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607. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIX » pp. 227-230

L'abbé Flottes appartient à cette honorable et finissante lignée de l’ancien clergé français qui associait sans trop de peine une certaine philosophie et un certain rationalisme avec le catholicisme ; il est de ceux qui auraient écrit volontiers sur le christianisme de Bacon et des autres grands hommes.

608. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIII » pp. 244-246

Ce n’était pas la peine de se montrer si sévère tout à côté contre Anacréon et contre Horace, ainsi que le poëte n’a pas craint de le faire.

609. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Déjà, nous-mêmes, nouveaux venus de 1828, nous les avions bien étonnés un peu ; mais ils nous adoptèrent vite, je puis même dire qu’ils nous acceptèrent d’emblée, et notre amitié n’eut pas de peine à répondre aussitôt à la leur.

610. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontainas, André (1865-1948) »

Fontainas sont malaisés, ses pièces fibres sont plus souples, mais la peine des premières me rend suspecte la nécessité rythmique des autres.

611. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 311-314

Des feux de mon bûcher, j’irai jusqu’en l’abîme Allumer dans ton cœur les remords de ton crime ; Et mon ombre par-tout te suivant pas à pas, Te montrera par-tout ton crime & ton trépas ; Et jusque dans l’Enfer faisant vivre ma haine, Mon ame, chez les Morts, jouira de ta peine, Ceux qui connoissent les vers Latins, verront qu’il seroit difficile de les rendre plus fidélement.

612. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 2-5

Leurs yeux sont gros de pleurs, & leur visage exprime La grandeur de leur peine & l’horreur de leur crime.

613. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 264-267

Huet, à mesure qu’on les composoit : Segrais étoit alors logé chez elle, & cette Dame n’avoit que la peine d’écrire ou de transcrire.

614. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

Ceux qui se plaignent de n’y pas trouver assez de raisonnemens, ignorent que la Logique (dont on peut abuser) n’est pas toujours propre à éclairer & à convaincre l’esprit ; que l’enchaînement des faits conduit de lui-même & sans peine à la connoissance de la vérité.

615. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 451-455

Quelques amis lui en épargnerent la peine.

616. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre V. Suite du Père. — Lusignan. »

— C’est ton père, c’est moi, C’est ma seule prison qui t’a ravi ta foi… Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des héros, défenseurs de ma loi, C’est le sang des martyrs. — Ô fille encor trop chère !

617. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — II. Le fils des bâri »

A peine avait-elle fait un pas qu’une effroyable bourrasque vint secouer frénétiquement les branches du fromager.

618. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Je trouvais bien quelquefois que cette belle langue italienne où le si suona était bien rude et bien martelée, que cela ne ressemblait guère ni à la délicieuse et claire harmonie du Tasse, ni à l’amoureuse et rieuse mélodie de l’Arioste, ni à l’énergie nationale, sensée et abondante de Machiavel ; que cet effort continu de l’écrivain, en tendant l’esprit du lecteur, lui donnait plus de peine que de plaisir ; que les banalités rhétoriciennes, quand on les pressait bien dans la main, ne laissaient que des cailloux mal polis dans l’esprit ; que Dieu avait fait de la facilité la vraie grâce de l’élocution, et que tout ce qui était difficile n’était pas réellement beau. […] On eut bien de la peine à accomplir cet arrangement, si nuisible à ses intérêts, si favorable à sa famille. Enfin, on y parvint ; il est probable que le roi se vit sans trop de peine délivré d’un sujet excentrique, mauvais poète, grand déclamateur, qui méprisait son pays, et qui s’en allait toscaniser chez un autre souverain. […] Je bénirai toujours le moment où j’y arrivai, car je m’y composai un petit cercle de six ou sept hommes doués de sens, de jugement, de goût et d’instruction, ce qu’on aura peine à croire d’un pays aussi petit. […] Du reste, ma très chère sœur, vous ne devez pas mettre en doute mes sentiments envers vous, et jusqu’à quel point j’ai plaint votre situation : mais, de l’autre côté, je vous prie de faire réflexion que, dans ce qui regarde votre indissoluble union avec mon frère, je n’ai eu aucune autre part que celle d’y donner mon consentement de formalité après que le tout était conclu, sans que j’en aie eu la moindre information par avance, et pour ce qui regarde le temps après l’effectuation de votre mariage, personne ne peut être témoin plus que vous-même de l’impossibilité dans laquelle j’ai toujours été de vous donner le moindre secours dans vos peines et afflictions.

619. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Pendant ces pèlerinages, la poétique fureur qui le possède va s’exaltant de plus en plus ; ivre d’admiration pour les quatre grands maîtres italiens et impatient de se placer auprès d’eux, s’il rencontre sur sa route un journal dans lequel ses premières tragédies sont librement appréciées, il traite la presse littéraire avec une violence où l’on sent à la fois l’orgueil du patricien et l’irritabilité d’une âme en peine. […] Les peines de cœur venant à s’y joindre, j’essayai vainement de reprendre mes occupations littéraires. […] « Une seule inquiétude le poignait, dit-il ; c’étaient des transes d’esprit de tout genre que la révolution qu’il chantait ne vînt, de jour en jour, par ses mouvements insurrectionnels qui éclataient dans Paris depuis la convocation des états généraux et la prise de la Bastille, l’empêcher de terminer ses éditions qui touchaient à leur fin, soit à Paris chez Didot, soit à Kehl chez Beaumarchais, et qu’après tant de peines et de lourdes dépenses, il ne fallût échouer au port. […] Nous eûmes beaucoup plus de peine à obtenir de notre section (c’était celle du Mont-Blanc) les autres passeports qui nous étaient nécessaires, un par personne, tant les maîtres que les valets et les femmes de chambre, avec le signalement de chacun, la taille, les cheveux, l’âge, le sexe, que sais-je, moi ? […] Les trois autres, bien ou mal venues, avaient été du moins traduites sur le texte, et il devait m’en coûter pour les revoir beaucoup moins de temps et de peine.

620. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Me convaincre que je pouvais faire mieux que je n’ai fait, c’est à peine m’apprendre un peu plus que je n’en sais déjà par la peine terrestre attachée à chaque infraction ; c’est trop peu pour me corriger. […] « Mes frères, s’écrie-t-il, je vous en conjure, soulagez ici mon esprit : méditez vous-mêmes Jésus crucifié, et épargnez-moi la peine de vous décrire ce qu’aussi bien mes paroles ne sont pas capables de vous faire entendre. Contemplez ce que souffre un homme qui a tous les membres brisés et rompus par une suspension violente, qui, ayant les mains et les pieds percés, ne se soutient plus que sur ses blessures, et tire ses mains déchirées de tout le poids de son corps antérieurement abattu par la perte du sang ; qui, parmi cet excès de peine, ne semble élevé si haut que pour découvrir de loin un peuple infini qui se moque, qui remue la tête, qui fait un sujet de risée d’une extrémité si déplorable67 !  […] J’ai bien de la peine à me faire à un appareil de divisions comme celui-ci : 1° le comble de notre misère ; — 2° l’excès de notre misère ; : — 3° le prodige de notre misère ; — 4° la malignité de notre misère ; — 5° l’abomination de notre misère : — 6° l’abomination de la désolation de notre misère. […] La morale, même chrétienne, ne doit pas nous demander plus que nous ne pouvons, sous peine d’obtenir moins que nous ne devons.

621. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Ma plus vive peine est de songer que tous ne peuvent partager mon bonheur. […] Un des lieux communs le plus souvent répétés par les esprits vulgaires est celui-ci : « Initier les classes déshéritées de la fortune à une culture intellectuelle réservée d’ordinaire aux classes supérieures de la société, c’est leur ouvrir une source de peines et de souffrances. […] C’est peine perdue de calculer et de ménager savamment les moyens ; car la brutalité s’en mêlera, et on ne calcule pas avec la brutalité. […] Quand on pense que toute chose se retrouvera là-haut rétablie, ce n’est plus tant la peine de poursuivre l’ordre et l’équité ici-bas. […] Les guerres des Albigeois, les persécutions contre les Vaudois, les cathares, les bogomiles, les pauvres de Lyon, ne me choquent pas plus que les croisades : c’étaient là réellement des errants, sortant de la grande forme de l’humanité, et quant aux hommes vraiment avancés du Moyen Âge, comme Scot Érigène, Arnauld de Bresce, Abélard, Frédéric II, ils subissaient la juste peine d’être en avant de leur siècle.

622. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

C’est d’ailleurs ce que la conscience constate sans peine toutes les fois qu’elle suit, pour analyser la mémoire, le mouvement même de la mémoire qui travaille. […] Mais cela se comprend sans peine, puisque le progrès du souvenir consiste justement, comme nous le disions, à se matérialiser. […] En d’autres termes, dans le domaine psychologique, conscience ne serait pas synonyme d’existence mais seulement d’action réelle ou d’efficacité immédiate, et l’extension de ce terme se trouvant ainsi limitée, on aurait moins de peine à se représenter un état psychologique inconscient, c’est-à-dire, en somme, impuissant. […] Mais nous éprouvons beaucoup de peine à nous représenter ainsi les choses, parce que nous avons contracté l’habitude de souligner les différences, et au contraire d’effacer les ressemblances, entre la série des objets simultanément échelonnés dans l’espace et celle des états successivement développée dans le temps. […] Mais nous touchons ici au problème capital de l’existence, problème que nous ne pouvons qu’effleurer, sous peine d’être conduits, de question en question, au cœur même de la métaphysique.

623. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Même, cela me dépasse, cela ne m’entre dans l’esprit qu’avec peine. […] Catulle Mendès est un si grand lettré, que j’ai beaucoup de peine à ne pas l’aimer comme il est. […] Est-ce plaisir ou peine ? […] Là, Gerfaut fait le siège de la jolie âme en peine. […] On l’aime pour toute la peine qu’on prend afin de l’aimer mieux.

624. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

La vie vaut-elle dès lors la peine d’être vécue ? […] Vivre n’en vaut pas la peine, dit-il. […] Les gourmets, par exemple, imaginent sans trop de peine les sensations du goût. […] Considérons un plaisir ou une peine. […] Il faut examiner les plaisirs ou les peines qui en peuvent résulter, puis distinguer dans quelle mesure ces plaisirs ou ces peines présentent les caractères dont nous venons de parler.

625. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

« J’en dis autant des chevaliers romains, de ce corps honorable qui entoure le sénat en si grand nombre, dont tu as pu, en entrant, reconnaître les sentiments et entendre la voix, et dont j’ai peine à retenir la main prête à se porter sur toi. […] Un Cerbère à trois têtes, les flots bruyants du Cocyte, le passage de l’Achéron, un Tantale mourant de soif et qui a de l’eau jusqu’au menton sans qu’il y puisse tremper ses lèvres ; ce rocher contre lequel Sisyphe, épuisé, hors d’haleine, perd, à rouler toujours, ses efforts et sa peine ; des juges inexorables, Minos et Rhadamanthe, devant lesquels, au milieu d’un nombre infini d’auditeurs, vous serez obligé de plaider vous-même votre cause, sans qu’il vous soit permis d’en charger ou Crassus ou Antoine, ou, puisque ces juges sont grecs, Démosthène : voilà l’objet de votre peur, et sur ce fondement vous croyez la mort un mal éternel. […] « Peine perdue ; car se trouve-t-il des hommes assez sots pour en avoir peur ? […] Mais les âmes qui auront toujours été sous le joug des sens auront peine à s’élever de dessus la terre, lors même qu’elles seront hors de leurs entraves. Il en sera d’elles comme de ces prisonniers qui ont été plusieurs années dans les fers : ce n’est pas sans peine qu’ils marchent.

626. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Il en a porté la peine. […] Astyage, dissimulant le vif ressentiment que lui inspirait ce qui s’était passé, raconta de son côté à Harpagus ce qu’il avait appris du pâtre, et, après avoir tout répété, termina en disant : « que l’enfant vivait encore, et qu’il s’en réjouissait ; car, ajouta-t-il, je souffrais beaucoup de ce que j’avais fait, et je n’étais pas moins affligé de la peine que j’avais causée à ma fille. […] Tous lui répondirent qu’il y avait une grande différence, que le premier avait été un jour de fatigues et de peines, et que le second n’avait offert que des plaisirs et des jouissances. […] Si vous me refusez, les peines que vous avez endurées hier, et d’autres sans nombre, seront votre partage : laissez-vous donc persuader par moi, et devenez libres. […] Ils se rendirent une nuit au palais, trouvèrent la pierre qui leur avait été indiquée dans le bâtiment du trésor, la déplacèrent sans peine, et emportèrent avec eux une grande quantité d’argent.

627. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

Mais en ce qui est de la poésie, nous avons peine à ne pas voir plutôt un avantage dans cette espèce de langue, non pas artificielle, mais supérieure à la langue usuelle et d’un ordre plus élevé, d’un ordre à part, qu’il est permis et même imposé à tout poëte sérieux de ressaisir et de s’approprier.

628. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Le palais en savoure la joie, l’estomac en accueille sans peine le ragoût et les parfums.

629. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Palissot se donne trop de peine pour enlever cette conquête à l’incrédulité ; on peut la lui abandonner, sans qu’elle ait droit de s’en appuyer & de s’en glorifier.

630. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Cette impulsion une fois donnée, l’imagination s’allume à son tour, & produit sans peine & sans efforts les images les plus grandes & les plus frappantes. […] La gloire exige de ceux qui la recherchent, des peines, des veilles, des sacrifices & de longs travaux : l’homme riche, énervé dès sa naissance, est incapable de les soutenir. […] Il savoit bien qu’il révolteroit quelques rigoristes ; il s’en mettoit peu en peine, pourvu qu’il gagnât du terrein. […] Ce genre hermaphrodite, absolument inconnu aux Anciens, auquel on a donné le nom de Comique larmoyant, n’a pas triomphé sans peine des contradictions qu’il a essuyées dans sa naissance ; & les Auteurs médiocres ont bien abusé depuis de l’indulgence qui l’a fait admettre. […] A peine la critique ose-t-elle élever la voix, qu’elle irrite la bile des Auteurs, arme la calomnie, produit les haines & les inimitiés les plus cruelles.

631. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Jupiter même dans le milieu du poëme, pour faire parade de prescience et de pouvoir, fait aux dieux un abrégé exact de tout le reste de l’action ; de sorte qu’on est tenté d’en demeurer là, et qu’on ne s’engage qu’avec peine dans un détail devenu indifférent, dès que les points essentiels en sont connus. […] Diroit-on que c’étoit pour s’épargner la peine d’un nouveau travail ? […] Les sentences triviales rebutent, parce qu’elles n’apprennent rien ; et l’on ne veut pas perdre de tems à ce qui ne vaut pas la peine d’être dit. […] C’étoit-là, le peuple adorateur d’Homere ; il n’étoit connu que d’eux seuls ; et comme ils avoient intérêt qu’il fût excellent, afin que leur sçavoir ne fût pas frivole, et qu’on les jugeât bien payés de leurs peines, ils venoient aisément à bout de se le persuader à eux-mêmes. […] D’ailleurs, les principaux personnages de cette action, sont devenus si fameux, par le poëme même d’Homere, que leur nom seul intéresse, on aime à suivre leurs avantures ; on entre sans peine dans leurs passions.

632. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

La société institue des peines qui peuvent frapper des innocents, épargner des coupables ; elle ne récompense guère ; elle voit gros et se contente de peu : où est la balance humaine qui pèserait comme il le faut les récompenses et les peines ? […] Il serait châtié par eux, mais, s’étant mis de leur côté, il serait un peu l’auteur de sa propre condamnation ; et une partie de sa personne, la meilleure, échapperait ainsi à la peine. […] ne serait-ce pas aussi bien la peine ? […] Elle mesurera d’ailleurs la peine à la gravité de l’offense, puisque, sans cela, on n’aurait aucun intérêt à s’arrêter quand on commence à mal faire ; on ne courrait pas plus de risque à aller jusqu’au bout. […] On se plaît à dire que la religion est l’auxiliaire de la morale, en ce qu’elle fait craindre ou espérer des peines ou des récompenses.

633. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — [Note.] » pp. 83-84

Nous n’étions pas revenus de notre surprise, elle augmenta encore lorsque nous vîmes entrer le président, dont l’aspect et les manières étaient tout à fait opposés à l’idée que nous nous étions faite de lui : au lieu d’un grave et austère philosophe dont la présence aurait pu intimider des enfants comme nous étions, la personne qui s’adressait à nous était un Français gai, poli, plein de vivacité, qui, après mille agréables compliments et mille remerciements pour l’honneur que nous lui faisions, désira savoir si nous ne voudrions pas déjeuner ; et comme nous nous excusions (car nous avions déjà mangé en route) : « Venez donc, nous dit-il, promenons-nous ; il fait une belle journée, et je désire vous montrer comme j’ai tâché de pratiquer ici le goût de votre pays et d’arranger mon habitation à l’anglaise. » Nous le suivîmes, et, du côté de la ferme, nous arrivâmes bientôt à la lisière d’un beau bois coupé en allées, clos de palissades, et dont l’entrée était fermée d’une barrière mobile d’environ trois pieds de haut, attachée avec un cadenas : « Venez, dit-il après avoir cherché dans sa poche ; ce n’est pas la peine d’attendre la clef ; vous pouvez, j’en suis sûr, sauter aussi bien que moi, et ce n’est pas cette barrière qui me gêne. » Ainsi disant, il courut à la barrière et sauta par-dessus le plus lestement du monde.

634. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Préface Ce journal est notre confession de chaque soir : la confession de deux vies inséparées dans le plaisir, le labeur, la peine, de deux pensées jumelles, de deux esprits recevant du contact des hommes et des choses des impressions si semblables, si identiques, si homogènes, que cette confession peut être considérée comme l’expansion d’un seul moi et d’un seul je.

635. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Préface de la première édition (1887)34 Ce journal est notre confession de chaque soir : la confession de deux vies inséparées dans le plaisir, le labeur, la peine, de deux pensées jumelles, de deux esprits recevant du contact des hommes et des choses des impressions si semblables, si identiques, si homogènes, que cette confession peut être considérée comme l’expansion d’un seul moi et d’un seul je.

636. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

Aussi Han d’Islande, en admettant qu’il vaille la peine d’être classé, n’est-il guère autre chose qu’un roman fantastique.

637. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre II. Du Chant grégorien. »

Diverses raisons peuvent faire couler les larmes ; mais les larmes ont toujours une semblable amertume : d’ailleurs, il est rare qu’on pleure à la fois pour une foule de maux ; et quand les blessures sont multipliées, il y en a toujours une plus cuisante que les autres, qui finit par absorber les moindres peines.

638. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — De l’état de savant. » pp. 519-520

A peine l’Université fut-elle établie parmi nous que le nombre de ses collèges s’accrut sans mesure ; les grands seigneurs suivirent l’exemple du souverain et ils en fondèrent que nous détruisons aujourd’hui.

639. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

J’ai beaucoup de peine à comprendre qu’on puisse mettre réellement huit Jours et huit nuits à écrire cinquante ou soixante lignes. […] Ce n’était pas la peine de tant se fatiguer sous mon balcon. […] Croyez-vous à un Dieu personnel, à l’immortalité de l’Ame, aux peines et aux récompenses après la mort ? […] Ces meubles qu’il a eu tant de peine à découvrir et à rassembler lui font peur à présent. […] Il faut ou que la noble famille ait pris la peine de le dicter à quelque reporter, ou qu’elle l’ait communiqué elle-même aux feuilles publiques.

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