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2752. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Samedi 17 mars Une jouissance tout à fait supérieure : un grand acteur dans une pièce sans talent.

2753. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Il tient aux anciennes félicités du sage, non pas seulement cette paisible constance que peut remplacer la paix évangélique, mais aux récompenses terrestres du talent et de la vertu ; il désire le calme, l’aisance heureuse, et, comme poëte, sans doute la gloire.

2754. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Par cela même que le jugement de goût ne peut être déterminé par des concepts et des préceptes, le goût est précisément de toutes les facultés et de tous les talents celui qui a le plus besoin d’apprendre par des exemples ce qui, dans le progrès de la culture, a obtenu le plus long assentiment, s’il ne veut pas redevenir bientôt inculte et retomber dans grossièreté de ses premiers essais.

2755. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Quand nous sommes ainsi devenus sensibles à la dimension, nous n’avons plus besoin d’employer les mesures de longueur, et c’est là un talent acquis qui facilite beaucoup d’opérations mécaniques ; par exemple, pour dessiner, peindre, graver, et dans les arts plastiques, il faut absolument avoir acquis ce discernement des plus délicates différences. » Reste un troisième point de vue ; car il y a non seulement divers degrés d’intensité et de durée, mais divers degrés de vélocité dans nos mouvements musculaires, et la même contraction des mêmes muscles éveille en nous deux sensations musculaires différentes, selon qu’elle est rapide ou lente.

2756. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Le jeune Provençal était à l’aise dans son talent comme dans ses habits ; rien ne le gênait, parce qu’il ne cherchait ni à s’enfler, ni à s’élever plus haut que nature.

2757. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Ses grands seigneurs, distingués mais flexibles, accoutumés à changer de maîtres, décorent les conseils et les palais de Napoléon : les Saint-Marsan, les Alfieri, les Barollo, les Ghilini, les Salmatoris, les Carignan, chambellans, juges, sénateurs, généraux, colonels, préfets du palais, administrateurs, rivalisent de services, de talents et de fidélité à l’empereur ou à ses lieutenants.

2758. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

La beauté de la comtesse Héléna, ou, comme on l’appelait parmi ses amies, par abréviation familière, Léna, ne pouvait se peindre : les mots et les couleurs, quelque nuancés qu’ils soient, ont des limites que le talent même de l’Arioste ou de Corrège ne peut dépasser ; la beauté féminine n’en a pas, de limites.

2759. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

demanderont les hommes qui ne sont pas familiers avec ces noms à qui le bruit a manqué ici-bas, mais à qui la mémoire intime des grandes âmes et des grands talents dans le dernier jour ne manqua jamais.

2760. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Quelques lettres où l’on retrouve un peu de l’âme de sa sœur, et un Essai intitulé le Centaure, déclamation de rhétorique qui ne mérite pas le bruit qu’on en a fait, et qui est tombée vite de ce piédestal de complaisance dans le juste oubli qui lui était dû : voilà tout, quant au prodigieux talent qu’on attribuait à ce jeune homme.

2761. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Chaque jour mon cœur s’élève, s’adoucit, s’améliore en elle, et j’oserai dire, j’oserai croire qu’il en est d’elle comme de moi, et que son cœur, en s’appuyant sur le mien, y puise une force nouvelle. » XIII Deux écrivains très remarquables, le premier par son zèle ardent pour la vérité, le second par le talent et le style, M. de Reumont, ministre de Prusse en Toscane, et M. 

2762. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Je lui témoignai aussi que si son discours me semblait très fondé en ce qui regardait l’envoi d’un cardinal, je ne pouvais cependant pas tomber d’accord avec lui sur le choix de ma personne ; que je faisais volontiers abstraction de mon manque de talents et de qualités nécessaires ; mais qu’il existait un autre obstacle majeur qui m’empêcherait d’être désigné pour cette mission ; que si le proverbe si vis mittere, mitte gratum , si vous voulez envoyer, envoyez qui sera agréable, était vrai (comme il l’est du reste), je n’étais pas aimé, et cela apparaissait bien dans les lettres adressées de Paris et dans les conversations que tenaient les amis de la France à Rome.

2763. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Dans ses premiers écrits, il s’attache davantage à détruire ce prestige d’illusion qui nous donne une admiration stupide pour les instruments de nos misères, et à corriger cette estimation trompeuse qui nous fait honorer des talents pernicieux et mépriser des vertus utiles.

2764. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Une imagination vive, une mémoire vaste et prompte qui sert comme d’une seconde intelligence, le talent d’écrire, la science du langage ; on n’est pas rhéteur à moins.

2765. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Tacite, quel que soit son talent pour peindre la nature humaine, renferme moins de vraie psychologie que la narration naïve et crédule des Évangiles.

2766. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Mais pour des bourgeois simples, que leurs talents ont portés au pouvoir, il faut que ce soient des voleurs, des intrigants.

2767. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Non ; le mal vient en premier lieu de ces quelques personnes, qui a beaucoup de talent et à beaucoup de zèle joignent une très malheureuse ignorance de ce qu’est le drame wagnérien.

2768. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

La seule ville de Thasos dépensa quatre mille talents — plus de trois millions d’aujourd’hui — à rassasier cet hôte dévorant.

2769. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Et la réussite l’amena ensuite à forger une branche de rosier, où commença à se révéler son incomparable talent.

2770. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Il semble que le romancier soit au centre et à la suite des lentes ondes de mouvement qui font se durcir et s’effriter les roches, pousser et se flétrir tes plantes, s’affermir et vieillir les animaux, qui poussent les enfants à l’adolescence, les jeunes gens enthousiastes et mobiles à l’âge des décisions égoïstement rassises, qui fanent les femmes et les hommes, les talent ou les raidissent peu à peu en une vieillesse radoteuse ou rageuse et les portent ainsi de la naissance à la mort par d’insensibles gains et d’irréparables pertes.

2771. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

La fibre irritée du poète de l’Enfer s’était détendue dans un plus long exil, et son talent avait évidemment grandi avec ses années.

2772. (1903) Le problème de l’avenir latin

Le plaisir suprême pour le Gaulois de bonne situation sociale c’est de se prouver bel esprit. « Exceller dans ces jeux d’esprit — constate M.G.Bloch, le plus récent des historiens de cette époque — était comme un brevet de noblesse. » « Jamais l’instruction littéraire ne fut appréciée plus haut — affirme à son tour Fustel de Coulanges — jamais on n’estima tant l’art de bien parler et de bien écrire… jamais il n’y eut tant d’habiles versificateurs, et si peu de poètes… On n’écrit que pour faire montre de son talent. » Mais un trait infiniment plus curieux et plus symptomatique se découvre dans la civilisation gallo-romaine : c’est le triomphe du rhéteur dans cette société à la fois si jeune et si caduque.‌ […] Elle fit presque sien ce domaine spécial, le cultivant avec un amour et un talent exceptionnels. […] Les esprits larges, souples, compréhensifs y abondent, les talents pullulent, la philosophie, la littérature, les arts s’y épanouissent.

2773. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Elle est à peu près sans fortune, et cette union, en imposant à Fromentin des charges nouvelles, rend plus urgente pour lui l’utilisation matérielle de son talent. […] Que Fromentin n’ait que du talent, que l’orientalisme n’ait bénéficié chez personne d’un sursaut de génie, et qu’il ne se soit incorporé à l’art supérieur qu’en se confondant dans le romantisme, c’est d’ailleurs ce qui paraît évident, mais qui n’est pas une raison pour ne point goûter à leur place ces genres mineurs et délicats. […] Comprendre est pour moi le but, et produire n’est qu’une voie pour mieux comprendre. » Croirons-nous donc que le génie d’Amiel, s’il eût eu à son service la même chance que les petits talents de Cherbuliez et de Schérer, nous eût donné un autre Sainte-Beuve ?

2774. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Mais, puisque l’occasion s’en présente, j’userai du droit de simple moraliste pour énoncer ce que je crois vrai, dussé-je par là sembler contredire l’étalage vertueux et philanthropique des acteurs intéressés, ou la simplicité bienheureuse et perpétuellement adolescente de quelques optimistes de talent.

2775. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Pour se rendre compte de la grande réputation du personnage, et, en général, pour s’expliquer ces hommes qui laissent après eux des témoignages d’eux-mêmes si inférieurs à la vogue dont ils ont joui, il faut se dire que les contemporains, surtout, dans la société, s’attachent bien plus à la personne qu’aux œuvres du talent ; là où ils voient une source vive, volontiers ils l’adorent, tandis que la postérité, qui ne juge que par les effets, veut absolument, pour en faire cas, que la source soit devenue un grand fleuve.

2776. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Montrer le cœur humain, créer, en Angleterre, des caractères individuels, en France, des types généraux, est devenu pour le poète la grande chose, et si l’on a quelquefois exagéré dans Corneille et dans Racine cette connaissance de l’homme et ce talent pour le peindre, il faut avoir l’impertinente suffisance ou le coup d’œil superficiel de certains petits critiques allemands, pour ne pas reconnaître en ce genre une rare supériorité chez Molière.

2777. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Mais le caractère mondain a recouvert l’ancien fond militaire ; à la fin du dix-huitième siècle, leur grand talent est le savoir-vivre, et leur véritable emploi consiste à recevoir ou à être reçus.

2778. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

La description de ces angoisses du talent méconnu attendrit jusqu’aux larmes dans la correspondance du fils et de la mère avec la sœur et le père.

2779. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Il faut peut-être chercher la raison de cette omission dans la nature de son talent, qui avait plus d’enchantement que de vérité, et plus d’éclat que de tendresse.

2780. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

À l’aide de semblables modifications d’instincts déjà préexistants, et qui, en eux-mêmes, n’ont rien de plus étonnant que celui qui guide un oiseau dans la construction de son nid, il me semble donc aisé que l’Abeille domestique ait acquis successivement par sélection naturelle son inimitable talent d’architecte114.

2781. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Cependant son influence, sa brillante réputation le crédit dont il jouissait auprès du roi par ses talents incomparables, l’appelaient tout naturellement à donner son avis dans cette mémorable circonstance.

2782. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

On a vu en effet comment le talent d’invention, aidé de la science, avait mis à la disposition de l’homme des énergies insoupçonnées.

2783. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Il ne conteste pas le talent de ses rivaux, même les plus illustres ; non, il le nie radicalement et de haut en bas. […] Par ses qualités comme par ses défauts, par son talent comme par sa folie, Benvenuto Cellini est la plus originale personnification de cette Italie artistique du XVIe siècle, qui produisit des êtres à part dans les séries de l’histoire.

2784. (1902) La poésie nouvelle

Dans une étude sur « Albert Durer et ses dessins » (juin 1882), à propos d’un livre récent, il discute avec autant de finesse que de science les questions d’authenticité, d’influences étrangères ; dans un compte-rendu de l’Exposition Berlinoise (août 1883), il analyse le talent des Boecklin et des Max Klinger de la manière la plus pénétrante et la plus juste, et sa compétence technique est égale à son goût très sûr… Mais ses notes surtout émerveillent ; les amis de Laforgue en ont publié plusieurs séries dans la Revue Blanche, dans les Entretiens politiques et littéraires ou ailleurs. […] Son talent d’écrivain est dans l’emploi qu’il en a fait, et ce qu’il faudrait admirer le plus chez lui, c’est une merveilleuse fantaisie d’imagination, grâce à laquelle son style se renouvelle au fur et à mesure qu’apparaissent les idées, s’invente perpétuellement, si l’on peut dire, pour les besoins très divers de la pensée la plus complexe.‌ […] Assurément, il n’est pas, dès ce début, en pleine possession de son talent.

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