Si l’homme est esclave et la femme patricienne (ou vice versa), cela, bien entendu, n’en vaut que mieux. […] » Au quatrième acte et au dernier, c’est l’émulation pour souffrir ; entendez pour souffrir dans son corps, et quelles tortures ! […] N’entends pas ! PONTICUS N’entends pas ! […] N’entends pas !
2º En quel sens convient-il d’entendre l’antinomie ? […] L’antinomie peut, en second lieu, être entendue dans un sens objectif. […] Au reste, ces deux sortes d’esprits ne peuvent guère s’entendre, ni se convaincre. […] Mais comment entendre cet individualisme ? Nous écartons d’abord bien entendu l’individualisme sociologique de M.
De plus faibles, de plus jeunes, de plus expansifs, après lui, ont senti le besoin de se rallier ; de s’entendre à l’avance, et de préluder quelque temps à l’abri de cette société orageuse qui grondait alentour. […] il est bien entendu qu’on a dit Ah ! […] Il leur importe donc beaucoup de ne se livrer que discrètement à la faveur, d’avoir toujours en eux, dans le silence et la solitude, une portion réservée où ils entendent leur propre conseil, et de se redresser aussi par le commerce d’amis éclairés qui ne soient pas poëtes. […] André Chénier, que les poëtes de nos jours ont si justement apprécié, ne l’entendait pas ainsi. […] * * * * * Vagliami ’l lungo studio e ’l grande amore Che m’ lian fatto cercar lo tuo volume ; Tu se’ lo mio maestro, e ’l mio autore…, sans doute il nous est trop charmant de le lui dire, et il ne doit pas lui être indifférent de l’entendre.
J’ai entendu dire à des Russes spirituels qu’il y a dans M. […] La douleur du père, son indifférence aux bruyantes orgies de la setch qu’il entend à peine gronder autour de lui, ses courses solitaires à la chasse, où il oublie de décharger son arme et où il passe des heures assis près de la mer, sont décrites avec une énergique vérité. […] Il jeta un regard sur les siens leva une de ses mains au ciel, et dit à haute voix : « — Fasse Dieu que tous les hérétiques qui sont ici rassemblés n’entendent pas, les infidèles, de quelle manière est torturé un chrétien ! […] L’on n’entendait pas un cri, pas une plainte, même lorsque les bourreaux commencèrent à lui briser les os des pieds et des mains, lorsque leur terrible broiement fut entendu au milieu de cette foule muette par les spectateurs les plus éloignés, lorsque les jeunes filles détournèrent les yeux avec effroi. […] entends-tu tout cela ?
Un passage de Tite-Live le donne à entendre. […] L’académicien, auquel il est bien glorieux d’avoir succédé à tant de grands hommes dans l’emploi d’historiographe de France, se flatte d’avoir mieux entendu Tite-Live. […] Les premiers mots qu’on entend font évidemment sentir que tout est fiction ; & les acteurs parlent avec des tons si extraordinaires, si éloignés de la vérité, qu’on ne peut pas s’y méprendre. » On réfuta Riccoboni. […] « On les voit marcher, parler tout autrement que nous, & avoir une contenance tout-à-fait extraordinaire. » Il rapporte qu’il se trouve à Paris des personnes si révoltées d’une pareille déclamation, qu’elles aiment mieux renoncer au spectacle que d’y aller entendre déclamer à contre sens. […] Si vous ne l’aimez pas, garder cet effet, & vous n’entendrez jamais parler de celui qui vous l’envoie.
Ce sera l’honneur de la critique d’avoir protégé et défendu, obstinément, cette illustre artiste ; tant sur la fin de sa vie elle avait peine à se défendre contre les impatients qui se fatiguent d’entendre dire : — « Aristide est juste », — ou bien : « Mademoiselle Mars est la plus grande artiste de son temps ! […] — Et cependant voyez-la sourire encore, entendez-la parler, de cette voix divine qui sait le chemin de tous les cœurs ; voyez-la se parer avec cette science naturelle que tant de femmes ont rêvée ! […] Chacun se dit tout bas : C’est peut-être la dernière fois que je vais l’entendre ! […] On vient, tout exprès chez cette beauté à la Mode, pour la voir, tout exprès pour l’entendre ; elle, de son côté, elle ne songe qu’à montrer beaucoup d’esprit et un charmant visage ; quant au cœur, peu lui importe ! […] Pour nous, nous ne pouvons que parler de ce que nous avons vu et entendu.
qu’on me permette de le dire avec le respect que l’on doit au prêtre : les idées du monde moderne ont passé souvent à travers son esprit, digne de la vérité, et que la théologie — la théologie comme l’entendait saint Thomas d’Aquin — a sauvé et au besoin sauverait encore. […] en effet, excepté Démosthène, vrai comme l’amour de la patrie et l’intérêt bien entendu de son État, que reste-il d’un peuple qui passait pour le plus éloquent de tous les peuples ? […] Il est des gens qui n’entendent point ce mot de moraliste, qui exprime pourtant de si grandes choses. […] Je ne crois pas que la chaire catholique, à aucune époque de son retentissement, ait entendu des paroles plus étrangement profondes et plus hardies sur la passion et le sens dépravé de l’homme. […] Lacordaire sur ceux qui l’ont entendu et qui le liront.
Ces sortes d’injures partent d’ordinaire d’une passion imprudente, et qui n’entend pas ses propres interêts. […] Comment l’entend-il ? […] J’entends qu’on me récuse pour cette exposition. […] Si on l’entendoit ainsi, on retomberoit dans les inconvéniens que j’ai déja marquez. […] Des soldats frappez de la perte, et qui périssent à milliers, sont-ils bien consolez d’entendre dire, qu’on aimeroit mieux qu’ils ne périssent pas.
Entends-tu bramer les biches amoureuses ? […] On entend chanter les gouttières. […] On entend chanter les moissonneurs. […] J’entends bruire ses étoiles. […] Voici nos gens : je les entends sur le palier.
Je m’entends, et j’espère qu’on m’entend, lorsque je déclare préférer les Contemplations ailées de Victor Hugo aux Odes rampantes de Lebrun-Pindare. […] Les parnassiens, que ce soit entendu, vinrent à leur heure ; leur œuvre était nécessaire. […] Le symboliste pense directement et le symbole ne devient qu’une manière détournée et pourtant nécessaire de se faire entendre. […] Que cela soit bien entendu. […] J’entends par son tout moi le Verstand et le Vernunft allemands réunis.
Nous ne l’avons pas entendu. […] Ventura l’a-t-il fait entendre ? […] … On sourit presque en l’écrivant : c’est la décentralisation comme l’entend M. […] La décentralisation dont il parle aujourd’hui est peut-être, en sachant l’entendre, une vue qui a sa justesse, mais elle n’a, dans l’économie des postulations du publiciste, ni la grosseur, ni la toute-puissante efficacité qu’il lui attribue. […] L’imagination nous le fait entendre : « Plantez, Sire, les racines de vos enfants dans le cœur de tous les foyers domestiques.
Très peu d’esprits ont le loisir et la faculté de tout lire, d’avoir présents au même instant à la pensée les différents termes de comparaison, et de ne se décider qu’après examen et toutes pièces vues, toutes parties entendues. […] Voilà à quoi sert un Mentor homme d’esprit qui parle à demi-mot à qui sait entendre. […] On a pu la comparer au duc de Bourgogne, sauf les grossièretés, bien entendu, et pour les inégalités seulement. […] Je n’ose pas parler devant lui depuis que je l’ai entendu à un cercle reprendre déjà pour une petite faute de langue la pauvre Clotilde qui ne savait où se cacher. […] J’ai, sans faire semblant d’écouter, entendu dire sur cette Cour des choses curieuses : on fait foule comme chez une princesse ; elle fait cercle, on se précipite, et elle dit un petit mot à chacun.
Chacun de nous peut entendre mentalement un air, et, en certains cas, l’image est bien voisine de la sensation. […] On sait que Mozart, ayant entendu deux fois le Miserere de la Sixtine, le nota tout entier de mémoire. […] « J’entendis une fois, dit Lieber, un prédicateur, homme de couleur, décrire les tourments de l’enfer. […] À peine au lit, il entend la même voix et les mêmes paroles sortir de la pendule. […] « J’entendais constamment des voix de femmes qui disaient : Est-ce malheureux, ce pauvre garçon !
Pour bien répondre à la question comme je l’entends, il est bon de se reporter un peu aux antécédents de l’écrivain et de parcourir le volume où il vient de recueillir quelques-uns des travaux de ces vingt ou trente dernières années. […] Sans se donner pour un savant et pour un connaisseur de profession, sans aller au raffinement ni se préoccuper d’archaïsme, il exprime son sentiment en homme qui s’y entend, qui a beaucoup entendu et comparé. […] mais, peu à peu, le retour de ces mélodies monotones vous pénètre et vous imprègne en quelque sorte, et pour peu que des souvenirs personnels un peu tristes s’y ajoutent, vous vous sentirez pleurer sans songer seulement à juger, à apprécier ou à apprendre les airs que vous entendez. […] Après avoir entendu le Credo de la messe du Sacre, vous direz : Voilà un puissant compositeur ! […] C’est de son journal, ne l’oublions pas, qu’est sorti ce premier appel si prompt, si vite entendu, ce cri précurseur qui a préparé l’opinion publique à la revendication de la Savoie22.
Aujourd’hui on n’entend plus vivre Paris. […] J’entends le sifflement de plusieurs obus. […] Devant le passage Jouffroy, je suis surpris d’entendre des cris : À bas la Commune ! […] Vous entendez la scène. — Allons, vingt-cinq. » Le père se calme, tend la main, et file. […] » entends-je répéter aux boutiquiers, encore tout épeurés de la danse de leurs vitres.
Il y a encore en lui l’artiste amateur qui, dans les genres à la mode qui passent, en saisit un, l’essaie, s’y exerce, s’y déploie et y réunit peut-être plus qu’il n’ose croire : c’est ainsi que M. de Rémusat a fait, depuis près de trente ans, plusieurs drames historiques, philosophiques, qui enlevèrent les applaudissements du monde d’élite qui en entendit la lecture, et dont l’un au moins, le drame d’Abélard, obtiendrait, j’en suis certain, le suffrage du public des lecteurs, si l’auteur se décidait à le publier. […] En entrant il s’entendit appeler, et il alla s’asseoir aux pieds du roi. […] J’entends dire quelquefois, et depuis quelques mois, que tout s’abaisse, que tout se ternit autour de nous. […] Il y a longtemps que j’entends ces plaintes sur la décadence, et jamais je ne les ai entendues plus véhémentes qu’il y a au moins quinze années, quand un homme que nous honorions tous disait à qui voulait l’entendre : « L’abaissement éclate de toutes parts. » En parlant ainsi, en s’exprimant avec une énergie si absolue, M. […] Évitons ces retours, du reste bien naturels, de l’humeur, et mettons notre pensée plus haut, reprenons notre influence dans une sphère plus sûre, j’entends celle des lettres sérieuses et pratiquées dans leur véritable esprit.
Il en appelle des jugements courants : il veut juger par lui-même, entendra les œuvres de Wagner, et les siffler— ou les applaudir — en connaissance de cause. La représentation des drames wagnériens en France est universellement demandés : ceux qui ont été les entendre à l’étranger veulent les réentendre ; ceux qui les ignorent veulent être édifiés ; M. […] Et puis il y a de simples curieux, de ceux qui prenaient les eaux à Carlsbad, à Marienbad ou à Franzensbad et qui, dans l’intervalle de leur cure, débarquent ici afin de pouvoir dire : « J’ai entendu Parsifal à Bayreuth », et ils décriront le bizarre endroit. […] Albert Bataille a été entendre six fois, je crois, les quatre drames de la Tétralogie. […] Les Parisiens pourraient donc entendre Lohengrin et le Hollandais Volant, qui font partie du répertoire de la troupe américaine.
Entendez-vous leurs éclats de rire ? […] Le mot s’entend tous les jours : « Ah ! […] J’entends rester dans la littérature. […] Je dis blanc, on entend noir. […] J’entends un créateur.
Elle est inadmissible si l’on entend par là quelque chose qui diffère selon les mots et dont il y a autant de variétés distinctes et par la nature et dans la durée que la conscience sépare de groupes d’images ; en d’autres termes, si par la pensée on entend l’ensemble des pensées particulières qui se succèdent dans l’esprit. […] Ceci nous permet de comprendre ce qu’on entend par un esprit bien fait et par une pensée nette. […] On dit généralement que les idées particulières ne sont point nommées ; mais il faudrait s’entendre sur le sens du mot particulières. Le soleil, par exemple, a un nom dans toutes les langues ; entendons-nous par là un être physique individuel, ou le genre commun d’une série d’apparitions éphémères ? […] A qui n’est-il pas arrivé, devant un spectacle de la nature, de s’entendre dire par un ami : « Vois-tu ?
Nous entendons par là que cette représentation contient moins les images elles-mêmes que l’indication de ce qu’il faut faire pour les reconstituer. […] Le long de la démonstration vue ou entendue nous avons cueilli quelques suggestions, choisi des points de repère. […] Partant alors de ces représentations, nous les déroulons en mots imaginés qui viennent rejoindre et recouvrir les mots lus ou entendus. […] Non moins instructives sont celles de Bagley sur l’audition de la parole ; elles établissent avec précision que nous n’entendons qu’une partie des mots prononcés. […] Nous nous rendons bien compte alors que les sons distinctement entendus nous servent de points de repère, que nous nous plaçons d’emblée dans un ordre de représentations plus ou moins abstraites, suggéré par ce que notre oreille entend, et qu’une fois adopté ce ton intellectuel, nous marchons, avec le sens conçu, à la ren contre des sons perçus.
Et puis les raisons, dès qu’on se prêtait à les entendre, ne manquaient pas. […] Le bon abbé, dans cette condamnation où l’on ne voulut pas l’entendre, n’eut pour lui, au scrutin secret, qu’une seule voix, celle de Fontenelle. […] Le marquis d’Argenson était un disciple en tout du bon abbé, et qui ne s’ennuyait jamais de l’entendre. […] Il n’entend rien à Colbert et ne lui tient nul compte des grandes et patriotiques entreprises qu’il eut l’adresse de faire adopter au jeune roi pour l’honneur de la nation. […] Un jour qu’il venait d’entendre Mme de Talmont une femme du monde qui parlait bien et pensait peu : « Mon Dieu !
Sa splendeur, à lui, sort de lui-même, comme la splendeur des Séraphins, qui sort d’eux, et qu’il aurait rappelés, si un jour il n’était pas descendu de son étoile pour faire de la politique pratique, à laquelle il n’entendait absolument rien… Et il le savait ! […] … Et encore, quand je dis son œuvre à lui seul, entendez-moi bien ! […] voilà pourquoi j’aurais voulu l’entendre mieux dans ce livre de M. […] — non l’homme d’action, qui ne le serait pas pour l’Histoire, si on l’entendait quand il s’agit d’un si grand poète, et si sa voix pouvait rivaliser avec cette grande voix ! […] Il vous parlera, par exemple, de la « sainteté dans le tumulte » (c’est un tumulte, politique, bien entendu).
Mon Dieu, vous les avez entendues, vous les aurez exaucées. […] Ne t’entendrai-je pas, comme on dit que quelquefois on entend les morts ? […] Valentino n’en approche pas pour le charme : Valentino où j’entendais pourtant quatre-vingts musiciens et du Beethoven. […] c’était bien un rossignol que j’ai entendu ce matin. […] Quand je dis opéras, je n’en ai jamais ouï, seulement entendu des ouvertures sur les pianos.
Car ils m’avaient entendue, en s’approchant aux pas lents des bœufs, pendant que je jouais les dernières notes de ma litanie de douleur et d’amour, toute seule devant la niche du pont. […] C’est ce que je fis, monsieur, jusqu’à ce qu’un bruit singulier, que je n’avais jamais entendu auparavant, montât du bas de la cour de la prison jusqu’à la meurtrière qui me servait de fenêtre, et que ce bruit me fît me dresser sur mes pieds, comme en sursaut, quand on se réveille d’un mauvais rêve. […] On eût dit que la zampogne m’entendait, elle se gonfla comme d’elle-même au premier mouvement de mon bras, et le chalumeau se trouva, sans que j’y eusse seulement pensé, sous mes doigts. […] Mais au moment où mes genoux touchaient terre, monsieur, voilà qu’un lourd bruit de chaînes qu’on remue monte d’en bas jusqu’à la lucarne, et qu’une faible voix, comme celle d’un mineur qui parle aux vivants du fond d’un puits, fait entendre distinctement, quoique bien bas, ces trois mots séparés par de longs intervalles : Fior d’Aliza, sei tu ? […] lui répondis-je, toute rouge de l’idée qu’elle allait peut-être me proposer la place du gendre qui venait de la quitter, et pensant à toutes les occasions que j’aurais ainsi de voir, d’entendre et de servir celui que je cherchais.
Voilà le mot que je voulais entendre. […] Je n’entends pas cela. […] Aussi n’entends-je rien au procédé de M. […] Peut-être n’y entendra-t-il rien. […] par Dieu, vous n’y entendez guère.
Il s’entendait à pressurer son monde. […] J’en atteste le Christ, je n’en aurai nul chagrin. » Rodrigue entendit cela ; il commença de parler : « Vous avez mal fait, seigneur, de vous récuser ; car je serai toujours votre fils, et le fils de ma mère. […] Il est piquant, dans ce récit à sa louange, de l’entendre se proclamer par sa propre bouche Mon Cid. […] » « Le roi, quand il eut entendu cela, commença à parler ainsi : « Oh ! […] Le roi l’ayant entendue parle ainsi, faisant la critique du sexe en moraliste : « Je l’ai toujours entendu dire, — et je vois à présent que cela est la vérité, — que le sexe féminin était bien extraordinaire.
Qu’est-ce que j’entends donc par morale ? […] Or, la morale d’intérêt personnel, d’intérêt bien entendu, c’est la morale de La Fontaine. […] La solidarité et la bonté, c’est déjà une morale, c’est déjà quelque chose qui nous détache de l’intérêt personnel, même bien entendu. […] En somme, c’est la morale de l’intérêt bien entendu, du véritable intérêt bien entendu, qu’a soutenue La Fontaine, et non pas une autre et presque jamais une autre. […] Une petite fille de quatre ans, de qui sa mère commençait l’éducation intellectuelle et morale, entend sa mère lui lire, avec des explications, bien entendu, et éclaircissements du texte, entend sa mère lui lire la Cigale et la Fourmi.
Pour décider cette question, autant du moins que nous sommes à portée de la décider, il faut d’abord fixer ce qu’on entend ou ce qu’on doit entendre par l’harmonie d’une langue ; il faut examiner ensuite en quoi peut consister par rapport à nous l’harmonie des langues mortes, et surtout de la langue latine, qui de toutes les langues mortes nous est la plus familière et la plus connue. […] Car l’harmonie est proprement le plaisir qui résulte de plusieurs sons qu’on entend à la fois, la mélodie est celui qui résulte de plusieurs sons qu’on entend successivement ; or ce qu’on appelle harmonie d’une langue, est le plaisir qui résulte de la suite des sons dans un discours fait en cette langue ; on ferait donc mieux de donner à ce plaisir le nom de mélodie. […] Cependant on entend les gens sans se fâcher, et j’oserai prendre, avec votre permission, la liberté de vous dire mon petit avis. […] J’ai entendu quelquefois regretter les thèses de philosophie qu’on a autrefois soutenues en grec dans quelques collèges de l’Université ; j’ai bien plus de regret qu’on ne les soutienne pas en français. […] Mais chacun entend comme il peut ses intérêts.
Vernet Que ne puis-je pour un moment ressusciter les peintres de la Grece et ceux tant de Rome ancienne que de Rome nouvelle, et entendre ce qu’ils diraient des ouvrages de Vernet ! […] S’il suscite une tempête, vous entendez siffler les vents, et mugir les flots ; vous les voyez s’élever contre les rochers et les blanchir de leur écume. […] Qui est-ce qui entend la perspective aérienne mieux que cet homme-là ? […] J’entendis un spectateur d’un de ces tableaux qui disait à son voisin : Le Claude Lorrain me semble encore plus piquant ; et celui-ci qui lui répondit : D’accord, mais il est moins vrai.
Une notice préliminaire, à la fois instructive et élégante, met le lecteur au fait de tout ce qu’il doit savoir pour se plaire tout d’abord dans cette bonne compagnie, pour en entendre à demi-mot les allusions et les badinages habituels, pour en connaître les principaux personnages et tous les entours. […] Ce n’est pas le pire pour elle ; j’entends résonner à mes oreilles le fer, les papillottes ; il est trop chaud… Quel ajustement madame mettra-t-elle donc aujourd’hui ?… Cela va avec telle robe… Angélique, faites donc le tocquet ; Marianne, apprêtez le panier (vous entendez bien que c’est la suprême Tintin qui ordonne ainsi). […] J’entends le tambour ; les chaises de mon antichambre sont culbutées ; ce sont les officiers suisses qui se précipitent dans la cour. […] J’entends d’ici la petite-fille qui dit : La grand-maman a raison, il semble qu’elle ait mon expérience !
Il n’est pas difficile, après une vie longue, quand on a entendu tout le monde et vu les dénouements, de venir faire, à propos de chaque personnage célèbre, une espèce de compilation de jugements, une cote tant bien que mal taillée, et de la donner sans y mettre le relief et la façon. […] Car ce qu’il entendait, lui, avec le grain de sel, d’autres ne l’entendraient pas ainsi et iraient donner tout droit dans les crudités. […] Delécluze est à la fois récompensé et puni dans le neveu qui lui est échu ; mais le premier sentiment l’emporte, et il me semble l’entendre se dire avec orgueil : « C’est pourtant là un œuf que j’ai couvé ! […] Habituellement plongé dans ses méditations, ce n’était qu’en certaines occasions, lorsqu’il entendait exprimer des idées et des sentiments contraires aux siens, que cet homme, qui habituellement paraissait végéter plutôt que vivre, s’animait et parlait quelquefois avec une véhémence qui allait jusqu’à l’emportement. […] Bien entendu que c’était à Mlle Amélie qu’il songeait.
J’ai eu l’honneur de connaître beaucoup autrefois l’abbé Lacordaire ; je ne l’ai jamais revu ni entendu depuis sans être touché de sa parole, sans être pénétré de son accent. […] Lacordaire qui effraie aisément, quand on en isole quelques traits et qu’on n’en veut entendre que certains éclats. […] L’éloquence de l’abbé Lacordaire est toute remplie de ces jaillissements de sensibilité qui ressemblent à des aveux, et après lesquels ceux qui l’entendent sont moins rebelles sur les raisons. […] J’en ai entendu une autre dans laquelle je n’ai retrouvé aucun de ces tons aigus, et bien plutôt un correctif où chacun avait sa part. […] Érasme, si élégant écrivain qu’il fût, n’était pas du tout un académicien dans le sens où l’entend l’orateur ; il était de ceux qui aiment les lettres, mais non la phrase.
Un homme entendu à tout, voilà Perrault. […] Perrault n’entend pas la poésie. Il ne l’entend pas, et pourtant il jette à ce propos mille pensées fort neuves, fort spirituelles, et que la science critique a depuis plus ou moins exploitées ; il a des ouvertures imprévues et heureuses. Il entend donc certaines parties du moins de la poésie ; mais ce qui en est le fond et la fin il ne l’entend pas. […] Quant à M. et à Mme Dacier, ils n’y entendaient pas raillerie.
De plus, nous entendons et nous vérifions les descriptions minutieuses que les grands écrivains nous font des sentiments les plus compliqués et les plus particuliers. Donc, dans la psychologie comme dans la chimie, en décrivant les caractères des faits et leurs circonstances, les observateurs pourront s’entendre, s’instruire et se contrôler. […] Mais lisons-les en naturalistes, amateurs de faits ; voici ce que nous répondrons : « La sensibilité s’épanouit. » Nous n’entendons pas cela. […] Parfois les naturalistes lisent la description d’une plante dans un poète scolastique ; impossible de l’entendre. […] Jouffroy entend cet agrément de la sensation proprement dite et de toutes les idées suggérées par elle.
Un poète plus mûr et plus grand que Musset, venait de mettre l’Espagne à la mode par quelques fantaisies andalouses où l’on croyait entendre grincer les guitares sous les balcons aux lueurs de la lune de Séville. […] On voit la porte du bal masqué, on entend la musique folle de la danse, mais dans cette musique il y a un sanglot ; le sanglot demande comme Desdemona un saule pleureur sur une tombe. […] Autour de moi criait cette foule railleuse Qui des infortunés n’entend jamais les cris. […] Croira-t-on que ce frère en sensibilité et en poésie qui passait à côté de moi dans la foule du siècle ne fut ni aperçu, ni reconnu, ni entendu par moi dans le tumulte de ma vie d’alors ? […] La rivière large et trouble d’hiver roulait entre nous ; j’entendais pour tout bruit gronder les flots de la Seine ou tinter les réverbères des deux quais aux rafales des nuits.
Les arts mécaniques sont stationnaires par l’ignorance des ouvriers ; ils dégénèrent par leur intérêt mal entendu. […] Poussé plus loin, ils ne l’entendraient pas. […] Rien de plus commun que d’entendre, sans hésiter, Homère et Virgile, et que d’être arrêté à chaque phrase dans Thucydide ou Tacite. […] Mais entend-on Démosthène, ses Philippiques, ses autres discours, sans être instruit des lois, des usages et de l’état de la République, lorsqu’il parut ? […] Je ne sais même comment le peuple romain l’entendait.
Est-il aisé, par exemple, de dire ce qu’on entend par amor Dei ? […] Il est impossible que l’organe de la parole fasse entendre la voyelle avant l’aspiration. […] C’est donc de l’hiatus qu’il faut entendre ce que M. du Marsais a écrit sur le bâillement. […] Tel est le sens d’Horace, comme la suite de l’ode le donne nécessairement à entendre. […] On ne peut l’entendre que des choses passées ou présentes à l’égard du moment où l’on parle.
Il entend à ravir, et sans y trop insister, toute cette diablerie naïve des sens chez les amoureux de dix-sept ans. […] Le capitaine entend de grands bruits du côté de la haute mer comme si une grosse flotte arrivait à force de rames, et la terre, d’un autre côté, lui paraît tout en feu. […] J’ai entendu citer avec éloge un portrait de Louis XV, qui est au chapitre x du second volume. […] Savez-vous de quelle façon j’entends la suite de ces chapitres dans l’œuvre de Janin ? […] Mais j’entends se récrier un sage : Où est la nécessité de venir peindre Mlle Déjazet ?
On croirait, à les entendre, que nous sommes les premiers à avoir enseigné l’art d’écrire. […] Entendez simplement qu’il a voulu condenser en vingt chapitres les principes essentiels de l’art du style. […] Ils crient au scandale et ne veulent rien entendre : « Procédés ! […] Brisson entend par le rythme. […] Je n’entends rien, selon lui, à la littérature, ni à la critique, ni au roman ; mes œuvres sont nulles et mes théories ridicules.
Cent ans après Ciceron, Quintilien trouvoit déja cette déclamation si remplie de tons effeminez et si lascive, qu’après avoir décidé qu’il faut faire apprendre la musique aux enfans, il ajoute, qu’il n’entend point dire qu’il faille leur faire prendre le goût de la musique, qui de son temps regnoit sur la scéne. […] Ce saint ne voulut point, suivant l’apparence, qu’on entendît à l’église les tons propres et fréquens au théatre. […] Enfin il est devenu necessaire que le joüeur d’instrument qui doit donner des tons si difficiles à prendre, passât souvent d’un endroit de la scéne à l’autre, afin que les tons qu’il donneroit fussent mieux entendus des acteurs quand il seroit plus proche d’eux. […] Pline le jeune qui avoit été disciple de Quintilien, écrit à un de ses amis qu’il a honte de lui raconter ce qu’avoient dit les orateurs qu’il venoit d’entendre, et de l’entretenir des diminutions de voix efféminées, dont leur déclamation étoit remplie. […] artificium hoc periit, disoit-il, après avoir entendu plaider de jeunes gens.
Non, non, ne craignez rien ; cependant si je prenais la liberté de vous aborder avec des vers semblables à ceux que vous venez d’entendre, je ne vous conseillerais pas, pour votre honneur, de vous montrer si difficile. […] Mais pour ces images surannées qui ne font que répéter ce qu’on a entendu cent fois, voilà, je vous l’avoue, ce qui est fastidieux à mourir. […] J’avoue pourtant qu’ils ont quelque raison d’avoir de l’humeur : ils entendent dire de tous côtés, les vers m’ennuient ; et dès qu’il en paraît de bons, ils voient que tout le monde les lit avidement. […] J’entends ; mais qu’est-ce qui fait, selon vous, que des vers méritent d’être retenus ? […] Pour nous réconcilier parfaitement, je voudrais bien vous faire entendre quelques fables qui me paraissent devoir être tout à fait de votre goût, et où la philosophie la plus éclairée, la plus utile, la plus pleine de sentiment, se trouve jointe à la poésie la plus agréable2.
I Je ne sais si c’est un Appel aux femmes que les femmes entendront, mais je sais bien que c’est un appel au Public. Pour que le Public l’entende mieux, cet appel, l’auteur, qui (dit-on) est une femme, et qui, en fait de sonorité de talent, n’est peut-être encore qu’une guimbarde, a trouvé deux obligeantes trompettes pour faire, autour de son livre, le rassemblement. […] Il souhaite que le monde les entende et qu’elles fassent coup, non seulement en France, mais en Europe. […] En grâce, Mesdames, ne vous mêlez pas de convertir. » Mais femme qui fait des livres n’entend à rien, et tous les curés du monde y perdraient leur latin et la sagesse de leurs conseils. […] Mais l’effréné bas-bleu entend peut-être que les femmes soient prêtresses, comme les hommes sont prêtres.
Dans les dialogues de Ciceron sur l’orateur, Crassus un des interlocuteurs après avoir dit que Laelia sa belle-mere prononçoit uniment et sans affecter des accents trop fréquens et trop marquez, ajoute : lorsque j’entens parler Laelia, je crois entendre joüer les pieces de Plaute et celles de Noevius. […] C’est sans distinguer ces sons qu’on les entend tous. à quelques termes près ce passage se trouve encore dans Macrobe. […] Quoiqu’il en soit, supposé qu’il fallut entendre le terme de chanter au propre, quand il s’agit du chant des choeurs, il ne s’ensuivroit pas qu’il fallut entendre ce mot dans la même acception où il s’agit des recits.
Antonio ne pouvait pas aussi bien voir sa fille à cause du voile qu’il a sur ses pauvres yeux ; mais quand il entendait les éclats de sa voix, à la fois tendre, joyeuse et argentine, comme les gouttes de notre source, quand elles résonnent en tombant des tiges d’herbes dans le bassin, il croyait entendre sa pauvre défunte, ma sœur. […] Il y en aura toujours assez long et assez large pour recouvrir mes pauvres os quand j’irai rejoindre au ciel la céleste mère de Fior d’Aliza, à qui je pense toujours quand j’entends sa voix si claire dans les lèvres de l’enfant ! […] L’avocat noir, mince et râpé, avec sa plume au chapeau, que mon fils Hyeronimo avait vu et entendu en guidant les pèlerins, l’année précédente, avec le capitaine des sbires, était auprès d’eux. […] — Je ne serai jamais que la fille de ma mère, la sœur ou la femme d’Hyeronimo, dit-elle entre ses dents ; et elle se sauva vers son cousin, qui n’avait rien entendu. […] si Hyeronimo vous entendait comme je vous entends, père !
Un capucin venait tous les matins, à l’aube du jour, dire la messe pour tous les prisonniers ; ils l’entendaient, à travers la porte ouverte, chacun, de sa lucarne ouvrant sous le cloître ; cela les consolait de voir et d’entendre qu’on priait du moins pour eux ; c’était moi qui servais la messe du capucin, armée d’une petite sonnette de cuivre qu’on m’avait appris à sonner à l’élévation ; c’était moi qui lui versais le vin et l’eau des burettes dans le calice. […] s’écria-t-il en se rapprochant de moi comme pour mieux entendre. […] Enfin, monsieur, c’était une désolation dans le cachot, où l’on entendait plus de sanglots et de jappements que de paroles. […] La dernière fois qu’elle passa devant les barreaux, je ne pus pas me retenir, et je dis à demi-voix, de manière qu’elle m’entendît sans que les autres puissent m’entendre : — Fior d’Aliza, que veux-tu de nous ? […] Le bargello et sa femme ne s’étonnèrent pas de voir nos yeux rouges, eux qui sont habitués à entendre des sanglots du cœur dans leur puits, comme nous autres à entendre le sanglottement de l’eau dans les sources.
Suite des Réflexions sur la poésie, et sur l’ode en particulier La pièce qui a mérité le prix, et les fragments que le public vient d’entendre de plusieurs autres, ont échappé avec honneur au naufrage d’environ soixante autres odes que l’académie a vu périr avec regret, sans pouvoir en sauver les débris. […] Les poètes, par exemple, ont ouï dire qu’on désirait aujourd’hui de la philosophie partout ; que le public n’entendait point raison sur ce sujet ; qu’il était las de mots, et voulait des choses. […] Ne vous amusez point à la décrire, on ne vous entendrait qu’imparfaitement ; montrez la machine même. […] C’est sans doute parce qu’il portait au plus haut degré le mérite de l’expression et du nombre ; deux choses dont l’effet devait être très grand dans une langue riche et musicale comme celle des Grecs, mais dont le prix est fort affaibli pour nous dans une langue morte, que nous ne savons pas prononcer et que nous entendons mal. […] Elle n’a pas eu lieu de s’en repentir ; et le public, par ce qu’il vient d’entendre et d’applaudir avec justice, peut juger des espérances et des ressources qui lui restent.
Émerveillé de ce qu’il venait d’entendre, il fit, au sortir de là, un article intitulé le Théâtre d’Athènes. […] Villemain de bonne heure entendit causer et causa. […] Il alla un jour l’entendre à une des conférences de l’École normale. […] M. de Chateaubriand entendit M. […] Villemain, et paraissait s’entendre avec lui sur la mesure des renouvellements et le maintien de l’art.
Là les plus habiles professeurs voient chaque jour la foule des étudiants se presser pour les entendre et recueillir le fruit de leurs doctes leçons. […] Et d’abord, qu’entendons-nous par examen critique ? […] Andrieux étaient à la mode : on voulait entendre M. […] madame, sa voix n’a qu’un son monotone : « On dirait, à l’entendre, une cloche qui sonne. […] On prétend « Que c’est avec plaisir qu’à la chambre on l’entend.
» L’oreille aussi refusa toute assistance « C’est moi qui entends, récrimina-t-elle et c’était toujours cette présomptueuse qui se targuait d’avoir entendu ! […] A tout instant on l’entendait dire : je suis allée ici ; je me suis rendue là.
Il faut qu’ils entendent dès maintenant la défense avant d’entendre, un jour ou l’autre, les réquisitoires. […] Et puis j’entends M. […] Quelques-uns se scandalisaient d’entendre dire à M. […] Oui, il a entendu la voix du Très-Haut tout à l’heure. […] Dumas fils s’entend à la réclame et au boniment !
Sans doute, si vous entendez par moi la force qui pense, qui veut et qui a la conscience nette, lucide et réfléchie de toutes ses sensations, vous arriverez à l’isoler à peu près complètement des autres forces que vous supposez dans les divers organes ; mais encore, comme vous ne pouvez nier que dans l’homme, tel qu’on l’entend communément, corps et âme, il n’y ait une certaine unité, il s’ensuivra qu’en nous le je ne sais quoi nécessaire qui unit le moi tel que vous l’entendez dans un sens restreint, et les autres forces des divers organes, est le moi supérieur, le vrai moi, l’homme réel et vivant : que devient alors votre dualité ? […] Ils font d’abord abstraction des sens extérieurs et ne s’en tiennent qu’aux sens intérieurs : et parmi les sens intérieurs, ils font aussitôt abstraction de tous ces sens lointains, épars, obscurs bien que réels, qui président sourdement, et dans la profondeur des organes, à la nutrition de l’individu et aux fonctions reproductives ; ils oublient le murmure confus, continuel et fondamental de tous ces sens intimes qu’unit une seule et même vie ; ils ne s’adressent qu’à un ou deux sens cérébraux, plus particulièrement affectés à la conscience distincte et à la réflexion ; et réfugiés là dedans, dédaigneux du reste, alta mentis ab arce, ils n’entendent plus, ils ne sentent plus, ils ne reconnaissent plus tout leur être. […] Jouffroy dit : « À l’exception de la cause que nous sentons penser et agir en nous, toutes les autres causes échappent à notre observation. » Et par le fait d’agir, il n’entend pas l’action réelle, l’activité qui se produit, mais simplement l’intention, le désir d’agir ; ce qui mutile encore et appauvrit la cause. […] Les chrétiens nous ont donné une représentation fidèle du moi tel qu’ils l’entendaient, dans le spectacle de ces saints reclus, murés entre quatre murs sur les places publiques, et recevant par une ouverture leur pain de la pitié des passants.
On lit dans Quintilien, si je l’entends bien, qu’il ne faut pas qu’une mesure emprunter sur l’autre ; mais que celui qui bat la mesure a la liberté d’en presser ou d’en rallentir le mouvement. […] Dites-moi aussi les vers que je vous entendis chanter un soir : j’en ai bien retenu les nombres, mais j’en ai oublié les paroles. […] La premiere, c’est que Quintilien n’entend point ici parler des professeurs en éloquence, qu’il désigne par d’autres noms dans ses institutions. […] Il entend par là les acteurs qui prononcent, et les instrumens qui les accompagnent. […] Toutes les convenances portent à croire que c’étoit cet homme-là qui battoit avec le pied une mesure dont le bruit devoit se faire entendre de tous ceux qui devoient la suivre.
Pour préciser les idées, disons d’abord ce que nous entendons par individu et par société. Par société nous entendons non pas seulement l’État, mais l’ensemble des cercles sociaux de toute sorte auxquels peut participer un individu, ainsi que les relations complexes où il se trouve engagé par suite de cette participation. […] Il est utile également d’indiquer ce que nous entendons par individu.
Cela est fatigant, plus que je ne saurais dire, de vous entendre crier sans fin et sans cesse, les uns et les autres : — « Molière ! […] À peine si on la daignait regarder, si on consentait à l’entendre. […] » Voilà qui est bien parler, et que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre. […] On les voulait voir, on les voulait entendre, on les voulait aimer. […] J’ai entendu demander, plusieurs fois, à quoi ressemblait le salon de Célimène ?
Je ne prends pas les intérêts de ma paresse, car La Fontaine l’a définie un peu mieux, bien entendu, que je ne pourrais le faire. […] Il est entendu que l’on a attribué beaucoup d’actes de distraction, beaucoup défaits de distraction à La Fontaine, beaucoup plus que, en réalité, il n’y en a eu, cela est clair. […] Pour être tout à fait sérieux, il y a plusieurs formes de moralité, il y a plusieurs manières d’entendre la moralité, et, par conséquent, il y a plusieurs morales. […] J’entends par le sens domestique, par la sensibilité domestique, j’entends cette sensibilité qui s’étend aux ascendants, aux descendants et aux présents ; j’entends cette sensibilité qui s’attache à la personne que l’on a aimée, oui, mais aussi à ceux qui vous ont mis au monde et à ceux qui peuvent sortir de vous. […] Vous le connaissez du reste en partie, parce que vous avez été entendre le Molière de M.
J’étais comme un musicien inné à qui l’on ferait entendre pour la première fois un instrument à vent ou à cordes, où ses mélodies intérieures prennent tout à coup une voix réelle. […] Elle remplit la gorge d’un bruit tantôt caverneux, tantôt gai comme le gazouillement de milliers d’oiseaux invisibles qui empêche le voyageur de s’entendre. […] J’y entendais le rossignol darder dans la nuit taciturne ces notes tantôt éclatantes, tantôt plaintives, qui semblent avoir, dans une seule voix, toutes les consonances de la joie et de la tristesse de la nature. […] Le soldat et le poète s’entendirent au premier mot. […] Ce petit prologue, prononcé avec l’accent d’un homme qui annonce une bonne nouvelle à son auditoire et qui fait entendre plus qu’il ne dit, réveilla tout à coup notre attention.
« Entendez-vous ? […] Je ne pouvais plus voir ; mais j’entendis pleurer. […] Et la multitude ne l’entend pas ; elle répond : Je ne te comprends point ! […] Voilà qui est bien entendu. — Le devoir et la raison le disent. […] n’entendez-vous pas le bruit des pistolets solitaires ?
Cependant les idiomes modernes, tels quels, étaient nés, ils étaient sortis de leurs langes et faisaient de toutes parts leurs vives et gaies enfances, leurs premières jeunesses ; le commun des gens, le peuple, avait besoin de drames à lui, avait faim de spectacles également dévotieux et émouvants, qu’il entendît, dans lesquels il intervînt et eût sa large part. On avait déjà commencé de la lui faire dans les drames farcis : on appelle ainsi de petits drames dans lesquels, par égard pour l’auditoire et le populaire qui n’entendait pas le latin, on consentait, à introduire une part de français. […] Les indications scéniques, les avis aux acteurs sont encore en latin, ce qui suppose qu’ils l’entendaient et qu’ils étaient clercs, plus ou moins prêtres. […] Et non-seulement lui, mais que tous les personnages soient également exercés à parler comme il convient, et qu’ils fassent le geste en rapport avec la chose dont ils parlent ; et que dans les rythmes (les vers) ils n’ajoutent ni ne retranchent une syllabe (cet avis du xiie siècle n’aurait-il pas bien pu s’adresser encore à plus d’un tragédien ou d’une tragédienne que nous avons entendus ?) […] Puis on entend un nouveau chant du chœur, le verset latin de la Bible qui se rapporte à cette entrée dans le Paradis terrestre.
Mill l’entend et à l’objet vrai tel que M. […] » pour que l’on entende : « Quel faible penseur ! […] Brunetière entend par la critique impersonnelle. […] Bien entendu, c’est contestable. […] On n’abstrait point sans être attentif, bien entendu ; maison n’est pas attentif sans abstraire, voilà ce qu’il faut entendre aussi.
Ce n’est pas qu’il en ignore les préceptes : les Réflexions qu’il a publiées à la tête de ses Discours choisis, prouvent qu’il les connoît & qu’il en sent la nécessité ; mais les Discours qui les suivent & les Sermons que nous lui avons entendu prêcher, ne prouvent pas qu’il possede les qualités & qu’il ait rempli les devoirs d’un Orateur Chrétien véritablement éloquent. […] Plus ambitieux de plaire que de toucher, d’étaler des connoissances que de convertir, il n’a absolument rien d’énergique, rien qui soit senti : on croit entendre un Dissertateur bel-esprit, plutôt qu’un Orateur pénétré de son sujet, & jaloux d’en pénétrer les autres. […] Tel est du moins le jugement qu’ont porté de cet Orateur les gens de goût & impartiaux, qui l’ont lu ou entendu.
Griffin fait grandir ses riches tulipes sont ouverts à tous librement et vastes, vastes comme la vie ; et du milieu de leur étendue en fleurs lorsqu’il nous appelle, nous obéissons à cette voix entendue près de nous et qui peut toujours nous parler de nous. […] Celle de M. de Régnier diffère infiniment de celle-ci ; pourtant, — outre la sympathie, — elles ont toutes deux, sinon au même degré, au moins une qualité commune : la « santé », par laquelle je n’entends pas précisément ce qu’appelle ainsi, dans Pro Arte, M. […] Elle n’a pas sonné, ici, dans ta tristesse Il me semble l’entendre ailleurs et dans ta joie Et plus l’obscurité de la chambre est épaisse, Mieux il me semble qu’en la clarté je te voie. […] Si l’on entend par personnalité l’originalité interne, foncière d’un artiste, laquelle se trahit en révélant une nuance de la Beauté, certes M. […] Non seulement pour l’action du drame et le cadre où elle se meut ; mais tels détails comme le sang du dragon qui fait entendre les oiseaux, l’histoire de la Peur, etc… Siegfried lui-même est enfant du génie populaire et peut s’affronter avec Tiehl Uylenspiegel par exemple.
et j’entends celle d’Aristote, continuée par saint Thomas. […] On ne s’entendra pas, on ne communiquera pas, on ne communiera pas. […] Théâtre pour l’élite, entendu : pour elle d’abord. […] Elle avait aussi de la bonne humeur ; elle entendait la saine plaisanterie. […] Si l’auteur parle une langue suffisamment claire, il ne peut pas ne pas être entendu.
Il y a dans Werther un passage qui m’a toujours frappé par son admirable justesse : Werther compare l’homme de génie qui passe au milieu de son siècle, à un fleuve abondant, rapide, aux crues inégales, aux ondes parfois débordées ; sur chaque rive se trouvent d’honnêtes propriétaires, gens de prudence et de bon sens, qui, soigneux de leurs jardins potagers ou de leurs plates-bandes de tulipes, craignent toujours que le fleuve ne déborde au temps des grandes eaux et ne détruise leur petit bien-être ; ils s’entendent donc pour lui pratiquer des saignées à droite et à gauche, pour lui creuser des fossés, des rigoles ; et les plus habiles profitent même de ces eaux détournées pour arroser leur héritage, et s’en font des viviers et des étangs à leur fantaisie. […] C’est un plaisir singulier de l’entendre librement discourir sur tout ce qu’il voit et ce qu’il sent, avec abandon, naïveté, complaisance, et quelquefois, s’il en a le temps, et si le caprice lui vient, avec art et curiosité. La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué. […] mon amie, ne faisons point de mal ; aimons-nous pour nous rendre meilleurs ; soyons-nous, comme nous l’avons toujours été, censeurs fidèles l’un à l’autre. » « Je disais autrefois à une femme que j’aimais et en qui je découvrais des défauts (madame de Puisieux) : Madame, prenez-y garde ; vous vous défigurez dans mon cœur : il y a là une image à laquelle vous ne ressemblez plus. » Dans une lettre, Diderot raconte comment il est tout occupé de la philosophie des Arabes, des Sarrasins et des Étrusques ; puis il s’écrie avec un élan de tendresse incomparable : « J’ai vu toute la sagesse des nations, et j’ai pensé qu’elle ne valait pas la douce folie que m’inspire mon amie, j’ai entendu leurs discours sublimes, et j’ai pensé qu’une parole de la bouche de mon amie porterait dans mon âme une émotion qu’ils ne me donneraient pas. […] C’est en vain qu’elle tendra les mains au ciel et qu’elle appellera sa mère ; le ciel ni sa mère ne l’entendront plus ; ses cris seront perdus dans la forêt ; personne ne viendra qui la délivre du satyre ; et quand le satyre l’aura surprise une fois aux environs de sa demeure, elle y retournera pour être surprise encore.
Mais aussi personne n’a soutenu que nous fussions libres, dans des conditions données, d’entendre telle note ou d’apercevoir telle couleur qu’il nous plaira. […] Or, cette préformation peut s’entendre dans deux sens très différents, et c’est précisément ici que l’équivoque commence. […] Or, il est évident que le rapport de causalité, entendu de cette seconde manière, n’entraîne pas la détermination de l’effet par la cause. […] C’est pourquoi toute conception claire de la causalité, et où l’on s’entend avec soi-même, conduit à l’idée de la liberté humaine comme à une conséquence naturelle. […] Mais ou ces mots perdent toute espèce de signification, ou l’on entend par là que les mêmes causes internes ne provoqueront pas toujours les mêmes effets.
Dans un fragment d’instruction adressée par elle aux maîtresses de iNoisy, on distingue déjà tout l’esprit moral et chrétien qui sera celui de Saint-Cyr : Qu’on leur fasse entendre ce qu’on leur dit et ce qu’on leur lit. […] Son sexe en particulier est fait pour obéir, elle le sait : aussi la raison qu’elle recommande tant et sans cesse n’est point du tout un raisonnement ni une enquête curieuse ; gardez-vous de l’entendre ainsi. […] Elle applique cela même à la lecture de l’écriture sainte : « Nous ne devons en savoir les termes, disait-elle à une des maîtresses, qu’aufant qu’il le faut pour l’entendre. […] Ta voix, — son faible et doux et fervent accent d’adieu, que j’entends encore vibrer à travers la tempête de l’agonie comme une brise expirante ; — oh ! […] si ton amour enseveli ne me dit pas qu’il m’entend, quelle voix puis-je attendre de la terre ?
On entend donc successivement sur elle, et s’adressant à elle-même dans une suite de lettres confidentielles, M. de Montmorency, M. […] Tous ceux qui ont écrit sur lui l’ont loué ; je le crois bien : c’était déjà une distinction présumée que de paraître l’entendre. […] Mme Récamier laissa à d’autres, et à l’ami même que l’on vient d’entendre, le soin de consacrer son souvenir ; elle ne fit point ce qu’aurait souhaité M. […] Et ici il faut bien s’entendre et ne pas demander au rédacteur des mémoires sur Mme Récamier de dire plus ni autrement qu’il n’y avait en réalité. […] La plupart de ces anecdotes que nous lui avons entendu raconter ont trouvé place dans les présents volumes ; je les y reconnais, et je crois l’entendre.
Ici encore il faudrait s’entendre. […] Tel goguenard poursuit : Entendez-vous tout ce qu’écrit Mallarmé ? […] J’entends et j’adore Le Tombeau d’Edgar Poë, Le Placet, Le Phénomène futur, Le Nénuphar blanc, Le Don du poème, toutes les proses assemblées dans le livre des Pages. […] Or, je l’ai dit et le répète : Quiconque n’entend pas Verlaine ne peut pas entendre Theuriet. […] France, qui parle à merveille et entend de même : mais, pardieu, il n’est de pire sourd que…
Le peintre entend de ses propres oreilles le mépris de son talent ; le bruit des sifflets va droit à celles de l’acteur, au lieu que l’auteur a la consolation de mourir sans presque s’en douter ; et lorsque vous vous écriez de dépit : la bête ! […] Est-ce qu’ils n’ont pas entendu dire à leurs côtés : fi ! […] Elle sera seule dans les ténèbres ; elle entendra autour d’elle les soupirs de cent amans heureux, son cœur et ses sens s’enflammeront des plus ardens désirs, elle appellera les malheureux à qui elle a fait concevoir tant de fausses espérances ; aucun d’eux ne viendra, et elle aura les mains liées sur le dos.
— On parlait un jour de fermage, d’aménagement de terres ; il disait qu’il allait partir pour les siennes : Ballanche lui demanda s’il s’y entendait : « Comment si je m’y entends, mon cher ami ! répliqua-t-il ; mais je m’y entends divinement ! […] Car, quand je dis sonate, j’entends une sonate de plus en plus assortie et appropriée. […] C’est la plus délicate des flatteries : il s’y entend. […] Fais ton œuvre, poursuis comme sans entendre, et pourtant aie en toi l’aiguillon d’avoir entendu.
Contentons-nous d’examiner le principe, laissant à chacun le droit de juger, comme il l’entend, des conséquences. […] Les sceptiques eux-mêmes ne l’ont point entendu ainsi. […] Par exemple, si je déclare qu’il fait jour en plein midi, ce n’est pas sans doute pour l’avoir entendu dire ou pour me conformer à l’opinion reçue, mais parce que je le vois par moi-même. […] Quant aux autres, qui contestent le sens de ce texte, comment leur fermerait-on la bouche avec ce texte même, qu’ils entendent autrement ? […] Combien donc ne faudra-t-il pas de temps jusqu’à ce que cet instrument des instruments, j’entends la raison, soit assez cultivé et perfectionné pour être manié par tous les hommes !
n’a-t-il pas aussi une âme pour entendre, pour être sensible ? […] Qu’ai-je besoin d’entendre sa voix par la bouche de tel Monarque ? […] Mais, j’entends crier autour de moi : les Grecs, les Grecs !.. […] Je n’entends point ici la création de mots nouveaux. […] Il est inutile d’exposer des raisonnemens à un vieillard ; il ne les entend pas, il ne peut plus les entendre.
La Solidarité Discours prononcé à la distribution des prix du lycée Charlemagne, le 31 juillet 1894 Messieurs et jeunes camarades, Vous venez d’entendre un excellent discours. Il vous reste à entendre le mien, et j’en suis bien fâché pour vous : mais, pendant que nous vous tenons encore, nous ne voulons vous lâcher que dûment chapitrés et bien munis de sagesse pour vos vacances. […] de première classe), vous aurez maintes occasions d’être secourables aux pauvres gens, de faire payer pour eux les riches, de réparer ainsi, dans une petite mesure, l’inégalité des conditions et d’appliquer pour votre compte l’impôt progressif sur le revenu Notaires (car il y en a ici qui seront notaires), vous pourrez être, un peu, les directeurs de conscience de vos clients et insinuer quelque souci du juste dans les contrats dont vous aurez le dépôt Avocats ou avoués, vous pourrez souvent par des interprétations d’une généreuse habileté, substituer les commandements de l’équité naturelle, ou même de la pitié, aux prescriptions littérales de la loi, qui est impersonnelle, et qui ne prévoit pas les exceptions Professeurs, vous formerez les cœurs autant que les esprits ; vous… enfin vous ferez comme vous avez vu faire dans cette maison Artistes ou écrivains, vous vous rappellerez le mot de La Bruyère, que « l’homme de lettres est trivial (vous savez dans quel sens il l’entend) comme la borne au coin des places » ; vous ne fermerez pas sur vous la porte de votre « tour d’ivoire », et vous songerez aussi que tout ce que vous exprimez, soit par des moyens plastiques, soit par le discours, a son retentissement, bon ou mauvais, chez d’autres hommes et que vous en êtes responsables Hommes de négoce ou de finance, vous serez exactement probes ; vous ne penserez pas qu’il y ait deux morales, ni qu’il vous soit permis de subordonner votre probité à des hasards, de jouer avec ce que vous n’avez pas, d’être honnête à pile ou face Industriels, vous pardonnerez beaucoup à l’aveuglement, aux illusions brutales des souffrants ; vous ne fuirez pas leur contact, vous les contraindrez de croire à votre bonne volonté, tant vos actes la feront éclater à leurs yeux ; vous vous résignerez à mettre trente ou quarante ans à faire fortune et à ne pas la faire si grosse : car c’est là qu’il en faudra venir Hommes politiques, j’allais dire que vous ferez à peu près le contraire de presque tous vos prédécesseurs, mais ce serait une épigramme trop aisée. […] Vos professeurs de philosophie vous ont exposé la théorie selon laquelle la morale se confondrait avec l’intérêt bien entendu.
Marsolleau, levé, quittait sa pipe, et récitait d’une voix dolente des vers charmants : MOI J’ai dans mon sang le sang des époques hautaines, Je suis le petit-fils des marquises lointaines Et des trouvères blonds, de grâce revêtus, Qui passaient — de châteaux en châteaux attendus Par le rêve espérant des vierges amoureuses — Et puis disparaissaient par les routes ombreuses, Comme un chant qui s’éteint que l’on n’entendra plus. […] Par contre, Fernand Icres, miné de phtisie malgré ses fortes apparences, faisait entendre un chant vaillant. […] Il y avait la poétesse Marie Krysinska, pâle et myope, et sa fidèle Denise Ahmers, pensive et recueillie puis, mêlé à quelques apprentis de lettres, le chœur des inspiratrices discrètes, essuyant, patiemment, ce flux intarissable d’éloquence, à quoi elles tâchaient de s’intéresser, par bienséance, comme les dévotes écoutent, aux offices, le latin qu’elles n’entendent point. […] On juge de quel air ahuri les tenants de ce système entendaient Moréas se réclamer de Maurice Scève, Lemaire des Belges et Tailhade réciter, tout d’une haleine, des fragments latins de Claudien et des paragraphes entiers de Rabelais.
« Quand je dis : “rimez faiblement”, je m’entends, et je ne veux pas que ma concession signifie : rimez mal. […] dans ses chansons si musicales, en dehors, bien entendu, des airs charmants qu’il y adaptait, rime faiblement : Ô mon amante, Ô mon désir, Sachons cueillir L’heure charmante. […] Et Paul Verlaine finissait par laisser entendre qu’à son avis, rimer mal ou assoner était une marque d’impuissance. […] Entendons-nous.
Aussi, un général plein de bonnes intentions m’a un jour assez clairement fait entendre que je devrais faire comme Schiller. […] On parlait de l’obscurité de ses poésies, qui est telle que ses compatriotes eux-mêmes ne l’entendent pas. […] — L’entendez-vous ? […] Quand j’entends maintenant un chant, je peux dire de quel oiseau il vient. […] Celui qui les entend et ne croit pas à Dieu, à celui-là Moïse et les prophètes ne serviront à rien.
Oui, ses envieux, ses jaloux, et ce troupeau de Béotiens qui se fatiguent d’entendre appeler Aristide : le juste ! […] eut grand peine à se faire entendre ; on n’entendait ce soir-là, ou pour mieux dire, on ne voyait que mademoiselle Mars, attirant à elle toute l’attention, toutes les sympathies. […] Quelle fête c’était à la voir dans ce double événement, et quelle fête c’était de l’entendre ! […] Vous l’entendez ! […] On la voulait voir, on la voulait entendre ; absente, on demandait : Où est-elle ?
— « Entendu ! […] … Je me tournais de ce côté… j’en entendais par là et puis par là… et par là encore ! […] lui dit-il je t’entends.
C’est entendu. […] Tu entends. […] — J’entends. […] — J’entends. […] Guérassime ne pouvait les entendre.
Est-ce que, d’autre part, il alla faire ce que j’ai entendu, un juge délicat, mais purement spiritualiste. […] Elle se plut de bonne heure aux entretiens de ce frère poëte d’imagination et de nature : « Il m’était si doux de t’entendre, de jouir de cette parole haute et profonde, ou de ce langage fin, délicat et charmant que je n’entendais que de toi ! […] Ce matin.j’ai vu un beau ciel, le marronnier verdoyant, et entendu chanter les petits oiseaux. […] À la voir aimer ses enfants, on sent qu’il manque cette nature aimante d’être mère ; on croit entendre le murmure du cœur, le gémissement des entrailles ! […] Puis il m’a fait descendre ma guitare qui pend à la muraille pour voir ce que c’était ; il a mis sa petite main sur les cordes, et il a été transporté de les entendre chanter
Elle n’avait pas besoin de parler pour qu’on lui soupçonnât de l’esprit, mais aucune femme que j’aie entendue ne parlait avec plus de pureté et d’élégance. […] Rousseau : et, quand je l’entendis, l’illusion fut encore plus complète. […] Elle avait été liée d’assez bonne heure avec Linguet, le maître de Mallet, et avec bien des Genevois de sa connaissance ; il l’avait vue à Paris à l’œuvre, sur le théâtre de l’action, et il eût été curieux de l’entendre motiver ce jugement si plein, mais trop sommaire. […] cet homme qui a vécu en pleine tourmente, au milieu des Jacobins, qui a entendu tous les jours Danton, Robespierre, les fait parler dans le style élégamment délayé de la tragédie classique du troisième ordre : c’est une troisième décoction de Campistron. […] » Vous l’entendez : se peut-il plus nobles accents ?
Est-ce que saint Joseph voudrait nous faire entendre, le bon saint, qu’à l’amour trop pressé il ne reste rien à prendre ? […] dit l’enfant ; n’entends-tu pas chanter l’orfraie sur le clocher ? […] Quand il arrive au refrain : Les chemins devraient fleurir, etc., et que, cessant de déclamer, il chante, toutes les larmes coulent ; ceux même qui n’entendent pas le patois partagent l’impression et pleurent. […] Sitôt qu’on entend, dans l’été, le joli zigo, ziou, ziou des cigales sautilleuses, le jeune moineau s’élance et déserte le nid où il a senti venir des plumes à ses ailes. […] Lafon a l’extrême obligeance de nous communiquer, vient à l’appui pour nous montrer que le poëte populaire entend peu la question comme la voudraient poser les critiques érudits, et qu’il n’est pas, comme il s’en vante presque, à la hauteur du système.
Il y a le monde des hommes de lettres et des artistes, et le monde des financiers, et le monde de la haute bourgeoisie, et le monde académique, et le demi-monde, non pas au sens où on l’entend à présent, mais tel que l’a défini M. […] L’écrivain — j’entends celui qui par vocation observe les hommes et transcrit ses observations — peut se jouer à lui-même la comédie de la passion. […] Ce qu’elles voient, ce qu’elles entendent, ce qu’elles devinent, la vie qu’elles mènent, toutes les impressions qu’elles reçoivent les façonnent singulièrement, agissent sur elles de deux manières presque contradictoires. […] Rabusson veut-il nous faire entendre qu’aux heures mêmes où son héros déploie, le plus de volonté, il subit encore des impulsions irrésistibles et cachées et reste passif en pleine action ? […] A les entendre, nul n’eût supposé que cette femme allait se mettre hors la loi, que tous deux allaient se mettre hors l’honneur Que pèsent, à ces heures-là, les systèmes complets de morale à l’usage des esprits philosophiques ?
M. d’Orléans est cloué sur son livre et dit qu’il veut être sage ; mais M. d’Angoulême sait plus que les autres et fait des choses qui sont autant à estimer prophéties que enfances, dont, Monseigneur, vous seriez ébahi de les entendre. […] Car il est bien entendu qu’on ne dira que des histoires vraies et non inventées à plaisir : on se contentera, quand il le faudra, de déguiser les noms des pays et des gens. […] Le caractère de la conversation comme nous l’entendons en société, et ce qui la distingue chez les modernes, c’est que les femmes y ont été admises ; et c’est ce qui fait qu’au Moyen Âge, aux beaux moments, dans certaines cours du Midi, en Normandie, en France ou en Angleterre, il a dû y avoir de la conversation charmante. […] De tout temps, les honnêtes femmes ont dû écouter et entendre plus de choses qu’elles n’en disent ; mais le moment décisif et qui est à noter, c’est celui où elles ont cessé de dire elles-mêmes ces choses inconvenantes, et de les dire au point de les fixer ensuite par écrit sans songer qu’elles manquaient à une vertu. […] Vous ne faites rougir personne, Et tout le monde vous entend.
Il est plus facile encore, sans doute, de s’entendre sur la numération. […] Qu’on veuille bien remarquer que, sauf le cas d’élision, cet élément, l’e muet, ne disparaît jamais même à la fin du vers ; on l’entend fort peu, mais on l’entend. » Il a fallu citer ce passage pour montrer combien l’analyse des sons est difficile puisqu’un poète tel que M. […] L’e muet à la fin du vers, « on l’entend fort peu, mais on l’entend ». En effet, — et on l’entend même, nous l’avons expliqué plus haut, quand il n’est pas figuré ; on l’entend dans mol, dans seuil, dans trésor, dans impair, dans nef, dans jamais, dans désir, etc., — mots identiques pour la prononciation finale à : molle, feuille, encore, impaire, greffe, ivraie, désire, etc. […] Ils virent les nefs dorées s’amarrer à l’aval du pont où veillent les statues de saints, puis ils virent l’eau couler et les hommes passer, dans les chaudes clairières, sous le soleil d’été les fées et les lutins qui leur baisaient les seins, et ils entendirent le cor enchanté par les forêts en source et les fleurs des taillis.
Vous allez l’entendre. […] Mais ces gens, qui se moquent de la gloire de la nation, des progrès et de la durée de l’art, de l’instruction et de l’amusement publics, n’entendent rien à leur propre intérêt. […] J’en ai entendu, moi qui vous parle, un de ces hommes, le dos appuyé contre la cheminée de l’artiste, le condamner impudemment, lui et tous ses semblables, au travail et à l’indigence ; et croire par la plus malhonnête compassion réparer les propros les plus malhonnêtes, en promettant l’aumône aux enfants de l’artiste qui l’écoutoit. […] Il faut entendre les cris d’une famille honnête, lorsqu’un enfant entraîné par son goût se met à dessiner ou à faire des vers. […] Si vous leur disiez que c’est un être tout à fait idéal, ils ouvriraient de grands yeux, ou ils vous riroient au nez ; et ces derniers seraient peut-être des artistes plus imbécilles que les premiers, en ce qu’ils n’entendraient pas davantage qu’eux, et qu’ils feroient les entendus.
Le Maître lui avait écrit en termes exaltés des mérites et des beautés de sa fiancée future, elle essayera de l’entendre, — de supposer qu’il l’entend de l’épouse du Cantique des cantiques, de la seule épouse spirituelle digne de ce nom, de l’Église : Mais en écrivant, ceci, je relis votre lettre, et, comme me réveillant d’un profond sommeil, j’entrevois je ne sais quelle lumière au milieu de ces ténèbres, et quelque chose de caché et de mystérieux dans des paroles qui paraissent si claires et si communes. Je commence à douter que cette histoire de vos amours que vous me racontez si au long, sans considérer que je n’ai point d’oreilles pour entendre ce discours, ne soit une énigme tirée des paraboles de l’Évangile où l’on fait si souvent des noces, particulièrement une où il n’y a que les vierges qui soient appelées. […] Mlle Pascal avait un certain talent, ou du moins une grande facilité pour les vers : la mère Agnès, plus rigide qu’à elle n’appartient, lui écrit : « Vous devez haïr ce génie, et les autres qui sont peut-être cause que le monde vous retient ; car il veut recueillir ce qu’il a semé » ; et elle lui cite en exemple sainte Lutgarde, « qui refusa le don que Dieu lui avait fait d’entendre le psautier ». […] Il apprit le latin fort tard, à cinquante ans, et assez pour entendre l’office. […] Assurément la mère Agnès connaissait Mme de Sévigné et l’avait entendue causer, puisqu’un jour que cette aimable femme était venue au couvent de la Visitation de la rue Saint-Jacques où se trouvait alors reléguée la mère Agnès par ordre de l’archevêque, et avait demandé à la voir sans en obtenir la permission, la recluse et prisonnière écrivait à l’oncle : « J’aurais beaucoup perdu du fruit de ma solitude si j’avais eu l’honneur de voir Mme de Sévigné, puisqu’une seule personne qui lui ressemble tient lieu d’une grande compagnie. » Cette religieuse, on le voit, connaissait son monde ; causer en tête à tête avec Mme de Sévigné, c’était posséder plusieurs femmes d’esprit à la fois.
Toujours est-il que, dans les bons temps, l’art de vivre, comme l’entendent les modernes, n’a été poussé nulle part ailleurs comme à Paris. […] Un spirituel écrivain, qui entendait très bien la matière, M. […] On y va voir et entendre ce qu’on n’a plus le temps de lire. […] La vraie surveillance théâtrale, telle que je l’entends, devrait s’exercer comme de concert avec le public honnête, et l’avoir de moitié pour collaborateur. […] Voilà le genre de surveillance que j’entends et qu’il me paraît impossible de ne pas admettre dans une loi qui veut durer.
— Un hurlement se fait entendre, vos joues sont couvertes de pleurs. […] Un spectre parut devant mes yeux, et j’entendis une voix comme un petit souffle108. » Il y a là beaucoup moins de sang, de ténèbres, de larves que dans Homère ; mais ce visage inconnu et ce petit souffle sont en effet beaucoup plus terribles. […] On croit entendre les soupirs du vent dans la tige du jeune olivier. […] » Alors les larmes lui tombant des yeux, il éleva fortement sa voix, qui fut entendue des Égyptiens et de toute la maison de Pharaon. […] Il les appelle auprès de lui : car s’il a élevé la voix assez haut pour être entendu de toute la maison de Pharaon, lorsqu’il a dit, je suis Joseph, ses frères doivent être maintenant les seuls à entendre l’explication qu’il va ajouter à voix basse : ego sum, Joseph, frater vester, quem vendidistis in Ægyptum : c’est la délicatesse, la générosité et la simplicité poussées au plus haut degré.
D’ailleurs, comme nous l’avons déja dit, c’est souvent sur la foi d’autrui que les hommes adoptent le systême qu’ils enseignent ensuite, et la voix publique qui s’explique en sa faveur, n’est ainsi composée que d’échos répetans ce qu’ils ont entendu. […] Ainsi le poëme qui a plû à tous les siecles et à tous les peuples passez est réellement digne de plaire, nonobstant les défauts qu’on y peut remarquer, et par consequent il doit plaire toujours à ceux qui l’entendront dans sa langue. […] En vain nous auroit-on repeté cent et cent fois durant l’enfance que l’éneïde charme tous ses lecteurs, nous ne le croirions plus si elle ne nous plaisoit que médiocrement, quand nous sommes devenus capables de l’entendre sans secours. […] Ces peuples si differens les uns des autres par la langue, par la religion et par les moeurs, se sont réunis dans le sentiment de veneration pour Virgile, dès qu’ils ont commencé à se polir, dès qu’ils ont été capables de l’entendre. […] Toutes les personnes qui entendent les poësies des anciens, tombent d’accord dans le nord comme dans le midi de l’Europe, dans les païs catholiques comme dans les protestans, qu’ils en sont plus touchez et plus épris que des poësies composées dans leur langue naturelle.
Elle aidera à mieux entendre ce qui me reste à dire sur le partage de la déclamation entre le gesticulateur et le chanteur. […] C’est que leurs théatres étant très-vastes et sans voûte ni couverture solide, les comédiens tiroient un grand service du masque qui leur donnoit le moïen de se faire entendre de tous les spectateurs, quand d’un autre côté ce masque leur faisoit perdre peu de chose. […] Je hazarderai ici une conjecture toute nouvelle, et qui peut donner l’intelligence d’un passage de Pline mal entendu jusques ici ; c’est que les anciens après s’être servi d’airain pour incruster les masques, y emploïerent ensuite des lames fort minces d’une espece de marbre. […] Ceux qui récitent dans les tragedies, dit notre poëte, se couvrent la tête d’un masque de bois, et c’est par l’ouverture qu’on y a ménagée, qu’ils font entendre leur déclamation ampoulée. […] Mais nous en sçavons encore assez pour concevoir que les anciens tiroient un grand service des masques qui mettoient les comediens en état de se faire entendre sur des théatres sans couverture solide, et où il y avoit plusieurs spectateurs qui étoient éloignez de douze toises de la scéne où l’on récitoit.
J’entends désigner ici la beauté apparente aux sens, et non la beauté purement spirituelle. […] Nous avons entendu les fidèle à de Rossini accueillir les drames lyriques de Wagner par cette phrase caractéristique : « Cela n’est pas de la musique » ; qui niera cependant que Wagner ait enrichi le domaine de l’expression musicale ? […] Nous avons entendu John Ruskin poursuivre de ses plus amères railleries l’industrie moderne toute entière et proscrire, au nom du Moyen-âge, notre machinisme et notre civilisation. […] Il est bien entendu d’ailleurs qu’ignorant de la technique de cet art, je ne ferai qu’exposer, sans prétention aucune, mon sentiment sur son évolution actuelle. […] Renouveler l’ensemble est la marque du grand artiste, et je ne puis m’empêcher ici de songer à Richard Wagner qui, tout en fondant le drame musical, entendait réformer, suivant son tempérament propre, tous les arts qui s’y rattachent, animés du même souffle que l’œuvre principale, incomplète sans eux.
Les philosophes voyageaient pour venir l’entendre ; les princes étaient curieux de le voir ; et les oracles, dans les temples, lui rendaient les mêmes hommages qu’aux rois. […] Dieu l’entendit, et sauva son armée. » Nous avons déjà vu que Valens était cruel ; et comme tous les hommes il porta son caractère dans la religion. […] tu vas entendre un orateur libre et vrai, même en te louant, un orateur qui ne dira pas un mot dont son front ait à rougir ; et plus bas : « Je vous atteste tous, ô vous qui marchez dans la même carrière que moi ! […] dit-il ailleurs, pardonnez-moi, si le désir que l’empereur témoigne de m’entendre, m’inspire peut-être un noble orgueil ; il se lasse d’entendre le langage de la vérité, et il permettra plutôt au guerrier de cesser de combattre, qu’au philosophe de se taire. » Dans un discours à Théodose, il rappelle le jour ou cet empereur, prêt à partir pour l’Occident, lui confia son fils en présence du sénat et du peuple. […] Dans le même temps Procope se révolta ; bientôt maître de Constantinople et de presque tout l’Orient, il offrit au philosophe dans les fers, sa liberté, ses biens et des honneurs, s’il voulait se déclarer pour lui : le philosophe refusa ; Thémiste ne manque pas de faire valoir à l’empereur ces refus généreux ; il le compare à Socrate : « Condamné, dépouillé de ses biens, accablé sous les chaînes, on ne l’a pas même entendu se plaindre ; que dis-je !
Il y a, à la vérité, un signe où elle reconnaît les grands hommes, et il n’est peut-être pas bien exact de dire que tous les objets soient égaux devant l’indifférence de sa curiosité ; Molière est mille fois plus intéressant à ses yeux que Cyrano de Bergerac, Pradon ou Boursault : « Plus un poète est parfait, dit-elle, plus il est national ; plus il pénètre dans son art, plus il a pénétré dans le génie de son siècle et de sa race ; la hauteur de l’arbre indique la profondeur des racines465. » Quoi qu’il en soit, l’école historique, je dis l’école historique idéale, à la considérer dans l’unité et la pureté de sa doctrine, annule la critique littéraire au sens où le langage a toujours entendu le mot de critique, puisqu’elle ne juge pas, ne blâme ni ne loue. […] On est confondu de la petitesse des jugements qu’on entend prononcer tous les jours. […] Que faut-il entendre par ce mot : perfectionnement du goût ? […] Sans définir les mots d’art et de science (ce dont il faut se garder, si l’on veut s’entendre soi-même et se faire entendre), on peut dire qu’entre la science et l’art il y a cette différence que, dans l’une les gens médiocres peuvent rendre d’utiles services, au lieu que dans l’autre ils ne font rien qui vaille.
Entendez-vous ce qu’il jargonne ? […] Samson ne l’entendrait pas. […] Il a peut-être ses raisons pour vouloir que nous ne l’entendions pas… CORCOVIZZO. […] Quant à toi, maître, compte les coups un à un, à haute voix, qu’on t’entende ; et garde-toi bien de commettre, une erreur dans le compte, car il faudrait recommencer. […] Maintenant partout où je m’adresse pour en découvrir une bonne, j’entends dire : celle-ci a fait ceci, cette autre a fait cela.
C’est un plaisir que de l’entendre raisonner sur les horribles agitations d’un certain pays qu’elle connaît bien… (la cour)… c’est une plaisante chose que de l’entendre causer sur tout cela… Nous parlons très souvent de vous. […] On l’entend sortir des appartements de Versailles. […] Madame de Sévigné, qui connaissait Cottin et ne le méprisait pas, ne se serait pas réjouie d’entendre la lecture du rôle de Trissotin par Molière, si c’eut été Cottin que ce rôle représentât. […] Aimé Martin ; le premier, c’est qu’en 1672, le duc de La Rochefoucauld invita madame de Sévigné à venir entendre chez lui une comédie de Molière , comédie qui ne pouvait être autre que Les Femmes savantes, publiée au mois de mai de cette année ; le second, c’est que madame de Sévigné écrit elle-même à sa fille, dans le même temps, qu’elle a ménagé au cardinal de Retz, retenu chez lui par la goutte, la lecture des Femmes savantes, par Molière, et Le Lutrin de Despréaux.
On n’avait pas encore entendu cette voix-là, en français, dans cette langue baptisée avec Clovis et débaptisée avec Voltaire. […] Mais d’athée convaincu, nous n’en connaissions pas qui écrivît des vers de cette mortelle désespérance : Aussi, dans quelque lieu que je porte mes pas, L’ennui marche avec moi ; si, dans la nuit en fête, Les étoiles du ciel s’allument sur ma tête, Je me tais, sachant bien qu’elles n’entendent pas. Est-il assez malheureux, cet athée, de n’être entendu ni des étoiles ni de Celui qui est derrière elles !! […] Vous rappelez-vous cette page inouïe de Jean-Paul, dont le sublime transportait madame de Staël, quand, au Jugement dernier, il peint le désespoir des âmes qui auront vécu en Jésus-Christ sur la terre et compté sur le ciel pour prix des plus cruelles vertus, lorsqu’elles entendront une voix sortant des profondeurs de l’Infini, qui criera par tout Josaphat : Vous vous êtes trompés ! […] Eh bien, c’est cette même voix qui circule et qu’on entend dans les poésies de Bouchor, de ce poète athée qui pleure son dieu, comme Hécube pleurait ses enfants perdus, et que son athéisme rend tour à tour morne ou effaré… Seulement, le tableau effrayant de Jean-Paul ne dure que l’instant d’une page, zigzag de feu terrible qui tombe dans le gouffre sans fond du néant et nous éclaire ce trou vide !
Les femmes, auxquelles on s’efforçait de plaire, n’entendaient pas le langage savant. […] Il faut l’entendre lui-même faire la description des lieux, et de ce qu’il y sentit, dans une lettre en vers latins à Barbate de Sulmone. […] On y entend gazouiller toutes sortes d’oiseaux, et on y voit courir des bêtes fauves de toutes espèces. […] On y entend le ramage des oiseaux et le murmure d’un ruisseau qui invite au sommeil. […] Je crois l’entendre me dire, comme le jour de la séparation : Vous ne me reverrez plus sur la terre !
Je ne peux pas chanter très fort, comme vous pensez bien ; mais on peut m’entendre. […] J’entendis ses supplications. — Ayez pitié de lui pour l’amour de mon pauvre enfant ! […] tout juste, si juste qu’on avait entendu son frôlement contre le bois neuf. […] Et pour ce jour-là, entendez-vous, monsieur Tobie ? […] Trois coups de sifflet se firent entendre.
Ce n’est pas l’histoire, mais c’est la matière de l’histoire, j’entends celle des mœurs. […] Soulié, Dussieux, de Chennevières, Mantz, de Montaiglon, qui, par une coalition désintéressée et fraternelle, se sont entendus pour nous donner cette fois, avec l’aide d’une honorable maison de librairie, une édition complète du Journal de Dangeau. […] Ils n’ont pas eu de peine à montrer que Saint-Simon exagère, en les résumant, les défauts du personnage ; nos jeunes auteurs vont trop loin toutefois quand ils font de Saint-Simon un ennemi de Dangeau : on n’est pas ennemi de ceux dont on voit les ridicules, et le seul tort de Saint-Simon est de trop voir et d’être doué par la nature d’un organe qui est comme un verre grossissant, et d’une parole de feu irrésistible : de là tant de portraits ressemblants, outrés, vrais à les bien entendre, et en tout cas ineffaçables. […] Laissons donc Dangeau dresser son procès-verbal comme il l’entend, prenons ses carnets comme ils sont : à nous de faire le choix et de raisonner après coup. […] Entendez-le comme vous voudrez3.
Ilme témoignait de l’amitié parce que j’étais à peu près le seul homme, reçu chez lui, qui entendît bien l’anglais et le parlât au besoin. Il aimait à raconter ses aventures, j’aimais à les entendre, ce qui avait un grand charme pour lui ; car je soupçonne que ce que j’entendais pour la première fois, les gens de sa Cour l’entendaient pour la centième… « Je me souviens de l’impression que me firent les récits du prince ; j’étais étonné de l’entendre parler sans fiel de ses ennemis, et sans reconnaissance pour ses amis : c’était un vrai Stuart. […] Par malheur, ces renseignements nous manquent. » — Mais vous êtes bien curieux, en vérité, mon cher biographe ; ces sortes de renseignements de chambre à coucher et d’alcôve sont difficiles à constater, et quand il éclate un soir des cris tels que ceux qu’on vient d’entendre, c’est déjà bien suffisant pour nous avertir de tout ce qui a dû se répéter souvent, et qu’on ne sait pas. […] On eut besoin au préalable du consentement du grand-duc et de la grande-duchesse, et on l’obtint, en ne les instruisant (bien entendu) que de la première partie du projet. […] Puis je lui parle, et il me semble qu’à sa manière elle m’entende et me sourie, et me dise : « Ne te rassasie pas de me couvrir de baisers ; tu en seras récompensé par ta douce amie, parce qu’autant que j’en ai reçu, elle t’en peut donner, s’il arrive que tu le lui redises en pleurant. » Ainsi parlait l’âpre poète devenu presque suave au moment le plus attendri : Et dans les années suivantes, quand il a été forcé de quitter Rome et de fuir son amie, et qu’il ne l’a pu rejoindre encore dans ce rendez-vous d’Alsace, mais lorsqu’il espère et prévoit que l’heure approche, il s’écrie dans un sentiment savoureux de vengeance et de prochain triomphe : Contre ceux qui l’ont séparé de sa dame (1783) « Qui donc ose m’éloigner de sa vue gracieuse, de la beauté réunie à la modestie, qui, avec son simple et délicieux sourire, nous fait à la fois l’aimer et la révérer !
Byvanck, à qui suffit la comédie humaine, ne va guère entendre des drames. […] M’entends-tu ? […] bien silencieuse, mais plus pénétrante que la musique entendue. […] « Je veux qu’on m’entende bien. […] Sur ce point on commence à s’entendre.
— On n’entend plus rien. […] — Il entendait ? […] — Il a entendu ? […] — Avez-vous entendu ? […] Il n’entendait rien.
J’ai entendu les Maîtres chanteurs à Londres, fort bien interprétés par les chanteurs de Münich et de Vienne et par un orchestre que dirigeait Richter, et l’indifférence des femmes décolletées et des hommes en habit venus là pour la mode, m’a gâté mon plaisir. […] Et ce Livre, où sa double pensée, pleinement, était signifiée, le Livre, ce tout puissant suggestif de l’Idée, ce Livre qui contenait son Œuvre de Poésie et de Théologie, — Wagner le lisait, l’impérieux créateur, et, seul, dans le calme silence de son rêve, parcourant des yeux les pages multiples, et des yeux suivant les Signes, — la lettre, la note et le trait, — il voyait et il entendait, manifestement suggérés par les Signes, vivre en lui, en le merveilleux et suprême théâtre de son Imagination, le drame réel et symbolique. — Peut être, quelques uns, lisant, lisant les partitions d’orchestre, peuvent voir et entendre le Drame musical, ainsi que, tous, nous voyons et entendons, le lisant seulement, le drame littéraire, ainsi que, tous, par la seule lecture, nous suscitons, en notre esprit, les tableaux que le roman décrit ; or, ces quelques uns aussi, lisant, jouiront dans le Livre, sans obstacle et sans divertissement, des splendeurs, magiquement évoquées, du Théâtre Wagnérien idéal ; et, pure vision non troublée par les étrangères matérialités, impudentes ou hypocrites, des salles théâtrales, — en la complète vérité d’un monde imaginatif, le Sens Religieux leur apparaîtra… Le Livre serait le lieu de Représentation, au Drame métaphysique et naturaliste. […] Il est quatre heures ; le Soleil d’été brille, en plein ciel ; par les avenues ombragées, la foule est montée ; on n’entendait que le bruit des pas ; la foule confusément se mêle, errant sur la terrasse d’où l’horizon apparaît immensément. […] Aussi, tes corbeaux, je les entends bruisser : avec le message inquiètement désiré, donc, je les renvoie, les deux, chez toi. […] — « Volez là bas, ô corbeaux : chuchotez à votre Maître ce qu’ici, près du Rhin, vous entendez.
Que de belles, que d’agréables choses j’ai entendues ! […] Tantôt vous auriez entendu traiter les sujets les plus relevés, et tantôt vous auriez entendu rire de grand cœur à l’occasion de quelque conte exquis.
Au bout de quelques instants ils entendirent Ybilis qui rentrait. […] » Ybilis fut grandement surpris d’entendre cette voix. […] Un jour enfin qu’il arrivait près d’un village il entendit un bilakoro174 jouer de la flûte : Et cette flûte disait : J’ai déterré des cadavres vers le Levant Et du côté où tombe le soleil Et nul de ceux-là ne m’a dit « Mère !
Elles ne font entendre qu’un imperceptible gazouillement, semblable aux paroles qu’on balbutie en rêve, comme si ces charmants oiseaux, qui aiment tant la demeure de l’homme, avaient peur de réveiller les enfants encore endormis dans la chambre haute. […] Les murmures, les bruits, les voix du chemin cessent un moment, et à travers ce grand silence on entend la nature muette palpiter de reconnaissance et de piété devant son Créateur. […] La mère de famille descend précipitamment l’escalier raboteux de la chaumière ; on entend résonner ses sabots de hêtre ou de noyer sur les marches. […] Ses deux chiens courants, au poil fauve, qui me connaissaient, venaient se coucher auprès de moi sur l’herbe chaude ; je détachais leurs colliers, pour que le tintement de leurs grelots ne m’empêchât pas d’entendre la lecture ou la conversation des trois amis. […] J’entends encore d’ici, après quarante ans, ces voix à timbres divers résonner dans ce petit amphithéâtre sonore de rochers, qui les répercutait avec la vibration lapidaire d’une voûte souterraine ou d’une eau qui coule dans une profonde cavité.
S’il m’arrivait de pleurer trop fort, on m’entendrait et on me découvrirait. […] J’entendis de nouveau la cloche ; et bientôt un grand silence s’établit. […] » Et en m’endormant, j’entendais longtemps le murmure de l’eau. […] De loin, nous entendions le son du piano. […] Par l’entrebâillement, je pouvais très bien voir, et entendre sans perdre un mot.
Quand je parle d’un discours relevé d’agréments, j’entends celui qui réunit le rythme, l’harmonie et le chant, et quand j’ajoute : séparément selon leur espèce, j’entends que certaines parties n’ont que des vers, tandis que les autres se complètent aussi par le chant et la musique. […] J’entends par les paroles la composition des vers ; et quant à la mélopée, chacun sait assez clairement tout ce qu’elle est. […] « C’est la fable qui est l’imitation de l’action ; et par fable, j’entends le tissu des faits. […] « La fable doit être composée de telle sorte qu’il suffise d’entendre les choses, même sans les voir, pour frissonner et s’attendrir au récit des événements ; et c’est bien ce qu’on éprouve rien qu’à entendre raconter l’histoire d’Œdipe. […] L’histoire de l’âme ainsi entendue est un préliminaire de l’histoire des animaux.
J’entends chaque matin la femme d’Etzel pleurer, les sens perdus, et se plaindre au Dieu du ciel de la mort du fort Sîfrit. […] De tous côtés on entendait un effroyable bruit de cris et de clameurs. […] On entendait ses armes retentir aux mains du héros. […] On entendit de toutes parts, des cris effrayants, un grand et terrible fracas. […] Dietrîch et Hildebrant entendirent ces paroles.
Puis, les couvées faites, on ne les entendait plus. […] De loin, j’entendis les grelots des chevaux, et je vis approcher, encadrée dans le rideau vert des charmilles, la chaise de poste, toute blanche de poussière, qui les amena par le jardin jusque devant le perron. […] Sa voix, toujours caressante et timbrée pour l’expression des mots tendres, avait acquis je ne sais quelle plénitude nouvelle… Elle marchait mieux, d’une façon plus libre… » Par cette manière d’entendre le portrait, comme par la façon dont il traite le paysage, M. […] Entendons-nous bien : je ne veux pas dire que plus tard, après, au réveil, le remords ne se réveillera pas aussi en de certaines âmes ; mais, au moment où l’incendie intérieur est si ardent et attisé, ce remords est aisément étouffé, et il est compté pour peu, pour rien. […] L’homme bien né, ainsi qu’on l’entendait autrefois, était au milieu des belles choses comme dans son élément ; il y était chez lui, non pas insensible sans doute à la finesse et à la noble élégance des objets qui l’entouraient, mais il ne s’y montrait pas non plus perpétuellement attentif et tout occupé de les faire remarquer aux autres ; il vivait au milieu, il en usait, et il vaquait à ses affaires, à ses plaisirs, à ses sentiments.
Les uns les écoutent sans les entendre, les autres avec ennui, tous avec malignité. […] Travailler, répondent ceux qui n’entendent rien au cœur de l’homme. […] Ce n’est donc pas chose si aisée que d’associer le nécessaire et le bonheur : tout le monde n’entendra pas ceci. […] Bientôt on entend le bruit sourd des assassins qui brisent les portes extérieures ; Agrippine tressaille, s’assied sur son lit, prête l’oreille. […] Mais les vivants qui entendaient, dans son intarissable entretien, la harpe frémir, en étaient charmés.
Il faut l’entendre expliquer, d’une voix languissante, comme quoi il ne fume point par égard pour sa mère, qui est « essentiellement femme du monde ». […] On entend un langage ému, on retrouve des sentiments délicats et tendres. […] Qu’il soit vierge, par exemple, comme sa mère le dit ou le laisse entendre, cela fait sourire. […] Le second acte pourrait s’intituler : l’acte de la confession ; le théâtre en a rarement entendu de plus hardie et de plus touchante. […] Mais Isaac n’entend pas être remplacé : Camille persiste, la mère s’obstine.
Et de cela, j’entends bien lui faire un éloge. […] Auquel entendre ? […] Entendez maintenant une autre cloche. […] Entendez qu’elles veulent laver — déjà ! […] On l’entend !
Comme elles ne s’entendent pas, il est nécessaire que les déviations abondent. […] Comme on ne s’entendait pas sur les choses, on s’est entendu un peu mieux sur les mots. […] Ce qu’on entend par vertu c’est essentiellement une rupture de l’équilibre mental. […] Et l’on a cru peut-être forcer l’expression pour mieux faire entendre l’idée. […] Il est entendu que le mérite se mesure à la difficulté et à la tentation.
Abauzit, je soutiens qu’on ne peut la regarder, ni comme personnelle, ni comme injuste, ainsi qu’ils le font entendre. […] Et moi, je prouverai incontestablement à la personne qu'on aura choisie pour m'entendre : 1°. […] Qu'ils m'entendent, qu'ils me communiquent les Pieces justificatives du Libelle, & j'adopte & signe sans balancer leur jugement. […] Je m’étois aguerri contre la terreur de leurs foudres ; je n’en ai pas même entendu le bruit. […] Je les vois, je les entends, je les revois, je me familiarise avec eux, & je reviens à mes derniers sentimens, avec la résolution de les professer hautement.
Que la jeunesse française m’entende, le patriotisme est là. […] c’est entendu. […] Voilà qui est entendu. […] Je n’ai jamais pu entendre ces plaintes sans sourire. […] Il empoisonne en père de famille qui entend faire les choses proprement.
C’est ainsi que l’entend Jean de Thommeray ; il court à une table de jeu pour y gagner la rançon de sa belle maîtresse. […] Autre méprise et autre surprise ; elle repousse les présents du joueur heureux, avec la fierté d’une femme qui n’entend pas mêler l’argent à l’amour. […] Son séducteur n’était pas un libertin déloyal, il lui avait promis le mariage, et il entendait tenir sa parole. […] Vous entendez d’ici les cris de paon plumé vif que pousse cette pécore si rudement tondue. […] On croit entendre un cri espagnol ou romain de Corneille, répété par un écho de la vie moderne.
Les choses se passent ainsi ordinairement, parce que, ordinairement, ou nous lisons un texte facile à entendre, ou nous relisons un texte difficile qui nous est devenu familier. […] Parmi les pensées claires, celles-là seules sont faciles à exprimer et à bien exprimer, qui sont faciles à trouver et à entendre ; ce sont les idées du sens commun et du bon sens, que tout le monde admet d’avance. […] est leur devise ; ils ne se reposeront jamais ; le sommeil de l’habitude n’est pas fait pour eux ; à les entendre, leur œuvre est toujours incomplète. […] Ce que le maître aura trouvé sans parvenir à le faire entendre, sinon à un petit nombre d’adeptes, ceux-ci le diront clairement à tous ; pour achever ces grandes œuvres de la pensée qui renouvellent l’esprit humain, deux générations sont-elles donc de trop ? […] II, p. 273) : « L’extrême clarté ne sert pas seulement à se faire bien entendre ; elle est aussi, comme la preuve d’une addition, la démonstration pour l’auteur lui-même qu’il ne se laisse pas entraîner par des aperçus confus.
Faguet a horreur de la politique ; il n’y entend rien et n’y veut rien entendre. […] Il est loin d’ici et n’a pas entendu. […] Il fut, dit-on, entendu au loin. […] J’entends bien qu’au fond M. […] Que celui qui a des oreilles entende !
Après avoir assisté pendant des heures à ces débats, souvent aussi éloquents que confus, sans prendre une note, mais aussi sans se dissiper en paroles, il rentrait chez lui tout plein de ce qu’il avait entendu, et il le jetait sur le papier avec feu et avec netteté dans un travail de soirée et de nuit, où sa plume, si hâtée qu’elle fût, ne rencontrait jamais un mot douteux ni une locution louche : il ne pouvait parler ni écrire d’autre langue que celle de sa famille et de sa maison, celle qu’il tenait de son illustre père, et de ses premiers maîtres, de ses premières lectures d’enfance. […] Je lui ai entendu rendre cette justice par d’anciens jouteurs. […] M. de Sacy est de l’Académie, et à ce titre il a charge, pour sa part, d’entendre et de juger chaque année nombre de pièces de poésie et de prose qui y sont adressées pour les concours. […] Mais les pires de tous à entendre sont ceux qui, sans être plats et en laissant percer des efforts d’élévation, n’attestent après tout que les convulsions d’un talent ambitieux qui se débat contre une demi-impuissance. […] Quand il eut fini, et qu’on fit ce qu’on appelle un tour d’opinions, il n’y eut qu’une voix chez tous ceux qui avaient entendu.
— Enfin on a publié depuis lors (1856) les Mémoires mêmes, si souvent cités et invoqués, et le Journal tout entier de l’abbé Ledieu, ce secrétaire de Bossuet, dont le nom et le renom valent mieux que la personne, qui n’est pas l’exactitude ni la délicatesse même, mais qui aimait, somme toute, son évêque, qui l’admirait, et qui, ayant songé de bonne heure à tirer parti de son intimité pour écrire ce qu’il voyait et ce qu’il entendait, nous a rapporté bien des choses qui se ressentent du voisinage de la source, et que rien ne saurait suppléer. […] Il y avait maintes choses qu’il n’aimait pas, qu’il n’entendait pas ou (ce qui revient au même) auxquelles il ne voulait pas entendre. […] On ajoute qu’il aimait pourtant à en entendre discourir ; j’en doute. […] Produit dans le monde, à l’hôtel Guénégaud, même à l’hôtel Rambouillet, il avait prêché dans ce dernier salon un jour, un soir, vers onze heures ; ce qui provoqua le mot connu de Voiture : « Je n’ai jamais entendu prêcher ni si tôt ni si tard. » C’était un sermon improvisé. […] Jeune, et quand il n’était encore qu’Éliacin, on n’a pas de portrait de lui, j’entends aussi de portrait au moral ; on ne songeait pas à en faire ; mais on a dans l’abbé Vaillant, dans M.
Si vous confondez par une égalité grossière et jalouse ce que distingue l’inégalité naturelle, votre état social ressemble à la mêlée d’un combat dans lequel l’on n’entend plus que des cris de guerre ou de fureur. […] Dans quel espoir désirez-vous, pourrait-on me dire, que des hommes éloquents se fassent entendre ? […] Voulez-vous du moins faire entendre aux caractères haineux quelques paroles de bienveillance : vous serez également repoussé. […] cette nation malheureuse n’a-t-elle pas entendu prodiguer les noms de toutes les vertus pour défendre tous les crimes ? […] Jetez les yeux sur une foule nombreuse ; combien de fois ne vous arrive-t-il pas de rencontrer des traits dont l’expression amie, dont la douceur, dont la bonté vous présagent une âme encore ignorée, qui entendrait la vôtre, et céderait à vos sentiments !
Il me semble que j’entends l’Auteur de la Nature qui lui crie : Je t’ai doué de ce qui t’étoit nécessaire pour la mesure de ton bonheur. […] Il cédera plutôt aux clameurs de l’envie, il fuira ses persécuteurs jusqu’au fond des forêts, & préférera, s’il le faut, le commerce des Tygres à celui des hommes ; mais du fond des déserts il ne les oubliera point, il les servira, tout ingrats qu’ils sont, attendrit sur les nouveaux malheurs qui les menacent, il fera entendre sa voix désintéressée & expirante, & consumera ses derniers jours à instruire une Société qui la rejette de son sein. […] Je les entends, ils s’écrient d’une voix unanime : nous dédaignons les richesses, elles sont le prix de la bassesse. […] On entend par loix inutiles, ces loix d’usage & de convention reçues dans le monde, & qui sont aussi fatiguantes qu’elles sont ridicules. […] On entend ici par intolérance ces opinions particulieres, que l’orgueil de quelques hommes voudroient donner pour de Loix générales, & la persécution qu’ils suscitent contre ceux qui n’encensent point des rêveries puériles inutiles à la société.
vous qui m’entendez, qui possedez ce sentiment rare, ce tact fin & délicat, ce feu subtil inconnu, vous me dispenserez de définir ce que vous sentez avec transport. […] Le don de la parole devient pour eux le lien de leurs cœurs, ils s’entendent, se préviennent & se perfectionnent l’un par l’autre. […] Je les vois tomber dans le gouffre immense de la désolation ; j’entends les portes de l’effroyable abîme se refermer pour jamais, & je te vois un instant près du vainqueur, couronné des rayons de sa gloire, & environné de l’éclat de mille Soleils. […] Au milieu de cette triste & dévorante anarchie, je ne ferai point entendre ma voix, mais je m’adresserai à vous qu’une émulation trop ardente, un amour excessif de la gloire conduisent à dépriser de trop dignes rivaux. […] Elle jugera, & vos cris ne seront point entendus, & tous ces téméraires critiques disparoîtront, heureux si l’oubli ne les dérobe à l’opprobre.
Le père et le dieu l’entendent : dans la nuit même qui a précédé son retour, leur intervention s’est manifestée. […] Le Chœur entend sa pensée cachée et il y répond : — « Prie pour ceux qui aimèrent ton père… Pour toi et pour quiconque hait Égisthe… Souviens-toi d’Oreste… Parle des meurtriers… Souhaite qu’un vengeur arrive et les égorge à leur tour. » — La libation est empoisonnée, Électre peut la verser sur la tombe ; ses paroles l’imprègnent encore d’une mortelle amertume. […] » — « Entends encore ce dernier cri, ô Père ! […] Strophios attend leur réponse. — Son récit est fait du ton indifférent d’un message, quoiqu’il y glisse ce sombre sarcasme : « Ce que j’ai entendu, je le redis, j’ignore si je parle à ceux que cela concerne ; mais il importe que le père le sache » — Clytemnestre écoute, impassible. […] En exécutant l’ordre d’Apollon, il prend son langage : il ne discute pas, il décrète ; on croit entendre la voix de l’Oracle répercutée par la grotte d’airain de son temple. — « C’est le destin, mon enfant, qui est le seul coupable !
Il donne à l’art ses ordres, dans les limites de son œuvre, bien entendu. […] L’art ainsi entendu, c’est la vaste égalité, et c’est la profonde liberté ; la région des égaux est aussi la région des libres. […] Ils s’entendent de loin, mais ne se copient pas. […] Et le poëte écoute, et il entend ; et il regarde, et il voit ; et il se penche de plus en plus, et il pleure ; et tout à coup, grandissant d’un grandissement étrange, puisant dans toutes ces ténèbres sa propre transfiguration, il se redresse terrible et tendre au-dessus de tous les misérables, de ceux d’en haut comme de ceux d’en bas, avec des yeux éclatants. […] Sois à leurs ordres, entends-tu ?
Il faut s’entendre. […] Faut-il laisser entendre une vérité qu’on ne peut pas dire crûment ? […] Mais qu’entend-il par là ? […] Il n’entend pas non plus tirer du tombeau les Grecs et les Romains. […] On pourrait croire, à entendre M.
Il y a, sans doute, beaucoup d’analogie entre ma philosophie positive et ce que les savants anglais entendent, depuis Newton surtout, par philosophie naturelle. Mais je n’ai pas dû choisir cette dernière dénomination, non plus que celle de philosophie des sciences, qui serait peut-être encore plus précise, parce que l’une et l’autre ne s’entendent pas encore de tous les ordres de phénomènes, tandis que la philosophie positive, dans laquelle je comprends l’étude des phénomènes sociaux aussi bien que de tous les autres, désigne une manière uniforme de raisonner applicable à tous les sujets sur lesquels l’esprit humain peut s’exercer. En outre, l’expression philosophie naturelle est usitée, en Angleterre, pour désigner l’ensemble des diverses sciences d’observation considérées jusque dans leurs spécialités les plus détaillées ; au lieu que, par philosophie positive, comparé à sciences positives, j’entends seulement l’étude propre des généralités des différentes sciences, conçues comme soumises à une méthode unique, et comme formant les différentes parties d’un plan général de recherches.
La base manque et la matière, j’entends d’un côté. […] Mounet « tient » son Hamlet (du moins tel qu’il l’entend, et mon avis est qu’il l’entend bien) avec une pleine et entière maîtrise. […] Et vous, allez voir cela ; je veux dire : allez l’entendre. […] » Il est vrai que je venais d’entendre les Plaideurs. […] Je m’étonne qu’on ne l’entende pas.
Il faut payer pour entendre la parole de Dieu. […] Et, l’ayant entendu, elle a voulu le voir de près. […] Entendez que c’est eux qui les payeront. […] J’entends bien. […] Entendez-moi bien.
Si la philosophie, entendue comme science, a certainement un domaine très limité, entendue comme libre pensée, elle est accessible à tous. […] Il faut donc l’avouer, la philosophie pure, entendue comme recherche spéculative sur l’origine des choses, ne donne pas à l’âme de satisfaction religieuse, et entendue comme libre pensée, elle n’a qu’une valeur négative et ne satisfait pas davantage le sentiment religieux. […] Sans renoncer aux différences propres qui caractérisent chaque école et même chaque nuance d’école, ne serait-il pas possible de chercher à s’entendre, à se comprendre, à s’associer, au lieu de se perdre dans une multitude de petites hérésies, impuissantes dans leur isolement ?
L’auteur de ces mémoires l’a peut-être entendu dire. […] Dans la troisiéme de ces scénes, Andromaque qui entend un bruit de guerre qui annonce la proclamation de son fils Astianax, se livre aux sentimens convenables à son caractere. […] Les étrangers nous diront eux-mêmes que ce sont nos poëmes et nos livres, qui plus qu’aucun autre évenement ont contribué à donner à la langue dans laquelle ils sont écrits un si grand cours, qu’elle a presque ôté à la langue latine l’avantage d’être cette langue que les nations apprennent par une convention tacite pour se pouvoir entendre. […] L’examinateur, c’est l’auteur d’un écrit qui se publioit il y a vingt ans à Londres plusieurs fois chaque semaine, dit que le françois s’est tellement introduit dans les phrases angloises, lorsqu’il s’agit de parler de guerre, que les anglois ne peuvent plus entendre les rélations des sieges et des combats que leurs compatriotes écrivent en anglois. […] que ceux qui tiennent que le soleil est fixe et immuable, … etc. mais ce n’est point la faute de Monsieur Despreaux si Monsieur Perrault l’entend mal, et c’est encore moins sa faute s’il plaît à d’autres censeurs de se figurer que par ces mots, si le soleil est fixe ou tourne sur son axe, il ait voulu opposer le systême de Copernic avec le systême de Ptolomée, qui suppose que c’est le soleil qui tourne au tour de la terre.
Renan les entendait, et voilà pourquoi, désappointé de n’avoir qu’un jour de gloire quand il en avait espéré plusieurs, il n’eût rien de mieux à faire qu’à rentrer dans sa petite fortification de fromage de Hollande qu’on appelle l’Institut, où M. […] On l’y laisserait sans lui répondre, et même on ne l’entendrait pas. […] Ce qu’on entend maintenant, ce qu’il est impossible de ne pas entendre, c’est la grande voix de la Société moderne tout entière, qui passe de bien haut par-dessus cette tête de Soury, et qui, si elle ne dit pas les mêmes choses, identiquement les mêmes choses, — car chacun a sa spécialité d’injures quand il s’agit d’insulter le Christianisme, — dit des extravagances et des impiétés équivalentes, et, dans tous les cas, est disposée à tout entendre, à tout applaudir et à tout accepter.
J’entends bien le message que vous m’apportez, mais la foi me manque pour y croire ! […] Plaignez-moi d’abréger et plaignez-vous vous-mêmes de ne pas tout entendre. […] Qui ne l’a pas entendu une fois au moins dans sa vie ? […] Et la physionomie, comme elle s’y entend à ravir ! […] N’as-tu rien entendu dire de la petite Barbe ?
Et j’entends encore le son de sa voix brusque. […] dit Pierrepont, c’est entendu. […] Prosper était trop en colère pour rien entendre. […] L’entendez-vous ? […] » répondis-je en souriant, « ils vous le font entendre clairement.
Il fit cette harangue à Saint-Ouen dans la salle de sa maison, et voulut avoir l’avis de madame la marquise, qui, pour l’entendre, se tint cachée derrière une tapisserie : Le roi, dit L’Estoile, lui en demanda donc ce qui lui en semblait ; auquel elle fit réponse que jamais elle n’avait ouï mieux dire : seulement s’était-elle étonnée de ce qu’il avait parlé de se mettre en tutelle : « Ventre-saint-gris, lui répondit le roi, il est vrai ; mais je l’entends avec mon épée au côté. » Ce fut en ce séjour à Rouen, dans le monastère de Saint-Ouen, que la marquise accoucha d’une fille dont le baptême se célébra avec toutes les cérémonies qui s’observent au baptême des Enfants de France. […] Sans s’occuper précisément de politique, elle avait du sens, et, lorsque son cœur l’avertissait, elle entendait certaines choses avec promptitude. […] Sire, lui répond-il, que vous plaît-il d’entendre partant d’affirmatives et de négatives, desquelles je ne saurais conclure autre chose, sinon que vous désirez bien être marié, mais que vous ne trouvez point de femmes en terre qui vous soient propres ? […] Le Jeudi saint, après le dîner, elle alla entendre les Ténèbres en musique au petit Saint-Antoine. […] Quelques-uns toutefois se hasardèrent à lui faire entendre qu’au fond de cette perte il y avait une énorme difficulté politique de moins ; lui-même il sentait qu’il échappait à une faute.
Le roi dit à Montluc qu’il voulait qu’il s’en retournât en Piémont porter à M. d’Enghien sa réponse, après avoir entendu la délibération du conseil et les objections qui étaient faites à cette proposition de livrer bataille. […] Quand le tour des opinions fut épuisé : « Avez-vous bien entendu, Montluc, lui dit le roi, les raisons qui m’émeuvent à ne donner congé à M. d’Enghien de combattre ni de rien hasarder ? » Ici Montluc, soulagé enfin, dit qu’il avait bien entendu, mais qu’il demandait qu’il lui fut permis de donner aussi ses raisons, bien que sans espoir de faire changer la détermination qu’il voyait qu’on avait prise. […] Il jugera à l’occasion que c’est une faiblesse au duc de Guise de vouloir écrire de sa main tous ses ordres pour les tenir plus secrets ; et dans une boutade plaisante, au milieu de son admiration pour le grand capitaine, il lui échappera de dire un jour dans son antichambre, et entendu de lui sans s’en douter : « Au diable les écritures ! […] Jusqu’ici Montluc n’a pris les choses que de son côté, militairement ; il arrive pourtant à toucher à la question politique : « À ce que j’ai entendu, Sire, tout ce qui émeut messieurs qui ont opiné devant Votre Majesté est la crainte d’une perte ; ils ne disent autre chose, si ce n’est : Si nous perdons, si nous perdons !
Me fais-je entendre ? […] Il va même trop loin dans les lettres de ce temps que j’ai sous les yeux73 ; il joue, il plaisante imprudemment avec le bizarre ermite comme avec un caractère bien fait et qui entendrait la raillerie ; il s’égaye beaucoup trop aux dépens de son humeur belliqueuse, à propos du fusil que Rousseau tenait toujours chargé contre les voleurs et qu’il s’amusait parfois à tirer sur les loirs. […] Priez ce Dieu qui doit entendre vos vœux, s’il en écoute sur la terre, de me rendre plus semblable à vous qui êtes son image par l’intelligence et la volonté. […] Nous la méconnaissons parce qu’elle est celle de la nature et que le chef-d’œuvre de la raison, comme du génie, n’est que de voir ce qui est sous nos yeux. » On croirait entendre un Montaigne chrétien. […] puissé-je bien l’entendre !
Il est bien le peintre de la vie, et même, quant à ce vis comica tant reproché, s’il ne se trouve pas en effet ici dans ce dialogue entre les deux frères, je n’y entends plus rien, je ne le vois nulle part. […] C’est toute une histoire, presque une affaire de famille, à l’entendre, qui l’a obligée à recevoir ce capitaine dont il est jaloux ; elle en dit tant, elle fait si bien qu’il en passe par où elle veut et consent à quitter la place pour deux jours encore, deux jours seulement, pendant lesquels, pour tuer le temps, il se propose d’aller à la campagne ; il annonce qu’il part à l’instant ; et quand elle a tout obtenu de lui, elle lui dit : « Adieu, cher Phédria, ne veux-tu rien davantage ? […] » Un ami qui passe, et qui l’a entendu fort à propos, le sert à souhait et l’oblige à s’épancher. […] Qui dit attiques à proprement parler, entend des écrivains nus, sobres, chastes de diction (comme Lysias ou Xénophon), qui n’appuient pas, qui ne redoublent pas, qui ne scintillent pas. […] Formé à cette école, nourri et abreuvé de ces sources, faut-il s’étonner que Térence ait fait entendre le premier des accents de bonté et d’humanité universelle à Rome, dans cette dure Rome de Caton l’Ancien ?
Je leur dis alors que, mon discours leur ayant fait quelque plaisir, il auroit fait plaisir à toute la terre, si elle avoit pu m’entendre ; qu’il me sembloit qu’il ne seroit pas mal à propos que l’Académie ouvrît ses portes aux jours de réception, et qu’elle se fît voir dans ces sortes de cérémonies lorsqu’elle est parée… Ce que je dis parut raisonnable, et d’ailleurs la plupart s’imaginèrent que cette pensée m’avoit été inspirée par M. […] Colbert, qui jugeait si mal Homère et Pindare, entendait le moderne à merveille ; il avait le sentiment de son temps et de ce qui pouvait l’intéresser ; il trouva là une veine bien française, qui n’est pas épuisée après deux siècles ; on lui dut un genre de spectacle de plus, un des mieux faits pour une nation comme la nôtre, et l’on a pu dire sans raillerie que, si les Grecs avaient les Jeux olympiques et si les Espagnols ont les combats de taureaux, la société française a les réceptions académiques. […] Aussi n’est-ce point de la sorte que je l’entends : gardons nos vers, gardons-les pour le public, laissons-leur faire leur chemin d’eux-mêmes ; qu’ils aillent, s’il se peut, à la jeunesse ; qu’ils tâchent quelque temps encore de paraître jeunes à l’oreille et au cœur de ces générations rapides que chaque jour amène et qui nous ont déjà remplacés. […] C’est qu’en effet il est de ces choses qu’on ne peut entendre sans laisser échapper un mot de rappel : elles sont comme une fausse note pour une oreille juste. […] Le jour où le directeur de l’Académie, homme classique lui-même, proclame une telle solution, n’en faut-il pas conclure que le procès est vidé et que la cause est entendue ?
Mais, il est bien entendu qu’il n’est pas défendu de se reprendre et ressaisir, et il y a même à se reprendre et à réfléchir des plaisirs nouveaux. […] X-. ., tel que serait celui-ci s’il était plus poussé, plus entraîné par la fougue de la passion, placé du reste, dans des conditions un peu différentes, dans une petite ville ou dans un village, etc. » La lecture des romans suppose ainsi comme condition nécessaire du second moment, je veux dire de la réflexion qui juge, une assez grande connaissance des hommes, et je n’entends par là qu’une assez grande habitude d’observer les hommes autour de soi. […] J’ai entendu une femme de trente ans dire : « Je n’ai jamais pu comprendre ce qu’on trouve d’intéressant dans Madame Bovary. » J’ai pensé à lui répondre : « Ce qu’on trouve d’intéressant dans Madame Bovary, c’est vous », car il n’y a pas de femme de trente ans, je ne dis point qui ne soit Madame Bovary, mais qui ne contienne en elle une Madame Bovary avec toutes ses aspirations et tous ses rêves et toute sa conception de la vie ; une Madame Bovary latente, qui n’éclora point, comprimée et déroutée par toutes sortes d’autres éléments psychiques, mais qui existe. […] Ce ne sont point des livres faits pour le plaisir, chez l’auteur, de conter, chez le lecteur, d’entendre bien conter ; ce ne sont pas des livres d’observation générale et par conséquent que nous puissions contrôler ; ce ne sont point des livres d’idéalisation et que par conséquent nous puissions contrôler encore en ce sens qu’ils présentent comme réalisé ce qui est en nous belle inspiration, beaux rêves et belles ambitions morales. […] Il veut lire dans une « langue artiste », dans cette langue, comme a dit Musset, que le monde entend et ne parle, pas et j’ajouterai que le monde n’entend même pas beaucoup.
De cet organe gonflé de sang, de cet abîme bouillonnant de vibrations et de passions, d’une liberté, d’une impulsivité, d’une richesse tout instinctive, de cette source d’action, de virilité, de cette région où la nature fait entendre ses voix chargées d’orages ou d’espoirs, de ce tumultueux abîme des plus violentes énergies et des plus authentiques clameurs humaines, l’Église catholique est parvenue à faire un triste néant mystique, un lamentable mélange de bassesse et d’absurdité, un odieux et puéril symbole autour duquel viennent s’agenouiller tous les stériles, tous les faibles, tous les déserteurs de la vie. […] Tout à coup il a une pensée : pourquoi ne tenterait-il pas un dernier effort, en se montrant aux hommes qui ne veulent plus l’entendre, et en leur empruntant quelques-uns des mots nouveaux qu’il entend parfois sans les comprendre ? […] Ces nouveaux lutteurs du clergé entendent la rénovation sociale, comme les promoteurs du « Vœu national » entendaient le salut de la France dans leur formule. […] Ce que le catholique entend par « le salut de la patrie », c’est sa libération spirituelle par le retour à la foi chrétienne. […] Malgré ses prétentions au byzantin, et tout en tenant compte, bien entendu de l’inachevé, je trouve le monument sans éloquence et sans beauté.
Oreste a fui tandis qu’elles dorment. — « Il a bondi hors du filet comme un faon. — Entendez ce que vous dit mon âme ! […] On croit entendre le Dies irae du Tartare. […] toi qui m’as enfantée pour le châtiment des vivants et des morts, entends-moi ! […] Des bords du Scamandre elle a entendu l’appel de son suppliant, et elle accourt à sa voix. […] entends-tu mes cris ?
À ce propos, il n’est pas mauvais de s’entendre sur ce mot « français ». […] Cette expression, ainsi entendue, fut le mot de passe auquel le symbolisme a reconnu les siens. […] Saurait-il aussi bien entendre la rotation des peuples ou l’adolescence des planètes ? […] Bien entendu, ce fut le contraire qui se produisit, à de rares exceptions près. […] Or, Jésus se fait entendre une dernière fois.
Mme Dacier, par sa traduction de L’Iliade, ayant fourni le moyen de la lire à ceux qui n’entendaient pas le grec (et c’était alors l’immense majorité, même des gens réputés instruits), La Motte s’en était servi à loisir pour mettre en ordre ses arguments et tirer ses conclusions. […] L’ouvrage, bien entendu, était dédié au roi, qui gratifia aussitôt l’auteur d’une pension. […] Tel se croit un Homère, parce qu’il entend Homère dans la langue originale. […] La divine Iliade n’était entendue que des érudits, on leur enviait avec respect ce dépôt sacré ; ils insultaient impunément à nos meilleurs écrivains, l’injustice leur tournait même à honneur, parce qu’on se persuadait que les beautés modernes, comparées par eux aux merveilles antiques, leur devaient faire une impression moins vive. […] Les mots y sont presque toujours dans une attitude contrainte et forcée ; il faut souvent aider à la lettre pour les entendre, et je suis persuadé que s’ils avaient la liberté de se plaindre, ils avoueraient qu’ils se trouvent bien plus en presse et plus mal à leur aise dans sa prose et dans d’autres ouvrages pareils, qu’ils ne le sont dans les bons vers.
Entendons, si vous le voulez bien, le Naturalisme comme une forme du Réalisme littéraire et nous verrons qu’il date de loin. […] J’entends encore les injures, les rires, les quolibets, dont on salua ceux qu’on appelait les Décadents. […] Sans cette recherche du « non entendu encore », il n’y a plus que pastiche et imitation. […] Un Mythe est sur la grève du temps, comme une de ces coquilles où l’on entend le bruit de la mer humaine. […] Au lieu de présenter à ses oreilles les conques sonores où l’on entend le murmure d’une mer idéale, ils l’assoieront au bord des flots mêmes pour qu’elle en écoute la rumeur et qu’elle y mêle sa voix.
C’est là que pourrait bien avoir pris naissance un art encore très français, celui de séculariser la philosophie et de populariser la science, j’entends le talent de mettre à la portée des intelligences à demi cultivées les mystères réservés d’abord aux initiés. […] Lélio, trahi par sa maîtresse, s’est ainsi sauvé à la campagne, et, à l’entendre, quand on lui vante une femme aimable, c’est comme si on lui parlait d’une charmante vipère. […] Voltaire s’emporte contre un critique anglais qui a osé blâmer les paroles d’Arcas à Agamemnon, au début d’Iphigénie : Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit ? […] Et, comme le critique professe une préférence nationale pour la sentinelle qui répond dans Hamlet : ― Je n’ai pas entendu trotter une souris. […] Si nous passons à l’épopée, Voltaire, dans la Henriade, s’épuise en tours de force semblables, quoique un peu moins malheureux, pour faire entendre, sans user des mots du langage courant, la messe et le mystère de l’Eucharistie.
J’ai entendu proposer plus d’une explication ; voici la mienne. […] Il ne savait pas encore ses lettres que, lorsqu’il entendait quelqu’un lire une histoire dans un livre, il se figurait le bonheur qu’il aurait s’il pouvait bientôt la lire lui-même. […] La grandeur de vos traits et de votre visage fait que vous avez quelque chose de ces médailles qui représentent les hommes illustres (vous vous doutez bien que j’entends plutôt parler de ces grands philosophes que des conquérants). […] Il faut entendre Huet parler de La Pucelle de Chapelain et des petits poètes jaloux ( minutos quosdam et lividos poetas ), de ces roquets qui ne savent que mordre et qui se sont acharnés à la grave renommée de Chapelain. […] Mais c’est à sa solitude d’Aunay que Huet aimait surtout à revenir et à se retrouver ; c’est là qu’il jouit véritablement de la vie, telle qu’il l’entend et qu’il la rêve, une vie partagée entre son cabinet, la culture de son jardin et la promenade.
On baissait la tête après l’avoir entendu, et on n’éclatait pas. […] Qu’arriverait-il en effet, s’écrie en finissant le faux aristocrate, qu’arriverait-il si ces coquins de révolutionnaires s’avisaient de s’entendre ? […] » Si c’est un vœu que Daunou entendait exprimer, à la bonne heure ! […] Il n’entendait rien du tout, j’oserai dire, au grand homme non littéraire, et n’admettait pas plus Mahomet que Grégoire VII, pas plus Alexandre que Napoléon. […] Sans épiloguer sur le jour précis où la scène en question eut lieu, ce qui n’importe guère, je puis certifier que j’ai entendu le récit de la bouche de M.
Albalat ne spécifie jamais ce qu’il entend par imitation, on ne sait que dire. » Pouvais-je, je le demande, plus clairement spécifier ce qu’il faut entendre par imitation ? […] Autorités, témoignages, traditions, libations, aveux, cet homme ne veut rien entendre. […] Il est permis de s’en nourrir. » Or, c’est nous qui avons cité ce mot d’Hello, pour bien indiquer ce que nous entendions par imitation.
Prise dans son ensemble, bien entendu, la littérature qui ne grandit pas s’amoindrit ; et la nôtre, depuis la mort de Chateaubriand, de Ballanche, de Balzac, de Stendhal-Beyle, depuis des vieillesses plus tristes que la mort même, et dont nous ne nommerons pas les titulaires, puisqu’ils vivent encore, la nôtre a trop rappelé sans interruption ce que devint la littérature anglaise après la resplendissante époque des Byron, des Burns, des Coleridge, des Crabbe, des Sheridan, des Shelley et des Walter Scott. […] Au lieu de vibrer avec éclat dans des voix immortelles, l’esprit littéraire ne fit entendre alors qu’un bruit monotone et médiocre comme ceux qui le faisaient, — le bruit prosaïque et commun de la bouilloire qui berçait les rêves de ce Songe creux de Wordsworth ! […] La sorcellerie, telle que l’entendait le Moyen Âge, semblait jugée à tout jamais. Nous avions entendu là-dessus le petit sifflet de Voltaire et la parole de cet autre grand génie qui se croyait positif et qui disait : « Cela pourrait être, mais cela n’est pas. » Et voilà qu’à ce moment même, au moment où le rationalisme prenait compendieusement ses conclusions souveraines, la pensée moderne retournait sous d’autres formes à des questions qui paraissaient épuisées, qui paraissaient n’en être plus !
Dans cette hypothèse, il ne peut être question, bien entendu, d’une antinomie entre l’esprit individuel et l’esprit social. […] La réponse à cette question dépend de la manière dont on entend l’intuition. L’entend-on comme l’entend M. […] Mais on peut entendre autrement l’intuition. […] Comment entendre cet acte de foi et comment l’expliquer ?
La musique de Wagner fut reconnue de la musique, quand, aux concerts, on eut entendu, beaucoup de fois, la Marche de Tannhaeuser. […] Comprendre que les opéras de Wagner sont des drames, c’est bien, mais ce n’est pas assez : il faut comprendre quels religieux drames ils sont, et, à cette fin, il faut les entendre, comme il a voulu qu’on les entendit : il faut être son public, dans son théâtre. […] Le reste du temps, il goûtait la joie de s’entendre gratifier, négligemment, du titre de « fou » par les passants éclairés qui l’approchaient. […] — ils accoureront, également, quittant, sans regrets, famille, foyers, patrie, intérêts financiers, (fi-nan-ciers, entends-tu !), bravant naufrages, dangers et distances, pour entendre aussi, pendant des centaines d’heures, au prix de quatre ou cinq cents francs leur stalle, — quoi ?
J’ai souvent entendu demander : Qu’est-ce que la poésie ? […] J’ai tort d’avoir écrit tout ce qui rit, car le rire n’est pas du domaine de la poésie telle qu’elle doit être entendue. […] On croit y entendre des Platons du Gange discourant avec leurs disciples. […] Il en saisit un par son aile puissante ; mais les plaintes mélodieuses que l’oiseau captif fait entendre émeuvent de pitié le cœur de Nala. […] C’est la jeunesse de la création, coulant avec une sève de vie qu’on voit et qu’on entend sourdre aux rayons des premiers soleils.
Mais notre bon Flaubert ne l’entendait pas ainsi. […] Darlu refusa de rien entendre. […] J’entends les bons acteurs. […] J’entends cela avec quelque surprise. […] Et, si l’on me demande comment je l’entends, je répondrai que je l’entends comme il faut.
Ils voudroient nous persuader que ce qu’ils n’entendent pas assez est peu de chose. […] Le chevalier sait bien l’antiquité latine et grecque ; il en parle très-volontiers, d’une manière qui nous paraît bien d’abord un peu étrange, car il l’accommode, bon gré mal gré, à ses façons modernes ; pourtant il y a de quoi profiter à l’entendre. […] « Comme je discourais de la sorte (continue-t-il), madame m’écoutoit avec une attention qui témoignoit assez qu’elle se plaisoit à m’entendre. […] Et parce que tout le monde veut être heureux, et que c’est le but où tendent toutes les actions de la vie, j’admire que ce qu’ils appellent vice soit ordinairement doux et commode, et que la vertu mal entendue soit âpre et pesante. […] Et combien de fois ai-je entendu dire à cette dame : Mon Dieu !
Ces paroles me piquèrent, et je lui répondis : Je vois, Monseigneur, que vous avez peu de confiance en moi, et que vous croyez trop ce qu’on vous dit, parce que vous ne vous y entendez pas. — Je fais profession de m’y entendre, me dit-il sur-le-champ, et je m’y entends fort bien […] Après m’avoir entendu, il me quitta en branlant la tête. […] — Si vous n’y entendez rien, lui répondis-je enfin en lui tournant les épaules, laissez-moi donc faire. — Holà, maître ! […] Il entendait par là se servir de Bandinello. […] m’entendez-vous ?
C’est que leur cœur n’a rien qui les empêche d’entendre. […] Adieu, j’entends une horloge à présent, et la pendule qui lui répond. […] Cher Maurice, nous allons nous voir, nous entendre ! […] J’ai entendu la messe à côté de son cercueil. […] Je les entends rire et toujours rire ; cet âge est une joie permanente.
Toi que leur bouche a si souvent nommé, Entends pour eux les larmes de leurs frères ! […] J’entendais un léger suintement d’eau filtrer dans les rochers au bas de la cabane. […] Non, jamais aucune Madone des coins de rues, à Lucques, à Pise, à Sienne, peut-être à Rome, n’a entendu des sérénades pareilles pendant les nuits de la semaine de la Passion ; on priait rien qu’à les entendre, les anges souriaient en pleurant et les soirs d’été, après la moisson, quand elles jouaient des airs de danse, les chênes même auraient bondi en cadence en les écoutant. […] Le soir, nous n’entendîmes pas, comme à l’ordinaire, sa zampogne à travers les lauriers de la montée ; nous n’entendîmes que le pas lent et lourd de ses souliers ferrés sur les cailloux et le souffle d’une haleine haletante. […] On n’entendait que la musique de cuivre des régiments, les tambours et le bruit de l’exercice à feu sur les remparts de Lucques et dans les plaines.
Je me suis laissé dire que partout, une fois arrivé à ce passage, l’on faisait un grand ritardando pour produire un effet de « traînerie » de sorte qu’un ami qui l’avait entendu chanter de cette manière, a été très surpris de me l’entendre dire à la mienne. […] On n’entendrait plus que le bruit furieux du ciel et de la mer, traversé par le douloureux appel, si léchant consolateur qui s’éleva naguère ne luttait, seul, contre toute la tempête. […] Là se développe, joyeux et fortement rythmé, le chœur que l’on a déjà entendu dans les éclaircies de la tempête. […] Il faut seulement qu’ils parlent avec des intonations plus accentuées, pour que l’orchestre n’empêche point leurs paroles d’être entendues : et il faut que ces intonations ne forment pas une dissonance fâcheuse avec la musique, provenant de l’orchestre. […] 3° Eugen Aragon : ce que nous entendons par « nature ».
Mais Abraham lui fit entendre qu’il était plus convenable de les laisser. […] Je ne parle, bien entendu, que de ce qui est senti. […] Le Messie, l’ayant entendu frapper, était remonté au ciel. […] Je n’entends pas à la façon de M. […] J’entendis qu’il agitait violemment une sonnette placée sur la table.
Nous parcourrons rapidement l’ouvrage où le nouvel essor de cette âme ardente et violemment aimante se trahit tout entier : « Prêtez l’oreille et dites-moi d’où vient ce bruit confus, vague, étrange, que l’on entend de tous cotés. […] « Lorsque la tempête vient, on entend sur le rivage un sourd bruissement, et les flots s’agitent comme d’eux-mêmes. […] « En ce jour-là, il y aura de grandes terreurs et des cris tels qu’on n’en a point entendu depuis les jours du déluge. […] « Seule, aucune d’elles ne serait entendue : toutes ensemble elles se font entendre.
Cette question semble usée en France, et cependant l’on n’y a jamais entendu que les arguments d’un seul parti ; les journaux les plus divisés par leurs opinions politiques, la Quotidienne, comme le Constitutionnel, ne se montrent d’accord que pour une seule chose, pour proclamer le théâtre français, non seulement le premier théâtre du monde, mais encore le seul raisonnable. Si le pauvre romanticisme avait une réclamation à faire entendre, tous les journaux de toutes les couleurs lui seraient également fermés. […] Le public, qui ne jouit pas d’ailleurs d’une extrême liberté, aime à entendre réciter des sentiments généreux exprimés en beaux vers. […] Entendons-nous sur ce mot illusion. Quand on dit que l’imagination du spectateur se figure qu’il se passe le temps nécessaire pour les événements que l’on représente sur la scène, on n’entend pas que l’illusion du spectateur aille au point de croire tout ce temps réellement écoulé.
La chronique, comme on l’entend aujourd’hui, en était à peu près absente. […] Il a commencé par être un reporter plein de déférence ; puis il s’est poussé et s’est maintenu par le respect du public, entendez par le respect des opinions et des goûts présumés de la haute et moyenne bourgeoisie. […] Rochefort (La Gloire à Paris) : 1° « L’action très grande de Rochefort est dans cette belle gaieté qui est le fond de son tempérament vraiment français » 2° « Rochefort est un des rares Parisiens de l’ancien temps qui ait conservé dans l’âge mûr cette belle insouciance et cette bonne humeur qui furent autrefois les qualités maîtresses de la race française. » (Je pense qu’il faut entendre : « Rochefort est un Parisien le l’ancien temps, un des rares Parisiens qui aient conservé », etc. ) 3° « Chacun dans sa sphère plisse le front… Je ne vois plus guère que Rochefort qui ait conservé la gaieté de la vieille race française » 4° « Après avoir exaspéré beaucoup de ses contemporains par la violence excessive de ses écrits, il les ramène aussitôt à lui par les éclats de sa gaieté si française. » Pour Offenbach, le refrain est : « Quel artiste ! […] vous entendez dans quel sens vague, mystérieux et saugrenu le mot est pris ici. […] Il s’agit du Père Hyacinthe : … Mes convictions personnelles n’ont pas à intervenir dans cette affaire ; j’étais allé là comme un Parisien désireux d’entendre une grande parole qui jadis fit courir tout Paris à Notre-Dame, et je n’ai trouvé qu’un comédien de talent.
Disons-nous que nous parlons pour être entendus ; pensons que nous ne serons vraiment grands et bons que si nous nous adressons, je ne dis pas à tous, mais à beaucoup. […] Mallarmé, ce très pur poète, disent des mots si hautement simples que cette époque ne les saurait entendre, perdue qu’elle est de petites complications. […] — « Soyons simples », dites-vous encore ; Ici, et pour conclure, laissez-moi vous demander, Monsieur, ce que vous entendez par la simplicité. Dans les besognes écrites auxquelles la vie réduit ceux d’entre nous qui ne sont pas nés avec des rentes ou qui n’ont pas su les garder, nous n’ignorons pas ce qu’il faut, improprement d’ailleurs, entendre par simplicité : c’est le fameux « style coulant », Vous ne parlez pas de cette simplicité-là. […] Il est fait de petits artifices, « Etre simple, c’est parler pour être entendu. » — De qui « De beaucoup. » — Mais encore, de qui ?
Mais, bien qu’ils y revinssent toujours comme en leur citadelle inexpugnable, les parnassiens sortirent souvent de la belle tour close où ils adoraient à l’écart l’idole hiératique : témoin Leconte de Lisle, dont la poésie, si impassible qu’elle veuille être, laisse souvent deviner la pensée généreuse et entendre le cœur palpitant ; témoin Sully Prudhomme, si préoccupé de justice et de bonheur, et qui loua André Chénier d’avoir uni Le laurier du poète à la palme du juste ; et Anatole France, dont les Noces corinthiennes ont pu sembler, vingt ans après avoir été écrites, une pièce d’actualité ; et le tendre et nostalgique Dierx, et Catulle Mendès, dont la fantaisie est si moderne, et Coppée, penché sur les humbles, et Heredia enfin, le somptueux conquistador épris des époques reculées et des rivages lointains, qui un jour, se souvenant qu’il était un homme d’aujourd’hui et appartenait à un « peuple libre », consentit à dresser un beau « trophée » en plein Paris, sur le pont Alexandre. […] Je fus un homme. » Poètes d’aujourd’hui et de demain — et par ce mot j’entends, au beau sens étymologique, tous ceux qui créent, — soyons des hommes ! […] Comme c’est avec des mots qu’on gouverne les hommes, et que le jour où les dieux s’en vont, les mots restent — nomina, numina, — il faut d’abord définir l’humanisme, s’entendre sur l’humanisme. […] Une mauvaise nuit est bientôt passée, et, au lieu de me mettre en peine, j’entends aller à l’aventure et sans autre souci jusqu’au bout de ce fossé où votre générosité m’annonce la culbute définitive. […] J’entends que vous y pourvoirez par des guillotines et des prisons, signe évident d’humanisme !
Tous ceux qui l’entendirent furent très-joyeux. […] Tu cesseras de tenir ces discours que j’ai entendus de ta bouche. […] « On entendait de tous côtés retentir des cris. […] Mais ils n’y crurent point, avant d’avoir entendu les gémissements. […] On entendait de toutes parts le chant de maints prêtres.
Lorsqu’on est assis dans une stalle pour assister à une représentation de Lohengrin ou de Tristan et Iseult, il ne faut pas se demander : « Entendrai-je de belles mélodies », ou « Entendrai-je de beaux vers ? […] Dieu l’entende ! […] On n’entend plus que des éclats de rire de petites flûtes, des babillages de violons, des espiègleries de cors, des frasques de hautbois, des joyeusetés de contrebasses. […] Éva n’entend que ses moqueries, et, volontiers, elle fondrait en chaudes larmes. […] Il a cru entendre du bruit, il se hâte avec lenteur en poussant ses beuglements accoutumés et, naturellement, il ne trouve personne.
Un poète de l’ordre spiritualiste et mystique, et qui avait la clef du monde intérieur, s’est plu à dire : « Chez moi, toutes choses plutôt ressenties que senties », donnant à entendre que la sensation ne lui revenait qu’épurée dans le miroir de la réflexion et du souvenir. […] On pouvait nous entendre : j’adressai à Ellénore des questions indifférentes. […] De ma place, je voyais le dos des joueurs inclinés vers les tables où brillaient doucement, enfermées sous les abat-jour, les bougies enfoncées dans de lourds flambeaux d’argent ; j’entendais le bruit des jetons de nacre et le murmure des mots couverts que les partenaires échangeaient entre eux. […] Avec une politesse exquise qui excluait toute forme familière et nous tenait à distance l’un de l’autre comme il l’entendait, mais avec une tranquillité d’accent et une manière courtoise, il se mit immédiatement à conduire le discours, et je ne pus m’empêcher de le suivre. […] Fanny excitera et a déjà excité bien des discussions (j’en ai entendu quelques-unes) ; elle fait naître et soulève plus d’une objection.
Gloire, ambition, fanatisme, votre enthousiasme a des intervalles, le sentiment seul enivre chaque instant, rien ne lasse de s’aimer ; rien ne fatigue dans cette inépuisable source d’idées et d’émotions heureuses ; et tant qu’on ne voit, qu’on n’éprouve rien que par un autre, l’univers entier est lui sous des formes différentes, le printemps, la nature, le ciel, ce sont les lieux qu’il a parcourus ; les plaisirs du monde, c’est ce qu’il a dit, ce qui lui a plu, les amusements qu’il a partagés, ses propres succès à soi-même, c’est la louange qu’il a entendue, et l’impression que le suffrage de tous, a pu produire sur le jugement d’un seul. […] Cette réunion est possible, et l’obtenir pour soi ne l’est pas : il est des cœurs qui s’entendent, et le hasard, et les distances, et la nature, et la société séparent sans retour ceux qui se seraient aimés pendant tout le cours de leur vie, et les mêmes puissances attachent l’existence, à qui n’est pas digne de vous, ou ne vous entend pas, ou cesse de vous entendre. […] pendant longtemps encore la passion que l’on ressent rend impossible de croire qu’on ait cessé d’intéresser l’objet de sa tendresse : il semble que l’on éprouve un sentiment qui doit se communiquer ; il semble qu’on n’est séparé que par une barrière qui ne vient point de sa volonté ; qu’en lui parlant, en le voyant, il ressentira le passé, il retrouvera ce qu’il a éprouvé ; que des cœurs qui se sont tout confiés, ne peuvent cesser de s’entendre, et rien ne peut faire renaître l’entraînement dont une autre a le secret, et vous savez qu’il est heureux loin de vous, qu’il est heureux souvent par l’objet qui vous rappelle le moins ; les traits de sympathie sont restés en vous seule, leur rapport est anéanti. […] l’on croirait possible d’exister dans un monde qu’il n’habitera plus, de supporter des jours qui ne le ramèneront jamais, de vivre de souvenirs dévorés par l’éternité, de croire entendre cette voix dont les derniers accents vous furent adressés, rappeler vers elle, en vain, l’être qui fut la moitié de sa vie, et lui reprocher les battements d’un cœur qu’une main chérie n’échauffera plus ?
Stéphane Mallarmé entend par page un morceau de prose rendant une impression. […] La page, comme l’entend M. […] J’entends M. […] J’entends bien qu’un bloc-notes, au premier jour du deuil, une notice, fabriquée à minuit et dictée aux typographes à coups de Vapereau est précieuse pour les conversations qui s’engagent le lendemain au dîner. […] Mais par le mot on entendait autre chose.
Un poëte peut nous dire beaucoup de choses qu’un peintre ne sçauroit nous faire entendre. […] Mais ce que la colere fait penser de singulier suivant le caractere propre de chacun, et suivant les circonstances où il se rencontre, ce qu’elle fait dire de sublime, par rapport à la situation du personnage qui parle, il est très-rare que le peintre puisse l’exprimer assez intelligiblement pour être entendu. […] Un poëte peut nous rendre presqu’aussi sensibles aux malheurs d’un prince, dont nous n’entendîmes jamais parler, qu’aux malheurs de Germanicus, et cela par le caractere grand et aimable qu’il donnera au heros inconnu qu’il voudra nous rendre cher. […] Il est quelquefois pour eux une belle personne qui plaît, mais qui parle une langue qu’ils n’entendent point : on s’ennuïe bientôt de la regarder, parce que la durée des plaisirs, où l’esprit ne prend point de part, est bien courte. […] Un autre philosophe qu’on juge à son air de tête un homme ferme et même obstiné, a le menton sur la poitrine : il est absorbé dans des reflexions sur les merveilles qu’il entend, et l’on croit s’appercevoir qu’il passe dans ce moment-là de l’ébranlement à la persuasion.
L’homme, qui l’avait vu et entendu chanter, tendit un filet et le prit. […] — Je ne veux », dit-il, « qu’entendre tes chants. — Vain espoir ! […] L’homme lâche son captif avant d’avoir entendu ses préceptes, et non après. […] On sait qu’on entend par « ports » les passages qui existent dans la chaîne pyrénéenne. […] Par « Roncevaux », Laffi entend ici l’hospice.
Saint-Simon, qui n’entendait rien, en effet, aux affaires d’argent et qui avait perdu dans sa femme un utile économe, mourut réellement insolvable et ses créanciers perdirent moitié, « parce qu’il y avait pour 40,000 livres de rente de terre substituées qui passèrent à Mme de Valentinois sans être tenues des dettes ». […] Il est vrai qu’il a répété quelques mots terribles d’égoïsme, et qu’il a fait entendre, à certains moments, le silence des courtisans, un silence à entendre marcher une fourmi. […] Il faut bien s’entendre toutefois : on aura beau faire, Mme de Maintenon est peu intéressante, peu sympathique (comme on dit aujourd’hui), par son caractère, par sa conduite, par son art, par sa prudence même, et par la fortune où elle a su atteindre. […] Cependant on entendait un grand bruit de trompettes, timbales, hautbois et tambours, et un concert d’instruments de musique, puis trois décharges de mousqueterie et de boîtes, et de grands cris de Vive le Roi ! […] Quand j’ai entendu toutes les critiques qu’on peut faire sur Saint-Simon, je me surprends, malgré tout, à former un dernier vœu : Que ne sommes-nous affligés d’un Saint-Simon pour chaque période de notre histoire !
Puis vint la fameuse séance du 27 janvier 1687, où l’Académie entendit jusqu’au bout la lecture du Poème sur le Siècle de Louis le Grand : grande fut l’indignation de Boileau qui s’épancha en injurieuses épigrammes contre l’Académie des Topinamboux. […] Dès la préface du premier volume, Perrault prenait position comme un homme du monde engagé contre des pédants et des cuistres : il se représente bataillant contre « un certain peuple tumultueux de savants qui, entêtés de l’antiquité, n’estiment que le talent d’entendre bien les vieux auteurs ». […] Puis les anciens n’entendaient rien à la galanterie. […] Nous entendons traiter Perrault d’ignorant à chaque page : nous lisons qu’il a commis, ici, « une grossière faute de français », là « une ineptie ridicule », là « cinq énormes bévues ». […] Et Boileau, voyez-le tailler, rogner, changer, abréger son Longin, sans autre loi que son goût et le désir d’éviter de la peine à son lecteur, écartant les « antiquailles » (entendez ce qui suppose une teinture d’histoire ou d’archéologie), supprimant ce qui est « entièrement attaché à la langue grecque » (entendez ce qui suppose la connaissance du grec), substituant, dans une citation de Sapho, un « frisson » à une « sueur froide », parce que « le mot de sueur en français ne peut jamais être agréable, et laisse une vilaine idée à l’esprit ».
Et je ne parle, bien entendu, que pour moi. […] Bien entendu. […] On croit les entendre. […] C’est du moins ce que j’ai entendu. […] Nous pourrons nous entendre !
La comédie entendue comme l’entend Augier n’en comporte guère. […] Entendons-nous bien, et sachons marquer les limites. […] Elle y fut jadis, à ce qu’elle fait entendre. […] Donnay, bien entendu. […] (Je viens, bien entendu, de relire la pièce.)
Et que peux-tu espérer encore, quand la nuit ne peut plus couvrir tes assemblées criminelles, quand le bruit de ta conjuration se fait entendre à travers les murs où tu crois te renfermer ? […] Je t’entends me répondre que tu es prêt à partir, si le sénat prononce l’arrêt de ton exil. […] à quelle horrible joie tu vas te livrer lorsque, en regardant autour de toi, tu ne pourras plus ni voir ni entendre un seul homme de bien ! […] Je crois entendre la Patrie, cette Patrie qui m’est plus chère que ma vie, je crois l’entendre me dire : Cicéron, que fais-tu ? […] Je ne lis point cet ouvrage que je n’aie envie de me voir à la fin de mes jours, et cette envie, par tout ce que je viens d’entendre, augmente fort.
C’est lui-même, au reste, qu’il faut entendre gémir. […] Abandonnant tout à coup mes jeunes compagnons, j’allais m’asseoir à l’écart pour contempler la nue fugitive, ou entendre la pluie tomber sur le feuillage. […] Que cette longue allée qui suivait de son parapet les terrains fangeux des Capucins n’a entendu de ces confidences de nos âmes, qui sont les pressentiments de hautes actions ou de poésie en faits ! […] Vous allez entendre des juges de plus d’autorité que moi. […] Hâtez-vous de faire entendre votre voix poétique pendant qu’il y a encore au moins le silence de la terreur ; bientôt peut-être on n’entendra plus que le cri des combattants.
Pourtant, c’est la réalité qu’entend nous dépeindre l’auteur. […] Que l’aulne entende revenir sa nymphe aux jambes mouillées ! […] Il y aurait alors sincérité, au sens où l’entendait Carlyle. […] Car enfin il faudrait s’entendre, sous peine d’être inique. […] j’entends assez ce que l’on peut objecter, et qui tient tout en ceci : les Droits de la passion.
Mais, sous peine de se pervertir, elle ne saurait passer au delà : l’aurea mediocritas, entendue aussi largement qu’on le voudra, est son domaine naturel. […] Quant au sujet de Port-Royal, il est décidément devenu de mode à Paris, depuis le temps où nous entendions ici même45 un cours qui nous en entretenait les premiers. […] — Ce qui n’est pas moins de mode à Paris pour le quart d’heure, c’est évidemment le Théâtre grec et la Grèce bien ou mal entendue. […] Ces messieurs auront entendu dire que le célèbre Monti s’était admirablement tiré de sa traduction d’Homère sans lire directement dans l’original : mais nos arrangeurs ne sont pas des Monti.
Mais j’entends quelqu’un. […] Messer Ipocrito, qui entend la charité à sa façon, sert les amours d’Annetta, une des filles de Liseo, et du jeune Zephiro. […] Il y met une certaine complaisance, sans se laisser oublier, bien entendu. […] Qui a des oreilles entende !
C’est le poëte, après Virgile ; qui a le mieux entendu cette partie des vers. […] En vain, au plus fort de l’orage, élevé contre Racine, son ami Despréaux fit tout ce qu’il put, en général habile & désespéré, pour ramener la multitude & faire entendre raison. […] Enchantée de voir le peu de succès de la Phédre de Racine, elle fit, au sortir de la première représentation, ce fameux sonnet : Dans un fauteuil doré, Phédre tremblante & blême, Dit des vers où d’abord personne n’entend rien, &c. […] Les amis de Racine les attribuèrent au duc de Nevers, & parodièrent le sonnet : Dans un palais doré, Damon jaloux & blême, Fait des vers où jamais personne n’entend rien.
ne donnait pas une très-vive envie d’entendre les sons qui devaient en sortir, les chansons ou plutôt les clameurs que devait vomir cet effroyable trou de fontaine publique, creusé en plein visage humain. […] Pierre Dupont, si je ne l’ai pas entendu, et je puis dire que son sculpteur est un de ces amis terribles contre lesquels Dieu devrait nous garder, selon le proverbe espagnol, lorsque nous nous gardons contre nos ennemis. […] Voilà comment il a préféré à la cornemuse de Robert Burns, qu’en français nous n’avions jamais entendue, une clarinette de barrière, et que, de poète sous les poutres enfumées de la ferme, à la veillée des filandières, il est devenu un artiste interlope de café chantant ! […] Elle siffle, passe, repasse, Et je crois entendre crier Une hirondelle dans l’espace !
j’entends ceux qu’on appelle esthétiques. […] Peut-être que si Faustus et Stella l’entendaient ! […] Faustus en entend approcher le lointain murmure. […] On entend bien ce que nous voulons dire. […] Et nous, comment l’entendrons-nous ?
Il a tout lu ; j’entends : ce qui s’appelle lire. […] Il est bon que la jeunesse les entende. […] Quelles dispositions apportent ceux qui viennent nous entendre ? […] Cela prévient en faveur de ce qu’on va entendre. […] J’ai entendu beaucoup d’orateurs sacrés.
N’ayant pas été présent à cette séance, j’aurais vivement désiré faire entendre une protestation au nom des catholiques de nos diocèses ; mais, puisque le Sénat paraît d’avis de laisser M. […] Mais j’entends dire qu’il y a telle de ces doctrines qui, si elle était poussée à ses dernières conséquences, entraînerait l’irresponsabilité et par suite l’immoralité. […] Dans le rapport d’ailleurs excellent et plein d’esprit (c’est tout simple), et de justesse quant aux conclusions, que vous avez entendu, l’honorable rapporteur, M. […] Monsieur Sainte-Beuve, permettez que je vous interrompe et vous prie de ne pas vous servir d’expressions qui ne doivent pas se faire entendre dans une assemblée comme la nôtre. […] Dumas n’a pas entendu la parole que je viens de prononcer ; je reconnais M.
(Une voix tonnante, quoique sourde comme un remords, se fait entendre.) […] Elle ne se doute pas que son amant épie, qu’il entend gronder les chaînes, la paille qui frémit. […] Je l’ai entendu appeler. […] La foule se presse, on ne l’entend pas. […] Herman avait entendu avec joie la dernière question que lui avait adressée la jeune fille.
« Il entend de loin murmurer une chanson qui prouve l’égarement de son esprit ; les paroles de cette chanson sont très-vulgaires, et Marguerite était naturellement pure et délicate. […] Les cris de l’enfer se font entendre et les mauvais génies nous attendent sur le seuil de mon cachot. […] Je l’ai entendu m’appeler. […] Au milieu des hurlements de l’impitoyable mort, j’entends la douce et touchante harmonie de sa voix ! […] Méphistophélès disparaît avec Faust ; on entend encore dans le fond du cachot la voix de Marguerite qui rappelle vainement son ami.
« “Et je tremble de m’être élancée trop tard pour le secourir, en apprenant sur lui ce que j’en ai entendu dans le ciel, tant il est déjà enfoncé dans son égarement ! […] « “De ce que tu sembles désirer entendre nous sommes prêtes à parler avec toi, pendant que ce vent, un moment immobile, fait silence autour de nous comme à présent.” […] C’est ce que tu vas entendre, et tu jugeras après si ce monstre m’a assez torturé. […] — l’heure qui poigne d’amour le voyageur à peine parti, s’il entend résonner dans le lointain la cloche qui semble pleurer le jour mourant ! […] … » Le oui que balbutie le poète fut si imperceptible à l’oreille qu’il ne put être entendu que par les yeux au mouvement de ses lèvres.
Et si l’on n’écrit pas une légende au-dessous du tableau, qui est-ce qui entendra le sujet. […] Cela parle, cela s’entend. […] Cela parle et cela s’entend. […] Cela parle encore et cela s’entend, sans dire le mot. […] Voilà que vous commencez à vous calmer, et il y a plaisir à vous entendre.
J’avoue qu’elles me frappèrent trop peu à l’époque où je les entendis. […] Un cri de douleur s’est fait entendre du fond de l’Amérique, qu’il avait délivrée. […] Je ne crois pas que le sentiment ait jamais fait entendre un cri plus sublime que ces trois mots d’Andromaque. […] À peine avait-il fait entendre sa voix, que ce temple environné de crêpes semblait devenir plus sombre. […] « Vous avez vu de près, entendu ce grand homme.
Ici le barbare, mal clos dans sa chaumière fangeuse, qui entend la pluie ruisseler pendant des journées entières sur les feuilles des chênes, quelles rêveries peut-il avoir quand il contemple ses boues et son ciel terni ? […] Crier, boire, s’agiter, sentir ses veines échauffées et gonflées par le vin, entendre et voir autour de soi le tumulte de l’orgie, c’était le premier besoin des barbares24. La pesante brute humaine s’assouvit de sensations et de bruit.Pour cet appétit, il y a une pâture plus forte, j’entends les coups et les batailles. […] Le bruit s’éleva — encore une fois. — Pour les Danois du Nord, — ce fut une terreur affreuse — pour tous ceux qui du mur — entendirent ce hurlement, — entendirent l’ennemi de Dieu — chanter son chant lugubre, — son chant de défaite — et se lamenter de sa blessure… — L’infâme maudit — subissait la blessure mortelle. — Il y avait à son épaule — une grande plaie visible […] » Ayant retenu ce chant à son réveil, il vint à la ville, et on le mena devant les hommes savants, devant l’abbesse Hilda, qui, l’ayant entendu, pensèrent qu’il avait reçu un don du ciel, et le firent moine dans l’abbaye.
Là-dessus, il eut le rêve suivant : « Une nuit que j’étais endormi, la cloche du Palais, qui sonna minuit, me réveilla ; j’entendis ouvrir la grille pour relever la sentinelle, mais je me rendormis à l’instant. […] Enfin, me sentant la tête lourde (probablement par sympathie de l’estomac, que la flexion du torse sur ce travail de ciselure avait dû comprimer en gênant la digestion), j’entrai dans la chambre voisine, où j’entendais le bruit d’une conversation animée tenue par quelques condisciples. […] Puis enfin, comme je flânais, en fumant un cigare, sous les arceaux d’une longue rue à arcades, comme la rue du Pô à Turin, j’entendis des voix éloignées qui prononçaient mon nom ; je me retournai, restant un instant immobile et dans l’attente, et peu à peu je vis autour de moi les camarades qui venaient de me relever et me soutenaient encore de leurs mains. — Aucune impression douloureuse n’a été le résultat de cet accident, qui n’eut point de suite et ne s’est jamais renouvelé. »
On eût supprimé l’oncle, bien entendu. […] Et surtout j’aurais préféré entendre M. […] faudra-t-il entendre ça tous les ans ? […] Vous entendez bien ce que je veux dire. […] C’est égal, elle est encore bien bonne à entendre.
Vous entendez bien ce mot. […] C’est un rare plaisir que d’entendre M. […] Il faut entendre la proposition de M. […] Ce qu’il a dit, on l’a entendu. […] Ces félibres entendent admirablement la vie et la mort.
Enfin j’entends le grincement des roues d’un telega. […] mes cordes d’or, je n’ai pas entendu vos cantiques ! […] Ce souffle imperceptible avait suffi pour empêcher Kondrate d’entendre nos cris. […] » Séroga, qui l’entend, se lève d’un seul bond et s’enfuit comme un lièvre. […] On entendit un aboiement sourd et rauque, mais on ne vit pas le chien.
Je veux aussi qu’on entende les sons de l’Angelus qui sonne au clocher voisin. […] Cette foule idolâtre postulait un idéal digne d’elle et approprié à sa nature, cela est bien entendu. […] J’ai entendu alléguer le ton cadavéreux dont la mort frappe les visages. […] On n’entendra pas, je présume, le mot dans un sens désagréable. […] Nous avons entendu reprocher à cet éminent artiste sa couleur un peu trop douce et sa lumière presque crépusculaire.
., lui disant qu’il entendrait là des choses qui pourraient lui servir, et le poussait vivement à en faire partie. […] Ne prêtant pas d’attention au sens de ses paroles, j’ai deux ou trois fois, la sensation de l’entendre rejouer Henriette Maréchal. […] Mais il y a contre les auteurs les mauvaises dispositions de la presse théâtrale, et j’entends au milieu d’applaudissements frénétiques, un jugeur chic s’écrier : « Ça ne peut pas avoir de succès ! […] Gavarret parle d’un discours sur Voltaire, que devait prononcer Royer-Collard à l’Académie, et que lui seul et M. de Barante ont entendu : Royer-Collard étant souffrant et ne pouvant se rendre à l’Académie. […] C’est de lui, dont Rodenbach traversant hier le boulevard, avait entendu un monsieur qui avait assisté à la répétition, disant à un autre : « À l’heure actuelle, il n’y a pas au Palais, un avocat foutu de plaider une cause, comme Antoine a plaidé hier. » Dans le couloir, j’ai entendu une phrase typique : « Ce n’est pas du théâtre, mais c’est très intéressant !
La lumière et les ténèbres semblent se mêler et comme s’entendre pour former le voile transparent qui couvre alors ces campagnes. […] Je voudrais le croire aussi ; cependant j’entends dire chaque jour que tout leur réussit. […] Cette idée est si révoltante que la philosophie seule, j’entends la philosophie païenne, a deviné le péché originel. […] N’entendez-vous pas la terre qui crie et demande du sang ? […] Ainsi nous nous sommes entendus à ce sujet.
. — Je crois vous entendre. […] Au grand nom de Richard Wagner, célébré par les Allemands nous opposerons glorieusement le sien, ce nom que nul ne connaît encore, mais que nous entendrons bientôt au milieu des applaudissements et des cris de bienvenue. […] Il entendait ce cri de son âme : « L’Amour est Dieu », — ce cri qu’il traduisait, d’ailleurs, inexactement, par : « Dieu est l’Amour ». […] Mais notre travail sera possible, en une certaine mesure, si au lieu d’entendre cette œuvre musicale, nous la revoyons, seulement, dans le souvenir. […] Cette direction avait même abaissé la Musique à un tel point que le goût voluptueux lui demandait toujours quelque nouvelle chose, la Mélodie de la veille ne pouvant plus, le lendemain, être entendue.
Est-il séjour si solitaire Qui ne l’entende au loin frémir ? […] Je sais trop bien entendre un semblable silence. […] Si les hommes pouvaient s’entendre ! […] Lebrun n’eut pas de peine à se faire entendre, lorsque, protestant contre toute allusion misérable, il se retrancha dans la vérité de l’histoire et des mœurs qu’il voulait peindre. […] … L’auteur de Marie Stuart lui fournit le sujet d’une foule d’idées que je n’ai entendu exprimer à personne.
« Et je l’appelle à haute voix, et il m’entend du sommet de sa montagne sainte ! […] « De son palais il entendit ma voix. […] « Mes larmes deviennent ma nourriture quand j’entends dire autour de moi tout le jour : Où donc est ton Dieu ? […] « Celui qui a planté l’oreille n’entendra-t-il pas ? […] C’étaient les mêmes notes que David avait entendues sur les mêmes collines en gardant les brebis d’Isaïe, son père.
Deschanel, le premier tiers voit et entend, le second tiers, pressé sans les corridors, entend sans voir, l’autre tiers s’en va désespéré, sans avoir vu ni entendu. […] Après avoir entendu « romantisme » au sens d’« originalité », il entend de nouveau, sans le dire, « originalité » au sens de « romantisme » ; et il semble que cette confusion, volontaire ou non, joue à sa critique plus d’un méchant tour. […] Les pleurs de l’Aurore, c’est devenu bien banal ; mais ce ne l’a pas toujours été, et au moins cela s’entend. […] Il appelle cela « une manière moins large »63 d’entendre le romantisme. […] Tout s’accorde et se marie, et nous entendons se plaindre dans ces drames une âme qui est à la fois la nôtre et celle de nos ancêtres proches ou lointains.
Et, si le matou qu’on entend est « discret », comment peut-il miauler « d’étrange façon » ? […] J’entends encor, je vois encor ! […] Enfin, je sais ce qu’est entendre et voir, J’entends, je vois toujours ! […] Et alors il entend la voix de sa compagne. […] Maintenant si le poète chante pour être entendu de lui seul, c’est bon, n’en parlons plus.
Alors pour la première fois on entendit une tragédie où chacun des acteurs était continuellement ce qu’il devait être, et disait toujours ce qu’il devait dire. […] Qui est-ce qui n’est pas délicieusement ému de ces vers si simples qui descendent si avant dans le coeur, et qu’il est impossible de ne pas retenir dès qu’on les a entendus ? […] Nul n’a mieux entendu la période poétique, la variété des césures, les ressources du rhythme, l’enchaînement et la filiation des idées. […] Il sort vainqueur de la lice, mais il n’y rentrera plus ; il vous cède, vous n’entendrez plus sa voix. […] Pourquoi les entend-on crier au blasphème dès qu’on relève ses défauts ?
ma chère amie, que nous entendons l’amour différemment ! […] Ce n’est jamais dans la période impétueuse, au début ni au milieu des commotions publiques, que chante le poëte dont l’époque saluera la voix ; c’est plutôt au déclin, aux environs des dernières crises, quand la force sociale s’arrête de lassitude, fait trêve à son tumulte et s’entend gémir. […] Tout était mûr ; les astres s’entendirent ; Des cieux brûlants quelques pleurs descendirent, Lente rosée,… et ta chanson naquit ! […] Si chaque jour entend crier la roue, Une harmonie embrasse l’avenir. […] Il ne sait pas le latin assurément ; mais, à l’entendre parfois discourir du théâtre et remonter de Molière, Racine ou Shakspeare aux tragiques de l’antiquité, je suis tenté de croire qu’il sait le grec, qu’il a été Grec, comme il le dit dans le Voyage imaginaire, tant cet ordre de beauté et de noble harmonie lui est familier.
Mais par là même elle se forme l’accès des « Journaux du jour », qui n’entendent pas en ce sens-là la politique et dont le public se figure n’avoir rien à faire avec les principes. […] Si c’est là ce que vous entendez par un « Sainte-Beuve », alors, non, aucun journal ne peut, en effet, s’offrir un Sainte-Beuve. […] Il est assez amusant, après cela, d’entendre M. […] Et : « Il faut de la place à Sainte-Beuve. » Au reste, les deux opinions ne s’excluent pas du tout, et c’est sur ce point que nos correspondants se sont le mieux entendus. […] Il est plus difficile de s’entendre sur ce qu’il convient d’y, mettre.
Je les entends de sang-froid ; je ne les vois que pour n’être pas toujours seule. […] J’ai cru qu’il était facile de me deviner et de lire dans mes regards que celui qui vous voit et vous entend n’est point amoureux d’une autre. […] Il est pressant, irrésistible, il ne veut entendre à aucune objection, à aucun ajournement : Quoi ! […] Chemin faisant, Mirabeau avertit en deux mots la marquise de se contenir et de se régler sur ce qu’elle entendra. […] Tout cela est bien loin de l’amour mot que je n’entends jamais prostituer sans regret… » 3.
Il n’est pas là pour entendre tes gémissements. […] « Avec de funestes paroles, elle appelle le dieu qui ne veut pas l’entendre. […] Voyez l’Ajax furieux ; près du héros, dont la tristesse annonce l’égarement, ne croit-on pas entendre l’éclat joyeux d’une fête ? […] Pourquoi ces discours d’un gouverneur de prince, au lieu du souvenir de cette invisible et divine maîtresse, dont l’innocent Hippolyte croit entendre la voix dans le silence des forêts ? […] Entendez-vous, dans les Chevaliers, la chanson du Chœur, amère au début, comme une épode d’Horace, et finissant par cette prière ?
Elle avait des accents touchants, sympathiques ; Elleviou, Martin, Gavaudan, venus à son début pour l’entendre, avaient des pleurs dans les yeux. […] Il fallait entendre le récit de cette petite scène par Mme Valmore : on en riait en pleurant. — Une vraie petite scène d’opéra-comique ou de demi-vaudeville en action. […] Après avoir témoigné leur ardent patriotisme à ce grand acteur, ils ont voulu entendre le reste de la tragédie d’Othello. […] Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes, C’est entendre le ciel sans y monter jamais. […] Je n’entends pas.”
Et je suis tenté de croire que, parmi les causes qui nous ont rendus si différents des hommes d’autrefois, même des hommes d’il y a cent ans, il faut tenir grand compte de celle-là, et que cet amour de la nature a profondément modifié l’âme humaine (je ne parle, bien entendu, que d’une élite). […] (Il faut, bien entendu, que cet homme soit intéressant et supérieur à la moyenne des esprits. ) — C’est par là d’abord que les romans de M. […] On entend par la lucarne le bêlement d’un mouton malade. […] Crédule comme les autres, il crut les autres sur parole, même quand ils causaient de lui ; écouta dans l’espace où le surnaturel parle aux âmes simples, et entendit. On le faisait voir en lui répétant ce qu’il avait vu ; on l’amenait à comprendre à force de lui expliquer ce qu’il avait entendu… Qu’est-ce qu’il entend donc, le grand berger, et qu’est-ce qu’il voit ?
Un des magistrats du pays, Aristodichos, soutint que les messagers avaient menti ou mal entendu. […] Elle accourt à grand bruit dans un nuage de poussière ; on entend déjà crier les moyeux des roues. […] Ce sont alors des cris déchirants que l’on croit entendre, une palpitation de couvée blottie sous l’aile paternelle, lorsque le rapace rôde autour du nid. […] Captives désormais, chair de trafic et de servitude, vendues aux bazars et revendues aux sérails de l’Asie lointaine : jamais plus on n’en entendait reparler. […] Mais le destin les réserve à un sort tragique, et le poète fait entendre, comme un murmure d’orage, sa sourde menace.
La géométrie l’avait fort occupé dès le collège, et, au zèle dont il s’y appliquait, elle semblait presque sa vocation ; ou plutôt, dans sa curiosité élevée et étendue, il menait, dès sa jeunesse, toutes les connaissances de front : « Il ne voulait pas qu’un autre pût entendre ce qu’il n’aurait pas entendu lui-même » ; il s’en serait senti humilié comme homme, et ce noble sentiment d’orgueil, soutenu d’une opiniâtre volonté et servi d’une admirable intelligence, le porta au sommet des sciences sublimes. […] « Il n’a pas mis dans ses ouvrages un seul mot dont il ne pût rendre compte. » On voit, d’après une critique qu’il fit en causant d’un écrit de Thomas, ce qu’il entendait par ces petits mots, par ces liens naturels et ces nuances graduées du discours, et quelle finesse de goût il y apportait. […] Lorsqu’il veut écouter, il lève la tête, dresse les oreilles, et alors il entend de fort loin : lorsqu’il sort dans un petit taillis ou dans quelque autre endroit à demi découvert, il s’arrête pour regarder de tous côtés, et cherche ensuite le dessous du vent pour sentir s’il n’y a pas quelqu’un qui puisse l’inquiéter. […] C’est des rameaux les plus touffus qu’elle le fait entendre ; elle s’y tient ordinairement couverte, ne se montre que par instants au bord des buissons, et rentre vite à l’intérieur, surtout pendant la chaleur du jour. […] Il y a, en lisant Buffon sur la métaphysique, à faire la part des précautions qu’il avait à prendre : « Buffon sort d’ici, disait dans une lettre le président de Brosses ; il m’a donné la clef de son quatrième volume, sur la manière dont doivent être entendues les choses dites pour la Sorbonne. » 49.
En voyant aujourd’hui à quel poids spécifique on a réduit l’édition ancienne, on se demande si c’est par respect ou par enthousiasme pour Rivarol, que les éditeurs du présent volume se sont donné les airs de faire un choix dans ses ouvrages, de prendre ceci ou de laisser cela, au nom de leur propre goût à eux, éditeurs, et de leurs préférences, ou si c’est plutôt par mépris bien entendu pour le public, qui n’aime et ne lit que les petits livres, quand il les lit toutefois… Ce qu’il y a de certain, c’est que nous n’avons pas là Rivarol ; c’est que nous n’avons en petit paquet que quelques paillettes de ce Pactole intellectuel, qui passa, en brillant, à travers le xviiie siècle. […] Ni avant, ni après Rivarol, on n‘entendit et on ne vit de conversation semblable à la sienne, car on la voyait autant qu’on l’entendait, cette incroyable conversation ! Voltaire ravi la comparait à un feu d’artifice perpétuel tiré sur l’eau, et Chênedollé, qui en a parlé quarante ans après l’avoir entendue, à une cascade inépuisable, éclatante et sonore, qui a ses courbes et ses arcs-en-ciel, et qui jaillit pour retomber et pour rejaillir. […] Oui, c’était là le vrai et le grand Rivarol, aussi pour moi le Rivarol impossible à retrouver, comme la beauté d’une femme morte, le Rivarol imaginé, puisque je ne l’ai pas entendu, et qui enivre toujours ma pensée comme si je l’avais entendu, et même peut-être davantage ! […] Je l’ai dit plus haut, mais avec désespoir : pour avoir ce Rivarol-là qui ne peut pas sortir des livres qu’on exhume aujourd’hui, pour avoir une idée de ce génie de la conversation évaporé avec la vie, nous n’avons plus que la biographie de M. de Lescure, qui ne l’a pas entendu… Insuffisante et impatientante biographie, très bien faite pourtant.
» Entendez-vous l’écho prodigieux de ces paroles sur les parois de marbre et les vases retentissants de l’amphithéâtre, que couronnait le soleil de Marathon et de Salamine ? […] « M’entend-il ce roi, dans sa béatitude et dans son sort égal aux dieux ? M’entend-il poussant des sons barbares, discords, lamentables, confus ? […] M’entend-il du fond de l’abime ? […] viens, avance, montre à l’extrémité de la tombe la semelle empourprée de tes pieds ; et dévoilant l’éclat de ta royale tiare, viens, ô père, ô tutélaire Darius, afin d’entendre nos nouveaux, nos derniers malheurs ; et apparais-nous comme le maître du monde.
Damiron, président actuel de l’Académie des sciences morales et politiques, n’est pas de ceux qui blessent : il a commencé, en quelques paroles très émues, par préconiser le discours éloquent qu’on allait entendre, et que, disait-il, il ne voulait point retarder ; il a annoncé M. […] Que si l’on prend philosophie dans le sens purement moderne, comme l’a entendu, par exemple, l’école de M. […] J’entends encore mes pas dans cette chambre étroite et nue, où, longtemps après l’heure du sommeil, j’avais coutume de me promener ; je vois encore cette lune à demi voilée par les nuages, qui en éclairait par intervalles les froids carreaux. […] Je ne serais même pas étonné que, tout lié qu’il était avec Jouffroy, il ne fût jamais allé entendre une seule de ses leçons. […] Sa vraie supériorité est dans la manière dont il entend et dont il traite l’histoire, non pas celle de ce temps-ci et qui se passe sous nos yeux (elle est trop mobile et trop variable à chaque instant), mais l’histoire morte et telle qu’elle se refait après coup.
Saint-Évremond et les spirituels élèves des jésuites n’y entendaient plus rien. […] La Bruyère l’entend, à coup sûr ; mais en a-t-il bien profité ? […] On n’a pas plus d’emportement ni de sainte fureur ; on entend le trépignement et les bonds de la danse. […] Il y a des tons qui crient et que ne suffisent pas à racheter d’agréables vers, tels que ceux-ci : Quant à moi, j’aime mieux ne manger que du pain Et boire d’un ruisseau puisé dedans la main, Sauter ou m’endormir sur la belle verdure, Ou composer des vers près d’une eau qui murmure… Mais, quelques vers plus haut, il était question d’un crocheteur qui, rien qu’à l’entendre nommer, me gâte cette vue champêtre. […] C’est là un défaut de jugement insupportable de n’avoir pas songé au temps où il écrivait, ou une présomption très condamnable de s’être imaginé que, pour entendre ce qu’il faisait, le peuple se ferait instruire des mystères de la religion païenne.
Il est presque plaisant aujourd’hui d’assister aux étonnements de De Maistre, d’entendre ses exclamations d’homme scandalisé, ses cris d’effroi comme si tout l’ordre politique était bouleversé, quand il voit en 1812 le prince royal de Suède acquérir auprès des souverains des droits dont il lui sera tenu compte. […] Il faut entendre de Maistre, témoin de cette scène qu’il raconte, et jouir de son étonnement. « Pendant ce temps, ajoute-t-il, Alexandre Ier proclame au milieu de la Germanie qu’il combat pour l’honneur et la liberté de l’homme. […] Le véritable vainqueur, comme le véritable vaincu, est celui qui croit l’être. » Il faut l’entendre développer spirituellement cette thèse : « Vaincre, c’est avancer ; par conséquent, reculer, c’est être vaincu. […] Ce que de Maistre a de merveilleux, c’est sa langue ; avec toutes ses roideurs et ses tons cassants, elle est incomparable, et on lui rend forcément les armes chaque fois qu’on l’entend ou qu’on le lit. […] Dès qu’il est là et qu’il parle, on l’entend de loin.
Ceux qui l’ont entendu alors ont gardé la meilleure impression de son esprit, de son goût, de l’élégance et de la vivacité de sa parole : l’éloquence proprement dite serait venue avec un peu plus de chaleur. […] Il n’était pas permis de tout dire ; il ne se croyait pas en mesure pour critiquer directement : il avait des tours, des finesses, pour faire entendre sa pensée ; l’ironie est sa figure favorite. […] disions-nous en lisant le matin, et même en ressentant à notre peau ces agréables piqûres ; voilà un homme d’esprit de plus : il s’y entend ; il est de la race des Courier, des Benjamin Constant, ou des Chamfort, des Rivarol, ou tout au moins des Saint-Marc. […] Qui dit coalition, entend et suppose quelque chose contre et au dehors. […] Entendons-nous bien pourtant, et ne nous faisons aucune illusion.
Le meilleur des hommes est celui qui trouve en soi et de lui-même la sagesse ; vient ensuite celui qui est capable de l’entendre et de la recevoir d’autrui. […] Les conseils économiques y sont tout à fait déjà dans le sens du Bonhomme Richard et à la Franklin, sur les fruits du travail, sur les petits profits accumulés, sur l’importance du bon voisinage à la campagne, sur le prêté rendu des services mutuels où l’intérêt trouve son compte en même temps que la morale : rien pour rien ; avarice ou générosité, selon l’occasion, en vertu d’un seul et même principe, l’intérêt bien entendu. […] « Mais heureux aussi celui qui, d’un esprit moins émancipé et d’un cœur plus humble, reconnaît dans la nature un Auteur visible, se manifestant par tous les signes ; qui croit l’entendre dans le tonnerre et dans l’orage ; qui le bénit dans la rosée du matin et dans la pluie du printemps ; qui l’admire et l’adore dans la splendeur du soleil, dans les magnificences d’une belle nuit, et qui ne cesse de le sentir encore à travers la douce et tiède nuaison d’un ciel voilé ! […] Nos propriétaires ruraux ont fort amélioré et réhabilité depuis quelques années la race porcine : j’ai entendu là-dessus, de la part de gens d’esprit qui vivent dans leurs terres, plus d’une dissertation piquante. […] Bien entendu que les sacrifices que je demande à l’auteur seraient plus que compensés par de nouveaux tableaux qui lui viendraient et lui souriraient dans l’intervalle.
Ne pas avoir fait de rhétorique d’arts le sens où je l’entends ici, c’est ne pas se douter des difficultés de l’art. […] Vous avez eu cette idée singulière, et vous osez l’exprimer comme vous l’avez eue ; non qu’elle soit belle et gracieuse, cette image de la guillotine sur un joli cou ; elle est affreuse, elle est laide (entendez-vous bien) et horrible, cette idée-là ; mais elle est dramatique, vraiment shakespearienne, et elle jaillissait assez naturellement, hélas ! […] J’y étais ce jour-là, cette après-midi, où l’on était convié à entendre dans l’élégant salon le commencement des Mémoires et Souvenirs de M. […] Delécluze, parut s’apercevoir qu’il y en avait un peu trop sur ce point, et, à un instant, il essaya, de sauter un feuillet et d’enjamber ; mais, ayant mal pris sa mesure, il vit que ce ne serait plus assez clair pour la suite du récit, et il dut revenir en arrière sur ses pas ; de sorte qu’au lieu d’entendre une seule fois le passage désobligeant ; on eut à le subir une seconde. […] Leurs figures paraissaient émues, et d’un air timide, mais où perçait un sourire plein de joie, ces deux jeunes artistes remercièrent leur généreux camarade de manière à laisser entendre à tous les assistants qu’ils attachaient plus d’importance encore qu’eux à ce qui venait de se passer.
Port-Royal avait toute son âme ; il y puisait le calme, il y rapportait ses prières ; il était plein des gémissements de cette maison affligée, quand il fit entendre, pour l’heureuse maison de Saint-Cyr, la mélodie touchante des chœurs d’Esther 26. […] Juliette, au balcon, croit entendre le chant de l’alouette, et presse son jeune époux de partir ; mais Roméo veut que ce soit le rossignol qu’on entend, afin de rester encore. […] on n’entend ni le chant des oiseaux, ni le bruit de la mer ; le silence règne sur l’Euripe. » Dans Racine au contraire, Arcas prend les devants en poésie, et il est le premier à s’écrier : Mais tout dort, et l’armée, et les vents, et Neptune. […] Quoi qu’il en soit, il énonçait à coup sûr, dans cette lettre à l’Académie, l’opinion de plus d’un esprit délicat, de plus d’un académicien de son temps, et Racine lui-même se serait probablement entendu avec lui pour critiquer sur beaucoup de points la diction de Molière. […] Nous croyons faire preuve d’un respect mieux entendu en déclarant le style de Racine, comme celui de La Fontaine et de Bossuet, digne sans doute d’une éternelle étude, mais impossible, mais inutile à imiter, et surtout d’une forme peu applicable au drame nouveau, précisément parce qu’il nous paraît si bien approprié à un genre de tragédie qui n’est plus.
Il est certain qu’un s ou un x de plus ou de moins ne change pas le son d’une syllabe, dans les cas, cela s’entend, où il ne se heurte point, par suite d’un rapide rejet, à une voyelle du vers suivant. […] On entend si bien cette porte du jardin qui, en s’ouvrant, balaie les graviers que le vent ou les pluies accumulent toujours contre son vantail. […] Un principe général exprimé par les versificateurs est celui-ci : « Un vers terminé par une rime masculine ne peut être contigu à un vers terminé par une autre rime de même nature. » Or, là-dessus encore il faut s’entendre. […] On n’usera pas, bien entendu, de toutes sortes d’hiatus. […] Les vers suivants, d’ailleurs, ne sont-ils pas bien agréables en dépit de l’hiatus qu’on y rencontre : Rien n’est charmant le soir, rien n’est doux à entendre Comme le chant d’un pâtre au milieu des troupeaux ?
Je n’entendis jamais Verlaine se plaindre ni faire appel à la pitié. […] … » Il fallait entendre René Ghil réciter ce poème avec une voix étranglée de ferveur pour savoir jusqu’où peut aller la puissance émotionnelle des mots. […] C’était un homme de moyenne taille, avec un long collier de barbe noire, au complet de cheviotte bleue, qui hésita sitôt qu’il nous vit et fit mine de rebrousser chemin en chuchotant à un compagnon invisible des mots que nous n’entendions pas. […] Verlaine, qui le voyait pour la première fois, était curieux d’entendre ses vers. […] C’est aux terrassiers de Verlaine que je pensais, le soir de l’inauguration de son monument, à ce banquet où trois cents intellectuels se livraient à un charivari forcené, jetaient leurs assiettes à la tête des récitants et se refusaient même à entendre ses vers, et la comparaison n’était pas à leur désavantage.
L’inclination mutuelle des sexes est un sujet si fécond et si varié de conversation ; ils ont tant de choses à se dire pour faire entendre ce qu’il leur est prescrit de taire ; il faut tant de paroles pour expliquer cette prière muette 11 qu’ils s’adressent continuellement l’un à l’autre ; il faut partir de si loin, il va tant de circuits à faire pour arriver au but désiré, qu’on ne peut assez multiplier les occasions de se parler, de se communiquer, s’ouvrir assez de chances favorables, étendre la conversation à un assez grand nombre d’objets divers. Plus les mœurs sont chastes et réservées, plus il faut de conversation pour se faire entendre d’un sexe à l’autre. […] Comme j’y suis le parrain de plusieurs belles, je veux et entends qu’à l’avenir mademoiselle d’Hervart s’appelle Sylvie dans tous les domaines que je possède sur le double Mont15 ». […] Ce fut l’ode de Malherbe sur la mort de Henri IV, qui éveilla le talent de La Fontaine ; et qui n’a entendu citer ces vers sur la mort de mademoiselle du Périer, Elle était de ce monde où les plus belles choses Ont le pire destin ; Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, L’espace d’un matin ? […] Sully dit un jour au prince de Condé qui se plaignait du roi : « Je vous ai entendu reconnaître plusieurs fois que vous tenez de sa bonté tout ce que vous êtes. » Sully, édition de Petitot, t.
I Quand les contrastes crient, ils sont mieux entendus. […] Mais ne l’entendez pas dans le sens littéraire qui voudrait dire : excessivement intuitive, excessivement profonde, excessivement subtile. […] Le scepticisme, l’inquiétude et la peur, qui firent pousser de si magnifiques cris d’aigle épouvanté à l’âme de Pascal, sont plus communs que la foi, l’amour et l’espérance, et les hommes sont faits ainsi qu’ils entendent mieux la voix qui les crie. […] on ne comprend plus, si l’on veut faire l’entendu à la manière humaine, si on la tire hors de son nimbe, cette tête divinement incompréhensible qui doit y rester, et qui se joue, de là, de l’observation scientifique et des proportions naturelles. […] Le Système du monde de Laplace n’a qu’un petit nombre de lecteurs qui l’entendent et peuvent le juger, mais les écrits de sainte Térèse sont plus difficiles à comprendre, dans les arcanes de leur beauté, que les livres même de Laplace.
Les anciens Germains, dit Tacite, entendaient la nuit le soleil qui passait sous la mer d’occident en orient ; ils affirmaient aussi qu’ils voyaient les dieux. […] Tels durent se trouver les fondateurs de la civilisation païenne, lorsqu’un siècle ou deux après le déluge, la terre desséchée forma de nouveaux orages, et que la foudre se fit entendre. […] C’est ainsi qu’il faut entendre dans l’histoire de la civilisation le Jovis omnia plena ; c’est ce Jupiter que Platon prit pour l’éther, qui pénètre et remplit toutes choses ; mais les premiers hommes ne plaçaient pas leur Jupiter plus haut que la cime des montagnes, comme nous le verrons bientôt. […] Ces peuples, durent être tous poètes, puisque la sagesse poétique commença par cette métaphysique poétique qui contemple Dieu dans l’attribut de sa Providence, et les premiers hommes s’appelèrent poètes théologiens, c’est-à-dire sages qui entendent le langage des dieux, exprimé par les auspices de Jupiter. […] Les sacrifices en furent une conséquence immédiate, puisqu’on les faisait pour procurare (c’est-à-dire pour bien entendre) les auspices.
On l’entendait gémir du grenier. […] Elle entend que la pluie, au dehors, redouble de violence. […] Bettina croit entendre le roulement des voitures. […] Barbey d’Aurevilly, le malheur est qu’ils ne sachent pas toujours s’entendre. […] Très peu de ce qu’on entend tous les jours
Il raconte ce que ses yeux et ses oreilles ont vu et entendu. […] Qui l’a lu l’a entendu. […] C’est un sujet sur lequel il n’entendait pas raillerie. […] C’est un sujet sur lequel il n’entendait pas raillerie. […] Il faudrait s’entendre.
Le judicieux Du Marsais, un des hommes qui a le mieux entendu le génie des langues, & qui a porté plus loin l’esprit de discussion & d’analyse dans toutes les parties grammaticales, a fait voir qu’en matière d’orthographe, si l’usage étoit un maître dont il convint en général de respecter les loix, c’étoit le plus souvent aussi un tyran dont il falloit sçavoir à propos secouer le joug. […] Un François qui ne sçauroit point leur langue, & qui liroit en présence d’un d’eux, par exemple, i have, j’ai, ne seroit point entendu. […] On voit assez de François, de femmes même, qui le lisent & l’entendent ; mais très-peu qui le parlent, & qui soient en état de suivre une conversation angloise. […] De serviles compilateurs de phrases, d’une langue qu’on a bien de la peine à entendre, plus amateurs des mots que des choses, osèrent se donner pour des oracles en fait de prononciation.
Les uns l’attribuent à une révélation directe du Créateur à sa créature ; les autres en attribuent l’invention à l’homme par une lente élaboration de l’instinct cherchant, par des sons et par des signes, à se faire entendre et à comprendre. […] L’homme parlant a pu dire à l’homme comprenant : Convenons entre nous que tel signe signifiera aux yeux ou à l’esprit telle chose ou telle idée, et qu’en lisant ce signe sur le sable, sur la pierre, sur le papyrus, sur l’écorce, sur le vélin, sur le papier, nous croirons entendre tel son, voir telle image, concevoir telle idée. Rien de plus simple ; l’homme n’était plus placé pour inventer l’écriture dans le cercle d’impossibilité où il était placé pour inventer la parole : ce cercle d’impossibilité, où il fallait la parole préexistante pour convenir de la signification de la parole, où le muet devait parler au sourd, et où le sourd devait entendre le muet ! […] Comment accumuler et contenir une perfectibilité toujours croissante dans des langues qui ne s’entendent pas l’une l’autre, et qui meurent tous les jours en laissant fuir ce que les générations antérieures leur ont confié ?
Il me semble que, quand on a la fantaisie d’occuper de sa personne un art imitatif, il faudrait avoir d’abord la vanité d’examiner ce que cet art en pourra faire, et si j’étais l’artiste et qu’on m’apportât un aussi plat visage, je tournerais tant, que je le ferais entendre, non à la façon du Puget ou de Falconnet, mais à la mienne, et le plat visage parti, je me frotterais les mains d’aise, et je me dirais à moi-même : dieu soit loué ! […] Je n’entends rien à ces symboles. […] La vierge est à droite, à genoux, le corps incliné, en devant s’entend, et se soumettant au fiat. […] Avez-vous craint que nous ignorassions que vous n’avez rien entendu à ce que vous fesiez ?
Il y avait dans Diderot quelque chose de béat, de pédant, de mystique, d’yeux fermés (on dit qu’il parlait les yeux fermés et je le crois), qui ne pouvait jamais être dans Lessing, cet homme qui n’est jamais dupe de rien, pas même de lui, et dont l’œil attentif est ouvert comme celui d’un archer qui vise… Avec Henri Heine, qui l’a jugé, Lessing est peut-être le seul allemand d’esprit comme nous entendons l’esprit en France, où on ne l’entend que là… Il était le seul qui pût se mesurer avec Voltaire et que Voltaire ne faisait pas trembler. […] Il prouve, comme on ne l’avait jamais prouvé avant lui et comme on ne le prouvera jamais (on n’en a plus besoin), que même ceux-là qui ont le plus parlé d’Aristote ne l’entendaient pas. […] Il l’invoquait contre les Français, qu’il accusait avec raison de n’avoir jamais entendu les idées dramatiques des Grecs, et il ne se doute pas que sa critique n’était que le combat d’un jour et que l’Art dramatique, en soixante-dix ans, allait se défaire de tous les Aristotes, faux ou vrais, et, purifié de toute théorie, n’aurait plus pour toute règle que la liberté du Génie qui crée l’émotion et exprime la vie dans ce qu’elle a de plus intense, — n’importe à quel prix !
La nature avant tout, la nature en elle-même et avec toutes ses variétés de collines, de pentes, de vallées, de clochers à distance ou de ruines, la nature surmontée d’un ciel haut, profond et chargé d’accidents, voilà le paysage comme l’entend M. […] C’est ainsi que certains paysages ne sont que des copies correctes d’un original écrit dans une langue étrangère. — L’artiste initié au secret divin de l’art entend la voix de la nature qui raconte ses mystères infinis par les arbres, par les plantes, par les fleurs, par les eaux et par les montagnes. […] Quinet87, qu’il a entendu la voix de la végétation, et qu’il lui a été donné de comprendre « le génie des lieux. » Si nous revenons maintenant à la vue de la plaine et du château d’Arques qui nous a suggéré tout ceci, nous y trouverons une application heureuse de cette faculté de paysagiste expressif et intelligent.
Je n’ai jamais rien entendu d’aussi aigre, d’aussi brutal, d’aussi impitoyablement strident que ces cris. […] Je revois toujours la bouche grande ouverte de celui qui portait sur ses yeux des boules de cuivre avec une fente de grelot ou de tirelire ; et j’entends le cri mauvais, indéfinissable, le cri de xylophone exaspéré qui jaillissait entre ces deux rangées de dents noires, comme d’une bouche de poisson… Je n’ai jamais senti un plus vaste, un plus infranchissable abîme entre une autre créature et moi Ça, mes frères ? […] Mon chien a des yeux intelligents et bons, et quand d’aventure il hurle à la lune, c’est sans doute assez désagréable à entendre, mais il y a encore je ne sais quoi d’humain dans sa plainte.
Il a fait entendre à Caen, au rendez-vous de la Pomme, la chanson paternelle des Cigaliers… Enfin il a payé sa dette avec un gracieux apologue aux fêtes données en l’honneur de Florian, tout près de ce parc de Sceaux où la duchesse du Maine avait tenu sa cour de petits poètes et présidé l’ordre de la Mouche à miel. — À la suite de ces poésies lyriques, parmi lesquelles se détache encore l’hymne éclatant à la mémoire de Paul de Saint-Victor, se placent des poèmes philosophiques qui ont aussi leur grande valeur, d’un symbolisme profond et d’une émotion communicative ; quelques-uns m’ont rappelé, avec une langue plus moderne, certaines inspirations très heureuses d’Émile Deschamps, qui présente quelques analogies avec notre poète, ne serait-ce que par un caractère commun dans leur talent, caractère de conciliation et de transaction. […] Car, bien que peut-être le mot de France y revienne un peu trop souvent à l’hémistiche ou à la rime, il n’y a rien, dans la Fille de Roland, de ce patriotisme de réunion publique et de café-concert qui force si grossièrement l’applaudissement de la foule et dont les déclamations sont si cruelles à entendre. […] La plus éperdue poésie n’est pas la meilleure au théâtre, et M. de Bornier a prouvé encore dans son premier acte qu’il s’entend au vers scénique.
Peut-être il eût été à souhaiter qu’au moment où le premier orateur se présenta pour prononcer le premier panégyrique devant un prince, même vertueux, un citoyen plein de courage se mît tout à coup entre le prince et l’orateur, et élevant sa voix avec force, s’écriât : « Prince, qu’oses-tu permettre, et que vas-tu entendre ? […] » On ne peut douter qu’un prince ami de l’humanité, si on avait eu le courage de lui parler ainsi, avant qu’il entendît un de ses panégyriques, n’eût à l’instant congédié l’orateur, et que le peuple assemblé n’eût prononcé des imprécations contre le premier citoyen qui dans la suite oserait renouveler cet usage. […] Ainsi le pouvoir d’un côté et la bassesse de l’autre, firent le plus souvent naître les panégyriques, que les uns eurent le courage d’entendre, et que les autres eurent l’audace de prononcer.
Il faut entendre les leçons du calendrier. […] J’entends encore sa parole nette comme sa pensée, égale, douce et pénétrante. […] Ce n’est pas non plus du jour où j’ai entendu M. […] (J’entends voleur innocent et bien souvent voleur sans le savoir.) […] Nous entendrons toujours, sur ces perfides eaux bleues, chanter les Sirènes.
Entendez ceux qui ont eu le loisir d’étudier et de penser. […] Je suis celle qui finit toujours par se faire entendre. […] On est étonné après cela d’entendre dire à M. […] Entend-il seulement que les illustres d’alors ont été peu patriotes ? […] Vous avez bien entendu.
C’est que rue des Granges on entend par cuisinière sérieuse une cuisinière qui ne rit jamais. […] Nullement, bien entendu, de nuages matériels. […] Il est lui-même (dans l’ordre professoral, s’entend) matière féminine. […] On n’a pas entendu dire que les femmes l’aient adopté. […] Dieu l’entend.
Il est bien entendu que MM. […] Flaubert entend le roman carthaginois, comme Th. […] Mais les portes sont verrouillées et nul ne peut entendre ses cris. […] L’avez-vous jamais entendu ? […] » entendez : « C’est admirablement vrai !
. — Vous savez ce que j’entends par santé. — Et, voyez ! […] L’ange, invisible et impalpable, bien entendu, devint tout oreilles. […] Il s’entend avec les justes lois. […] je ne t’ai presque pas entendu. […] Un jour je l’entendis ou crus l’entendre dire : « Quelle dépression !
Nous entendrions chanter au fond de nos âmes, comme une musique quelquefois gaie, plus souvent plaintive, toujours originale, la mélodie ininterrompue de notre vie intérieure. […] Je regarde et je crois voir, j’écoute et je crois entendre, je m’étudie et je crois lire dans le fond de mon cœur. […] Il y a au fond du comique une raideur d’un certain genre, qui fait qu’on va droit son chemin, et qu’on n’écoute pas, et qu’on ne veut rien entendre. […] Le passage se ferait d’ailleurs insensiblement de celui qui ne veut rien entendre à celui qui ne veut rien voir, et enfin à celui qui ne voit plus que ce qu’il veut. […] Les raisonnements dont nous rions sont ceux que nous savons faux, mais que nous pourrions tenir pour vrais si nous les entendions en rêve.
Ils ne trouvent rien, bien entendu. […] Le monstre n’entend rien. […] Mais entendons-nous : du ciel considéré au point de vue industriel et sérieux. […] J’entends Stéphane Mallarmé. […] Il exige, pour être entendu, une certaine application d’esprit.
Certes, Baudelaire est un vrai artiste, comme nous l’entendons aujourd’hui, ou plutôt comme on l’entendait il y a quelques années. […] J’entends la mer qui gronde contre les promontoires. […] Je n’arrivai point à me faire entendre. […] … N’avez-vous rien entendu ! […] … Entends-tu, ô fugitif accablé de peines ?
S’il pouvait m’être agréable de l’entendre attester en public qu’il avait été la cause de mon éloignement de la secrétairerie, je fus saisi de l’entendre affirmer que, si j’étais resté dans ce poste, les choses ne seraient pas allées aussi loin. […] Alors il demanda, en peu de mots, aux cardinaux qui étaient de l’autre côté, s’ils avaient entendu son discours. […] Qu’elle daigne donc entendre sa voix et nous continuer ses bonnes grâces et la protection du Très Saint-Père. […] Nous y reviendrons souvent, seulement il faut aujourd’hui ne pas mourir. » — Ce vœu ne devait pas être entendu. […] Il entendit pour la première fois à Naples les plus beaux morceaux du jeune Cimarosa ; il en reçut une telle impression qu’elle s’immobilisa dans son cœur.
Il administrait prudemment son bien, parce que l’économie le mettait à même de faire de la littérature comme il l’entendait. Et il l’entendait de haute et fière façon : il lui répugnait de faire de la poésie un gagne-pain ; on dit qu’il ne reçut jamais rien des libraires que ses œuvres enrichissaient. […] Il s’y entendait en effet, et dans ce temps de polémiques virulentes et d’aigres personnalités, parmi ces gens de lettres hargneux et querelleurs comme des mâtins, nul n’emportait mieux la pièce. […] Un jour, Bossuet y venait entendre l’Épître sur l’Amour de Dieu ; un autre jour, La Bruyère y lisait ses Caractères, ou d’Aguesseau s’y arrêtait en revenant de Versailles. […] Selon qu’il est plus froid ou plus complimenteur, Brossette n’entend rien à la poésie, ou bien a le goût exquis.
L’ordre, le classicisme, la pureté, on n’entend que cela dans leurs discours. […] Decalandre, c’est à vous entendre, la nature rebelle, la vie âpre qui forment les poètes. […] Il a fait rendre à la langue des sons qui n’avaient pas été entendus avant lui ; et, en saisissant de nouveaux rapports entre le monde physique et l’Homme, il a créé d’éternelles images. […] D’ailleurs, il faudrait commencer par s’entendre sur une délimitation exacte des pays de langue d’oïl et des pays de langue d’oc. […] Partout il y a mélange, c’est bien entendu.
Dans ses livres inégaux d’autrefois ce qu’elle faisait entendre, parole ou balbutiement, chant ou sanglot, était noble et douloureux comme l’aspiration. […] « Par-delà le mystère des ombrages », il entend « l’appel perfide des ruisseaux ». […] J’entends qu’ils subissent les mystérieuses lois de la prosodie non formulée, instinctive, mais ayant cependant ses règles inécrites, laquelle a été tout simplement le secret des maîtres. » — Oui, mais cette prosodie inécrite comprend plus de secrets particuliers que de secrets communs à tous les maîtres. […] Ils s’éprennent des nouveaux gazouillements entendus et des dernières ailes aperçues voltigeantes dans le ciel ; mais ils ne sont point les couleurs des générations successives de doctrines. […] Je ne me lasse point d’entendre l’exquise symphonie.
Écrivains et roi, je le veux bien, se sont simplement entendus : le roi n’a pas eu à diriger, ni les écrivains à suivre. […] Il faut entendre par bienséance la science de ce qui sied, la raison dans les relations de la vie civile. […] Contredire le roi sur la propriété des mots, où, d’instinct, et sans qu’il s’en doutât, il ne s’entendait guère moins bien que Boileau, c’était s’exposer à ne pas plaire. […] Il parut en faire l’aveu à Massillon, lorsqu’après la prédication du premier avent, en 1699, il lui dit ces belles paroles, le jugement le plus flatteur qu’on ait fait de Massillon : « Mon père, j’ai entendu plusieurs grands orateurs dans ma chapelle, et j’en ai été fort content ; pour vous, toutes les fois que je vous ai entendu, j’ai été très mécontent de moi-même. » La parole de Massillon ne fut pas moins hardie que celle de ses prédécesseurs. […] Bossuet a reproduit en plusieurs endroits, en le modifiant, ce beau commentaire du passage de Tertullien ; mais c’est Louis XIV qui en a entendu la première rédaction.
il faut tant de précautions pour la préparer à entendre quelque chose qu’elle n’a pas entendu cinq cents fois et, le moment venu, il faut frapper si fort et si juste pour le lui faire entrer dans la tête ! […] Qu’il soit donc entendu que celles qui sont fausses sont de moi. […] Mais on le félicite, on l’embrasse ; il entend murmurer ; « A son âge ! […] Il ne faut point chicaner sur son plaisir comme je l’ai entendu faire. […] J’entends par là qu’elle fait beaucoup sentir et beaucoup rêver.
On entend rarement parler de Locke, qui est regardé comme un assez faible idéologue. […] Mes pères entendront ces soupirs dans leur salle aérienne. […] Bientôt on entend un cri : Voilà la brise du sud-est. […] Il faut entendre M. […] je ne t’entendrai plus !
Je souris vraiment quand je vois Malebranche parler contre l’imagination, et quand j’entends M. […] Le souverain de la petite île n’est plus ici que le grand propriétaire le mieux entendu et le plus digne de présider son conseil général. […] Thiers est charmant. — Mais un jour, sans conspiration aucune, sans que les mécontents du dedans se soient entendus avec l’exilé de l’île d’Elbe, par le seul fait de cette sympathie, de cette communication électrique qui s’établit à distance dans les atmosphères embrasées, Napoléon a senti que le moment de quitter ces jeux et ces passe-temps, bons pour les champs élyséens de Virgile, est venu, et qu’il faut, bon gré malgré, jeter une dernières fois les dés du sort. […] Chateaubriaud a fait le sien ; il faut l’entendre, dans ses Mémoires, nous décrire ce prodigieux événement et s’efforcer d’en exprimer le grandiose à force d’images, il veut nous montrer Napoléon en marche, qui s’avance sans rencontrer d’obstacle : « Dans le vide qui se forme, dit-il, autour de son ombre gigantesque, s’il entre quelques soldats, ils sont invinciblement entraînés par l’attraction de ses aigles.
Et d’abord, ceux qui sont si chauds partisans de ce qu’on appelle la réaction classique, et qui la comprennent peu, ceux qui y voient autre chose que le noble plaisir d’entendre une jeune tragédienne de talent et de rapprendre, grâce à elle, ce qu’il n’aurait jamais fallu oublier, ce qu’il faut moins que jamais reproduire, ceux-là, épris contre le drame moderne d’une ferveur novice de croisés, et qui ne daignent plus faire de différence de Hernani à Vautrin, étaient quelque peu disposés d’avance à y confondre Cosima. […] Au quatrième acte, lorsque Alvise, qui a entendu dans le parc les derniers mots d’adieu de sa femme et d’Ordonio, vient chez ce dernier lui demander raison de l’injure et lui raconter qu’il sait tout ; lorsqu’il arrive au moment même où sa femme était accourue chez le séducteur dans un accès de jalousie, et tout exprès (subterfuge du cœur !) pour lui dire qu’elle ne l’aime pas, rien de plus scabreux, on le comprend, qu’une telle scène ; Geffroy, qui représente Alvise, l’entame très bien ; le gentilhomme impatient, relancé dans ses ruses, est obligé d’entendre au long la doléance, la sentence de l’honneur outragé. […] Ici l’acteur, aussitôt même entendu, n’a eu qu’à jeter au public le pseudonyme retentissant.
C’est la grande opposition du corps et de l’âme, reconnue par toutes les religions et toutes les philosophies élevées, opposition très superficielle si on prétend y voir une dualité de substance dans la personne humaine, mais qui demeure d’une parfaite vérité, si, élargissant convenablement le sens de ces deux mots et les appliquant à deux ordres de phénomènes, on les entend des deux vies ouvertes devant l’homme. […] L’ascétisme chrétien, en proclamant cette grande simplification de la vie, entendit d’une façon si étroite la seule chose nécessaire que son principe devint avec le temps pour l’esprit humain une chaîne intolérable. […] Et pourtant, si l’on sait entendre la philosophie, dans son sens véritable, celui-là est en effet un misérable qui n’est pas philosophe, c’est-à-dire qui n’est point arrivé à comprendre le sens élevé de la vie. […] Mais, si l’on entend par poésie cette faculté qu’a l’âme d’être touchée d’une certaine façon, de rendre un son d’une nature particulière et indéfinissable en face des beautés des choses, celui qui n’est pas poète n’est pas homme, et renoncer à ce titre, c’est abdiquer volontairement la dignité de sa nature.
Il n’a donc rencontré devant lui que des opinions qui se sont abdiquées, à force de s’entendre entre elles. […] Légitimiste, il n’entendait pas davantage que le dernier Bourbon de la branche aînée tendît la main à ceux qui, aussi, le chassèrent, dussent-ils mettre dans cette main la monnaie d’un trône ! […] Toujours net, toujours incompatible, indiscret même contre son amour-propre, il racontait drolatiquement à qui voulait l’entendre l’accueil que lui fit M. de Riancey quand il alla lui porter le livre que voici. […] II Entendue de cette façon, l’Histoire de Louis-Philippe et de l’Orléanisme est un pamphlet, je le veux bien, ou même un libelle, si vous l’aimez mieux ; mais c’est un libelle sans calomnie, un pamphlet expurgé de mensonge, dans lequel je trouve non seulement de la vérité, mais jusqu’à de la coquetterie de vérité, à certaines places.
S’il y a des titres, en effet, qui peuvent pousser comme des fleurs d’esprit dans les plus pauvres cervelles, il y en a d’autres qui ne sont que les fausses fleurs de la Spéculation ou de la Vanité… Je puis très bien pardonner à l’auteur d’un mauvais livre, quel qu’il soit, de m’avoir pipé avec le sien et de m’avoir fait avaler un méchant ouvrage caché sous un titre alliciant et qui s’adressait à ma friandise intellectuelle, mais il m’est impossible de pardonner à un éditeur — et par là je n’entends point le libraire — qui publie des Correspondances inédites et trompeuses sous des noms qu’on aime et auxquels la plus sympathique curiosité s’attache, et cela uniquement pour l’égoïste plaisir de camper son nom sous ces noms célèbres et d’avoir tripoté un livre de plus ! […] innocemment, bien entendu !). […] Sismondi ne fut point, lui, amoureux de Madame de Staël, mais, quand il mettait la tête hors de ses livres comme une carpe met la sienne hors de l’eau, il l’admirait naïvement et passait sa vie à l’entendre. […] Sismondi, — rendons-lui cette justice, — malgré son épaisseur, fut encharmé de ces conversations parisiennes, comme l’ours de Berne qui entendrait l’harmonica, et il n’oublia jamais cette sensation quand il fut revenu dans son pays.
De cette sorte, et si l’on s’en tenait à cette règle, la connaissance des faits irait s’accroissant en réalité ; on entendrait successivement bien des témoins, mais des témoins toujours utiles ; on ne recommencerait pas sans cesse d’éternels récits qui n’ont de prix que chez les narrateurs vraiment originaux et compétents, en attendant qu’ils aient rencontré l’artiste définitif et suprême. […] La troupe ne voulut pas entendre la lecture de l’acte constitutionnel, fiction politique dans un bivouac ; elle demanda avec force du pain et des souliers. […] Pelleport est bon à entendre ; il dit nettement leur fait aux fournisseurs et à ceux qu’il appelle « riz-pain-sel », ces hommes qui exploitèrent effrontément l’armée et le pays conquis ; mais les soldats et officiers restaient intacts : Nous étions pauvres en entrant en Italie, dit-il après ces deux immortelles campagnes ; nous en sortîmes bien vêtus et parfaitement équipés : voilà l’exacte vérité en ce qui concerne la troupe. […] Pendant son séjour au Caire, il se rend, accompagné d’un nombreux cortège où figurent les principaux du pays, à la rupture de la digue qui se fait solennellement quand la crue du Nil est assez haute : Le canon se fit entendre, et la garnison prit les armes. […] Je ne puis formuler d’opinion à ce sujet, n’ayant rien constaté par moi-même ; ce que je sais, c’est qu’en 1810 toute l’armée, et par armée j’entends la réunion de ceux qui combattent ; et non des fournisseurs et de tant d’autres, était restée pure et honnête.
Quand on parle de création à propos du Cid, il faut bien s’entendre. […] infâme, dit-il au second avec mépris, mes mains affaiblies sont-elles les griffes d’un lion, et, quand elles léseraient, devrais-tu faire entendre de si indignes plaintes ? […] Ces mots de Rodrigue : parlons bas, écoute, indiquent assez que les gens de la suite du comte pourraient les entendre. […] C’est sur cet éclat que Rodrigue sort brusquement de l’endroit d’où il l’entendait, et s’offre tout entier à sa colère. […] — Va, laisse-moi mourir……. » C’est par ce soudain tutoiement, et par rien autre chose, que Rodrigue marque qu’il vient de l’entendre dans le cours de son épanchement avec Elvire.
Nous errions depuis longtemps au milieu des bois et des bruyères, et nous nous disposions à mettre pied à terre pour bivouaquer, lorsque les aboiements d’un chien se firent entendre ; nous nous en rapprochâmes aussitôt, et je fus surpris de trouver, sur un plateau élevé, au lieu d’un troupeau et d’une cabane, seule rencontre qui me parût possible dans un pays aussi sauvage, une maison attenante à une grande bergerie. […] Il ne fallait rien moins d’abord que les murs de cette forteresse pour les mettre à l’abri de tout danger : « Le jour même de notre arrivée, vers le soir, une forte rumeur se fit entendre sur la place où notre tour était située, l’air retentissait de cris tumultueux. […] Le médecin, le visitant l’avant-veille de sa mort, eut l’imprudence de dire en espagnol à l’aide de camp Bernard, assez haut pour être entendu : « Il est perdu : déjà les extrémités sont mortes. » Le général avait saisi les fatales paroles, et, avec le sourire le plus doux et le plus gracieux, il répondit au médecin par le vieil adage du pays : « Asi s’accavi la cuenta ! […] … Je serais bien garant, d’après l’entretien que je viens d’avoir avec lui, qu’il fut toujours le plus vertueux des hommes. » Je n’ai jamais oublié ce peu de mots et j’avoue que, quoiqu’ils ne m’aient rien appris de nouveau, j’ai cependant eu du plaisir à les entendre de la bouche de ce bon prêtre. […] Cette généreuse femme rendait ainsi le bien pour le mal, et peut-être aussi entendait-elle remercier par là ce chef d’avoir empêché, au moment de la capture, le massacre de son mari.
Les Allemands et les Anglais, avec leur caractère complexe d’analyse et de poésie, s’entendent et se plaisent fort à ces excellents livres. […] Mais toutes ces réputations à peine naissantes, qui faisaient l’entretien précieux des ruelles à la mode, cette foule de beaux esprits de second et de troisième ordre, qui fourmillaient autour de Malherbe, au-dessous de Maynard et de Racan, étaient perdus pour le jeune Corneille, qui vivait à Rouen, et de là n’entendait que les grands éclats de la rumeur publique. […] Il n’était ni adroit, ni habile aux détails, avait le jugement peu délicat, le goût peu sûr, le tact assez obtus, et se rendait mal compte de ses procédés d’artiste ; il se piquait pourtant d’y entendre finesse, et de ne pas tout dire. […] Au milieu de cette confusion se seraient détachées çà et là de belles scènes, d’admirables groupes ; car Corneille entend fort bien le groupe, et, aux moments essentiels, pose fort dramatiquement ses personnages. […] Quand Racine eut parodié par la bouche de l’Intimé ce vers du Cid : Ses rides sur son front ont gravé ses exploits, Corneille, qui n’entendait pas raillerie, s’écria naïvement : « Ne tient-il donc qu’à un jeune homme de venir ainsi tourner en ridicule les vers des gens ?
Voici ce que nous entendîmes murmurer çà et là par nos maîtres, en rentrant curieux des bords escarpés du Rhône à la ville. […] Les premières lectures qu’il entendit de l’auteur d’Atala lui révélèrent un monde nouveau. Il fut atterré d’enthousiasme comme Horace la première fois qu’il entendit Virgile à la table d’Auguste, après les proscriptions de Rome. […] Auprès d’un humble feu et d’une lumière vacillante, certain de n’être point entendu, on s’attendrit sur les maux imaginaires des Clarisse, des Clémentine, des Héloïse, des Cécilia. […] Tout à coup j’entendis le murmure d’un vêtement sur l’herbe, et une femme à demi voilée vint s’asseoir à mes côtés.
Philiberte n’entend qu’une chose dans la proposition du chevalier : elle peut être aimée puisqu’on la désire. […] J’entends sous les roseaux murmurer des génies… Ai-je de nouveaux sens inconnus à ma sœur ? […] Cependant, Raymond méconnu ne veut plus rien entendre : les paroles de Philiberte l’ont frappé au cœur ; la blessure est incurable ; il n’aime plus, il n’aimera jamais. […] Ils admirent, avec des yeux ébahis, comme tout cela brille d’une façon romantique ; ils dressent les oreilles pour entendre la chanson… des moineaux. » Au fond, M. […] » Ce n’est pas tout : le baron n’aime pas la musique, il n’entend pas que Frantz continue à croquer des notes, tandis qu’il mangera son argent.
Certes, on ne saurait plus dire ni mieux ; et quand j’ai entendu, à travers ce masque léger de Napoline, comme le dernier cri et la dernière protestation du poète, j’ai cru sentir alors qu’il y en avait un bien réellement dans cette première forme de Delphine. […] Je voudrais pourtant, puisque je parle de poésie et que j’ai paru mettre la poésie toute vraie, toute sincère, en opposition avec celle qui ne l’est pas ou qui ne l’est qu’à demi, je voudrais donner de la première un exemple qui fasse bien sentir ce que j’entends. […] Il y a longtemps que j’ai traversé ces misères. » Elle entendit et comprit le génie du temps ; elle se figura que le beau Dunois lui-même, de nos jours, n’irait plus en Syrie, mais qu’il fonderait un journal. […] Elle s’amuse elle-même, on le sent, de ce qu’elle dit et de ce qu’elle entend, pour peu que ce qu’elle entend soit spirituel. […] Telle qu’elle est, il manquerait quelque chose d’essentiel à la société, à la poésie et au journalisme de ce temps-ci, et les trois ensemble n’auraient pas donné leur dernier mot, s’ils ne s’étaient entendus pour produire ce composé singulier, étrange, élégant, qui, dans sa forme habile et précise, se jouant du fond, associe à son gré avec malice, avec gaieté, naturel et même un reste de naïveté, la femme d’esprit, le cavalier à la mode, l’écrivain consommé, et l’amazone parfois encore et la muse.
Je ne sais pas quel mets nous eût paru meilleur que nos raves et nos châtaignes ; et en hiver, lorsque ces belles raves grillaient le soir à l’entour du foyer, ou que nous entendions bouillonner l’eau du vase où cuisaient ces châtaignes si savoureuses et si douces, le cœur nous palpitait de joie. […] c’est là que le duc d’Aumont doit aller savourer les fruits de sa vengeance ; c’est là qu’il entendra des cris et qu’il verra couler des larmes. […] Voltaire, en encourageant Marmontel à l’occasion de cette guerre de Bélisaire, lui écrivait : « Illustre profès, écrasez le monstre tout doucement. » On sait ce qu’il entendait par le monstre ; mais Marmontel, réellement, n’entendait par là que l’intolérance, et il s’y prit en effet doucement. […] … La littérature et un cœur noble sont le véritable charme de la société. » C’est bien ainsi que l’entendait Marmontel ; il avait l’âme avant tout sociable et littéraire. […] Dieu, la vertu, les saintes lois de la morale naturelle, n’y furent jamais mis en doute, du moins en ma présence. » Il en était des sons comme des couleurs : Marmontel adoucissait et amollissait aisément ce qu’il entendait comme ce qu’il voyait.
Pouvons-nous oublier du moins que nous les avons entendus ? […] si l’Océan, immobile sous les ténèbres muettes, s’endormait durant les calmes de juin ou de juillet, je croirais entendre dans la brise lointaine la voix des roseaux et des palmiers de Cuba ! […] Sans cortège, enfermé seul, qu’il dorme sur son roc stérile et sombre, le roi sans dynastie, et qu’il ne vienne pas, enterré à l’étroit dans le Panthéon, entendre, ô Paris ! […] Mais dona Gomez ne l’avait pas entendu, et, sous la forme lyrique, elle se rencontrait de génie avec une des inspirations de la tribune française. […] La sainte majesté du sujet, la gravité de l’affliction chrétienne, élèvent ici le talent du poëte et lui donnent, dans l’expression et dans la mélodie, un calme de douleur et de foi dont la simplicité presque intraduisible semble une voix mystique entendue dans un songe, mais qu’on ne peut retrouver.
Rodolphe Salis, Henri Rivière et Chassaigne, qui l’entendirent sans qu’il les vit, n’eurent garde de le laisser partir sans l’avoir au préalable invité à se faire entendre un soir au théâtre.
Vous la connaissez et vous l’entendez me raconter naïvement son cœur. […] C’était éloquent à entendre, émouvant à voir ; mais il faut ajouter que c’était maladif, vaniteux, douloureux : de la souffrance au lieu de passion. […] Qui ne l’a pas entendu ce jour-là n’est pas juge. […] Il n’avait donc pas entendu le murmure d’approbation qui avait salué au passage cette phrase de M. […] J’ai si souvent entendu faire l’éloge de votre âme, que je vous ai trouvé aussi célèbre par vos sentiments que par vos talents.
« Les chasseurs prennent les biches en chantant ou en jouant de la flûte ; elles se laissent charmer par le plaisir de les entendre. […] Elle parle à tous les hommes le même langage, quoique tous ne l’entendent pas également. […] Si l’intérêt bien entendu est le bien, tel qu’on vient de le définir, à quoi bon substituer un mot obscur, et tout au moins équivoque, à un mot si simple et si clair ? […] Si l’intérêt bien entendu est autre chose que le bien, il est alors à proscrire, ou du moins à subordonner. Ainsi, l’intérêt bien entendu ne peut pas plus prétendre à dominer l’homme que l’intérêt dans son acception la plus vulgaire et la moins calculée.
Il faut pourtant s’entendre sur ce point. […] Je dis par exemple qu’une minute vient de s’écouler, et j’entends par là qu’un pendule, battant la seconde, a exécuté soixante oscillations. […] Et néanmoins, il me suffit d’un effort d’attention rétrospective pour faire la somme des quatre coups déjà sonnés, et les ajouter à ceux que j’entends. […] Nous entendons par là que notre esprit, lorsqu’il les pense, les retrouve toujours dans une espèce d’immobilité, comme si elles lui étaient extérieures. […] Mais qu’entend-on ici par coexistence ?
J’ai tâché de les oublier, mais je souffrais comme un musicien quand il entend des instruments qui ne sont pas d’accord. » Il passe de là à l’armée de Moldavie, auprès du maréchal Roumiantsev, celui-là militaire, mais encore plus astucieux que Potemkine, et qui ne l’écoute pas davantage. […] Je sais bien que la distance des temps peut l’avoir corrompue ; mais j’ai montré des traductions à des Grecs du faubourg de Péra, de l’Archipel, et à des femmes jolies et instruites des boyards à Iassy, sachant bien le français, parlant le grec vulgaire en conversation, mais entendant le littéraire de père en fils : ils m’ont tous assuré que c’était tout autre chose, et qu’il était plaisant de voir en France des querelles sur les anciens, qui, surtout en poésie, n’y sont pas entendus. […] Or, une nouvelle ère allait commencer, tout imposante et toute sévère : dans la grande convulsion démocratique où la terre de France enfanta des armées, après les premiers temps d’aguerrissement et d’apprentissage, on eut des héros, des chevaliers aussi ; mais ceux-là, les Lannes, les Murat, les Ney étaient des Achille et des Roland primitifs qui n’entendaient rien à ces grâces polies et à ces raffinements des vieux règnes. […] On se trouve si loin, si loin de ces beaux moments qui ont passé si vite, et qu’une chanson qu’on a entendue alors, un arbre au pied duquel on a été assis, rappellent en faisant fondre en larmes ! […] « Tout cela est très joli, disait-il des incrédulités fanfaronnes, quand on n’entend pas la cloche des agonisants. » Personne n’a mieux parlé que lui du principe de l’irréligion chez Voltaire, « de ce désir d’être neuf, piquant et cité, de rire et de faire rire, d’être ce qu’on appelait alors un écrivain hardi », toutes choses qui, selon lui, avaient plus animé Voltaire qu’aucune conviction positive.
et comme on était très bien venu à lui en donner, on en imaginait lorsqu’on n’en avait pas : elle ne les avait pas plus tôt entendues, que, sans autre examen, elle reprenait toutes ses lettres commencées, pour y consigner ce qu’on venait de lui débiter20. […] Elle ne se mêlait point des affaires ni de la politique, et se piquait de n’y rien entendre : Je n’ai aucune ambition, disait-elle (août 1719), je ne veux point gouverner, je n’y trouverais aucun plaisir. […] Pendant l’exécution le peuple disait : « Quand on fait quelque chose personnellement contre le Régent, il pardonne tout, mais quand on fait quelque chose contre nous, il n’entend point raillerie et nous rend justice. » Le Régent racontait ce mot à sa mère avec sensibilité et émotion, et elle en était heureuse. […] Si les princesses honnêtes femmes s’écrivaient de telles gaietés sans aucune vergogne, de quel droit reprenaient-elles les autres, celles qui cherchaient leur plaisir ailleurs et entendaient le carnaval autrement ? […] Arrivée à Versailles au moment où l’astre de La Vallière déclinait et s’éclipsait, ayant vu les dernières années brillantes, elle entre peu dans cet ordre délicat et qui était fait pour flatter l’imagination : mais sans y entendre finesse, et tout uniment par sa franchise, elle nous découvre à nu la seconde partie du règne sous son aspect humain et très humain, naturel, et, pour tout dire, matériel.
Un soir que les deux seuls serviteurs fidèles qui étaient restés près de lui, d’Aubigné, son écuyer, et Armagnac, son premier valet de chambre, découragés eux-mêmes et se disposant bientôt à partir sans dire adieu, veillaient une dernière fois à son chevet ; comme il était malade et tremblant de lièvre sous ses rideaux, ils l’entendirent soupirer et chanter un psaume, au couplet qui déplore l’éloignement des fidèles amis ; Armagnac alors pressa l’autre, c’est-à-dire d’Aubigné, de prendre cette occasion pour parler hardiment. Le conseil fut suivi aussitôt, et, le rideau ouvert, voici les propos que ce prince entendit : Sire, disait d’Aubigné, est-il donc vrai que l’esprit de Dieu travaille et habile encore en vous ? […] Ses récits proprement dits, même aux endroits qu’il entend le mieux, tels que les combats et batailles, manquent souvent de la lumière et de l’exposition indispensable. Il est trop plein et trop près de son sujet pour nous l’expliquer, et il parle à des gens qui alors l’entendaient à demi-mot. […] [NdA] Je ne parle (bien entendu) que de la Réforme simplement en France, et de la Réforme considérée comme parti politique.
De même, dans la harangue de Henri IV à l’assemblée des notables de Rouen, Voltaire semblait prendre au pied de la lettre cette gracieuse et débonnaire promesse de se mettre en tutelle entre leurs mains, tandis que Henri entendait bien ne faire là qu’une politesse ; et comme Gabrielle, au sortir de cette séance, s’étonnait qu’il eût ainsi parlé de se mettre en tutelle : « Il est vrai, répondait-il, mais, ventre saint-gris ! je l’entends avec mon épée au côté. » Le xviiie siècle, qui aimait la déclamation, poussa le plus possible dans le sens du Henri débonnaire et vertueux. […] À une procession du 5 janvier 1595, à laquelle il assista moins d’un an après son entrée dans Paris et aussitôt après l’attentat de Jean Châtel, il se vit une merveilleuse allégresse, et on n’entendait que cris de Vive le roi ! […] C’est dans une lettre à M. de Lubersac, et vers le temps de Coutras ; toute la lettre est à citer : Monsieur de Lubersac, j’ai entendu par Boisse des nouvelles de votre blessure, qui m’est un extrême deuil dans ces nécessités. […] Jung croit que c’est par mépris, par orgueil de race, que Henri aurait ici appelé goujats de simples fantassins, tandis que par ce mot il entendait seulement ce que chacun entendait alors, des valets de soldat qui surchargeaient les marches, et dont Maurice de Nassau s’appliqua le premier à débarrasser les armées.
Santeul, le poète latin si fier de ses vers, si heureux de les réciter en tous lieux ou de les entendre de la bouche des autres, et qui aimait encore mieux qu’on dît du mal de lui que si l’on n’en avait rien dit du tout ; Santeul, qui dans une de ses plus grosses querelles écrivait à l’abbé Faydit, qui l’avait attaqué sur son épitaphe d’Arnauld : Je fais le fâché par politique, mais je vous suis redevable de ma gloire ; vous êtes cause qu’on parle de moi partout, et presque autant que du prince d’Orange ; vous avez rendu mes vers de l’épitaphe de mon ami plus fameux que l’omousion du concile de Nicée ; ceux des autres poètes sur le même sujet sont demeurés ensevelis avec le mort, faute d’avoir eu comme moi un Homère pour les prôner et les faire valoir ; — Santeul, qui était si fort de cette nature de poète et d’enfant qui tire vanité de tout, serait presque satisfait en ce moment. […] La Fontaine, une si parfaite et si naïve image du poète, a trop d’esprit, de finesse, de goûts différents et d’oubli pour exprimer ce qu’ici je veux dire, et ce que Santeul nous personnifie plus au naturel : car ce n’est pas seulement la verve et l’inspiration que j’entends, c’est l’amour-propre, la jactance, l’emportement, l’infatuation de soi-même et de ses vers, c’est l’animal-poète dans toute sa belle humeur et dans toute sa gloire : ne le demandez pas à un autre que Santeul ; les curieux de son temps le savaient bien, et il est encore à montrer comme tel à ceux du nôtre. […] Puis, ayant pris son déjeuner, ses devoirs remplis et les offices entendus, il sort à midi sonnant, et va par le quartier latin pour réciter et produire les nouveau-nés, ce sont ses vers que je veux dire ; car les vers faits, vite la louange. […] Ce malheureux démon de gloire poétique, qu’on avait cru un moment exorcisé, le possédait et l’agitait de plus belle : « Les autres font leur salut dans l’église, disait-il ; mais moi c’est le contraire : pour faire le mien il faut que j’en sorte, de peur d’entendre mes hymnes avec trop d’orgueil. » Il les envoyait cependant à M. de Rancé et aurait voulu qu’on les chantât à la Trappe. Au reste, sans être Santeul, on comprend la joie, l’enivrement presque légitime qui devait inonder son cœur lorsque lui, fragile, mais croyant et fidèle, perdu dans la foule, il entendait le chœur entier des lévites et de l’assistance entonner quelqu’une de ces hymnes aux nobles accents, dont l’une au moins, le Stupete gentes, a été comme touchée du souffle sacré et mérite, ce me semble, de vivre. — Dans ce vent soudain sorti du sanctuaire, et qui tend aujourd’hui à tout balayer de Santeul et à n’y rien laisser de sa mémoire, s’il était permis de faire entendre un humble vœu littéraire, je demanderais grâce pour une seule hymne de lui, et pour celle-là.
Mme de Staël est une grande personne ; et le lecteur curieux, admis à l’entendre causer dans l’intimité, doit être un peu impatienté, ce me semble, de ne pouvoir l’aborder sans l’intervention continuelle d’une sorte de trucheman, d’un tuteur et d’un mentor qui l’explique, la commente, au risque de forcer parfois sa pensée, qui lui coupe peut-être la parole si elle est tentée d’en dire trop sur quelque point. […] Dans ce duel inégal qu’elle soutint et qui, même avec de légers torts, fait son éternel honneur, elle ne résiste pas à César comme un Caton ni comme la femme de Brutus, elle résiste comme une femme française et de la haute société ; on voit l’émotion, le sein palpitant ; on entend la plainte. […] Mme Lenormant, en citant cette lettre, en use et en abuse un peu, ce me semble, quand elle en conclut que Schlegel a dû, sous peine d’inconséquence, mourir catholique, et en donnant à entendre que le soin seul de sa position comme professeur à l’université de Bonn le rejeta ensuite dans la profession extérieure du protestantisme. […] Dans l’autre carrosse, à l’arrivée, il se trouva qu’on avait fait peu d’attention au temps ; on n’avait presque rien entendu ; de tonnerre et d’éclairs on n’avait qu’une vague idée ; un autre éblouissement avait tout rempli : Mme de Staël y était, et pendant tout le trajet elle avait causé. […] Et le 7 septembre 1811 il écrivait encore, et de Coppet même : « Il n’arrive jamais à Mme de Staël de se mettre à la place des autres, et tout son esprit ne lui suffit pas pour comprendre ce qui n’est pas elle ; et puis, si l’on voulait bien entendre les riches, il n’y aurait de malheur que pour eux.
. — Qu’entend-on par les idées générales ? […] — Qu’entend-on par les idées générales ? […] J’entends par ces idées tous les rapports de l’homme avec ses semblables et avec Dieu, selon l’état des sociétés et selon les religions. J’entends les vérités philosophiques sur les caractères et leurs contrastés, sur les passions et leurs combats, sur tout ce qui fait le fond de cette vie si énergiquement qualifiée par Buffon de vie contentieuse. J’entends tous les états de l’âme, et ce qu’il y a de général dans ces états.
J’ai donc passé mes soirées de cette semaine à entendre quelques-unes de ces lectures qui ont recommencé à l’entrée de l’hiver. J’ai entendu au lycée Charlemagne M. […] Ce que j’ai entendu a suffi toutefois pour m’édifier sur l’état présent des choses. […] On ne se douterait pas, à la première vue, qu’il y ait autant d’ouvriers dans l’auditoire ; la plupart, en effet, ont quitté la blouse par un sentiment d’amour-propre pour eux-mêmes, et aussi d’égard et de respect pour les choses qu’ils viennent entendre et pour celui qui les lit. […] Si l’on me demande ce que j’entends par ce mot, je répondrai que j’entends cette amélioration dans un sens qui ne saurait être contesté par les honnêtes gens d’aucun parti et d’aucune nuance d’opinion.
J’entends ici le genre de l’éloge académique en tant qu’il s’applique uniquement aux sciences et aux savants. […] N’entendez-vous pas d’ici les murmures flatteurs qui durent accueillir ce passage contre les unions mal assorties ? […] Dès ce moment, faites-vous à l’idée que vous ne verrez jamais rien de ce que vous entendez devoir le réaliser parmi nous. […] Les cours publics qu’il fit sur ces sujets à l’Athénée, et plus tard à la Société des bonnes lettres, n’ont pas été recueillis ; ils ont laissé un vif souvenir chez ceux qui les ont entendus. […] Il y a des endroits où il faut appeler Paris Paris, et d’autres où il faut l’appeler capitale du royaume. » Cette remarque de Pascal, bien entendue et bien appliquée, renferme toute la réforme de l’éloge académique comme je l’entends, au point de vue du style.
Lorsque, dans son jardin d’Auteuil, je l’écoutais avec délices, il rendait vivant pour moi un de ces philosophes de la Grèce qui, sous de verts ombrages, instruisaient des disciples avides de les entendre. […] Avec La Rochefoucauld, avec l’abbé Galiani par exemple, quand il les lit, quand il les entend exprimer leurs principes et leurs maximes, il s’arrête, il se révolte, parce qu’ici il n’y a plus moyen d’hésiter et que l’intention s’accuse dans l’accent. […] Après Horace, après Socrate et Franklin, après tous les moralistes, il avait aimé simplement à converser sur le thème éternel, à rappeler quelques vérités aux esprits revenus, capables de les entendre ; il avait espéré les insinuer surtout aux esprits jeunes, à ceux qui le liraient dans l’âge des résolutions généreuses. […] L’Évangile, selon lui, était venu pour perfectionner et accomplir la loi de nature plutôt que pour la renverser ; il était venu apporter la paix et l’harmonie dans l’homme, plutôt que le glaive ; et ce sage aimable, en cela disciple de Fénelon, évitant les rochers et les précipices où d’autres vont se heurter, trouva moyen encore de passer par une route unie, et comme en continuant les sentiers fleuris de l’humaine sagesse, aux sentiers plus élevés d’où l’on entend avec le peuple et avec les disciples le divin sermon sur la montagne. […] Droz sur l’application de la morale à la politique, et sur l’économie politique elle-même conçue au point de vue philanthropique, je ne ferai plus qu’une remarque, qui répond à une objection que j’ai souvent entendu adresser à ces sortes d’ouvrages : les hommes d’action, les hommes du métier, sont en général tentés de les considérer comme inutiles, et comme n’étant propres à persuader que ceux qui sont déjà convaincus.
J’entends encore mes pas dans cette chambre étroite et nue, où longtemps après l’heure du sommeil, j’avais continué de me promener ; je vois encore cette lune, à demi voilée par les nuages, qui en éclairait par intervalles les froids carreaux. […] Ce que je lisais, ce que j’entendais de philosophie, n’avait d’autre effet que de me donner matière à penser, à chercher. […] Bientôt on ne l’entendit plus qu’à de rares intervalles. […] Avec une modestie très-fière peut-être59, il déclara qu’il n’entendait point la théorie de Spinoza sur la liberté, et qu’après une étude attentive, il ne pouvait expliquer la liaison de sa métaphysique et de sa morale. […] Est-il étonnant que l’écrivain ne reconnût pas le monde intérieur dans le tableau qu’il en faisait, lorsqu’il relisait cette phrase : « Nos facultés sont tout à fait sous l’impulsion des mobiles ou tendances de notre nature, qui réclament certains objets, aspirent à certaines fins, poussent nos facultés dans la direction qu’elles veulent, sans que nous intervenions, nous, pour empêcher cette direction ou la rectifier65. » Qu’entend-on par des facultés qui veulent ?
Ils s’entendent à demi-mot, chacun achevant la phrase de l’autre ou lui coupant la parole pour lui dire : « Bien, assez, j’ai compris. » Ils se contredisent rarement, et plus volontiers s’attellent tour à tour à la même idée pour la dévider jusqu’au bout. […] Je n’entends pas le mot, je suis obligé de l’analyser. […] Portez-la dans le monde moral ; essayez de vous entendre quand vous parlez de la destinée d’un peuple, du génie d’une nation, des forces vives de la société, de l’influence d’un climat ou d’un siècle, de l’expansion d’une race, de la puissance des anciennes institutions. […] « La destinée de Rome était de conquérir l’univers. » Je ne vous entends pas. […] L’axiome fataliste se réduit à un fait d’histoire politique et à un groupe d’habitudes morales ; on l’entend, et dès lors on peut le discuter, le vérifier, le prouver, le réfuter et le limiter.
Non, pas plus qu’à l’oreille, quand je constate qu’on n’entend pas avec les yeux. […] J’entends bien que M. […] Sous le bruit des mots de la prose, une oreille poétique entendra les musiques du silence. […] Sur la poésie pure, ils s’entendent tous. […] Mais il y a lieu de le féliciter de ne nous avoir pas expliqué ce qu’il entendait par ses « cadences ».
« Je l’ai entendu crier : l’auteur ! […] Elle n’entendait, ne voyait plus rien, vivait dans une fièvre et dans un rêve. […] Tu entends bien : tout seul ! […] Léon Daudet a recueilli non seulement ce qu’il a vu et entendu, mais aussi ce que d’autres ont vu et entendu. […] Le son clair de cette voix l’étonnait comme s’il ne l’avait pas encore entendue.
Que faut-il entendre ? […] Jules Lemaître, que, bien entendu, je gâte ; mais vous le voyez, ce nonobstant, et vous l’entendez d’où vous êtes. […] — Bien entendu. […] Germaine arrive, bien entendu. […] Mais, bien entendu, la remarque de M. du Bois subsiste.
On ne s’entend peut-être pas beaucoup. […] — Entends-tu, Néoptolème ? […] C’est ce qu’a très clairement fait entendre Shakspeare. […] Criarde et hargneuse, voilà précisément ce que vous étiez. » J’entends bien, j’entends bien ; il ne faut pas même être aussi fort que moi pour très bien entendre. […] Jeudy a parfaitement réussi dans son entreprise ainsi entendue.
Il y a même dans ce volume quelques cris trop déchirants pour être confiés à l’art et qui font mal à entendre ; mais l’auteur qui, tout en les laissant échapper par moments, sait qu’il ne faut pas tout dire, et qu’il y a la pudeur de la muse et celle de la femme, a d’ordinaire exhalé ses émotions et ses larmes par un détour et à travers un léger voile qui les laisse arriver sincères encore, mais non pas trop amères ni dévorantes. […] Je farderai ma voix comme on farde sa joue : Plus de soupirs jamais qui seraient entendus ! […] Une jeune Espagnole aux grands yeux pénétrants ; Et sa voix se mêlait à la voix des rafales Qu’on entendait mugir au-dessus des torrents… Si j’osais conjecturer, je dirais que par toutes ces figures diverses qu’a évoquées autour d’elle l’imagination de l’ouvrière-poète, elle s’est plu à multiplier, comme dans un miroir légèrement enchanté, des images d’elle-même, et elle n’a changé que juste ce qu’il fallait pour pouvoir dire : Ce n’est pas moi !
Cooper, en effet, ne conte pas pour conter, mais pour décrire : cette remarque bien entendue nous donnera la clef de son talent. […] Lorsque la Caroline s’enfonce et va couler à fond, Wilder entend les sons creux et menaçants qui sortent des profondeurs de la cale, pareils aux mugissements de quelque monstre à l’agonie, et le bon Richard nous apprend encore qu’un vaisseau près de couler bas fait des lamentations aussi bien que toute autre chose vivante. […] Sa conduite, dans la tempête, au milieu des murmures de l’équipage, sa résolution de monter au mât sur le refus du lieutenant, sa volonté ferme de demeurer à bord du vaisseau abandonné tant qu’il en restera une planche à flot, tous ces sentiments énergiques et vrais répandent au milieu de tant de scènes déchirantes une forte teinte de sublimité morale qui rehausse et achève leur effet ; et lorsque, après la tempête, la nuit, sous les rayons de la lune, on voit Wilder, au gouvernail de la chaloupe, se pencher en avant, comme pour entendre la douce respiration de Gertrude endormie, l’âme du lecteur, qui a passé par tous les degrés de l’angoisse, jouit délicieusement de cet instant de pure ivresse, et succombant aux sensations qui l’inondent, elle dirait volontiers avec le poète : C’est assez pour qui doit mourir.
Diderot, quand on l’apprécie en lui-même, sans se laisser éblouir par les déclamations des avortons de la Philosophie, dont il a fait entendre le premier les grands hurlemens parmi nous. […] Lycophron protestoit publiquement qu’il se pendroit, s’il ne se trouvoit quelqu’un qui pût entendre son Poëme de la Prophétie de Cassandre : on diroit que notre Prophete moderne a fait le même serment. […] Nous ne dirons rien de la Lettre sur les Aveugles, ni de celle sur les Sourds, qui semblent faites pour n’être lues ni entendues.
qu’il demande à Dieu quelque Laprade encore » — si on peut trouver deux Laprades dans la littérature contemporaine, — ou quelque sous Laprade, — qui fasse entendre la voix d’un courroux attardé ! […] Poirier, lui, ce vaudevilliste sec et sans gaîté, s’est entendu appeler un Aristophane et un Beaumarchais ! […] Voilà pourquoi, dans le Fils de Giboyer, il n’y a pas une seule plaisanterie que l’on n’ait entendue cent fois, pas un mot cherchant à faire trait que l’on n’ait ramassé sous les pieds de tous dans les conversations !
Et puis, on l’a blâmé tant de fois, notre régime discrétionnaire, notre arbitraire administratif, nous avons entendu une si riche collection d’hommes de tous les partis venir tour à tour dénoncer le Code pénal de 1810, aggravé par la loi de 1834 et par la jurisprudence, que je ne vois pas qu’il y ait un mot à ajouter. […] L’intérêt de telles études, c’est qu’elles sont entendues au point de vue historique et philosophique et qu’elles n’impliquent pas chez celui qui se plaint de notre législation le naïf espoir, ni même le désir très vif de la voir modifier. […] » Le mal est ancien, héréditaire, il date de l’ancienne monarchie ; mais ce sont les législateurs modernes qui l’ont institué à demeure, par système, et qui, pour l’entretenir, l’étendre, l’empirer au-delà de toute mesure, ont employé la précision, la rigueur, l’universalité, la contrainte impérative et les plus savantes combinaisons de la loi4 » ∾ Vous venez d’entendre Taine par-delà le tombeau.
Jamais, même en Allemagne, je n’ai entendu une exécution chorale aussi belle. […] Enfin, nous allons entendre de la musique. […] Henry Fouquier). « … Cette œuvre, il est de notre dignité et de notre intérêt de l’entendre et de la connaître… » Même jour, XIXe Siècle : article de M. […] — Vous en exceptez vos concerts, bien entendu ? […] On n’entendra plus parler de moi.
» Que diraient les mânes de Crassus, s’ils nous entendaient discourir aujourd’hui, non pas sur le discours seulement, mais sur la critique du discours ? […] Il entend gronder derrière lui le roman de la veille qui, le poignard à la main, lui redemande sa place ; il entend gémir l’abonné curieux, qui, tel que le sultan des Mille et Une Nuits, ne peut dormir d’impatience en attendant le conte du lendemain. […] Contraint de lutter contre l’indifférence des lecteurs de gazettes, il s’entend à merveille à saisir leur attention, il l’enlace dans les replis de sa fantaisie, multiplie les digressions, les mots ingénieux. […] Jamais on n’a tant loué, j’entends les œuvres médiocres ou mauvaises : car les bonnes ont encore le privilège de rallumer l’envie. […] On ne nous entend pas au milieu du tumulte ?
. — Le représentant mental que nous appelons idée pure n’est jamais qu’un nom prononcé, entendu ou imaginé. — Les noms sont une classe d’images. — Les lois des idées se ramènent aux lois des images. […] Quand je lis ce signe, j’entends très bien le sens qu’il a, c’est-à-dire j’imagine très nettement ce qu’il remplace : 36, c’est par définition 35 plus 1. […] Pareillement encore, quand nous le lisons ou que nous l’entendons, nous n’avons qu’à insister pour évoquer intérieurement, comme en présence du mot chat ou du mot bouleau, l’image d’un cas où il s’applique ; nous imaginons un jeton à côté d’un jeton, une pierre à côté d’une pierre, un son après un son, comme tout à l’heure nous imaginions un museau fin avec un poil gris ou blanc, un mince tronc blanc avec de petites feuilles frissonnantes. — Il en est de même pour les mots trois, quatre ; cela est plus difficile pour les mots cinq, six ; la difficulté va croissant pour les nombres supérieurs, et il y a toujours un chiffre plus ou moins élevé où tout esprit s’arrête ; nous ne pouvons pas percevoir ou nous représenter distinctement ensemble au-delà d’un certain nombre de faits ou d’objets ; d’ordinaire, c’est cinq ou six, plus souvent quatre. — Pour remédier à cet inconvénient, nous négligeons le groupe qui correspond au mot ; nous ne donnons plus d’attention qu’au mot substitut ; après avoir vu ensemble quatre objets, nous les oublions pour ne plus songer qu’au mot quatre, et nous pouvons les oublier, parce que plus tard, revenant sur le mot et appuyant dessus, nous les reverrons intérieurement, sans méprise ni confusion. […] Voilà un infini, non pas vague, non pas indéfini, mais précis, à qui répugne expressément toute borne, et si nettement entendu que tous ses éléments ont leurs propriétés distinctes et exprimées. — Est-ce à dire que j’aperçoive distinctement la série infinie de ces éléments ? […] Quand nous apprécions une distance, il faut bien qu’elles soient présentes ; et pourtant nous ne les démêlons plus, quelque envie que nous en ayons ; elles sont pour nous comme si elles n’étaient pas ; il nous semble que nous connaissons, directement et sans leur entremise, la position que seules elles dénotent ; si parfois elles nous frappent, c’est en s’exagérant, par exemple lorsque, obligés de lire de trop près ou de trop loin, nous éprouvons dans les muscles de l’œil une fatigue notable ; hors de ces cas, elles sont invisibles et comme évanouies. — Pareillement, un compositeur qui vient de lire un air d’opéra ne se souvient pas des croches, des blanches, des clefs, des portées, et de tout le barbouillage noir sur lequel ses yeux se sont promenés, mais seulement de la série des accords qu’intérieurement il a entendus ; les signes se sont effacés, les sons seuls surnagent. — Quand il s’agit de mots, nous pouvons marquer les divers degrés de cet effacement.
Épistémon, c’est la critique, la critique telle que je l’entends aujourd’hui. […] J’ai entendu un soldat demander. […] Il lui refuse le titre de science, et je ne m’en étonne pas, d’après la manière dont il l’entend. […] Je n’avais encore entendu ce chef-d’œuvre que quatre fois, et j’étais bien aise de l’entendre une cinquième, en attendant les autres. […] Il voulait faire entendre au Roi qu’au jugement de Dieu il lui serait reproché de lui avoir ôté sa femme.
Nous entendons sonner toutes les heures de la nuit avec le sentiment d’un épigastre tiraillé et douloureux. […] Mérimée vient le soir, et pour la première fois, nous l’entendons causer. […] Un monsieur, qui est là, entend dire qu’il n’y a plus de places pour notre première. […] Soudain, nous entendons qu’on joue. […] On ne laisse pas entendre un mot.
La voix que j’entendis au cours de cette nuit fut entendue aux temps passée par l’empereur, par le paysan. […] Dès la page suivante, nous l’entendons se plaindre de ce que le vers de M. […] Eh bien, nous devons avouer qu’il nous est venu un léger soupçon d’avoir déjà entendu Ouida nous le faire. […] Nous entendons le chant, mais nous ne voyons jamais le chanteur. […] Elle m’a appelé, me disant : « J’ai entendu un cri pendant la nuit ?
Ces trois mots, si nous les entendons, achèveront pour nous la définition du genre. […] De mon côté, je ne nie point, vous l’entendez bien, qu’il y ait à rire et beaucoup à rire dans Tartufe. […] Vous entendez bien sa pensée. […] Je ne sais si je me fais entendre, et je ne veux pas dire par là que l’argent n’ait pas été trop puissant de tout temps. […] oui, sans doute, je les entends, les Labiche, les Dumas et les Gaillardet !
Il y a deux ou trois noms que j’entends prononcer sans cesse. […] Nous nous entendrons mieux ; nous nous sommes toujours entendues, et il y a eu entre nous une sympathie qui ne naîtra point entre vous. […] Non, ne demande à personne ; on ne t’entendra pas ! […] Le piquant, c’est que dans le temps, à Genève, on crut reconnaître l’original de M. et de Mme de Bompré ; en fait de roman, on y entend peu la raillerie. […] dit l’émigrée en souriant. — Mme de Horst fut la seule qui ne l’entendit pas.
La Force reste muette, étant inconsciente et irresponsable : on ne distingue guère plus sa figure qu’on n’entend sa voix ; ce n’est qu’un valet de bourreau vu de dos. […] Héphestos déplore son cruel ouvrage, mais il s’y applique ; il entend qu’il soit sans défaut et qu’on n’y trouve rien à reprendre. […] Aveugles et sourds, dénués et débiles, « ils regardaient et ne voyaient pas, ils écoutaient et n’entendaient pas ». […] Nous avons tous un nouveau maître ; plus de paroles acerbes, de traits acérés ; Zeus les entendrait, quoiqu’il siège sur les hauteurs. […] Io a entendu avec effroi la prédiction du Titan : elle a interrompu par des cris d’angoisse l’itinéraire qu’il lui trace.
— Entendons-nous bien. […] Mais entendons l’autre cloche. […] C’est juste, mais entendons-nous. […] Il ne s’agit que de s’entendre. […] Il est entendu que Hugo était orgueilleux.
Non, j’entends une passion sérieuse, un amour vrai et profond. […] on l’entend toujours. […] Jamais, entendez-vous, jamais elle ne s’imposera au public. […] Il faut entendre dire la même scène à Mlle Brohan. […] Elle empêche qu’on entende un seul mot du discours de M.
Plusieurs croient que, parlant de ces deux justes, Dante entend Guido Cavalcanti et s’entend lui-même. […] Il entend la royauté comme nous la pourrions entendre aujourd’hui. […] Qu’entendez-vous par là ? […] Qu’entendez-vous par consulter le sort ? […] Je l’entends au sens le plus naïf.
vous les entendrez. […] Vous entendrez Mlle Weber. […] Qui n’a pas entendu M. […] La malade a tout vu, tout entendu. […] Comment voulez-vous qu’ils s’entendent ?
J’entends qu’il sera le plus populaire. […] Il était cardinal, bien entendu ; mais il n’était pas prêtre. […] Dieu sait comment vous les entendrez ! […] Prévost l’entend maintenant ? […] Surtout, bien entendu, du côté de la femme.
XXXIV) ; on entend : « C’est la mère d’Octavie, c’est la mère de Britannicus. […] Pouvait-il dire à Néron d’une manière plus énergique : « Prince, entendez-vous ? […] Lorsque j’exhumais le philosophe, j’entendais les cris que j’allais exciter. […] Voulezvous entendre les gémissements de la France ? […] pourquoi craindrais-je de me voir tel que je suis, lorsque je puis m’adresser à moi-même ce que j’aurais entendu de sa bouche ?
Personne ne s’entend mieux à parler de soi, toujours et partout. […] Léon Gozlan, parce que je le connais, et que j’aurais été bien aise de vous le faire entendre. […] Il me semble avoir entendu dire à Bruxelles que M. […] Je l’ai entendue tenir avec infiniment de grâce et d’esprit, la conversation qui pivotait autour d’elle. […] Je crois avoir entendu dire que M.
La place qu’ils occupent à l’Institut leur fait croire qu’ils sont au pinacle, et ils considèrent les livres qu’on leur envoie comme un hommage qu’on leur doit, et qui ne les engage à rien. » Il a souvent l’occasion de rencontrer Chateaubriand chez Mme de Duras ou chez Mme de Vintimille ; il l’entend causer, et il revient, à son sujet, de quelques-unes des préventions que lui avaient inspirées les livres brillants, mais de parti pris, de l’illustre écrivain. […] Il avait sa manière, à lui, d’entendre la raillerie en ne paraissant pas y prendre garde ; et comme il le remarque à ce propos dans son Journal : « C’est une politesse dont on a souvent besoin dans le monde, que de ne pas entendre ce qu’on entend fort bien, et de noyer dans sa propre bonhomie ce qui n’est pas très-bon dans ceux qui le disent. » Noyer dans sa propre bonhomie ; savez-vous que, chez un autre, ce serait un joli mot ? […] Jamais mon gouvernement n’a dévié du système de la Révolution ; non des principes comme vous les entendiez, vous autres ! […] Son christianisme au reste, de la manière dont il l’entendait, ne cessa de germer en lui et de croître pendant les dix dernières années de sa vie ; il y mettait tout ce qu’on peut désirer d’un homme de bonne volonté ; il voudrait surtout croire à l’efficacité de la prière et la concilier avec l’universalité et la nécessité des lois naturelles ; il y a des moments où il lui semble saisir un trait de lumière sur cet obscur et mystérieux sujet. […] Sismondi appartient à la classe des historiens moraux ; il est trop porté à expliquer toutes choses, même celles d’un âge très-éloigné et d’une forme sociale toute différente, par les contrastes et les vicissitudes de liberté et de despotisme, de vertu et de corruption, qu’il entend au sens moderne.
Ainsi, le mot Recouvrer était alors assez difficile à entendre ; beaucoup de gens se trompaient volontiers, et disaient dans ce sens-là Recouvrir, qui leur était plus familier. Cela choquait bien des femmes d’entendre dire : Il recouvra la santé, — ou : Il a recouvré la santé ; elles aimaient mieux recouvert. […] Vaugelas tenait donc une autre voie et s’y prenait indirectement pour faire dire à la personne ce qu’il voulait savoir et ce qu’il lui importait d’entendre, sans qu’elle soupçonnât le nœud de la difficulté. […] Abordant ainsi le sujet à son corps défendant, c’était chose curieuse, pour un lecteur déjà poli, de l’entendre considérer les mots finement, discourir de la pureté des dictions, se demander d’où pouvait procéder, en fait de paroles, cette grande aversion contre celles qui ne sont pas dans le commerce ordinaire, dans l’usage, et en chercher la raison jusque dans les Topiques d’Aristote. […] Chacun de ces verbes a sa raison à produire ; chacun mérite au moins d’être entendu.
Mais si l’on perdait quelque accent de mystère à ne pas l’entendre, on le voyait davantage ; on suivait sur ses vastes traits les reflets de la lecture comme l’ombre voyageuse des nuages aux cimes d’une forêt. […] L’humeur du père redouté devient plus taciturne et plus insociable avec l’âge ; il ne sort qu’une fois l’an, à Pâques, pour aller entendre la messe à l’église paroissiale de Combourg. […] » et l’on n’entend plus rien bruire, jusqu’à ce que, le coup de dix heures arrêtant brusquement sa marche, il se retire dans son donjon. […] Quand j’entendais lire ces obscurs et murmurants passages, il me semblait sentir un parfum profond comme d’un oranger voilé. […] Mirabeau, avec qui l’auteur a diné plusieurs fois, et qu’il a souvent entendu, est peint de génie à génie.
On revoit le geste et la courbure du dos d’un ancien hôte, le corsage carré, les longs plis d’une robe amarante ; on entend presque des timbres de voix qui, depuis si longtemps, sont muettes ; on approche du puits, et l’on retrouve le sentiment de terreur vague que, tout petit, on éprouvait, lorsque, se haussant sur la pointe du pied, on apercevait la profondeur obscure, et le reflet de l’eau froide, tremblotante, à une distance qui semblait infinie. […] Elle les avait entendus comme elle les avait récités, sans les comprendre49. […] Elle ne pouvait se faire comprendre qu’en allant dans la maison et en montrant du doigt les divers objets. — Un gentleman avait cessé de comprendre les noms prononcés, mais entendait très bien les noms écrits. […] On en a vu un cas chez cette jeune fille ignorante qui, dans son délire, récitait des morceaux de grec et d’hébreu rabbinique, chez cette servante qui, prise de fièvre chaude, parlait le gallois que, bien portante, elle n’entendait pas61. […] Il fut attaqué d’une fièvre cérébrale, et, pendant son délire, il répétait avec beaucoup d’ordre plusieurs discussions qu’il avait entendues sur les intérêts politiques de diverses puissances, au point que l’ambassadeur, qui n’avait jamais regardé son domestique que comme un homme dévoué, venait l’écouter et projetait d’en faire son secrétaire ; mais l’affection du cerveau se dissipa et le malade en guérissant perdit toute mémoire. » (Grimaud de Caux, cité par Duval Jouve, Traité de logique, 159).
Entendez enfin les applaudissements de l’Europe, qui proclament la supériorité des poètes du Nord. […] Elle entend qu’on écrive et qu’on joue, qu’on pense, qu’on déclame et qu’on meure à sa guise. […] Lopez de Vega a payé le même impôt en Espagne ; et les Parisiens n’entendaient pas trop en exempter Molière. […] S’ils admettent quelquefois des chœurs, ce ne sera pas pour entendre des récits, pour ralentir l’action, ou en remplir les vides par de vaines complaintes. […] Si dans la solitude et les ténèbres, l’assassin reconnaît, entend celui que sa main a frappé, partagerai-je son illusion, moi qui ne suis que le témoin et non le complice de son forfait ?
Chaque fois qu’il intervient au milieu du Chœur, on croit entendre un clairon strident coupant un concert de lyres élégiaques. […] Elle ressentait tous ses chocs et elle entendait tous ses cris. […] M’as-tu entendu, ou ai-je parlé à une sourde ? […] Étéocle n’entend rien, ne veut rien entendre. […] Mais il convient que nous chantions avant elles l’hymne discordant d’Erynnis, et que l’odieux pœan soit entendu par Hadès. » — Un tendre mouvement de pitié les incline vers les tristes sœurs. — « Hélas !
Retrouver aujourd’hui cette prononciation enfantine, entendre sa voix, comme je l’ai entendue dans ce passé, effacé, lointain, où les souvenirs ne rencontrent que la mort, cela me fait peur11. […] À mon coup de sonnette, quand la porte s’est ouverte, j’ai vu, sur le haut de l’escalier, le bien-aimé enfant qui venait de sortir de son lit en chemise, et tout de suite, j’ai entendu sa voix me caresser de toutes sortes d’interrogations amies. […] Je suis effleuré, à tout instant, du frôlement de son bras sortant de son lit, pendant que dans sa bouche avortent et se brisent des paroles qu’on ne comprend pas… Par la fenêtre ouverte, par-dessus le noir des grands arbres, entre et s’allonge, sur le parquet, la blanche clarté électrique d’une lune de ballade… Il y a de sinistres silences, où s’entend seul le bruit de la montre à répétition de notre père, avec laquelle, de temps en temps, je tâte le pouls de son dernier né… Malgré trois prises de bromure de potassium, avalées dans le quart d’un verre d’eau, il ne peut dormir une minute, et sa tête s’agite sur son oreiller dans un mouvement incessant de droite à gauche, bruissante de toute la sonorité inintelligente d’un cerveau paralysé, et jetant par les deux coins de la bouche, des ébauches de phrases, des tronçons de mots, des syllabes informulées, prononcées d’abord avec violence, et qui finissent par mourir comme des soupirs… Dans le lointain j’entends distinctement un chien qui hurle à la mort… Ah ! […] Une respiration ronflante comme une basse, coupée d’une plainte, continue et râlante qui vous déchire… Du milieu de cette plainte jaillissent des mots, des phrases qu’on ne peut saisir, et parmi lesquels il me semble entendre : « Maman, maman, à moi, maman ! […] Je n’ai plus bien longtemps à le voir… J’entends, cognant contre l’escalier, des ferrements… le bruit métallique des poignées de la bière, qu’on s’est pressé d’apporter, à cause des grandes chaleurs.
Si ma parole intérieure répète une phrase que j’ai entendue, sans y rien changer, il n’y a là, évidemment, qu’un simple fait de mémoire. […] Il faudrait dire que le penseur solitaire, que le paysan taciturne entend des voix intérieures, que nous sommes tous, suivant le sexe, des Socrate ou des Jeanne d’Arc. Mais ni Socrate ni Jeanne d’Arc n’entendaient toujours, l’un son démon, l’autre ses voix, et c’est pour cela sans doute que, lorsque le son surhumain se faisait entendre, ils le distinguaient de leur propre parole intérieure. […] Les psychologues n’ont pu s’entendre jusqu’à présent pour désigner par une locution simple et désormais consacrée la reproduction, avec ou sans changement, des diverses sensations ou des groupes qu’elles forment naturellement. […] Nous proposerions volontiers, n’était son allure un peu étrange, le mot pseudo-sensation, qui s’entend de lui-même et ne prête à aucune équivoque.
À ce moment, il est si plein du désir d’aimer qu’il aime les choses, et qu’elles s’animent pour lui, et l’entendent, et lui parlent. […] Il a raison encore, parce que la description prolongée suspend l’action et arrête l’émotion, cette petite cloche dont la vibration, plus ou moins forte, doit s’entendre toujours. […] Qu’est devenue cette faculté d’entendre jusqu’au silence du désert ? Il n’a rien entendu. […] Votre œuvre a été peu nombreuse parce que vous la souhaitiez parfaite, et que vous aviez, d’ailleurs, deux moyens de faire entendre ce que vous vouliez dire, la plume et le pinceau.
À les entendre, ils vont tout révolutionner. […] On refusa de l’entendre. […] On les voit et on les entend. […] Et ma voix est trop faible pour être entendue. Du reste, on n’entend plus rien, aujourd’hui.
On entend de nos jours couramment dire dans les milieux jeunes : « Hugo ? […] Il retourna la tête et affecta de ne pas m’entendre. […] Comment s’entendrait-on avec autrui, quand on change si souvent d’opinion soi-même ? […] Ils ne s’entendent sur le pour et sur le contre d’aucune chose. […] Qu’ai-je entendu ?
Entendons-nous bien : ce ne serait pas d’avoir eu dans sa longue vie quelques amis attachés et fidèles qu’on pourrait raisonnablement lui faire un crime : le triste et le fâcheux, ç’a été la succession et le renouvellement à l’infini, c’est la liste et la kyrielle. […] Elle aimait Plutarque d’Amyot, Tacite d’Amelot de La Houssaye, et Montaigne. — “Je suis une Gauloise du Nord, me disait-elle, je n’entends que le vieux français ; je n’entends pas le nouveau. J’ai voulu tirer parti de vos Messieurs les gens d’esprit en istes, je les ai essayés ; j’en ai fait venir ; je leur ai quelquefois écrit ; ils m’ont ennuyée, et ne m’ont pas entendue ; il n’y avait que mon bon protecteur Voltaire.
Je ne me contentais pas de les lire, je les entendais raconter. […] Cependant un sentiment de solidarité s’y développe chez lui ; opprimé, il prendra aussitôt parti pour les opprimés : « Ces souffrances de l’éducation universitaire ont laissé dans mon âme des traces ineffaçables ; elles y ont développé de bonne heure les instincts de solidarité au point que je n’ai jamais été témoin, que jamais je n’ai entendu le simple récit d’une injustice sans en ressentir le contre-coup ; je leur dois encore d’avoir été, dans toute l’étendue du mot, un excellent camarade. » La lecture de Gibbon commença de bonne heure son émancipation en matière de croyances. […] Sauf (bien entendu) tous les crocs-en-jambe que la réalité, même en la confirmant, donne à la formule. […] Son mérite, que j’ai entendu apprécier dans mon enfance par des personnes qui l’avaient bien connu, était autre encore que celui d’un brave. « D’Alton aîné connaissait les hommes. » Ce jugement, que je ne songeais point alors à recueillir, est resté gravé dans mon esprit.
Le second point touché dans la préface de Schwob est l’élucidation de l’Absurde, au sens où l’entend Rachilde, en un sens très admissible et très admis, mais nettement différent du précédent. […] Personnalité, et populaire, je m’entends. […] » (p. 275) ; j’avais entendu dire que les calicots eux-mêmes n’usaient plus de telles chemises démontables). […] Monde inexistant que le monde de Gyp, mais auquel sa virtuosité a donné une valeur de suggestion créatrice : j’entends que des femmes du dernier tiers de ce siècle ont été, sont, seront des Paulette, insensibles et chercheuses, parce que Gyp leur a fourni cette artistique figuration de l’hystérique.
On voit en 1672, M. de La Rochefoucauld prier madame de Sévigné de venir entendre chez lui une comédie de Molière. […] D’ailleurs, il s’agit ici de cercles, de conversations ; et madame de La Sablière tient un rang considérable dans leur histoire : sachant ce qu’en pensait madame de Sévigné, nous entendrons mieux ce qu’en dit La Fontaine67 : ……………………………………… Le nectar, que l’on sert au maître du tonnerre… C’est la louange, Iris. […] Corbinelli disait d’elle et de l’abbesse de Fontevrault : Elles entendent Horace comme nous entendons Virgile.
En effet, ils sont comme cela trois ou quatre en France, à peu près, qui y sont regardés sérieusement comme impeccables, et sur lesquels le pays le moins disposé de sa nature au respect, le pays qui fait le plus de révolutions et gamine le plus contre ses gouvernements, n’entend pas que l’on dise un seul mot qui ne soit l’expression d’un hommage… Depuis longtemps M. […] je n’en entendrai pas moins partir de toutes parts le cri du désarmement : pourquoi dire du mal de ce pauvre Gautier, qui est si bienveillant ? […] et qu’il est plus que temps, pour l’honneur de tous, d’en finir avec ce capitonnage dérisoire du même mot qu’on répète contre la Critique, surtout quand il s’agit d’un homme qui ne demande pas quartier, lui, et qui a bien assez de talent pour entendre une fois la vérité, — ce qui le changera ! […] Ses amis, qui savent très-bien, eux, sans vouloir l’avouer, bien entendu, tout ce qui manque à M.
Quant aux contemporains, nous venons de les entendre. […] Pour conclure, il proclama sur le cercueil du héros (et n’entendez-vous pas sa voix sur toutes nos tombes ?) […] Ensuite, un officier catholique, parent du sous-officier protestant, prit la parole au bord de la fosse et exprima sa reconnaissance d’avoir entendu les représentants des deux églises chrétiennes symphoniser ainsi… » Ah ! […] » Ces morts que nous savons meilleurs que nous-mêmes et dont nous entendrons la voix jusqu’à la fin de nos jours, pouvons-nous accepter qu’ils se taisent désormais et qu’ils ne donnent aucun avis dans la reconstruction de la patrie qu’ils ont sauvée ?
peut s’entendre des tours de force de la volonté tout aussi bien que des crimes. […] Bien entendu, je ne compare point le talent d’expression, ne me faites pas dire une sottise : je ne parle que de la clarté du tableau. […] L’auteur nous décrit une tempête dans la grande sylve : «… On entend hurler et mugir, gémir et soupirer : des clameurs aiguës, des bourrasques se mêlent à la plainte du bois.
On entend tous les jours, à propos de productions littéraires, parler de la dignité de tel genre, des convenances de tel autre, des limites de celui-ci, des latitudes de celui-là ; la tragédie interdit ce que le roman permet ; la chanson tolère ce que l’ode défend, etc. […] Il est bien entendu que la liberté ne doit jamais être l’anarchie ; que l’originalité ne peut en aucun cas servir de prétexte à l’incorrection. […] À entendre des écrivains qui se proclament classiques, celui-là s’écarte de la route du vrai et du beau qui ne suit pas servilement les vestiges que d’autres y ont imprimés avant lui.
Il aimoit à débiter ses productions, & s’en acquittoit si mal, que personne ne l’entendoit. […] Pressé de dire sa pensée, il avoue de bonne foi qu’il n’a presque rien entendu : Vous avez au moins , dit-il à son ami, mangé la moitié des vers. […] Malgré cette prévention extrême, il prit sur lui de faire des politesses au jeune magistrat, & d’entendre ses vers.
Le diadème n’est rien aux yeux de l’orateur ; par lui, le pauvre est égalé au monarque, et le potentat le plus absolu du globe est obligé de s’entendre dire, devant des milliers de témoins, que ses grandeurs ne sont que vanité, que sa puissance n’est que songe, et qu’il n’est lui-même que poussière. […] » Le poète (on nous pardonnera de donner à Bossuet un titre qui fait la gloire de David), le poète continue de se faire entendre ; il ne touche plus la corde inspirée ; mais, baissant sa lyre d’un ton jusqu’à ce mode dont Salomon se servit pour chanter les troupeaux du mont Galaad, il soupire ces paroles paisibles : « Dans la solitude de Sainte-Fare, autant éloignée des voies du siècle, que sa bienheureuse situation la sépare de tout commerce du monde ; dans cette sainte montagne que Dieu avait choisie depuis mille ans ; où les épouses de Jésus-Christ faisaient revivre la beauté des anciens jours ; où les joies de la terre étaient inconnues ; où les vestiges des hommes du monde, des curieux et des vagabonds ne paraissaient pas ; sous la conduite de la sainte Abbesse, qui savait donner le lait aux enfants aussi bien que le pain aux forts, les commencements de la princesse Anne étaient heureux200. » Cette page, qu’on dirait extraite du livre de Ruth, n’a point épuisé le pinceau de Bossuet ; il lui reste encore assez de cette antique et douce couleur pour peindre une mort heureuse. […] Il expire en disant ces mots, et il continue avec les anges le sacré cantique. » Nous avions cru pendant quelque temps que l’oraison funèbre du prince de Condé, à l’exception du mouvement qui la termine, était généralement trop louée ; nous pensions qu’il était plus aisé, comme il l’est en effet, d’arriver aux formes d’éloquence du commencement de cet éloge, qu’à celles de l’oraison de madame Henriette : mais quand nous avons lu ce discours avec attention ; quand nous avons vu l’orateur emboucher la trompette épique pendant une moitié de son récit, et donner, comme en se jouant, un chant d’Homère ; quand, se retirant à Chantilly avec Achille en repos, il rentre dans le ton évangélique, et retrouve les grandes pensées, les vues chrétiennes qui remplissent les premières oraisons funèbres ; lorsqu’après avoir mis Condé au cercueil, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsque, enfin, s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs, il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité, à ce dernier effort de l’éloquence humaine, les larmes de l’admiration ont coulé de nos yeux, et le livre est tombé de nos mains.
. — Ce que nous entendons par cette liaison. — Idées plus précises dont se compose l’idée du moi. — Idée d’un groupe de capacités ou facultés. […] II Qu’entendons-nous par un moi, en d’autres termes, par une personne, une âme, un esprit ? […] III Nous voilà donc conduits à chercher ce que nous entendons par ces capacités et facultés. […] « Au début, selon les malades, c’était quelque chose d’idéal, et comme un esprit qui parlait en eux ; maintenant, ils entendent réellement parler » ; les voix sont claires ou sourdes, graves ou aiguës, mélodieuses ou criardes. […] — Bien entendu, nous n’entreprenons point ici de démontrer la véracité de la mémoire ; la chose est impossible.
Elle voyait son fils, en cassant un œuf à la coque, avoir un mouvement nerveux dans un coin de la bouche, puis l’entendait dire : « J’étais si bien tout à l’heure ! […] Mais la parole de l’apoplectique s’embrouillait et il ne pouvait se faire entendre. […] De là, par la porte ouverte, j’entends les glouglous de toutes sortes de boissons, qu’avale, coup sur coup, dans sa soif inextinguible, le blessé ; j’entends la toux incessante de la femme phtisique ; j’entends la gronderie de la bonne, qui dit à un enfant : « Vous profitez de ce que votre père est malade pour ne pas travailler. » On attend le chirurgien qui ne vient pas. […] Entre Albert Duruy, qui vient s’entendre avec Daudet sur le lieu du combat, et qui a la tenue d’un témoin de duel, à la fois sérieux et chic. […] Il laisse entendre plutôt qu’il ne me le dit, qu’on le laisse mourir sans l’utiliser.
— essayez au sortir de là d’en donner idée à ceux qui ne les ont pas entendus : tout s’est refroidi. […] on n’entend pas. » — « Ce n’est pas faute d’oreilles », riposta Piron à haute voix ; et sur l’immense colère que souleva une pareille saillie, il dut sortir de la salle au plus tôt. […] Et l’amphitryon chez qui l’on avait dîné, s’éveillant au bruit de la querelle et s’informant du sujet : « Entendons-nous bien, messieurs ! […] La distinction est peut-être à faire avec lui ; mais entendons-nous bien. […] Il n’entendait rien, d’ailleurs, à l’étude de la nature, aux lois physiques générales.