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703. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Nattier »

Rien de cela, mais à la place, une coiffure de tête élégante, un ajustement recherché, toute l’afféterie d’une femme du monde à sa toilette, et des yeux pleins de volupté, pour ne rien dire de plus.

704. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

(Elles ne sont pas à leur place, elles ne sont pas dans l’ordre.) […] — à la Colonne. —  de la place Vendôme […] Il se place en Abraham. […] Vais-je mettre à la place, à votre place un faux-nom, en somme, un nom feint, un pseudonyme. […] Ils voudraient bien être à votre place.

705. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

— Quant aux veneurs, ce sont simples machines, et s’ils osent prétendre à quelque mérite, une raillerie brutale les remet à leur place. […] Il réclame contre cet abus en théoricien spiritualiste : la grosseur et l’étalage ne font pas le mérite ; l’animal raisonnable ne vaut point « par la place qu’il occupe », mais par l’esprit qu’il a. […] Mais l’homme du tiers, qui n’a rien, qui n’est rien, et ne parvient qu’à force de labeur, reçoit en naissant un joug qui courbe sa pensée vers les soucis d’argent et de place, qui devient une partie de lui-même, et qu’il garde par habitude, lors même qu’il a gagné le droit de s’en délivrer. […] Dans la retraite de Russie, le bonheur suprême était d’avoir une botte de paille, une place au feu et un verre d’eau-de-vie. […] Plus l’écrivain approche de ces conceptions, plus sa place est haute.

706. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Entre cette raison d’un côté et cette indulgence de l’autre, quelle place pouvait-il y avoir que pour l’estime réciproque et la mutuelle amitié ? […] Il sait la place du mot et du sentiment, et les chiffrerait au besoin. […] Kitty Bell, s’élance de sa place. […] Il y a tel mot qui peut aller jusqu’à un schelling ; la pensée n’a pas cours sur la place. […] je ne tiens aucune place dans aucun rang.

707. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Ces administrateurs de la poésie officielle eurent bien vite le pressentiment du talent futur de ce jeune homme ; ils songèrent à l’accaparer pour le parti du gouvernement par une de ces petites places qui soldent mal, mais qui enrégimentent souvent pour toujours le génie indigent. […] « D’un globe étroit divisez mieux l’espace : « Chacun de vous aura place au soleil. […] Ils sapent l’édifice que nous avons construit ensemble, et, quand ils auront réussi, il n’y aura plus de place pour personne. […] — « Encore un mot, lui dis-je, puisque vous voilà, et que vous êtes un des oracles de ce peuple. — Qu’auriez-vous fait à ma place le 24 février, dans ce grand sauvetage d’une nation sous laquelle sombrait votre royauté de Juillet ? […] En traversant la chambre vide de Judith, quelques jours après sa mort, je fus étonné et attendri de voir un chapelet encore suspendu à un clou contre la muraille, à la place où avait été son lit ; tout auprès, un petit portrait de Béranger jeune était suspendu à un autre clou.

708. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Mon imagination échauffée place à l’entrée de cette caverne une jeune fille qui en sort avec un jeune homme ; elle a couvert ses yeux de sa main libre, comme si elle craignait de revoir la lumière, et de rencontrer les regards du jeune homme. […] C’est que tout y est enchaîné, à sa place, et qu’il n’y a pas un seul être qui n’ait dans sa position, sa production, son effet, une raison suffisante, ignorée ou connue ? […] Si toutes les forces qui animaient chacune des molécules qui formait celui qui nous a envelopés étaient données, un géomètre vous démontrerait que celle qui est engagée entre votre œil et sa paupière est précisément à sa place. […] Place aussi son chien à côté de lui. […] L’esprit philosophique amène le style sententieux et sec ; les expressions abstraites qui renferment un grand nombre de phénomènes se multiplient et prennent la place des expressions figurées.

709. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Dans une excellente étude sur le roman-poème publiée dans la France intellectuelle, il place M.  […] L’auteur des Mémoires d’un Centaure se trouve entre ces deux remarquables écrivains à sa vraie place, mais ce n’est point pour reprendre l’analyse de M.  […] C’est à ce moment que se place l’admirable épisode de la mort d’Ellora. […] Ces lois sont extérieures au poète, comme on a pensé que les lois de la science sont extérieures au mouvement. » Si j’en avais la place, je démontrerais cette affirmation surabondamment en l’éclaircissant. […] Il est un troisième mode d’expression moins connu, mais qui n’en a pas moins une valeur considérable, et qui, sans doute, prendra de plus en plus une place prépondérante dans le théâtre de l’avenir.

710. (1925) Portraits et souvenirs

Elle ne pouvait que garder la haute place qu’elle occupait dans l’admiration des lettrés. […] Aussi, parmi la marée de livres qui encombrent mon cabinet de travail, je fais toujours aux livres de vers une place à part. […] Il y était fort à sa place, car Moréas a mêlé à ses « réflexions » de nombreuses citations. […] Moréas occupe une très haute place dans la poésie contemporaine et son œuvre en résume quelques-unes des aspirations les plus profondes. […] Ne devais-je pas à l’Enchanteresse d’aller saluer sur la Place Saint-Marc son Campanile restauré ?

711. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Une fois la brèche faite, c’était avec des œuvres originales que l’on comptait bien entrer et se loger au cœur de la place. […] Le principe de liberté céda la place au principe d’autorité, et l’émancipation individuelle dut être ajournée à des temps meilleurs. […] La raison de cette rapide décadence, est que dans ses poésies il n’accorda aucune place à la pensée. […] À dater de ce jour la brèche ^lit pratiquée, la place était prise. […] C’était l’idée sociale qui commençait à gronder dans la littérature, avant de se faire place dans la presse, à, la tribune et sur la place publique.

712. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

En voici un qui ne serait certes pas condamné, mais dont la place pourrait bien être aux limbes. […] La place que les femmes doivent occuper parmi nous est encore vide, et elle est assez belle pour que celles-ci doivent chercher à s’en rendre dignes. […] Dieu me garde de contester la place que mon pays occupe parmi les nations ! […] Cette exposition, dont on a fort peu parlé, mérite pourtant de prendre sa place parmi les événements du mois. […] À ce compte-là, où l’auteur trouve-t-il place pour ce progrès dont les brutalités, dit-il, s’appellent des révolutions ?

713. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Les romans de Feuillet pourront donc quelque temps encore n’être pas mis à leur véritable place, et jugés au-dessous de leur valeur. […] qu’ils se dressent là, sur nos places publiques, en objet d’émulation à ceux qui viendront après eux ? […] La place nous manque aujourd’hui pour les discuter à notre tour. […] Élevons donc des statues sur nos places publiques, mais choisissons ceux à qui nous les élevons. […] « C’est par le prophétisme qu’Israël occupe une place à part dans l’histoire du monde.

714. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Les flaques de la place Dauphine furent rouges de sang. […] Leurs places ? […] Car ces places sont malaisées à tenir, peu rétribuées (surtout dans l’enseignement supérieur) et, par conséquent, peu offrables. […] L’envie égalitaire est presque désarmée : il y a beaucoup de places pour les petites ambitions et les mérites moyens, et il n’y a presque aucune place pour les grandes ambitions, les grands mérites. […] , une place du gouvernement (c’est tout à fait ça !)

715. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Les idées les plus absurdes trouvaient place dans ces sortes de poëmes dramatiques. […] qui te fait si hardi D’entrer en cette place ? […] On ne vit plus un temple là où il fallait un salon ; un cabinet à où il fallait un vestibule ou une place publique. […] Des huées, des murmures s’élevèrent de toutes les parties de la salle, et tout le monde sembla s’entendre pour demander à la place la tragédie de Corneille. […] Malgré les occupations que lui donnait cette dernière place, Gilbert travailla toujours avec la plus louable ardeur pour le Théâtre.

716. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 100

Après tout, on peut se dispenser d’exiger des hommes en place des choses belles & agréables ; ils sont obligés d’en faire de bonnes & d’utiles ; & M.

717. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 400

Deux de ses Pastorales, chacune en cinq actes, & un Poëme sur l’Art de plaire, à l’imitation de l’Art d’aimer d’Ovide, ne peuvent trouver place que dans les Bibliotheques où l’on se pique de tout conserver.

718. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 170

Ce n’est pas non plus parce que Barbou leur a donné une place dans sa belle Collection à côté de ceux du P.

719. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Il y a dans ses écrits une grande diffusion de talent, si je puis dire ; le talent, comme un air vif et subtil, y est disséminé partout, et ne s’y réfléchit guère avec splendeur et couleur à aucun endroit en particulier ; il craint de paraître viser à l’effet, il se méfie de l’emphase ; c’est tout au plus si par places il se permet des portraits proprement dits, tels que ceux du roi de Prusse Frédéric-Guillaume et de l’empereur Alexandre (pages 424-457), et encore il les fait alors, beaucoup plus fins et-spirituels que saillants et colorés. […] Selon lui, en effet, dans le récit des plus circonstanciés qu’il nous offre des dispositions des puissances à ce congrès et des phases diverses par lesquelles on passa successivement, M. de Talleyrand, qui eut l’art et le mérite, dès le premier jour, de s’y faire une place digne de la France, n’aurait point été également habile à profiter de la situation qu’il s’y était faite ; il aurait dû tenter d’autres alliances que celles qu’il pratiqua, se rapprocher de la Russie et de la Prusse plutôt que de se lier avec l’Angleterre et avec l’Autriche.

720. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Au milieu de tout ce qu’on croit avoir obtenu de résultats louables en ce sens, la critique à proprement parler, on l’avoue, n’a pas toujours eu assez de place ni de suite. […] Par instinct de cette situation diffuse, et pour y porter remède, j’ai de bonne heure désiré que, parmi nos poëtes de talent, il s’élevât, je l’avoue, une sorte de dictature ; que les deux plus grands, par exemple, et que chacun nomme, prissent le sceptre par les œuvres et, sans avoir l’air de rien régenter, remissent chaque chose à sa place par de beaux modèles.

721. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Depuis Cicéron et Sénèque, depuis Épictète et Sénèque on n’avait jamais écrit sur l’homme avec autant d’ampleur et de précision : ce que l’esprit français enrichi par l’éducation classique fera excellemment, la description des traits généraux de l’homme moral, je le trouve dans Calvin, qui se place ainsi aux sources mêmes du génie classique. […] Les explications dogmatiques et interprétations de l’Écriture tiennent une grande place chez lui, ainsi que la controverse : mais la morale est toujours le but et la conséquence.

722. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Comme un homme, au milieu d’une fête, qui boit dans une coupe ciselée, debout, à la première place, parmi les applaudissements et les fanfares, les yeux riants, la joie au fond du cœur, échauffé et vivifié par le vin généreux qui descend dans sa poitrine et que subitement on voit pâlir ; il y avait du poison au fond de la coupe ; il tombe et râle ; ses pieds convulsifs battent les tapis de soie, et tous les convives effarés regardent. […] Alexandre Dumas fils Il a pris la place qui lui était due dans la postérité, entre Horace et

723. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Henry Bauër Hier, sur la scène de la Porte-Saint-Martin, devant le public transporté d’enthousiasme, un grand poète héroï-comique a pris sa place dans la littérature dramatique contemporaine, et cette place n’est pas seulement l’une des premières parmi les princes du verbe lyrique, sentimental et fantaisiste, c’est la première.

724. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Il y a toujours place chez lui pour une pointe de bonne humeur. […] Chacun sent les bacilles de la phtisie, de la congestion pulmonaire voltiger autour de lui, comme les mouches autour d’un bétail, cherchant la place où se poser.

725. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

» Incident piquant si l’on songe que le Symbolisme est déjà en route pour s’installer triomphalement au foyer de Heredia et plus piquant encore s’il était permis de supposer que la belle ennemie éphémère des symbolistes ne fût autre que la future Madame Henri de Régnier, elle-même écrivain de grand talent et qui s’est fait une place enviée dans les lettres sous le nom de Gérard d’Houville. […] Édouard Dubus place sous le patronage de Louise Michel ses conférences sur l’esthétique nouvelle.

726. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Les ordres de l’état, les dignités, les places, l’argent, on prend tout, on veut tout, on pille tout. […] Cela dépend du lieu où l’on se place.

727. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Leurs écoles devinrent désertes ; & bientôt eux-mêmes lui cédèrent leurs places & leurs droits. […] Cet homme d’un sens droit & naturel, d’une charité rare, digne en tout de la place qu’il occupoit, fit à son hôte l’accueil convenable à son grand mérite.

728. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Cela devient nécessaire partout, mais cela est surtout profitable quand il s’agit — comme ici, par exemple, — de nations lointaines et stationnaires, que le temps agite et ronge sur place, tout en ayant l’air de les conserver. […] Pour que toujours, à toute époque, les choses se soient passées ainsi, ne faut-il pas qu’il y ait dans cette Chine, dont c’est là l’éternelle histoire, des faits d’un ordre providentiel, mystérieux et terrible, peu aperçus du commun des historiens, mais pourtant comme il s’en rencontre à certaines places dans les annales du genre humain… Pour les peuples, ainsi que pour les hommes, la grâce méprisée — longtemps et obstinément méprisée produit l’endurcissement, l’aveuglement, l’impénitence.

729. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Sur ses feuilles héraldiques il y a place pour la rature, quand on a la main assez juste et assez ferme pour l’y tracer. […] Catalogués et numérotés par leur date d’admission à l’Académie française, tous ces esprits, qui, dans les lettres, expriment ce que Napoléon appelait de la chair à canon dans la guerre, et forment, pour ainsi parler, l’humus d’une littérature, comme la masse des soldats tués forme celui des champs de bataille, tous ces esprits n’auraient pas l’honneur de la place qu’ils occupent au petit soleil du livre de Livet s’il s’agissait individuellement d’eux, au lieu du corps dont ils ont fait partie.

730. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Il ne craint pas d’appeler tout ce vaste, impétueux et puissant seizième siècle qui expire, « une littérature de transition », D’instinct et de choix, il place Malherbe, ce Richelieu littéraire, au-dessus de tout, même de Régnier, à qui il ne pardonne pas d’être le neveu de Desportes par le talent comme par le sang. […] Malherbe, Vaugelas, le Cardinal de Richelieu, ces grands hommes d’État littéraires, ces Hercules qui ont balayé la place pour que le grand Corneille pût passer, et Louis XIV et tout son siècle, ces hommes qu’on pourrait appeler plus glorieusement que Pitt les Ministres des préparatifs, car ils préparèrent le dix-septième siècle en l’ouvrant, voilà les personnalités les mieux comprises de M. 

731. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Les Grecs — peuple tout extérieur — n’ont point laissé de mémoires, et leur individualité, qui ressemble à leurs statues, ne se voit qu’à la place publique et sous les draperies d’un art et d’un mensonge qui ne les abandonnent jamais. […] On s’étonne qu’on puisse les relever chez une nation qui a des esprits sur place et argent comptant de la force de Rivarol, de Chamfort, de Voltaire, de Fontenelle, du prince de Ligne et de madame de Staël.

732. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

II Entendue de cette façon, l’Histoire de Louis-Philippe et de l’Orléanisme est un pamphlet, je le veux bien, ou même un libelle, si vous l’aimez mieux ; mais c’est un libelle sans calomnie, un pamphlet expurgé de mensonge, dans lequel je trouve non seulement de la vérité, mais jusqu’à de la coquetterie de vérité, à certaines places. Et, pamphlet ou libelle alors, un pareil livre doit prendre, sous l’examen et les réserves de la Critique, la place qu’on eût bien voulu lui ôter et dont il est digne, parmi ces compositions graves et consciencieuses qu’il est convenu d’appeler de l’Histoire.

733. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Mahomet fonda une religion, et à dix places dans le Coran il parla avec respect de Jésus-Christ et de sa Mère. […] Gibbon, moins spirituel, lourd cockney qui se croyait fin, Gibbon, qui achevait son Histoire, en Suisse, parla de Mahomet comme d’un marchand de vulnéraire… suisse, et il lui prêta des miracles, à lui qui a vingt places dans le Coran dit que Dieu lui a refusé le don d’en faire, et des miracles ridicules encore, comme, par exemple, de faire descendre la lune par le col de sa robe, pour l’en faire sortir par la manche !

734. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Partout, à toutes les places de son poème, le poète de Mirèio ressemble à quelque beau lutteur qui garderait, comme un jeune Dieu, sur ses muscles, lustrés par la lutte, des reflets d’aurore. […] Mistral n’a pas faite et a quelle place commence la sienne.

735. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Il fut président et trésorier de France à Poitiers, et de plus orateur, poète, jurisconsulte, historien, servit sous quatre rois, fut sur le point d’être secrétaire d’État sous Henri III, mérita l’estime et l’amitié de Henri IV, se distingua aux États de Blois par son courage, à l’assemblée des notables de Rouen par ses lumières, dans une place d’intendant des finances par son intégrité ; et mêla toute sa vie l’activité courageuse des affaires, à ce goût des lettres que l’ignorance et quelquefois la prévention calomnient, que les vrais hommes d’état estiment, et qui donne encore plus de ressort et d’intrépidité aux âmes nobles. […] Enfin des hommes qui honoraient de grandes places par de grandes lumières, tels que le cardinal d’Ossat et le président Brisson ; et ce Harlay, intrépide soutien des lois parmi les crimes79 ; et ce L’Hôpital, poète, jurisconsulte, législateur et grand homme, qui empêcha en France le fléau de l’inquisition, qui parlait d’humanité à Catherine de Médicis, et d’amour des peuples à Charles IX ; qui fut exclu du conseil, parce qu’il combattait l’injustice ; qui sacrifia sa dignité, parce qu’il ne pouvait plus être utile ; qui, à la Saint-Barthélemi, vit presque les poignards des assassins levés sur lui, et à qui d’autres satellites étant venus annoncer que la cour lui pardonnait : « Je ne croyais pas, dit-il d’un air calme, avoir rien fait dans ma vie qui méritât un pardon. » Voilà les noms les plus célèbres que l’on trouve dans les éloges de Sainte-Marthe.

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