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713. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Lépine assure l’ordre de la rue et la circulation des cortèges de gala. […] La question s’agite, dans la presse aux ordres du gouvernement, d’y adapter tout au moins des paroles plus seyantes.

714. (1890) L’avenir de la science « XX »

Dans l’ordre des productions de l’esprit, comme dans tous les autres, on ne reproduit que sur la demande expresse ou supposée, et par la force des choses il arrive que c’est la richesse qui fait la demande. […] La ploutocratie, dans un autre ordre d’idées, est la source de tous nos maux, par les mauvais sentiments qu’elle donne à ceux que le sort a faits pauvres.

715. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

« La justesse & la lumiere de l’esprit influent nécessairement sur les mœurs, puisque c’est de ces deux perfections que naissent l’ordre & l’appréciation des idées. […] M. le Comte de Tressan a un fils Militaire & un autre dans l’Ordre Ecclésiastique.

716. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

On sent que leur mission vient d’en-haut, et qu’ils enseignent par l’ordre exprès du Tout-Puissant. […] Ce qu’on remarque de plus frappant dans cet ouvrage, c’est le développement de l’esprit humain : on entre dans un nouvel ordre d’idées ; on sent que ce n’est plus la première antiquité ou le bégaiement de l’homme qui se fait entendre.

717. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Toutefois on aurait dû remarquer qu’il y a deux sortes de clartés : l’une tient à un ordre vulgaire d’idées (un lieu commun s’explique nettement) ; l’autre vient d’une admirable faculté de concevoir et d’exprimer clairement une pensée forte et composée. […] Le christianisme a mis au dedans du style du premier, le charme, l’abandon et l’amour ; et au dehors du style du second, l’ordre, la clarté et la magnificence.

718. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

Sans l’attrait d’un tel intérêt privé identifié avec l’intérêt public, comment ces pères de famille à peine sortis de la vie sauvage, et que Platon reconnaît dans le Polyphème d’Homère, auraient-ils pu être déterminés à suivre l’ordre civil ? […] Cet ordre de choses se trouva tout préparé pour la monarchie.

719. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Ils veulent que leur civilisation dure comme un monument : ils savent que rien ne dure dans les mobiles démocraties, gouvernements des passions et des caprices du peuple ; la hiérarchie est en tout la forme de l’ordre et la condition de la durée. […] Liberté à la base, aristocratie au milieu, monarchie au sommet, ordre partout ; mais ordre raisonné plutôt qu’imposé. […] Voyez ce qui se passe en Syrie entre les Maronites, les Druses, les Grecs, les Arabes, les Bédouins de la Mésopotamie, toutes les fois qu’une rixe nationale s’élève, et que les Turcs ne sont pas là assez nombreux pour remettre l’ordre et imposer la paix. […] Elle aura fait ainsi plus qu’une conquête : elle aura fait l’ordre français en Turquie, au lieu du désordre européen. […] Ma monarchie, jusqu’ici de troisième ordre et presque inaperçue dans la famille des monarchies, va grandir en un moment, non pas comme une puissance régulière et par un accroissement progressif, mais à la manière des explosions révolutionnaires, jusqu’à la proportion de trente millions d’âmes, d’un trône composé des ruines de cinq ou six trônes, et d’une armée de cinq ou six cent mille hommes qui deviendront mon armée.

720. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Les lois sont des règlements obligatoires promulgués par les gouvernements pour faire vivre les sociétés nationales en ordre plus ou moins durable, en justice plus ou moins parfaite, en moralité plus ou moins sainte entre eux. Plus les lois sont obéies, c’est-à-dire capables de maintenir en ordre la société nationale, plus elles sont conformes à la souveraineté de la nature, qu’elles ont pour objet de manifester et de maintenir pour conserver aux hommes les bienfaits de la société. […] Ces trois caractères de la loi, la règle, la justice, la moralité, sont donc les degrés successifs par lesquels la société politique se fonde et s’élève d’abord par l’ordre, se légitime ensuite par la justice, s’accomplit enfin par la moralité. Ainsi d’abord ordre entre les hommes, sans quoi la société elle-même s’évanouit. […] Dieu lui doit la même part de sa providence, puisqu’il l’a créé avec la même part de son amour ; la société lui doit la même part de sa justice, puisqu’elle lui impose, proportionnellement à son intelligence et à ses forces, la même part de ses charges, de ses sacrifices, de ses lois dans l’ordre moral.

721. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Fidèle jusqu’à la persécution, disait son père, poète et orateur du second ordre qui célébrait l’autel en assez bons vers et qui défendait le trône en assez bonne prose contre les libéraux de 1815 dans les académies et dans les Chambres. […] J’appris sa mort par hasard ; aussitôt, appuyée des ordres du pacha de Damas, qui me traitait comme sa fille, j’expédiai partout des émissaires, mais je ne pus recueillir que des renseignements incertains, et je ne savais où diriger mes poursuites. […] Mais soyez franc, ajouta-t-elle après un moment de silence : avez-vous ordre de me parler d’Ali-Bey ? […] Lady Stanhope alla chercher un petit paquet enveloppé de papier qu’elle me donna ; elle me dicta deux lignes, que par ses ordres j’écrivis sur la lettre même. […] J’entrevis l’espérance de les avoir en ma possession ; je fis entendre au pacha qu’Ali-Bey s’occupait uniquement d’astronomie ; qu’il allait à la Mecque par ordre de son roi, pour y mesurer le soleil, qu’il savait bien y être plus grand qu’ailleurs (c’est une croyance de l’islamisme) ; que ce qu’il laissait après lui formait l’héritage de son fils Osman-Bey, qui habitait le royaume de Fez ; et qu’enfin, pour profiter des écrits de ce savant, il fallait traduire ses observations en arabe : j’offris de me charger de ce travail ; mes motifs allaient être goûtés, je m’en flattais du moins, quand le pacha fut destitué.

722. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Nous sentons cette impression dans la contrainte que le caractère défini des groupes de phénomènes impose à la conscience qui les perçoit ; nous ne pouvons percevoir, en effet, que selon une combinaison et un ordre déterminés. […] En général, les rapports de nos états de conscience dans le temps, leurs rapports mêmes de dépendance mutuelle et de causalité empirique, leur ordre de succession constante et leurs lois de combinaison ne peuvent être attribués à notre conscience, mais à l’action plus ou moins immédiate des choses extérieures. […] Ce n’est pas l’ordre de mes sensations de couleurs qui vient de moi, qui est la part de ma conscience ; ce sont ces sensations elles-mêmes en tant que senties, en tant qu’ayant telle nuance intérieure, telle qualité propre. […] La forme intellectuelle, au contraire, est en grande partie, au moins à l’origine, un ordre imposé du dehors et qui demeure lui-même extérieur : c’est un rapport constant de simultanéité ou de succession qui n’affecte pas les termes eux-mêmes, mais leurs relations mutuelles. […] Nous avons vu que le rapport des sensations est un ordre imposé du dehors et plus ou moins extérieur, tandis que la sensation même, avec sa couleur indéfinissable et sa qualité spécifique, est l’apport propre de la conscience, irréductible au mécanisme et à la seule action des objets matériels.

723. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

En même temps il augmentait le nombre des conjurés, et faisait lever des troupes sous les ordres d’un certain Mallius. […] Un général vainqueur n’osait pas, sans l’ordre du prince, accorder la couronne civique à un soldat. […] Tibère, irrité, écrivit une lettre de reproche à Pilate, en lui donnant l’ordre de retirer sur-le-champ les boucliers. […] Frappé de ce coup inattendu, Séjan demeurait immobile, paraissant ne pas entendre l’ordre réitéré du consul. […] Il fut arrêté, le 13 septembre, par ordre extraordinaire de la chambre des communes.

724. (1927) Approximations. Deuxième série

Il a su rétablir ici le contact entre deux ordres, celui de l’action et celui de la pensée. […] Et sans doute ils ressemblent à leurs auteurs : les ouvrages où ne se laisse pas déceler une ressemblance de cet ordre, passée la première avidité de la jeunesse qu’ils ont tôt fait de nous tomber des mains. […] Car, tout de suite, tel Adam créant son Eve, Remy a créé une Marinette en lui-même, telle qu’il la veut, telle qu’il la lui faut, telle qu’il l’aime, selon ses goûts et ses désirs, ses ordres et ses besoins. […] La grandeur fondamentale de l’art de Degas, c’est qu’il soit capable de susciter des réactions de cet ordre. […] Ainsi seulement se laisserait suivre cet admirable travail — ici tout ensemble d’ordre intime et d’ordre esthétique — en vertu duquel, parce qu’il a su s’obliger à « la cellule de la connaissance de soi-même », ce don s’est sculpté au point que l’on puisse dire — comme l’observait Sindral dès la publication du Désert de l’amour dans la Revue de Paris — qu’avec ce livre Mauriac se classe à la tête de nos romanciers.

725. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Ouvrière, elle demande des outils de l’ordre spirituel. […] « C’est un ordre », dit-il. […] Les résignations de cet ordre ressembleraient à des suicides. […] Qui n’a constaté sur soi-même des suggestions de cet ordre ? […] Il n’en va pas ainsi du personnage de second ordre.

726. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Il n’a pas cessé un seul jour, à ce qu’il semble, d’être dans son ordre et dans sa voie. […] Bossuet, en toute sa vie, marche à visage découvert, et rien de lui, rien de ses actions ni de sa pensée n’est dans l’ombre ; il fut en tout le contraire des opinions et des méthodes particulières ; il fut l’homme public des grandes institutions et de l’ordre établi, tantôt l’organe, tantôt l’inspirateur, tantôt le censeur accepté de tous, ou le conciliateur et l’arbitre. Il est naturellement l’homme le plus considérable d’alors dans l’ordre catholique et gallican, et partout où prévalait la parole ; et cette parole nous a été transmise presque dans toute sa beauté : que faut-il de plus ?

727. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Le caractère et les ouvrages de ce respectable abbé ont été, dans les derniers temps, l’objet d’études approfondies qui, en l’exagérant un peu, le font très bien connaître, M. de Molinari, au point de vue des économistes, nous l’a présenté par extraits, par citations resserrées et abrégées, seule manière dont l’abbé de Saint-Pierre soit lisible, et il l’a justement rapproché de son futur parent dans l’ordre des esprits, le philosophe utilitaire Bentham. […] Il se produisit, à ce moment, un phénomène assez singulier : sur la fin et comme à l’arrière-saison d’un siècle si riche par l’ensemble et la réunion des plus belles facultés de l’esprit et de l’imagination, on vit paraître plusieurs hommes distingués, et quelques-uns même éminents par certaines parties de l’intelligence, mais notablement privés et dénués d’autres facultés qui se groupent d’ordinaire pour composer le faisceau de l’âme humaine : — Fontenelle en tête, le premier de tous, une intelligence du premier ordre, mais absolument dénué de sensibilité ; La Motte, l’abbé Terrasson, qui l’un et l’autre, avec l’esprit très perspicace sur bien des points, raisonnaient tout à côté comme s’ils étaient privés de la vue ou du goût, de l’un des sens qui avertissent. […] L’abbé de Saint-Pierre, qui devait contribuer à ce lendemain par la pensée sans participer au règne ni à l’honneur, parcourut en quelques années des ordres très divers de connaissances, et porta dans toutes l’esprit qui le caractérisait, une analyse subtile, une recherche extrême de précision, une patience et une lenteur ingénieuses et encore plus minutieuses à discuter tout.

728. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

  On se plaint, et depuis assez de temps, qu’il ne s’élève point dans le champ de l’imagination et de l’invention proprement dite d’œuvre nouvelle, de talent nouveau du premier ordre, qui prenne aussitôt son rang et se fasse reconnaître à des signes éclatants, incontestables ; on ne saurait faire entendre cette plainte dans le monde de l’érudition et de la critique ; elle serait injuste, et l’on aurait à l’instant à vous répondre en vous citant des noms qui se sont produits depuis ces dix ou douze dernières années et qui ont acquis dès leur début une célébrité véritable. […] Rien de tel ; si le déchirement exista en effet, ce fut dans un autre ordre, dans celui des relations personnelles ; il lui fut pénible et douloureux, sans doute, d’avoir à se séparer des hommes respectables auxquels il était attaché par des sentiments d’affection et de reconnaissance ; il souffrit de devoir les affliger en leur annonçant une résolution irrévocable. […] Mais il eut beau faire, la préoccupation religieuse perçait ; on sentait venir un témoin, un observateur d’un ordre à part, armé d’instruments à lui et suspect de curiosité pure, sous la forme du respect.

729. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Mais il y aurait surtout à insister sur ce premier ordre de comparaisons si spéciales et si neuves, tout à fait imprévues, de celles qu’on ne copie guère et qui qualifient, à proprement parler, l’originalité d’un style et d’un talent. […] Ce que j’indique là pour un ordre de personnages et de tableaux, il faudrait l’étendre à tous les autres. […] Lorsque Neptune dans le combat est tenté de résister à l’ordre de Jupiter que lui transmet la messagère Iris, celle-ci lui rappelle à propos le danger d’une révolte sacrilége, et elle ajoute que les Furies sont toujours du côté des aînés pour servir leur vengeance.

730. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

La passion de la gloire ne peut être trompée sur son objet ; elle veut, ou le posséder en entier, ou rejeter tout ce qui serait un diminutif de lui-même ; mais l’ambition a besoin de la première, de la seconde, de la dernière place dans l’ordre du crédit et du pouvoir, et se rattache à chaque degré, cédant à l’horreur que lui inspire la privation absolue de tout ce qui peut combler ou satisfaire, ou même faire illusion à ses désirs. […] Une révolution suspend toute autre puissance que celle de la force ; l’ordre social établit l’ascendant de l’estime, de la vertu : les révolutions mettent tous les hommes aux prises avec leurs moyens physiques ; la sorte d’influence morale qu’elles admettent, c’est le fanatisme de certaines idées qui n’étant susceptible d’aucune modification, ni d’aucune borne, sont des armes de guerre, et non des calculs de l’esprit. […] Il ne partage point les terreurs que l’ignorance fait éprouver, mais il faut qu’il accomplisse les affreux sacrifices qu’elle demande ; il faut qu’il immole des victimes qu’aucun intérêt ne lui fait craindre, que son caractère souvent lui inspirait le désir de sauver ; il faut qu’il commette des crimes sans égarement, sans fureur, sans atrocité même, à l’ordre d’un souverain dont il ne peut prévoir les commandements, et dont son âme éclairée ne saurait adopter aucune des passions.

731. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Le mal est venu de ce que ces éditeurs sont en même temps auteurs d’une vie de madame de Maintenon ; qu’ils ont composé leur biographie avant d’avoir assez étudié les lettres pour les mettre à leur véritable place, et qu’ensuite ils ont arrangé les lettres dans l’ordre qui s’accordait avec leur composition, au lieu de composer d’après l’ordre des lettres bien vérifié. […] Cet ordre seul a suffi pour découvrir bien des choses inaperçues et pour en démêler beaucoup de confuses.

732. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Il obtint un ordre du roi pour qu’elle fût enfermée. […] Les ordres furent donnés. […] Bossuet, cessant ainsi d’être son mari, entra dans les ordres.

733. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Réciproquement, tel ordre de pensées, tel ordre d’affections peut disparaître seul, le reste demeurant intact. On a toutefois répondu à cette objection que ces faits sont absolument analogues à ceux qui se produisent dans l’ordre de nos sensations, sans que l’on soit pour cela obligé de conclure à la diversité des sièges organiques.

734. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Sans citer tant d’exemples présents à tous les esprits, voici un écrivain qui a débuté dans la carrière des lettres il n’y a pas loin de soixante ans, qui a reçu les encouragements de Mme de Staël, qui déjà joua un rôle politique important sous la première restauration, qui pendant les quinze années du gouvernement des Bourbons fut à la fois un publiciste populaire et un professeur de premier ordre, déployant avec une égale énergie son activité dans les luttes de la politique et dans les recherches ardues de la science, qui plus tard, après 1830, passant de l’opposition au pouvoir, se révélait comme le plus grand orateur politique de son temps, dépensait chaque jour pendant une lutte de dix-huit ans toutes les forces réunies de l’éloquence et du caractère contre le flot toujours montant de la révolution, et qui enfin un jour était emporté par elle ! […] Elles lui font pressentir, ou, pour parler plus exactement, elles lui révèlent un ordre de choses autre que les faits et les lois du monde fini qu’il observe ; mais, s’il a de cet ordre supérieur l’instinct et la perspective, il n’en a pas, il n’en peut pas avoir la science.

735. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Et un peu plus loin : Ce qui constitue proprement la bonté morale, c’est la fin que se propose l’agent libre, à savoir, le bien de ses semblables, et quelquefois aussi d’autres motifs, comme celui de ne pas blesser la dignité de sa nature, de nous conformer à l’ordre, et surtout de nous soumettre à la volonté de notre Créateur. […] Je crois pourtant que, si la psychologie se bornait à enseigner des vérités de cet ordre, son utilité serait médiocre. […] Ils ont observé le mouvement naturel de la pensée, et le reproduisent ; ils savent que ses premières opérations consistent dans la connaissance de faits particuliers, déterminés, et le plus souvent sensibles, que peu à peu elle se porte involontairement sur certaines parties détachées de ces faits, qu’elle les met à part, qu’aussitôt les signes apparaissent d’eux-mêmes, que les idées abstraites et les jugements généraux naissent avec eux ; ils suivent cet ordre dans les vérités qu’ils nous présentent, et en retrouvant la manière dont l’esprit invente, ils nous apprennent à inventer.

736. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Mais cela même atteste un ordre d’élévation intellectuelle et mystique lié de près à la poésie, et que nous retrouvons à différents âges de l’esprit humain. […] Né à Samos, voyageur en Orient et législateur de villes grecques en Italie, sa science des nombres, sa théorie morale de la musique, et la part qu’il lui donnait dans l’ordre même du monde céleste, attestent dès l’origine quelle influence l’imagination devait prendre sur la civilisation des Grecs. […] La morale en est haute, il est vrai, l’accent austère et simple95 : « Plus que devant tout autre, rougis devant toi-même. — Honore ton père et ta mère, tes parents les plus proches ; et, parmi tous les autres, choisis, dans l’ordre de la vertu, le meilleur pour ton ami. » Ce sont là des maximes belles dans tous les temps ; une part d’enthousiasme s’y mêle.

737. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Or, le conseil du législateur athénien n’est pas moins utile dans l’ordre littéraire que dans l’ordre moral ou politique. […] Des vérités d’un ordre si élevé sont bien partout, c’est-à-dire partout inutiles. […] Mais les grands écrivains voués à l’expression d’un ordre spécial de vérités ne sont pas nombreux ; l’Académie le sait aussi bien que nous. […] Dumas des émotions d’un ordre élevé. […] La foule était lasse de l’adultère et de l’échafaud, et demandait impérieusement des émotions d’un ordre plus élevé.

738. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Dumas, un ordre de l’État-Major vient de faire rendre draps et palmiers. […] Les Hommes d’ordre. […] Pas un officier supérieur donnant des ordres. […] Alors une troupe nombreuse de gardes nationaux se repliant avec leurs officiers, lentement et en bon ordre. […] Moi, je me demande si le cerveau d’un Rothschild n’est pas aussi pesant que le cerveau d’un Alexandre, et si des capacités d’un ordre différent, d’un ordre jugé inférieur comme celui d’un financier comparé à un conquérant ou à un littérateur, ne sont pas produits par des organes semblables de même valeur.

739. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Mais un jour Guérassime avait été appelé à Moscou par ordre de sa maîtresse. […] Avec son caractère ferme et grave, il aimait l’ordre, le calme. […] Humble élève d’un valet de dernier ordre, Moumou ne pénétrait jamais à l’intérieur de la maison seigneuriale. […] Il le réveilla et lui donna à voix basse un ordre auquel le valet répondit par un bâillement et un éclat de rire. […] Le veuve demanda à Gabriel s’il s’était souvenu de ses ordres, et le majordome se hâta de répondre qu’ils étaient exécutés.

740. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

A-t-il été chassé par un ordre exprès de Pie VI, de ce même pape à qui il avait offert (si lâchement, dit-il) le premier recueil de ses tragédies, et qui l’avait accueilli avec tant de bonté ? […] Chaque jour on attendait celui qui verrait s’établir enfin un ordre de choses tolérable ; mais le plus souvent on désespérait que jamais ce jour dût venir. […] Je voulus donc mettre ordre à mes affaires et me tenir prêt à tous événements. […] Il s’amuse à créer pour lui-même un ordre de chevalerie littéraire : « J’inventai un collier où seraient gravés les noms de vingt poètes et auquel serait suspendu un camée avec le portrait d’Homère. Je me parerai moi-même de ce nouvel ordre. » Ses mémoires sont surtout intéressants par la sincérité de sa vanité ridicule et aussi par la passion moitié sincère moitié ostentative qu’il affecta de prouver toute sa vie à la comtesse d’Albany.

741. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Le temps, au contraire, a commencé avec le monde, quand Dieu l’a créé et y a mis un ordre merveilleux. […] Une pareille histoire n’est-elle pas infiniment préférable à de sèches nomenclatures, quelque bien rangées qu’on les suppose, par ordres, classes et genres ? […] Par sa soumission volontaire, il s’associe de son plein gré à quelque chose de plus grand que lui ; il se sent rattaché à un ordre de choses qui le dépasse et qui le fortifie. […] Les lois humaines ne peuvent être le fondement de la loi morale ; car c’est elle qui les inspire, qui les juge et les condamne, quand elles s’écartent de ses ordres légitimes. […] Dans les choses de cet ordre, c’est le privilège de l’esprit grec que d’avoir surpassé le nôtre et de l’avoir instruit.

742. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

C’est dans l’ordre de l’Histoire, et c’est plus naturel encore au lendemain d’une brisure aussi violente que celle dont nous avons été les témoins. […] Les arts qui ont rompu avec l’ordre établi ou qui ont eu à se développer en l’absence de l’ordre, prennent une allure, ont un accent que ne tolère pas cette sorte de salon qu’est une société bien organisée. […] Osons le dire ici : le talent n’est pas tout, et le xixe  siècle a eu surtout du talent, des talents ; il en a eu même à profusion, mais sans ordre, sans clarté, et d’une telle façon qui pourrait laisser croire bien souvent, comme chez les réalistes, à une inculture, à une indigence d’idées désolante. […] Outre leur incontestable valeur esthétique, les chefs-d’œuvre romantiques ont encore pour l’historien littéraire une valeur documentaire de premier ordre sur l’esprit en France : pendant vingt-cinq ans, sous la Révolution et l’Empire, comme un sol qui absorbe lentement les pluies pour les rendre plus tard à l’état de sources, de fraîcheur, et de richesse, l’âme française s’était profondément pénétrée de toutes les larmes et de tout le sang qui avaient longuement coulé sur le pays. […] Mais on est un peu agacé par ceux qui les imaginent contenant toute la réalité du passé ou bien qui y cherchent une philosophie, une sociologie, une éthique et d’autres choses du même ordre.

743. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

L’ordre est inverse dans l’histoire moderne. […] Telle est l’impression qui reste de la Théorie de la Terre, le premier ouvrage français où l’éloquence, comme on l’entendait au dix-septième siècle, c’est-à-dire l’art de persuader la vérité, a passé des lettres dans la science, et mis au service des vérités de l’ordre physique la grande langue employée jusqu’alors à l’expression des vérités de l’ordre moral. […] Il ne manquerait rien à Gil Blas pour être un livre de premier ordre, si à la peinture de l’homme tel qu’il est se joignait l’élévation morale. […] C’est de ce fonds d’études fécondes au sein des deux antiquités, c’est de ce commerce avec de grands esprits et de grands cœurs que sortit un livre excellent, tout savoir, tout esprit, le premier dans cet ordre d’idées, si Rollin n’avait écrit le sien. […] Il s’est donc contenté de recueillir et de mettre en ordre les maximes des autres.

744. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Un an d’avance, l’ordre avait été donné à toutes les étapes de préparer « le repas du Roi » ; et depuis, les cités n’étaient occupées qu’à moudre du blé et qu’à engraisser du bétail, pour le service de Xerxès. […] Sa flotte démantelée, qui avait regagné la baie de Phalère, cingla vers l’Hellespont, par son ordre si hagarde et si terrifiée que, voyant de loin des falaises détachées de la côte, elle prit leurs rochers pour des vaisseaux grecs, leurs blancheurs brillantes pour des voiles, et s’éparpilla dans la haute mer. […] L’armée lacédémonienne traversa l’isthme sous les ordres de Pausanias, elle fut rejointe à Éleusis par les Athéniens descendus de leur flotte. […] Ne reparais plus en ma présence, et tiens-toi pour content de n’être point châtié d’un pareil conseil. » Une belle vengeance sculpturale, la seule exercée après la victoire, fut la création de l’ordre Persique. […] Le sens de l’ordre et de la mesure lui aurait manqué en toutes choses, le grand Chorège qui a réglé par deux fois sa marche, ayant disparu.

745. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il n’eût pas convenu aux rivaux de Sophocle & d’Euripide, d’Aristophane & de Térence, de Juvénal & d’Horace, de se couronner de leurs propres mains, ni de donner à nos écrivains du second ordre la palme sur les anciens. […] Saint-Evremont avoit dit que le prince Troyen étoit plus propre à être fondateur d’un ordre de moines que d’un empire*. […] Un poëte n’est pas historien : l’ordre des temps & des lieux ne le regarde qu’à un certain point. […] Les actions, multipliées à l’infini, y paroissent sans ordre, sans liaison, sans art. […] Ils ne trouvent que dans les nôtres l’ordre & la sagesse dans le plan, la nouveauté des situations, la plus exacte bienséance, un ensemble plus beau, plus fini, & toujours supérieur aux écarts brillans d’une imagination féconde & désordonnée.

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