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1151. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Pour triompher des difficultés qui se multiplient sous ses pas, il est forcé de pousser la tragédie jusqu’au mélodrame, de violer la vraisemblance, de substituer souvent les aventures au développement des caractères. […] Hugo et de dire qu’Aristophane est aussi hardi que Rabelais et Shakespeare, qu’il a poussé la moquerie aussi loin que la satire et la comédie modernes, M.  […] Lorsqu’il court les aventures, il continue Saverny ; quand la luxure le pousse à la cruauté, il continue Laffemas. […] Il n’est guère possible de présenter sous une forme plus nette et plus précise les souffrances d’un cœur poussé à la colère par la sécurité. […] Une aversion invincible, sur laquelle les historiens ne s’expliquent pas clairement, l’avait poussé à répudier Ingeburge dès le premier jour de son mariage.

1152. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

« Il est une double raison qui doit pousser les Allemands, plus que tous les autres peuples, à ne marchander à Molière ni leur respect, ni leur admiration. […] Merlin, curé de Saint-Eustache, poussé par Mgr Harlay de Champvallon, archevêque de Paris ? […] On a voulu le retoucher depuis, le pousser au noir, atténuer sa couleur ou la surcharger de repeints. […] Nous poussons parfois un peu trop loin le goût des comparaisons et volontiers nous faisons crédit à nos aïeux des passions qui nous agitent. […] Encore un coup, ce n’était pas le goût des discours et le prurit de la langue qui poussaient Molière à parler en public, mais l’âpre besoin d’expliquer ses idées et son but.

1153. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Mais si La Sale s’est abstenu de pousser plus loin ses investigations, il nous a redit ce que les gens du pays lui racontèrent sur le prolongement de la « cave », et c’est la partie de son récit qui a le plus d’intérêt pour nous. […] Mais il y avait à Montemonaco un prêtre, « nommé Don Anton Fumato, c’est-à-dire Messire Antoine Fumé », qui assurait avoir poussé plus loin. […] On serait tenté d’y voir un composé de « bouter » et de « Dieu », et le nom signifierait « celui qui frappe, qui pousse Dieu » ; le breton Boudedeo semblerait venir d’un italien Buttadio. […] disais-je… On serait tenté d’y voir un composé de « bouter » et « Dieu », et ce nom signifierait « celui qui frappe, qui pousse Dieu » ; le breton Boudedeo semblerait venir d’un italien Buttadeo. […] Voto a, dans cette formule, n’a absolument rien à faire avec le verbe botar « pousser, heurter », qui correspond à l’italien buttare.

1154. (1888) Portraits de maîtres

Or c’est dans les Natchez, œuvre d’apprentissage, que se rencontrent toutes les périphrases bizarres, toutes les métaphores étranges et parfois ridicules sur la foi desquelles trop de gens se sont habitués à condamner Chateaubriand sans pousser plus loin leur enquête. […] Le crucifix reste sans doute un chef-d’œuvre, mais où l’on peut contester ce mélange d’inspirations religieuses et d’amoureuses peintures poussé jusqu’à la confusion par les poètes et les romanciers de 1830. […] Il faut à un certain moment avoir poussé le cri d’amour, l’appel à la pitié, pour s’imposer à notre temps : cela fait l’éloge d’une société, par d’autres côtés bien défectueuse, mais meilleure que toutes celles qui l’ont précédée. […] À Paris ont poussé, comme des fleurs entre les pavés, Rutebeuf, Villon, Boileau, Molière, Regnard, Voltaire, et de nos jours Béranger avant Musset et Coppée. […] Il met comme un sculpteur l’empreinte de son pouce Sur leurs fronts rayonnant de la gloire des cieux, Et l’ardente auréole en gerbes d’or y pousse.

1155. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Pour ceux qui les ont poussés à cette lutte, toutes ses colères ; pour eux, l’anathème, l’exécration. […] Le fils de l’académicien se déshonore par un mariage scandaleux où le pousse une cupidité insatiable. […] Voyons ce qu’eût fait la femme vers qui le poussaient son cœur et sa confiance. […] Ils bondissaient dans leur fauteuil, et poussaient des oh ! […] Amour d’hier, notez-le bien, et qui n’a pas poussé encore de profondes racines.

1156. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Le seul Horace chez les Latins nous les représente tous, imités, réduits, condensés pour ainsi dire, avec un art consommé ; mais est-ce la même chose que le fruit cueilli à même de l’arbre, à tous les rameaux du verger, — de ce verger assez semblable à celui d’Alcinoüs, dont le Poëte a dit dans une douceur et une plénitude fondante : « Là, de grands arbres s’étendent sans cesse verdoyants, poiriers et grenadiers, et pommiers brillants de leurs pommes, et figuiers savoureux et oliviers pleins de fraîcheur, desquels jamais le fruit ne périt ni ne fait défaut, hiver ni été, durant toute l’année ; mais toujours, toujours Zéphyre, de son souffle, fait pousser les uns et mûrit les autres : la poire vieillit sur la poire, la pomme sur la pomme et raisin aussi sur raisin, et figue sur figue… » Telle fut, chez les Grecs, l’abondance lyrique première. — La Couronne de Méléagre, dans son cercle un peu réduit, devait en offrir encore le plus parfait et le plus pur assemblage, si l’on en juge par l’âge du recueil, par les noms qui y figuraient et par le goût de finesse et d’élégance dont l’assembleur lui-même a fait preuve dans ses propres vers. […] On en sait peu de chose, sinon ce que lui-même nous apprend dans l’épigramme suivante, qu’il avait composée pour son tombeau : « Ma nourrice est l’île de Tyr ; pour patrie attique j’ai eu la Syrienne Gadare ; fils d’Eucratès, moi, Méléagre, j’ai poussé avec les Muses, et ma première course s’est faite en compagnie des Grâces Ménippées.

1157. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

De même qu’alors chacun, selon le mot du vieil Étienne Pasquier, avait sa maîtresse qu’il célébrait et magnifiait par ses vers, chacun ici avait son auteur qu’il épousait, qu’il poussait de son mieux et faisait valoir avec feu, avec science. […] qu’il y ait eu dans l’ensemble de l’œuvre, et par suite même de cette division à l’infini, bien des noms surfaits, des auteurs enflés et poussés trop haut, je le sais trop bien, et un critique qui est obligé, comme je l’ai été souvent, d’embrasser dans toute son étendue le cadre entier de notre littérature, sent plus vivement qu’un autre ces disproportions, qui choquent moins quand on prend chaque sujet isolément.

1158. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Vers trois mois et demi, à la campagne, on la mettait au grand air sur un tapis dans le jardin ; là, couchée sur le dos ou sur le ventre, pendant des heures entières elle s’agitait des quatre membres et poussait une quantité de cris et d’exclamations variés, mais rien que des voyelles, pas de consonnes ; cela dura, ainsi plusieurs mois. […] S’il nous poussait des ailes, nous tâcherions tout de suite d’aller toucher là-haut les corps aériens ou célestes.

1159. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

La plante humaine, avertie de cette coupe réglée, ne poussera plus pour chercher le soleil ; c’est là le résultat de l’impôt progressif. […] Ils redoutaient le déchirement de la république, et leurs correspondances désespérées ne cessaient de pousser leurs départements au suicide par le fédéralisme.

1160. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il n’a supprimé le hasard, l’aventure, les poussées ingouvernables des événements, qu’à, force d’affirmations téméraires et de grosses approximations. […] Plus audacieusement, suivant le mouvement qui, dans la seconde moitié du siècle, poussait à introduire les procédés de la science dans tous les ordres de la pensée, ce moine a voulu employer les méthodes de l’exégèse contemporaine à démontrer la vérité de la religion ; il a essayé de refaire, dans un esprit opposé, pour une conclusion contraire, l’œuvre de Renan, une Vie de Jésus.

1161. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

l’artiste que la néfaste influence pousse hors son naturel chemin ! […] C’est lui, c’est ce besoin de vie libre, et de génie indépendant qui pousse Walther à enlever Eva, et qui se retrouve plus tard quand Sachs dit au chevalier : « Montrez que le lied n’est pas de moi ».

1162. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Les meurtriers involontaires ou fatalement poussés à leur crime, les désespérés du pardon, les excommuniés de la loi et de la cité, accourent, sanglants et souillés, vers son temple miséricordieux. […] Il y a de la piété filiale dans son parricide ; son père l’excitait du fond du sépulcre, l’Oracle le poussait du haut de l’autel.

1163. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Poussé dès dix-huit ans dans une vie hasardeuse, il eut la soif d’aventures et d’horreur de Pym, des visions nostalgiques de naufrages, de famine, de morne désespoir, « d’une existence de larmes traînée sur quelque rocher gris dans un Océan inconnu. ». Affaibli et humilié par la lutte inutilement poursuivie contre son alcoolisme, sentant à ses périodes de sobriété la ruine tragique de son intelligence, poussé à la fin de sa vie jusqu’au suicide et au délire des persécutions, il put étudier sur sa misérable âme le mécanisme des impulsions funestes, les hallucinations menaçantes, les chancellements et les abattements de la raison malade.

1164. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

L’herbe pousse sur les six marches de la tribune où a parlé Démosthène, le Céramique est un ravin à demi comblé d’une poussière de marbre qui a été le palais de Cécrops, l’Odéon d’Hérode Atticus n’est plus, au pied de l’Acropole, qu’une masure sur laquelle tombe, à de certaines heures, l’ombre incomplète du Parthénon ; le temple de Thésée appartient aux hirondelles, les chèvres broutent sur le Pnyx ; mais l’idée grecque est vivante, mais la Grèce est reine, mais la Grèce est déesse. […] Le théâtre de Salmydessus, qui se transportait tantôt sur la place Dorique, tantôt sur la place Épiphane, était un vaste échafaudage roulant sur cylindres, à la façon de ces tours de bois qu’on poussait contre les tours de pierre des villes assiégées.

1165. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Ceux-mêmes que l’ambition généreuse et une secrète ardeur ont le plus poussé en avant et à se faire connaître n’ont pas toujours assez tenu compte de cette rude condition du grand nombre, qui consiste à lutter de bonne heure, à pâtir, à forcer des difficultés de plus d’un genre.

1166. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Le poëte, par manque de ce tact que j’appellerai grec ou attique, et qui n’est pas moins français, ne recule jamais devant le choquant de l’expression, quand il doit en résulter quelque similitude matérielle plus rigoureuse qu’il pousse à outrance.

1167. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

qu’est-ce que le Japon, et quelle vaine manie d’expédition, sans possessions et sans intérêt, vous pousse à aller bouleverser à coup de boulets français ces fourmilières pacifiques et industrieuses, à la voix de quelques propagandistes agitateurs du monde, qui veulent imposer des mœurs européennes à des peuples qui vivent de dogmes asiatiques ?

1168. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Le second empire a été, pour notre malheur, idéaliste dans sa politique extérieure : dans le gouvernement intérieur, il a capté les égoïsmes, séduit les intérêts, poussé toutes les parties de la nation vers l’exclusive recherche des avantages matériels.

1169. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Lettrés, chauvins, famille, partis, tout le monde nous pousse à défigurer, affadir, embellir les traits de nos écrivains immortels, et nous harcèle, si nous y résistons.

1170. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Mais alors que d’autres se crurent quittes envers l’art et envers eux-mêmes quand ils eurent poussé tel quel le cri arraché à leur chair sanglante par le hasard des heures mauvaises, Leconte de Lisle se haussa toujours jusqu’à une parole d’humanité universelle et voulut que toute glose devint inutile en éliminant de ses poèmes une allusion indiscrète aux événements particuliers qui leur avaient donné naissance, et, comme il refusait fièrement d’avertir et d’apitoyer, on déclara par arrêt sommaire que ses strophes étaient dénuées de sens et indigentes d’émotion.

1171. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Parlant des comédiens antérieurs aux Gelosi, « ils n’hésitaient pas, dit-il, à pousser la vraisemblance jusqu’à faire comparaître sur la scène un homme nu, s’échappant d’un incendie nocturne, ou une femme dépouillée par des brigands, attachée à un arbre par quelques lambeaux d’étoffe, et à produire d’autres spectacles du même genre ou plus indignes encore d’être mis sous les regards de galants hommes14 ».

1172. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

On a varié les moyens, enfin Michelson a poussé la précision jusqu’à ses dernières limites ; rien n’y a fait.

1173. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Quand on le poussait à bout, il levait tous les voiles, et déclarait que la Loi n’avait plus aucune force.

1174. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Péréfixe s’exprime ainsi : Si l’on demande quel démon poussa Ravaillac, l’historien (notez ce mot) répond qu’il n’en sait rien .

1175. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

L’échelle qu’il parcourt est des plus étendues, et comprend toutes les variétés poussées jusqu’au contraste dans le cours d’un même sentiment.

1176. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Toujours est-il que, dans les bons temps, l’art de vivre, comme l’entendent les modernes, n’a été poussé nulle part ailleurs comme à Paris.

1177. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Sarrazinch, quel que soit leur mérite, ne poussent pas à fond l’analyse.

1178. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

L’auteur, à cet égard, a poussé fort loin le scrupule.

1179. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Combler la mesure, faire déborder le vase, exagérer l’horreur du fait du prince, accroître l’écrasement pour révolter l’opprimé, faire rejaillir l’idolâtrie en exécration, pousser les masses à bout, telle semble être sa politique.

1180. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Lorsqu’on leur demande comment le cerveau, qui est un organe matériel, peut produire la pensée, c’est-à-dire un phénomène essentiellement immatériel, ils répondent modestement que le comment des choses nous échappe, que nous ne savons pas plus comment le cerveau pense que nous ne savons comment le soleil attire la terre, comment une bille en pousse une autre.

1181. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Il les appelle auprès de lui : car s’il a élevé la voix assez haut pour être entendu de toute la maison de Pharaon, lorsqu’il a dit, je suis Joseph, ses frères doivent être maintenant les seuls à entendre l’explication qu’il va ajouter à voix basse : ego sum, Joseph, frater vester, quem vendidistis in Ægyptum  : c’est la délicatesse, la générosité et la simplicité poussées au plus haut degré.

1182. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Ainsi, il y a certains courants d’opinion qui nous poussent, avec une intensité inégale, suivant les temps et les pays, l’un au mariage, par exemple, un autre au suicide ou à une natalité plus ou moins forte, etc.

1183. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

tes ailes, la Décentralisation les couperait, si toutefois elle leur permettait de pousser.

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