À sa colère les montagnes tremblent dans leurs fondements, et ne peuvent soutenir son effort puissant. […] J’aimerais autant mépriser la main du pauvre enfant qui conduit l’aveugle, ou briser le bâton qui soutient le boiteux ! […] Mais il n’y est pas tombé sans soutien et sans amis pour le soutenir, et pour retourner sa tête sur son chevet à sa dernière heure, comme on l’a écrit par erreur ou par prétention à l’effet dans certains récits. […] Les soins pieux et féminins de ce frère, qui le soutenait de l’argent de sa bourse comme de son bras, nous touchèrent tous jusqu’aux larmes.
Et lorsque, après le mystère de cette vie mortelle endurée trente ans par l’homme-Dieu, le mystère de la mort sur la croix s’accomplit, lorsqu’il faut se représenter la passion de ce « cher Sauveur », il se refuse à la décrire, non par la vaine crainte de ne pas égaler les paroles aux choses, mais parce que son cœur n’en peut pas soutenir le spectacle. […] Contemplez ce que souffre un homme qui a tous les membres brisés et rompus par une suspension violente, qui, ayant les mains et les pieds percés, ne se soutient plus que sur ses blessures, et tire ses mains déchirées de tout le poids de son corps antérieurement abattu par la perte du sang ; qui, parmi cet excès de peine, ne semble élevé si haut que pour découvrir de loin un peuple infini qui se moque, qui remue la tête, qui fait un sujet de risée d’une extrémité si déplorable67 ! […] En perfection dans Bossuet, dans Bourdaloue il se soutient ; il fléchit dans Massillon. […] Homme de son temps par la confiance naïve qu’il témoigne aux passions, par son peu de goût pour les règles trop sévères, combien n’est-il pas meilleur que son temps par sa candeur, par sa bonté, par une intégrité de vie que rendait si difficile et si méritoire la pire des pauvretés, celle d’un gentilhomme qui ne peut pas soutenir son état !
Mercredi 12 janvier Duval, ce voleur faisant du vol, une opinion politique, ce voleur plaidant carrément devant un tribunal, que le vol est une restitution légitime du superflu de ceux qui ont trop, au profit de ceux qui n’ont pas assez, et soutenu par un public d’amis et de disciples, qui, à un moment donné, a manqué culbuter le tribunal. […] Je la vois, le jour d’un grand dîner à Breuvannes, et où je venais de manger sur l’abricotier de la cour, le seul abricot mûr, et que mon père se faisait une fête d’offrir au dessert, je la vois soutenir, avec une belle impudence, que c’était elle qui l’avait mangé, et recevoir les quelques coups de cravache, que mon père lançait sur moi, ne la croyant pas, la chère femme ! […] Là-dessus, je ne sais comment la conversation saute aux infirmes, et il soutient qu’il y aurait un beau livre à faire avec l’infirme, qui est presque toujours un vicieux, un chauffe-la-couche. […] Ce soir, chez la princesse, le capitaine Riffaut, qui a vu fusiller beaucoup de gens de toutes les nations, soutenait que les hommes montrant le plus stupéfiant dédain de la vie, devant le peloton d’exécution, étaient les Mexicains.
S’il avait confessé qu’en rimant l’ode sur la naissance du duc de Bordeaux ou l’ode sur son Baptême, ou n’importe quelle autre de ses odes, il avait été inspiré et soutenu par l’espoir du gain, il aurait du coup conquis la haute estime de la Bourgeoisie, qui ne connaît que le donnant-donnant et l’égal échange et qui n’admet pas que l’on distribue des vers, des asticots ou des savates gratis pro deo. […] Dans la préface des Voix intérieures de 1837, il avait pris pour devise : « Être de tous les partis par leurs côtés généreux, (c’est-à-dire qui rapportent) ; n’être d’aucun par leurs mauvais côtés (c’est-à-dire qui occasionnent des pertes). » Hugo a été un ami de l’ordre : il n’a jamais conspiré contre aucun gouvernement, celui de Napoléon III excepté, il les a tous acceptés et soutenus de sa plume et de sa parole et ne les a abandonnés que le lendemain de leur chute. […] Il était de ceux qui fermaient les ateliers nationaux, qui jetaient les ouvriers dans la rue, pour noyer dans le sang les idées sociales, qui mitraillaient et déportaient les insurgés de juin, qui votaient les poursuites contre les députés soupçonnés de socialisme, qui soutenaient le prince Napoléon, qui voulaient un pouvoir fort pour contenir les masses, terroriser les socialistes, rassurer les bourgeois et protéger la famille, la religion, la propriété menacées par les communistes, ces barbares de la civilisation. […] Heureusement que Chateaubriand, suivant l’exemple donné par les royalistes des Actes des apôtres qui avaient soutenu le trône et l’autel dans le langage des halles, défendit, au grand scandale des puristes, la réaction et la religion avec la langue et la rhétorique enfantées par la révolution.
Un souffle soutenu, une incroyable richesse d’images, un délire verbal qui se continue sans interruption marquent ce poème en prose. […] Mais, à côté de ces œuvres, qui veulent soutenir une thèse, combattre des idées, en un mot exercer une action, ne croyez-vous pas qu’il y a place pour le roman d’art, lequel ne songe qu’à divertir le lecteur, à lui faire passer une heure agréable, en lui racontant, dans la meilleure langue possible, une histoire, véridique ou non, dont tout l’intérêt est dans le beau décor d’art ou de nature qui l’enveloppent ? […] Camille Mauclair le pousse à soutenir des thèses, à développer un sujet par arguments plutôt qu’à le raconter49. […] Toulet et nous pourrons soutenir ce vieux renom d’esprit particulier et de finesse qui nous a valu la complaisante admiration des deux mondes.
Le livre qu’il publie aujourd’hui est le reflet poétique de la vie sage et voluptueuse qu’il mène, — existence paisible, soutenue par une nature robuste et saine, embellie par les rêves d’une âme lyrique, que pénètrent la suavité du ciel provençal et la splendeur de sa lumière, qu’exalte et que contient la sévère beauté des grands paysages classiques de la Méditerranée. […] Cet art paradoxal et sans lien avec les réalités qui « soutiennent » l’individu s’évanouit en divagations confuses, en rêveries creuses ou contradictoires. […] La première de toutes, c’est la nécessité de sortir du dilettantisme, puisque, sans cette adhésion réfléchie ou spontanée, l’artiste, isolé du groupe qui doit le soutenir et réduit au caprice individuel, n’est plus qu’un amateur dont l’action est toujours restreinte et l’exemple peut être dangereux ; mais il faut aller plus avant. […] Ils savent aussi que l’individu séparé de la race n’est rien, que l’aristocratie privée du sol qui la nourrit, de la richesse et de la puissance matérielle qui la soutiennent, n’est qu’un vain mot, et ils se riront des Jean sans Terre de nos prétendues « aristocraties intellectuelles ».
L’Oraison funèbre qu’il prononça de Louis XIV, et dont j’ai cité l’admirable début, a de beaux détails, mais pèche également par l’ensemble : Massillon, en louant, ne sait point prendre de ces grands partis comme Bossuet ; il mêle des vérités et des restrictions qui font nuance, là où il faudrait une couleur éclatante, une touche large et soutenue. […] Il a pourtant d’agréables et justes passages, comme celui-ci par exemple, qui peint Louis XIV dans son caractère de familiarité grave et de haute affabilité : De ce fonds de sagesse sortait la majesté répandue sur sa personne : la vie la plus privée ne le vit jamais un moment oublier la gravité et les bienséances de la dignité royale ; jamais roi ne sut mieux soutenir que lui le caractère majestueux de la souveraineté.
Grosley, au siècle dernier, avait déjà soutenu une thèse assez analogue, mais avec des armes moins précises et dans une dissertation moins motivée. […] Daru eut quelques discussions courtoises à soutenir.
Buffon n’est pas comme Voltaire et d’autres qui se répètent sauf variations chaque matin, qui improvisent au courant de la plume sur chaque sujet, et qui ne font pas mieux à soixante ans qu’à trente : lui, il est toujours en marche et en effort sur lui-même comme Montesquieu, mais il atteint mieux à son but que Montesquieu, qui se fatigue à la fin et se brise sensiblement : Buffon va jusqu’au bout d’un pas grave et soutenu en s’élevant. […] Et comment soutenir, après cela, que Cuvier n’a point estimé Buffon à son prix ?
Ses trois pièces les meilleures sur le ton soutenu sont une ode à Conrart, une ode à Patru, et des stances dans le genre de celles de La Retraite de Racan. […] On conçoit qu’il ait dit de Virgile : « Virgile est ma folie, et je soutiendrai jusqu’à la mort que ses Géorgiques sont le plus bel ouvrage qui soit jamais sorti de la main des Muses. » On le conçoit surtout en lisant la pièce suivante, où respire avec l’amour des champs une sagesse tranquille, et dont j’interromprai à peine la citation complète par une ou deux remarques : Heureux qui sans souci d’augmenter son domaine Erre, sans y penser, où son désir le mène, Loin des lieux fréquentés !
Le roi pourtant eut son avis, à lui, et démêla les qualités essentielles de son brave serviteur sous les défauts dont on le chargeait : « Le roi répondit qu’il avait toujours vu et connu que la colère et bizarrerie qui était en moi n’était sinon pour soutenir son service, lorsque je voyais qu’on le servait mal : or, jamais il n’avait ouï dire que j’eusse pris querelle avec personne pour mon particulier. » M. de Guise, favorable à Montluc, fit aussi cette remarque devant le roi, que le maréchal de Brissac se contredisait dans sa lettre, en déniant d’une part à Montluc l’ordre de talents nécessaires pour commander au nom du roi, et d’autre part en le louant si fort pour des qualités qui sont pourtant les principales en un homme de commandement, telles que d’être homme de grande police et de grande justice, et de savoir animer les soldats en toute entreprise : « Qui a jamais vu, ajoutait M. de Guise, qu’un homme doué de toutes ces bonnes parties n’eût avec lui de la colère ? […] Car un des caractères de ce siège, et qui le distingue des autres sièges également soutenus à outrance dont l’histoire a gardé les noms, c’est que le sentiment qui anime les chefs de ceux qui résistent et qui s’opiniâtrent ainsi, est un sentiment que j’appellerai éclairé ou civilisé, un sentiment tout d’honneur chez Montluc, tout de patriotisme et d’indépendance chez les Siennois.
Le politique en lui et l’homme d’État (car il en était un) contribuait en ce moment à soutenir et à enhardir le capitaine. Il se disait que le roi d’Angleterre, après les engagements contractés, ne pouvait en honneur abandonner les réformés, et qu’il s’emploierait ou à les soutenir en guerre ou, s’il y avait une paix, à les y faire comprendre ; que le roi, près de passer les Alpes, avait pour longtemps des occupations du côté de la Savoie et de l’Italie, et d’autres rochers à surmonter que ceux de La Rochelle ; que l’Espagne avait trop d’intérêt à nourrir la division aux entrailles de la France pour n’y pas subvenir bientôt par son or.
Le prince Henri a du genre humain une bien meilleure opinion que Frédéric ; on n’a pas à beaucoup près toutes ses lettres, mais on en peut jusqu’à un certain point juger d’après les réponses qu’y fait son frère ; le prince Henri, qui n’est pas sans quelques-unes des idées françaises d’alors, et qui a de nos illusions à la Jean-Jacques, soutient volontiers que la vertu et le bonheur habitent dans les cabanes, et qu’il y a par le monde de vrais sages, de parfaits philosophes. […] [NdA] « Car, après tout, c’est sous la protection de l’art militaire que tous les autres arts fleurissent, et, dans un pays comme le nôtre, l’État se soutient autant que les armes le protègent.
Si vous prenez la résolution que j’ai prise, nous finissons ensemble nos malheurs et notre infortune, et c’est à ceux qui restent au monde à pourvoir aux soins dont ils seront chargés, et à porter le poids que nous avons soutenu si longtemps. […] Mais l’élan ne se soutient pas ; le style fait défaut, et la pensée se fatigue à vouloir s’élever et à remplir un rythme incomplet, mais encore trop large pour elle.
J’avoue qu’ils me paraissent très dignes de Mme de Staël : ils portent tous sur le désir de la paix, sur les forces et les ressources que la France peut trouver en elle pour soutenir une guerre, pour maintenir son indépendance. […] J’en extrais les passages suivants, qui ne sont point contraires à la thèse que je viens d’essayer de soutenir, et qui lui seraient plutôt favorables.
Laisse en paix la Trinité, la Vierge et les Saints ; pour la plupart de ceux qui sont attachés à cette doctrine, ce sont les colonnes qui soutiennent tout l’édifice ; il s’écroulera si tu les ébranles. […] Comme preuve de l’intérêt soutenu et passionné qu’apporte en ce sujet la jeunesse sérieuse, je citerai aussi la remarquable série d’articles d’un ami, M.
Une verve inégale, intermittente, qui a ses allées et ses venues, ses fuites et ses retours, qui l’abandonne parfois, qui le ressaisit tout d’un coup, qui ne se soutient pas durant un long temps, mais une veine vraie et franche, toute de source, à laquelle il obéit et s’abandonne, et qui fait de lui, non pas un versificateur plus ou moins savant et habile, mais un véritable frère des poètes. […] alors, quand le premier ne meurt pas tout à fait, il reste traînant et souffrant désormais ; il est comme un malade que le second doit soutenir parfois et supporter, sans trop le gourmander pourtant ; le frère solide, sensé, raisonnable, dont le tour est venu, donne le bras au frère poète qui languit plus ou moins longtemps et qu’il est destiné à ensevelir.
En même temps qu’il vaque à l’achèvement de ses Mémoires, à son apologie politique et à la défense de la cause moyenne et restreinte qu’il a si éloquemment soutenue, il revient sur les points essentiels de son dogme en religion, en morale, et les voyant ébranlés par des attaques nouvelles, multipliées, audacieuses ou masquées, ouvertes ou sourdes, il y remet la main pour en raffermir l’idée et la certitude dans les esprits. […] Au lieu de vainqueurs qui courent le flambeau à la main, je ne vois que des naufragés qui se succèdent ; quelques-uns, en nageant, portent et soutiennent le plus loin qu’ils peuvent les survivants du précédent naufrage ; mais eux-mêmes, après un certain temps d’effort, ils s’engloutissent et disparaissent avec leur fardeau.
En ma qualité d’ancien novateur et révolutionnaire romantique qui est de temps en temps repris d’une velléité de mouvement, j’ai regretté dans ces derniers mois de ne pouvoir aller soutenir à l’Académie la cause de l’innovation ; mais elle est soutenue bien mieux que par moi par le respectable et docte M.
Les opinions stoïciennes étaient le point d’honneur des Romains : une vertu dominante soutient toutes les associations politiques, indépendamment du principe de leur gouvernement ; c’est-à-dire qu’entre toutes les qualités, on en préfère une, sans laquelle toutes les autres ne sont rien, et qui suffit seule à faire pardonner l’absence de toutes. […] Ce n’est point aux consolations du cœur qu’ils en appellent pour soutenir les hommes, c’est à la fierté ; tant leur nature est majestueuse, tant ils s’efforcent d’éloigner d’eux tout ce qui pourrait appartenir à des mouvements sensibles, ces mouvements fussent-ils même à l’appui de la plus sévère morale !
L’éloquence judiciaire est bien médiocre encore, bien verbeuse, bien prétentieuse, reflet tantôt pâle et tantôt criard des styles et des idées dont la littérature enivrait le public : et plutôt que de feuilleter les mémoires d’Élie de Beaumont, de Linguet, de Loyseau de Mauléon, des avocats de métier, on fera mieux de relire ce que Voltaire écrivit pour les Galas et ses autres protégés, ou les Mémoires de Beaumarchais, et les mémoires ou plaidoyers de Mirabeau dans le procès en séparation qu’il soutint contre sa femme : les écrits de ces avocats d’occasion sont les vrais chefs-d’œuvre de l’éloquence judiciaire. […] « Il était laid, nous dit un contemporain628 : sa taille ne présentait qu’un ensemble de contours massifs ; quand la vue s’attachait sur son visage, elle ne supportait qu’avec répugnance le teint gravé, olivâtre, les joues sillonnées de coutures ; l’œil s’enfonçant sous un haut sourcil, … la bouche irrégulièrement fendue ; enfin toute cette tête disproportionnée que portait une large poitrine… Sa voix n’était pas moins âpre que ses traits, et le reste d’une accentuation méridionale l’affectait encore ; mais il élevait cette voix, d’abord traînante et entrecoupée, peu à peu soutenue par les inflexions de l’esprit et du savoir, et tout à coup montait avec une souple mobilité au ton plein, varié, majestueux des pensées que développait son zèle. » Et Lemercier nous montre « les gestes prononcés et rares, le port altier » de Mirabeau, « le feu de ses regards, le tressaillement des muscles de son front, de sa face émue et pantelante ».
J’en conviens, cela peut se soutenir, mais il me semble que ce détour n’aura pas été inutile et aura contribué à nous éclairer un peu. […] Il me semble superflu de rappeler cette condition et je n’y aurais pas songé si on n’avait soutenu dernièrement que la physique n’est pas une science expérimentale.
Si, comme Burke l’a soutenu, « notre ignorance des choses de la nature était la cause principale de l’admiration qu’elles nous inspirent, si cette ignorance devenait pour nous la source du sentiment du sublime », on pourrait se demander si les sciences modernes, en déchirant le voile qui nous dérobait les forces et les agents des phénomènes physiques, en nous montrant partout une régularité assujettie à des lois mathématiques, et par conséquent sans mystère, ont avancé la contemplation de l’univers et servi l’esthétique, en même temps qu’elles ont servi la connaissance de la vérité. […] Les Hébreux supposaient le ciel semblable à un miroir d’airain (Job, XXXVII, 18), soutenu par des colonnes (Job, XXVI, 11); au-dessus sont les eaux supérieures, qui en tombent par des soupapes ou fenêtres munies de barreaux, pour former la pluie (Ps., LXXVIII, 23 ; Gen.
Ou bien faut-il déclarer, en soulignant sévèrement les derniers mots : « Aimer d’un même amour la mère et la fille, c’est un crime, et qui a un nom : c’est un inceste. » En une dispute alternée que les Muses n’aimeront point, Malclerc et d’Audiguier, personnages sans vie, mais avocats tenaces et savants de toutes les subtilités connues, soutiennent les deux opinions. […] J’aime d’admiration l’écrivain paradoxal et vigoureux, le métaphysicien qui prolonge parfois le dogme catholique en des profondeurs de vertige et de ténèbres ; mais on sent soudain une main rude et forte vous soutenir et, brusques éclairs qui traversent l’abîme, des images inattendues fulgurent devant vos yeux de la menace et de la clarté.
C’est donc pour soutenir une gageure ? […] Il soutient sans rougir, leur feu pur et clair ; il ment avec un imperturbable sourire, avec des adresses qui éludent et des tendresses qui persuadent.
Elle a soutenu cette marche et ces lumières avec grâce et modestie. […] Jusqu’à cette heure j’ai fait merveille : j’espère que je soutiendrai un certain air aisé que j’ai pris, jusqu’à Fontainebleau, où j’ai grande envie de me retrouver.
La première page est heureuse ; elle débute par un mouvement vif, mais qui ne se soutient pas et qui tourne vite au commun, au faux sensible et au faux élégant. […] Les expressions qui ont quelque nouveauté et quelque fraîcheur sont très rares chez Mme de Genlis, et on ne les rencontrerait guère que dans quelques-uns de ses portraits de société, où elle est soutenue par la présence et la fidélité de ses souvenirs.
Telle elle parut en toute circonstance solennelle, et notamment ce jour où, aux Tuileries, la reine mère festoya les seigneurs polonais qui venaient offrir la couronne au duc d’Anjou, et où Ronsard présent confessa que la belle déesse Aurore elle-même était vaincue ; et mieux encore ce jour de Pâques fleuries à Blois, où on la vit à la procession, toute coiffée et comme étoilée de diamants et de pierreries, vêtue d’une robe de drap d’or frisé venue de Constantinople, qui eût par son poids écrasé toute autre, mais que sa belle, riche et forte taille soutenait si bien ; tenant et portant à la main sa palme, son rameau bénit, « d’une royale majesté, d’une grâce moitié altière et moitié douce ». […] Certes, au point de départ, il y eut entre ces deux reines, entre ces deux belles-sœurs, bien des rapports ; mais une telle comparaison ne saurait se soutenir historiquement.
À vingt-quatre ans, l’abbé Gerbet annonçait un talent philosophique et littéraire des plus distingués ; en Sorbonne, il avait soutenu une thèse latine avec une rare élégance ; il avait naturellement les fleurs du discours, le mouvement et le rythme de la phrase, la mesure et le choix de l’expression, même l’image, ce qui, en un mot, deviendra le talent d’écrire. […] Au lieu de chercher la preuve du christianisme dans tel ou tel texte particulier des Écritures, ou dans une argumentation personnelle qui s’adresse à la raison de chacun, M. de Lamennais soutenait qu’il faut la chercher avant tout dans la tradition universelle et dans le témoignage historique des peuples : et pour cela il croyait voir, même avant la venue de Jésus-Christ et l’établissement du christianisme, une sorte de témoignage confus, mais concordant et réel, à travers les traditions des anciens peuples et jusque dans les pressentiments des principaux sages.
La bagatelle, la science, Les chimères, le rien, tout est bon ; je soutiens Qu’il faut de tout aux entretiens : C’est un parterre où Flore épand ses biens ; Sur différentes fleurs l’abeille s’y repose, Et fait du miel de toute chose. […] Un des poèmes les plus curieux du Moyen Âge, et qui constitue une véritable épopée satirique, est le Roman de Renart avec ses diverses branches ; les animaux divers y figurent comme des personnages distincts, ayant un caractère soutenu, et engageant entre eux une série d’aventures, de conflits et de revanches qui, jusqu’à un certain point, s’enchaînent.
Ce sont, ou des vérités descriptives, ou des vérités de sentiment intime, ou des vérités de peintures domestiques, ou enfin des vérités historiques, politiques, philosophiques : ce sont ces vérités nouvelles, exprimées dans une langue inégale sans doute et dégénérée, mais tantôt brillante, tantôt ardente, tantôt molle et mélodieuse, tantôt austère et nerveuse, qui assurent à la littérature du xixe siècle, malgré ses défauts, une sorte de solidité, et lui permettent de soutenir avec quelque honneur la comparaison avec les siècles précédents. […] Mais nous croyons en même temps qu’il y a bien des places dans la maison du Seigneur ; qu’un certain classique n’est pas tout le classique ; que le parfait a toujours quelque imperfection qui permet de concevoir un autre genre de parfait ; que, par exemple, le classique du xviie siècle n’est qu’une forme de classique qui n’est pas sans défaut ; qu’on pourrait soutenir très-fortement que le classique grec lui est supérieur, et peut-être aussi que le classique anglais ou allemand (si l’on peut employer une telle expression) lui est égal ; que, pour comparer en toute justice ces différents genres de chefs-d’œuvre, il faudrait lire Goethe et Shakespeare avec la même préparation que nous lisons Racine ou Corneille : il faudrait se faire Anglais ou Allemand, tandis qu’il nous est si facile d’être Français.
Pour lui le retour en arrière à des âges abolis, c’est le progrès, le seul bonheur que l’on doive souhaiter à la terre ; et il déploie pour soutenir la plus insoutenable des thèses la même énergie avec laquelle nous l’avons vu pénétrer le monde extérieur. […] En nous ralliant à cette pensée, nous dirons que cet art de spiritualisation doit disparaître à mesure que la conception qui le soutient, s’ensevelit dans le passé.
Veux-tu l’aimer, la soutenir, l’honorer, la garder dans la maladie et dans la santé… dans la bonne et la mauvaise fortune, dans la richesse et dans la pauvreté… et renonçant à toute autre, te garder à elle seule aussi longtemps que vous vivrez tous les deux352 ? […] Tout est d’accord, le lieu, le chant, le texte, la cérémonie, pour mettre chaque homme, en personne et sans intermédiaire, en présence du Dieu juste, et pour former une poésie morale qui soutienne et développe le sens moral356. […] Elle ne les choque point par un rigorisme étroit ; elle n’entrave point l’essor de leur esprit ; elle n’essaye point d’éteindre la flamme voltigeante de leur fantaisie ; elle ne proscrit pas le beau ; elle conserve plus qu’aucune église réformée les nobles pompes de l’ancien culte, et fait rouler sous les voûtes de ses cathédrales les riches modulations, les majestueuses harmonies d’un chant grave que l’orgue soutient. […] « Éternel Dieu381, tout-puissant père des hommes et des anges, par le soin et la providence de qui je suis conservé et gardé, soutenu et assisté, je te demande humblement de pardonner les péchés et les folies de cette journée, la faiblesse de mon service et la force de mes passions, la témérité de mes paroles, la vanité et le mal de mes actions. […] Ils se sont enrichis et accrus extraordinairement en quatre-vingts ans, comme il arrive toujours aux gens qui travaillent, vivent honnêtement et se tiennent debout à travers la vie, soutenus par un grand ressort intérieur.