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1125. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Or, à ce moment, le français paraissait aussi pauvre en termes abstraits que le latin classique, tandis que le latin du moyen âge, enrichi de toute la terminologie scolastique6, était devenu apte à exprimer, avec la dernière subtilité, toutes les idées ; ce latin médiéval a versé dans le français toutes ses abstractions ; la philosophie et toutes les sciences adjacentes s’écrivent toujours dans la langue de Raymond Lulle.

1126. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

jamais la philosophie s’exprima-t-elle avec autant d’indépendance ?

1127. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

La philosophie peut remplir ses pages de paroles magnifiques, mais nous doutons que les infortunés viennent jamais suspendre leurs vêtements à son temple.

1128. (1885) L’Art romantique

C’est la philosophie (je parle de la bonne), c’est la religion qui nous ordonne de nourrir des parents pauvres et infirmes. […] Chenavard a bien choisi son moment pour exhiber son système de philosophie historique, exprimé par le crayon). […] Ledru-Rollin — trouble général des esprits, et vive préoccupation publique relativement à la philosophie de l’histoire.) […] Puissent la religion et la philosophie venir un jour, comme forcées par le cri d’un désespéré ! […] Encore la philosophie ne leur apparaîtra-t-elle d’abord que comme un jeu intéressant, une gymnastique agréable, une escrime dans le vide.

1129. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

On est au courant de la pensée moderne, les cerveaux sont pénétrés de la philosophie panthéiste. […] Croit-on donc que ce soit avec cette philosophie de l’ancien régime que la pensée française sera régénérée. […] Car, c’est l’un des principes essentiels de la philosophie moniste et matérialiste que tout se tient dans la nature, que les effets sont inséparables des causes, que tout est pétri de la même substance. […] Toujours les mêmes empreintes révélatrices, poissant les pages dites « pornographiques » tranchant sur la blancheur à peu près vierge des belles pages synthétiques ramenant à la même philosophie naturelle. […] Le Naturisme, philosophie panthéiste et matérialiste, — et les visions d’Art en découlant, — après l’avoir formée lentement en chacun de nous.

1130. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il achevait sa philosophie à Abbeville en 1834, et faisait un premier voyage à Paris dans l’été de cette même année, pour y prendre son grade de bachelier-ès-lettres. […] De jour en jour, d’ailleurs, j’ai moins la peur d’être détrompé, et ma philosophie se fait toute seule. […] La beauté dans l’art, la moralité en politique, l’idéalisme en philosophie, l’affection au foyer…, il n’y a rien après.

1131. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Commynes : sa vie : son caractère, son intelligence ; les idées directrices de Commynes ; sa philosophie. […] Puis il s’est élevé plus haut : et sa vaste expérience concourant avec sa chrétienne persuasion l’a conduit à une grande généralisation, qui est à vrai dire toute une philosophie de l’histoire. […] Commynes est donc un grand esprit : goût pour les idées, goût pour les considérations abstraites et générales, psychologie pénétrante, essai d’une philosophie de l’histoire, voilà bien des caractères qui le recommandent à notre estime.

1132. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Victor Hugo a non seulement composé un grand nombre de magnifiques odes, mais on peut dire qu’il a créé l’ode moderne ; cette ode, d’où il a banni les faux ornements, les froides exclamations, l’enthousiasme symétrique, et où il fait entrer, comme dans un moule sonore, tous les secrets du cœur, tous les rêves de l’imagination, et toutes les sublimités de la philosophie. […] Résumons-nous : la physionomie littéraire de la France actuelle est caractérisée par trois grands traits : l’histoire, la philosophie, la haute poésie ; les premiers talents de prose et de vers de l’époque sont renfermés dans cette triple et large barrière ; et ces trois objets occupent presqu’exclusivement l’intérêt et la curiosité d’une jeunesse avide d’instruction et d’émotions. […] Quelque fertile que soit son esprit, quelque ingénieuse que soit son érudition, quelque prodigieuse variété qu’il jette dans ses leçons, par la comparaison toujours neuve et utile de notre éloquence nationale avec les éloquences étrangères, il n’en est pas moins vrai que l’histoire et la philosophie le pressent de toutes parts, et qu’il lui faut à tout moment, pour développer ses propres forces, entrer dans le domaine de ses deux collègues ; ce qui est un désavantage pour tous les trois et un sujet d’hésitation pour l’auditoire.

1133. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

À quelques exceptions près, dont Montesquieu est le plus illustre exemple, l’ancienne philosophie de l’histoire s’est uniquement attachée à découvrir le sens général dans lequel s’oriente l’humanité, sans chercher à relier les phases de cette évolution à aucune condition concomitante. Quelque grands services que Comte ait rendus à la philosophie sociale, les termes dans lesquels il pose le problème sociologique ne diffèrent pas des précédents. […] Nous ne voudrions pas soulever ici des questions de philosophie générale qui ne seraient pas à leur place.

1134. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Il a tout d’abord un retour de plaisir sur la bonté de la nature qui, ayant pu aussi bien le faire naître esclave, sauvage ou paysan, a placé son berceau dans un pays libre et civilisé, à une époque de science et de philosophie, au sein d’une famille d’un rang honorable et convenablement partagée des dons de la fortune. […] Vers ce temps, comme s’il sentait qu’il doit commencer à se réconcilier avec l’idiome natal et à se diriger vers le but où l’appelle son secret talent, il se remet à lire les auteurs anglais, et surtout les plus récents, ceux qui, ayant écrit depuis la révolution de 1688, unissent à la pureté du langage un esprit de raison et d’indépendance, Swift, Addison ; puis, lorsqu’il en vient aux historiens, il est beau d’entendre avec quelle révérence il parle de Robertson et de Hume auxquels on l’adjoindra un jour : La parfaite composition, le nerveux langage, les habiles périodes du docteur Robertson m’enflammaient jusqu’à me donner l’ambitieuse espérance que je pourrais un jour marcher sur ses traces : la tranquille philosophie, les inimitables beautés négligées de son ami et rival, me forçaient souvent de fermer le volume avec une sensation mêlée de plaisir exquis et de désespoir.

1135. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Point de suite, point d’imagination ; une philosophie froide et déplacée ; un berger et une bergère qui reviennent à tous moments ; des apostrophes sans cesse, tantôt au bon Dieu, tantôt à Bacchus ; les impurs et les usages d’aucun pays. […] Celui-ci a certes de la joie, de la vivacité, des saillies à plaisir, et, en fait de philosophie, point de parti pris ; il est resté pour nous, dans certains morceaux, plus agréable que Saint-Lambert.

1136. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Nisard a rendu témoignage pour les lettres, M. l’abbé Noirot pour la philosophie. […] Qu’il ne se hâte pas de répudier cette belle méthode, ce beau langage, qui ont fait de la chimie française une école de logique pratique, en même temps qu’elle est l’interprète le plus sûr de la philosophie naturelle, le moyen d’analyse le plus puissant dans la discussion des procédés des arts !

1137. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Il sait à fond les langues, anciennes, les langues modernes, les philosophies et les littératures ; il a la clef de tous les styles. […] En religion, en philosophie, en politique, dans l’art, dans la morale, chacun de nous doit s’inventer ou se choisir un système : invention laborieuse, choix douloureux… La vie n’est plus un salon où l’on cause, mais un laboratoire où l’on pense.

1138. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Il envahissait l’histoire, il augmentait et agrandissait la religion, il égayait et ornait la philosophie. […] Si l’on pouvait voir dans une sorte d’aquarium la formation et le progrès de la fable de Psyché à ses divers états d’éclosion et de croissance, je me persuade que l’on reconnaîtrait que cela a commencé bien simplement, par un conte qui s’est grossi peu à peu, mais que ni la philosophie ni la théologie n’ont présidé à l’heureuse venue du germe ; ç’a été, si j’ose ainsi parler en naturaliste, un globule, une cellule qui a prêté au développement et qui a réussi.

1139. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Philosophie, musique, roman, comédie, peinture, médecine, amours, luxe et misère, noblesse et roture, tout cela vit ensemble, rit ensemble ; et quand ces intelligences barbues et ces plâtres vivants habillés de satin sont partis, il reste ici pendant deux jours une odeur de punch, de cigare, de patchouli et de paradoxe, à asphyxier les bourgeois. […] Mais n’insistons pas trop sur cette philosophie amère qui n’est pas une habitude, qui n’est qu’une extrémité de la pensée dernière de Gavarni, et revenons avec lui à de plus amusantes satires.

1140. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Et ceux qui y apportaient une philosophie élevée de l’art comme Vitet, et ceux qui y introduisaient une psychologie ingénieuse comme Peisse, ne cessaient de voir et de comparer. […] La fête de la nature autour d’une tombe qui s’ouvre a aussi sa philosophie vraie : c’est celle du poète qui sait qu’il chante sous la feuillée comme l’oiseau et qu’il n’a à lui que quelques printemps.

1141. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Hasard, Hasard, si l’on veut rester vrai, on ne fera jamais ta part assez grande, ni l’on ne donnera jamais les coups de canif assez profonds dans toute philosophie de l’histoire. […] C’est ainsi, à la rigueur, que Pline le Jeune et Tacite, se trouvant pour quelque temps ensemble dans la villa du lac de Côme ou en cette maison de Laurentinum qui nous a été si bien décrite, auraient pu, pendant quelques semaines, faire assaut et gageure de philosophie et de morale.

1142. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Cousin a très-bien remarqué, dans sa préface du Sic et non, que le propre de la renaissance du xiie  siècle avait été, pour la philosophie, d’être excitée déjà suffisamment, et non opprimée encore, comme le xvie , par l’antiquité. […] L’école catholique allemande se fonda successivement dans la philosophie, la poésie, la peinture.

1143. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

C’est d’abord à propos de l’amour, de l’amitié, que ce goût s’exerce : puis la philosophie inonde les esprits ; à la place de l’amour de Dieu, elle met l’amour de l’humanité ; à la place de la nature corrompue, elle offre la nature toute bonne. […] Fontaine, le Théâtre et la philosophie au xviiie  siècle ; A.

1144. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

La Grèce, toujours renfermée en elle-même, et uniquement attentive à ses querelles de petites villes, a eu des historiens admirables ; mais avant l’époque romaine, on chercherait vainement chez elle un système général de philosophie de l’histoire, embrassant toute l’humanité. […] Mais une telle doctrine, sortie de la philosophie grecque, n’était pas dans les traditions de l’esprit juif.

1145. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Mme Du Deffand eut cela de particulier du moins, entre les esprits forts de son siècle, de n’y point mettre de bravade, de sentir que la philosophie qu’on affiche cesse d’être de la philosophie, et elle se contenta de rester en parfaite sincérité avec elle-même.

1146. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

En philosophie, un jour que son professeur le fit taire, il se leva et sortit de la classe, suivi d’un camarade appelé Beaurain qui était en tout son second. […] Ce qu’avait fait Descartes en philosophie, d’autres le faisaient dans l’ordre des lettres ; et ces hommes d’un goût léger et scabreux, mais hardi, Perrault, Fontenelle, y concouraient vivement à leur manière.

1147. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Il était impossible qu’une conversation dont elle était tombât dans le nul ou dans le commun ; toujours elle la relevait par une saillie, une gaieté, un trait d’ironie ou de satire, ou même un mot d’une douce philosophie. […] Et encore, bien souvent, elle n’y songeait pas ; elle acceptait le présent avec émulation, avec philosophie, et les plus jolis vers qu’on a d’elle sont ceux qu’elle a faits sur Le Bonheur d’être vieille.

1148. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

L’évêque de Marseille, qui avait été si admirable pendant la peste, le vertueux Belsunce, n’aimait point les doctrines théologiques et à demi jansénistes qu’on supposait à l’Oratoire ; il fut cause que Barthélemy alla faire ses cours de philosophie et de théologie chez les Jésuites. […] Apportant à cette étude, comme en toutes celles qu’il abordait, un esprit philosophique, il avait su pourtant se préserver de ce qu’on appelait la philosophie du siècle, et, par sentiment de convenance autant que par réflexion, il avait de tout temps estimé ruineuses et funestes les attaques irréligieuses auxquelles se livraient les beaux esprits et les principaux écrivains d’alentour.

1149. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Il y étudia en philosophie chez les Jésuites au collège de Clermont, et y entendit aussi les leçons qui se donnaient en Sorbonne. […] Quand j’ai nommé Montaigne, ce ne peut être que dans un sens : l’auteur des Essais s’est attaché à rendre la philosophie, de sévère et farouche qu’elle était, accessible à tous et riante ; François de Sales fait la même chose pour la dévotion : il la veut rendre domestique, familière et populaire.

1150. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Organisé pour être mieux qu’un philologue, cerveau à plusieurs vocations, Édelestand du Méril, qui a débuté par un livre très pénétrant d’économie politique (la Philosophie du budget), aurait été tout aussi bien un penseur profond et un grand artiste que ce qu’il est présentement, c’est-à-dire un savant d’une science énorme… Il ne l’a pas voulu. […] ils en ont dit ce qu’ils ont pu… Mais du Méril, qui est un saint Siméon stylite de la science, sur sa colonne depuis trente ans, et qui n’en descend pas pour aller quémander des articles à ceux qui tiennent de cette denrée, du Méril, l’auteur de la Philosophie du budget, de l’Histoire de la Poésie scandinave, de l’Essai philosophique sur les principes et les formes de la Versification, etc., etc., et qui s’est dévoué, pour couronner tous ses travaux, à nous écrire une Histoire de la Comédie, a-t-il rencontré un seul homme, d’autorité incontestable, qui lui ait fait faire place dans la grande publicité de ce temps ?

1151. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

IV On lira donc ce volume attardé après les chefs-d’œuvre des Soirées de Saint-Pétersbourg, du Pape, de l’Examen de la philosophie de Bacon, des Considérations sur la France, et on n’éprouvera nullement l’affadissement que causent les livres faibles après les livres forts. […] Dans le volume des œuvres inédites se trouve précisément un examen de la philosophie de Rousseau, qui pourrait s’appeler : Une mise en charpie.

1152. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Après avoir suivi le genre des éloges chez les peuples barbares, ou ils n’étaient que l’expression guerrière de l’enthousiasme qu’inspirait la valeur ; chez les Égyptiens, où la religion les faisait servir à la morale ; chez les anciens Grecs, où ils furent employés tour à tour par la philosophie et la politique ; chez les premiers Romains, où ils furent consacrés d’abord à ce qu’ils nommaient vertu, c’est-à-dire, à l’amour de la liberté et de la patrie ; sous les empereurs, où ils ne devinrent qu’une étiquette d’esclaves, qui trop souvent parlaient à des tyrans ; enfin, chez les savants du seizième siècle, où ils ne furent, pour ainsi dire, qu’une affaire de style et un amas de sons harmonieux dans une langue étrangère qu’on voulait faire revivre ; il est temps de voir ce qu’ils ont été en France et dans notre langue même. […] Celle d’Auguste fut la bonté d’un politique qui n’a plus d’intérêts à commettre des crimes ; celle de Vespasien fut souillée par l’avarice et par des meurtres ; celle de Titus est plus connue par un mot à jamais célèbre, que par des actions ; celle des Antonins fut sublime et tendre, mais une certaine austérité de philosophie qui s’y mêlait, lui ôta peut-être ces grâces si douces auxquelles on aime à la reconnaître ; parmi nous, celle de Louis XII, à jamais respectée, manque pourtant un peu de la dignité des talents et des grandes actions : car, il faut en convenir, nous sommes bien plus touchés de la bonté d’un grand homme que de celle d’un prince qui a de mauvais succès et des fautes à se faire pardonner.

1153. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

C'était bien la peine de faire tant de fracas et de prendre les choses par un si grand tour et de tant tonner contre la philosophie éclectique, laquelle, au pis, n’est qu’un déisme et spiritualisme de cette sorte. — Quant au talent lui-même, il y en a certes, mais moins que ne croient les bonnes gens qui ont oublié Raynal, et qui ne savent pas qu’il n’est pas très-difficile avec une certaine énergie de plume de faire de ces peintures qui sont partout, en leur rendant quelque puissance d’ensemble.

1154. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

La raison ou la foi vont au delà, l’une à la philosophie du siècle, l’autre à l’ultramontanisme.

1155. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

Si vous citez de Saint-Marc quelque chose de l’article très-piquant qu’il a fait il y a trois semaines environ, dans les Débats, sur l’ouvrage de M. de Rémusat (Essais de philosophie), article qui a l’air flatteur et qui est bien malicieux, ne dites rien qui ne soit bien pour M. de Rémusat, si généreux sous son scepticisme, si probe, si désintéressé, et (entre nous) si supérieur vraiment à l’autre.

1156. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Littérairement, et après le bouillonnement écumeux de sa première moitié, la Restauration peut être comparée à une espèce de lac artificiel, qui cessa du moment où les écluses s’ouvrirent, mais qui se prêta assez longtemps aux illusions et aux jeux de l’art, de la philosophie, de la poésie ; on y voguait à la rame, l’été ; on y patinait agréablement l’hiver.

1157. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

Nous en sommes donc, en 1830, à la tolérance religieuse la plus absolue ; la philosophie, qui naguère était hostile aux cultes, est plutôt devenue bienveillante, et l’indifférence un peu matérielle, dont la société souffre depuis plusieurs années, commence à céder à des besoins de moralité plus épurée et de solutions supérieures.

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