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577. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Le reste n'est qu'un Recueil de sentences rimées, & rendues assez exactement dans le goût des Torva Mimalloneis implerunt cornua bombis, dont Perse a si bien fait sentir le ridicule. […] Mais ces morceaux estimables sont absorbés par une monotonie, un appareil emphatique, qui les rendent presque ridicules aux yeux d'un Homme sensé. […] Les Anciens, & les bons Ecrivains du Siecle dernier, avoient une toute autre méthode : comme les métaphores & les comparaisons ne sont destinées qu'à éclaircir une pensée, qu'à la rendre saisissante & palpable, ils ne présentoient que des images connues & frappantes. Notre Orateur semble, au contraire, prendre plaisir à embrouiller les choses, sous prétexte de les rendre plus claires : d'une obscurité, il jette dans une autre, & personne n'a mieux vérifié le proverbe de l'Ecole, obscurum per obscurius.

578. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Chaque détail sera réfléchi sous l’angle de son incidence, chaque moyen rendu par son action, et les effets même de l’œuvre considérés et goûtés à nouveau par un esprit qui saura non plus seulement les discerner mais les ressentir, seront figurés du même coup et mesurés dans la description de leur nature et de leur charme. […] Ici, rendue à la tâche qu’elle peut accomplir et intervenant au moment où des travaux préalables l’ont faite réellement utile, la méthode biographique de Sainte-Beuve et de ses successeurs, des Études de M. Taine, rendra de grands services et est appelée à compléter par le dehors, par la description et le portrait, le travail important de connaissance par le dedans que l’analyse esthopsychologique aura élaboré. […] Pater et Vernon Lee, les romanciers archéologues tels que Flaubert, se sont servis pour décrire les milieux humains passés et disparus, sera ici mis à profit avec de plus importants résultats, puisque cette enquête par le dehors, par le visible, par ce dont l’histoire rend témoignage, aura été précédée et affirmée par des données probables ou sûres sur l’intérieur, sur le gros mécanisme mental de ces gens que l’on va dresser en pied dans leur chair et leur costume.

579. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

On s’appuya de l’exemple de ce beau génie pour la faire employer partout, & la rendre désormais le seul langage d’Apollon. […] Issé & l’Europe galante ne le rendent pas plus égal à Quinault, que Romulus & Inès de Castro à Corneille & à Racine. […] La rime, à ce qu’ils prétendoient, gêne plus qu’elle n’orne les vers : elle les charge d’épithètes ; rend la diction forcée, extraordinaire, emphatique ; énerve les pensées & allonge nécessairement le discours. […] Pour rendre supportables les morceaux de versification qu’on présenta dépouillés de la rime, il eût fallu suppléer à ce défaut par un redoublement de force & de chaleur : mais ces exemples étoient froids & sans génie, & la rime ne les eût pas élevés au mérite des vers.

580. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Mais ce que je ne puis trouver bon, — parce que cela ne les rend pas meilleurs, — c’est que les articles de Prévost-Paradol portent partout l’empreinte et la mauvaise humeur d’une ambition que je conçois très bien et d’un génie, hélas ! […] Et il les a exécutés, ces airs-là, de manière à rendre la maison dont il est, bien contente. […] Comme tous les hommes qui sont, du reste, plus des rhéteurs que des écrivains, Paradol ne se soucie point du mot nuancé qui exprime la vérité des choses, et il fausse celui qu’il emploie en croyant le rendre plus fort… L’écrivain sincèrement passionné s’y prend de tout autre manière, car il a la mesure de sa passion même, tandis que ceux-là qui travaillent à froid et n’ont rien, comme disait Diderot, sous la mamelle gauche, craignent de manquer leur coup, et le manquent de peur de le manquer. […] Mais, dans le cours de ces articles sur tant· de sujets, je n’ai pas senti une seule fois l’accent ému, sincère et mâle d’un homme… L’auteur, qui ne pense qu’à une chose, — à rendre au temps présent le désagrément qu’il en reçoit, — tombe sur nous tous tant que nous sommes à coups de moralistes et de moralités.

581. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

— Je veux bien, dit l’avare ; — mais, après la pièce, — tu me rendras une chemise. […] Benjamin Constant aurait pu me demander un rendez-vous : je lui aurais fourni des renseignements. […] Au dire de ses amis, il est de mauvais augure de le rencontrer quand on va à un rendez-vous de bonne fortune. […] — C’est un rendez-vous ! […] Il se rend à l’hôtel de l’Excellence ; elle était absente.

582. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 362-363

Que de services n’a-t-il pas déjà rendus en formant des Eleves dont les Nations voisines ont réclamé plus d’une fois les secours & célébré les succès ! […] Nous ne laisserons jamais passer l’occasion de rendre de semblables témoignages, & par-là nous croirons remplir notre but.

583. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Le Bel  » p. 146

Il a très bien rendu un effet de nature très difficile à rendre, c’est l’affaiblissement et la couleur de la lumière du soleil, lorsqu’elle s’élance à travers les vapeurs dont l’atmosphère est quelquefois chargée à l’horizon.

584. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

On ne saurait rendre l’effet que produisent en français ces plaisanteries parfois plus que rabelaisiennes et si chères aux premiers disciples du grand réformateur : — Luther, O' Connell, — propos de table, propos de meeting, bouffonnerie, grossièreté, nationalité, religion, éloquence ! […] Mais le livre se lit avec intérêt, et le côté littéraire de l’époque est assez vivement rendu. […] Latouche s’est rendu célèbre dans la littérature d’il y a quinze ou vingt ans par une foule de traits pareils, malicieux et même (quelques-uns disent) méchants : il a drapé les ridicules de la jeune École d’alors dans un article critique, intitulé la Camaraderie ; mais il a oublié de dire que ces ridicules de coquetterie et de cajolerie poétique, il les avait autant que personne partagés, caressés, — sauf à les dénoncer ensuite avec esprit, avec fiel aussi et âcreté.

585. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Il suit de là que, plus un culte a de ces dévotions populaires, plus il est poétique, puisque la poésie se fonde sur les mouvements de l’âme et les accidents de la nature, rendus tout mystérieux par l’intervention des idées religieuses. […] A-t-il besoin de revoir un parent, un ami, il fait un vœu, prend le bâton et le bourdon du pèlerin ; il franchit les Alpes ou les Pyrénées, visite Notre-Dame de Lorette ou Saint-Jacques en Galice ; il se prosterne, il prie le saint de lui rendre un fils (pauvre matelot, peut-être errant sur les mers), de sauver une épouse, de prolonger les jours d’un père. […] Ils se rendirent en procession à une petite chapelle, dédiée à saint Thomas.

586. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

On conçoit comment il put louer Stilicon, qui n’était pas à la vérité un citoyen, mais qui était à la fois et un ministre et un général ; mais Honorius, qui toute sa vie fut, comme son frère, un enfant sur le trône ; qui, mené par les événements, n’en dirigea jamais aucun ; qui ne sut ni ordonner, ni prévoir, ni exécuter, ni comprendre ; empereur qui n’avait pas même assez d’esprit pour être un bon esclave ; qui, ayant le besoin d’obéir, n’eut pas même le mérite de choisir ses maîtres ; à qui on donnait un favori, à qui on l’ôtait, à qui on le rendait ; incapable d’avoir une fois du courage, même par orgueil ; qui, dans la guerre et au milieu des périls, ne savait que s’agiter, prêter l’oreille, fuir, revenir pour fuir encore, négocier de loin sa honte avec ses ennemis, et leur donner de l’argent ou des dignités au lieu de combattre ; Honorius, qui, vingt-huit ans sur le trône, fut pendant vingt-huit ans près d’en tomber ; qui eut de son vivant six successeurs, et ne fut jamais sauvé que par le hasard, ou la pitié, ou le mépris ; il est assez difficile de concevoir comment un homme qui a du génie, peut se donner la peine de faire deux mille vers en l’honneur d’un pareil prince. […] Il ne manqua pas d’être admiré, et il eut de son vivant des statues, honneur qui ne fut rendu à Virgile qu’après sa mort. […] Il se maria, entra dans le clergé du vivant de sa femme, se rendit célèbre dans les lettres, fut évêque de Pavie en 510, entreprit deux voyages en Orient pour réunir les deux Églises, et n’y réussit point.

587. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Roland, en courant après Angélique, traverse la Hollande ; il y accomplit des exploits fabuleux en faveur de la belle Olympe, à laquelle il rend un trône. […] Depuis qu’elle avait recouvré son anneau enlevé au doigt de Roger, elle voyageait seule et sans crainte, sûre de se rendre invisible à volonté. […] Elle feint de se rendre à ses désirs, mais elle veut, dit-elle, lui faire avant un présent plus précieux pour un guerrier que le cœur de toutes les princesses de la terre. […] Le généreux Léon, indigné de la lâche vengeance de Théodora sa tante, étrangle le geôlier de Roger, le délivre du cachot, lui rend son cheval et ses armes. […] je laissais dans ce beau lieu une partie de la mienne, mais je ne désirais pas qu’on me la rendît jamais.

588. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Aussi tous ceux qui s’étaient permis de précéder Corneille, les supprimait-on, croyant ainsi le rendre lui-même plus extraordinaire et plus grand. […] Les Amadis, avec leur merveilleux, rendirent les ailes et l’essor au rêve. […] Car la diversité des opinions en morale, c’est le joug du Seigneur rendu plus facile et plus doux !  […] Ils n’admettaient pas que l’homme fût libre d’une liberté qui rendît la grâce inutile, et qui le fît lui-même le seul et souverain arbitre de ses destinées. […] Mais, au lieu d’outrer la nature, et de la rendre, s’il était possible, aussi ridicule que nous, prétendons-nous peut-être la forcer, la contraindre, et la discipliner ?

589. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Elle rend ce qu’elle a emprunté ; mais il est dans son essence de rendre moins qu’elle n’a reçu. […] Il a sapé bien des préjugés et rendu palpable l’absurdité de bien des routines. […] Tout se réunit pour rendre sensibles la présence et l’unité divines. […] Les bienfaiteurs nous rendent quelquefois ce devoir bien difficile. […] « La cour ne rend pas content ; elle empêche qu’on ne le soit ailleurs.

590. (1902) Le critique mort jeune

La tombe rendait la vie. […] Grâces soient rendues à la curiosité de G. […] Se rendre maître d’une telle science égalerait une créature à son créateur. […] Bourget a toujours rendu plein hommage ? […] Le Romantisme qui rend impuissant à vivre rend impuissant à penser.

591. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 85-86

Il avoit un esprit pénétrant & fécond, une facilité étonnante pour tout apprendre & tout retenir, l’art de développer & de communiquer ses idées ; ce qui l’a rendu, à juste titre, un des plus célebres Professeurs en Droit que la France ait eus. […] Il arrivoit même souvent que les Ecoliers quittoient assez volontiers les leçons du Professeurs, pour se rendre auprès de la Belle, qui ne s’inquiétoit rien moins que des formalités.

592. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 111-112

Il a donné aux Italiens, en 1763, une Comédie intitulée le Rendez-vous inutile, qui fut un Rendez-vous très-fâcheux pour lui, puisque sa Piece fut sifflée.

593. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 326-327

& qui l’eussent rendu capable d’illustrer notre Parnasse dans l’Epopée, s’ils eussent été dirigés par l’étude des bons Modeles. […] Son Ode à Louis XIII est pleine de métaphores trop hardies, d’expressions trop guindées, comme tout ce qui est sorti de sa plume ; mais elle a des Strophes, dont l’enthousiasme & l’élévation le rendent égal, & quelquefois supérieur à Malherbe.

594. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

M.Legendre a simplifié l’exposition et l’a rendue beaucoup plus claire. […] Si Pauline lui rendait un amour égal au sien, ça irait. […] La loi peut me rendre l’argent de ma dot, si elle le retrouve ; la famille peut me rendre ma chambre de pensionnaire, et puis c’est tout. […] Il doit se rendre à la prison le lendemain matin. […] Puis, assisté de son chapelain, un capucin de baromètre, il rend la justice.

595. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

A cause, qu’on rend en latin par la proposition propter. […] Rendez à César ce qui appartient à Céfar ; 2°. se prêter à l’exemple ; 3°. se rendre à la raison. […] Ceux de la quatrieme ont l’infinitif en re, dre, tre, faire, rendre, mettre. […] Un vers étoit trop foible, & vous le rendez dur. […] Hommage rendu.

596. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Il est donc vraisemblable que l’homme doit chercher tout le vrai susceptible de le rendre heureux. […] Mais à force de se rendre vénérable, et à force de terroriser les esprits, la morale, en se rendant intangible, s’est rendue stérile ; et à force de ne pas permettre qu’on la discutât, a rendu impossible qu’on l’étudiât ; et à force de se faire lieu sacré, s’est faite désert. […] Le croyant est un amoureux jaloux que l’amour et la jalousie rendent féroces. […] À la montrer il se rendrait suspect. […] Le grand froid rend prompt.

597. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

La musique nous rend donc, par des moyens moins coupables et plus conformes à la fin divine que nous devons poursuivre, le même service que la satiété des plaisirs rendit aux âmes romaines. […] Plût au ciel que son rêve fût une réalité et qu’il rendit en effet justice aussi bien qu’il se flatte de la rendre ! […] Tel est le genre de service historique que nous rendent les poètes. […] La passion, au lieu de développer harmonieusement son être, y jette le désordre et le mutile, la rend antipathique et même répulsive, au lieu de la rendre sympathique. […] Que de services il leur avait rendus d’ailleurs !

598. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Préface » pp. -

Mon assujettissement aux dates des faits, aux âges des personnes, à la nomenclature des ouvrages ; ma division en périodes, qui fait revenir souvent les mêmes noms sans autre motif que d’en présenter une revue à différentes époques, tout cela est très fastidieux ; et cependant comme mon but était de prouver que les notions généralement reçues confondaient des personnes, des choses sans relation, uniquement parce qu’on n’avait pas démêlé les temps de leur existence, j’ai voulu rendre aux amateurs d’histoire le service de remettre les choses en leur temps et les personnes à leur place. Si j’avais élevé plus liant mon ambition, j’aurais eu le malheur de me rendre ridicule ; j’ai donc évité le peccet in extremis ridendus .

599. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 275-276

La méthode y rend tout intelligible, & facile à retenir. […] Les matieres les plus abstraites deviennent intéressantes sous sa plume, par la maniere agréable dont il les présente, & par les fleurs qu’il a su y répandre, sans cet air de prétention & de suffisance, qui rend les ornemens ridicules, & par conséquent plus qu’inutiles.

600. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 107-108

Rochefort, [N.ABCD] de l'Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né en 17.. connu avantageusement dans la Littérature par une Traduction en Vers de l'Iliade & de l'Odyssée d'Homere, où l'on trouve une versification aisée, noble, animée, & quelquefois nerveuse, mais dépourvue en général de ce coloris qui donne la vie aux pensées & aux sentimens, de cette variété de tours qui fait disparoître la monotonie, & de ce choix de termes qui rend le Vers toujours poétique. […] La Critique sera encore plus indulgente, si elle considere l'exactitude avec laquelle le Traducteur a rendu par-tout le sens d'Homere, que Madame Dacier n'a pas toujours saisi.

601. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

La nécessité d’abréger le rend précis : il a peu de notes, mais il frappe toujours sur la note juste, et la brièveté ajoute à la force du sentiment. […] Rendons-lui le coq des Gaulois : Il sut aussi lancer la foudre. […]   Son sourire était bien doux ;   D’un fils Dieu le rendait père,        Le rendait père. […] Elle sourit, car sa voix douce Rend l’espoir à son prisonnier. […] Une immense popularité y entra avec lui : c’était le seul service qu’il consentit à rendre sous cette forme à la patrie.

602. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Aurait-il pu rendre l’effet chaud et piquant de cette lumière qui joue entre leurs troncs et leurs branches ? […] -rendre l’espace immense que votre œil découvre au-delà ? […] Mais comment feras-tu pour rendre, je ne dis pas la forme de ces objets divers ni même leur vraie couleur, mais la magique harmonie qui les lie ? […] J’arrive à contre-temps, me dit-il. — Non, l’abbé. — Une autre compagnie vous rendrait peut-être, en ce moment, plus heureux que la mienne. — Cela se peut. — Je m’en vais donc. […] Le goût la demande avec des qualités accessoires qui la rendent agréable. — Combien de bizarreries, de diversités dans la recherche et le choix rafiné de ces accessoires !

603. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Ce serait le seul moyen de lui rendre son libre arbitre. […] Quant à moi, je dirai elle, car le mot elle rendra l’auteur de Lélia plus grande encore. […] qui nous rendra la marchande d’herbes de Théophraste ! […] Scribe ne lui a jamais rendu d’autre service que de lui donner la lettre qu’il cite. […] Buloz, et il lui rend pleine justice.

604. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

apportez-les-moi la première fois que vous descendrez du monastère à la ville ; je vous en rendrai bon compte après les avoir examinées, et si elles me paraissent suspectes dans leur texte, comme elles le sont déjà à mes yeux dans leurs circonstances, rapportez-vous-en à moi pour faire une enquête secrète et gratuite chez les prétendus parents ou ayants droits de votre pauvre aveugle. […] Qu’on prenne tout, qu’on nous jette tout nus dans le chemin, mais qu’on nous rende nos deux pauvres innocents ! […] Je tombai sur mes deux genoux devant la lucarne pour remercier Dieu de ce qui était pourtant un signe de mort, et je me dis en moi-même : Voilà qu’on lui rend ses membres, à toi maintenant de lui rendre la liberté et la vie ! […] ne mourons pas sans avoir échangé deux anneaux de fiançailles ou de mariage que nous nous rendrons après la mort pour nous reconnaître entre toutes ces âmes qui habitent là-haut, dans le bleu, au-dessus des montagnes. […] dit Fior d’Aliza, je vais obéir à mon père et à ma tante, mais cela me rend toute honteuse.

605. (1772) Éloge de Racine pp. -

Elle a chargé l’éloquence de s’en rendre l’organe, et nul genre de mérite supérieur n’a été exclus de ce tribut national. […] Et combien cette générosité, qui n’échappe pas au spectateur, la rend plus attendrissante ! […] Soyons donc justes, et rendons gloire à la vérité et au génie. […] C’est ici qu’il faut reconnaître le grand art où excellait l’auteur, de saisir toutes les nuances qui rendent la passion si différente d’elle-même. […] Et qu’il était honteux pour la nation que l’on rendait complice de cet outrage !

606. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

C’est ainsi encore que le plus ou moins de goût que l’historien peut avoir pour les édits du chancelier de L’Hôpital ne l’empêche pas de nous rendre fidèlement l’état des esprits à cette époque critique où le parti des protestants faillit prendre le dessus dans le royaume. […] Le moment où les âmes des deux côtés s’exaspèrent et où la guerre, à la voix des prédicants, se démoralise, est énergiquement, et je dirai, vertueusement rendu par Mézeray (1562) : il nous fait assister à cette suite de représailles et d’horreurs où, à part un bien petit nombre d’exceptions, les caractères les plus forts se souillent et se dégradent. […] Ce sont, à mon avis, dit-il, des circonstances que la Ligue inventa pour rendre cette action plus horrible. […] Perrault de votre part a été un terrible coup de foudre, qui m’a rendu tout à fait immobile et qui m’a ôté tout sentiment, hormis celui d’une extrême douleur de vous avoir déplu. […] Elle n’a d’autre intérêt que de bien fixer l’état de Mézeray sous Mazarin : il n’avait pas alors cette pension de 4 000 livres qu’il eut et qu’il perdit plus tard, et que, par une confusion intéressée, dans le but de la rendre plus inviolable, il aimait à faire remonter jusqu’au temps de Mazarin.

607. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Indépendamment des connaissances spéciales dont il fait preuve et des améliorations positives qu’il proposait à sa dateb, j’y vois ce qui fait l’âme de ce noble métier de soldat, l’alliance de l’abnégation et d’une émulation glorieuse : « on y rend des services, dit-il ; l’on y endure des peines ; l’on y reçoit des éloges ». […] Ne quittez jamais le plus beau des métiers… Il se présente souvent des occasions où la Cour se rappelle d’avoir oublié, négligé ou mal jugé le mérite, et où un bon bras, dirigé par une bonne tête, est recherché pour rendre encore service à son maître. […] Il fait ses premiers prisonniers ; c’étaient quinze ou seize hommes et un capitaine qui, se trouvant coupés, se rendirent : « Et je les fis passer derrière les rangs avec un plaisir qui tenait de l’enfance. » L’affaire faite, il a perdu plus de la moitié de son bataillon, et ces débris victorieux continuent de rester encore exposés au canon fort mal à propos : « Il n’était venu en tête à personne de nous mettre à l’abri ; cependant tout était fini, et notre artillerie répondait fort mal à celle des Prussiens. […] Il a peint en quelques pages légères et d’une touche inimitable ces promenades, ces cavalcades matinales et familières, où la reine Marie-Antoinette ravissait et effleurait les cœurs, et ne cessait de mériter les respects : il nous a rendu cette reine aimable et calomniée sous ses vraies couleurs, comme il fera également de tous les illustres souverains qu’il a connus, de l’impératrice Catherine, de Frédéric le Grand, de Joseph II, de Gustave III. […] C’est ainsi qu’il construit son Tibur selon le rêve d’une médiocrité dorée ; mais, si vous êtes riche, il travaille sur d’autres frais ; il vous proposera les colonnes, les marbres, les galeries avec dôme de cuivre doré ou terrasses en plomb, tout un ordre de fabriques à la romaine : « Et je veux que tout cela soit éloigné l’un de l’autre dans un grand espace, et joue avec l’eau, le gazon et les plus beaux chênes. » Je ne veux, par ces citations, que rendre le sentiment qui circule dans tout ce qu’a écrit le prince de Ligne sur les jardins.

608. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

» Dans les dernières années de sa vie enfin, étant revenu habiter à Lausanne, sa conversation habituelle était en français, et il craint que les derniers volumes de son Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, composés durant cette époque, ne s’en ressentent : « La constante habitude, dit-il, de parler une langue et d’écrire dans une autre peut bien avoir infusé quelque mélange de gallicismes dans mon style. » Si ce sont là pour lui des inconvénients et peut-être des torts aux yeux des purs Bretons, que ce soit au moins à nos yeux une raison de nous occuper de lui et de lui rendre une justice plus particulière, comme à un auteur éminent qui a été en partie des nôtres. […] Nous le savons déjà aimant la discussion et raisonneur ; ajoutons qu’il n’était point chicaneur, et qu’à toute raison qui lui semblait bonne il se rendait. […] Cette Académie des inscriptions et belles-lettres est proprement la patrie intellectuelle de Gibbon ; il y habite en idée, il en étudie les travaux originaux ou solides rendus avec justesse et parfois avec agrément ; il en apprécie les découvertes, « et surtout ce qui ne cède qu’à peine aux découvertes, dit-il en véritable Attique, une ignorance modeste et savante ». […] On a si souvent dans ces dernières années déclaré David Hume vaincu et surpassé, que je me plais à rappeler un témoignage si vif et si délicatement rendu. […] Il lit tout Homère et se rend bien maître du grec pour la première fois.

609. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Joinville nous rend cet office dans le siècle de saint Louis. […] Depuis ce moment, le navire vogue et perd de vue la fatale montagne ; on arrive sans encombre en Chypre, où était le rendez-vous. […] Sachons comprendre en lui-même chaque héroïsme, et ne rendons pas moins d’hommage à celui de l’ordre invisible. […] Il ne se peut de mouvement plus prompt et mieux rendu. […] Il ne se peut de mouvement plus prompt et mieux rendu.

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