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553. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Le poète évoque tous les souvenirs de la grandeur romaine pour encourager le tribun, maître absolu de Rome, aux plus hardies entreprises. […] Malheureusement il s’est contenté de répéter ce qu’il avait lu, sans essayer de donnera ses souvenirs un caractère personnel. […] La profondeur de son savoir, la netteté de ses souvenirs, la multitude des preuves qu’il avait réunies, le mettaient à l’abri d’un tel danger. […] Cette perpétuelle intrusion de souvenirs poétiques dans le domaine de l’histoire s’oppose formellement à la clarté du récit. […] S’il a recueilli sur les bancs de l’école une ample moisson de souvenirs historiques, il a eu le bon goût d’user modestement de son savoir.

554. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Cette munificence acquit à mes yeux un triple prix parce qu’elle me fut transmise par madame Récamier, femme digne de cette société avec les illustrations de Londres, de Paris et de Rome, et qui m’a légué elle-même un souvenir immortel, le beau portrait de notre ami commun le duc Matthieu de Montmorency. […] Autant que je puis m’en souvenir, il se passa encore quatorze ou quinze jours sans que j’eusse aucune charge. […] Je ne me souviens pas de la date précise. […] Il me posa les mains sur la tête, et, comme le plus vénérable des patriarches anciens, il leva les yeux au ciel, il pria le Seigneur, et il me bénit dans une attitude si résignée, si auguste, si sainte et si tendre, que, jusqu’au dernier jour de ma vie, j’en garderai dans mon cœur le souvenir gravé en caractères ineffaçables. […] Il répondit qu’en souvenir de gratitude pour son prédécesseur, il prenait celui de Pie VII.

555. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Il m’accueillit dans son ambassade comme dans une famille ; il eut pour ma femme et pour moi, pendant les quelques mois de notre séjour, des égards et des bontés qui nous rendront son souvenir éternellement respectable et cher. […] Un sonnet de Pétrarque contenait-il plus de larmes que ce marbre colossal élevé dans les cieux pour entrevoir un souvenir ? […] Le souvenir de son second époux, le poète Alfieri, l’illustrait davantage encore que le premier, à mes yeux. […] La nature flamande de sa carnation rappelait les portraits de Rubens plus que ceux des belles Italiennes du moyen âge ; son corps s’était alourdi par la chair ; ses joues, encore fraîches, donnaient trop de largeur à sa figure ; mais l’éclat tempéré de ses beaux yeux bleus et le sourire très affectueux de ses lèvres faisaient souvenir de l’attrait qu’ils devaient avoir à quinze ans. […] Tout, jusqu’aux souvenirs de ton antique histoire, Qui te feraient du moins rougir devant ta gloire !

556. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Au contact de ce frère toujours aimé, l’âme fatiguée de John retrouvait avec les souvenirs de l’enfance, les naïves tendresses enfantines. […] Son agonie fut d’ailleurs très calme, réconfortée par le souvenir de son courageux sacrifice. […] Mais je dois ajouter, pour être franc, que le jeu des acteurs hollandais ne m’a pas laissé un très bon souvenir. […] Mais toujours, en secret, elle garde à son fiancé de jadis un tendre souvenir ; et lui, de son côté, vainement il a essayé de renoncer à elle. […] Giacosa a accompagné dans cette tournée l’illustre tragédienne ; et sans doute il a gardé de son voyage un souvenir très vif, car lorsque M. 

557. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Il sourit et me dit : « Moi qui vous parle, je me souviens, entre autres, d’une terrible visite à M.  […] Ce souvenir me console de vieillir. […] Le souvenir revêt ses grâces printanières, on l’accueille avec complaisance, on lui fait fête. […] Le souvenir alors est devenu le compagnon. […] Souvenirs d’enfance. — 1883.

558. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Je me souvins alors que M.  […] … mais dès qu’il est seul, son domestique lui sert volailles et aloyaux, dont il ne laisse que le souvenir. […] Vous devez vous souvenir de ce magnifique journal, car je me rappelle parfaitement en avoir trouvé quelques numéros à Bruxelles. […] Drouineau n’en a pas moins laissé aux personnes qui l’ont connu le souvenir d’une originalité sans pareille. […] au moins ma conscience est-elle légère, si leur tête est lourde… Mille souvenirs.

559. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

C’est pour les uns le souvenir de la plus étonnante prodigalité d’esprit qui fût jamais. […] Tous ceux qui ont traversé ce petit monde en gardèrent un souvenir qui ne s’effaça jamais. […] Les Souvenirs de M.  […] Pas un souvenir de famille qui ne suscite dans cette âme ulcérée l’aversion et le dégoût. […] Je me souviens d’un brave garçon toujours affublé d’un bonnet rouge.

560. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Ils furent rois sans doute : Voltaire en fut un, plein de licence et de caprices ; Montesquieu en fut un qui se souvenait trop de sa robe et d’être président à mortier, et Buffon avait sa morgue et sa plénitude qui l’isolaient à Montbard. […] L’éclat tant célébré des triomphes militaires d’alors, cette pourpre mensongère qu’on jette à la statue et qui va s’élargissant chaque jour, couvre déjà pour beaucoup de spectateurs éblouis ces hideux aspects, mais ne les dérobe pas encore entièrement à qui sait regarder et se souvenir. […] Parmi les documents récents qui se rapportent à cette vie publique, il convient de rappeler les Souvenirs sur Mirabeau par Étienne Dumont (de Genève), livre de bonne foi et de sens, écrit par un homme bien informé, sans prétention ambitieuse, quoi qu’on en ait dit ; livre qui n’atteint en rien le génie propre à Mirabeau et ne cherche point à lui dérober ni à lui soutirer son tonnerre, mais qui a replacé l’homme et le génie dans quelques-unes des conditions réelles moins grandioses. […] Ces dialogues, qu’il avait écrits pour se repaître, ainsi que Sophie, du souvenir des premiers jours de leur liaison, sont aux mains du biographe qui n’en donne aucun extrait. Et pourtant ces souvenirs des commencements doivent être pleins de pureté et de charme, lorsque le prisonnier de Joux, jouissant d’une demi-liberté, venait à Pontarlier chez le vieux marquis de Mounier dont la maison lui était ouverte, lorsqu’il racontait devant lui et sa jeune femme les malheurs et les fautes qui l’avaient conduit là, et qu’elle, comme Desdemona aux récits d’Othello, comme Didon aux récits d’Énée, comme toutes les femmes qui écoutent longuement des exploits ou des malheurs, pleurait et l’aimait pour ce qu’il avait fait et subi, pour ce qu’il avait souffert.

561. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Car que d’atermoiements, si l’on s’en souvient ; et, une fois la discussion commencée, que d’amendements, que de correctifs, que de repentirs, comme disent les peintres ! […] Et permettez-moi de le dire, je suis toujours étonné que les hommes de mon âge ne paraissent point se souvenir mieux de ce qui s’est passé sous la Restauration et des sentiments, selon moi, fort justes, qui nous animaient alors. […] Messieurs, toutes les fois que cette question revient, ma pensée est assaillie d’un souvenir ; ce souvenir est bien ancien et n’a rien qui puisse passionner les esprits. […] La pensée généreuse du chef de l’État veut supprimer les peines corporelles ; l’empereur l’avait déjà voulu, et avec une intention très-marquée, quand il s’agissait de la prison pour dettes ; il manifeste le vouloir de nouveau en matière de délits de presse ; le Prince qui, sur le trône, se souvient des jours de l’adversité sait ce que lui, homme de cœur et de pensée, a souffert dans une prison : Non ignara mali, miseris succurrere disco ; et il veut épargner cette même peine aux hommes de pensée, même à ceux qui se trompent ; et cette délicatesse de sentiment n’est pas comprise ; et à diverses reprises on s’est obstiné à réintroduire dans la loi ces peines corporelles : expulsées d’un côté, elles y rentraient de l’autre.

562. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Mais cela n’a pas la sève jeune et pittoresque du souvenir d’Orient. […] — De tristes souvenirs qui nous reprochent notre vieillesse. — Non ! […] m’écriai-je, dites de beaux souvenirs qui embellissent nos derniers jours. […] Mais je veux au moins animer le début de votre promenade par quelques souvenirs antiques. […] Plus tard, ces notes m’ont rendu mes souvenirs, et je les retrace ici, en substituant au texte grec ma traduction, où je l’ai suivi d’aussi près qu’il m’a été possible.

563. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Fauvel et les antiquaires européens, qui se souvenaient de son passage, attachaient à ses prétendues recherches dans leur domaine ; il ne cherchait que la renommée de savant en débris de toutes les antiquités, il commentait quelques textes de Spon ou des vieux voyageurs, et il passait à d’autres catacombes, rapportant de Jérusalem quelques bouteilles de l’eau du Jourdain, où les moines du couvent m’assurèrent qu’il n’avait même pas été. […] Nous connaissons quelqu’un qui m’accuse aujourd’hui et qui ne se souvient pas de l’enthousiasme qui le soulevait alors pour moi au-delà des limites. […] Et toi, allée solitaire du jardin du Luxembourg, séparé alors du jardin fruitier des Capucins par un mur à hauteur d’appui du jardin de Catherine de Médicis, ne te souviens-tu pas des larmes amères et contenues dont j’arrosai tes dalles un jour où je lisais seul le dernier Adieu de Graziella, et où Sainte-Beuve, que je rencontrai par hasard, fut étonné de mes larmes mal essuyées et me demanda vainement la cause de ma tristesse. […] Je me souviens d’un passage de lui, moitié plaisant, moitié sérieux, dans une de ses lettres à Condorcet, à propos du drame en prose qu’il avait en mépris, et dont Diderot le menaçait : « Quant aux barbares qui veulent des tragédies en prose, dit-il à Condorcet, ils en méritent : qu’on leur en donne, à ces pauvres Welches, comme on donne des chardons aux ânes ! […] Aussi, voyez comme ce nom remplace tous les autres, même celui de Voltaire, le dictateur de l’intelligence universelle ; à peine s’en souvient-on encore, et il vient seulement de mourir au seuil des temps qu’il a créés.

564. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Souvenirs wagnériens Ce n’est jamais sans émotion que je pense à l’époque de ma vie où j’ai vécu, pour ainsi dire, en communauté absolue avec l’œuvre de Wagner, allant presque chaque soir l’entendre à l’Opernhaus, aux concerts de Bilse, à l’Académie de chant où la jalousie des Berlinois siffla madame Materna, ou à l’une des auditions du « Wagner-Verein » dans lesquelles le grave talent de Betz interprétait des fragments de la tétralogie encore inconnue dans l’Allemagne du Nord ; — déchiffrant tant bien que mal, sur un mauvais piano de louage, les partitions que je ne connaissais jamais assez ; — lisant ses écrits qui venaient d’être réunis en édition définitive ; — causant surtout de lui avec quelques jeunes musiciens enthousiastes comme moi. […] quel bon, quel unique souvenir que celui de cette partie ! […] Le paysage s’est un peu effacé de ma mémoire ; pourtant, j’ai le souvenir d’un lac bleu étendu dans la plaine et d’un palais de féérie ou de rêve — toute cette journée, d’ailleurs, est restée pour moi un rêve, un de mes meilleurs, — où le style changeait d’étage en étage, racontant la persévérance des souverains du lieu à construire leur tanière, avec de très fines décorations et de si nombreuses fenêtres qu’il ressemblait à une merveilleuse boîte à jours. […] Et maintenant, quand je classe et compare mes souvenirs, celui qui me semble le plus complet, le plus parfait, le plus inoubliable, c’est celui de ce voyage à Schwerin. […] Et combien, profanes comme moi, l’aiment comme je l’aime, pour les sentiments nouveaux qu’il découvre, pour les îlots de belles idées que déchaînent ses harmonies comme des baguettes enchantées, pour toutes les révélations de son art souverain, — pour les grandioses souvenirs qu’il laisse à jamais derrière lui !

565. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Après avoir prononcé ce serment farouche, ils ont suspendu au char d’Adraste, qui doit seul rentrer dans Argos, des souvenirs pour leurs fils ou pour leurs parents : boucles de cheveux, agrafes, bracelets. « Ils versaient des larmes, mais nulle pitié n’était sur leurs bouches. » Eschyle est tout entier dans ces pleurs qui roulent sur des visages courroucés. […] Et Cypris jeune aïeule de Thèbes : « Souviens-toi que nous sommes issus de ton sang ! […] On se souvient des cités antiques transformées en seigneuries féodales par les grands vassaux de Philippe-Auguste, et l’on croit voir le duc Tydée et le baron Capanée, le marquis Hippomédon et le page Parthénopéos, chevaucher en habits de fer, sous leurs pennons brodés de cris d’armes, autour d’une forteresse byzantine. […] Dante s’est souvenu de Tydée, devant le comte Ugolin rongeant la tête de l’archevêque Ruggieri. — « Tydée, dit-il, ne broya pas par vengeance les tempes de Ménalippe, autrement que celui-ci ce crâne et ce qui était dedans. » Non altrimenti Tideu si rose Le tempie a Menalippo per disdegno, Che quei faceva ’l teschio e l’altre cose. […] Avant cela, cette ville sera renversée de son faîte, puisque son défenseur a péri, toi qui la protégeais, et ses femmes fidèles et ses petits enfants. » Et elle termine par ce regret d’une spiritualité pénétrante. — « Hector, tu me laisses en proie à d’affreuses douleurs, car en mourant tu ne m’as point tendu les bras de ton lit, et tu ne m’auras point dit quelque sage parole dont je puisse me souvenir, les jours et les nuits, en versant des larmes. » — La vieille Hécube vient ensuite ; plus haineuse et plus sombre dans son désespoir.

566. (1902) La poésie nouvelle

Son souvenir inquiète, par l’incertaine appréhension que du génie se soit trouvé là, tourmenté, méconnu, gaspillé. […] Des souvenirs de Darwin et de Schopenhauer apparaissent souvent dans ses écrits et s’y joignent à des idées bouddhistes. […] Ainsi, à la fin de la Complainte de Notre-Dame des Soirs, d’une fantaisie un peu désordonnée, un sanglot subitement éclate, au souvenir, hélas ! […] Là échoueront toutes les lassitudes, là se cloront les yeux au souvenir des phénomènes fallacieux et les cœurs s’apaiseront des caresses, câlines aux promesses d’aurore. […] Et le souvenir, dans l’âme du dormeur, se précise, et le pas de ceux qui vivent sonne dans sa mémoire.

567. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

N’ayant qu’un talent médiocre, il peignit, pendant quelque temps, des lampes chez Quinquet, dont le nom consacre le souvenir de son invention. […] Aussi son séjour à l’atelier des Horaces étendit-il singulièrement la sphère de ses idées et laissa-t-il dans sa mémoire des souvenirs ineffaçables. […] Aussi sa vue faisait rêver de bonnes actions, et on ne se souvenait pas d’elle sans avoir envie d’être meilleur. […] Il y a cinquante-sept ans que ces souvenirs étaient des réalités : oh ! […] Les souvenirs qu’a laissés ce jeune artiste sont touchants.

568. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Aussi pouvons-nous lire et relire l’Odyssée avec une intelligence et une délectation aussi complètes que si les images et les souvenirs du poète étaient nos images natales et nos souvenirs de berceau. […] Ils régnaient encore, quand ils étaient dignes d’être aimés, par le souvenir, par la vieille affection du pays et par la déférence volontaire, sur les populations affranchies. […] » Pénélope, ravie en secret d’admiration, retourne dans sa chambre haute avec ses servantes ; elle y pleure, en souvenir de son époux absent, jusqu’à ce que le sommeil pèse enfin sur ses paupières. […] D’ailleurs, quand dans mes discours j’ai rappelé le souvenir d’Ulysse, ce jeune prince a répandu des larmes amères, et de son manteau de pourpre il s’est caché le visage !  […] Souvenez-vous, mes enfants, de votre grand-père !

569. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Ces développements, en effet, qui aujourd’hui et de si loin nous semblent des hors-d’œuvre et des digressions dans les odes de Pindare, étaient précisément ce qui, à l’origine, et dans le temps où les souvenirs étaient vivants, formait l’à-propos le plus heureux de ses sujets et qui en devenait l’enrichissement le plus fertile : c’était le contraire du lieu commun vague, de ce qui domine trop fréquemment dans notre ode classique. […] Un autre élève de Malherbe, et le seul après Racan qui mérite un souvenir, parce qu’il est le seul qui ait laissé en poésie, et dans le goût du maître, quelque chose de durable, c’est Maynard. […] Il mériterait une étude à part, et je ne puis ici que lui accorder un rapide souvenir. […] Pour ce beau trait suprême, Maynard s’est souvenu d’un chœur de Sénèque dans la tragédie d’Hercule sur le mont Œta (acte III).

570. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Quoi qu’il en soit, Sully, en se retirant, était peu populaire, et on ne voit pas que son souvenir le soit redevenu dans les années qui suivirent, ni durant tout le xviie  siècle. […] Sully, retiré des affaires dans la force de l’âge, vécut encore trente ans dans ses châteaux, occupé à se nourrir de ses souvenirs et à en rassembler les pièces, les témoignages authentiques et mémorables. […] Sully, dans son château, se fait donc raconter et ramentevoir par ses quatre secrétaires les choses qu’il sait mieux qu’eux et qu’il leur a racontées ou laissé lire ; fidèle, même dans la familiarité, à son goût de hauteur et d’appareil, il se fait renvoyer ses souvenirs sous forme cérémonieuse, obséquieuse, et, pour ainsi dire, à quatre encensoirs ; il assiste sous le dais et prête l’oreille avec complaisance à ses propres échos. […] Mais ce dernier le rappelle par lettres ; il lui remet en mémoire les vrais principes d’un homme de cœur ; il lui dit en le revoyant et en l’embrassant : « Mon ami, souvenez-vous de la principale partie d’un grand courage et d’un homme de bien, c’est de se rendre inviolable en sa foi et en sa parole, et que je ne manquerai jamais à la mienne. » Et il l’engage à aller à la cour de France pour y observer prudemment toutes choses et y découvrir le dessein des adversaires, sous air de se rallier à eux et de s’en rapprocher ; car Rosny a des frères ou des neveux qui sont alors des plus avant dans la faveur de Henri III.

571. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Il eut là un moment de pureté encore, d’enthousiasme, mais aussi d’effort sur lui-même, qui lui laissa un vif et parfait souvenir : Je restai donc enthousiaste, dit-il. […] En général, il ne condense pas et ne grave pas de la sorte sa pensée : mais cette fois la vivacité de l’impression, l’effroi des souvenirs, et aussi cette forte idée de Hobbes, lue et méditée auparavant dans la retraite, et se résumant en un style concis, ont servi à l’inspirer. […] Le magistrat qui fut dans la nécessité d’en prononcer journellement de tels dans le cours de ses fonctions dut s’en souvenir ensuite pour éviter le retour des conjonctures où cette continuelle subversion était la loi. […] [NdA] J’ai peine à m’expliquer comment Étienne Dumont de Genève, en ses Souvenirs, parlant de Roederer qu’il rencontrait dans le groupe des Girondins, a pu dire de lui : « Roederer, homme d’esprit, mais fort ignorant, avait un fonds de légèreté dans le caractère qui lui donnait un rôle subalterne, quoique par sa capacité il l’emportât sur presque tous. » Quand on a eu sous les yeux les extraits en masse des lectures de Roederer dès sa première jeunesse, et quand on a vu l’ensemble de ses travaux sous la Constituante, on ne saurait admettre que cette ignorance dont parle Dumont, et dont les plus instruits eux-mêmes ne sont pas exempts sur les points étrangers à leurs études, ait porté le moins du monde sur la science politique et économique qui était l’essentiel ici.

572. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Joinville avoue que, pour lui, en un tel moment, il aurait cherché en vain de quoi se confesser, il ne se souvenait d’aucun péché ; il se contente de faire le signe de la croix et s’agenouille devant un des Sarrasins qui tient une hache, en disant : « Ainsi mourut sainte Agnès. » Cependant un chevalier, son voisin, qui se souvient mieux de ses péchés, se met, faute de prêtre, à se confesser à lui Joinville, et celui-ci, après l’avoir entendu, prononce la formule : « Je vous absous de tel pouvoir comme Dieu m’a donné. » — « Mais quand je me levai de là. ajoute-t-il avec innocence, il ne me souvint plus jamais de chose qu’il m’eût dite ni racontée. » J’omets quantité d’anecdotes caractéristiques de cette croisade et qui sont devenues célèbres depuis Joinville. […] Le mot de prud’homie comprenait toutes les vertus, la sagesse, la prudence et le courage, l’habileté au sein de la foi, l’honnêteté civile et le comme il faut, tel que l’entendait cette race des vieux chrétiens dont Joinville est pour nous le rejeton le plus fleuri, et l’on définirait bien cet ami de saint Louis, qui resta un vieillard si jeune de cœur et si frais de souvenirs, en disant qu’il fut le plus gracieux et le plus souriant des prud’hommes d’alors.

573. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Mais elle tenait à son pays, à sa souche allemande, à son Rhin allemand, par d’autres souvenirs que par celui des mets et de la cuisine nationale : elle aimait la nature, la campagne, la vie libre, un peu sauvage ; ses impressions d’enfance lui revenaient avec des bouffées de fraîcheur. […] Un jour qu’elle chantait sans y songer les psaumes calvinistes ou les cantiques luthériens (car elle mêle l’un et l’autre) en se promenant seule dans l’Orangerie de Versailles, un peintre qui était à travailler sur son échafaudage descendit en toute hâte et tomba à ses pieds, en disant avec reconnaissance : « Est-il possible, Madame, que vous vous souveniez encore de nos psaumes ?  […] Quand elle arriva en France à l’âge de dix-neuf ans, on ne s’attendait pas à tout cela ; on était rempli du souvenir et du regret de l’autre Madame, l’aimable Henriette, enlevée dans la fleur du charme et de la grâce : « Hélas ! […] Il faut que vous ne vous souveniez guère de moi si vous ne me rangez pas au nombre des laides ; je l’ai toujours été, et je le suis devenue encore plus des suites de la petite vérole : ma taille est monstrueuse de grosseur, je suis aussi carrée qu’un cube ; ma peau est d’un rouge tacheté de jaune ; mes cheveux deviennent tout gris ; mon nez a été tout bariolé par la petite vérole, ainsi que mes deux joues ; j’ai la bouche grande, les dents gâtées, et voilà le portrait de mon joli visage.

574. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Il ne le sait pas et ne l’indique pas : mais quelqu’un, probablement, à qui il a montré son manuscrit et qui en a eu soupçon, l’a averti de prendre garde, et, par précaution, à deux pages de là, et après une suite d’autres passages cités, il ajoute : « Les derniers échos du xviiie  siècle, dans sa forme encore spirituelle et littéraire, résonnent dans les Souvenirs de Mme Necker. […] Il s’agit d’indiquer que Mme Swetchine, retirée alors dans ses terres, manqua Mme de Staël au passage de cette dernière en Russie (1811), et que lorsqu’elle revint à Pétersbourg, elle ne l’y trouva plus ; voici comment M. de Falloux s’exprime : « Lorsque Mme Swetchine fut ramenée au centre habituelde son existence, elle n’y trouva plus qu’un brillant souvenir. » Il y en a, dit Pascal, qui masquent la nature : ils ne disent point Paris, mais la capitale du royaume ; ils ne disent point Pétersbourg, mais le centre habituel de l’existence. […] ce n’est pas là un salon ; les quelques jeunes femmes qui y passent, avant de se rendre au bal sous l’aile de maris exemplaires, et qui viennent y recevoir comme une absolution provisoire qui, plus tard, opérera, ne me font pas illusion : c’est un cercle religieux, une succursale de l’église, — donnez-lui le nom que vous voudrez, — un vestibule du Paradis, « une maison de charité à l’usage des gens du monde. » Salon français de tous les temps, d’où me reviennent en souvenir tant d’Ombres riantes, tant de blondes têtes et de fronts graves ou de fronts inspirés, passant tour à tour et mariant ensemble tout ce qui est permis à l’humaine sagesse pour charmer les heures, enjouement, audace, raison et folie, — je ne te reconnais plus ! […] Vous me manquez, comme si nous avions passé beaucoup de temps ensemble, comme si nous avions beaucoup de souvenirs communs ; comment s’appauvrit-on à ce point de ce qu’on ne possédait pas hier ?

575. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

La ville d’Avignon s’en est longtemps souvenue, me dit-on, et les échos l’ont répété. […] » Lorsque Gustave Planche vivait, il m’était impossible de le lire sans me rappeler aussitôt le modèle du critique que rêvait Pope : je m’en souviens, et par contraste également, lorsque j’en lis d’autres aujourd’hui. […] La pauvre enfant qui ne sait rien, qui ne voit que rarement cette mère capricieuse et inégale, pour laquelle, du plus loin qu’elle s’en souvienne, elle s’est pourtant autrefois prononcée dans le cabinet du magistrat, lorsqu’il lui fut demandé de choisir entre elle et son père, la pauvre Aurélie arrive à l’âge de dix-sept ans, sans s’être rendu compte des difficultés de sa destinée. […] Tu le sais, d’Auberive, notre Dauphiné est fier de vous : dans ce temps où tout s’en va, votre race a conservé intact cet honneur, ce vieil et pur honneur qui est le premier des biens… Si jamais tu pouvais l’oublier, je m’en souviendrais pour toi… Quand je regarde ton Emmanuel, si enthousiaste, si beau, si digne de sa sainte mère, je retrouve en lui cette fleur de noblesse que notre siècle ne connaît plus, qui bientôt, peut-être ne sera plus qu’un nom, mais que nous ne devons pas laisser périr, nous qui en sommes les gardiens… Quoi !

576. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Lady Ailesbury a fait une petite assemblée pour elle lundi, et ma curiosité est satisfaite. » Seize on dix-sept ans auparavant Bonstetlen, si l’on s’en souvient, l’avait trouvée au contraire plus Française qu’Allemande ; mais les années avaient pu développer et faire ressortir, au moins dans le physique, quelque chose du type originaire. […] Les traits de son visage, trop arrondis et trop obtus aussi, ne conservaient aucune ligne pure de beauté idéale ; mais ses yeux avaient une lumière, ses cheveux cendrés une teinte, sa bouche un accueil, toute sa physionomie une intelligence et une grâce d’expression qui faisaient souvenir, si elles ne faisaient plus admirer. […] Saint-René Taillandier, excité par tant de souvenirs et placé aux sources de la meilleure information, nous devait cette figure de la comtesse d’Albany. […] On peut lire quelques détails sur Fabre et Mme d’Albany dans les Souvenirs de soixante années de M. 

577. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Dès qu’il s’agissait du Piémont et de la frontière d’Italie, le souvenir de ses anciens succès, de son expérience et de sa spécialité en pareil sujet, ramenait à lui ; on lui demandait des mémoires détaillés, et il se faisait un plaisir de les donner. […] Elle écrivait d’Ormesson, le 7 juillet 1703, à Mme de Grignan ; — elle vient de parler de MM. de Boufflers et de Villars : « Mais, madame, je m’amuse à vous parler des maréchaux de France employés, et je ne vous dis rien de celui [Catinat] dont le loisir et la sagesse sont au-dessus de tout ce que l’on en peut dire ; il me paraît avoir bien de l’esprit, une modestie charmante ; il ne me parle jamais de lui, et c’est par là qu’il me fait souvenir du maréchal de Choiseul ; tout cela me fait trouver bien partagée à Ormesson : c’est un parfait philosophe, et philosophe chrétien ; enfin, si j’avais eu un voisin à choisir, ne pouvant m’approcher de Grignon, j’aurais choisi celui-là… » De son côté, Fénelon, en décembre 1708, énumérant toutes les qualités nécessaires à un général qui eût commandé une armée sous le duc de Bourgogne et qui, en même temps, lui eût servi de mentor, écrivait au duc de Chevreuse : « Il faudrait qu’au lieu de M. de Vendôme, qui n’est capable que de le déshonorer et de hasarder la France, on lui donnât un homme sage et ferme, qui commandât sous lui, qui méritât sa confiance, qui le soulageât, qui l’instruisît, qui lui fît honneur de tout ce qui réussirait, qui ne rejetât jamais sur lui aucun fâcheux événement, et qui rétablît la réputation de nos armes. […] Il y rappela par sa simplicité, par sa frugalité par le mépris du monde, par la paix de son âme et l’uniformité de sa conduite, le souvenir de ces grands hommes qui, après les triomphes les mieux mérités, retournaient tranquillement à leur charrue, toujours amoureux de leur patrie, et peu sensibles à l’ingratitude de Rome qu’ils avaient si bien servie. […] Ceux qui l’ont entendu, ont gardé le meilleur souvenir de cet Éloge véridique et approprié au sujet ; des allusions à nos récentes victoires d’Italie fournirent d’heureux mouvements à l’orateur.

578. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Jouffroy, Alexandre Dumas, Auguste Barbier, s’il m’en souvient, étaient de ce dîner ; point Alfred de Musset. […] Si j’ai été amère, vraiment je n’en sais rien, je ne m’en souviens plus. […] Parce que je ne suis plus en danger de désespoir et de mort, pensez-vous que votre souvenir me serait un bonheur superflu ? […] — Les souvenirs, en général, me sont chose si chère et si douloureuse que je n’aime pas à y insister à moins qu’on ne m’y oblige. — Mais à ceux qui m’interrogent sur ce que je pense à mon tour de l’auteur des éloquents Mémoires, je réponds : Vous la connaissez par là comme par tant d’autres endroits de ses écrits, mais vous ne la connaissez encore qu’à demi : il y a des parties plus profondes, plus vives, qu’elle a raison, du moins maintenant, de ne pas dire, et seulement d’indiquer : si on savait tout d’elle, je ne parle pas de l’admiration, mais l’estime pour sa nature et la sympathie même augmenteraient.

579. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Je ne suis pas de ceux qui oublient ces services, et qui sont tellement absorbés dans le point de vue psychologique, que tout souvenir patriotique s’y anéantit. […] Jean-Jacques, au même âge et avec tous ses défauts, avait le sentiment passionné de la nature ; il faisait, on s’en souvient, cette charmante promenade, qu’il nous a si bien décrite, avec mesdemoiselles Galley et de Graffenried. […] Dès qu’il avait à expliquer quelque circonstance embarrassante et un peu humiliante de son passé, les Cent-Jours, cette folie la plus irréparable des siennes et qui faussa toute sa fin de carrière, les motifs qui, la veille encore, le poussaient, la burlesque tergiversation qui avait suivi, ou même lorsqu’il touchait quelques souvenirs plus anciens de sa vie romanesque et des scènes orageuses qui avaient fait bruit, sa raison toute honteuse prenait les devants, et il s’en tirait à force d’esprit, de verve à ses dépens, de moquerie fine : le genre humain à son tour n’y perdait rien. […] Vous devriez aussi m’en donner de Mme de Condorcet, au souvenir de laquelle je vous prie de me rappeler.

580. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Quand même, en mourant, il ne se serait pas souvenu de nous à cet effet, et ne nous aurait pas expressément nommé pour réparer à son égard et autant qu’il serait en nous, ce qu’il appelait la félonie du sort, nous aurions lieu d’y songer tout naturellement. […] Il revint en France, à la débâcle de l’Empire, âgé d’environ sept ans, et gardant plus d’un souvenir d’Italie. […] Content de peu et avide de l’infini, il avait une reconnaissance extrême pour ce qu’on lui faisait ou ce qu’on lui voulait de bien ; on aurait dit qu’il avait hâte d’en emporter le souvenir ou d’en respecter l’espérance, et au moindre prétexte commode, au moindre coin propice, saluant sans bruit et la joie dans le cœur, il fuyait : J’esquive doucement et m’en vais à grands pas, La queue en loup qui fuit, et les yeux contre-bas, Le cœur sautant de joie et triste d’apparence…170 A travers cela il avait trouvé, chose rare ! […] Même à ses meilleurs moments, il s’est trop retranché des sources vives. — On ne saurait aussi, à propos de cette page, ne pas se souvenir de l’admirable tableau qui termine l’idylle de Théocrite, les Thalysies.

581. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Il nous insinue une sérénité fataliste, qui est un grand bien ; il assoupit en nous toute la partie douloureuse de nous-mêmes ; et ce qui est charmant, c’est que nous la sentons qui s’endort et que nous nous en souvenons sans en souffrir  Il serait beau de voir un jour (et pourquoi pas ?) […] Il se souvient que Montaigne, Montesquieu, de Brosses ont été des magistrats. […] Cette femme en deuil, immobile et vivant d’un souvenir, M. de Glouvet a su nous la faire voir. […] Parce que nous voyons clair à deux ou trois pas autour de nous, nous ne nous souvenons plus qu’au-delà de ce cercle de lanterne c’est le gouffre, c’est l’inexpliqué… Et pourtant quoi qu’on en ait dit, le monde que la science nous permet de concevoir n’est peut-être pas si beau que celui d’André Fleuse.

582. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Tous deux étaient savants ; et Pierre Desvignes, sacrifié, après une longue faveur, aux impitoyables soupçons de Frédéric, semble avoir renouvelé le tragique souvenir de Boèce et de Théodoric. […] Singulière fatalité de cette époque qui naissait chargée de tant de souvenirs ! […] Il aura, dans son langage habilement extrait de tous les dialectes vulgaires de l’Italie, l’énergie populaire et la sublimité, ou la douceur mystique ; il empruntera sans cesse à la riche nature dont il est entouré, au spectacle des champs, au souvenir de ses fuites à travers tous les lieux et parmi toutes les conditions humaines, à ses combats, à ses souffrances, bien des images de la vie réelle et des mœurs de son temps et il sera pourtant, à certaines heures de son inspiration, le plus idéal et le plus recueilli des poëtes religieux. […] Dante, presqu’au sortir de l’enfance, a senti l’amour pur, vrai, profond ; il en a rendu les illusions et la douleur, avec une force qui rejette bien loin toute la poésie convenue et le langage affecté du siècle ; il en a gardé l’ineffaçable souvenir, comme un sceau de Dieu sur lui ; il a été consacré poëte par la religion et par l’amour.

583. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Nous n’interdirons pourtant pas à nos souvenirs la liberté d’excursion sur les autres points. […] … — Il m’a toujours semblé que c’est par ce côté de souvenirs que les anciens confrères de l’Oratoire et M. […] Daunou, et dont Fléchier était la grande gloire, soit dans le souvenir de la tolérance de Fléchier envers les protestants, au moment où ceux-ci recouvraient leurs droits civils. […] On a d’autres pages de lui sur les souvenirs de ces temps, les deux premiers chapitres d’une histoire de la Convention ; il est profondément regrettable qu’il ne l’ait pas menée à fin. […] Daunou avait été très-lié avec Fouché, non pas à l’Oratoire, mais depuis, à la Convention, où les rapprochaient les souvenirs de cette commune origine.

584. (1927) André Gide pp. 8-126

Cependant, je me souviens que dans les milieux symbolistes où je fréquentais alors, on avait su tout de suite qui était l’auteur véritable, et bien que le hasard ne m’eût point permis de rencontrer M.  […] Dans les Souvenirs de la Cour d’Assises qui parurent peu après, M.  […] Il appelle même les orages  et ne se souvient pas que ce fut d’abord du Chateaubriand ! […] Je me souviens de lui avoir reproché son injuste mépris de Théophile Gautier, lequel était bonapartiste. […] Après un scabreux souvenir d’enfance qui s’étale dès le seuil du premier volume, comme une crotte sur un paillasson, M. 

585. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Ils déclaraient aux amis et aux étrangers qui voulaient en rapportant leurs souvenirs, contribuer à étendre sa renommée : « Patientez ! […] Il y a cependant en lui un philosophe, un précurseur, un révolutionnaire : autres raisons, il est vrai, pour ne pas toucher au souvenir de ce damné. […] In memoriam (souvenirs). […] Depuis la mort de Maurice Barrès, en 1924, souvenirs et inédits ne se comptent pas. […] Scherer laissait entendre l’existence d’un autre cahier de souvenirs.

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