/ 2298
297. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Il suffit de la considérer en elle-même, abstraction faite de sa vérité, pour demeurer convaincu, que, loin d'être la source des maux qu'on lui impute, elle en est le remede, & le plus sûr préservatif ; c'est ce qu'il est facile de démontrer. […] Il ne faut qu’une passion, qu’une coupe de vin pour l’intercepter ; la vue d’un chat, d’un rat, l’écrasement d’un charbon suffit pour l’emporter hors des gonds, comme l’a dit Pascal. […] Sans parler de la barbarie où étoit plongée toute l’Europe avant qu’elle eût abjuré les faux Dieux & la superstition, il suffit de fixer ses regards sur le tableau actuel de la Société, pour sentir les avantages que la Religion lui procure. […] Il suffit de citer l'Arrêt du Conseil d'Etat du 10 Janvier, de cette année 1779, concernant les Enfans-Trouvés.

298. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Il est si habitué à gagner son pain à la sueur de son front, que son bon sens comprendra sans peine, malgré le cri de ses passions, que chacun doit se suffire, et que la fortune publique n’est faite que pour le bien public, et non pour les besoins et les appétits des particuliers. […] Il suffit à la science que la liberté et l’égalité n’aient rien de contradictoire. […] Il n’en est pas moins vrai qu’il ne suffit pas de savoir ce qui doit être, il faut encore observer ce qui est. […] C’est que la politique ne se suffît pas à elle-même et qu’elle doit reposer sur le droit naturel et sur la morale ; c’est ce que pensait M. de Tocqueville.

299. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Mais tandis que l’observation me montre que les images perçues se bouleversent de fond en comble pour des variations très légères de celle que j’appelle mon corps (puisqu’il me suffit de fermer les yeux pour que mon univers visuel s’évanouisse), la science m’assure que tous les phénomènes doivent se succéder et se conditionner selon un ordre déterminé, où les effets sont rigoureusement proportionnés aux causes. […] Mais s’ils en sont la cause, S’ils suffisent à la produire, je vais retomber, de degré en degré, sur l’hypothèse matérialiste de la conscience-épiphénomène. […] Si, dans le cas d’un objet présent, un état de notre corps suffisait déjà à créer la représentation de l’objet, à plus forte raison cet état suffira-t-il encore dans le cas du même objet absent.

300. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Mais, sans nous arrêter à quelques restes mutilés des pièces perdues d’Eschyle, comme à des Cénotaphes du génie grec, ne suffit-il pas des drames conservés du poëte, pour nous émerveiller de sa puissance lyrique ? […] Le vers familier du dialogue suffit à son élan poétique. […] Il suffit de quelques souvenirs, pour en rappeler la puissance. […] « Il n’y avait pas, en effet, une race d’immortels, avant que l’Amour eût tout rapproché, et que des uns mêlés avec les autres fussent nés le Ciel, l’Océan, la Terre et la race incorruptible des dieux immortels ainsi nous sommes les plus anciens de tous les êtres divins. » Ce qui suit cette étrange cosmogonie, ce qui s’y mêle d’allégories fantasques et de parodies bouffonnes, ne pourrait parfois se traduire ; mais il suffisait de retrouver ici, au début solennel de ce cantique, la majesté des hymnes grecs, dans ce hardi langage où le moqueur public d’Athènes, maître de tous les tons de la lyre, se joue des caprices de son génie et des perfections de sa langue, tour à tour sublime et bouffon, grave et licencieux, mais toujours poëte et s’égalant aux plus grands poëtes, soit qu’il les raille, soit qu’il les imite.

301. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Arago a été, dans quelques-uns de ses premiers travaux élevés, l’un de ceux qui purent réclamer sans crainte le suffrage de ces huit ou dix juges, et il l’a obtenu : mais ce suffrage lent, froid et grave, émané des seuls êtres pensants, ne pouvait lui suffire dans l’habitude, et les qualités de l’expositeur habile, puissant, infatigable, toujours écouté et souvent applaudi, se substituèrent insensiblement en lui à celles de l’inventeur, de celui qui gravit seul les sommets encore inexplorés. […] Aujourd’hui que l’auteur n’est plus, rien n’empêche de dire quelle fut l’impression universelle, ou plutôt il suffit de l’indiquer et de la rappeler à tous les témoins qui l’éprouvèrent si péniblement. […] Son esprit était comme une bibliothèque encyclopédique bien ordonnée, qu’il suffisait d’ouvrir, à la lettre qu’on voulait, pour en faire sortir des richesses.

302. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Au commencement du xviie  siècle, le Tasse et son poème eurent la vogue, et on lisait en France La Jérusalem presque autant que L’Astrée ; mais, à partir de la seconde moitié du xviie  siècle, le Tasse lui-même s’éclipsa pour nous ; la France, si ornée de talents illustres et de grands poètes originaux, semblait vouloir se suffire à elle-même, et le goût sévère de Despréaux, avec ses exclusions, vint en aide à notre paresse qui se dispense si aisément de connaître ce qui est né ailleurs. […] Il y a de lui une vingtaine de traits qu’on sait par cœur : cela suffit pour s’épargner la peine d’examiner le reste. […] Elle n’avait jusque-là, dit-elle, trouvé d’autre moyen de salut pour lui que de lui faire voir l’Enfer et les damnés, afin de le ramener au bien par la crainte ; mais désormais l’amour seul va y suffire.

303. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Cette pièce que chacun sait par cœur, et qui est l’expression délicieuse d’une mélancolie toujours sentie, suffit à sauver le nom poétique de Millevoye, comme la pièce de Fontenay suffit à Chaulieu, comme celle du Cimetière suffit à Gray.

304. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Force et diffusion de la philosophie La défense est faible : on peut trouver aux philosophes bien des faiblesses, et leurs personnes comme leurs doctrines sont loin d’être inattaquables ; mais il suffit pour les grandir de les comparer à leurs adversaires. […] Mais deux hommes ne suffisaient pas encore : Diderot fit appel à toutes les bonnes volontés, à toutes les compétences : Voltaire, Montesquieu, Buffon, Condillac, Duclos, Marmontel, Helvétius, Raynal, Turgot, Necker, des magistrats, des officiers, des ingénieurs, des médecins, des gens du monde, tout ie ban et l’arrière-ban des écrivains, des philosophes, des savants, des économistes, gens à talent et sans talent, envoyèrent des articles. […] Il faisait dépendre tout le progrès de l’humanité, tout le développement de la civilisation de la conformation de nos organes ; et par une inconséquence singulière il croyait à la toute-puissance de l’éducation : il estimait que tous les esprits sont ù peu près égaux, et que toutes les différences intellectuelles résultent de l’inégalité de culture ; or, si l’on ramène tout au physique, c’est le contraire qui est vrai ; il n’y a pas d’éleveur qui croie que, pour avoir un bon étalon, il suffit de bien nourrir n’importe quel poulain.

305. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Il suffit d’évoquer, en guise de préfacé à cette revue comique universelle dont on abandonne l’entreprise, la théorie du rire telle que Schopenhauër la formula. […] Il suffit, pour s’en rendre compte, de mettre en doute devant une petite fille, quelque proposition de son catéchisme ou quelque récit de son histoire sainte. […] La franc-maçonnerie du signe remplaçant l’acte complexe de l’intelligence sera donc ici toute-puissante, et ce qu’il faut admirer c’est l’étrange puérilité des simulacres qui, fortifiés par la vertu de l’association, suffisent à pénétrer les snobs de la conscience de leur valeur.

306. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Il suffit, pour accomplir cette œuvre de réhabilitation, de confesser le vice inhérent à la composition de cette étude. […] Il suffit pour s’en rendre compte do jeter un regard sur tout ce que l’homme acquiert par le moyen de l’éducation, depuis le langage jusqu’aux notions scientifiques les plus complexes, jusqu’aux jouissances esthétiques les plus hautes. Il suffit surtout de considérer que sans l’existence de ce pouvoir, les découvertes individuelles ne se seraient pas transmises en sorte que le savoir humain serait demeuré à l’état embryonnaire, qu’il n’aurait point formé une somme, qu’il n’y aurait pas à vrai dire de savoir humain.

307. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Si ces particularités esthétiques sont nombreuses, en d’autres termes, si l’œuvre analysée est considérable et variée, ces particularités sont importantes, en d’autres termes, si l’œuvre analysée est originale et grande, les particularités psychologiques seront nombreuses et importantes ; elles pourront suffire à définir l’artiste, en permettant de connaître l’indice individuel de ses principaux groupes d’idées, d’images, de sensations. […] Ces exemples suffisent. […] Ces indications sur certains cas particuliers doivent suffire.

308. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

En effet, on peut dire en ce sens que tout objet de science est une chose, sauf, peut-être, les objets mathématiques ; car, pour ce qui est de ces derniers, comme nous les construisons nous-mêmes depuis les plus simples jusqu’aux plus complexes, il suffit, pour savoir ce qu’ils sont, de regarder au-dedans de nous et d’analyser intérieurement le processus mental d’où ils résultent. […] Et pourtant, il suffit de parcourir les ouvrages de sociologie pour voir combien est rare le sentiment de cette ignorance et de ces difficultés. […] On voit que, pour admettre cette proposition, il n’est pas nécessaire de soutenir que la vie sociale est faite d’autre chose que de représentations ; il suffit de poser que les représentations, individuelles ou collectives, ne peuvent être étudiées scientifiquement qu’à condition d’être étudiées objectivement.

309. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Il ne suffit pas de juger en dernier ressort sans vouloir prendre part aux débats ; mais il convient de se pénétrer à fond des systèmes qui militent entre eux. […] Toutefois, depuis Malherbe, il fut donc décrété, malgré qu’on eût cessé dès longtemps de prononcer les consonnes finales, que l’identité de la consonne muette suffirait pour constituer la rime aux yeux, l’identité de la consonne qui la précède n’étant point exigée. […] Catulle Mendès a fait encore cette remarque judicieuse et définitive : « Elle peut, écho trop vague, tenir lieu de la rime dans les idiomes où l’accent, bien marqué, suffit à préciser la cadence ; il n’en saurait aller de même dans notre langue où la “longueur” et la “brièveté” des syllabes ne sont que rarement incontestables. » D. — L’hiatus.

310. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Quelqu’un m’avait dit que Boule de suif était drôle : cela m’avait suffi. […] Car à quoi bon commenter — fût-ce ingénieusement — un texte superbe et qui se suffit ?

311. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Enfin, ménageons-nous une foi, soit dans une confession religieuse, soit dans une doctrine scientifique, ou dans un credo philosophique ; l’essentiel est de mettre un fil qui ne casse pas entre nos jours mal attachés une bonne manie suffit au besoin ; des individus trouvent une raison de vivre dans une collection de tabatières à parachever… Jérôme Coignard est un sage hardi et prudent. […] Il suffit de n’y pas croire.

312. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

La nouveauté de leur cas ne fait pas leur mérite, car être postérieur de dix ans suffit à inspirer une manière différente, pour peu qu’on soit intelligent. […] Elle ne supplée à rien, elle ne suffit pas ; mais elle peut être indispensable.

313. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Un photographe célèbre édite et met en circulation un album que l’on s’arrache et où figurent in naturalibus nos lutteurs en renom, soufflés de graisse, véritables mastodontes, chaos de chairs informes, aux mamelles de nourrice et gratifiés pour la plupart de faces bestiales, dont le seul intérêt est de nous démontrer que la culture physique ne suffit point pour donner à ses adeptes le profil d’un Apollon. […] Lucien March, chef de la statistique générale de France, a constaté que le coût de la vie, qu’il avait étudié depuis 1875, suivait une courbe descendante et qu’en l’an de grâce 1900, il n’en suffit plus, à une famille de quatre personnes, que de la misérable somme de 1 029 francs — chiffre rond sans centime — pour boucler son budget annuel.

314. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

La première comprend tout le moyen âge et se prolonge, jusque vers le milieu du xvie ° siècle ; les œuvres qui la remplissent offrent ces caractères communs d’être, en immense majorité, d’inspiration féodale et catholique, d’appartenir à des genres nés spontanément sur le sol même de la France : la langue seule dans laquelle elles sont écrites, langue à deux cas qu’on nomme aujourd’hui le vieux français, suffirait à les séparer de celles qui les ont suivies. […] Ce n’est point notre intention ni notre affaire d’énumérer ici toutes les périodes secondaires entre lesquelles doit se morceler l’histoire de la littérature française ; il nous suffit d’avoir indiqué les moyens d’en reconnaître les limites.

315. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Il ne faut pas que l’homme se suffise a lui-même : il ne faut pas non plus que les peuples se suffisent à eux-mêmes.

316. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Mais il ne suffit pas qu’une évidence ait l’éclat du soleil, pour que nous fassions sagement de la rejeter comme suspecte ; et il ne suffit pas non plus qu’une idée soit biscornue, pour qu’elle doive agréer d’emblée à notre pessimisme mélancolique. […] Trois, cela suffit. […] Dieu lui a suffi, et son humilité fuyait la gloire comme une tentation du démon. […] Un nom vulgaire est un lourd éteignoir ; mais il suffit parfois d’y changer une lettre pour le rendre éblouissant. […] À Paris, un salon de peinture ne suffit plus ; il y en a deux, il y en a trois, il y en a dix.

317. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Mais telle est la faiblesse d’un État dénué de base morale, qu’un jour de folie suffit pour tout perdre. […] La volonté actuelle de la nation, le plébiscite, même sérieusement pratiqué, ne suffit pas. […] Il y a cent ans, pour arriver, il lui suffit d’être compris et apprécié de l’abbé de Véry, prêtre philosophe, très écouté de madame de Maurepas. […] La lutte contre la nature ne suffit pas ; l’homme finirait, au moyen de l’industrie, par la réduire à peu de chose. […] Le plaisir de déployer son activité à toute vapeur lui suffit, même quand les chances de la loterie ne lui ont pas été favorables.

318. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Nous ne parlons pas de ses qualités épiscopales ; il suffit de dire qu’après s’être engagé dans quelques débats théologiques, il les termina par sa soumission, & finit sa longue carriere avec la réputation d’être un des plus vertueux Préats de son temps.

319. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 383

Le Théophraste moderne, les Portraits sérieux, galans & critiques, ont sans doute été faits dans cette louable intention ; mais il ne suffit pas de traiter les mêmes sujets, pour mériter les mêmes honneurs.

320. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Marmier, Xavier (1808-1892) »

Ces deux recueils suffisent à lui donner une place originale parmi les poètes de sa génération.

321. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Ceux qui ont eu le courage de lire quelques-uns de ses Ecrits, ont été dans le cas d’éprouver qu’un style correct & facile ne suffit pas pour intéresser ; qu’il faut dire des choses, éviter la confusion & le verbiage.

322. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 195

Il suffit de le regarder comme un bon Jurisconsulte & un Littérateur médiocre, quoiqu’il ait été Académicien.

323. (1940) Quatre études pp. -154

Pour l’être, il ne suffit pas du sentiment du péché, lourd fardeau ; des aspirations, des nostalgies ; du désir de l’infini. […] Une promenade, une douce soirée, un repas rustique : voilà qui suffisait à son inspiration. […] Elle n’aspire plus aux félicités du ciel ; elle ne croit plus aux peines de l’enfer : le bonheur se trouve sur la terre et il suffit de le saisir. […] Ne discutons plus sur l’Être ou sur la Substance ; occupons-nous seulement des réalités de notre esprit ; leur étude suffit à fonder la science et à procurer le bonheur. […] Encore les lois habituelles à la matière, comme l’attraction, ne suffisent-elles pas à rendre compte de l’organisation de ces corps, puisqu’il faudrait alors rendre compte de l’attraction elle-même.

324. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 16

Il ne suffit pas de posséder la langue de l’Auteur qu’on veut traduire, il faut encore connoître & savoir appliquer les finesses de la sienne.

325. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Dans un temps donné une solution est présentée en rapport avec sa raison, à cette époque ; elle l’adopte et y croit ; puis la solution incomplète ne suffit plus : alors l’humanité veut la détruire ; elle la combat : à cette époque elle a la foi de la destruction. […] « Aujourd’hui nous sommes arrivés à une de ces époques critiques où l’ancienne solution, l’ancien dogme ne suffisent plus.

326. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

Et quant à la direction morale à indiquer aux travaux de l’esprit, il suffirait peut-être d’une fondation annuelle par laquelle on proposerait des sujets à traiter soit pour la poésie, soit pour la prose, des sujets nationaux, actuels, pas trop curieux ni trop érudits, mais conformes à la vie et aux instincts de la société moderne. […] Une audience par année suffirait à consacrer et à maintenir le lien d’honneur qui flatterait et attacherait les amours-propres bien placés et toujours voisins du cœur.

327. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Le style et l’éloquence de Calvin Je ne me serais pas arrêté si longtemps sur Calvin, si l’Institution française n’était un chef-d’œuvre, le premier chef-d’œuvre de pure philosophie religieuse et morale à quoi notre langue vulgaire ait suffi. […] Nulle éloquence, nulle poésie dans tout cela, mais à chaque instant apparaissent des signes du voisinage de la vie, et cela suffit à dissiper la tristesse des déductions les plus tendues.

328. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

On se reporte, en le lisant, à l’exclamation d’Ovide : quidquid scribere conabar versus erat , tant il semble que le simple délice d’écrire et la facilité inconsciente à modeler les courbes de la Parole ont suffi, dans une âme attirée vers le songe, pour tracer ces strophes aux lignes justes. […] Remy de Gourmont M. de Régnier est un poète mélancolique et somptueux : les deux mots qui éclatent le plus souvent dans ses vers sont les mois or et mort, et il est des poèmes où revient, jusqu’à faire peur, l’insistance de cette rime automnale et royale… M. de Régnier sait dire en vers tout ce qu’il veut, sa subtilité est infinie ; il note d’indéfinissables nuances de rêve, d’imperceptibles apparitions, de fugitifs décors ; une main nue qui s’appuie un peu crispée sur une table de marbre, un fruit qui oscille sous le vent et qui tombe, un étang abandonné, ces riens lui suffisent, et le poème surgit, parfait et pur.

329. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Avec quelle brutalité Giordano Bruno traite ce personnage, une scène suffira à en donner une idée. […] réplique le Capitan ; le seul récit de mes hauts faits doit suffire à te tenir en vie.

/ 2298