Mais on a lieu de se consoler en songeant que Fielding sut conserver des principes inaltérables et purs au milieu des occasions sans nombre de corruption et de débauche que sa charge lui offrait tous les jours. […] Pour retrouver de nos jours les traces de cette manière simple et pure, il faut aller chercher en Angleterre Mackenzie et Julia de Roubigné, et en France la prose contenue et arrêtée de Mérimée. […] Le style en est plus pur, plus châtié ; mais la composition tout entière manque d’ordonnance et de logique. […] Et sans doute on ne doit pas s’en étonner : le cœur et l’imagination d’une jeune fille pouvaient sans violence, sans le secours d’un travail factice, s’élever jusqu’au type le plus complet et le plus pur d’un pareil sentiment. […] Le savant impose silence au poète ; l’Évangile n’est plus qu’un beau livre, un roman ingénieux, d’un style pur et châtié ; mais le verset de l’apôtre n’a plus rien d’impérieux.
Corneille, Bossuet, Racine en auraient eu plus souvent si, en s’élevant, ils n’eussent presque toujours emporté avec eux quelques draperies qui voilaient la pure nudité de leur pensée. […] Allons les goûter, lorsque fatigués de nos luttes et de nos plaisirs, nous éprouvons le besoin de respirer un air plus pur et plus fortifiant que celui de nos capitales. […] Lamartine avait trouvé, à côté de Macpherson et de Byron, les sources de la grande poésie et les avait pour ainsi dire canalisées dans la forme pure, élégante, harmonieuse du vers français. […] Vos pieds tendres et purs n’ont point l’âge où l’on marche ; Vos ailes sont d’azur. […] Cette fois c’était l’amour le plus pur qu’il plaçait dans le cœur d’une femme galante.
— Qu’elle est rare à l’état pur. — Eh ! […] C’est l’égoïsme pur et simple. […] Le Dieu personnel, distinct du monde, et qui l’a créé tel qu’il est, est une pure et simple impossibilité. […] Cela me paraît être un pur et simple contresens. […] Son mot était donc une pure impertinence toute gratuite.
Et le poète authentique ne peut pas être un civilisé, mais un barbare qui extériorise sa pure et intégrale sensibilité. […] Et, si dans maintes odes et épopées, figure le laurier rose, ce ne fut pas pour l’éclat de son feuillage, ni pour la frimousse en flamme de sa fleur, mais comme une pure et exacte métaphore de la gloire. […] L’individu n’est jamais pur, seules les fonctions des hommes sont divines, et c’est sur celles-ci qu’il eût fallu insister. […] C’est que ce furent là des cénacles d’art pur, et que le pauvre Lélian, qui demeurera éternellement le Poète du cœur, ne fut point un artiste littéraire. […] C’est là que rayonne son pur front blanc, plein de diaphanes visions et d’architectures subtiles, et que la rare sobriété de ses gestes dénonce à tout homme sensible la précieuse présence d’un Poète béni.
À côté du sombre et énergique tableau rayonnera cette pure fresque évangélique.
l’amour sincère et sans nulle crainte d’être ingénu, l’expression de cet amour franc, net, chaste, — parce qu’il est sincère et pur, puisqu’il est ingénu ; l’accent juste sans plus ; le cri, en quelque sorte, de la passion, le cri non pas tout à fait, le chant vibrant, la note vraie du cœur, — et des sens aussi.
Stéphane Mallarmé « Merci, Monsieur et poète, pour un des premiers très beaux aboutissements de la pensée magique à la poésie intègre et pure que j’ai lus.
Dans l’autre, il ouvre ses yeux au spectacle de la rue, aux misères du peuple, non pas en badaud, en flâneur misanthropique, ni même en pur artiste, mais en homme qui sait voir, comprendre et sentir, cela sans fade sentimentalité ni déclamation oiseuse.
Sa poésie est fraîche et réconfortante comme l’air pur et les sources des montagnes de son pays.
Le Mouël, tout en parlant, comme Brizeux, le français le plus pur, nous donne la sensation de la poésie bretonne aussi complète, aussi intense que s’il parlait bas-breton.
Souchon la trouve tout naturellement, grâce à une langue souple et pure, à des images d’une belle et touchante sérénité.
De tous les Ministres Protestans, de l’autre Siecle, qui ont écrit chez l’Etranger, il est celui dont le style est le plus pur & le plus modéré.
Et ce mot, je ne l’entends pas : Car je suis une faible femme, Je n’ai su qu’aimer et souffrir ; Ma pauvre lyre, c’est mon âme, Et toi seul découvres la flamme D’une lampe qui va mourir… Je suis l’indigente glaneuse Qui d’un peu d’épis oubliés À paré sa gerbe épineuse, Quand ta charité lumineuse Verse du blé pur à mes pieds… Envoyant à M. […] Dans ce monde d’intrigues, de dissimulations, de faux amours et de haines mercenaires, où tout se vend, jusqu’au génie, elle a conservé son génie pur de toute atteinte, sa renommée toujours jeune, et son cœur exempt d’occasions de haïr.
Ce ridicule préjugé est une des plus sensibles peines que rencontre celui qui consacre sa vie à la science pure. […] La vraie science est celle qui n’appartient ni à l’école, ni au salon, mais qui correspond directement à un besoin de l’homme ; celle qui ne porte aucune trace d’institution ou de coutume factice ; celle, en un mot, qui rappelle de plus près les écoles de la Grèce antique, qui, en ceci comme en tout, nous a offert le modèle pur du vrai et du sincère.
Nous avons assez regretté de voir la grimace de la prétention et de l’effort nous gâter la ligne d’un si pur camée. […] Elle entra dans la sphère pure de cette simplicité de femme du monde qui est parfois une simplicité très savante, très profonde, où l’art et le naturel désunis partout, frères ennemis si souvent, se réconcilient et s’embrassent.
Elle avait écrit, comme on cause dans une lettre un livre simple, naturel, passionné, quoique pur (cette chose si rare !), et intéressant pour tout le monde, comme s’il n’avait pas été si pur !
À Venise, l’impassible gueule du lion de bronze recevait aussi bien la dénonciation fausse ou troublée du goujat que le renseignement le plus vrai, tombé des mains les plus élevées et les plus pures de la République. […] C’est un écrivain élégant, pur et coloré, qui, par parenthèse, nous a donné la meilleure traduction qu’il y ait de lord Byron dans notre langue, et qui, si nous en jugeons par sa manière d’écrire, a le sens très développé des choses littéraires.
Mais cette vue, qui lui communiquerait de sa grandeur et l’envelopperait d’innocence, cette vue qui, du moins, serait une excuse à balbutier pour lui devant l’Histoire, on est obligé d’y renoncer dès qu’on étudie sérieusement le règne de ce malheureux prince, dont le pouvoir était construit sur la plus forte et la plus pure notion que les hommes aient eue jamais d’un roi, et qui aurait tout pu, jusqu’au dernier moment, s’il n’avait pas eu, dans le fond du cœur même, le honteux petit grain de sable qui, placé ailleurs, tua Cromwell. […] Il y a la reine en pied et de face, éclairée comme elle ne l’avait jamais été jusque-là, la reine, éblouissante et suave, restituée à ce fond d’éther qu’on avait trouvé le moyen affreux de salir, et sur la lumière bleue duquel ressort bien sa pure et grande physionomie.
Gâté légèrement par tout cela, il n’est pas étonnant qu’il ressente pour la Féodalité un peu de cette aversion qui fait monter le nuage sur ses yeux purs d’historien ; car c’est d’en bas que viennent toutes les nuées ! […] ce n’était pas là du pur brigandage !
car les hommes n’ont pas assez de générosité intellectuelle pour s’incliner devant l’Esprit pur, réduit à sa seule force. […] Vous vous rappelez ce pur et idéal Daniel Darthès, si chevaleresquement amoureux de la princesse de Cadignan, dans les Scènes de la Vie parisienne ?
Si les hommes de son temps, qui ne se gênaient guères, ont respecté ses falbalas, elle s’est du moins frottée à toutes les idées et elle en a eu la poudre d’or — ou la poudre de sable — sur ses grandes ailes de papillon étincelantes et légères et que la vieillesse n’a pas fanées, mais conservées dans son ambre pur. […] Au sein de cette génération qui avait du sang de Faublas dans les veines, ç’avait été une femme pure devenue très franchement une dévote.
C’est dans le high life pur, incompatible, sans aucun mélange, aux habitudes duquel il appartient par sa naissance et ses relations, que Georges-Alfred Lawrence a fait mouvoir les personnages de son livre et concentré ses observations. […] S’il n’est pas poète, comme Lord Byron, par l’instrument, le rhythme, la langue ailée, le charme inouï et mystérieux des mots cadencés qui rendent fous de sensations vives les esprits vraiment organisés pour les vers, il l’est par l’image, le sentiment, le frémissement intérieur qu’il éprouve et qu’il cause, et ces dons immenses doivent un jour en lui s’approfondir et se modifier ; mais pour le moment ils n’y sont point purs et sans écume.
C’est encore la Science qui est cette religion comme elle est tout, puisqu’elle est absolue ; « c’est la lumière de la pensée pure, — comme dit M. […] Vera est un de ces purs miroirs intellectuels.
Je l’ai dit, c’est la faute du sujet, mais rien chez celui qui nous le montre n’irise le rayon de cette perfection, sans tache et sans nuance, comme la lumière pure, pour nous le faire supporter ! […] Exalter l’œuvre éternellement glorieuse de l’Église, un livre enfin dont la doctrine est pure et le sentiment très droit.
Voltaire n’a jamais dit que Jésus-Christ, qu’il se contentait d’appeler l’infâme, fût un fou, en marche vers l’idiotisme pur, et n’en a décrit la folie avec une exécrable volupté. […] Soury, lorsqu’il nous fit l’histoire de Madame Louise de France, la fille de Louis XV, — cette rachitique qui ne l’était pas, — et dont il expliquait, quoiqu’elle fût une adorable femme d’esprit, la sainteté et la bêtise — deux faits, selon lui, congénères, — par le charriage d’un sang immonde et vicié à travers les plus pures veines qui aient jamais étendu leur réseau autour d’un corps virginal… Il procédait par les pustules chimériques de la religieuse Louise de France, pour arriver à la chimérique folie de son divin Maître.
Mais il ajoute : « C’est que la nature n’est qu’un écho de l’esprit, que l’idée est la mère du fait, et qu’elle façonne graduellement et nécessairement le monde à son image. » Et voilà l’étincelle, l’étincelle de l’hégelianisme le plus pur ! […] Eux étaient des matérialistes positifs, qui attaquaient en eux la bête par les cornes, tandis que le baron de Feuchtersleben est le plus pur spiritualiste qui ait jamais existé, peut-être, dans le pays où l’on voyage dans le bleu !
Il ne pouvait pas être uniquement le pur imagier des temps convaincus, et il a écrit son histoire comme on écrit l’histoire en nos époques de critique et de décadence, où la grandeur religieuse devient de plus en plus incompréhensible. […] Ce paysan à la figure de faune, qui avait peut-être la racine de tous les vices contraires à ses vertus, a gardé son terrible tempérament dans l’accomplissement des plus purs dévouements et des plus touchants sacrifices.
Fleuve magnifique et pur dès sa source, il entra aisément et fortement dans l’existence, comme ces fleuves qui roulent sur des pentes et qui n’ont pas besoin de surmonter des résistances pour creuser un lit à leurs eaux. […] Destiné à un bonheur immuable, aux pompes triomphantes et joyeuses de Versailles et de Saint-Germain, Bossuet, cet homme à la vertu robuste, qui ne devait connaître ni nos passions ni nos douleurs, ce cœur vierge qui n’avait soif et convoitise que du salut des âmes, ce front pur à force de hauteur, cet œil d’aigle qui ne voyait que Dieu dans les choses humaines, s’accomplissait alors jusque dans le fond le plus intime de son génie.
Elle peut être toute dans leur manière de les exprimer… Sans doute, l’idéal de la poésie la plus puissante serait la réunion de la vérité la plus pure et de la plus pure beauté, dans un entrelacement sublime ; mais, en réalité, le plus souvent, elles se dédoublent, et la poésie a la vie assez dure, cette immortelle !
Sur le chemin de cette histoire projetée, il a rencontré le sublime bonhomme, pur comme un croisé des premières croisades, net de l’or qui avait taché tant de mains et corrompu jusqu’aux épées, et il a fait avec lui accointance. […] Et cependant l’homme de sac et de corde espagnol, l’aventurier à la diable, avait quelque chose de commun avec le pur Sénéchal, et c’est la foi chrétienne, qu’il n’a jamais perdue !
C’est dans la high life pure, incompatible, sans aucun mélange, aux habitudes de laquelle il appartient par sa naissance et ses relations, que M. […] S’il n’est pas poëte, comme lord Byron, par l’instrument, le rhythme, la langue ailée, le charme inouï et mystérieux des mots cadencés qui rendent fous de sensations vives les esprits vraiment organisés pour les vers, il l’est par l’image, le sentiment, le frémissement intérieur qu’il éprouve et qu’il cause, et ces dons immenses doivent un jour en lui s’approfondir et se modifier ; mais pour le moment ils n’y sont point purs et sans écume.
Quand de telles œuvres sont réservées à l’action de la parole humaine, quand le pur enthousiasme du bien demeure un ressort journalier de réformes sociales, ne craignons pas pour un peuple ni pour une époque le dessèchement des sources de la vie morale : ce n’est point-là ce progrès du calcul matériel et de la force, qui ne prolongerait la durée d’une nation qu’en atrophiant son âme. […] Telle fut la grandeur, le caractère original de ces hymnes que la foi chrétienne, que la pitié, que l’espérance prodiguaient au milieu des misères du monde romain expirant ; telle était cette source de ferveur pure et sublime, cette Aréthuse chrétienne qui ne cessait point d’épandre quelques filets limpides sous les flots de la barbarie.
Des illusions détruites, des efforts trompés, des enthousiasmes éteints faute d’aliments assez purs pour allumer dans les âmes une jeunesse perdue, des envies ignobles te suivant à la trace trop droite et trop haute de tes pensées ! […] Aux temples massifs, disproportionnés, aux sanctuaires mystérieux de l’Égypte et de l’Asie ancienne où se cachent des idoles bizarres et qu’environnent des colosses monstrueux ; aux églises où le Dieu pur esprit plane invisible sous les voûtes élevées, la Grèce oppose les demeures élégantes et joyeuses, tout éclatantes de beauté et de lumière, de ses dieux à figure humaine, comme elle oppose son génie philosophique et moral au génie symbolique et religieux de l’antique Orient et aux mystiques élans de la pensée chrétienne. […] Tout à coup, à travers une de ces déchirures de la brume, j’aperçus comme au-dessus d’un vaste piédestal de nuées, entre ciel et terre, un édifice carré de marbre blanc sur lequel le soleil de l’Attique se répercutait éblouissant, mais mat comme le soleil d’une autre terre ; il laissait lire sans éblouissement les lignes nettes, pures, rectangles de l’édifice ; on aurait compté les colonnes et recomposé les figures et les groupes des frontons. […] XLVII C’était une belle et pure soirée : le soleil dévorant descendait noyé dans une brume violette sur la barre noire et étroite qui forme l’isthme de Corinthe, et frappait de ses derniers faisceaux lumineux les créneaux de l’Acropolis, qui s’arrondissent, comme une couronne de tours, sur la vallée large et ondulée où dort silencieuse l’ombre d’Athènes. […] Ces pensées sont de la nature même de la scène où on les respire : elles sont graves comme ces ruines des temps écoulés, comme ces témoins majestueux du néant de l’humanité ; mais elles sont sereines comme le ciel qui est sur nos têtes, inondées d’une lumière harmonieuse et pure, élevées comme ce piédestal de l’Acropolis, qui semble planer au-dessus de la terre ; résignées et religieuses comme ce monument élevé à une pensée divine, que Dieu a laissé crouler devant lui pour faire place à de plus divines pensées !