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659. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Tous les amis la regardaient d’un air d’admiration, et Kobus parut comme surpris de la voir. […] Puis, tout à coup, tout devenait blanc : c’était lui, le soleil, qui venait enfin de paraître. […] Mais Sûzel, au lieu d’être joyeuse à ce cadeau, parut toute confuse. […] Depuis quelques jours, Sûzel paraît seulement un peu triste. […] Katel paraissait aussi contente qu’eux.

660. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Tout ce qui paraît au-dessous n’est qu’un bas sédiment de l’esprit, un limon stérile dont elle ne peut créer les nobles images qu’elle forme et qu’elle anime. […] Mais, pour le juger sérieusement, tournons-le du sens qui nous a paru condamnable. […] Le sort de Polyxène égorgée lui paraît préférable au malheur de profaner son lit conjugal. […] Voyons néanmoins avec quel art ils sont liés au tout, de façon à paraître nécessaires à l’ensemble. […] Tout autre dialogue eût été déplacé, quelque préférable qu’il eût paru.

661. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Cette définition paraît d’autant plus juste, qu’elle s’applique à l’éloquence même du silence et à celle du geste. […] Cependant Cicéron paraît ici encore plus occupé des mots que des choses. […] Cette comparaison, tirée de la musique, conduit à une autre idée qui ne paraît pas moins juste. […] C’est ici une observation purement grammaticale, mais qui ne nous paraît pas inutile. […] Plusieurs académiciens, entre autres Voltaire, ont donné cet exemple, qui paraît digne d’être suivi.

662. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

L’éloquence, soit par ses rapports avec la poésie, soit par l’intérêt des discussions politiques dans un pays libre, avait atteint chez les Grecs un degré de perfection qui sert encore de modèle : mais la philosophie des Grecs me paraît fort au-dessous de celle de leurs imitateurs, les Romains ; et la philosophie moderne a cependant, sur celle des Romains, la supériorité que doivent assurer à la pensée de l’homme deux mille ans de méditation de plus. […] Les paroles fortuites paraissaient redoutables à Pythagore. […] Pythagore paraît attacher la même importance à des proverbes, à des conseils de prudence et d’habileté, qu’aux préceptes de la vertu. […] Tous ses tableaux sont pleins d’imagination ; et ses harangues sont, comme celles de Tite-Live, de la plus belle éloquence : lorsqu’il raconte les malheurs attachés aux troubles civils, il jette de grandes lumières sur les passions politiques, et doit paraître supérieur aux écrivains modernes qui n’ont que l’histoire des guerres et des rois à raconter.

663. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Quant au reproche de s’être approprié le plus grand nombre des Vers d’Horace, écoutons à ce sujet un Duc Littérateur, dont le suffrage doit paroître d’autant moins suspect, que dans le Parallele qu’il a fait du génie du Poëte d’Auguste & de celui de Louis XIV, ce n’est pas au Poëte François qu’il a prodigué le plus d’éloges. […] Il est si ordinaire de paroître sensible dans un Discours ou une Epître, & d’être impitoyable dans la Société, que l’éloge du sentiment a toujours l’air d’un blasphême, dans ceux qui en parlent avec trop d’affectation. […] Le Philosophe marié est d’un autre genre de mérite : il prouve combien Destouches avoit de ressource dans l’imagination : conduire pendant cinq actes, sans langueur & sans inutilité, un sujet qui paroît capable de fournir tout au plus deux ou trois scènes, ne sauroit être l’Ouvrage que d’un esprit qui connoissoit les secrets du cœur & savoir tout ramener à l’action théatrale. […] Il avoit composé aussi un Recueil d’Epigrammes, & l’on prétend que c’en eût été une cruelle contre sa mémoire que de les faire paroître.

664. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Il y a maintenant deux partis dans la littérature comme dans l’état ; et la guerre poétique ne paraît pas devoir être moins acharnée que la guerre sociale n’est furieuse. […] Il ne paraît pas rigoureusement démontré que les deux mots importés par Mme de Staël soient aujourd’hui compris de cette façon. […] — Parce qu’elle est la littérature du dix-neuvième siècle. » — On ose affirmer ici, après un mûr examen, que l’évidence d’un tel raisonnement ne paraît pas absolument incontestable. […] — Cette conséquence ne paraît pas juste.

665. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Cet ouvrage, le fruit de tant d’années de leçons données à la jeunesse, & que l’auteur, selon ses enthousiastes, a composé comme César nous a laissé ses mémoires ; cet ouvrage, qui est un livre du métier, & dans lequel la marche qu’il faut tenir durant le cours des études paroît sûre, a été singulièrement vanté, de même que tous les autres ouvrages de Rollin. […] Le titre de confrère & d’ancien ami de l’auteur, ne parut pas suffisant à Gibert pour l’empêcher de le citer au tribunal du public, de vouloir le dépouiller d’une gloire usurpée, & faire mettre en balance qui des deux méritoit de l’emporter pour le goût, le talent & les lumières : il osa même adresser ses observations à Rollin. […] Sans une élocution élevée & sublime, le grand paroît toujours grand : le vrai & le beau, pour saisir l’ame, n’ont pas besoin d’ornement étranger. […] Cette proposition hasardée, & qui n’étoit pas du ressort de la profession de celui qui l’avançoit, parut une violation des droits de la rhétorique, une invasion qu’on tentoit dans le pays de l’éloquence.

666. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Ses compagnons qu’il avait laissés à Rouen en partirent aussitôt, et le 24 Octobre 1658 cette Troupe commença de paraître devant leurs Majestés et toute la Cour, sur un Théâtre que le Roi avait fait dresser dans la Salle des Gardes du vieux Louvre. […] La Pièce étant achevée, Monsieur de Molière vint sur le Théâtre, et après avoir remercié Sa Majesté en des termes très modestes, de la bonté qu’elle avait eue d’excuser ses défauts et ceux de toutes sa Troupe, qui n’avait paru qu’en tremblant devant une Assemblée si Auguste ; il lui dit que l’envie qu’ils avaient eue d’avoir l’honneur de divertir le plus grand Roi du monde, leur avait fait oublier que Sa Majesté avait à son service d’excellents Originaux, dont ils n’étaient que de très faibles copies ; mais que puisqu’Elle avait bien voulu souffrir leurs manières de campagne, il la suppliait très humblement d’avoir agréable qu’il lui donnât un de ces petits divertissements qui lui avaient acquis quelque réputation, et dont il régalait les Provinces. […] Comme il y avait longtemps qu’on ne parlait plus de petites Comédies, l’invention en parut nouvelle, et celle qui fut représentée ce jour-là, divertit autant qu’elle surprit tout le monde. […] Sa mort dont on a parlé diversement, fit incontinent paraître quantité de Madrigaux ou Épitaphes.

667. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Au reste, le Prologue que lui adresse ici La Fontaine me paraît assez médiocre ; mais la petite historiette qui fait le sujet de cette prétendue fable, est très-agréablement contée. […] Voici qui paraît bien français, et l’on croirait que nous ne sommes point au Monomotapa. […] Au reste, des deux Apologues suivans, le premier, sans être excellent, me paraît beaucoup meilleur que l’autre. Il n’est pas impossible qu’un chasseur ayant tué un daim et un faon, y veuille joindre une perdrix, mais qu’un loup devant quatre corps se jette sur une corde d’arc, cela ne me paraît pas d’une invention bien heureuse.

668. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Prenez-les toutes, si vous voulez, celles qu’on ne lit plus, depuis Mlle de Scudéry, qui écrivait des romans, jusqu’à Mme Barbié du Bocage, qui écrivit un poëme épique, les femmes, même avec de l’esprit et du talent, n’arrivent jamais à des succès qui durent, et c’est une justice de la destinée, car les femmes n’ont pas été mises dans le monde pour y faire ce que nous y faisons… Quand l’homme y fait l’ange, il y fait la bête, dit ce brutal de Pascal, mais lorsque la femme y fait l’homme, cela suffit, à ce qu’il paraît, pour arriver au même résultat. […] Observatrice myope, elle n’a vu, à ce qu’il paraît, que des ridicules gais, que les ridicules qui font rire et qui, pour cette raison, font rechercher par le monde ceux qui les possèdent pour qu’on puisse agréablement se moquer d’eux. […] On saura maintenant si le bavardage effréné de ce bas-bleu qu’on appelle Mme Sophie Gay, au talent de qui nos pères ont cru avec tant de bonhomie ou de galanterie, peut être encore supporté et paraître quelque chose qui ressemble à du talent quelconque ! […] [Article original paru dans Le Pays, 29 décembre 1863.]

669. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Il paraît que ces cris-là, l’Académie n’a pas voulu les entendre. […] Un catholicisme net, militant, toujours prêt à monter sur toutes les brèches ou à les faire, lui a paru trop dur à soutenir. […] C’est un livre de médiocrité sérieuse, voilà tout, une espèce d’almanach du Bonhomme Richard, qui paraîtra de l’économie politique, domestique ou morale, à tous les esprits qui s’imaginent que, dès que l’élévation manque dans les choses de la pensée et du caractère, il y a immédiatement du bon sens. […] Mézières paraîtra peut-être un grand penseur.

670. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Ils luttèrent pendant longtemps, & ne parurent jamais plus grands qu’alors. […] Elle fut invitée à ses obséques ; mais personne n’y parut. […] Son livre leur parut bien autrement à craindre que la thèse. […] Paris lui parut le théâtre le plus convenable à son zèle. […] L’état de simple religieuse lui parut préférable à celui d’abbesse.

671. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Par exemple, dénier que Voltaire et Montesquieu aient donné le ton à leur siècle, c’est une absurdité ; cependant, au total, il me paraît qu’il (le journaliste) vous loue honnêtement, et dans le second extrait il dit qu’il ne connaît pas de meilleur livre depuis La Bruyère. […] Ce qui paraîtra surprenant, c’est que la maréchale était la personne la plus infatuée de l’avantage d’une haute naissance, et des distinctions attachées à son rang. […] De telles gens vous paraissent bien insensibles ; eh bien ! […] Le caractère de force fatale et presque physique que la Révolution n’a pas tardé à acquérir, lui paraît résulter surtout de l’organisation des clubs. […]  » La fin de cette réponse me paraît un peu faible, je crois qu’on sera de mon avis, et inconséquente ; et Publius Syrus, en pareil cas, est une petite autorité.

672. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

L’abbé de Pons, qui avait fait paraître sa Lettre très peu de semaines après la publication de L’Iliade française de La Motte et avant que les érudits eussent encore eu le temps d’y répondre, protesta contre cette interprétation. […] S’il était besoin d’expliquer d’ailleurs cette indignation d’un homme d’esprit et philosophe envers un si misérable adversaire, et la forme sous laquelle elle se produisit, il faut se rappeler que le livre de Gacon avait paru avec l’approbation d’un censeur, l’abbé Couture, approbation donnée dans les termes ordinaires : « J’ai lu par ordre de Mgr le chancelier, etc. » C’est ce qui motiva la lettre de l’abbé de Pons, qui courut Paris sous ce titre : « Dénonciation faite à Mgr le chancelier d’un libelle injurieux qui, revêtu de l’autorité du sceau, paraît dans le monde sous le titre d’Homère vengé. » Elle fut publiée dans le Mercure galant de mai 1715. […] C’est là que parurent successivement sa Dissertation sur les langues en général, et sur la langue française en particulier, en tête du numéro de mars 1717 ; ses Réflexions sur l’éloquence, en tête du numéro de mai 1718 ; son Nouveau Système d’éducation, en tête du numéro de juillet, même année : notre auteur, toutes les fois qu’il y écrit, a de droit la place d’honneur dans le Mercure. […] L’abbé de Pons concède le latin, « il n’approuverait pas qu’on le laissât ignorer à un galant homme ; mais les premières années de la vie lui paraissent trop précieuses pour devoir être sacrifiées à cet objet ».

673. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Cette première accointance avec Danton, si singulière qu’elle puisse paraître à distance et au point de vue définitif des deux personnages, eut de l’influence sur M.  […] Les courtisans se retournaient tout étonnés de ce verbe haut, eux qui ne se parlaient qu’à l’oreille dans cette chambre sacrée où l’on aurait entendu une mouche voler ; Louis XVIII ne paraissait pas l’entendre. […] Royer-Collard, dans deux mémorables discours contre le droit que voulait s’arroger la Chambre, professa une théorie qu’il modifia et parut contredire plus tard dans le cours de sa carrière publique : il refusait alors, en effet, à la Chambre élective un droit inhérent à elle et lui appartenant, qui est dans l’essence du régime parlementaire et qu’il semble, quelques années plus tard, lui avoir expressément accordé. […] Son jugement excellent, que plus rien n’influençait, s’appliqua aux choses avec calme, avec étendue et lucidité ; son caractère obligeant faisait merveille, retranché dans sa dignité inamovible : les côtés moins vigoureux de ce caractère, désormais encadrés ainsi et appuyés, ne paraissaient plus que des mérites. […] Dans la Chambre de 1815, un tel homme, l’homme du bon conseil, ne put manquer d’exercer, au sein de la minorité dont il faisait le lien, une influence des plus actives et des plus heureuses, et celle qui parut publiquement n’est que la moindre ; mais dans ces conférences de chaque jour où les chefs de la minorité discutaient les plans de défense, se distribuaient entre eux les rôles et se concertaient sous main avec quelques membres du Cabinet, que de bons et prudents avis, que de moyens ingénieux de tourner les difficultés, que de biais adroitement ménagés, il dut trouver et faire prévaloir !

674. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

On force les traits : de là une monotonie fastueuse, un crescendo d’éloges qui finit par impatienter bien des esprits sensés et délicats ¡ ils s’irritent alors et s’insurgent contre ce qui leur paraît une déclamation. […] Encore une fois, Mme Roland, si courageuse qu’elle fût et qu’elle parût à la dernière heure, était femme et ne cessa de l’être, même dans cet acte suprême où elle montra une sérénité qu’auraient enviée bien des hommes. […] Le jour où elle devait paraître à ce tribunal qui ne pardonnait pas, M.  […] Sa figure me parut plus animée qu’à l’ordinaire. […] faisons la paix, il est temps. » En levant les yeux sur moi, elle s’aperçut que je repoussais mes larmes et que j’étais violemment ému : elle y parut sensible, mais n’ajouta que ces deux mots : « Du courage ! 

675. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

En quelques rares endroits, si je l’osais remarquer, son raisonnement, en faveur de l’authenticité historique qu’il soutient, m’a paru plus spécieux que fondé, comme quand il dit par exemple : « Les premiers siècles de Rome vous sont suspects à cause de la louve de Romulus, des boucliers de Numa, du rasoir de l’augure, de l’apparition de Castor et Pollux… ; effacez donc alors de l’histoire romaine toute l’histoire de César, à cause de l’astre qui parut à sa mort, dont Auguste avait fait placer l’image au-dessus de la statue de son père adoptif, dans le temple de Vénus191. » Une fable qu’on aura accueillie dans une époque tout avérée et historique ne saurait en aucune façon la mettre au niveau des siècles sans histoire et où l’on ne fait point un pas sans rencontrer une merveille. […] Denys d’Halicarnasse, qui s’y appuie, ne paraît pas les avoir directement consultées. […] Il paraît pourtant qu’un des premiers journaux des Romains fut rédigé par un Grec appelé Chrestus : il n’a dû importer à Rome que ce qui était déjà dans son pays. […] L’utilité et le jour qui en rejailliraient pour l’appréciation littéraire des époques qui semblent épuisées, ne paraissent point avoir été sentis. […] Que sait-on si la plupart des anciennes fables ne doivent pas leur origine à quelque coutume de faire louer les anciens héros le jour de leur fête et de conserver les pièces qui avaient paru les meilleures ? 

676. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Deux ou trois numéros du format journal restaient encore à paraître. […] Lorsqu’à la veille de paraître, la copie manquait, nous devions y suppléer, mais, pour faire illusion, nous étions obligés de multiplier les pseudonymes. […] Il s’était consacré, paraît-il, sur la fin, à des travaux de pure érudition. […] Le hasard voulut qu’à l’époque qu’il fallait je fisse paraître les Poètes maudits, beaucoup pour Corbière et Mallarmé, mais surtout pour Rimbaud. […] Pour que la supercherie se couvrît d’une apparence d’authenticité, nous n’hésitions pas à les faire paraître mutilés.

677. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Les rayons de la scène se croisèrent avec les éclairs du temple, et parurent avoir emprunté leur flamme. […] Sans doute, le rôle du Chœur paraît encore démesuré dans ses tragédies. […] Mais cette mise en scène titanique, appliquée aux tragédies d’Eschyle, paraît leur mesure exacte, leur forme normale. […] Seul, parmi ses contemporains, il paraît avoir retenu le sens naturaliste des vieux mythes : l’Aryen reparaît en lui sous l’Hellène. […] En tout et toujours, la religion d’Eschyle paraît s’adresser aux puissances occultes qui gouvernent l’univers sans lui apparaître, il adore par-delà la voûte des sanctuaires.

678. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Au printemps de 1807, il y avait à Francfort une charmante jeune fille, âgée de dix-neuf ans, et si petite qu’elle n’en paraissait que douze ou treize. […] Après quelques instants d’attente, la porte s’ouvre et Goethe paraît : Il était là, sérieux, solennel, et il me regardait fixement. […] Paraissait-il un poète nouveau, un talent marqué d’originalité, un Byron, un Manzoni, Goethe l’étudiait aussitôt avec un intérêt extrême et sans y apporter aucun sentiment personnel étranger ; il avait l’amour du génie. […] Il paraît, au reste, reconnaître lui-même cette supériorité d’une nature riche et capricieuse, qui se produit chaque fois sous une forme toujours surprenante, toujours nouvelle : « Tu es ravissante, ma jeune danseuse, lui dit-il ; à chaque mouvement, tu nous jettes à l’improviste une couronne. » C’est qu’aussi elle le comprend si bien, elle sait si bien l’admirer ! […] Elle sent si bien en lui la dignité qui vient de la grandeur de l’esprit : « Quand je te vis pour la première fois, ce qui me parut remarquable en toi et m’inspira tout à la fois une vénération profonde et un amour décidé, c’est que toute ta personne exprime ce que le roi David dit de l’homme : Chacun doit être le roi de soi-même.

679. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Ses études littéraires et classiques paraissent avoir été excellentes, très variées, et il savait de l’Antiquité tout ce qu’un jeune homme instruit, un des bons élèves de l’Université, pouvait en savoir alors. […] Peut-être, dans la prise d’assaut de l’Ancien Régime et pour le renversement complet de la Bastille féodale, fallait-il qu’il y eût de ces fifres étourdis et de ces enfants perdus en tête des sapeurs du régiment ; mais le bon sens, aujourd’hui qu’on relit, paraît trop absent à chaque page ; la raison ne s’y mêle jamais que dans des trains de folie. […] Un numéro de ce journal paraissait le samedi de chaque semaine, avec une estampe qui le plus souvent faisait caricature. […] Il lui faut repasser à travers le sang ; non seulement célébrer les Marat, les Billaud-Varenne, mais saluer à plusieurs reprises la guillotine du 21 janvier, et s’écrier d’un ton de héros : « J’ai été révolutionnaire avant vous tous ; j’ai été plus : j’étais un brigand, et je m’en fais gloire. » Pour que toutes ces choses aient été un jour raisonnables et bonnes à dire, pour qu’elles aient paru marquer un signal de retour, combien il faut que l’égarement et le délire aient été grands ! […] On lit dans la sixième note secrète de Mirabeau pour la Cour, à la date du 1er juillet 1790 : « Comme Desmoulins paraît être du directoire secret des Jacobins pour la Fédération, et que cet homme est très accessible à l’argent, il sera possible d’en savoir davantage. » (T. 

680. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

La duchesse du Maine, aussi bien que ses sœurs, était presque naine ; elle qui était une des plus grandes de la famille, elle ne paraissait pas plus qu’un enfant de dix ans. […] C’était un homme instruit et d’esprit, qui ne pouvait paraître un génie que dans une coterie. […] On riait de lui et il s’y prêtait ; il avait une singularité des plus remarquables, et qui ne nuisit pas à sa fortune : c’était un nez immense, mais un nez dont il paraît qu’on ne se peut faire aucune idée. […] Mais le cardinal de Polignac paraît avoir été celui des favoris le plus en vue, et l’on va même jusqu’à citer des fragments de lettres qui seraient décisifs. […] Le côté par lequel cette petite cour me frappe le plus et me paraît le seul mémorable, est encore le côté moral, celui qui touche à l’observation humaine des préjugés, des travers et des ridicules.

681. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

L’impression que fit ce livre au moment où il parut, fut vive ; mais sa grande explosion n’eut lieu que vingt ans plus tard, lorsque les événements en eurent vérifié les points les plus mémorables. […] Une dame, une amie de M. de Maistre, s’effrayait de cette installation de plus en plus souveraine d’un pouvoir qui lui paraissait non légitime : Avec tout le respect que je vous dois, Madame, écrivait M. de Maistre, je ne puis être de votre avis sur le grand événement qui fixe les yeux de l’Europe et qui me paraît unique dans l’histoire. […] Que verrons-nous paraître ? […] Son ton, en écrivant ces lignes, pouvait paraître tranchant, sa modestie intérieure était réelle. […] Louis Veuillot qui, en donnant ses soins à la présente édition, a mis le public à même d’entrer plus vite en jouissance des belles choses que l’on paraissait vouloir lui faire attendre encore quelque temps.

682. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Grimm reconnaissait qu’à cette date il était peu d’orateurs chrétiens qui parussent plus dignes du choix de l’Académie, et il ajoutait : « Il n’en est guère sans doute qui puissent se trouver moins déplacés dans une assemblée de philosophes. » L’éloge semblerait compromettant, si l’abbé Maury avait à être compromis sur quelque point. […] Après les journées des 5 et 6 octobre, il paraît qu’il eut encore une velléité de fuite. […] Tel il parut bientôt et se déclara aux yeux de tous36 lorsque, rallié au gouvernement impérial, il fut rentré en France et qu’il eut accepté pendant la captivité de Pie VII l’administration de l’archevêché de Paris. […] Sa critique de Massillon a paru sévère ; elle était hardie au moment où il la fit, et elle n’est que juste. […] Un jour, après un sermon prêché dans un couvent de religieuses, une d’elles, dans sa simplicité, lui dit qu’il paraissait bien ému et qu’on voyait bien à son tremblement, quand il commençait à parler, que cela devait lui coûter beaucoup : « Oh !

683. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il paraît bien que Rivarol était noble, malgré toutes les plaisanteries et les quolibets qu’il eut à essuyer à ce sujet. […] Rivarol, à son entrée dans le monde, y parut d’abord sous le nom de chevalier de Parcieux, s’autorisant de la parenté qu’il avait par sa grand-mère avec le savant (Deparcieux) si justement honoré, et que recommandaient de grands projets d’utilité publique. […] Telle est son idée, qui nous paraît aujourd’hui incomplète, mais qui n’était pas vulgaire. […] Il y a le commencement et le pressentiment d’un grand écrivain novateur tel que Chateaubriand a paru depuis, d’un grand critique et poète tel qu’André Chénier s’est révélé : par exemple, il critique Delille tout à fait comme André Chénier devait le sentir. […] Nous ne pouvons indiquer tout ce qui paraît de saillant et de bien pensé dans ce Journal de Rivarol quand on le relit en place et en situation.

684. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Cependant si l’orateur doit bannir de son discours la finesse épigrammatique, qui n’est souvent que l’art puéril et méprisable de faire paraître les choses plus ingénieuses qu’elles ne sont, il est une autre espèce de finesse qui lui est permise, quelquefois même nécessaire, et qu’il ne faut pas confondre avec l’obscurité. […] Il ne faut donc pas s’étonner si quelques modernes, en rendant justice d’ailleurs à l’éloquence de Démosthène, n’en ont pas paru échauffés au même degré que les Athéniens. […] ce rhéteur à contretemps ne nous paraîtrait-il pas jouer un rôle bien ridicule ou bien insipide ? […] Leurs fades déclamations doivent paraître encore au-dessous des pieuses comédies de nos missionnaires, où les gens du monde vont rire, et d’où le peuple sort en pleurant. […] La simplicité et le naturel de Massillon me paraissent, si j’ose le dire, plus propres à faire entrer dans l’âme les vérités du christianisme, que toute la dialectique de Bourdaloue.

685. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 107

Il est distribué par Cahiers, & le Public a déjà accueilli, avec distinction, tous ceux qui ont paru. L’âge déjà avancé de cet Auteur ne paroît pas ralentir son travail, & le mérite de ce travail doit porter à désirer qu’il puisse le continuer long-temps.

686. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Mon fils m’en a apporté un qui m’a paru d’un volume étonnant, comparé à la taille de l’architecte : il n’a pas moins de sept pouces de diamètre sur une hauteur de huit. […] Ils étaient sans doute arrivés tout nouvellement, car ils paraissaient bien fatigués. […] Ailes-rouges et étourneaux commençaient à paraître. […] Le lendemain matin, il ne paraissait encore aucune lueur de jour, que déjà je me retrouvais à mon poste. […] Son œil étincelle dans son orbite et paraît brûler comme la flamme.

687. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Au mois de mai dernier, cette objection contre la publication de ma brochure romantique me parut sans réplique. […] Auger paraît à la tribune ; il y a foule dans la salle ; on compte treize membres présents ; plusieurs ont revêtu leur costume. […] Ces malheureux Romantiques ont paru dans la littérature pour déranger toutes nos existences. […] Je lui demande quel âge à son fils, et je calcule à part moi à quelle époque ce fils paraîtra dans le monde et fera l’opinion. […] ce Classique des Débats, qui veut combattre une idée avec une baïonnette, n’est pas si ridicule qu’il le paraît.

688. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Encouragé par ce regard et par ce suffrage, il se remit activement à l’œuvre, et le tome Ier de son Histoire de France, avec tout l’ensemble d’images et de portraits qui la recommandent, put paraître en 1643, l’année même de la victoire de Rocroi et dans les premiers mois de la régence. […] En parcourant les papiers du fonds Mézeray à la Bibliothèque impériale, j’ai rencontré27 cette première dédicace non employée et mise au rebut, et j’en donnerai quelque chose ici, parce que c’est justice et que l’inspiration de cette grande œuvre historique, qui ne parut que sous la régence, doit se rapporter à l’âge et au règne précédent. […] Les voici, monseigneur, représentés et par la plume et par le burin, qui paraissent avec les plus beaux ornements de leur grandeur royale ; et, tout chargés qu’ils sont de palmes et de couronnes, je prends la hardiesse de les offrir à l’auguste majesté de leur successeur. […] Le premier tome parut donc en 1643, le second en 1646, le troisième en 1651. […] Après le portrait équestre de Louis XIII paraît la gravure d’Anne d’Autriche en pied sur son trône avec ses deux enfants.

689. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Comme il ne croit pas que son souverain, l’empereur Joseph, soit en mesure de la commencer assez vite, il demande à être provisoirement au service de la Russie : « Après avoir fait quelques sottises dans ma vie, dit-il à ce propos, j’ai fini par faire une bêtise. » Le voilà donc sans rôle défini, en qualité de militaire à moitié diplomate, et d’officier général à demi conseiller et très peu écouté, côte à côte avec le prince Potemkine, qui le caresse et le joue : « Je suis confiant, moi, je crois toujours qu’on m’aime. » On assiège Otchakov ; Potemkine n’est rien moins que militaire, et il veut le paraître. […] Mais les circonstances les empêchent de paraître comme eux ; en attendant examinez l’esprit, la beauté de leurs yeux, la vivacité ou la noblesse même de leur langue grecque vulgaire. […] Cet aperçu (à moi presque aussi ignorant, il est vrai, que le prince) me paraît, à cette date, la justesse même. […] Quand le Cours de littérature de La Harpe ou la Correspondance du même avec le grand-duc de Russie, ou encore quand les Mémoires de Besenval paraissaient, le prince de Ligne les lisait la plume à la main et les accompagnait page par page de remarques curieusesc, dont les éditeurs soigneux de ces divers ouvrages devraient dorénavant profiter. […] Il avait commencé trop tôt de paraître un monument.

690. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Lorsque sa traduction parut, ils se dirent : « Voilà donc cet Homère dont on parle tant », et ils firent bientôt toutes les critiques qu’une première impression suggère quand on ne se met pas au point de vue de l’Antiquité ou qu’à défaut d’une connaissance véritable on n’est pas retenu par le respect de la tradition. Ce qui aujourd’hui nous paraît surtout absent dans la traduction de Mme Dacier n’était point alors ce qui nuisait le plus à Homère, et, si elle avait mis à quelque degré dans son style de ces couleurs et de ces tons homériques que retrouvèrent plus tard, dans leur art studieux, André Chénier et Chateaubriand, il est à croire que de tels passages n’auraient point paru les moins gais à ces chevaliers à la mode dont nous avons des copies chez Regnard ou chez Dancourt, à ces jolies femmes de Marly que la duchesse de Bourgogne guidait au jeu et au plaisir, ou à ces esprits ingénieux et froids que Fontenelle initiait à la philosophie. La Motte, qui croyait que l’esprit supplée au talent et qui s’était mis à faire des vers, avant tout raisonnables, dans tous les genres et sur tous les sujets, se dit que l’Iliade d’Homère était une matière qui s’offrait d’elle-même, et il eut l’idée de prendre pour canevas la traduction de Mme Dacier, en y changeant, corrigeant, retranchant tout ce qui lui paraîtrait convenable ; il voulait faire d’Homère quelque chose de bien. […] Cependant celui-ci se décida à faire imprimer cette Iliade versifiée et réduite à douze chants ; elle parut pour la nouvelle année de 1714 avec un Discours sur Homère, où il déclarait tous ses sentiments ; et c’est alors, à ce moment de la paix d’Utrecht, la ville et la Cour étant de loisir, que la guerre littéraire éclata. […] La Motte est sceptique ; c’est un esprit froid, fin, sagace, qui pratique la maxime de Fontenelle et se défendrait de l’enthousiasme s’il pouvait en être susceptible ; il n’a rien à faire de son loisir et de son esprit qu’à l’appliquer indifféremment à toutes sortes de sujets auxquels il s’amuse : « Hors quelques vérités, pense-t-il, dont l’évidence frappe également tous les hommes, tout le reste a diverses faces qu’un homme d’esprit sait exposer comme il lui plaît ; et il peut toujours montrer les choses d’un côté favorable au jugement qu’il veut qu’on en porte. » Il se flatte que la dispute présente est du nombre de celles qui se prêtent à plus d’une solution ; il affecte de la considérer comme plus frivole qu’elle n’est, qu’elle ne peut le paraître à ceux en qui la raison se rejoint au sentiment et qui mettent de leur âme dans ces choses de goût.

691. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Pierre Charron (ou le Charron) dont l’ouvrage le plus connu, le livre De la sagesse, ne parut qu’en 1601, naquit en plein xvie  siècle, en 1541, à Paris, d’un père libraire, qui n’eut pas moins de vingt-cinq enfants. […] En cette même année 1588, si enflammée pour tous, et où il paraît qu’il avait lui-même sa fièvre et ses ardeurs, il fut près d’entrer dans la Ligue, comme il en convint quelques mois après, en écrivant à un docteur de Sorbonne de ses amis : Un temps a été, disait-il, que je marchandais d’être de la Ligue et y ai mis un pied dedans : car, en vérité je n’en fus jamais du tout, ni résolûment ; voire leurs actions m’ont outrément offensé. […] Ce qui lui manque, c’est ce qui fait l’âme et l’honneur, je ne dirai pas de la méthode (elle peut paraître hasardeuse), mais de la doctrine et du génie de Pascal, ce qui en fait la puissance et l’attrait : c’est le désir et le tourment, c’est le cœur. […] Ainsi donc, à les prendre pour ce qu’ils sont, les ouvrages de controverse et de théologie de Charron, antérieurs à sa Sagesse, et qui ne sont pas si en contradiction avec elle qu’ils le paraissent, purent obtenir dans leur temps un succès assez remarquable, et ils avaient leur à-propos. […] Plusieurs s’y sont trompés : Gabriel Naudé, plus docte en latin qu’en français, paraît décerner à Charron une préférence qui supposerait en lui ce dont il manque le plus, c’est-à-dire l’originalité.

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