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796. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Elles restaient individuelles et d’autant plus atroces pour les témoins. […] Il a été mordu par lui, et Sainte-Beuve l’a noté justement, ceux que Beyle a mordus sont restés mordus ! […] Vous avez dit quelle leçon il en tira et comment toute sa pensée en resta influencée. […] L’administration est restée ce que l’avait faite Bismarck. […] Son intelligence, le plus souvent, restait strictement professionnelle.

797. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Il me restait encore un de ces livres, je ne pouvais le mieux placer que dans vos mains. […] Je suis resté, jusqu’à la fin, plus fidèle à sa poésie qu’à sa prose et à ses romans ou à ses drames.

798. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

Mignet rencontrait Bossuet, et que tout immense que soit ce pas qui restait à faire, le philosophe s’est assez rapproché du prêtre pour que nous ayons eu le droit de les réunir tous deux dans une même école. […] Mignet a fait beaucoup, et au-delà il ne lui restait rien de possible à faire.

799. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Et cependant l’état spirituel de la masse est resté stationnaire. […] Il ne faut pas que les idées restent ensevelies dans les gris traités des théoriciens, vivifions-les d’un souffle créateur et lyrique, et que, guidées par les poètes, au son des lyres, elles s’avancent vers les intelligences, qu’elles y pénètrent par la puissance du Verbe !

800. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Il sait fort bien du reste qu’Empédocle n’est pas un grand homme, et qu’il n’est resté de lui que sa chaussure. […] Cependant, dans la position indépendante, désintéressée et laborieuse où l’auteur a voulu rester, dégagé de toute haine comme de toute reconnaissance politique, ne devant rien à aucun de ceux qui sont puissants aujourd’hui, prêt à se laisser reprendre tout ce qu’on aurait pu lui laisser par indifférence ou par oubli, il croit avoir le droit de dire d’avance que ses vers seront ceux d’un homme honnête, simple et sérieux, qui veut toute liberté, toute amélioration, tout progrès, et en même temps toute précaution, tout ménagement et toute mesure ; qui n’a plus, il est vrai, la même opinion qu’il y a dix ans sur ces choses variables qui constituent les questions politiques, mais qui, dans ses changements de conviction, s’est toujours laissé conseiller par sa conscience, jamais par son intérêt.

801. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Tout ce que l’on peut dire sur ces hypothèses, c’est qu’elles n’ont été ni réfutées ni établies, et qu’elles restent dans le domaine libre de la fantaisie et de la conjecture. […] Supposons cette cellule modifiée par une première sensation ; lorsqu’elle reviendra à l’état de repos, elle ne sera pas absolument dans le même état qu’elle était primitivement ; il restera quelque chose de l’impression première et une tendance à la reproduire de nouveau.

802. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Il l’a frappé au nom de cette notion du devoir qui doit rester impérissable et immaculée, parce que sans elle il n’y a plus de patrie et il n’est plus besoin d’histoire. […] Telle est la place assignée dans l’histoire au duc de Raguse, et il y restera.

803. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Sans vouloir contester aucune de ses puissances, on dirait qu’il est resté un peu empêtré dans l’argile de sa création ; car ce qui lui a toujours le plus manqué, ce sont les ailes ! […] Autrement, l’auteur aurait beau s’écrier : J’étais là, telle chose m’advint, ce langage de pigeon voyageur pourrait intéresser la femelle restée au logis et faire un succès de famille, mais ne passionnerait pas — si pigeons fussent-ils — les autres pigeons qui sont le public.

804. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Rappeler Buffon après avoir rappelé Montaigne, et avec cela rester très individuel, très soi-même, un vrai humouriste, qu’on aime à lire, qui séchera suavement nos larmes ou reposera délicieusement nos yeux, quand nous les aurons mouillés par Sterne ou éblouis par Jean-Paul, n’est-ce donc pas assez pour la gloire d’un homme, fût-il même le compatriote de Rousseau ? Si les enfants qui rapportent de leurs promenades, à leurs vieux parents restés à la maison, des fleurs cueillies pieusement pour parer et parfumer leur triste vieillesse, méritent des bénédictions attendries, Genève doit bénir son Topffer, son joyeux flâneur de montagnes, qui lui en a rapporté des pages aussi fraîches que des fleurs.

805. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Il a la qualité la plus aimablement et la plus estimablement allemande : la cordialité ; et quand il aura vécu davantage, quand il aura éteint bien des tons crus qui lui restent, quoiqu’il ait déjà commencé de les adoucir, — car l’enlumineur de L’Illustre Docteur Mathéus a cédé la place au peintre dans les nouveaux Contes, — quand il aura passé sur les tableaux de genre, pour lesquels il nous semble fait, l’ombre enfumée de la délicieuse bonhomie, il aura atteint le vrai de son talent et acquis sa valeur plénière. […] Restent donc, pour le fantastique essayé, Le Rêve du cousin Elof, qui n’est qu’un rêve somnambulique d’un effet usé et qu’il fallait renouveler, comme Edgar Poe, quand on ose toucher à ce genre de fantastique ; La Montre du Doyen, qui n’est qu’une histoire de la Gazette des tribunaux ; Les Trois Âmes, Hans Storkus, L’Araignée-Crabe.

806. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Restez donc encore un peu. […] Nous restâmes un moment sans parler. — Elle paraît souffrante ? […] — Veuillez rester assis. […] À ces mots la petite fille, qui était restée couchée, se releva avec vivacité. […] Diki-Barine était le seul dont la figure restât impassible ; il se tenait toujours immobile.

807. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Ces trois amis, moins intimes que les premiers, dont le souvenir m’est resté cher et présent, étaient l’un de mes camarades des gardes du corps, M. de Vaugelas, qui vit aujourd’hui dans le loisir toujours studieux des champs, à Die, dans la belle vallée du Rhône. […] Cela ressemblait aux meilleurs vers de M. de Fontanes récités sous les chênes de Fontainebleau et restés dans la mémoire de Chateaubriand. […] Le seuil qui vous fut ouvert une fois doit rester sacré toujours. […] Beaucoup de ses phrases sont restées maximes de la langue, et quelques-unes de ses harangues sont des monuments : c’est une de ces figures qu’on est fier d’avoir rencontrées pendant sa vie. […] Depuis cette halte, nous sommes restés amis en dépit des systèmes, des opinions, des révolutions, des politiques diverses.

808. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Devant cette exhibition insolite, le public se rebiffa , il en était encore resté à une tout autre conception de l’art. […] Le roman ne devait pas en rester là. […] Nos naturalistes évincent l’idéal et en restent à la pourriture. […] Si nous ne nous sentions perfectibles, nous ne bougerions pas et nous resterions stationnaires. […] D’ailleurs, pourquoi Florent, de retour dans sa famille, placé au sein même de la victuaille dont il a sa part suffisante, resterait-il maigre à perpétuité ?

809. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Comme mon conducteur aurait joui de la violence de mon étonnement, sans la douleur d’un de ses yeux qui était resté rouge et larmoyant ! […] -non, restez… il resta, il m’invita à prolonger mon séjour, et me promit autant de promenades telles que celles de la veille, de tableaux tels que celui que j’avais sous les yeux, que je lui accorderais de journées. […] Si l’objet vous répugne en nature, il ne restera sur la toile, dans le poëme, sur le marbre que le prestige de l’imitation. […] Ce sont ceux qui sont restés enfans, et à qui l’habitude des signes n’a point ôté la facilité de se représenter les choses. […] Qui m’a dit que le voile ne se déchirerait pas un jour, et que je ne resterais pas convaincu que j’ai rêvé tout ce que j’ai fait et fait réellement tout ce que j’ai rêvé ?

810. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Le siècle de Louis XIV a été pour nous ce que celui de Léon X avait été pour l’Italie, un exercice classique : le nom lui en est resté. […] Mais, si l’on y regarde de près, la fiction est restée maîtresse absolue et souveraine du terrain, la réalité humaine n’a pas été sérieusement abordée. […] Cela tient sans doute à ce que ces productions-là restent toujours un peu chez nous un article de mode, tandis qu’en Allemagne c’est beaucoup plus une affaire de spontanéité et de tempérament. […] La vérité a des faces si nombreuses qu’il lui restera toujours quelque chose à dire, aussi n’est-ce pas la besogne qui nous fera jamais défaut. […] Le style doit rester la carafe de la pensée.

811. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

On a dit avec raison qu’elle avait eu le don et le charme de rester femme. […] C’est un vrai livre, qui doit faire fonds, sinon règle, et qui restera comme un important travail à méditer. […] Cette main, cette tête, sont encore devant mes yeux et resteront gravées dans ma pensée. […] L’homme resta très bon, très humain et beaucoup plus sensible qu’il ne voulait le paraître. […] Je tenais beaucoup à trouver un travail qui me permit de rester chez moi.

812. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Une lettre de notre voyageur, que nous avons sous les yeux, nous le montre au naturel, tel qu’il était en ces années d’hilarité et d’insouciance, tel qu’il eut l’heureux privilége de rester toujours. […] Pendant les deux ou trois premières années qui suivirent son retour, nous le perdons un peu de vue : il ne resta pas tout ce temps à Paris. […] Gentil, est resté à la Comédie-Française. […] C’est Tyrtée ou Callinus qui a dit, s’adressant à la jeunesse oisive : « Jeunes gens, vous vous croyez en pleine paix, et la guerre embrasse toute la terre. » Ceci s’appliquerait très-bien au très-petit nombre de jeunes gens ou d’hommes jeunes encore qui avaient trouvé moyen d’éviter la conscription et de rester à Paris sous l’Empire. […] Nommé directeur du Vaudeville en 1815, il y resta jusqu’à sa mort, sauf une interruption de deux ou trois ans (1822-1825).

813. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Consultez les listes des héroïques victimes ; pas une illustration, ni dans la science, ni dans les lettres, ni dans les armes, pas une gloire antérieure ; c’était bien du pur et vrai peuple, c’étaient bien de vrais jeunes hommes ; tous ces nobles martyrs sont et resteront obscurs. […] Farcy restait une bonne partie du jour dans un bois d’orangers, relisant Pétrarque, André Chénier, Byron ; songeant à la beauté de quelque jeune fille qu’il avait vue chez son hôtesse ; se redisant, dans une position assez semblable, quelqu’une de ces strophes chéries, qui réalisent à la fois l’idéal comme poésie mélodieuse et comme souvenir de bonheur : Combien de fois, près du rivage Où Nisida dort sur les mers, La beauté crédule ou volage Accourut à nos doux concerts ! […] Je conclus donc que, pour un cœur droit qui se présentera devant eux avec cette ignorance pour excuse, ils se serviront de l’axiome de nos juges de la justice humaine : Dans le doute, il faut incliner vers le parti le plus doux ; transportant ici le doute, comme il convient à des Dieux, de l’esprit des juges à celui de l’accusé. » L’affaire du duel terminée (et elle le fut à l’honneur de Farcy), l’embarras d’argent restait toujours ; il parvint à en sortir, grâce à l’obligeance cordiale de MM.  […] Non, tu n’avais pas tué l’amour dans ton cœur ; tu en étais plutôt resté au premier, au timide et novice amour ; mais sans la fraîcheur naïve, sans l’ignorance adorable, sans les torrents, sans le mystère ; avec la disproportion de tes autres facultés qui avaient mûri ou vieilli ; de ta raison qui te disait que rien ne dure ; de ta sagacité judicieuse qui te représentait les inconvénients, les difficultés et les suites ; de tes sens fatigués qui n’environnaient plus, comme à dix-neuf ans, l’être unique de la vapeur d’une émanation lumineuse et odorante ; ce n’était pas l’amour, c’était l’harmonie de tes facultés et de leur développement que tu avais brisée dans ton être ! […] Le miscet règne ; c’est l’honos qui n’est pas resté.

814. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Presque seul dès ce moment, il a le courage de rester seul. […] J’en suis resté reconnaissant jusqu’à ce jour aussi, et cependant il faut ajouter que madame la duchesse d’Angoulême ne connaissait de moi que mes ouvrages et mon refus de servir une autre royauté que la sienne après 1830. […] C’était ainsi que Barnave, les Lameth, puis Danton, Brissot, Camille Desmoulins, Pétion, Robespierre, avaient conquis leur autorité sur le peuple ; ces noms avaient monté avec sa colère ; ils entretenaient cette colère pour rester à leur sommet. […] Il est resté et il restera comme une Satyre Ménippée trempée de sang.

815. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Il m’en est resté un grand goût pour les émigrés. […] Des amis de l’intéressante veuve il ne lui restait plus que Tullie et Rocca ; Rosé de Beaupuy s’était retirée dans un cloître après la mort du jeune de Liviers son amant ; Louise d’Effiat avait épousé le vicomte de Loire. […] Sa petite-fille Camille lui resta pour unique consolation. […] La plupart de ses œuvres périrent avec elle, il n’en resta que la renommée. […] Hoste joyeulx, ne pouvant y rester, Point ne me doult mon logis qui s’escroule.

816. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il resta vigoureux et sain d’esprit, il garda toute sa bonté et toute sa gaieté : c’est une preuve que l’éducation, qui ne l’a pas attendri, ne l’a pas non plus mutilé. […] Au reste, je ne vois pas qu’il ait jamais évoqué avec plaisir les souvenirs de son enfance, moins peut-être pour la déplaisante idée qui lui en était restée, que parce qu’il datait sa vie du jour où il avait pu exercer librement sa raison. […] Cet ivrogne de Chapelle ne fût pas resté longtemps dans une réunion de sobres causeurs. […] En 1677, Louis XIV lui commanda, ainsi qu’à Racine, de « tout quitter » pour se consacrer à écrire son histoire, et Boileau, selon ses propres expressions, « renonça » dès lors à la poésie : non pas aussi complètement que son ami, il n’en avait pas les mêmes raisons intimes ; mais deux chants du Lutrin, trois satires et trois épîtres, une ode et quelques épigrammes, voilà tout le bilan de son activité poétique pendant plus de trente années qu’il lui restait à vivre. […] La première année, tandis que le roi allait en Flandre, ils restèrent à Paris, et s’en tirèrent par un mot d’esprit : « Leurs tailleurs avaient été plus longs à leur faire des habits de campagne que Sa Majesté à prendre les villes qu’elle assiégeait. » Mais l’année suivante, il fallut partir ; et leur ignorance des choses militaires, leur gaucherie à cheval, leur peu d’inclination à se faire tuer, donnèrent lieu à toute sorte d’épigrammes et d’anecdotes, dont s’amusèrent leurs ennemis, leurs envieux et la malignité secrète des indifférents.

817. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Duel intermittent d’ailleurs, qui n’empêche pas entre elles un échange de bons offices, quand elles savent rester chacune à la place qui lui appartient en propre ! […] Elle met à la portée de tout le monde ce qui risquait de rester enfermé dans un petit cercle d’initiés. […] Et ces résultats ne restent pas emprisonnés dans les livres spéciaux. […] Il ne restait plus après cela qu’un pas à franchir et on le franchissait gaillardement. […] Toutefois nous restons jusqu’ici à la surface du roman : c’est dans sa constitution intime qu’il a été modifié par la science.

818. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Toutes les fois que j’ai cherché à m’analyser à moi-même l’extraordinaire intensité de plénitude qui me venait des drames de Wagner, en dépit de leurs visées métaphysiques, je suis arrivé à cette conclusion : c’est que, chez Wagner, l’amour de la vie et le sentiment de la réalité sont antérieurs et restent supérieurs à toute spéculation cérébrale. […] La palme restait, déjà, à Albert Wolf, qui, déjà, le plus spirituel, plaisantait la musique de l’avenir, en un Dialogue « Richard Wagner au Marais », le 12 février du Charivari. […] La Revue et Gazette reproduisit encore un article de la Revue des Deux Mondes, par Blaye de Bury (sous le pseudonyme de Lagenevais) : « Puisque nous sommes en Allemagne, (on vient de parler de Mendelssohn), restons-y pour nous donner un amusant spectacle… » Ensuite un développement de ce thème : « Heureuse Bavière, Bavaria félix… qui possède M.  […] » Pour finir, cette prophétie si bien accomplie : « De toute cette fantasmagorie que restera-t-il après trois jours ? […] Nouvelles On sait que le théâtre de Bayreuth restera fermé cette aimée ; il sera réouvert, pendant l’été de 1886, pour les représentations de fête de Parsifal et de Tristan et Isolde : Parsifal n’est joué nulle part ailleurs qu’à Bayreuth, Tristan y sera monté pour la première fois.

819. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Ce nom des Français ou Francs signifie « libres » ; le nom des Allemands signifie « le peuple » ; ce qui montre que les Français ont en eux le sang des émigrés, les Allemands le sang de ceux qui sont restés fixés, qui ont conservé pure la race européenne des Aryens. […] Et si l’on ne devait point parvenir à lui donner en France une représentation parfaitement pure et précise, un seul espoir nous resterait : que l’esprit français n’en fut point rebuté, ruais plutôt conduit à contempler le déploiement original et spécial de cet art là où le Maître lui-même en a donné le modèle achevé, — dans la petite capitale franconienne de cette province allemande qui a le même nom que le grand pays français, à Bayreuth, la ville des Francs, des Libres, des Idéalistes, de la tribu Aryenne, de l’art Aryen. […] Tichatschek étant resté toute sa vie attaché à la scène de Dresde, il n’a pu créer d’opéras de Wagner que Rienzi et Tannhaeuser, mais jusque dans l’âge avancé il est resté le grand artiste et l’admirateur de Wagner qui en 1867 écrivait : « Si de notre temps la nature a pu produire la merveille d’une belle voix mâle, c’est celle du ténor Tichatschek qui depuis quarante ans est toujours également restée forte et bien timbrée.

820. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Sauve maintenant ta tête des rets de Hel (ou Hella, divinité de la mort infernale), et livre moi la flamme des eaux, l’or brillant … » Andvari livre l’or ; il lui restait un anneau, Loke le lui enlève de force. […] La dépendance où nous sommes sous ce rapport, restera longtemps encore un obstacle à l’acclimatation définitive et permanente de Wagner à Bruxelles. […] En revanche, signalons cette appréciation de la scène religieuse du premier acte : « Il est impossible de rendre l’impression qui se dégage de cette merveilleuse scène : l’âme est emportée bien au-delà de la terre ; on voudrait s’agenouiller à côté de ces pieux chevaliers et rester en contemplation devant la manifestation du divin mystère… Une joie ineffable, une paix mystique, un ravissement digne des élus s’exhalent de cette scène merveilleuse …. […] Quelques lignes seulement, dans lesquelles Wagner dit qu’il a découvert que même dans l’amour entre les sexes « on peut trouver le chemin du salut, c’est-à-dire de la négation de la volonté de vivre. » Il se flatte ainsi de pouvoir expliquer ce qui était pour Schopenhauer un sujet d’étonnement : le fait qu’on voit fréquemment des amants dont le sort rend l’union difficile, se donner ensemble la mort et mettre ainsi une fin au plus grand bonheur imaginable, plutôt que de recourir aux moyens les plus désespérés et que de supporter toutes les misères afin de rester unis le plus longtemps possible. — Dans une note on nous apprend que ce fragment de lettre date de l’époque de Tristan. […] Richard Wagner nous a donné le drame idéal ; en lui élevant une maison exclusivement spéciale, il a clairement indiqué que ce drame ne saurait vivre dans nos théâtres, qu’il doit rester entièrement en dehors d’eux.

821. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

L’homme qui passe sa vie à brasser les réalités de l’histoire, ce qui demande de la solidité et de l’aplomb, ne peut pas rester compromis et lancé sur ce principe glissant du devenir de Hegel ou du tout coule d’Héraclite, sur lequel il patine aujourd’hui. […] Elles sont petites et doivent rester imperceptiblement petites, ces folles, ces tapageuses, ces corrompues… Sodomes et Gomorrhes, dont M.  […] Fatale ou libre dans son action, l’Italie n’en restera pas moins la grande Impuissante politique qu’elle a été à tous les moments de son histoire, et elle est vouée éternellement, malgré l’effort des hommes, à ce châtiment ou à ce destin 7 ! […] De même qu’il est resté l’érudit et l’arithméticien subtil de ses Révolutions d’Italie, de même il est resté le fataliste de ces Révolutions qu’il n’a expliquées qu’en disant qu’elles étaient parce qu’elles étaient.

822. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Quand elle aurait ainsi rassemblé tous les caractères distinctifs de l’espèce humaine, tels que nous les révèlent les manifestations diverses de la vie extérieure, il resterait encore à connaître le principe interne de ces manifestations qui lui sont propres. […] Mais combien elles sont et resteront incomplètes et superficielles, en comparaison des renseignements de l’analyse et de l’observation directe ! […] II Il est une autre école de psychologues qui, sans voyager ailleurs que dans les régions de l’idéologie, tient néanmoins à rester fidèle à la méthode expérimentale proprement dite. […] Ici, comme dans les sciences physiques, les causes véritables des phénomènes restent cachées à l’observateur. […] Les causes, qui restent inaccessibles à la science dans l’ordre des choses physiques, tombent au contraire sous l’œil de la conscience et peuvent être étudiées et soumises à l’analyse par la réflexion s’emparant des données du sentiment.

823. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Elle ajoute qu’elles y « restent femmes et très femmes ». […] Il était séduit par ce qui restait de féminin en ces printanières écritures, se félicitait de rencontrer seulement un « bas-lilas ». […] Sa prose est restée louable de simplicité et d’ordonnance calme. […] Eux restent pour tirer les conclusions et déplorer dans : A quoi bon ? […] Et elle restera toujours pédantisme d’élève et snobisme de suiveuse.

824. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

J’y trouve peu de matières à restrictions et je le considère comme un livre fait pour rester non loin des chefs-d’œuvre de Sainte-Beuve et à côté, sinon au-dessus, des meilleurs ouvrages contemporains de cette catégorie. […] Cette jambe gauche m’aura-t-elle agacé, fait souffrir, coûté de l’argent, tout le petit pécule qui me restait d’une assez jolie aisance, fait manquer de bonnes occasions — et ce qu’elle me procure encore de souffrances, maintenant qu’elle et moi allons mieux. […] à rester, — et du plaisir d’aller faire les visites que de droit à mes futurs collaborateurs du « Dictionnaire de l’Usage ». […] Je n’y restai seulement que trois mois, rappelé à Paris par la santé de ma mère qui me donnait de trop légitimes inquiétudes. […] « Dame Mélancolie » qui doit lui rester et à qui il doit rester fidèle, joue ici le principal rôle, ainsi d’ailleurs que l’indique le titre général. — Aussi bien, les poèmes désignés par les sous-titres sont une marche lente vers un but qui n’est autre que cette idée : « Les rêveurs doivent être préférés aux gens raisonnables ».

825. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Comme tous les grands hommes, il avait donné sa vie à ses œuvres, il ne lui en restait plus pour le temps ; il travaillait déjà pour l’éternité. […] Mais, s’il a trouvé la vie dans l’indépendance, il est resté loin encore de l’idéal. […] Nulle végétation, excepté trois ou quatre palmiers, semblables à des minarets turcs, restés debout sur la ville détruite ; çà et là quelques maisons aux formes vulgaires et modernes, récemment relevées par quelques Européens ou quelques Grecs de Constantinople, maisons de nos villages de France ou d’Angleterre, toits élevés sans grâce, fenêtres nombreuses et étroites ; absence de terrasses, de lignes architecturales, de décorations : auberges pour la vie, bâties en attendant une destruction nouvelle ; mais rien de ces palais qu’un peuple civilisé élève avec confiance pour les générations à naître. […] LIV Je m’assis là, seul et pensif, et j’y restai jusqu’à la nuit presque close, ranimant sans efforts toute cette histoire, la plus belle, la plus pressée, la plus bouillonnante de toutes les histoires d’hommes qui aient remué le glaive ou la parole. […] Il ne manque que quelques colonnes à la forêt de blanches colonnes : elles sont tombées, en blocs entiers et éclatants, sur les pavés ou sur les temples voisins : quelques-unes, comme les grands chênes de la forêt de Fontainebleau, sont restées penchées sur les autres colonnes ; d’autres ont glissé du haut du parapet qui cerne l’Acropolis, et gisent, en blocs énormes concassés, les unes sur les autres, comme dans une carrière les rognures des blocs que l’architecte a rejetées.

826. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Que des protestations s’élèvent en nous, elles restent nulles, impuissantes. […] Et nous restons tels encore, bien plus que nous ne le croyons, si nous nous décidons à la révolte. […] Pareillement un chien d’arrêt « doit » trouver le gibier et rester immobile près de lui, en en indiquant la présence au chasseur. […] Ici les divers moyens analysés plus haut de faire cesser le désaccord entre les natures et les désirs, restent inefficaces. […] Mais de même que vos ordres et vos raisons seraient superflus si nous étions réellement unis, ils restent impuissants parce que nous ne le sommes pas.

827. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Et cette histoire restera une page curieuse et instructive de l’histoire littéraire de ce temps-ci. […] Nous lui restons, et nous lui resterons toujours profondément reconnaissants pour le brave accueil qu’il a fait à notre pièce. […] Et, à notre tour, nous avons refusé ; — refusé, voulant rester indépendants et ne pas mettre les ficelles de notre enthousiasme entre les mains d’un chef de claque, et, comme des pantins, ne pas lever les bras, jeter des cris, pleurer d’admiration, selon le caprice de Son Indépendance. […] Dans cette crainte, aujourd’hui que, des deux collaborateurs, je suis resté seul avec une énergie un peu défaillante, je ne me sens pas le courage d’entreprendre les démarches, de subir les taquineries, les ennuis, les petites tortures morales, qu’un fabricateur de livres rencontre d’ordinaire près d’une direction théâtrale, quand au bout d’une réussite si chèrement achetée peut se dresser le désespérant veto 27. […] Nous restons jusqu’à six heures… et pas de Brindeau.

828. (1914) Boulevard et coulisses

C’est de lui que date cette expression : « Commander une pièce. » Il commandait des pièces aux auteurs et quand il les avait commandées, il ne restait plus qu’à les faire. […] Il y eut des à peu-près de Grosclaude qui sont restés classiques dans ce genre, dont depuis lui on a un peu abusé. […] Restera-t-il un homme de lettres à la suite de tout ce tapage ou bien un phénomène quelconque, proie naturelle de la photographie et du cinéma ? […] Le Conservatoire et les théâtres subventionnés, la Comédie-Française, par exemple, dont il est la source, ont créé, à la longue, une profession nouvelle, une profession régulière, qui, sans cela, serait toujours restée incertaine, précaire et méprisée de la bourgeoisie. […] Et quelle ressource leur restera-t-il à toutes les petites déclassées d’aujourd’hui si les fées capricieuses ne les protègent pas ?

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