éducation va avec l’instruction, que son concours est inutile, et que donnant des enfants, on lui rendra des hommes, sans qu’elle s’en mêle. […] Il développe bien des obscurités et rectifie bien des erreurs. […] Mais il y a pourtant grande différence entre les résolutions qui procèdent de quelque fausse opinion et celles qui ne sont appuyées que sur la connaissance de la vérité ; d’autant que si on suit ces dernières, on est assuré de n’en avoir jamais de regret ni de repentir, au lieu qu’on en a toujours d’avoir suivi les premières lorsqu’on en découvre l’erreur. […] Lenient, après bien d’autres, signale ce qu’elles contenaient d’illusion et d’erreur. […] Mais l’erreur de Diderot n’est pas de conséquence, puisqu’en fait on ne peut séparer le caractère de la condition, et au contraire elle peut devenir un principe fécond, si l’on y voit le conseil de ne pas peindre les passions abstraitement dans le vague, mais de les prendre dans les formes réelles dont les diverses professions des hommes les revêtent.
» Un vrai critique lui eût dit : « Laissez ce César, c’est une erreur. » Je ne sais même si je ne me hasardai pas, un jour que je rencontrai mon ancien ami, à le lui dire un peu brusquement : il me répondit avec infiniment de douceur et d’indulgence pour ma boutade que tout le inonde, parmi ses amis, n’était pas de mon avis. […] Une seule erreur découverte dans une de ses pages l’aurait rendu malheureux et ne lui eût pas laissé de repos qu’il ne l’eût rectifiée et fait disparaître.
S’il emprunte un témoignage, il commence par mesurer la véracité et l’intelligence des auteurs qu’il cite, et par corriger les erreurs qu’ils peuvent avoir commises par négligence ou partialité. […] Le principe solide est évidemment que la simple erreur théologique ne doit pas être punie par le magistrat civil.
. — Erreur de la métaphysique allemande. — Elle a négligé la part du hasard et les perturbations locales. — Ce qu’une fourmi philosophe pourrait savoir. — Idée et limites d’une métaphysique. — Position de la métaphysique chez les trois nations pensantes. — Une matinée à Oxford. […] La première est cachée, la seconde est visible ; la première est susceptible de vérité ou d’erreur, la seconde n’est susceptible ni de l’une ni de l’autre.
Un sentiment très-fin et très-naïf de la nature respire dans les descriptions champêtres, qui sont d’une grande fraîcheur et d’une grande fidélité, quoique sans tomber dans la minutie : il n’y a pas la moindre erreur de botanique ; M. […] Vous avez tous vu dans ce chef-d’œuvre la première erreur d’un jeune homme qui sort du collège, une niaiserie d’enfant ! […] Il se glorifiait aussi de cette phrase d’un grand poëte : « Vous dotez le ciel de l’art d’on ne sait quel rayon macabre ; vous créez un frisson nouveau. » Cependant ce serait commettre une grave erreur de croire que parmi ces mandragores, ces pavots et ces colchiques il ne se rencontre pas çà et là une fraîche rose au parfum innocent, une large fieur de l’Inde ouvrant sa coupe blanche à la pure rosée du ciel. […] On feint de croire que la misère, cette maigre et dure nourrice, élève mieux le génie que la richesse : c’est une erreur.
Les productions des arts, comme celles de la littérature, se ressentent toujours des événements auxquels l’artiste ou l’écrivain s’est trouvé mêlé, des erreurs, des préjugés de l’époque qu’il a traversée. […] Ce jour viendra, mes amis, n’en doutez pas, s’écriait-il dans son enthousiasme ; mais il faut en accélérer la venue en provoquant la conversion de ceux qui sont encore plongés dans l’erreur. […] Cette opinion, il l’exprimait à Lullin non-seulement avec toute l’effusion de l’amitié, mais avec l’ardeur et l’énergie que l’on trouve en soi, quand on est persuadé que l’on combat une erreur dangereuse. […] « Je me suis aperçu, mon cher ami, que j’avais commis une erreur dans l’envoi de vos couleurs. […] Triozon : « Vous êtes dans l’erreur, mon bon ami, sur la manière d’exister des Français dans ce pays-ci, et surtout des pensionnaires de l’Académie de France, qui sont, entre autres, particulièrement détestés et même exécrés.
La littérature d’imitation, même libre, est une erreur. […] Tel est cet homme singulièrement aimable, ce grand poète, qui a aimé tout ce qui est beau et nous a appris à l’aimer, dont les erreurs même sont venues de tout voir à travers cette gaze de pourpre qu’il jetait sur toutes choses, rien qu’à les regarder. […] Ce qui ramène un peu à lui cette sympathie dont, malgré tout, l’artiste le plus sublime a toujours un peu besoin, ce sont ses sentiments d’homme de famille, qu’à travers certaines erreurs, il a, en somme, toujours gardés, et qui, malgré l’affectation fréquente de la forme, ont un accent sincère où l’on ne se trompe point. […] Elle détourne l’esprit de la contemplation de la forme qui est tout l’objet des arts du dessin ; elle fait de la peinture ou de la sculpture littéraire, ce qui est une forte erreur. […] Ce n’est pas se figurer ainsi le poète qui est une erreur ; car il y a des poètes de ce genre, et je ne comprends par sur ce point les railleries lourdes de Veuillot et les malices légères de M.
C’était la Vérité en personne qui, prenant en pitié ses erreurs, était descendue pour lui apporter un secours opportun. […] Je me brouillerais avec mes parents, et avec mes amis, si je leur disais qu’ils sont en erreur de ce côté-là, et que le Dieu qu’ils adorent est un faux Dieu. […] Pour toute autre que moi votre erreur est sans crime, Toute autre admirerait votre bras magnanime, Et toute autre réduite à punir votre erreur La punirait du moins sans trouble et sans horreur.
L’âme dévote à Notre-Dame peut avoir ses erreurs dans le long pèlerinage ; elle peut faiblir et faillir : la Vierge est là, qui, à une heure donnée, la rappelle et la sauve.
Ce fut, à lui, le terme de ses actives erreurs.
Il est plus facile, croyez-moi, d’abandonner son cœur à l’amour et au repos dans la retraite, que de servir Dieu dans le monde ; c’est l’œuvre aussi d’une vraie piété d’y parvenir en cette dernière voie… Gravez au dedans de vous-même cette première vérité, que la religion veut l’ordre avant tout, et que, puisqu’elle a permis et consacré l’établissement des sociétés, elle se plaît à encourager tous les devoirs qui concourent à les maintenir… Mais surtout chassez de votre esprit cette erreur, que les peines seules peuvent nous rendre agréables à Dieu.
La mer leur offrit là d’intéressants végétaux marins, et, de plus, l’erreur de leur capitaine qui prit un rocher basaltique pour un fort, et y envoya un officier, leur fournit l’occasion de visiter la petite île la Gracieuse.
« Et c’est cette violence faite à la nature des choses, à la nature bi-substantielle de l’homme et de tous les êtres de notre univers, qui a causé l’erreur, également déplorable, du matérialisme, qui confond la vie avec son support, et du mysticisme, qui prétend se passer de ce support, et qui s’égare dans les fictions de l’esprit pur.
Il entendit un jour deux étrangers qui attribuaient, par ignorance, ce groupe au ciseau d’un autre sculpteur romain ; bien que Michel-Ange n’eût pas l’habitude de marquer ses œuvres d’un autre signe que leur immortelle perfection, il craignit cette fois que le temps ou l’erreur populaire ne lui dérobât sa gloire, et, rentrant la nuit dans la chapelle, il grava son nom en petits caractères sur l’étroite ceinture qui retient la robe de la Vierge au-dessous du sein.
Transformation de l’épopée en roman : trouvailles et erreurs du goût individuel.
On conçoit tout ce que cette méthode d’investigation, réduite à ce que le jargon contemporain appelle interviews et reportage, entraîne d’erreurs de chronologie, de topographie, de confusions et d’altérations de noms : ce n’est pas la peine de s’y arrêter.
M. de Vogüé nous dit que deux traits les distinguent de nos réalistes à nous : 1º « L’âme flottante des Russes dérive à travers toutes les philosophies et toutes les erreurs ; elle fait une station dans le nihilisme et le pessimisme : un lecteur superficiel pourrait parfois confondre Tolstoï et Flaubert.
Si d’ailleurs ces lettres divulguées nous révèlent en eux des faiblesses et des erreurs que nous ne connaissions pas, et dont nous les savions seulement capables puisqu’ils furent des hommes, le mal n’est pas grand.
Il n’est pas de mot dans le langage philosophique qui ne puisse donner lieu à de fortes erreurs, si on l’entend ainsi dans un sens substantiel et grossier, au lieu de lui faire désigner des classes de phénomènes.
Tout céda facilement à ses larmes ; il y avait erreur et brusquerie, mais non sévice, dans le gouvernement du jour.
Je ne dois point passer à une autre considération sans mettre le lecteur en garde à ce sujet contre une erreur fort grave, et qui, bien que très grossière, est encore extrêmement commune.
Cependant il y a des exceptions78 et on s’exposerait à de sérieuses erreurs si l’on jugeait toujours de la concentration morale d’une société d’après le degré de concentration matérielle qu’elle présente.
mais c’est là une erreur.
Sauf erreur, il y a dans la comédie de Molière deux Tartuffes d’aspect notablement différent. […] Tout cela réuni constitue une erreur amusante par son excès même et par toutes les illusions distinguées qu’elle suppose, à mon avis, chez son auteur. […] L’existence d’un pareil monstre est évidemment une erreur de la création. […] D’autres fois, il y a quatre personnages, deux amoureux et deux amoureuses, victimes d’une quadruple erreur et qu’il s’agit d’en faire revenir. […] Elles se ramèneraient toutes, je pense, à cet amour du naturel et de la simplicité qui persiste, à travers ses erreurs et ses illusions de gamine, dans l’âme très saine de la petite Loulou.
C’est une erreur. […] Aussitôt après cette mort, aussitôt après, Barbey d’Aurevilly faisait formellement abjuration de toutes ses erreurs, se confessait, communiait et consacrait sa plume à la défense de l’Église. […] Et voici, sauf erreur d’interprète, dont je demande pardon à l’avance à qui de droit, les idées essentielles de M. […] Prévost est dans l’erreur. […] Il répare vos négligences ou vos erreurs.
Quand il entendait parler Attale contre les vices et les erreurs du genre humain, il le regardait comme un être d’un ordre supérieur. « Attale, ajoute Sénèque (Lettre XVIII) se disait roi, et je le trouvais plus qu’un roi, puisqu’il faisait comparaître les rois au tribunal de sa censure. […] Erreur, monsieur l’abbé98 ; vous les laisseriez tout comme un autre, et là, vous édifieriez à la mode du pays, comme vous édifiez ici à la mode du vôtre. » Ce n’est plus en France, c’est à Cochin que je vous place, et je vous dis : « Dans ce pays, les prêtres ont persuadé au peuple et au souverain qu’une de leurs prérogatives est de faire goûter aux jeunes mariées les premiers plaisirs douloureux de l’hymen, et vous vous persuadez peut-être que vous vous refuseriez à cette œuvre pie. Erreur, monsieur l’abbé ; à Cochin, comme à Paris, vous auriez toute la ferveur de votre état. » Dans Athènes, je ne me serais pas fait eumolpide, parce que je ne me suis jamais senti un attrait bien puissant pour le service des autels ; mais j’aurais pris la robe d’Aristote, celle de Platon, ou endossé le froc de Diogène. […] Il est deux sortes de sagacité ; l’une qui consiste à atténuer, l’autre à exagérer les erreurs des hommes : celle-ci marque plus souvent un bon esprit qu’une belle âme.
Nous nous hâtons de le dire, M. de Balzac, avec ses erreurs, avec le bagage malheureux d’Horace de Saint-Aubin, n’en reste pas moins une des plus grandes organisations de ce temps-ci, et nous ne serions point surpris que la postérité en fît quelque jour le type même de l’auteur de romans. […] Alfred de Musset nous paraît compter parmi les écrivains d’élite et s’il s’égare souvent, ses erreurs ne nous font pas oublier qu’il ne se trompe qu’en cherchant les bons endroits.
discerner l’erreur ! […] Beaucoup de bons esprits, induits en erreur par la forme, ont été injustes pour elle. […] Notre examen, moins inquiet d’une possible erreur, n’en sera que plus libre, que plus assuré, que plus juste. […] Il y eut des essais vains, des tâtonnements, des erreurs.
La France est trop petite pour l’activité de ces nièces de Mazarin, et quelques-unes vont porter dans des contrées et des cours voisines leurs éclats et leurs erreurs, sans jamais déchoir pourtant de ce grand état où elles sont comme nées et où elles se sont naturalisées en quasi-souveraines.
Il est bien vrai que, durant ces années de long et sérieux travail, Mlle de Meulan avait de plus en plus appris à se vouer au vrai, à le croire utile, à le défendre, à se passionner au moins indirectement pour lui, en cherchant querelle à toute erreur, et aussi à régler chaque acte de sa vie sévère par l’empire, déjà religieux, de la volonté et de la raison.
Mais, à travers les fautes et les erreurs des gouvernants, la raison humaine marchait, et avec elle la tolérance.
S’il en était ainsi, on comprendrait que les prêcheurs nomades d’une nouvelle croisade contre l’islamisme eussent quelque chance de réaliser, au profit de ce qu’ils appellent civilisation, l’expulsion ou l’extermination des Ottomans ; mais cette statistique de l’empire ottoman est une grossière erreur et une grossière fiction dont les intéressés bercent les multitudes.
Mais Alfieri n’avait ni charme, ni grâce, ni douceur : on l’aimait par surprise, on continuait de l’aimer par crainte ; on se figurait que la force de ses traits était une marque de la force de son génie, et que ce génie était démesuré comme son corps… Ce génie n’était qu’imaginaire ; on n’osait pas en douter tout haut, on se résignait tout bas à son erreur.
Dargaud à ce roi mourant nous paraît donc une erreur d’homme d’État, expliqué par une préoccupation qui est aussi la nôtre pour la liberté religieuse.
Certaines erreurs que je professe eussent été le fait d’un homme qui a l’esprit de son état.
Au point de vue Wagnérien ces festivals étaient la plus grande erreur possible.
Il domine Gaston de toute la hauteur de sa noble tête, ce chevalier du devoir qui fait pénitence, sous l’uniforme, des folies et des erreurs de sa vie passée.
À quels excès mène cette erreur ?
On évite aisément l’absurdité en parlant comme parle la gloire ; et, si l’on se trompe avec tout le monde, cette erreur commune compte pour une vérité.
— Forme substantive du participe errant ; (errement et erreur, ayant des sens définis).
Et ceci ne peut guère arriver que lorsque la phrase renferme une absurdité manifeste, soit une erreur grossière, soit surtout une contradiction dans les termes.
C’est une erreur de croire qu’une étude trop indéfiniment prolongée d’une littérature rende le jugement plus correct, et qu’on comprenne mieux les œuvres littéraires, parce qu’on a traîné sur elles plus longtemps. […] Lord Herbert de Cherbury I Voici un des livres les mieux faits que je connaisse pour démentir l’une des plus anciennes et des moins respectables erreurs qui aient jamais pris logement dans l’opinion des hommes. […] C’est, selon nous, une des erreurs littéraires de notre temps de croire que le théâtre doit donner à l’imagination l’illusion complète, absolue de la réalité : comédiens et auteurs dramatiques tombent à l’envi dans cette erreur. […] Vous croyez peut-être que Shakespeare n’a pas connu cette particularité de la nature, et qu’il est tombé dans l’erreur où tout autre poète se serait laissé choir lourdement, ne fût-ce que par crainte de faire injure à la candeur de son héros. […] Tous les préjugés, toutes les petitesses, tous les faux jugements d’une certaine classe d’hommes s’y rencontrent, si bien que ce petit livre pourrait être pris comme manuel des erreurs d’esprit qui sont inhérentes à la profession ecclésiastique.
C’est ainsi que les génies sont salués à leur aurore : étrange erreur dont chaque génération s’étonne après coup, et qu’elle recommence naïvement. […] Le talent d’Eugène Delacroix avait dès lors toute son originalité et le distinguait nettement des contemporains ; cependant ce serait une erreur de croire qu’il n’empruntât rien du milieu où il baignait. […] [II] Puisque nous avons prononcé le nom de Louis Boulanger, rectifions une petite erreur que nous avons commise à propos d’une œuvre du célèbre peintre romantique. […] Son talent était essentiellement moderne, et c’est là sa plus grande qualité : elle a vécu dans son temps, avec les idées, les passions, les amours, les erreurs et les défauts de son temps ; dramatique et non tragique, elle a suivi la fortune des novateurs, et s’en est bien trouvée.
dit Lamartine quand on lui dit ses erreurs ; j’ai pour moi les femmes et les jeunes gens, je puis me passer du reste. » — Oh ! […] Veuillot, en ce seul passage, prouve qu’il n’a nul souci de la vérité ; car en ce qui me concerne il y a autant d’erreurs que de mots.
Il est assez fort et assez volontaire pour, épris d’une erreur, ne l’abandonner qu’après l’avoir acculée à ses conséquences les plus extrêmes, et assez maître de lui-même pour ne pas avouer son erreur et même la défendre avec toutes les ingéniosités du raisonnement.
Il est incontestable que, s’il n’y a pas de système tout à fait isolé, la science trouve cependant moyen de découper l’univers en systèmes relativement indépendants les uns des autres, et qu’elle ne commet pas ainsi d’erreur sensible. […] La grande erreur des doctrines spiritualistes a été de croire qu’en isolant la vie spirituelle de tout le reste, en la suspendant dans l’espace aussi haut que possible au-dessus de terre, elles la mettaient à l’abri de toute atteinte : comme si elles ne l’exposaient pas simplement ainsi à être prise pour un effet de mirage !
Dans certains cas, l’anecdote peut singulièrement aider la critique littéraire et l’empêcher de commettre une erreur. […] L’exemple qu’a laissé ce versificateur malhabile, ce poète embarrassé, a faussé tout le mouvement néo-classique, puisque ceux de son école commirent, faute de sens critique, faute de vraie connaissance du beau, l’inconcevable erreur de prendre pour des beautés les fautes de leur maître. » Et M. […] C’est une erreur. […] Il me répondit textuellement ce mot, qu’il applique quelque part à Sainte-Beuve : « je n’aime pas à être dupe. » D’autres fois, cependant, il reconnaissait volontiers ses erreurs. […] La gloire de Mistral, et peut-être aussi son erreur, c’est d’avoir voulu transformer en langue littéraire et écrite une langue qui n’avait été jusqu’alors qu’une langue populaire et parlée.
Et voilà, je pense, où est l’erreur. […] « Car c’est la mer sacrée, la mer mystérieuse où il y a trente siècles le subtil et malheureux Ulysse, agita ses longues erreurs ; le subtile Ulysse, qui, délivré des périls marins, devait encore, d’après Tirésias, parcourir des terres nombreuses, portant une rame sur l’épaule, jusqu’à ce qu’il rencontrât des hommes si ignorants de la navigation qu’ils prissent ce fardeau pour une aile de moulin à vent. […] « Et c’est aussi la mer où, dans les premiers siècles de l’erreur chrétienne, alors que le règne de la sainte nature finissait et que commençait celui de l’ascétisme cruel, le patron d’une barque africaine entendit des voix dans l’ombre, et l’une d’entre elles rappeler et lui dire : “Le grand Pan est mort !