Un philosophe contemporain a affirmé que la plus haute tâche de l’historien, en philosophie, était de concilier et non de réfuter ; que la critique des erreurs était la besogne la plus ingrate, la moins utile et devait être réduite au nécessaire ; que pour tout penseur sincère et conséquent le philosophe doit éprouver une universelle sympathie, bien opposée d’ailleurs à l’indifférence sceptique ; que dans l’appréciation des systèmes le philosophe doit apporter « ces deux grandes vertus morales : justice et fraternité40 ».
Nisard : les unes qu’il appelle simples ou philosophiques, par exemple la peinture des mœurs, des sentiments et des passions ; les autres qu’il appelle morales, et qui sont des vérités de commandement.
Outre le mérite de l’exécution, qui dans son genre est aussi parfaite que celle du chêne et du roseau, cette fable a l’avantage d’un fond beaucoup plus riche et plus étendu ; et les applications morales en sont bien autrement importantes.
Les états de l’Asie ont toujours été aussi sujets que les états de l’Europe aux revolutions politiques ; mais il semble que les états de l’Asie aïent été moins sujets que les états de l’Europe aux revolutions morales.
Eh bien, Messieurs, j’ose l’affirmer, on y suivrait la trace de tous les grands événements ; on devinerait, par elles, toutes les révolutions politiques et morales des deux siècles, et c’est dans la comédie que se retrouverait l’histoire.
Les lois, qui furent traditionnelles avant d’être écrites ; les préceptes religieux ou moraux, les connaissances primitives, sources des traditions ; les formes de l’intelligence humaine, l’intuition des vérités nécessaires, la faculté de pénétrer l’essence des êtres et des choses, pour imposer les noms, l’insufflation divine pour imprimer mouvement à la sensation et à la pensée : c’est dans tout cela que j’avais cherché les éléments de la parole ; c’est cet ensemble que j’avais signalé comme étant la révélation du langage.
Et, de fait, donnez à la jeune fille que vous voudrez, Cosaque ou non, pour lecture et pour éducation, les Eugène Sue, les Dumas, les Michelet, les Sand et tous les propagateurs des gales modernes, vous verrez si vous n’obtenez pas identiquement les mêmes résultats moraux et intellectuels, qui brillent dans la dame cosaque en question.
C’est un bas-bleu très doux, très désarmé, très peu révolutionnaire ; un bas-bleu décent, à nuances morales et chrétiennes (oh !
Elle est institutrice, dans le sens religieux et moral, comme Mme André Léo l’est dans le sens de la plus piètre philosophie… Le malheur des femmes dont la destinée est de séduire, c’est, quand elles écrivent, d’endoctriner.
Au regard d’esprits plus préoccupés des choses intellectuelles que des choses morales dans l’histoire, il y a certainement dans quelques-unes de ces sociétés américaines des côtés formidables et brillants que tous les adorateurs de la force doivent admirer et même avec terreur, ce qui est pour la lâcheté humaine le dernier degré de l’admiration !
Eh bien, c’est ce renversement volontaire, accepté et à la mode, de la main qui reçoit et de la main qui donne, c’est l’anarchie, le ridicule et le danger d’une telle situation, c’est l’abaissement moral vers lequel doucement elle nous pousse, que nous voulons seulement… indiquer !
Il dit, comme Montesquieu dirait : « Le lecteur aime les dénouements moraux, surtout dans les autres. » Il dit encore : « Il est permis aux hommes de se montrer inconséquents, pour qu’ils puissent parfois se retrouver raisonnables. » Est-ce assez Montesquieu comme cela ?
Le mot n’est pas de nous, il est de Lerminier, mais, dans sa hauteur intellectuelle de généralité sereine, ce mot vrai exprime une chose atroce, qui fera bondir l’âme de tout moderne chez lequel le sentiment moral n’aura pas été tué.
Lorsqu’on est un homme de réalité supérieure comme Franz de Champagny, c’est trop superficiel, en vérité, que d’expliquer l’avènement de l’Empire et sa durée par les seules questions morales, par la vertu oblitérée des républiques, par une terreur à la Robespierre et une idolâtrie épouvantée du nom de César, — de ce nom devenu, grâce à celui qui le porta le premier, une tête de Méduse d’adoration et de crainte !
Parce qu’il n’avait pas de principes moraux, on a dit qu’il était un critique impartial et désintéressé.
Et vraiment peut-on dire à tort, quand on a lu cette histoire de France et ces claires paroles dans l’avertissement de l’édition de 1854 : « la philosophie de l’histoire est en mesure aujourd’hui de restituer au druidisme la part très considérable qui lui revient dans le développement de l’humanité, et au génie celtique une part plus grande dans le développement moral du moyen âge et de l’âge moderne » ?
C’était un chevalier, et ses qualités morales faisaient équation avec sa beauté souveraine.
Il désire que les sciences morales et dogmatiques l’emportent dans l’éducation sur les sciences expérimentales et naturelles, et il rédige ainsi son programme : « La littérature prise dans les saints Pères avant de passer à l’étude de l’Antiquité ; la philosophie avant la rhétorique, et surtout la science parfaite et solide des doctrines théologiques, puisées dans les auteurs approuvés par le Saint-Père. » Quelle plus grande simplicité !
en faisant cela, il a risqué de faire un mal immense, et dans l’ordre moral, qui risque le mal l’a déjà fait !
Eh bien, c’est de cet état moral supérieur, que n’a jamais connu Schopenhauer qui vivait très bien à l’Hôtel d’Angleterre de Francfort sur-le-Mein, et qui y a même trinqué avec M.
Cela serait-il vrai dans l’ordre de l’intelligence, comme dans l’ordre purement moral ?
Il a glorifié Pope, dans sa critique de Bowles, d’être un poète moral.
IV Mais elle souffre, et c’est son mérite moral, s’il lui en reste encore, et dans tous les cas, c’est son talent.
On ne sait pourquoi, car, s’il fallait absolument l’hécatombe des œuvres de Balzac aux principes littéraires et moraux de M.
C’est, dans l’ordre intellectuel, ce que, dans l’ordre moral, est la collision des devoirs.
Il y a, comme on sait, une sorte de philosophie mâle et forte, qui applique à des vérités politiques ou morales toute la vigueur de la raison ; et c’était celle qu’avait souvent Corneille.
C’est toutefois sous ce point de vue moral qu’il faut envisager le père des poètes. […] Le poème didactique, l’héroïde, l’épître, l’histoire, l’oraison, les traités moraux et scientifiques, ne se fondent pas sur le simple récit d’une action : il est donc indubitable que cette condition a besoin d’être ici particularisée. […] Gardons-nous surtout de réprouver les faciles grâces des exordes multipliés qui ornent, avec une exquise négligence, le début de la plupart des chants : enfin, pour en tirer quelque fruit moral, tenons-nous-en à ce que recommande cette maxime inscrite à la tête de l’un des plus enjoués : « Ô mes amis ! […] C’est à l’aide de ce merveilleux, qu’exerçant un sacerdoce moral sur les esprits, elles se signalent vraiment les dignes prêtresses d’Apollon ou de Minerve. […] L’allégorie, qui entre dans tous nos sentiments, ne s’est pas non plus bornée à ne vivifier que des objets inertes et matériels : elle a figuré nos idées morales, nos passions, et la mort elle-même, qui n’est qu’une ombre, qu’un néant.
Ce frisson, nerveux et physique, Pascal le connaît, compliqué d’un autre, moral celui-là et plus épouvanté, l’accablement du janséniste devant son Dieu. […] Le scrupule moral le protégea contre cet excès de ses qualités. […] Celui qui se complaît à se représenter des crises morales se complaît bien vite à en raffiner les délicatesses. […] Vous ne le saurez jamais, et pas davantage son jugement sur les vilenies de ses personnages, sur l’état social dont ils sont les produits, sur les maladies morales dont ils sont les victimes. […] Il a eu beau choisir un sujet situé aux antipodes de son mondé moral, le raconter tout uniment et sans une seule réflexion, maintenir chacun de ses personnages à un même plan d’indifférente impartialité, ne pas juger, ne pas conclure, sa vision de l’existence le révèle tout entier.
Mais ces circonstances s’étant présentées lui suggérèrent l’idée d’un ouvrage bien différent, qui devait s’intituler d’abord : Des Beautés poétiques et morales de la Religion chrétienne, et de sa supériorité sur tous les cultes de la terre, et qui s’intitula enfin : le Génie du Christianisme. […] Cela devient même, à un certain moment, une mode, un divertissement de société : tout le monde se mêle de peindre des portraits ou des caractères, d’écrire des maximes et des réflexions morales ; on n’échange plus une visite ni un billet sans se communiquer mutuellement ses primeurs en ce genre ; ce qui donne lieu à des discussions et à des productions nouvelles. […] j’y vais avec vous. » De ces récits substitués à l’action résultent plusieurs invraisemblances très graves, rachetées, il est vrai, par de grandes beautés morales et oratoires. […] Transactions malheureuses, dans lesquelles on a dépensé beaucoup de génie et d’esprit pour faire des pièces et des personnages qui ne sont, à vrai dire, ni anciens ni modernes, ni romains ni français, ni grecs ni parisiens, mais qui se font pardonner et se sauvent par de belles analyses morales des passions et par le style. […] Le dialogue me fit voir comment causaient les honnêtes gens ; la grâce et l’esprit de Dorante m’apprirent qu’il fallait toujours choisir un héros de bon ton ; le sang-froid avec lequel il débite ses faussetés me montra comment il fallait établir un caractère ; la scène où il oublie lui-même le nom supposé qu’il a imaginé m’éclaira sur la bonne plaisanterie ; et celle où il est obligé de se battre par suite de ses mensonges, me prouva que toutes les comédies ont besoin d’un but moral.
La Révolution de 1 848 a été, pour l’auteur des Études morales et littéraires, cette adversité, cette lutte qui lui eût manqué dans un moment plus paisible. […] Albert de Broglie, des Considérations sur la Révolution française aux Études morales et littéraires. […] Une fois cette réserve faite, il n’y a plus qu’à louer ou plutôt à admirer dans ces Études morales et littéraires. […] Déclarant la guerre à toutes les maladies morales qui avaient conduit la société au bord de l’abîme, M. […] À part cette légère tache, cette dissonance formée par un nom propre, l’impression générale que l’on garde de ces Études morales et littéraires est une sympathie profonde, un acquiescement qui touche au respect.
Paul Bourget se félicite d’avoir mené une « longue enquête sur les maladies morales de la France actuelle ». […] Quant aux maladies morales dont M. […] Les stoïciens et les puritains, gens moraux s’il en fut, professaient le fatalisme. […] L’élément qualitatif par excellence, l’élément moral, ne se laisse pas réduire en équations ni évaluer en argent. […] Les premiers y voient un symptôme d’abaissement intellectuel et moral : ils invectivent contre l’épais matérialisme d’une époque ignorante et barbare.
L’immoralisme de Nietzsche consiste, bien entendu, à remplacer les morales existantes par une morale nouvelle, extrêmement haute et même assez farouche. […] Ajoutons que les gens peu moraux, c’est-à-dire modérément intéressés par ces questions, adoptent machinalement et par souci du moindre effort la morale courante ; l’immoraliste au contraire, ainsi nommé parce qu’il a répudié la morale de tout le monde, est précisément un homme si enragé de morale qu’à force d’y penser uniquement et d’en être obsédé il a fini par s’en inventer une. […] Philoctète ou le Traité des trois morales est un drame philosophique, qui met en présence Ulysse, ou la raison d’Etat, Néoptolème, ou la pitié, Philoctète, ou la vertu esthétique et nietzschéenne, qui nous invite à nous dépasser nous-mêmes, sans souci d’utilité, sans considération du prochain, pour la beauté du fait et par amour de l’art, si l’on ose s’exprimer ainsi. […] Au point de vue moral, il n’y a aucune raison pour qu’ils soient autres que nous.
Max Müller, qui, pour acclimater ici les études sanscrites, a été forcé de découvrir dans les Védas l’adoration d’un dieu moral, c’est-à-dire la religion de Paley et d’Addison. […] Si la physiologie et les sciences morales aujourd’hui sont en retard, c’est qu’on y induit lorsqu’il faudrait déduire. […] Nous comprenons des millions de faits, mais au moyen d’une centaine de faits que nous ne comprenons pas ; nous atteignons des conséquences nécessaires, mais au moyen d’antécédents accidentels, en sorte que, si la théorie de notre univers était achevée, elle aurait encore deux grandes lacunes : l’une au commencement du monde physique, l’autre au début du monde moral ; l’une comprenant les éléments de l’être, l’autre renfermant les éléments de l’expérience ; l’une contenant les sensations primitives, l’autre contenant les agents primitifs. « Notre science, dit votre Royer-Collard, consiste à puiser l’ignorance à sa source la plus élevée. » Pouvons-nous au moins affirmer que ces données irréductibles ne le sont qu’en apparence et au regard de notre esprit ? […] Il y a un livre entier sur la méthode des sciences morales ; je ne connais pas de meilleur traité sur ce sujet.