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1026. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

La troisieme (mais celle-ci regarde l’action, dont nous parlerons dans la suite), c’est l’étude des monumens de l’antiquité. […] Il est des tragédies dont l’intrigue se résout comme d’elle-même par une suite de sentimens qui amenent la derniere révolution sans le secours d’aucun incident ; tel est Cinna. […] La tragédie n’est qu’un tableau ; l’épopée est une suite de tableaux qui peuvent se multiplier sans se confondre. […] parce que les suites n’en seroient pas les mêmes. […] nous verrons dans la suite combien l’entremise des dieux est peu essentielle à l’épopée.

1027. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

Un crime retentissait pendant une longue suite d’années ; et nous avons vu des cruautés sans nombre, presque dans le même temps commises et oubliées !

1028. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Tant de propositions qui devinrent, par la suite, du domaine populaire y avaient été préalablement agitées par les fins esprits du temps, et consignées dans les secrets rituels des Initiés, des Savants et des Mystagogues.

1029. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Lise étant morte des suites d’un coup de pied qu’il lui a donné en plein ventre dans un moment de vivacité, Buteau a épousé en secondes noces la Guezitte, une veuve qui possède les meilleures terres de Rognes.

1030. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Une suite d’articles sur « les poètes morts jeunes » ne manque ni de verve ni de salacité.

1031. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

On a prétendu que la comédie des Nuées avoit eu des suites cruelles, & qu’elle avoit influé sur la mort du philosophe.

1032. (1879) Balzac, sa méthode de travail

« Les épreuves sont ainsi renvoyées sept fois de suite.

1033. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

Mettre la fille à la place du gendre, c’eût été renverser toute la composition : il y aurait eu quatre têtes de femme de suite, et l’enfilade de toutes ces têtes aurait été insupportable.

1034. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Ceux qui l’ont fait dans la suite ont accommodé la comedie françoise aux moeurs angloises.

1035. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Il nous arrive souvent, quand nous voïons ce bâtiment dans la suite, de reconnoître que notre imagination avoit conçu une chimere.

1036. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

C’est ce que nous rapporterons plus au long dans la suite.

1037. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Taine avait d’ailleurs été trop étroitement en contact avec l’empirisme anglais pour n’en avoir pas fortement subi l’influence : de là des incertitudes et des contradictions dans la suite de ses idées.

1038. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Le peuple français est le premier des peuples de l’Europe qui ait admis le principe de l’indépendance mutuelle des institutions politiques et des institutions sociales, tout en demeurant dans la même croyance religieuse, tout en restant fidèle au droit divin et à celui de la légitimité, qui en est la suite.

1039. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Il y a bien une phrase dans l’introduction où il est question de l’image gracieuse de l’amour d’Henri IV et de Gabrielle ; mais c’est de suite fini, et l’auteur, qui a encore ce vieux œil de poudre sur la pensée, ne retourne plus à cette bergerie : il redevient et reste sérieux.

1040. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Nous ne parlons pas du Sacrifice d’Abraham, une grande diablesse d’histoire dont Rembrandt est le héros, laquelle n’a pas de raison pour être plutôt dans ce volume que dans tout autre volume de nouvelles, et qui en aurait une que je sais bien de n’y être pas… Enfin, dans les Contes de la montagne, où l’auteur se détire de son fantastique et commence de s’en dégager, vous ne trouverez que deux contes de cette espèce : Le Violon du pendu et L’Héritage de mon oncle Christian, aussi faibles d’ailleurs que tout le reste ; car pour le Conte qui a presque proportion de roman, et qui envahit, à lui seul, tout le volume, ce très beau Conte de Hugues-le-Loup, je ne le mets point parmi les tentatives fantastiques de l’auteur, malgré la donnée somnambulique qui en fait le dénouement et qui a été si rabâchée depuis Shakespeare, mais je le place plutôt parmi les autres récits, où le talent d’Erckmann-Chatrian, son talent réel et lumineux, — son talent antifantastique — s’est montré avec le plus de suite et d’éclats.

1041. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Ceux-ci sont au nombre de cent quatre-vingts, ce qui, joint aux premières, forme une suite complète de près de trois cent vingt éloges.

1042. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Saint-Aubin fut le premier de tous, l’œuf où germait le Balzac que j’ai vu, et à la suite sont venus de noms nouveaux en noms oubliés, toutes les initiations de sa métempsycose. […] Saint-Aubin a longtemps tenu l’album sur lequel s’amoncelaient les esquisses et les ébauches dont Balzac devait composer par la suite de délicieux tableaux. […] Elle avait une cour de jeunes artistes à sa suite et les gens célèbres se rangeaient pour la saluer avec empressement. […] Je me suis informé des suites qu’avaient eues ce voyage, mais je n’ai appris que peu de chose. […] Gautier aura été apparemment fort vexé, si nous nous en rapportons à certains articles écrits dans la Chronique de Paris, à la suite d’un voyage de ce grand homme par nos contrées.

1043. (1900) La culture des idées

La plupart des tragédies de Shakespeare ne sont qu’une suite de métaphores brodées sur le canevas de la première histoire venue. […] L’association s’est-elle formée à la suite des événements d’il y a trente ans, lorsque le peuple prit le parti d’exalter le soldat pour s’encourager soi-même ? […] On peut donc écrire, surtout s’il s’agit de généralités, des suites de phrases ayant à la fois un sens ouvert et un sens secret. […] L’histoire littéraire n’est, en somme, que le tableau d’une suite d’épidémies intellectuelles. […] L’art catholique, comme la religion elle-même, est la suite naturelle et logique de l’art païen.

1044. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Écoutez la suite : « Wagner n’était pas musicien d’instinct. […] Un son continu n’est pas de la musique ; une suite de sons n’est pas encore une mélodie ; des harmonies qui se succèdent ne signifient rien. […] On met aujourd’hui en 6/8 des rythmes qui devraient se noter en 3/4 ou en 3/8 ; nous employons le 12/8 au lieu du 6/4 pour des morceaux lents, sans nous douter que le 12/8 devrait être toujours un mouvement plutôt vif et balancé ; et ainsi de suite. […] Les modes antiques rentrent en scène, et, à leur suite, feront irruption dans l’art les modes de l’Orient dont la variété est immense. […] Fréquemment une idée poétique, un dessein pittoresque, une suite déterminée de sentiments interviennent dans le développement de la composition qui n’est plus dominée par les lois élémentaires de la symétrie et des proportions purement musicales.

1045. (1925) Comment on devient écrivain

Comment on fait un roman(Suite) La prose actuelle. — Doit-on bien écrire le roman ? […] (Suite) Faut-il écrire ses souvenirs ? […] On attendait la suite. […] L’histoire présentée comme une simple suite de vulgarisations aimables n’a presque plus de partisans et trouverait peu, de lecteurs. […] J’accepte avec enthousiasme ; il me fait asseoir et me dit : « — Écrivez de suite un article sur la marine du Brésil.

1046. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Tous les stendhaliens vont attendre avec impatience la suite de cette magnifique collection. […] Il défendait même la pudeur et les bienséances, avec lesquelles il devait prendre, par la suite, quelques libertés. […] Cet ami du changement montre un esprit de suite bien exceptionnel. […] En elle vivaient la suite de ses parents et la pureté des prairies et des sources. […] Jean-Paul se laisse accabler et courbe la tête, comme un écolier pris en faute : il n’a pas plus de dignité que d’esprit de suite.

1047. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ils ont aimé les suites indéfinies d’alexandrins, ou les couplets inégaux, pareils aux laisses de nos chansons de geste, mesurés par l’idée ou l’inspiration743. […] Dans la suite, Un seul être vous manque et tout est dépeuplé : quel est cet être ? […] La moitié de son Capitaine Fracasse est une suite d’estampes sur l’époque Louis XIII.

1048. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Aussi, n’aurai-je plus à en parler dans la suite de cette histoire, l’Académie française ayant plus ordinairement reçu qu’imprimé depuis lors l’impulsion littéraire. […] N’ai-je pas, à la suite d’une lecture récente et renouvelée, fait quelques sacrifices à la paix dans le petit cercle où je vis ? […] Mais pour celles qu’on a extraites du livre de Nicole, autant elles sont agréables dans la suite de son discours, où elles égayent la sévérité de la matière, autant elles nous sont indifférentes, ainsi détachées et mises au grand jour, pour être vues hors de leur place et pour elles-mêmes.

1049. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Nous ne faisons que porter le nom de notre grand-père, un avocat, membre de la Constituante de 89 ; le nom de notre père, un des plus jeunes officiers supérieurs de la Grande Armée, mort à quarante-quatre ans des suites de ses fatigues et de ses blessures, des sept coups de sabre sur la tête d’une action d’éclat en Italie, de la campagne de Russie faite tout du long avec l’épaule droite cassée, le lendemain de la Moskowa. […] Mon frère est très ému, Mme Allan a de suite, pour l’encourager dans sa lecture, de ces petits murmures flatteurs pour lesquels on baiserait les pantoufles d’une actrice. […] Nous rêvions une suite de larges et violentes comédies, semblables à des fresques de maîtres, écrites sur le mode aristophanesque, et fouettant toute une société avec de l’esprit descendant de Beaumarchais, et parlant une langue ailée, une langue littéraire parlée que je trouve, hélas !

1050. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Suite du poème et du drame de Sacountala I Nous avons laissé la belle Sacountala au moment où elle faisait ses adieux à l’anachorète pour s’acheminer vers la capitale. […] Une suite nombreuse de religieuses du monastère où elle était née, et de compagnes de son heureuse enfance, l’accompagnait à la cour. […] il ne règne aucune suite dans ses discours ; il confond jusqu’à leurs noms, et rougit ensuite de lui-même lorsqu’il vient à s’apercevoir de son erreur.

1051. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

C’est ainsi, par exemple, qu’il doit avoir constamment existé pendant une suite continue de générations des espèces du genre Lingule depuis les couches Siluriennes les plus anciennes jusqu’à nos jours142. […] On a vu qu’une espèce donne d’abord naissance à deux ou trois variétés qui se convertissent par degrés en espèces ; que celles-ci à leur tour produisent avec la même lenteur et pas à pas d’autres espèces ; et ainsi de suite jusqu’à ce que le groupe atteigne à son apogée, comme les ramifications d’un grand arbre proviennent toutes d’un premier rameau unique. […] Cependant je m’attends à ce qu’elle se confirme de plus en plus chaque jour, du moins en ce qui concerne les groupes subordonnés, qui sont sortis les uns des autres par une suite de ramifications successives depuis des temps comparativement récents.

1052. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Mais, si intéressant et si instructif que soit ce tableau, Thucydide ne songe point dans la suite de son livre à rapprocher des faits et des institutions politiques ces circonstances de race, de position géographique, de constitution économique, qu’il a résumées dans les premières pages. […] Ici la méthode scientifique est pratiquée avec suite, avec ensemble, appuyée sur une connaissance complète, exacte, approfondie des textes et des monuments. […] Toute œuvre esthétique, comme toute institution politique, est l’expression d’une idée, laquelle vient elle-même d’une idée plus générale, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on arrive à l’idée première, à l’élément simple, comme diraient les chimistes, qui constitue le fond de l’être historique.

1053. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

La vie de tant d’auteurs tout pareils à moi (car si mon histoire est intéressante, c’est bien parce que c’est l’aventure la plus banale et la plus commune) n’est qu’une suite sans fin d’inépuisables déboires. […] Mon discours out un retentissement immense et des suites infinies. […] Agréable ou déplaisante, on la subit, pour faire comme les autres, pour être à la suite, et ne pas se singulariser. […] Généralement les hommes auxquels on attribue cette gloire sont les héritiers habiles ou heureux d’une suite de prédécesseurs oubliés. […] Quinze ans sont nécessaires, au calcul de Taine, pour apprendre à écrire « avec clarté, suite, sobriété et précision ».

1054. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

. — Voltaire et sa suite. — Diderot. — Piron. — Le café Procope. — Mercier. — Les chiffonniers littéraires. — Le Courrier de Paris. — Problème à résoudre. […] Plus prodigues que lui ont été les hommes de sa suite. […] Cela valait mieux cent fois que de se traîner, comme nous faisons, nous autres malheureux, à la suite du théâtre et de s’amuser aux dépens de ce vieil art dramatique, qui est perclus de tous ses membres. […] Voilà par quelle suite de dits et de contredits il était parvenu à endosser la robe rouge et noire. […] Dans cette chasse ardente, où le succès de la veille annonçait le succès du lendemain, ils trouvèrent, un beau jour, au fond d’un vieux coffre, une suite de petits morceaux de papier chargés de notes au crayon.

1055. (1888) Études sur le XIXe siècle

Et il s’était si bien assimilé ces poètes, qu’il put, dans la suite, traduire les pièces les plus obscures de Dante, de Guido Cavalcanti et de Guido Guinicelli. […] Chaque œuvre, chaque recueil de vers, comme l’Âne, Religion et religion, etc. ; chaque drame, comme le Roi s’amuse ou Ruy-Blas ; chaque roman, comme les Misérables ou les Derniers jours d’un condamné, n’est qu’une suite de variations dans lesquelles le thème est noyé. […] Il le sait et il l’a dit, dans une suite de quatre sonnets où il s’est disséqué lui-même d’une main sûre : « Cette bonté n’est qu’une affectueuse courtoisie (un’a morosa cortesia), — la courtoisie des âmes sereines. […] Il lit la lettre très vite, en accompagnant d’un mouvement de tête le mouvement des yeux et en murmurant des mots sans suite. […] Ses œuvres doivent se faire comprendre et goûter par elles-mêmes, non à la suite d’une recherche difficile.

1056. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Ce fut seulement dans la première moitié du xviiie  siècle que l’opinion commença à devenir une puissance : « Dès cette époque, disait M. de Rémusat, la liberté de penser, suite naturelle de cette oisiveté de la civilisation, qui, suspendant le cours des passions violentes, force l’esprit à se replier sur lui-même, à scruter ses propres conceptions, et remet ainsi les croyances sous le contrôle du raisonnement ; la liberté de penser, gênée par la double barrière que lui opposaient le pouvoir et l’usage, cherchait de toutes parts une issue, impatiente de se produire au dehors. […] Ces Mélanges, ainsi interprétés, sont une suite de chapitres composant des mémoires intellectuels. […] Il a fallu de la sorte, pour les esprits infatigables, comme une suite de relais successifs, et tel, sa vie durant, se trouve avoir eu deux ou trois idées tuées sous lui. […] Dans cette suite d’Essais qui s’enchaînent assez exactement, M. de Rémusat s’applique à démontrer que la philosophie existe ; qu’elle est une science ayant pour objet les idées essentielles de l’intelligence humaine ; qu’une critique attentive et sévère des grands systèmes philosophiques modernes fournit déjà la méthode et les principales données ; qu’une conciliation raisonnée entre Descartes, Reid et Kant, constitue, à proprement parler, l’éclectisme moderne.

1057. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Il ne décrit point comme lord Byron, par amour de la magnifique nature, et pour étaler une suite splendide de tableaux grandioses. […] Présenter un sentiment comme divin, incliner devant lui toutes les institutions, le promener à travers une suite d’actions généreuses, chanter avec une sorte d’inspiration héroïque les combats qu’il livre et les assauts qu’il soutient, l’enrichir de toutes les forces de l’éloquence, le couronner de toutes les fleurs de la poésie, c’est peindre la vie qu’il enfante comme plus belle et plus haute que les autres, c’est l’asseoir bien au-dessus de toutes les passions et de tous les devoirs, dans une région sublime, sur un trône, d’où il brille comme une lumière, comme une consolation, comme une espérance, et attire à lui tous les cœurs. […] Et ainsi de suite. […] Vous n’écrirez que des vies, des aventures, des mémoires, des esquisses, des collections de scènes, et vous ne saurez pas composer une action. —  Mais si le goût littéraire de votre nation, joint à la direction naturelle de votre génie, vous impose des intentions morales, vous interdit la grande peinture des caractères, vous défend la composition des ensembles, il offre à votre observation, à votre sensibilité et à votre satire, une suite de figures originales qui n’appartiennent qu’à l’Angleterre, qui, dessinées par votre main, formeront une galerie unique, et qui, avec l’image de votre génie, offriront celle de votre pays et de votre temps. » 3.

1058. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

C’est curieux comme les expansions du jeune romancier versent, de suite en des paroles mélancoliques. […] Il était là, quand le grand prêtre de l’endroit, lui dit : « Vous êtes une force qui se perd ici, il faut rentrer dans la vie active. » Il part, et le voilà, tout aussitôt, correspondant du Times à Paris, avec un traitement de près de cent mille francs, et le voilà, quelques mois après, chargé des négociations de la paix avec l’Allemagne, à la suite d’une pique, survenue entre M. d’Arnim et M.  […] Ça été tout d’abord quelques originaux, comme mon frèr et moi, puis Baudelaire, puis Burty, puis Villot, presque aussi amoureux de la marchande que de ses bibelots, puis à notre suite, la bande des peintres impressionnistes, — enfin les hommes et les femmes du monde, ayant la prétention d’être des natures artistiques. […] Il commence enfin, jetant, en forme d’exorde, comme pour nous avertir qu’il a encore des mondes entiers dans la tête : « Messieurs, j’ai soixante-quatorze ans, et je commence ma carrière. » Il nous lit le « Soufflet du père », une suite de la Légende des siècles, où il y a de beaux vers surhumains.

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