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768. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

On l’a calomniée dans sa vie et dans son œuvre. […] Il n’a pensé à la mort que malgré lui, et pour préférer la vie. Il est tout à la vie, aux formes charmantes et superficielles de la vie. […] Thureau, Vie et œuvres de Jean Marot, 1873 ; O. […] À consulter : Vies d’Octovian de Saint-Gelais, Mellin de Saint-Gelais, etc., par G.

769. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Il en rapporta tout l’honneur à son guide, et déclara qu’il n’avait pas vécu jusque-là ; qu’il renaissait à la véritable vie. […] Marguerite, dit son premier éditeur, Claude Gruget, se joue sur les actes de la vie humaine. […] Il y a beaucoup de traits communs dans la vie de Marot et celle de Villon. […] Marot ne fut pas si bien inspiré par la Réforme ; elle agita sa vie et le gâta comme poète. […] La notice sur la vie de Marguerite, et la préface du supplément sont pleines de détails intéressants.

770. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Sainte-Beuve a écouté les livres plus que la vie. La vie a diminué d’autant. […] Mais les Pensées d’août attestent plus vivement que jamais cette influence mortelle a toute vie propre et à toute personnalité. […] Parti du Joseph Delorme, de ce livre d’intensité, qui trancha même sur les autres publications d’une époque qui avait de la vie jusque sous les ongles, dont elle se servait pour combattre, M.  […] Sainte-Beuve a planté son fauteuil d’Académie sur son « coteau modéré » pour s’y chauffer au petit soleil de trois heures et demie, comme on se chauffe à la petite Provence, quand, dans la vie, ou est à six heures du soir !

771. (1899) Arabesques pp. 1-223

En effet, l’école romane se tient encore plus que le symbolisme en dehors de la vie sociale. […] Jésus est destructeur de tout ordre, de tout travail, de toute vie. […] — j’ai franchi le seuil du temple de vie. […] Ceux qui vont suivre les propagent à travers la vie multiforme. […] Marc Lafargue : le Jardin d’où l’on voit la Vie.

772. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Un jour il témoigna un ardent désir de repos, d’un entier éloignement du monde, au déclin de sa vie. […] Son héritage prouva la simplicité de sa vie. […] La poésie lyrique est plus ornée et déploie la vie de la nature dans toute sa plénitude. […] Dans le même psaume est décrite la mer “où s’agite la vie d’êtres sans nombre. […] À la vie confuse des éléments est opposée l’existence calme et laborieuse de l’homme, depuis le lever du soleil jusqu’au moment où le soir met fin à ses travaux.

773. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Si la « lutte pour la vie » supprime la finalité extérieure, elle ne supprime pas la finalité intérieure de la volonté. […] La lutte pour la vie ne se comprend donc, au fond, que comme une lutte de volontés ; elle est une manifestation externe de phénomènes tout psychiques en soi. […] Le principe universel de l’intérêt est essentiellement psychique, et, sans ce principe, la vie est incompréhensible, la lutte pour la vie est plus incompréhensible encore. […] Contenu et forme sont des images empruntées au monde de l’espace, que l’on transporte indûment dans la vie interne. […] Le second volume sera consacré plus spécialement à ce qu’on nomme la vie intellectuelle.

774. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

La vie y était aussi agreste et aussi close que le site. […] Il y a des choses qu’on ne dit qu’une fois dans la vie, mais il faut qu’elles aient été dites ; sans cela vous ne comprendriez pas suffisamment vous-mêmes la toute-puissance du sentiment littéraire sur la vie de l’homme public et sur le cœur de l’homme privé. […] La vie ne m’est plus rien. […] Cette réflexion, la voici : Ou la vie est un don, ou elle est un supplice. […] Savez-vous pourquoi je supporte la vie ?

775. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

On ne saurait contester cependant que la nature des autres formes vivantes auxquelles chacun d’eux doit faire concurrence est au moins aussi importante et généralement même beaucoup plus importante à leur succès dans la vie. […] En beaucoup d’autres cas, et même entre les divers districts d’un même continent, le droit de premier occupant a probablement joué un rôle important en mettant obstacle au mélange des espèces proche-alliées sous les mêmes conditions de vie. […] Cependant une sorte de concurrence universelle devait avoir lieu, tendant à fixer les lois générales de la vie à la surface de notre planète, selon les conditions partout uniformes qu’elle présentait alors ; et ces caractères généraux, acquis dès lors, seraient ceux-là mêmes qu’on observe encore aujourd’hui dans le règne organique tout entier, caractères peut-être contingents, en ce sens qu’ils sont exclusivement adaptés aux conditions de la vie terrestre, et que nous ne pouvons conséquemment étendre, que par une hypothèse toute gratuite, aux autres planètes du système solaire ou aux autres astres du ciel. […] Que ces organismes inférieurs aient persisté jusqu‘aujourd’hui sans s’élever au point de vue de la spécialisation des organes, on ne peut s’en étonner, tant que les conditions de vie qui leur conviennent subsistent. Leur extension plus vaste ressort du seul fait que ces conditions de vie sont plus uniformément répandues sur le globe et l’ont toujours été, les mers ayant toujours été plus vastes que les terres, et probablement d’autant plus qu’on recule vers des époques plus éloignées de nous, et ces conditions de vie moins complexes demandant un concours de circonstances qui doit se reproduire plus fréquemment.

776. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il avait beaucoup écrit dans sa courte vie. […] La vie s’y passe à vivoter. […] La foi, en s’envolant, a emporté la vie. […] Il demande la vie et non pas le repos. […] , à quoi bon encore, si la vie de ce moi collectif n’a pas plus de sens que la vie du moi individuel ?

777. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

En un mot, tant que le monde va et dure, il ne saurait être destitué de la vie et de l’amour. […] Rien de sincère et d’enlevant comme ce départ, cette arrivée ; c’est le début héroïque du poème et de la vie, la candeur qu’on n’a qu’une fois. […] Pourtant revenons aux grandes choses, au général La Fayette, à ses Mémoires et à sa vie […] Il en résulte qu’à moins d’une très-grande occasion de servir à ma manière la liberté et mon pays, ma vie politique est finie. […] Ce sont là de ces volumes qui, comme ceux des Vies de Plutarque, ne sont jamais dépareillés, même quand on n’en a qu’un.

778. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il n’y aurait plus à leur souhaiter, pour être les plus parfaits des mortels, que la bonté et la chaleur morale dans la pratique et les relations de la vie. […] Cuvier, non encore partagé par la politique ou par l’administration et tout entier à la science, à la vie intellectuelle, prolongeait bien avant dans la nuit avec quelques amis dignes de l’entendre, sous les grands arbres du Jardin des Plantes, des entretiens « dignes de Platon !  […] Ce désappointement se changea en un sentiment plus pénible encore, lorsqu’en 1830 Arago succéda en cette même qualité de secrétaire perpétuel à Fourier, et prit au sein du Corps savant une prépondérance qui dura entière jusqu’à la fin de sa vie (1853). […] Biot, visiblement ému, le saisit par le bras et lui dit : « Mon cher enfant, j’ai tant aimé les sciences dans ma vie que cela me fait battre le cœur. » C’est en vertu de l’observation de M.  […] Ce qui est vraiment beau pour un savant et ce qui mérite d’être envié en effet de tous ceux qui ont connu les plaisirs de l’esprit, c’est qu’il se maintint constamment frais et dispos d’intelligence, et qu’il vécut, presque jusqu’à la dernière heure de la vie de la pensée.

779. (1890) L’avenir de la science « XII »

Ce jour-là, j’éprouvai le sentiment de l’immensité de l’oubli et du vaste silence où s’engloutit la vie humaine avec un effroi que je ressens encore, et qui est resté un des éléments de ma vie morale. […] Nullement : car elle contribue à esquisser la vie monastique ; elle entre comme un atome dans la grande masse de couleur noire nécessaire pour cela. L’humanité n’eût point été complète sans la vie monastique ; la vie monastique ne pouvait d’ailleurs être représentée que par un groupe innombrable : donc tous ceux qui sont entrés dans ce groupe, quelque oubliés qu’ils soient, ont eu leur part à la représentation de l’une des formes les plus essentielles de l’humanité. […] Le sauvage, qui vit à peine la vie humaine, sert du moins comme force perdue. […] La science, comme toutes les autres faces de la vie humaine, doit être représentée de cette large manière.

780. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Est-ce qu’une vie de femme se raconte ? […] Il faut noter deux époques très distinctes dans la vie de Mme Récamier : sa vie de jeunesse, de triomphe et de beauté, sa longue matinée de soleil qui dura bien tard jusqu’au couchant ; puis le soir de sa vie après le soleil couché, je ne me déciderai jamais à dire sa vieillesse. […] On peut dire qu’elle perfectionna l’art de l’amitié et lui fit faire un progrès nouveau : ce fut comme un bel art de plus qu’elle avait introduit dans la vie, et qui décorait, ennoblissait et distribuait tout autour d’elle. […] Celui-ci apprivoisait la vie sauvage ; l’autre termine et couronne la vie civilisée. […] Après tout, y aura-t-il encore un autre lieu dans la vie où l’on retrouve une bienveillance si réelle au sein d’une illusion si ornée et si embellie ?

781. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Foulon de Vaulx, André (1873-1951) »

. — La Vie éteinte (1896). — Deux pastels (1896). — L’Accalmie (1897). — Le Jardin désert (1898). […] Celui-ci l’aime d’un véritable amour ; il a adopté sa vision délicate de la vie réelle et du monde mystique ; il porte un peu, à son chapeau, la cocarde du maître. […] Ils n’ont rien à envier aux compagnons de la « haute vie ». […] Tout resplendit… [La Vie et les Livres, 2e série (1896).]

782. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

Mais les deux périodes bien distinctes de sa vie intellectuelle et morale méritent d’être comparées brièvement. […] Si jamais les hagiographes entreprennent de commenter les Symboles, ils pourront résumer la vie de l’auteur par une allégorie en deux morceaux. […] [La Vie et les Livres (1895).] […] Cet ouvrage s’adresse plus spécialement aux jeunes gens des écoles et leur sera d’une utile méditation au moment d’entrer dans la vie. […] Nous pouvons nous unir dans une foi profonde : Avant que les trésors du temps nous soient ouverts, Croyons que, dans les flancs du robuste univers, Rien ne peut dessécher les germes de la vie.

783. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

L’une, génie inquiet et politique, consacra sa vie à se grandir, l’autre à plaire ; belles toutes deux, l’une fut belle pour posséder les esprits, l’autre pour entraîner les cœurs. […] Ce mot me prédisposait par amour-propre à l’adoration pour cette beauté qui illuminait encore d’une lueur refroidie la moitié de l’espace que sa vie avait laissé derrière elle. […] Le scepticisme politique est un aveu de plus du néant de la vie ; cet aveu est une douleur de l’esprit, mais il n’est pas une offense à la vérité. […] Cousin, M. de Barante ; M. de Staël, enlevé dans sa fleur à la vie ; M.  […] Récamier demanda à son amie, madame Bernard, la main de sa fille Juliette à peine éclose à la vie.

784. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Mais il y trouva un terrible et cruel refuge, et l’heure la plus funeste et la plus malheureuse de sa vie. […] L’ermite la console par les espérances célestes, les seules capables de rattacher Isabelle à la vie. […] La fidèle amante conçoit subitement l’idée d’une ruse pieuse qui sauvera sa vertu en sacrifiant sa vie. […] La vie frugale et saine qu’il y menait l’avait fait parvenir à quatre-vingts ans, sans les infirmités qui tourmentent les faibles mortels. […] Mais est-ce que la vie est une bouffonnerie de la nature ?

785. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Dumas, où nous voyons si bien l’allure tâtonnante et hésitante du germe qui se fait et aspire à la vie. […] Il faut voir combien est fréquente cette triste opposition de la pureté et de la vie. […] On a beaucoup comparé l’art et la vie. […] « La pensée continue la vie, dit-il, elle tend à assimiler, à organiser tout ce qui pénètre en elle ; on peut la définir aussi justement que la vie du corps “une création”… Loin d’être un miracle qui rompe brusquement la continuité des choses, le génie est peut-être le fait le plus général de la vie intérieure. » Guyau rapproche aussi l’art et la vie. […] Voir l’esquisse de sa vie qu’il a placée en tête de ses Solutions sociales.

786. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

La vie, cela se passe dans le temps. […] Tout cela c’est la vie de la critique d’artiste. […] À la vie. Mais la vie n’est pas une convention, la vie c’est la réalité même dont nous participons. […] Il signifie créer du nouveau, créer un être qui vit une vie imprévisible, une vie autre que notre vie.

787. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Sa vie, en effet, fut pour lui le premier de ses romans et comme la matière de tous les autres. […] Il conserva toute sa vie un tendre penchant pour ses premiers maîtres, et les impressions qu’il avait reçues d’eux ne le quitteront jamais. […] Ainsi rétabli dans la vie paisible, et désormais au-dessus du besoin, Prévost, jeune encore, partagea son temps entre la composition de nombreux ouvrages et les soins de la société brillante où il se délassait. […] Ainsi se termina, par une catastrophe digne du Cléveland, cette vie romanesque et agitée. […] Si ce n’est pas là une calomnie atroce, c’est un conte, et Prévost a bien assez de catastrophes dans sa vie sans celle-là.

788. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Votre système de vie est attaqué, chaque coup ébranle l’ensemble : celui-là aussi s’éloigne de moi, est une pensée douloureuse, qui donne au dernier lien qui se brise un prix qu’il n’avait pas auparavant. […] Et cette plainte sublime échappée à Brutus dans les champs de Philippes, doit-elle égarer la vie, ou commander de se donner la mort ? […] C’est à cette époque où le cercle des jouissances est parcouru, et le tiers de la vie à peine atteint, que ce livre peut être utile ; il ne faut pas le lire avant ; car je ne l’ai moi-même ni commencé, ni conçu qu’à cet âge. […] L’homme alors, emporté par quelque chose de plus puissant que lui, use sa vie, mais s’en sert avec plus d’énergie. […] Mais j’ai tâché d’offrir un système de vie qui ne fut pas sans quelques douceurs, à l’époque où s’évanouissent les espérances de bonheur positif dans cette vie : ce système ne convient qu’aux caractères naturellement passionnés, et qui ont combattu pour reprendre l’empire ; plusieurs de ses jouissances n’appartiennent qu’aux âmes jadis ardentes, et la nécessité de ses sacrifices ne peut être sentie que par ceux qui ont été malheureux.

789. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Toutes les sources sont mises à contribution, sans critique, avec un égal respect, et un non moins égal sans-gêne : Bible, Évangiles canoniques, Évangiles apocryphes, actes de martyrs, vies de saints ; c’est un vaste et confus ensemble qui va de la création jusqu’à saint Dominique et saint Louis. […] Un chanoine de Langres fait jouer à Langres en 1482 une Vie de Mgr saint Didier : c’est le patron de la ville. […] Avant tout, ce qui lui plaît, c’est la vie, et sa vie : dans ces drames merveilleux, rien ne le touche tant que le réel, et parmi ces acteurs surhumains, sa sympathie va à la simple, même à la basse humanité, au peuple vulgaire comme lui, comme lui bruyant, gausseur et jouisseur. […] Pour celui qui l’a écrite, pour ceux qui la voyaient, l’action de Patelin était une folie, et l’esprit de Patelin était la vérité même, la raison et la vie. […] Nat., 1862 ; Gringore, Vie de saint Louis, t. 

790. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Même simplicité de mœurs, dit-il ; même vie, même fin proposée chez le peuple de Moïse et dans la Cité de Platon. Le caractère même du chef politique retracé par le philosophe est modelé sur le législateur hébreu : c’est un naturel extraordinaire, une éducation miraculeuse, une égale aptitude à la vie contemplative et à la vie active. […] L’ardeur de la passion ne s’explique pas plus que le principe de la vie ; elle meurt de même, avant d’être saisie par le scalpel qui la cherche. […] La continuité du sublime serait une extase plus forte que la vie terrestre, comme le témoigne parfois l’apparition trop courte d’une de ces âmes élevées, délicates, brûlantes, que la foi divine a saisies et qu’elle consume. […] Les soins et les bonheurs apparents de la vie, les émotions même de la charité, se perdaient pour elle dans une pensée plus haute de contemplation divine.

791. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Elle détruisit la possibilité de toute vie provinciale, de toute représentation de la nation. […] De ces vœux accomplis, fût résulté avec le temps une petite vie provinciale, matériellement très florissante, indifférente à l’instruction et à la culture intellectuelle, assez libre ; une vie de bourgeois aisés, indépendants les uns des autres, sans souci de la science, de l’art, de la gloire, du génie ; une vie, je le répète, assez semblable à la vie américaine, sauf la différence des mœurs et du tempérament. […] Sera-ce le court éclair de la vie d’un ressuscité ? […] Tous les Pères de la vie spirituelle sont d’accord sur ce point : la pénitence ne consiste pas à mener une vie dure, à jeûner, à se mortifier. […] Les membres à vie seraient nommés par des procédés divers.

792. (1894) Critique de combat

L’art, comme la vie, est incessamment mobile. […] Ecoutez cet hymne à la vie : « La vie, la vie qui coule en torrent, qui continue et recommence, vers l’achèvement ignoré ! […] On y mène la haute vie, et quelle vie, messeigneurs ! […] Fils du peuple, il montre la vie du peuple. […] Qui dira où la vie commence ?

793. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Bouquet : Les Points obscurs de la vie de Corneille, Paris, 1888. […] Baillet, La Vie de Monsieur Descartes, Paris, 1691. […] Baillet, Vie de Descartes]. […] XVIII ; — Morillot, Scarron, sa vie et ses œuvres, Paris, 1888 ; — G.  […] Loiseleur, Les Points obscurs de la vie de Molière, Paris, 1877 ; — L. 

794. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Vien » p. 173

Mme Vien met dans ses animaux de la vie et du mouvement. […] Assez chaud de couleur, il est froid d’expression, sans vie ; c’est presque un oiseau de bois, tant il est raide, lisse et monotone. […] J’ai dit que ce coq était sans mouvement et sans vie ; et je viens d’apprendre qu’elle l’a peint d’après un coq empaillé. […] Ces serins sont comme des petits morceaux de buis taillés en canaris, sans légèreté, sans gentillesse, sans variété de tons, sans vie.

795. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Nous sommes une génération savante ; la vie instinctive, spontanée, aveuglément féconde de la jeunesse, s’est retirée de nous ; tel est le fait irréparable. […] Les idées et les faits, la vie intime et la vie extérieure, tout ce qui constitue la raison d’être, de croire, de penser, d’agir, des races anciennes appelle l’attention générale. […] Cependant qu’on se rassure : l’étude du passé n’a rien d’exclusif ni d’absolu ; savoir n’est pas reculer ; donner la vie idéale à qui n’a plus la vie réelle n’est pas se complaire stérilement dans la mort. […] Bien qu’aucun siècle n’ait été à l’égal du nôtre celui de la science universelle, bien que l’histoire, les langues, les mœurs, les théogonies des peuples anciens nous soient révélées d’année en année par tant de savants illustres ; que les faits et les idées, la vie intime et la vie extérieure, que tout ce qui constitue la raison d’être, de croire, de penser des hommes disparus appelle l’attention des intelligences élevées, nos grands poètes ont rarement tenté de rendre intellectuellement la vie au Passé. […] Il a été toute sa vie l’évocateur du rêve surnaturel et des visions apocalyptiques.

796. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Nos sciences ne sont nées que d’hier, et elles ont, en moins d’un siècle, transformé l’aspect de la vie. […] Il faut vivre d’abord, et la vie n’est pas contemplation ni spéculation, mais action. […] Par exemple, il importe beaucoup à la conduite de la vie humaine de savoir si l’objet de cette vie est contenu et comme enfermé dans les limites de l’existence actuelle, ou au contraire s’il les dépasse. […] Rousseau : « Si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu », ce qui n’est qu’une phrase ! […] Nouvelle Vie de Jésus, préface de l’auteur, p.

797. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Il n’en fut pas ainsi de Diderot, qui, n’ayant pas cette tournure d’esprit critique, et ne pouvant prendre sur lui de s’isoler comme Buffon et Rousseau, demeura presque toute sa vie dais une position fausse, dans une distraction permanente, et dispersa ses immenses facultés sous toutes les formes et par tous les pores. […] La gêne et le besoin, une singulière facilité de caractère, une excessive prodigalité de vie et de conversation, la camaraderie encyclopédique et philosophique, tout cela soutira continuellement le plus métaphysicien et le plus artiste des génies de cette époque. […] Sa vie se passa de la sorte, à penser d’abord, à penser surtout et toujours, puis à parler de ses pensées, à les écrire à ses amis, à ses maîtresses ; à les jeter dans des articles de journal, dans des articles d’encyclopédie, dans des romans imparfaits, dans des notes, dans des mémoires sur des points spéciaux ; lui, le génie le plus synthétique de son siècle, il ne laissa pas de monument. […] Il a déjà atteint l’âge de quarante-six ans ; sa vie, ses opinions sur toutes choses et ses relations du monde sont fixées autant qu’elles le seront jamais. […] « Faisons en sorte, mon amie, que notre vie soit sans mensonge ; plus je vous estimerai, plus vous me serez chère ; plus je vous montrerai de vertus, plus vous m’aimerez… J’ai élevé dans mon cœur une statue que je ne voudrais jamais briser ; quelle douleur si je me rendais coupable d’une action qui m’avilît à ses yeux ! 

798. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

La vie est mauvaise, elle n’a d’ailleurs aucun sens. […] Une vie est l’histoire — un peu laborieusement contée, sous l’influence encore proche de Flaubert — d’une pauvre créature sacrifiée, qui souffre par son mari, puis par son fils, et qui meurt. […] L’indifférence de l’auteur paraît d’ailleurs égale pour l’une et pour l’autre ; car la vie de celui-ci n’est, comme la vie de celle-là, qu’une série d’événements produits par des forces fatales, et fatalement enchaînés entre eux. […] Il y a, dans Mont-Oriol, quelque chose d’Une vie et quelque chose de Bel-Ami. […] C’est la vie.

799. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Il serait inexact de l’accuser de voir systématiquement le mal : car ce qu’il discerne et ce qu’il formule, c’est bien plutôt l’incohérence dont personne n’est responsable, le flou, l’incertain de la vie, c’est la médiocrité des prétentions, le ridicule des moyens, l’imprévu des résultats. […] Puisque la faute en est à la vie, non aux hommes, à quoi serviraient des gesticulations indiscrètes ? […] À son sens, si la vie qui nous entoure est d’une flottante veulerie, l’artiste doit prendre le temps et la peine de la condenser et de la présenter correctement : c’est un peu un corsetier. […] Lucien Descaves applique son talent de romancier à la description de milieux sociaux ou naturels, hier les casernés, aujourd’hui les aveugles, envisagés non descriptivement, en teinte plate, et au repos mort d’une pose même instantanée chez le photographe, mais en mouvement, en vie active. […] C’est la vie, dans son complexe mouvement physiologique, dans son devenir incertain et émouvant que ses livres savent évoquer.

800. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

C’est peut-être la première fois de sa vie qu’on lui ait dit qu’il était modeste… Il y a un commencement à tout. […] car ce cri final (daté de 1862), qui n’est plus de l’Alfred de Musset amoureux, mais du Roger de Beauvoir trahi par la vie, ce cri qui promettait un poète nouveau dans le poète connu, dans le poète de Cape et d’Epée et même dans le poète de Colombes et Couleuvres, déjà si personnel et presque profond, ce cri qui promettait un de ceux-là qui sont les plus grands parce qu’ils sont les phénix de la douleur ! […] Malgré la beauté du mouvement dans le dernier vers, ce sont là des chagrins de beau, des pleurs de jeune premier de la vie, qui se regrette parce qu’il faut passer dans les seconds. […] C’est toute la vie qui a été un carnaval pour Beauvoir, et cette vie-là, il l’a aussi expiée. […] Je voudrais pouvoir citer la pièce tout entière ; un tel poète, de cette fraîcheur d’accent, ne peut pas être, ne peut jamais devenir ce dévergondé cynique qui montrait à la vie, son bourreau, ce que les polissons de Naples montrent au Vésuve pour le narguer !

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