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148. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Ces combats sans cesse décrits, et qui occupent tant de chants, ont d’un bout à l’autre (remarquons-le) une vivacité précise, une gradation, et surtout une réalité que jamais description poétique de combats n’a offerte à ce degré. […] Athénée l’a remarqué il y a longtemps, ces chefs qui mangent chez Agamemnon, et dont les manières sont si simples et souvent si crues, ne font jamais rien d’indécent. […] Il fait souvent remarquer dans des notes placées au bas des pages, le soin qu’il prend de rendre en détail ce que ses devanciers ont simplifié ou omis.

149. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Remarquons, en passant, cette déclaration de notre auteur, nous verrons plus tard qu’elle importe. […] Remarquons d’abord les mouvements associés entre eux antérieurement à toute expérience et à toute volition. […] Ce physiologiste fait remarquer que le fœtus produit des mouvements qui ne peuvent évidemment dépendre des circonstances complexes d’où ils naissent chez l’adulte ; s’il meut ses membres, c’est donc parce qu’il peut les mouvoir.

150. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

J’entends par bon sens, remarquez-le, non pas le bon sens vulgaire, mais le tact, l’esprit de conduite, le bon goût, bien des choses à la fois, en un mot, la justesse d’esprit dans ses applications les plus variées et les plus délicates. […] Racontant l’emprisonnement de son père pendant la Terreur, M. de Lamartine nous fait assister à des scènes tant soit peu romanesques, et qu’il me permettra de ne croire qu’avec réserve ; car il était trop enfant pour les remarquer alors, et aucun des deux acteurs n’a dû certainement les lui apprendre avec le détail qu’il nous donne aujourd’hui. […] Remarquez que ce n’est pas précisément tel ou tel mot qui me paraît grave, car alors on pourrait l’enlever aisément, c’est la veine elle-même, qui tient à une modification profonde dans la manière de voir et de sentir du poète.

151. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Dans la marche, à quelques lieues en avant de Wilna, nous rencontrâmes, dit M. de Fezensac, plusieurs régiments de la Jeune Garde ; je remarquai entre autres le régiment des flanqueurs, composé de très jeunes gens. […] Ils remarquaient la mortalité effrayante des chevaux, qui n’avaient à manger le plus souvent que la paille des toits ; une partie de la cavalerie mise à pied, la conduite de l’artillerie rendue plus difficile, les convois d’ambulance forcés de rester en arrière, et par suite les malades presque sans secours dans les hôpitaux. […] Le maréchal, « doué de ce talent d’homme de guerre qui apprend à tirer parti des moindres circonstances », remarqua dans la plaine une ligne de glace et la fit casser pour voir le sens du courant, pensant bien que ce devait être un ruisseau qui allait au Dniepr.

152. (1915) La philosophie française « I »

Anticipant sur ce que nous aurons à dire du XIXe siècle, nous pouvons dès maintenant faire remarquer que l’œuvre psychologique de Taine, son analyse de l’intelligence, dérive en partie de l’idéologie du XVIIIe siècle, plus spécialement de Condillac. […] Réformateur à la manière de Socrate, il eût été tout disposé, comme on l’a fait remarquer, a adopter la maxime socratique « connais-toi toi-même » ; mais il l’eût appliquée aux sociétés et non plus aux individus, la connaissance de l’homme social étant à ses yeux le point culminant de la science et l’objet par excellence de la philosophie. […] Peu remarquée au moment où elle parut, la doctrine de Maine de Biran a exercé une influence croissante : on peut se demander si la voie que ce philosophe a ouverte n’est pas celle où la métaphysique devra marcher définitivement.

153. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

On a remarqué cette année l’absence de M.  […] J’ai déjà remarqué que le souvenir était le grand criterium de l’art ; l’art est une mnémotechnie du beau : or l’imitation exacte gâte le souvenir. […] Il est à remarquer que les gens qui crient tant haro sur le bourgeois, à propos de M.  […] Il est à remarquer que le titre du tableau n’en dit jamais le sujet, surtout chez ceux qui, par un agréable mélange d’horreurs, mêlent le sentiment à l’esprit. […] Rousseau, dont chacun a souvent remarqué les tableaux pleins de couleur et d’éclat, est dans un progrès sérieux.

154. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Un autre fait : depuis longtemps on avait remarqué dans l’épopée, telle que nous la possédons, une forte influence cléricale ; je me souviens que, en 1891 déjà, mon maître Henri Morf reprochait un peu à Gaston Paris de n’avoir pas, dans son Manuel, rangé l’épopée dans la littérature religieuse. […] Cela a été si souvent remarqué que je ne m’y arrête pas. […] — À remarquer toutefois l’attitude de Boileau, non comme homme, mais comme critique officiel. […] Des Lettres il faut remarquer qu’elles contiennent en germe ses autres ouvrages ; elles sont d’ailleurs une « forme » bien intéressante ; c’est du roman satirique, fantaisiste, naturaliste, et c’est de la comédie ; comme une première esquisse de Peints par eux-mêmes. […] J’ai déjà fait remarquer précédemment comment chaque époque lègue à la suivante des problèmes mal résolus et comment telles « vérités », naguère vivantes et agissantes mais désormais vieillies et figées, entravent la marche en avant, empêchent l’évolution normale d’un principe.

155. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Pour établir que la perception extérieure, même véridique, est une hallucination, il suffit de remarquer que son premier temps est une sensation. — En effet, par sa seule présence, une sensation, notamment une sensation tactile ou visuelle, engendre un fantôme intérieur qui paraît objet extérieur. […] Comme nous l’avons déjà remarqué, l’antécédent constant d’une sensation est rarement une sensation actuelle ou un groupe de sensations actuelles. […] Dès lors deux séries nouvelles de propriétés viennent s’ajouter à lui et parfaire son être. — D’un côté, nous remarquons qu’il est capable de tels changements précis sous telles conditions précises ; il peut changer de lieu, de figure, de grandeur, de consistance, de couleur, d’odeur, être divisé, devenir solide, liquide, gazeux, être échauffé, refroidi, etc. Nous le concevons par rapport à ses événements possibles, comme nous l’avons conçu par rapport à nos sensations possibles, et, au premier groupe de possibilités et de nécessités permanentes par lequel nous l’avons constitué, nous en associons un second. — D’autre part, nous remarquons que tel de ses événements provoque tel changement dans un autre corps. […] Parmi ces événements indicateurs, il en est un très simple et plus universellement répandu que tous les autres, le mouvement, ou passage d’un lieu à un autre, avec ses divers degrés de vitesse. — Nous le remarquons d’abord en nous-mêmes ; la notion primitive que nous en avons est celle des sensations musculaires plus ou moins énergiques dont la série, plus ou moins longue, accompagne la flexion ou l’extension de nos membres.

156. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

« Je fus très surpris de cette idée, et je lui fis remarquer aussitôt combien il serait difficile de la mettre à exécution. […] Il voulut bien me dire encore quelque chose sur les qualités qu’il remarquait en moi (ne me connaissant pas) ; mais la vérité et la modestie ne me permettent point de rapporter ces compliments. […] Il me faisait remarquer que le plus grand mal était de me voir parmi ceux qui refusaient d’assister au mariage ; car, disait-il, “vous marquez, après le concordat et après avoir été premier ministre si longtemps”. […] Je fis remarquer encore que nous nous étions adressés à celui qui, partie intéressée au débat, était justement dans le cas de nous éclairer mieux que personne, s’il avait eu des raisons plus décisives que les nôtres. […] « Il faut remarquer qu’en convoquant ainsi les cardinaux, on mit une attention particulière à éloigner les uns des autres les amis le plus étroitement liés.

157. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Car, remarquez, Montesquieu construit comme un degré. […] Remarquez, de plus, que Rousseau aime les gens qui aiment leur pays. […] …  » Il faut remarquer que ce faible de Voltaire pour les R. […] Remarquez que ceci n’est pas jeu de logique à outrance. […] On a cru remarquer que le fonctionnaire ne pense point, et que même on ne serait pas très satisfait qu’il pensât

158. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Lamoureux ; puis, l’hiver dernier, quelques-uns ont remarqué que mon enthousiasme décroissait de mois en mois, pour faire place finalement à une réserve marquée. […] Lamoureux de changer « patriotiquement » son affiche et de nous donner les Troyens — qui exigeraient, remarquez-le, cinq à six mois d’études. Remarquez aussi que ceux qui ont demandé cela — hors M.  […] Cette jeune fille, qui habitait avec sa sœur près de Hohenschwangau, passionnément éprise du roi, se fit remarquer de lui en lui portant à Munich un bouquet de fleurs sauvages.

159. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Huet naquit à Caen, en 1630, d’un père déjà vieillard, qui lui communiqua peut-être de ce tempérament rassis et de cette égalité d’âme qui le distingua dans toute sa longue vie ; d’une mère jeune, spirituelle, « d’une humeur charmante, d’un entretien enjoué, d’un esprit délicat et pénétrant, qui savait remarquer finement le ridicule des choses et des personnes ». […] Voltaire a justement remarqué que ce traité posthume de Huet sur la Faiblesse de l’esprit humain semble contredire et démentir sa Démonstration évangélique ; mais Huet n’était point de ces esprits qui vont en tout à l’extrême, et qui poussent les choses à leurs dernières limites. Il n’est pas de ceux qui aiment à se singulariser ni à rien outrer ; il se disait dans les petites choses, et peut-être dans les grandes, ce qu’il écrivait un jour à Ménage : « Vous voyez que tout le monde le fait ; il fait bon suivre le torrent, et ne se faire remarquer ni dans un sens ni dans l’autre. » Quand il était à l’état profane et naturel, il se trouvait par inclination sceptique et pyrrhonien. […] [NdA] On me fait remarquer qu’il ne fut pourtant pas sans une sorte de prévision qui dénote au moins sa prudence ; une des clauses du testament portait que, dans le cas où la Société cesserait d’exister en France, ses héritiers à lui pourraient réclamer cette partie de la succession.

160. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Il est à remarquer, à ce propos, que Condé aimait et pleurait comme guerrier les amis qu’il eût vus mourir autrement sans les regretter peut-être. […] Mademoiselle avait quarante-deux ans ; elle avait manqué tant et de si grands mariages, qu’elle semblait n’avoir plus qu’à demeurer dans cet état indépendant et libre de la plus riche princesse de France, lorsqu’elle commença (1669) à remarquer M. de Lauzun, favori du roi, et plus jeune qu’elle de plusieurs années. […] Elle s’aperçut donc un jour que ce petit homme, capitaine des gardes, Gascon à la mine fière, au ton spirituel et ironique, avait un je ne sais quoi qu’elle n’avait encore remarqué dans personne. […] On a remarqué « qu’en amitié ainsi qu’en amour, les princesses sont condamnées à faire tous les premiers frais, et que le respect qui les entoure oblige souvent la plus sage et la plus fière à des avances que d’autres femmes n’oseraient se permettre ».

161. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

On remarquait enfin dans toute sa toilette une exagération des modes du jour qui ne s’accordait guère avec le bon goût des gens de cour. […] Après le dîner, continue le narrateur, M. de Meilhan ayant amené la conversation sur la politique et l’administration, tout ce qui avait pu frapper d’abord comme ridicule dans l’extérieur de Mirabeau disparut à l’instant : on ne remarqua plus que l’abondance et la justesse des idées. […] À quelque temps de là, M. de La Marck fit dire un mot à la reine au sujet de ses liaisons déjà intimes et remarquées avec Mirabeau ; il faisait pressentir discrètement quel était son espoir en les entretenant, et qu’il y avait peut-être à tirer parti d’un tel homme, dans l’intérêt même de la monarchie. […] » Une fois même, poussé à un état d’exaspération plus violent que de coutume, il s’écria : « Tout est perdu ; le roi et la reine y périront, et vous le verrez : la populace battra leurs cadavres. » — Il remarqua, ajoute M. de La Marck, l’horreur que me causait cette expression. « Oui, oui, répéta-t-il, on battra leurs cadavres ; vous ne comprenez pas assez les dangers de leur position ; il faudrait cependant les leur faire connaître. » Après les journées des 5 et 6 octobre qui amenèrent le roi et la reine captifs à Paris, journées auxquelles, malgré d’odieuses calomnies, il ne prit aucune part que pour les déplorer et s’en indigner, Mirabeau, sentant que la monarchie ainsi avilie aurait eu besoin de se relever aussitôt par quelque grand acte, dressa un mémoire qu’on peut lire à la date du 15 octobre 1789.

162. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

À son propos quand on a parlé de l’influence nietzschéenne, il a fait remarquer très justement que Nietzsche n’aurait pas eu tant de succès, si sa pensée n’avait été pensée par des esprits orientés déjà comme le sien, si Zarathoustra n’avait été la traduction de la pensée d’une génération… L’anarchisme souriant, la logique rigoureuse, le bon goût sceptique de M.  […] Et remarquez qu’il y a dans ses Samedis littéraires quelques pages louangeuses. […] Marcel Ballot (Figaro) se manifeste assez hostile aux débutants, cependant il a de l’érudition un esprit clair, et néanmoins subtil, et il a osé des vues originales qu’on n’a pas assez remarquées. […] Lanne se font spécialement remarquer.

163. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Sans me permettre de contredire cette vue, qui se lie étroitement à la croyance, je ferai seulement remarquer que tel n’était point exactement le dessein primitif de Pascal, et que, tout en insistant au début sur les preuves morales intérieures, il n’aurait rien négligé, dans son ouvrage, de ce qui pouvait saisir l’imagination des hommes et déterminer indirectement leur persuasion. […] Je n’ai pas besoin de faire remarquer que, dans la lettre qu’on va lire, M. 

164. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

D’abord l’arc de triomphe et le temple ne se feront remarquer que par la masse, et je ne crois pas que la statue qu’on y placera, ait d’autre avantage sur l’ancienne que d’être plus grande. […] La figure sera sublime, non pas quand j’y remarquerai l’exactitude des proportions, mais quand j’y verrai tout au contraire un système de difformités bien liées et bien nécessaires.

165. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Ce qu’on n’a pas assez remarqué, c’est qu’une quatrième dimension d’espace est suggérée par toute spatialisation du temps : elle a donc toujours été impliquée par notre science et notre langage. […] Point n’est besoin de se placer dans l’hypothèse de la Relativité : de toute manière (nous le faisions remarquer, il y a plus de trente ans) le temps mathématique pourra être traité comme une dimension additionnelle de l’espace. […] Nous qui connaissons des Espaces à plus d’une dimension, nous n’avons pas de peine à traduire géométriquement la différence entre ces deux conceptions ; car dans l’Espace à deux dimensions qui entoure pour nous la ligne A′ B′ nous n’avons qu’à élever sur elle la perpendiculaire B′ C′ égale à cT, et nous remarquons tout de suite que l’observateur réel en S′ perçoit réellement comme invariable le côté A′ B′ du triangle rectangle, tandis que l’observateur fictif en S n’aperçoit (ou plutôt ne conçoit) directement que l’autre côté B′ C′ et l’hypoténuse A′ C′ de ce triangle : la ligne A′ B′ ne serait plus alors pour lui qu’un tracé mental par lequel il complète le triangle, une expression figurée de équation . […] Nous l’accordions, mais nous faisions remarquer que l’intervalle entre les deux événements devenus successifs aurait beau s’appeler du temps, il ne pourrait contenir aucun événement : c’est, disions-nous, du « néant dilaté ». […] Le lecteur quelque peu mathématicien aura remarqué que l’expression équation peut être considérée telle quelle comme correspondant à un Espace-Temps hyperbolique.

166. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Mais remarquez que ces leçons, Le Sage ne leur donne nullement un caractère amer et désolant. […] Remarquez d’abord que les amours qu’elle inspire sont vifs mais non point ardents ni profonds. […] Il l’appliquait à son roi ; remarquez qu’il l’applique à Dieu. […] Remarquez que ces deux optimismes se confondent, l’un supposant l’autre. […] Et remarquez ce détail.

167. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Le roi le remarqua et eut curiosité de savoir qui il était ; il donna ordre au maréchal de Tessé de questionner cet homme. […] Son Éminence a besoin de repos ; elle a l’estomac dérangé : M. de Luynes sait dans la dernière exactitude tous les détails de santé qui font rire quand Molière nous les étale, mais qu’on n’écrit plus ; il les note ; on a le compte, le chiffre exact des coliques du cardinal dans les vingt-quatre heures ; et « d’ailleurs, les différentes situations de la santé de M. le cardinal se remarquent aisément, se reflètent — sur le visage du roi. » Quant au cardinal, il continue de s’occuper d’affaires dans ses intervalles de répit ; il reçoit le viatique, mais il ne songe pas à lâcher le ministère ; il n’a pas l’idée qu’il puisse s’en aller déjà, et il le dit même assez agréablement à l’adresse de ceux qui attendent. […] Chauvelin, il disait : « Il s’ennuyait de ce que je vivais trop longtemps ; c’est un défaut dont je n’ai pas envie de me corriger si tôt. » Rencontrant dans un de ses salons, au milieu de trente personnes, M. de Bissy, dont on lui avait apparemment rapporté quelque propos, il va droit à lui, et le regardant en face : « Monsieur, vous voyez que je me porte bien ; cependant je ne mets point de rouge pour me donner un bon visage. » M. de Puységur, qui avait quatre-vingt-quatre ans77, demandait depuis longtemps d’être chevalier de l’Ordre, et il pressait là-dessus le cardinal, qui lui répondit tout naturellement : « Monsieur, il faut un peu attendre. » L’archevêque de Paris, M. de Vintimille, fort âgé, mais un peu moins que le cardinal, sollicitait un régiment pour son neveu, et faisait remarquer au cardinal qu’il importait de l’obtenir promptement, d’autant plus que, quand lui, oncle, ne serait plus là, ce serait pour le jeune homme un grand appui de moins : « Soyez tranquille, répondait le cardinal, je m’engage à lui servir de père et de protecteur. » Sur quoi M. de Vintimille, malgré toute sa politesse, ne put s’empêcher d’éclater : « Pour moi, monseigneur, je sens bien que je suis mortel, mais je me recommande à Votre Immortalité. » Jamais on n’a mieux compris qu’en lisant les présents mémoires cette lente et coriace ténacité, ce doux et câlin acharnement au pouvoir qui caractérise l’ancien précepteur de Louis XV.

168. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

) On aura remarqué ces mots : le bonheur de ses amis. […] À ceux des gouvernants qui lui faisaient remarquer qu’il emmenait avec lui l’élite des braves et laissait la France dépourvue, il répondait : « Je vous laisse Joubert. » Il laissait aussi Masséna et quelques autres. […] Ne le remarquez-vous pas ?

169. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Il s’est fait remarquer au théâtre par des pièces en vers, qui étaient plutôt des anecdotes poétiques et romanesques que des comédies, mais qui avaient leur cachet toujours de distinction et d’élégance. […] Le maître y met de la préparation, un air de solennité mystérieuse : « Ce n’est pas de ton savoir-faire ordinaire que j’ai besoin dans l’affaire présente, mais d’autres qualités que j’ai remarquées en toi, ta fidélité et ta discrétion. » — « J’écoute. » — Et ici le maître rappelle à l’affranchi ses bienfaits : il l’a acheté tout enfant, il l’a toujours traité avec douceur et clémence : le voyant servir d’un cœur si honnête, il lui a donné ce qu’il y a déplus cher, il l’a affranchi. […] » — Pour le bien expliquer, il faut, dit le père, reprendre les choses dès l’origine. » Et ici commence tout un récit fort admiré des Anciens, proposé comme un modèle de narration aux orateurs eux-mêmes par Cicéron, qui y fait remarquer le développement approprié, le mouvement dramatique, le parfait naturel des personnages introduits et des paroles qu’on leur prête, et, par instants, mais par instants seulement, la brièveté excellente, qui à toute cette abondance persuasive ajoute une grâce.

170. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

On le remarquera aussi plus tard, leur technique apporte comme le reflet de la forme et de la philosophie qu’ils ont choisies, et tous les caractères de leurs œuvres sont l’expression naturelle de leur personnalité. […] Remarquons enfin ceci : les rapports de « valeurs », de tons lumineux, sont fixes, au lieu que le coloris nous apparaît variable et que ses différents états impliquent jusqu’à un certain point l’idée d’une succession dans la durée. […] Mais remarquons-le, beaucoup d’entre eux l’exaltent au détriment du geste, qu’ils paraissent nier, ou plutôt ignorer trop fréquemment.

171. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Morris a fait remarquer la beauté du tapis, son délicat dessin de fleur d’épine-vinette, d’iris et de roses, l’absence voulue d’imitation et de teintes dégradées. […] Il a fait remarquer la connexion intime qui existe entre l’impression et l’écriture. […] Il fit remarquer que l’harmonie mécanique et l’harmonie artistique marchent du même pas. […] En somme, ainsi que le fait remarquer M.  […] Car Chuang-Tzù passa sa vie à prêcher la grande religion de l’Inaction et à faire remarquer l’inutilité de toutes les choses utiles.

172. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Ce dernier est, comme on l’a mainte fois remarqué, merveilleux dans l’analyse psychologique ; mais sa psychologie porte tout entière sur les idées parfaitement conscientes de ses personnages, non sur les mobiles obscurs du sentiment. […] Un autre véritable devancier du roman sociologique, comme on l’a remarqué fort justement, c’est George Sand en personne ; Indiana, Valentine et Jacques marquent l’introduction des « questions sociales » dans le roman. […] Il y a d’ailleurs longtemps qu’on a remarqué ce caractère de l’œuvre de Balzac61. […] Tout le monde a remarqué, outre le matérialisme, le second trait du « système » métaphysique à la mode chez les romanciers du jour, le pessimisme. […] Il est à remarquer que les modernes, dans la peinture de ces amours hors nature, croient masquer ce que le sujet a de repoussant par des effusions lyriques et paysagistes.

173. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

La Grammaire n’est, pour ainsi dire, que le code des décisions de l’usage sur tout ce qui appartient à l’art de la parole : par-tout où l’on trouve une certaine uniformité usuelle dans les procédés d’une langue, la Grammaire doit la faire remarquer, & en faire un principe, une loi. […] Mais on peut remarquer d’abord que le mot appellatif n’est pas appliqué ici plus heureusement que dans le système ordinaire, & que l’auteur ne fait que déroger à l’usage, sans le corriger. […] Continuez de même aussi loin que vous pourrez, en faisant remarquer avec soin toutes les abstractions qu’il faut faire successivement, pour s’élever par dégrés aux idées les plus générales. […] Je remarquerai seulement ici que dans tous les livres qui traitent des élémens de la langue latine, l’hellénisme y est mis au nombre des figures de construction propres à cette langue. […] Cet adjectif n’est pas le seul mot qui puisse occasionner cette espece d’erreur : car, comme l’a très-bien remarqué M. d’Alembert, article

174. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Remarquez que les personnages de M.  […] On peut remarquer que des enfants rient aux éclats simplement pour quelque chose de nouveau. […] C’est la sagesse spirituelle d’un Montaigne, d’un Renan et, remarquez-le, d’un Socrate aussi et même d’un Marc-Aurèle. […] Remarquez, du reste, que le parodiste ne peut guère faire autrement. […] Ils font remarquer quelquefois une certaine indigence d’invention.

175. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

L’alexandrin, je le faisais remarquer tout à l’heure, et M.  […] À peine pourrait-on remarquer, et c’est ce que M.  […] Et remarquez que, quoi qu’on fasse, il y a aussi héroïsme à le faire. […] Mais remarquez qu’elle n’est qu’apparente. […] Et naissance adulte, remarquez bien ; car c’est là le point.

176. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Remarquez que ce que je viens de citer de lui, après M.  […] Cependant, remarquez. […] Et ils ont vingt-cinq ans de création, remarquez cela. […] Remarquez seulement qu’elle se combinait avec un internat très rigoureux. […] Avez-vous remarqué ces principes sévères ?

177. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Pourquoi, comme l’a remarqué un auteur moderne, telle compagnie, fort estimable d’ailleurs, qui a produit une nuée de versificateurs latins, n’a-t-elle pas un seul poète français qu’on puisse lire ? […] Qu’il me soit permis de remarquer à cette occasion comment la combinaison du sens métaphorique des mots avec leur sens figuré peut aider l’esprit et la mémoire dans l’étude des langues. […] Je remarquerai à cette occasion, que nous avons dans notre langue trop peu d’accents, et que nous nous servons même assez mal du peu d’accents que nous avons. […] À l’égard de la prononciation de chaque mot, il faut aussi la remarquer exactement, conformément à l’orthographe de la langue dans laquelle on traduit et non de la langue étrangère. […] Il y a plus : on a remarqué que la prose la plus harmonieuse contient beaucoup de vers, qui, étant de différente mesure et sans rime, donnent à la prose un des agréments de la poésie, sans lui en donner le caractère, la monotonie et l’uniformité.

178. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Molière prit plus tard au Pédant joué de Cyrano deux scènes qui ne déparent certainement pas les Fourberies de Scapin  : c’était son habitude, disait-il à ce propos, de reprendre son bien partout où il le trouvait ; et puis, comme l’a remarqué spirituellement M.  […] Remarquez, monsieur, ajoutoit Despréaux, que Molière a fait, sans y penser, le caractère de ses poésies, en marquant ici la différence de la peinture à l’huile et de la peinture à fresque. […] Mais lord Southampton lui fit ensuite remarquer son erreur, et lui expliqua comment le visage humain et proportionné de Shakspeare, qui frappait peut-être moins au premier abord, était pourtant le plus beau. […] Ayant remarqué lui-même que l’on s’en étoit aperçu, il se fit un effort et cacha par un ris forcé ce qui venoit de lui arriver. » « Quand la pièce fut finie, il prit sa robe-de-chambre et fut dans la loge de Baron, et lui demanda ce que l’on disoit de sa pièce. […] Je ferai remarquer que, malgré la brouillerie ancienne de Molière et de Racine, c’était par l’éclatant exemple de Molière que Boileau songeait à consoler l’auteur de Phèdre des critiques injustes qu’il essuyait.

179. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Il redevenait de 1813, en écrivant cinq ans plus tard, et son accent répondait, on l’a remarqué, au cri d’imprécation des généreux Allemands Henri Kleist, Arndt et Kœrner. […] Remarquons toutefois que cette colère même n’était pas de l’indifférence, ni même de la haine, et qu’il y a souvent plus près de la colère à l’amour que d’une froide et tiède amitié. […] On me fait remarquer que ceux de Leopardi, en se rattachant à cette dernière école pour la netteté, paraissent avoir gardé de la facilité de l’autre : les connaisseurs diront le degré exact et à quel point ils les jugent bien frappés. […] Theil l’avait remarqué dans un article du journal la Paix (4 mars 1837), où il parlait de Leopardi à merveille, mais devant un public distrait et dans un lieu trop peu littéraire. […] Artaud (1833, tomes I et II) ; ils furent alors trop peu remarqués.

180. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Il ne faudrait pas forcer l’analogie ; nous devons pourtant remarquer que les communautés d’hyménoptères sont au bout de l’une des deux principales lignes de l’évolution animale, comme les sociétés humaines à l’extrémité de l’autre, et qu’en ce sens elles se font pendant. […] Remarquons que l’art de gouverner un grand peuple est le seul pour lequel il n’y ait pas de technique préparatoire, pas d’éducation efficace, surtout s’il s’agit des plus hauts emplois. […] On a fait remarquer que, si le seigneur vivait mieux que le paysan, il faut surtout entendre par là qu’il était nourri plus abondamment 23. […] On ne l’a pas assez remarqué, parce que la mécanique, par un accident d’aiguillage, a été lancée sur une voie au bout de laquelle étaient le bien-être exagéré et le luxe pour un certain nombre, plutôt que la libération pour tous. […] Remarquons que cette thèse est une pure hypothèse métaphysique, interprétation arbitraire des faits.

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