Maeterlinck n’a pas seulement tenu ouvertes les grandes routes frayées par tant d’âmes de bonne volonté et où de grands esprits çà et là ouvrent leurs bras comme des oasis, — il semble bien qu’il ait augmenté vers l’infini la profondeur de ces grandes routes : il a dit « des mots si spécieux tout bas » que les ronces se sont écartées toutes seules, que des arbres se sont émondés spontanément et qu’un pas de plus est possible et que le regard va aujourd’hui plus loin qu’hier. […] La hiérarchie ecclésiastique nombre parmi ses clercs, à côté des exorcistes, les portiers, ceux qui doivent ouvrir les portes du sanctuaire à toutes les bonnes volontés ; Villiers cumula pour nous ces deux fonctions : il fut l’exorciste du réel et le portier de l’idéal. […] Eekhoud, aussi dramatique, est d’une analyse bien plus profonde et, enfin, s’ouvre largement comme un beau paysage transformé sans effort par le jeu des nuées et les vagues lumineuses. […] Négligeant l’observation et le style, dépourvus d’imagination, de fantaisie et surtout d’idées, tant générales que particulières, les façonniers qui assument le métier de narrer des histoires ont déconsidéré la fiction au point qu’un homme intelligent, soucieux de loisirs dignes de son intelligence, n’ose plus ouvrir un de ces tomes et que les quais eux-mêmes se révoltent et s’endiguent contre le flot jaune. […] Voici un passage bien caractéristique à la fois du talent de Lautréamont et de sa maladie mentale : « Le frère de la sangsue (Maldoror) marchait à pas lents dans la forêt… Enfin il s’écrie : « Homme, lorsque tu rencontres un chien mort retourné, appuyé contre une écluse qui l’empêche de partir, n’aille pas, comme les autres, prendre avec ta main les vers qui sortent de son ventre gonflé, les considérer avec étonnement, ouvrir un couteau, puis en dépecer un grand nombre, en te disant que toi aussi tu ne seras pas plus que ce chien.
L’imitateur de l’imitateur trouve ses imitateurs, et chacun poursuit ainsi son rêve de grandeur, bouchant de mieux en mieux son âme, et surtout ne lisant rien, pas même le Parfait Cuisinier, qui pourtant aurait pu lui ouvrir une carrière moins lucrative, mais plus glorieuse. […] Cependant l’esprit du vrai critique, comme l’esprit du vrai poëte, doit être ouvert à toutes les beautés ; avec la même facilité il jouit de la grandeur éblouissante de César triomphant et de la grandeur du pauvre habitant des faubourgs incliné sous le regard de son Dieu. […] Le sujet, d’ailleurs, est d’une nature suggestive ; et, bien que la scène se passe en Crimée, avant d’avoir ouvert le catalogue, ma pensée, devant cette armée de moissonneurs, se porta d’abord vers nos troupes d’Afrique, que l’imagination se figure toujours si prêtes à tout, si industrieuses, si véritablement romaines. […] Ainsi ils ouvrent une fenêtre, et tout l’espace compris dans le carré de la fenêtre, arbres, ciel et maison, prend pour eux la valeur d’un poème tout fait. […] Mais quand même il aurait emprunté son inspiration au passé, j’y verrais un motif d’éloge plutôt que de critique ; il n’est pas donné à tout le monde d’imiter ce qui est grand, et quand ces imitations sont le fait d’un jeune homme, qui a naturellement un grand espace de vie ouvert devant lui, c’est bien plutôt pour la critique une raison d’espérance que de défiance.
Un système nerveux, avec des neurones placés bout à bout de telle manière qu’à l’extrémité de chacun d’eux s’ouvrent des voies multiples où autant de questions se posent, est un véritable réservoir d’indétermination. […] Ouvrons, d’autre part, un recueil d’anecdotes sur l’intelligence des animaux. […] Pour chaque besoin qu’il satisfait, il crée un besoin nouveau, et ainsi, au lieu de fermer, comme l’instinct, le cercle d’action où l’animal va se mouvoir automatiquement, il ouvre à cette activité un champ indéfini où il la pousse de plus en plus loin et la fait de plus en plus libre. […] Ainsi va s’ouvrir aux yeux de l’intelligence, qui regardait dehors, tout un monde intérieur, le spectacle de ses propres opérations. […] Dès lors la machine ouvrait et fermait ses robinets elle-même ; elle fonctionnait toute seule.
Il suffit d’ouvrir les yeux sur l’univers pour apercevoir qu’il ne porte pas en lui-même sa fin et qu’il plonge ses racines dans les régions du mystère transcendant. […] La lune est un œil qui tâche La lune est un œil qui tâcheà s’ouvrir dans le ciel noir. […] Notre intelligence perd là son bel équilibre, c’est à quoi nous reconnaissons que finit l’Occident et que s’ouvrent les portes du Soleil. […] Mais, ceci admis, quelles différences nous ouvrent les yeux, aident à nous distinguer ! […] je suis celle qui dans la nuit t’ouvre les yeux.
Il a pris de multiples initiatives pour lutter contre les faux dieux du jour ; et il a voulu, notamment, que Bryn Mawr College pût affirmer son caractère de haute culture, en ajoutant à ses cours un enseignement qui ne correspondît à aucun programme et qui ne servît à rien — à rien qu’à faire réfléchir, qu’à provoquer des curiosités intellectuelles, qu’à ouvrir des horizons nouveaux. […] Prometheus Unbound fut écrit parmi les ruines de Rome, désertes et fleuries ; et quand il établit sa demeure au milieu des collines pisanes, leurs retraites à ciel ouvert l’abritèrent lorsqu’il composa The Witch of Atlas, Adonais et Hellas. […] doux, attentifs, austères, Tous vos échos s’ouvraient si bien à notre voix ! […] Souvent nous obéissons à plusieurs à la fois, ou, si nous ne le pouvons pas, nous ménageons pour un autre temps ceux auxquels les circonstances présentes ne nous permettent pas d’ouvrir notre âme. […] « C’est l’avarice (Helvétius n’écrit pas toujours avec la simplicité désirable) qui guide les vaisseaux à travers les déserts de l’Océan, l’orgueil qui comble les vallons, aplanit les montagnes, s’ouvre des routes à travers les rochers, élève les pyramides de Memphis, creuse le lac Moeris et fond le colosse de Rhodes.
Après quoi elles se mettent à l’œuvre, et cette feuille imprimée, que la ville entière ouvrait, au matin, frémissante de curiosité et d’impatience… arrive, à la tombée du jour, un homme armé d’un crochet, qui de cette feuille jetée aux immondices fait sa proie et l’emporte, dédaigneux de savoir ce que ce vil chiffon peut contenir. […] De plus, nous n’avons que six pièces de ce grand auteur Mais enfin, Molière a ouvert un chemin tout nouveau ; encore une fois, je le trouve grand. » Qui parle ainsi ? […] Déjà, il comprend confusément qu’une destinée s’ouvre devant lui, une destinée politique ; on dirait un nouveau débarqué de la Gironde, tant il est calme et sûr de son fait. […] D’ailleurs, le Théâtre-Français n’est pas ouvert pour qu’on s’y amuse tous les jours. […] Allons, ouvrons la porte aux enfants ; entourons de miel les bords de la coupe, mouchetons le poignard, modérons la clarté du lustre, que tout ceci se passe en famille, que le père, les frères, les sœurs, les amis, les coreligionnaires soient seuls admis dans ce temple auguste ; que la mère d’actrice, ce type éternel de l’enthousiasme à volonté, fasse entendre tout à l’aise ses sanglots et son gros rire ; et toi, critique, ma mie, tu n’as rien à voir dans ces scènes d’intérieur, va te promener.
Dans le passé grec, après la grande figure d’Homère, qui ouvre glorieusement cette famille et qui nous donne le génie primitif de la plus belle portion de l’humanité, on est embarrassé de savoir qui y rattacher encore. […] Il s’en ouvrit enfin à son père, et, appuyé de son aïeul qui le gatait, il obtint de faire des études. […] Lui, l’homme au masque ouvert et à l’allure naturelle, il avait à déblayer avant tout la scène de ces mesquins embarras pour s’y déployer à l’aise et y établir son droit de franc-parler. […] » A ce cri, qu’il devinait bien être celui du vrai public et de la gloire, à cet universel et sonore applaudissement, Molière sentit, comme le dit Segrais, s’enfler son courage, et il laissa échapper ce mot de noble orgueil, qui marque chez lui l’entrée de la grande carrière : « Je n’ai plus que faire d’étudier Plaute et Térence et d’éplucher les fragments de Ménandre ; je n’ai qu’à étudier le monde. » — Oui, Molière ; le monde s’ouvre à vous, vous vous l’avez découvert et il est vôtre ; vous n’avez désormais qu’à y choisir vos peintures.
À peine ma brochure terminée, je l’ai lue, ou plutôt j’ai tenté de la lire à quelques bons amis brûlant de me siffler ; on s’assoit, j’ouvre mon cahier, il commençait par le manifeste académique. […] Je respecte beaucoup l’Académie comme corps constitué (loi de 1821) ; elle a ouvert une discussion littéraire, j’ai cru pouvoir lui répondre. […] C’est un siècle après leur mort, les gens qui les copient au lieu d’ouvrir les yeux et d’imiter la nature, qui sont classiques14. […] Benjamin Constant plaidant la cause d’une constitution raisonnable aux Tuileries avec Napoléon, qui se montre franchement despote, traite la France comme son domaine, ne parle que de son intérêt propre à lui Bonaparte, et trois mois après M. le comte de Las-Cases déplorant, dans l’amertume et la sincérité de son cœur de chambellan, que l’Empereur ait été sur le point de se trouver dans le cas d’ouvrir une porte lui-même.
Lundi 23 février Dans le premier journal que j’ouvre, je tombe sur ce fait divers, que les machinistes à l’Odéon ont passé la nuit à équiper le décor du Bal Masqué. […] Et l’on soupe au milieu d’une douce gaîté, et de l’espérance de tous que mon succès va ouvrir à deux battants la porte au théâtre réaliste. […] Et pour paysage et horizon, tout près de soi, à cinq mètres, un mur couleur de boue, dans lequel ouvre une fenêtre aux carreaux moitié cassés, moitié bouchés par des toiles d’araignées, et au milieu de la petite cour séparant le bureau de rédaction du mur en face, un espèce de soupirail de verre, d’où montent des odeurs de cuisine de restaurant à vingt-cinq sous, mêlées à des odeurs de laboratoire de pharmacie. […] Mercredi 18 novembre Le commandant Riffaut me disait qu’il avait beaucoup causé de Chérie, avec des femmes d’officiers, des amies qui lui parlaient, à cœur ouvert, de leurs impressions de lectures.
Le second s’ouvre avec Perrault, qui rallume la guerre en lisant à l’Académie française son poème du Siècle de Louis le Grand, composé tout à la glorification de l’âge présent et au détriment de l’Antiquité (1687).
La salle fut décorée en noir ; tous les représentants s’y rendirent en grand costume et en deuil ; une musique douce et lugubre ouvrit La séance ; Louvet prononça ensuite l’éloge du jeune représentant, si dévoué, si courageux, sitôt enlevé à son pays ; un monument fut voté pour immortaliser son héroïsme.
La réflexion les domine ; mais je le crains bien, il n’est plus possible de conserver ce caractère jeune, ce cœur ouvert à l’amitié, cette âme, non encore blessée, qui colorait le style, quelque imparfait qu’il pût être, par des expressions sensibles et confiantes.
. — L’humoriste installe sa propre personne sur le trône130, parce que le petit monde intérieur, plus vaste que le vaste monde extérieur, ouvre à l’imagination un champ infini ; mais s’il élève son moi, c’est pour l’abaisser et l’anéantir poétiquement comme le reste de l’univers. — Il déborde de sensibilité131 : lorsque, planant sur le monde, il se balance dans sa légère nuée poétique, ses larmes brûlantes tombent comme une pluie d’été qui rafraîchit la terre.
J’ouvris sans prévention Deux plaisanteries.
Que chacun ouvre son parapluie !
Mais l’histoire intégrale du xviiie siècle, une histoire allant d’une seule et forte venue d’une extrémité à l’autre de ce siècle, qui s’ouvre en 1700 aux affaires de la succession d’Espagne et qui se ferme en 1800 aux affaires d’une bien autre succession, — la succession de la Révolution française, — une pareille histoire, on la cherche en vain.
c’était nous-mêmes qui lui avions ouvert nos portes.
Il lui a ouvert ce cœur, qui devait être pâle, si les Sauvages qui disent que le cœur des lâches n’est pas rouge ont raison, et il en a extrait, il en fait sortir tout le venin, tout le fiel, toutes les envies, toutes les bassesses, toutes les peurs, toutes les hypocrisies, entassées, figées et durcies dans ce misérable cœur !
Ils en firent un malade et ils inventèrent même une petite légende d’abîme qu’il voyait incessamment ouvert à ses pieds, et cette légende, qui rapetissait Pascal, a eu crédit longtemps, et c’est un poëte, c’est M.
Je n’ai point oublié, par exemple, l’idée heureuse qui ouvre aux Moines la succession de ces deux grands Trépassés historiques, dont l’un est touchant et l’autre sublime, les Esclaves et les Martyrs.
» Dieu, dit-il, lui « ouvrit le monde intérieur », et il fut immédiatement Voyant.
Je ne m’attendais donc pas, quand j’ouvrais cette Vie de saint Vincent de Paul, par l’abbé Maynard, à beaucoup plus qu’à des choses infiniment touchantes et touchées délicatement par un homme d’un talent borné par le goût, cette barrière élégante !
L’auteur des Esprits oppose la science à elle-même dans ses plus célèbres représentants, dont il ouvre les livres sous nos yeux, et, le croira-t-on ?
Une porte s’ouvre.
— qu’ils n’ouvrent que dans leurs strophes menteuses, ils se mettent très bien au ventre de la même boue que tout le monde.
Quelle voie ouvrez-vous ?
Quelle voie ouvrez-vous ?
Ils croiront que ce Nicolas Gogol, au nom si harmonieusement sauvage, est quelque Edgar Poë… ukrainien ou zaporogue, et ce sera une erreur dont ils s’apercevront bien vite, pour peu qu’ils ouvrent ces deux volumes, dont la prétention, au contraire est d’être cruellement réels.
Il en est d’autres qui n’ont plus l’espérance de redevenir justes, et que la loi condamne, pour leur épargner de nouveaux crimes ; il évitera de les condamner lui-même ; jamais la bouche du souverain ne s’ouvrira pour prononcer une peine de mort.
Par la même raison, ils doivent encore être plus loin de la finesse de l’esprit et des idées, qui ne peut être que le partage d’un siècle exercé et très poli, et qui peut-être suppose déjà un peu le dégoût des grandes choses et le désir de s’ouvrir de nouvelles routes.
ce tombeau s’ouvrirait ; ces ossements se ranimeraient pour me dire : Pourquoi viens-tu mentir pour moi, qui ne mentis pour personne ?
Il s’ouvrit une grande scène en Europe ; les dépouilles de la maison d’Autriche à partager, la France et l’Espagne unies contre l’Angleterre, la Hollande, la Sardaigne et l’Empire, une guerre importante, un jeune roi qui se montra à la tête de ses armées, les présages de l’espérance, les vœux des courtisans, enfin l’éclat des conquêtes et des victoires, et le caractère général de la nation, à qui il est bien plus aisé de ne pas sortir du repos que de s’arrêter dans son mouvement, tout donna aux esprits une sorte d’activité qu’ils n’avaient point eue peut-être depuis Louis XIV.
On le voit donc : loin que cette puissance d’action, ce spectacle des réalités éclatantes, qui est l’âme de la spéculation, soit épuisé pour nous, l’Europe est plus que jamais à portée de faire de grandes choses, de s’ouvrir de nouveaux horizons, de féconder des terres nouvelles et de recueillir des fruits mûrs qui l’attendent.