De nombreuses observations, faites par les éleveurs, tranchaient la question d’une manière affirmative1. Le jeune auteur, étonné lui-même des effets qu’il avait pu tirer d’une observation toute scientifique, résolut de mettre dorénavant la science au service de l’art. […] L’auteur a fait ses observations sur les ouvriers mécaniciens, qui forment la septième partie de la population laborieuse de Paris. […] Zola a travaillé la pâte que lui fournissaient ses études et ses observations. […] Son style bref, sa manière un peu sèche, un peu hautaine de présenter ses observations, ont exaspéré bien des susceptibilités.
… Il est des auteurs qui exagèrent l’observation ; Balzac tombe souvent dans ce défaut. […] Il fallait un grand soin, une grande observation pour rendre cette physionomie difficile. […] Champfleury a très bien décrit leurs jeux, leurs terreurs, leurs lâchetés ; est-ce souvenir, est-ce observation ? […] Encore une observation et je finis. […] n’est-ce pas sur l’observation, sur la connaissance de l’individu dont on veut se servir ?
Cette idée est parfaitement juste : il faut au poète l’observation réfléchie de la nature ; son génie y gagne en étendue et en vérité. […] Mais comme il ne précise pas nettement le lieu de ses observations ; et que, par conséquent, il ne fait qu’énoncer les effets dans leur généralité, sans les suivre et les analyser dans leurs détails, il ne satisfait que peu l’esprit qui cherche des applications positives.
Ce fut, sans doute, alors qu’elle fit pour elle-même l’épitaphe qu’on trouve dans les Observations de Ménage sur les poésies de Malherbe. […] Toutefois, ce serait être injuste et aussi frivole que ces écrivains, dont l’observation n’a pas été plus loin que le ridicule des précieuses, de ne pas remarquer qu’elles eurent leur côté estimable, et ne servirent pas médiocrement au progrès de la socialité.
Ce sont celles qu’il intitula, Observations sur les écrits modernes. […] Freron & de Laporte, disciples de ce juge du Parnasse, donnerent des nouvelles feuilles, l’un sous le titre de Lettres sur quelques écrits nouveaux, l’autre sous celui d’Observations sur la Littérature moderne.
Ce n’est plus, enfin, l’observation du spleenétique Graindorge — ce Stendhal qui a mal au foie — sur la société parisienne. […] Taine pourrait même (contrairement à son observation) tirer tant qu’il pourrait mon cordon, que, pardieu !
Non seulement les documents sont ici d’une abondance extrême (qu’on songe seulement à la masse formidable d’observations recueillies sur les diverses aphasies !) […] Pourtant cette connexion est réelle : elle est même intime ; et, si l’on en tient compte, un problème métaphysique capital se trouve transporté sur le terrain de l’observation, où il pourra être résolu progressivement, au lieu d’alimenter indéfiniment les disputes entre écoles dans le champ clos de la dialectique pure.
Mais, comme dit Molière, entendues comme elles doivent l’être, « ce ne sont que quelques observations aisées que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l’on prend aux œuvres littéraires » ; et Molière ne se trompe que de croire ces observations toujours si aisées. […] Sous le bénéfice de ces observations et de ces distinction, nous nous retrouvons d’accord avec M. […] Notez d’ailleurs que les observations justes y abondent ; que Lemercier connaît son métier ; qu’il est de toutes manières fort au-dessus de La Harpe. […] Je n’en ferais pas d’ailleurs l’observation si M. […] L’observation en paraîtra naïve ; mais c’est que cela n’avait pas suffi à l’auteur de Marion Delorme et d’Hernani.
Il y a enfin de l’observation, sous des violences, dans Le Grisou de M. […] De l’analyste, il n’y a qu’à louer la sûreté de main et la finesse d’observation. […] Zola n’enlève que peu au mérite très réel de l’observation, Le Roman d’un maître d’école, par M. […] Elémir Bourges, dont le romantisme se tempère d’observation. […] À ses qualités d’analyse et d’observation, il joint l’attrait d’une action piquante et mouvementée » ; — M.
. — Expériences et observations des physiologistes. […] Lamotte n’est pas le seul à citer de pareilles observations, car elles ne sont pas très rares. » — Toutes les mutilations pratiquées sur les animaux concluent dans le même sens139. […] Ce qui se passe dans la boîte échappe à notre observation et n’est atteint que par nos conjectures. […] C’est ce qu’indiquent le microscope, les vivisections et les observations pathologiques. — D’une part, les cellules et les fibres nerveuses sont dans la moelle épinière par centaines de mille, et leur tissu non interrompu fournit les moyens de communication nécessaires […] On a réuni plusieurs observations d’hommes qui, à la suite de profondes blessures latérales de la tête, suivies de pertes de substance cérébrale, n’ont éprouvé aucune diminution de leurs facultés, mais s’épuisaient rapidement et étaient forcés, après un court travail intellectuel, de s’arrêter et de se livrer au repos complet ou même au sommeil. » 139.
« Ces mystères incompréhensibles sont beaucoup trop au-dessus de nous pour être un sujet d’observations quotidiennes et de spéculations funestes à l’esprit. […] — Vous devez penser, me dit Goethe, combien vos observations sont intéressantes pour moi qui me suis occupé pendant la moitié de mon existence du développement des plantes et des arbres. […] En montant la colline, nous ne pouvions marcher qu’au pas, et nous eûmes occasion de faire diverses observations. […] Touchez là, et mes bravos pour vous et pour vos heureuses observations ! […] Continuez vos études et vos observations !
. — Observations de Landry, — Les deux groupes de nerfs sont distincts. — Les deux groupes de sensations sont semblables. — Trois espèces de sensations pour tous les nerfs du toucher. — Sensation de contact, sensation de température, sensation de plaisir et de douleur. — Chacune de ces espèces peut être conservée ou abolie isolément. — Observations sur les malades. — Conditions connues de chaque espèce. — Expériences et observations. — Opinion de Weber. — Ces conditions sont des types distincts d’action pour le même nerf. — Expériences de Fick. — Les caractères différents que nous trouvons dans les sensations totales de contact, de température, de plaisir et de douleur, s’expliquent par l’arrangement différent des mêmes sensations élémentaires. […] Ainsi dans tous les cas, ce qui s’éveille en nous, c’est un type spécial d’action pour le nerf, et ce qui éveille dans le nerf ce type spécial d’action, c’est une modification spéciale de ses appendices et de ses dépendances. — Par conséquent, pour expliquer les trois sortes de sensations tactiles, et pour comprendre qu’elles peuvent être abolies isolément, nous n’avons pas besoin de supposer qu’elles sont excitées en nous par des nerfs distincts et de trois espèces différentes ; c’est là une hypothèse gratuite que nulle vivisection, nulle observation micrographique n’a confirmée. […] En somme, tout ce que l’observation nous montre dans les nerfs du toucher, ce sont des systèmes différents de déplacements moléculaires transmissibles. […] Et l’auteur ajoute : « Non seulement ces conducteurs ne s’entrecroisent pas dans la moelle épinière, mais encore ils sortent de cet organe surtout, sinon uniquement, par les racines spinales antérieures. » Les preuves très fortes de cette théorie sont des observations faites sur des blessures et des altérations latérales de la moelle épinière.
. — Acquisition du langage par les enfants I Les observations qui suivent ont été faites au fur et à mesure et rédigées sur place. […] Si l’on résume les faits que je viens de raconter, on arrive aux conclusions suivantes ; c’est aux observateurs à les contrôler par des observations faites sur d’autres enfants : L’enfant crie et emploie son organe vocal à l’origine de la même façon que ses membres, spontanément et par action réflexe. — Spontanément, et par plaisir d’agir, il exerce ensuite son organe vocal de la même façon que ses membres, et il en acquiert l’usage complet par tâtonnements et sélection. — Des sons non articulés, il passe ainsi aux sons articulés. — La variété d’intonations qu’il acquiert indique chez lui une délicatesse d’impression et une délicatesse d’expression supérieures. […] … L’observation a été interrompue par suite des calamités de l’année 1870. — Néanmoins les notes qui suivent peuvent servir à constater l’état mental d’un enfant. […] II Les observations précédentes ont été répétées et confirmées sur un autre enfant (garçon). […] … Du sixième au douzième mois. — Pendant cette période, il a passé presque tout son temps à faire des expériences de physique, je veux dire des observations prolongées et des essais variés sur les objets extérieurs.
Humboldt gravit le pic avec ses compagnons, et se livra là-haut à d’intéressantes observations sur sa formation, son histoire géologique, et sur les différentes zones successives de végétaux qui lui forment une ceinture. Il en déduisit une observation commune à tout le groupe des îles Canaries, à savoir que les produits inorganiques de la nature (montagnes et rochers) restent semblables à eux-mêmes jusque dans les régions les plus éloignées ; mais que les produits organiques (plantes et animaux) ne se ressemblent pas. […] On devait espérer qu’au sommet du cratère d’un volcan, Humboldt poursuivrait plus particulièrement ses recherches géologiques, et il le fit avec grand succès, car il rassembla dans cette occasion de nouveaux matériaux pour les observations et les explications qu’il devait produire plus tard sur l’influence des volcans dans la forme du globe et la production des tremblements de terre. […] Mais, dans cette courte excursion, Humboldt avait gagné de riches observations pour ses recherches à venir. […] Je sollicitai la permission de me joindre à lui pour aller observer de près, pendant une de ces nuits solennelles, le phénomène du volcan en éruption, pour entendre, de sa bouche savante et éloquente, les observations du Pline allemand sur cette illumination du volcan ; il eut la bonté de me l’accorder.
si amoureusement retorse, que nous imaginons très bien ce qu’aurait été — si l’auteur l’eût achevé — ce livre, qui tient à la fois de l’observation la plus perçante et de la fantaisie la plus inspirée, et où, comme deux lutteuses qui s’étreignent sur le pied d’une coupe antique, l’ironie s’entrelace à la Profondeur. […] Mais par le fond, elle est sociale : et si toute observation bien faite n’était une conquête, j’oserais presque dire qu’elle ne lui appartient pas. […] Au moment où Balzac écrivait son Traité de la vie élégante, un homme qui n’est pas son égal, à coup sûr, mais qui n’a pas non plus d’égaux, Stendhal, venait, dans son Rouge et Noir, de révéler des facultés puissantes d’observation créatrice et un style de génie ; car il ne ressemble au style de personne. […] Les historiens littéraires qui s’occuperont un jour de Balzac avec le respect et le sérieux que l’on doit à cette Majesté intellectuelle, reconnaîtront, je n’en doute pas, la vérité d’une observation que je n’ai qu’indiquée, et ne me donneront pas de démenti. […] Qu’était l’oripeau historique quand il s’agissait de faire voir, comme Balzac la voyait sous la loupe grossissante de son observation drolatique, cette nature humaine à deux masques, comique et tragique tout ensemble, mais plus comique que tragique encore, comme toujours ?
Le vif seul des observations morales, ou le touchant des prières qui terminent, ressortent par instants. […] Vinet dans cette controverse : 1° une brochure intitulée Du Respect des Opinions (Bâle, 1824) ; 2° le Mémoire couronné et ici connu (1826) ; 3° Lettre à un Ami, ou Examen des Principes soutenus dans le Mémoire (Lausanne, 1827) ; 4° Observations sur l’Article sur les Sectaires inséré dans la Gazette de Lausanne du 13 mars 1829, et Nouvelles Observations sur un nouvel Article du 27 mars (Lausanne, 1829). Les premières Observations furent saisies ; M. le professeur Monnard, considéré comme éditeur, fut suspendu de ses fonctions.
M. de Balzac certes, en de curieuses parties d’observation chatoyante et fine, offre un échantillon incomparablement exquis du genre (bon ou mauvais) du moment ; mais ce n’a été que par endroits qu’il a paru saisissable, et il échappe vite par des écarts et des subtilités qui ne sont qu’à lui. […] » Je ne puis indiquer en courant tout ce qu’il y a de parfait de manière et de bien saisi dans les observations et les propos de monde jetés à travers52. […] On peut avoir par devers soi bien des observations concentrées et comme à l’état de poison ; délayez et étendez un peu, vous en faites des couleurs ; et ce sont ces couleurs qu’il faut offrir aux autres, en gardant le poison pour soi. […] Toutes ces critiques, au reste, ces observations mêlées d’éloges et de réserves, l’auteur qui en est l’objet et à qui nous les soumettons nous les passera ; elles sont même, disons-le, un hommage indirect que nous adressons en lui à une qualité fort rare aujourd’hui et presque introuvable chez les hommes de lettres et les romanciers célèbres.
. — Observations de M. […] Mais, pour tous les sons ordinaires, elle semblait parfaitement insensible… et, si l’interlocuteur lui adressait des questions ou observations qui n’entraient pas dans le cours de ses idées, elles ne faisaient aucune impression… Le cas bien connu de l’officier dont parle le docteur James Gregory appartient à cette classe intermédiaire, plus voisine, croyons-nous, du somnambulisme que du rêve ordinaire. […] Observations faites sur lui-même. […] Quantité d’exemples rapportés par Maury, Le Sommeil et les Rêves, troisième édition, 70, 120, 128. — Autres observations d’images qui, en renaissant, deviennent hallucinatoires, dans de Quincey, Confessions of an Opium-Eater, p. 283.
Suivent des observations physiques, hygiéniques, dignes d’un Hippocrate, sur la convenance des travaux selon les saisons, sur le corps plus léger en automne qu’en été ; des conseils techniques pour faire une charrue, de quel bois les différentes parties dont elle se compose ; de quel âge les bœufs qu’on y attelle ; le serviteur même n’aura pas moins de quarante ans, car plus jeune il s’égaye et quitte le travail pour aller courir avec ceux de son âge. […] L’inexactitude chez les poètes de l’école descriptive n’est donc pas seulement dans les mots ; elle est plus au fond, et dans l’observation même. […] C. de Lafayette : observation et vérité, jointes à ce qui en est presque inséparable, l’amour de son sujet.
Les Mémoires de Franklin sont d’une lecture pleine d’intérêt pour tous ceux qui ont eu les débuts laborieux, qui ont éprouvé de bonne heure les difficultés des choses et le peu de générosité des hommes, qui ne se sont pourtant ni aigris ni posés en misanthropes et en vertueux méconnus, ni gâtés non plus et laissés aller à la corruption intéressée et à l’intrigue, qui se sont également préservés du mal de Jean-Jacques et du vice de Figaro, mais qui, sages, prudents, avisés, partant d’un gain pénible et loyal, mettant avec précaution, et avec hardiesse quand il le faut, un pied devant l’autre, sont devenus, à divers degrés, des membres utiles, honorables, ou même considérables, de la grande association humaine ; pour ceux-là et pour ceux que les mêmes circonstances attendent, ces Mémoires sont d’une observation toujours applicable et d’une vérité qui sera toujours sentie. […] On conçoit bien cette prédilection de Franklin pour le monde lettré d’Édimbourg ; il a en lui de cette philosophie à la fois pénétrante et circonspecte, subtile et pratique, de cette observation industrieuse et élevée ; comme auteur d’essais moraux, et aussi comme expérimentateur et physicien, comme expositeur si clair et si naturel de ses procédés et de ses résultats, il semble que l’Écosse soit bien sa patrie intellectuelle. […] Il part en octobre 1776 sur un sloop de guerre, n’oublie pas durant la traversée de faire, selon son usage, des observations physiques sur la température marine, et arrive sur la côte de Bretagne, dans la baie de Quiberon, d’où il se rend par terre à Nantes, puis à Paris (fin de décembre).
D’un point de vue d’observation positive, sous quelles conditions une conception bovaryque est-elle bienfaisante ? […] L’un et l’autre ont pour champ d’observation un être dont c’est la fonction essentielle de se concevoir dans une certaine mesure autre qu’il n’est, pour qui l’accomplissement de cette fonction est une condition vitale, au même titre que les actes de nutrition et d’assimilation sont pour les animaux des conditions de vie. […] Mais sitôt que l’on considère une des branches de l’éventail en dirigeant l’observation dans le sens qui va vers son extrémité, on voit diminuer, à mesure que l’on approche de cette extrémité, le nombre des variations possibles.
Cet homme connaît le réel ; certaines de ses observations, celle par exemple sur la façon dont les femmes boivent le vin, sont aussi précises et oiseuses que certaines constatations détaillées des réalistes français. […] Certains indices montrent comment ce complexe individu n’est décrit ni sur des observations directes ni entièrement, sur des souvenirs accolés et déformés. […] Enfin que l’on joigne à cette observation indirecte, un fait positif : la préface de cette merveilleuse nouvelle, Krothaïa où le romancier annonce explicitement qu’il va traiter un thème purement imaginaire ; que l’on observe qu’il le traite en effet avec le même semblant de réalisme que le cas de Raskolnikoff et avec la même prolixité dissertante, poussée ici encore à une exubérance qui altère le réel par excès.
Attentif aux conversations qu’il a entendu bruire autour de lui, renseigné par ses observations sur les termes techniques des métiers, il a retenu et su employer tout un vocabulaire populacier, populaire, bourgeois et artiste, amasser et déverser un trésor de mots d’argot et d’atelier qui lui permet de noter des sensations et des émotions dans la langue même des personnes qui la ressentent, lui fournit le mot exact ou pittoresque qui illumine toute une phrase du charme de la bonne trouvaille. […] Il tire de l’observation des comparaisons étonnamment justes : « Elle eut à la fin des larmes, qui coulèrent comme des pilules argentées, le long de sa bouche. » Comme pour tous les artistes, le commerce avec la réalité, avec ce que l’on peut saisir par les sens, revoir, tâter et montrer avec les spectacles familiers de l’humanité et du, monde, lui a été profitable. […] S’il met en scène des personnages que leur manque de culture rend incapables d’observations minutieuses, dont les yeux rudimentaires ne savent point voir ; il intervient, décrit en personne, sensation par sensation, les tableaux que ces obtus spectateurs contemplent, et marque ensuite en réaliste exact le peu d’intérêt qu’éveille chez eux ce spectacle inaperçu.
Ce qui manque tout à fait à Jefferson, dans ses jugements sur notre pays, c’est, selon l’observation de M. […] Une foule de pensées justes et d’observations frappantes ressortent de cette Correspondance et augmentent le trésor du lecteur : « Je ne crois pas avec les La Rochefoucauld et les Montaigne que les quatorze quinzièmes des hommes soient des fripons : je crois que cette proportion doit être singulièrement restreinte en faveur de l’honnêteté commune ; mais j’ai toujours reconnu que les fripons abondent à la surface, et je ne crois pas que la proportion soit trop forte pour les classes supérieures et pour ceux qui, s’élevant au-dessus d’une multitude ignorante et abrutie, trouvent toujours moyen de se nicher dans les positions où il y a du pouvoir et du profit à acquérir. » L’expression, en maint endroit, s’anime de bonhomie et de grâce : « Cela, dit-il, en parlant de l’incandescence politique, cela peut convenir aux jeunes gens, pour qui les passions sont des jouissances ; la tranquillité est le lait des vieillards. » Le portrait que Jefferson a tracé de Washington est digne de tous deux : la beauté morale reluit dans ces lignes calmes et précises, dans cette touche solide.
Heine pousse trop à l’effet de chaque jour ; s’il voit tel petit flot voisin plus gros et plus menaçant qu’il ne l’était en réalité ; si en un mot l’harmonie du temps et de l’histoire n’a point encore passé sur ces impressions successives et parfois discordantes, que de vérités en revanche, que d’observations fines et bien saisies il sème chemin faisant ! […] Souvent, le soir, regardant quelque coin de ciel, des toits lointains, çà et là un rare feuillage, je me suis dit qu’un tableau qui retracerait exactement cette vue si simple serait divin ; puis j’ai compris que cette fidélité entière était impossible à saisir directement ; que mon émotion résultait du tableau en lui-même et de ma disposition sentimentale à le réfléchir ; que, de l’observation directe de l’objet, et aussi de la réflexion modifiée de cet objet au sein du miroir intérieur, l’art devait tirer une troisième image créée qui n’était tout à fait ni la copie de la nature, ni la traduction aux yeux de l’impression insaisissable, mais qui avait d’autant plus de prix et de vérité, qu’elle participait davantage de l’une et de l’autre19.
Peu s’en faut, dans ses commencements, qu’il ne se fasse une spécialité de certains sujets et qu’il n’installe dans la maison Tellier son principal siège d’observation. […] La sûreté d’observation du conteur est telle que, cette invraisemblance, il la fait comme rentrer de force dans le courant vulgaire des choses… Eh !
Seulement les trucs qu’il débine sont désolants, le résultat de ses observations est navrant. […] Dès lors ses visions intenses de choses extérieures se caractérisent par des épithètes ou des prédicats de la plus délicate intellectualité, cependant que les observations morales se formulent par les plus savoureuses comparaisons sensibles.
Il se vantoit d’avoir eu quatre portiers tués à une de ses pièces, & disoit : « Je ne le céderai à Corneille que lorsqu’on en aura tué cinq au Cid ou aux Horaces. » Ce même homme, hors d’état de faire, de sentir, un seul beau vers de Corneille, eut la présomption de se porter pour son juge, & publia des observations sur le Cid. […] Les observations de son plat Zoïle furent chargées de personnalités & d’aucun bon raisonnement.
Elle consiste dans une refléxion sérieuse sur les ouvrages des grands maîtres, suivie d’observations sur ce qu’il convient d’imiter, et sur ce qu’il faudroit tâcher de surpasser. Ces observations nous enseignent beaucoup de choses, que notre génie ne nous auroit jamais suggerées de lui-même, ou dont il ne se seroit avisé que bien tard.
Il eût fallu entrer dans le vif de ce talent, bien plus senti qu’il n’est jugé, caractériser ce prestigieux écrivain, le plus piquant du xviie siècle, qui, à force de style, s’est fait croire un grand moraliste, quoique son observation aille plus au costume qu’à la personne, à la convention sociale qu’au tréfonds de la nature humaine, — en cela inférieur à La Rochefoucauld, qui n’a pas tout dit non plus, mais qui a vu plus loin que La Bruyère dans la misère constitutive de l’homme, et, comme le Pouilleux de Murillo, a mieux écrasé notre vermine au soleil. […] Excepté son livre, rien ne reste de cet homme, qui eut un cœur pourtant, une humeur, un tempérament, une existence à la façon des autres hommes, et qui n’apparaît dans l’histoire que comme un grand esprit impersonnel, un observateur qui s’efface dans l’intérêt de son observation, et qui provoque d’autant plus la curiosité qu’il la désespère.
C’est que cette plume, bonne pour la guerre et pour l’Histoire, pour l’histoire qui se fait ou pour l’histoire faite, n’est pas la plume du romancier, de l’homme de la nature humaine désintéressée, à l’observation suraiguë, à la grande bonhomie, à la rêverie poétique, qui est le fond indispensable du romancier. […] Mais elle obéissait si peu a une vocation, que le roman qu’elle a songé tout d’abord à faire n’est ni de fantaisie, ni de sentiment, ni d’observation, mais un roman politique qui se rapprochait de ses préoccupations ordinaires.
Un jour vient où il s’aperçoit que la méthode d’observation directe est insuffisante pour tout voir. […] Son théâtre est le produit de ses observations, de ses réflexions, de ses impressions personnelles. […] Zola ne décrivait que ce qu’il a vu de ses yeux, et si son observation, toute superficielle et rapide qu’elle soit, était de l’observation directe. […] L’observation chez lui est toujours faite de raillerie. […] Il est probable en effet qu’il le doit en partie à sa méthode d’observation patiente, minutieuse, d’une observation de myope dont le regard s’accroche aux détails.
Le champ nouveau qui s’ouvrait dès lors à l’observation morale, on l’entrevoit. […] La justification achève de limiter le cercle où se meut l’observation de Marivaux. […] C’est la condition même de l’observation morale. […] Rien de plus légitime, en effet, que de l’attaquer d’abord sur la nature de son observation. […] Ces observations peuvent servir, puisque M.