La raison est qu’en rendant les mots, & même le sens principal, on ne rend pas toujours les idées accessoires, qui forment tout l’art & tout le mérite d’un ouvrage. […] C’est par cette raison principalement qu’on ne lit plus d’Ablancour, réputé si longtemps la perle des traducteurs. […] « Quelle oreille, ajoute l’abbé Desfontaines, insatiable de musique, pourroit écouter, jusqu’au bout, un opéra tout entier sur la même mesure, & dont chaque mesure seroit constamment composée de quatre notes égales. » A l’égard des petites pièces, comme les églogues, les idylles, les élégies, les épigrammes, &c. il convient que cette raison n’est pas valable. […] Une autre raison pour laquelle on manque de bons traducteurs, c’est l’injustice qu’on a de ne pas attacher de la gloire à leur occupation.
Combat de Titan dans lequel les autres hommes n’ont plus rien à voir, car ici toutes les législations défaillent, tous les législateurs manquent d’éloquence et d’autorité, et il n’y a que devant Dieu que puisse capituler un homme qui a prononcé ce grand mot, qui a fait lever du fond des abîmes de son âme cette immense raison : mon honneur ! […] — la guerre pour l’honneur, et l’Église, l’Église, la raison divine sur la terre, blâmait ce luxe de la gloire pour la gloire, trouvait que c’était trop, et, à travers les glaives, étendait sa main. […] L’auteur de la Trêve de Dieu donne ce fait remarquable comme une preuve des extrémités où le royaume était réduit, et en cela il peut avoir raison, mais ce n’est pas, comme il l’ajoute, « une preuve de l’abaissement de la royauté ». […] Il est prodigieux qu’il n’ait absolument rien compris à la grandeur de la féodalité et à son action, manifeste même dans l’établissement de ces Trêves de Dieu qu’Ernest Semichon a raison de regarder comme un progrès.
Mais en un tour de plume et dès les premières pages de son livre, il l’a amnistiée, légitimée, posée triomphalement comme la solution d’une question de droit et d’honneur, — après avoir dit, cependant : « qu’avant la déclaration d’indépendance, l’Amérique était aussi libre qu’après cette déclaration ; qu’il n’y avait pas, même pour motiver l’insurrection, le prétexte d’un joug insupportable à secouer ; que l’état de l’Amérique, colonie anglaise, ne lui laissait rien à désirer, rien à envier, rien à prétendre (pages 103 et 111, Ier vol.) », et, enfin, accumulé, par un procédé de logique qui lui est particulier, toutes les raisons de ne pas conclure… comme il a conclu ! […] Mais parce qu’il y a dans l’Histoire une prise de possession qui a pu devenir une chose puissante, une immense réalité, est-ce une raison pour humilier la notion du droit devant elle ? Est-ce une raison pour que l’Histoire ne la juge pas et ne la caractérise pas comme elle le mérite ? […] Et il a eu raison, ce démocrate, dans l’emploi de ce procédé aristocratique ; car, dans le pays qu’on appelle le plus le pays des institutions, il faut voir, comme partout, avant tout, les hommes.
Ce bonheur-là, je l’ai eu un jour, si on se le rappelle, quand je signalai l’un des premiers, si ce n’est le premier, le livre d’un inconnu (Revelière), intitulé magnifiquement : Les Ruines de la Monarchie française, sous lesquelles, par parenthèse, il pourrait bien rester enseveli… Eh bien, je vais avoir ce bonheur encore en parlant d’un autre livre, non moins substantiel, non moins fort d’observation et de raison que celui de Revelière, et aussi non moins ignoré… Ce livre s’appelle : Les Philosophes et la Philosophie, et il est d’un écrivain à peu près aussi inconnu que Revelière, c’est M. […] ils seront peut-être moins passionnément cruels contre lui que ne le seront et ne doivent l’être les hommes à qui s’adresse plus spécialement aussi le livre superbe de Revelière… La raison de cela ne vient pas du livre. […] Il a intitulé son livre, avec une profondeur peut-être inconsciente, mais qui n’en est pas moins de la profondeur : Les Philosophes et la Philosophie, mettant avec raison les hommes avant la chose, la Philosophie n’étant jamais un Absolu, quoiqu’elle prétende en être un, et n’ayant de valeur, comme tous les empirismes, que par les hommes qui la cultivent ou qui la professent. […] Pour cette raison, l’idée du « sens moral et commun révélé par les lois de notre entendement » que je trouve sous sa plume, je la connais, et puisqu’il s’agit de la vérité, je ne suis pas honteux de dire qu’elle m’épouvante.
Telle est la raison enfin de cette étonnante substitution, pendant un enseignement qui a duré quarante ans, de l’histoire de la philosophie à la philosophie elle-même, et de ce retour de bonhomme fatigué à cette petite maison écossaise du sens commun dont nous étions partis pour faire de si longues caravanes. […] Grâce à des modifications ministérielles, il en était revenu peu de temps après, avec deux raisons pour réussir à son retour. D’abord l’air d’avoir été persécuté, et cette autre raison, non moins excellente dans ce drolatique pays de France, de revenir de quelque part ! […] D’éducation incorrigible, d’impression première plus forte que lui, Cousin est écossais, cartésien, leibnitzien, éclectique enfin, mais antiscientifique, n’ayant point de science philosophique mais une littérature philosophique, et c’est la raison pour laquelle il a une peur bleue de Hegel dès qu’il cesse de l’aimer, ce bel esprit philosophique à l’imagination infidèle !
Nous avons fait partie de cette jeune école qui, dans les dix premières années de la Restauration, ramenée à la foi chrétienne par l’étude des de Maistre, des Bonald et des Frayssinous, succédait, non pas à l’école légère et railleuse de Voltaire, morte déjà depuis longtemps, mais à l’école positive et raisonneuse de l’Empire… Pleine d’amour pour la vérité, mais, après tout, fille de son siècle, et pleine aussi d’admiration pour la science, l’école dont nous parlons accueillait avec respect une foi dont elle sentait la grandeur et les bienfaits, mais elle n’en restait pas moins fidèle à la raison, dont elle comprenait l’autorité… La science était déjà venue en aide aux vérités chrétiennes… Cuvier montrait partout les traces du déluge et l’accord parfait des nouvelles découvertes géologiques avec le récit génésiaque. […] N’avons-nous pas eu raison de dire qu’elle était hardie ? […] voilà qu’il trouve, pour résultat d’une étude faite dans les écrits de nos plus forts manigraphes et de nos physiologistes les plus avancés, la conclusion déconcertante que les anciennes possessions, au sens théologique du mot, se retrouvent trait pour trait au xixe siècle, et que le Moyen Age, dont on s’est tant moqué, a ici, comme en tant d’autres choses, victorieusement raison contre l’Institut. […] Et quand il a encore épuisé ces témoignages il prend les faits eux-mêmes, et ils sont nombreux dans son livre, et il démontre par eux l’intervention de ce « principe surnaturel » qui s’impose de vive force à l’observation la plus supérieure, en raison même de sa supériorité.
La Critique même, qui a le triste devoir de juger les autres, et qui, pour cette raison, est tenue à plus de décence que ceux-là qui n’ont qu’à parler, voudrait taire ce que personne ne tait qu’elle n’en serait pas moins, sans risquer de noms, très bien comprise… Sa réserve, si elle en avait, serait donc inutile ; mais elle n’est pas assez Jocrisse pour garder le secret d’une comédie dont tout le monde se passe le mot. […] Et lorsque je dis perfection, je parle au point de vue du romancier lui-même ; car, pour nous, madame de Warens est jugée, et toutes les femmes comme elle qui, pour une raison ou pour une autre, car elles ne pivotent pas toutes sur la cheville de la pitié, se livrent, dans les bras de leurs amants, aux petites singeries maternelles. […] Si le scandale qui glose a raison (et l’on fait croire qu’il a raison, quand on intitule son livre Elle et Lui, au lieu de Laurent ou Thérèse !
La Critique même, qui a le triste devoir de juger les autres, et qui, pour cette raison, est tenue à plus de décence que ceux-là qui n’ont qu’à parler, voudrait taire ce que personne ne lait, qu’elle n’en serait pas moins, sans risquer de noms, très-bien comprise… Sa réserve, si elle en avait, serait donc inutile, mais elle n’est pas assez Jocrisse pour garder le secret d’une comédie dont tout le monde se passe le mot. […] Et lorsque je dis perfection, je parle au point de vue du romancier lui-même, car, pour nous, Mme de Warens est jugée, et toutes les femmes comme elle, qui, pour une raison ou pour une autre, car elles ne pivotent pas toutes sur la cheville de la pitié, se livrent, dans les bras de leurs amants, aux petites singeries maternelles. […] Si le scandale qui glose a raison (et l’on fait croire qu’il a raison quand on intitule son livre Elle et Lui, au lieu de Laurent ou Thérèse !)
Ou bien, nous avons accepté les principes rationalistes : nous tenons que la raison est par-dessus tout respectable, et que d’ailleurs elle habite dans tous les hommes ; c’est en vertu de ces jugements généraux que nous déclarons juste et bon que les mêmes devoirs leur soient imposés, et les mêmes droits reconnus. […] La métaphysique fonde en raison les prescriptions de la morale. […] Mais, que ces maximes soient fondées en raison ou simplement posées par la conscience, ce qui nous importe ici, c’est l’attitude qu’elles impriment à l’esprit : elle reste distincte de l’attitude de la science. […] Nos préférences fondées ou non en raison, n’ont plus voix au chapitre : c’est avec un esprit méthodiquement désintéressé que nous devons aborder, comme s’il s’agissait de minéraux ou de végétaux quelconques, l’étude des idées égalitaires ; elles ne sont plus pour nous que des produits qu’il faut expliquer, et non estimer.
A ce compte, on peut trouver là une raison de reprendre un sujet déjà traité. […] J’eus beau m’excuser ; les gens de parti n’entendent point raison. […] Guizot ajoute, avec raison, qu’ils annonçaient la tragédie. […] C’est pour cette raison qu’il fut banni de la cour du roi de Castille, Alphonse. […] Aussi Corneille a-t-il eu bien raison de retrancher ces branches gourmandes.
Toutes les recherches sur les raisons dernières des choses, il les renvoie à la philosophie, qui les résout, si elle peut. […] Les dissentiments des économistes n’empêchent point la science de se faire peu à peu, et de détruire par des raisons solides de prétendus axiomes de sens commun. […] Plus tard elle ne contiendra que les spéculations générales de l’esprit humain sur les principes premiers et les raisons dernières de toutes choses. […] Suivant le philosophe allemand, la majeure d’un syllogisme se rapporte à l’entendement, la mineure au jugement, la conclusion à la raison. […] Il ne serait pas plus raisonnable d’abandonner les termes raison, mémoire, volonté, etc., que les mots peu, beaucoup, quelques.
Mais ces îles, quoique en vue les unes des autres, sont séparées par des bras de mer profonds, dans la plupart des cas, plus larges que la Manche ; et il n’y a aucune raison de supposer qu’elles aient jamais été réunies à une période géologique antérieure. […] Nous voyons clairement pour quelles raisons les habitants d’un archipel, quoique spécifiquement distincts sur chacune des îles qui le composent, ont cependant des rapports mutuels de ressemblance, et sont de même en relation, bien que par des affinités moins étroites, avec ceux du continent le plus voisin ou des autres sources d’immigration, qui peuvent lui avoir fourni des colonies. […] Leur grande variabilité de forme et d’aspect est d’ailleurs une conséquence de la loi de spécialisation progressive des organes ; car un être dont toutes les parties remplissent à la fois toutes les fonctions n’a aucune raison pour revêtir une forme déterminée. […] Ici on trouve de fortes raisons pour et contre. […] De sorte que, si la faculté actuelle de variabilité est en raison directe de la somme des variations subies pendant la série totale des temps géologiques, il est de toute évidence que les êtres supérieurs doivent être plus variables que les inférieurs, et d’autant plus qu’ils sont plus élevés.
Elle a raison. […] J’en hasarde une raison. […] Il avait raison. […] Avec raison. […] c’est là une raison.
Y a-t-il donc là, pour les amis et les adorateurs, quelque raison de leur en vouloir, et ne faut-il pas bien plutôt leur en témoigner de la reconnaissance ? […] En vain, quand l’affaire s’entame, essaye-t-il de se justifier, tout en se confessant coupable à demi : elle oppose une vigoureuse duplique à sa réplique ; elle veut en avoir raison une bonne fois. […] Ce duel, où elle a tous les avantages du fond et de la forme, de la raison et de la grâce, menace de temps en temps de se renouveler entre eux. […] Décidément, elle est plus forte que lui, elle a le génie naturel ; il n’est qu’un homme d’infiniment d’esprit, — et de plus elle a raison. […] Il passe d’un extrême à l’autre, et, dans son désarroi comme dans ses rassasiements, le pauvre garçon s’en vient tout conter à sa mère, laquelle raconte tout à sa sœur ; et voilà comme nous sommes informés plus que de raison.
Elle s’empare de vous comme une espèce de dictature, qui fait taire toutes les autorités de l’esprit, de la raison et du sentiment : sous cet asservissement, pendant qu’il dure, les hommes sont moins malheureux que par le libre arbitre qui reste encore aux autres passions ; dans celle-là, la route qu’il faut suivre est commandée comme le but qu’on doit atteindre : les hommes dominés par cette passion sont inébranlables jusques dans le choix de leurs moyens ; ils ne voudraient pas les modifier, même pour arriver plus sûrement à leur objet : les chefs, comme dans toutes les religions, sont plus adroits parce qu’ils sont moins enthousiastes ; mais les disciples se font un article de foi de la route autant que du but. […] Il faut de l’esprit de parti pour lutter efficacement contre un autre esprit de parti contraire, et tout ce que la raison trouve absurde est précisément ce qui doit réussir contre un ennemi qui prendra aussi des mesures absurdes : ce qui est au dernier terme de l’exagération, transporte sur le terrain où il faut combattre, et donne des armes égales à celles de ses adversaires ; mais ce n’est point par calcul que l’esprit de parti prend ainsi des moyens extrêmes, et leur succès n’est point une preuve des lumières de ceux qui les emploient ; il faut que les chefs, comme les soldats, marchent en aveugles pour arriver ; et celui qui raisonnerait l’extravagance, n’aurait jamais à cet égard l’avantage d’un véritable fou. […] C’est sans doute à l’instinct secret de l’empire que doit avoir le vrai sur les événements définitifs, du pouvoir que doit prendre la raison dans les temps calmes, c’est à cet instinct qu’est dû l’horreur des combattants pour les partisans des opinions modérées : les deux factions opposées les considèrent comme leurs plus grands ennemis, comme ceux qui doivent recueillir les avantages de la lutte sans s’être mêlés du combat ; comme ceux, enfin, qui ne peuvent acquérir que des succès durables, alors qu’ils commencent à en obtenir. […] Mais quand la fluctuation des idées ramène les affaires au point juste et possible, la puissance, la considération de l’esprit de parti est finie, le monde se rassoit sur ses bases ; l’opinion publique honore la raison et la vertu ; et cette époque inévitable peut se calculer comme les lois de la nature ; il n’y a point de guerre éternelle, et point de paix cependant sous la dictée des passions, point de repos sans accord, point de calme sans tolérance, point de parti donc qui, lorsqu’il a détruit ses ennemis, puisse satisfaire ses enthousiastes. […] le malheur qu’il cause serait encore possible à supporter, s’il venait uniquement de la perte d’une grande espérance ; mais par quels moyens racheter les sacrifices qu’elle a coûtés, et que devient un homme honnête, alors qu’il se reconnaît coupable d’actions qu’il condamne en recouvrant sa raison ?
Elle « a trouvé dans cette recherche une raison d’être qui remplace toutes les autres ». […] Il dit l’effort de l’homme pour « percer les parois qui séparent sa raison qui ne sait presque rien, de son instinct qui sait tout, mais ne peut se servir de sa science ». […] Et puis il est vraiment trop différent, celui qui comprend : son originalité est une dernière raison de le haïr ou plutôt de fermer les yeux, de refuser de l’apercevoir. […] Ils sentaient peut-être que ce qu’on appelait le style leur manquait et ils prétendaient pourtant, avec quelque raison, à un certain mérite d’expression dont le nom n’existait pas encore. […] Il a peut-être raison : l’écriture la plus aimable se fane vite.
Ce n’est pas tout : la presse, qui multiplie les récits contemporains, et qui est tour à tour esclave ou complice des partis ou des opinions, est un grand obstacle à la connaissance de la vérité, par la raison même qu’elle est un grand moyen pour y parvenir. […] Un autre mot est venu au secours de la métaphysique politique : il n’est pas encore consacré ; il ne peut tarder à l’être, puisqu’il est devenu nécessaire : ce mot est assez mystérieux aussi ; mais, à mesure qu’on l’adoptera, il sera convenu qu’il ne l’est point, et qu’il présente un sens très clair : ce mot, ou plutôt cette locution, est une certaine raison publique. […] D’un autre côté, par la même raison, serons-nous obligés d’admettre que les mœurs doivent aussi rester indépendantes de l’opinion. […] Je n’ignore point tout ce que les idées nouvelles présentent d’opposition au sentiment que je viens d’exprimer ; mais je sais aussi que nulle base de la société ne peut être enlevée sans danger : je sais que lorsqu’une de ces bases vient à manquer, la Providence se hâte toujours de la remplacer ; je sais enfin que ce qui a été, même lorsqu’il n’est plus, est encore la raison de l’existence pour ce qui est. […] Maintenant, éclairés par des expériences de plus d’un genre, et rendus à notre véritable existence sociale, convenons qu’il n’y a qu’un moyen de réunir tous les partis ; c’est de sentir les raisons de tous, de condescendre à toutes les opinions, de ne point s’attaquer mutuellement avec les armes toujours inconvenantes de l’ironie ou du sarcasme, de se mettre à la place de tous les intérêts.
S’il eût rejeté de fausses Anecdotes, choisi des faits plus avérés, ses morceaux d’Histoire pourroient passer pour des modeles ; mais sa Conjuration de Venise, celle des Gracques, l’Histoire de Dom Carlos, sont à présent regardées, avec raison, comme des Romans ingénieux, qui ne renferment de vrai que le nom des Personnages, & quelques faits trop ajustés au tour de sa brillante imagination. […] Nous ne parlons pas des autres Ouvrages de M. de Saint-Réal. ; en exceptant son Traité de la valeur, qui est un chef-d’œuvre de raison & de bon goût, le reste ne vaut pas mieux que son Eloge de Madame de Mazarin, composé plutôt pour la gloire de cette Dame, que pour celle de l’Ecrivain.
Je trouve Zadig et Candide, que nous avons tous lus, messieurs (tous ceux du moins qui ont eu le loisir de lire), deux romans philosophiques qui ont paru à beaucoup de bons esprits les productions d’une raison charmante encore, lors même qu’elle est le plus amère. […] élu du suffrage universel, il est député et membre du Corps qui dans la Constitution est corrélatif au vôtre ; et vous allez, en raison même de ses livres, lui imprimer une note qui le ferait réélire cent fois pour une s’il ne devait pas être réélu sans cela ! […] Nous vivons sous un régime qui a la base la plus large que régime ait jamais eue en France, et qui ne saurait vouloir rétrécir la croissance de la raison moderne dans ses développements les plus légitimes. […] Je ne me laisserai pas entraîner sur un autre terrain où la raison n’est plus libre. […] « Je ne vois donc pour juge compétent que le public, le grand public, tout le monde, ce quelqu’un qui a plus d’esprit que personne et qui a autant d’honneur que qui que ce soit, — un honneur qui n’est pas le point d’honneur et où il entre de la raison.
Tout cela est un poids mort dans la littérature, comme Cyras ou Clélie, et pour les mêmes raisons. […] Il donna des aventures, insoucieux de l’incohérence et de l’extravagance, menant les Yvain, les Erec et les Lancelot de péril en péril, les jetant sans raison dans d’impossibles entreprises dont ils sortaient vainqueurs contre la raison. […] L’amour dispense de toute raison, donne toute vertu, et peut tout l’impossible. […] Chrétien de Troyes avait commencé de raconter l’histoire de Perceval, qui est bien la plus étrange, invraisemblable, incohérente collection d’aventures qu’on puisse voir : tout y arrive sans raison ou contre raison. […] Une autre raison nous rend l’étude de cette littérature intéressante.
Dès qu’il est individuel, il perd les raisons de mourir, et sa plainte dépasse son mérite ou sa misère : tant qu’il reste une abstraction philosophique, il n’est pas vivant, et qu’importe alors qu’il meure ? […] Ou bien il se pose devant lui-même, il prend ses jours de raison pour juger ses jours de folie, et habillant sa fugitive sagesse du costume qui lui sied, il appelle l’oncle Van Buck, bedonnant, grisonnant, positif, à chapitrer l’incorrigible Valentin. […] Toute la vogue de ce dramaturge est venue de son prosaïsme renforcé : les spectateurs réfractaires à la fougue lyrique des pièces romantiques se sont retrouvés dans sa platitude, qui leur a paru la raison même. […] Adrienne Lecouvreur, Une chaîne sont inférieures à Michel et Christine et au Mariage de raison de toute la supériorité de leurs prétentions. […] De 1820 à 1830 il travaille surtout pour le Gymnase Michel et Christine (1880), le Mariage de raison (18’26).
Voilà des injures, et, sous toutes les raisons de famille qui seraient inextricables à débrouiller, il entrait dans sa persécution contre son fils quelque chose de ce sentiment de haute précaution publique et sociale qui lui aurait fait enfermer et coffrer en leur temps, s’il en avait eu le pouvoir, ces mauvais sujets qui s’appelaient Retz ou César. […] En un mot, jamais on n’est parti de plus loin pour aimer un homme. » Mme de Monnier finit pourtant par trouver la vraie raison de la faiblesse avec laquelle elle en vint à écouter M. de Montperreux : « Il est difficile peut-être à une femme aussi jeune, aussi ennuyée, aussi obsédée que je l’étais, de s’entendre dire longtemps qu’elle est aimée sans en être émue. Chaque jour je le paraissais davantage, et M. de Montperreux se crut payé de retour longtemps avant que je le lui eusse appris. » Tout ce récit que Mirabeau met dans la bouche de Sophie, et qui fait le milieu du second Dialogue, est plein de noblesse, de raison, de dignité dans l’aveu d’une faute, d’une demi-faute. […] L’ambition vous appelle et vous séduira… Objections éternelles, et que la raison d’une femme (pour peu qu’elle en ait) fait aisément à son cœur, mais que celui-ci toujours réfute ou étouffe non moins aisément ! […] Enfin, de raison en raison, la marquise, forcée dans tous ses retranchements, cède et ne sait plus qu’opposer.
C’est d’abord parce que je réserve ses fables pour la fin, mais une raison un peu plus sérieuse, un peu plus didactique, du domaine du professeur, c’est que La Fontaine a commencé par des contes. […] Et, pour vous dire une raison plus particulière, vous ne doutez pas qu’il n’y ait quelque chose en moi de surnaturel. […] On a raison ; mais il faut tenir compte des poèmes proprement élégiaques, délibérément élégiaques, qu’il a rimés. […] Ce sont les raisons générales. […] Corneille seul, qui avait ses raisons, a un peu adouci cette rigueur.
Voyez si telle idée conçue il y a trente ans, ne se trouve pas réalisée aujourd’hui ; & jugez de la force de la raison humaine. […] Les grands noms sont toujours de grandes raisons pour les petits génies. […] Le persiflage, ou la mode, pour tout dire(15), remplacera la raison. […] Par une bonne raison ; c’est parce qu’ils ne montrent jamais de passions. […] Le Cordonnier qui rectifia le Peintre, avoit raison sans doute.
Mais il est certain qu’une des raisons (nous ne disons pas la seule raison) qui fait de ce morceau une œuvre sans élévation c’est la préoccupation de ce temps-ci, de ne vouloir reconnaître et de ne reproduire le monde antique qu’à travers André Chénier. […] Mais toute la finesse d’observation possible, toute la philosophie, toute la raison du monde ne sauraient suffire à produire une bonne nouvelle. […] On a pu reprocher avec beaucoup de raison à M. […] Mais ce n’est pas une raison suffisante encore pour le manque de tenue. […] Il a beaucoup aimé André Chénier, et certes, il a eu raison ; mais ce poète charmant trompe aujourd’hui plus de gens qu’il n’en éclaire.
Quand on n’a que de pareilles raisons à apporter, ne vaut-il pas mieux se rendre justice & se taire, que d’ajouter au tort d’avoir mal pensé, le tort de se défendre plus mal encore ? Barbier d’Aucourt ne répondit qu’en plaisantant à cette indécente Diatribe, & le fit, dans la seconde partie des Sentimens de Cléante, avec cette supériorité qui ne s’avilit jamais, & avec une ironie plus piquante que les injures, sur-tout quand la raison lui prête son appui.
Il eût trouvé en Mme de Verdelin plus de raison, moins de vague sentimentalité qu’en Mme d’Houdetot ; mais cela ne l’eût point avancé pour son bonheur, en supposant même qu’il eût permis au bonheur de lui venir. […] mon voisin, que ces gens-là ont raison d’être fâchés qu’on leur parle d’un modèle qu’ils suivent si mal ; mais que je crains leur fureur contre vous ! […] C’est ici que nous avons à citer une fort belle lettre de Rousseau, parfaite de raison, de sagesse ; il oppose les conseils d’une morale juste et saine aux objections un peu trop délicates et raffinées, au bon sens attristé de Mme de Verdelin. […] « Ceci, madame, ne diminue absolument rien de la solidité de vos raisons quant à vos devoirs envers vos enfants. […] Il est donc positif pour moi que, si elle fut sacrifiée à un mariage de raison, ce ne fut pas pour la fortune de M. de Verdelin, mais plutôt par convenance de parenté, chose à laquelle on tenait alors essentiellement.
Et voilà que toutes les raisons pour lesquelles on le hait sont celles qui me font l’aimer. […] Rappelons-nous ce mot de Stendhal : « le beau idéal de la Raison ». […] … Aimons tous les siècles pour des raisons différentes et sans doute, inégales. […] Il n’en faudrait pas moins subir stoïquement cette calamité, si elle nous était imposée par les droits supérieurs de la raison et du goût. […] Il y a eu, pour des raisons qui n’étaient pas toujours littéraires, une véritable ruée contre le romantisme, ce pelé, ce galeux d’où venait tout le mal.
et comme on aurait raison ! […] Daudet a ses raisons de les construire ainsi. […] J’avais raison et cependant je me trompais. […] » Il élevait Bouilhet trop haut, beaucoup trop haut ; mais le mérite qu’il signale, il avait raison de le vanter ; il avait raison de croire, et raison, par conséquent, de dire qu’il est rare ; il avait raison encore, s’il se rendait intérieurement le témoignage, lui, Flaubert, de l’avoir eu. […] Ils ont tort et ils ont raison.
Je les réunis en ce volume pour plusieurs raisons. D’abord une raison pratique. […] À qui n’arrive-t-il pas de vouloir, l’espace d’un instant, une chose absurde, dangereuse ou perverse, sans raison, ou plutôt pour ces deux raisons combinées qu’elle est mauvaise et qu’elle est sans raison ? […] Or la raison qui réserve la critique d’art aux écrivains et la raison qui explique la difficulté de la critique d’art se confondent en une seule. […] Et Amiel a, en bonne logique, raison.
Mais de telles combinaisons sont fort rares, pour plusieurs raisons. […] On a donc raison de dire que la vertu cardinale de l’érudit, c’est la patience. […] Ce pas décisif, il n’a le droit de le faire que pour de bonnes raisons. […] Pour affirmer une proposition il faut des raisons spéciales de la croire vraie. […] On ne fait pas la construction historique avec des documents, pas plus qu’on n’écrit l’histoire avec des manuscrits », et pour la même raison, qui est une raison de temps.
Mais en vain la raison, à l’abri sous leur manteau, se flatta de s’expliquer longtemps par mon organe. […] C’est la sagesse qui s’égaye, c’est la raison même qui se moque, c’est la sévérité qui sourit. […] De quelle raison s’appuie-t-il en commençant ? […] Je pense qu’on ne saurait donner trop de relief aux êtres de raison qu’on veut réaliser en poésie. […] C’est ainsi qu’on maîtrise la raison de ses juges et qu’on les assujettit à ses chimères.
On peut orner la raison, des charmes de l’imagination & de l’esprit ; on peut donner à la morale une tournure piquante, en développer les maximes d’une maniere ingénieuse, sans déroger au génie fabuliste, qui est la simplicité ; on se rend même par-là plus intéressant, sur-tout quand il n’est pas possible d’atteindre un modele inimitable par lui-même. […] L’esprit ne plaît que quand il brille dans son vrai genre, & la chaleur fantastique de quelques-uns de nos Poëtes ne supplée point au défaut de naturel & de fécondité qu’on a raison de leur reprocher.