Il ne saurait être question d’esprits, de monde astral, d’incarnations. […] Ceux qui partent n’éprouvent pas plus de contentement que ceux qui restent, et tels, qui auraient vu le monde entier, garderaient en leur cœur troublé le désir d’un monde inconnu. […] Le monde entier est sur le même plan et ses parties ne sont limitées par rien. […] Le savoir commence là où commence ce que le monde ignore. […] Le monde ne pardonnera jamais aux Juifs d’avoir dédaigné la religion qu’ils ont donnée au monde.
Son monde idéal est figuré comme une architecture, parce que son monde réel est une architecture, une nature urbaine, c’est-à-dire une nature qui n’est plus une nature. […] Sur ces images le paysage tourne du monde de la plastique au monde des sons, à une musique sensible qui dessine extérieurement une musique intérieure. […] Attaché à Madeleine il la suit dans le monde, y trouvant « un triste et famélique bonheur ». […] L’âme féminine se donne à qui la féconde ; elle appartient à qui lui ouvre le monde divin ». […] Il y a malheureusement en nous un Méphisto qui sourit devant les tours et les retours du chemin vers ce monde divin.
Le monde est aux cœurs révoltés. […] Il n’est point apte à nous donner un système général et continu du monde. […] » le monde aimé s’écroule, tombe dans le noir et le silence. […] Il a rendu au monde ce que le monde avait accumulé en lui. […] La conscience, fatiguée du monde, ne se contente plus de le subir.
Ainsi le monde est toujours jeune pour eux, et il leur rend la jeunesse qu’eux-mêmes lui prêtent. […] La tragédie est de l’individu, qui est à lui seul avec ses passions tout un monde, et une cité dans la cité. […] Elle avait des lettres comme l’exigeait du reste la pratique du monde. […] A cette époque est apparue une chose qui a bouleversé la conscience du monde. […] Ils découvrent de nouveaux mondes, situés derrière leur crâne.
Le monde naturel, visible, si vivant et si riche en ces belles contrées, s’ouvrait à lui dans ses secrets, comme le monde de l’espace et des nombres. […] Ampère put aisément être présenté aux principaux de ce monde philosophique par son compatriote et ami, M. […] Croyez-vous donc que tout aille dans le monde au gré de chacun ? […] Cette théorie a été lucidement exposée dans cette Revue même des Deux Mondes, en juillet 1833. […] Littré suivait immédiatement le nôtre dans la Revue des Deux Mondes.
Ce genre d’histoire par les documents bien retrouvés, bien exposés, bien discutés, se révèle ici pour la première fois au monde. […] C’est par le monde maritime que ces préparatifs commencent. Ces deux livres sont l’histoire navale du monde moderne, depuis l’Armada de Philippe II. […] Ses erreurs mêmes contenaient encore d’utiles et graves leçons, données au monde avec une incomparable grandeur. […] Ce n’était pas un des moindres triomphes de notre Révolution, que de voir ce soldat sorti de son propre sein, sacré par le pape, qui avait quitté tout exprès la capitale du monde chrétien.
* * * — Ce qui me dégoûte c’est qu’il n’y a plus d’extravagance dans les choses du monde. […] Il représentait la démolition bête du romantisme, du matérialisme et de tout au monde. […] Il y a des jours de soleil qui semblent gris à l’âme, et des ciels gris que l’on se rappelle comme les plus gais du monde. […] * * * — Dans l’histoire du monde c’est encore l’absurde qui a fait le plus de martyrs. […] Depuis, le monde est devenu vieux et douloureux.
Voici sa conception : Un imbécile, un médiocre, dont la glorieuse carrière académique aura été toute faite, et sans qu’il s’en doutât le moins du monde, par sa femme, une femme du monde… Un jour, une scène éclatera entre eux, où elle lui fera l’historique cruel de son néant, scène à la suite de laquelle, il ira se jeter du haut du pont des Arts, dans la Seine, à l’instar, je crois, de son confrère Auger. […] Un de mes amis disait d’une célèbre femme du monde, qui ne porte ni chemise ni jupon, et semble emmaillotée dans des bandes, disait : qu’elle était habillée avec des bas à varices. […] » qui ont l’air de lui déchirer la poitrine ; prononçant des paroles douloureuses, avec, au-dessus de sa tête, ses deux bras relevés dans un geste désespéré ; disant des choses, de la voix étrange et un peu de l’autre monde, qu’ont les femmes parlant dans un rêve. […] dans le monde, il se prépare, en ce moment, des tristes, et c’est fini de la rigolade de la jeunesse d’autrefois. […] Il me dit qu’il veut jouer ma pièce, comme une pièce jouée de l’autre côté de la Seine, une pièce jouée sur le boulevard, et qu’il a engagé Léonide Leblanc, qui a une action sur le monde de l’argent, sur le monde de la gaudinerie.
C’est qu’il est un homme d’État et un homme du monde. […] Necker était alors dans tout l’éclat et la faveur de sa première disgrâce ; il triomphait dans le public par ses écrits sur les finances ; il faisait secte dans le monde des femmes et des gens de lettres. […] Il n’est ni magistrat, ni financier, ni père de famille, ni mari ; il est homme du monde. […] Au lieu du loto devenu trop commun, mettez le whist, et vous avez encore l’homme du monde qui n’est que cela jusqu’à la fin, qui n’est plus même vieillard. […] Le monde, décrit par M. de Meilhan, de cette plume spirituelle et fine, de cette main à manchettes courant sur un papier glacé27, ne sera plus qu’un monde mort et curieux à étudier dans les collections.
Il prend soin d’énumérer tous les aimables condisciples qu’il retrouva ensuite dans le monde ; il ne se loue d’aucun maître en particulier. […] Il voyait le monde, les ballets, cérémonies, entrées solennelles, à une très bonne place et d’une fenêtre très commode. […] Il a fait de ce que nous appellerions le salon de la princesse Marie une description qui respire la félicité suprême ; il était parvenu au comble de ses vœux : Comme je logeais dans l’hôtel de Nevers, je ne me mettais pas en peine d’aller bien loin pour faire ma cour et pour voir le grand monde, si j’en eusse eu la curiosité, parce qu’il nous venait chercher de tous côtés ; et après la conversation qui se trouvait dans le cabinet de Mme la princesse Marie, il n’y avait plus rien à désirer en ce genre-là. […] Cet événement, on peut le dire, fait époque dans son existence et la partage en deux moitiés : jusque-là, il avait été du monde, de la Cour, des belles sociétés, s’y accordant bien des distractions permises, et non sans une pointe légère d’ambition : à partir de là (1645), il fit une demi-retraite et s’adonna tout à l’étude, à ses traductions des auteurs, à sa collection d’images, deux passions rivales qu’il mena de front jusqu’au bout ; il vécut beaucoup dans son cabinet, soit à son abbaye de Villeloin, soit à Paris (quand il y était), dans son faubourg Saint-Germain, ayant quitté l’hôtel de Nevers, mais logeant toujours près des Quatre-Nations. Il s’appliquait un conseil de Gassendi qui avait coutume de dire que, « dans le monde, la part des gens de lettres était encore la meilleure, parce qu’ils n’avaient pas le loisir de s’ennuyer, ni même de se plaindre de tout ce qui afflige les autres jusqu’au fond de l’âme ».
Ce serait moins que jamais aujourd’hui le moyen de se débarrasser des difficultés, puisqu’elles ont surgi et qu’elles ont éclaté ; de toutes parts puisque des attaques, des négations philosophiques radicales ont eu lieu, telles que celle de Strauss en première ligne ; la meilleure manière pour se retracer l’image de la personne réelle et vivante de celui dont la venue a changé le monde est d’en revenir avec bonne foi et réflexion aux récits originaux qui nous ont conservé la suite de ses actes et de ses paroles. […] Les Évangélistes, pas plus que le grand apôtre saint Paul, ne sont le moins du monde des écrivains parfaits, précis, observant la liaison des idées et soucieux de ce qu’on peut appeler la clarté littéraire ; prenons-les tels quels, comme Jésus les a pris ; je ne m’attache qu’au souffle général dans ces paroles plus ou moins complètement recueillies : qui pourrait, en les lisant, ne pas le sentir circuler à travers ? […] Comment la semence, jetée d’abord au vent et portée sur les rivages d’Asie et de Grèce, s’est-elle répandue de proche en proche et a-t-elle germé dans ce vaste champ qui était le monde ? […] Par quelle prédisposition favorable les classes inférieures et misérables du monde romain ont-elles pris si avidement à cette religion des pauvres et des souffrants ? […] Il y a, en un mot, tout un monde enchevêtré dans les bras et les pieds du vieux chêne.
Sibylle venue à Paris, chez ses grands-parents maternels, y voit le monde, soupçonne, sans y entrer, le tourbillon de la capitale et le-juge très-bien ; elle écrit là-dessus de fort jolies pages. […] L’innocence a de ces droitures lumineuses que toute l’expérience du monde n’atteint pas ou du moins ne saurait dépasser. […] Sa brusque et sèche intolérance m’en a rappelé d’autres du même genre, dont j’ai été quelquefois témoin en effet dans le monde de ce temps-ci, dans le même monde que voyait Sibylle ; mais les femmes qui s’y abandonnent ne brillent, en général, ni par la supériorité de l’intelligence, ni par les lumières : ce sont pour l’ordinaire de petits génies qui s’imaginent se grandir en se raidissant. […] Que si vous avez voulu, au contraire, faire de Sibylle (comme son nom l’indiquerait) une sorte de demi-prophétesse et de révélatrice à sa manière, une fée ou une sainte déclassée et transposée dans le monde, vous n’en avez pas dit assez ; vous n’êtes pas entré assez avant dans votre sujet, vous n’avez pas attaqué hardiment et de front tout le problème. […] Revue des Deux Mondes des 1er et 15 mars et du 1er avril
Elle avait eu récemment un malheur de famille qui avait fait grand bruit dans le monde. […] Sa porte que je salue toujours d’un sourire reconnaissant au coin de la rue Bellechasse et de la rue de Lille, vis-à-vis de la Légion d’honneur, fut la première porte par laquelle j’entrai dans le monde. […] Quand mes œuvres parurent en livre, il contribua beaucoup à les répandre : la diversité de nos vocations nous sépara plus tard, il était entré au séminaire et moi dans le monde des affaires. […] Excepté un rôle héroïque, il n’y avait point de rôle pour lui dans ce monde indécis. […] C’était le moment où madame Récamier, à seize ans, sous le Directoire, apparaissait dans le monde comme un piége de beauté qui devait tenter tous les jeunes hommes.
Il ne faut donc pas le demander à ceux qui font profession de ne peindre que des réalités plates ou brutales, ou qui affectent de n’être curieux que du monde extérieur et de la plastique des choses. […] Rien de meilleur, en somme, pour peindre le monde comme il est, que d’avoir beaucoup d’imagination et de sensibilité. […] De la Provence, de la Corse, de l’Algérie et des mondes divers dont se compose Paris, M. […] La tristesse qui s’y rencontre n’implique point le dégoût théorique du monde comme il est, un parti pris féroce, une malédiction jetée sur notre race. […] N’avez-vous jamais entendu dans quelque école un bambin épeler le terrible évangile de saint Mathieu sur la fin du monde ?
L’exposition dans telle pièce de Lessing qu’on pourrait citer est fort belle : mais celle du Tartuffe n’est qu’une fois dans le monde. […] un Homère avant tout, le père du monde classique, mais qui lui-même est encore moins certainement un individu simple et bien distinct que l’expression vaste et vivante d’une époque tout entière et d’une civilisation à demi barbare. […] Et en arrivant au monde moderne, que serait-ce donc ? […] Oui, il l’est aujourd’hui pour l’Angleterre et pour le monde ; mais, du temps de Pope, il ne l’était pas. […] Lucrèce, par exemple, aimerait à discuter l’origine du monde et le débrouillement du chaos avec Milton ; mais, en raisonnant tous deux dans leur sens, ils ne seraient d’accord que sur les tableaux divins de la poésie et de la nature.
Que peuvent donc enseigner les sens sur l’ordre du monde ? […] Ce problème, aujourd’hui glacé et comme pétrifié sous le latin de Boèce, avait été vivant jadis dans un autre monde. […] Et d’un autre côté, si ce monde qui doit faire place à un monde nouveau laissait un trop riche héritage, il empêcherait que le nouveau ne s’établit. […] Il y parle en maître, il a Dieu dans sa main, il foudroie son auditoire, il ne descend jamais, comme l’orateur politique, dans les détails secs et minutieux d’une affaire particulière, il ne parle que du devoir en général, de la vie humaine, des dangers du monde, de la providence de Dieu. […] Il tonna contre l’impiété naissante, et se retira du monde quand il vit que le courant de l’opinion publique avait tourné.
Et cependant ce partage inégal était-il vrai de l’ancien monde ? […] Un des indices de la jeunesse relative du monde et de son éducation croissante, c’est le progrès des nations plus septentrionales et le lever tardif de la poésie dans le Nord. […] Elle produisit peu : car cette inspiration intérieure, qui n’est pas l’écho du monde, qui ne s’anime et ne se nourrit qu’à sa propre flamme, s’éveille plus tard et dure moins longtemps. […] Il ne fut qu’un contemplateur studieux ; il n’entretint jamais le beau monde de ses pensées ou de ses passions intimes, dans un temps où le génie faisait volontiers de ses petits secrets personnels des événements publics. […] Il n’aura pas, comme Byron, couru le monde barbare et voluptueux de l’Asie pour y ramasser des images, et, s’il est possible, des accidents nouveaux de la nature et du cœur.
Pour le moins, l’espérance d’un autre monde semble hasardeuse. […] En ce monde, il devait paraître miraculeux. […] Qu’est-ce que le monde ? […] Guerre civile et massacres et en fin de compte, rien de changé au monde. […] Nous nous imprégnerons de l’âme harmonique du monde.
Puis, on jase dans le monde sur le beau-père et la bru. […] Il y a pire qu’eux de par le monde. […] Un rien qui pour lui est tout : être « du monde ». […] Depuis que tu es au monde, je n’ai pas cessé de m’occuper de toi. […] Pas le moins du monde.
C’est bien assez d’avoir mis au monde Tartuffe ton frère, l’an passé ! […] Il ne craint que la mort dans ce monde ouvert à ses caprices. […] prendre sa revanche sur ce monde catholique qui a proscrit la comédie ! […] « Ôtez la pauvreté de ce monde, laissez le monde à Plutus… soudain, plus de poètes, plus d’artisans, plus d’artistes ! […] que je hais ce monde !
C’est lui qui a voulu que le monde fût comme il est. […] Il est vrai que Pascal laisse derrière lui Descartes, et qu’après avoir, à la suite de l’auteur des Méditations, anéanti le monde de la matière devant le monde de la pensée, il anéantit le monde de la pensée devant le monde de la charité et de l’amour divin. […] Tous ceux qui ont traversé ce petit monde en gardèrent un souvenir qui ne s’effaça jamais. […] Leur vision du monde est alors directe, personnelle et neuve. […] Eh définitive, il est demeuré le seul romancier capable de cette double vision du monde social et du monde individuel, grâce à une puissance de génie créateur qui le met à part de toutes les théories.
Il a pris ses affections pour celles du monde, et il a écrit d’une main assurée, à la première ligne de son ouvrage : « Virgile est un poète qui n’a pas cessé d’être en France dans l’usage et l’affection de tous. » Ceci n’est pas exact. […] Cette tradition, qui pesait sur le monde romain, comme l’indique l’archéologie de son langage (le mot exil, à Rome, ne voulait-il pas dire ex ilium ?), cette tradition, en saisissant la pensée de Virgile, a l’air de cette main de Dieu qui prenait par les cheveux les prophètes et les portait au bout du monde. […] Son front porte la rêverie auguste de l’hiérophante, alors que l’auditoire se tait, et ses lèvres le sourire de la paix qui régnait dans le monde lorsque Jésus-Christ y parut. […] » à une pâtissière en fonctions, n’a pas été créé et mis au monde pour écrire comme il faudrait à des princesses.
et il est vrai et concluant contre ce monde-là, comme nous le serions. […] Ce n’est pas encore ce balai-là qui l’ôtera du monde ! […] Le Christianisme, pour le monde moderne et à tous les étages de l’intelligence, est l’enveloppement de la vérité dernière. […] Sa conception de la régénération du monde actuel, n’est pas autre que celle de la régénération du monde chrétien, moins Jésus-Christ toutefois. […] La fraternité s’est retirée de ce monde à mesure que la Libre Pensée en retirait Dieu, et elle n’y rentrera qu’avec lui.
Elle acquitte en ce moment la dette des deux mondes. […] Une main cachée et toute-puissante ramène, dans le monde moral, comme dans le monde physique, des événements qui renversent toutes nos méthodes et trompent toutes nos combinaisons. […] On crie toujours que le monde dégénère, et on veut encore qu’il se dépeuple ! […] Enfin le moment suprême est arrivé : un sacrement ouvrit à ce juste les portes du monde, un sacrement va les fermer. […] Au bruit de la cérémonie funèbre, le monde avait suspendu ses spectacles et ses jeux.
Et Dubus, qui était le garçon le plus naturel du monde, se crut obligé de prendre le ton. […] « L’émotion esthétique a pour cause (étant admise la réalité du monde extérieur, mais comme une réalité de fiction) des différenciations de mouvement de la matière, perçues au moyen des sens. […] Le changement de direction dans le mouvement constitue la forme… « Le poète délaissant la copie du monde extérieur créera ses formes esthétiques par le dégagement de l’essentiel dans les éléments que fournit la nature.
« — Voilà un heureux présage pour tout le monde ! […] » « — Cela veut dire, répond le sérigne, qu’à la fin du monde seuls les hommes riches seront en bons rapports entre eux. […] A la fin du monde on verra ceux qui ne peuvent venir à bout de leur tâche en augmenter eux-mêmes les difficultés, ne faire que des sottises, de sorte que leur embarras n’aura pas de fin.
L’intelligence large accepte, étudie le monde entier et jouit d’assister à son mouvement. […] Tout vers mis au monde sera détruit. — Article 2. […] Paul de Kock a fait un monde qui approche de la vérité extérieure et sociale. […] Monde stupide ! […] Ils ont toujours quelque monde à soulever et ils l’annoncent.
Mais n’allez pas toutefois accorder à cette nature si fraîche éclose trop d’ignorance et de simplicité ; elle sait le monde et la vie, elle a souffert bien des peines et s’est étudiée à bien des grâces. […] Et l’autre sœur, qui, plus brave et aventurière, émancipée de bonne heure, s’est ruée dans les hasards du monde, dans le tourbillon et la fange des capitales, qui n’a eu peur ni des goujats des camps, ni des théâtres obscènes, ni des rues dépavées, et qui, le front débarrassé de vergogne et la grosse parole à la bouche, s’est faite honnête homme cynique, n’espérant plus redevenir une vierge accomplie, ne la prenez pas trop au mot non plus, je vous conseille ; ne croyez pas trop qu’elle se plaise à cette corruption dont elle nous fait honte, à cette nausée éructante qu’elle nous jette à la face pour provoquer la pareille en nous, à cette lie de vin bleu dont elle barbouille exprès son vers pour qu’il nous tienne lieu de l’ilote ivre et qu’il nous épouvante ; osez regarder derrière l’hyperbole étalée et échevelée par laquelle, égalant la luxure latine, elle divulgue sans relâche et le plus effrontément la plaie secrète de ce siècle menteur, tout plein en effet de prostitutions et d’adultères ; osez percer au delà de cette monstrueuse orgie qu’elle déchaîne en mille postures devant nous, — et vous sentirez dans l’âme de cette muse une intention scrupuleuse, un effort austère, un excès de dégoût né d’une pudeur trompée, une délicatesse dédaigneuse qui, violée une fois, s’est tournée en satirique invective, une nature de finesse et d’élégance, que l’idéal ravirait aisément et qui ne ferait volontiers qu’un pas de la Curée au monde des anges. […] Marie, la gentille brune aux dents blanches, aux yeux bleus et clairs, l’habitante du Moustoir, qui tous les dimanches arrivait à l’église du bourg, qui passait des jours entiers au pont Kerlo, avec son amoureux de douze ans, à regarder l’eau qui coule, et les poissons variés, et dans l’air ces nombreuses phalènes dont Nodier sait les mystères ; Marie, qui sauvait la vie à l’alerte demoiselle abattue sur sa main ; qui l’hiver suivant avait les fièvres et grandissait si fort, et mûrissait si vite, qu’après ces six longs mois elle avait oublié les jeux d’enfant et les alertes demoiselles, et les poissons du pont Kerlo, et les distractions à l’office pour son amoureux de douze ans, et qu’elle se mariait avec quelque honnête métayer de l’endroit : cette Marie que le sensible poëte n’a jamais oubliée depuis ; qu’il a revue deux ou trois fois au plus peut-être ; à qui, en dernier lieu, il a acheté à la foire du bourg une bague de cuivre qu’elle porte sans mystère aux yeux de l’époux sans soupçons ; dont l’image, comme une bénédiction secrète, l’a suivi au sein de Paris et du monde ; dont le souvenir et la célébration silencieuse l’ont rafraîchi dans l’amertume ; dont il demandait naguère au conscrit Daniel, dans une élégie qui fait pleurer, une parole, un reflet, un débris, quelque chose qu’elle eût dit ou qu’elle eût touché, une feuille de sa porte, fût-elle sèche déjà : cette Marie belle encore, l’honneur modeste de la vallée inconnue qu’arrosent l’Été et le Laita, ne lira jamais ce livre qu’elle a dicté, et ne saura même jamais qu’il existe, car elle ne connaît que la langue du pays, et d’ailleurs elle ne le croirait pas. […] Quel bonheur ineffable et quelle volupté D’être un rayon vivant de la divinité ; De voir du haut du ciel et de ses voûtes rondes Reluire sous ses pieds la poussière des mondes, D’entendre à chaque instant de leurs brillants réveils Chanter comme un oiseau des milliers de soleils !
Il a vu que toutes les révolutions, les guerres, les querelles intérieures, avaient toujours eu pour point de départ, ou pour conséquence, l’émancipation civile et politique d’un plus grand nombre d’hommes ; il a remarqué, au milieu de toutes les déviations, de tous les quiproquos journaliers et des non-sens qui agitent l’avant-scène du monde, le développement graduel de l’égalité des conditions se produisant avec une lenteur irrésistible, se faisant place en chaque mouvement, profitant de chaque crise, ne reculant jamais. […] « Il est un pays dans le monde, se dit-il, où la grande révolution sociale semble avoir à peu près atteint ses limites naturelles ; elle s’y est opérée d’une manière simple et facile, ou plutôt on peut dire que ce pays voit les résultats de la révolution démocratique qui s’opère parmi nous, sans avoir eu la révolution elle-même. » Il nous emmène donc avec lui en Amérique pour y étudier le principe dominateur et générateur des sociétés modernes, l’égalité des conditions ; pour l’y contempler en ce vaste espace, où ni les souvenirs historiques, ni les décombres d’anciennes institutions ne l’ont comprimé ; pour l’y voir en jeu et vivifié de toute sa moralité, grâce à l’esprit religieux qui, là, s’est trouvé uni dès le début à l’ardeur laborieuse. […] Le grand nombre, l’extrême division, la courte durée des fonctions publiques dans la Commune, créent au sein de chacun de ces petits mondes un mouvement continu où trouvent à s’exercer, d’accord avec les relations ordinaires de la vie, le désir de l’estime, le goût du bruit et du pouvoir. […] « Ainsi, dit M. de Tocqueville, cette théorie (la nécessité de partager l’action législative en plusieurs Corps) à peu près ignorée des républiques antiques, introduite dans le monde presque au hasard, ainsi que la plupart des grandes vérités, méconnue de plusieurs peuples modernes, est enfin passée comme un axiome dans la science politique de nos jours. » Il y a loin de cette prudente et saine façon de raisonner à tout ce qu’imaginent encore les uns sur les vertus inhérentes à une Chambre aristocratique et de grande propriété qu’ils voudraient reconstituer artificiellement, et à tout ce que déduisent les autres d’extrêmement logique sur l’unité simple d’une Chambre ou Convention souveraine qu’aucun pouvoir collatéral ne contrôlerait. […] Faut-il donc, pensais-je en lisant, quitter la patrie, pour que de tels résultats s’accomplissent, et n’y aura-t-il jamais, au sein du vieux monde, un moment où tous les vaincus, les blessés, les puritains des diverses opinions donneront l’exemple d’une union sur un terrain commun incontesté, et offriront un concours de bon sens vers une liberté pacifique et solide ?
Son auteur, vrai créateur de la philosophie de l’histoire, avait pour la première fois osé ne voir dans le mouvement du monde et la succession des empires qu’une fonction subordonnée aux destinées du peuple juif. […] Qu’il n’eût aucune connaissance de l’état général du monde, c’est ce qui résulte de chaque trait de ses discours les plus authentiques. […] Cette architecture d’ostentation, arrivée en Judée par chargements, ces centaines de colonnes, toutes du même diamètre, ornement de quelque insipide « rue de Rivoli », voilà ce qu’il appelait « les royaumes du monde et toute leur gloire. » Mais ce luxe de commande, cet art administratif et officiel lui déplaisaient. […] Les charmantes impossibilités dont fourmillent ses paraboles, quand il met en scène les rois et les puissants 140, prouvent qu’il ne conçut jamais la société aristocratique que comme un jeune villageois qui voit le monde à travers le prisme de sa naïveté. […] La négation du miracle, cette idée que tout se produit dans le monde par des lois où l’intervention personnelle d’êtres supérieurs n’a aucune part, était de droit commun dans les grandes écoles de tous les pays qui avaient reçu la science grecque.
Où l'Orateur se plaît sur-tout à nous promener, c'est dans le monde physique, dans le monde moral, le monde politique, le monde intellectuel…… Le plus doux de ses plaisirs est d'imprimer le respect, d'imprimer la crainte, d'imprimer à, d'imprimer sur, d'imprimer au dedans, d'imprimer au dehors…… Si nous le suivons dans des phrases de plus longue haleine, il nous dira d'abord que les passions, comme un limon grossier, se déposent insensiblement en roulant à travers les Siecles, & la vérité surnage ; que la Nature varie par des combinaisons infinies les facultés intellectuelles de l'homme, comme les propriétés des êtres physiques *. […] De ce monde intellectuel, l'histoire le ramene au sein de l'Univers.
… S’il n’y avait que des illusions, Mme Le Normand n’aurait publié que les quelques lettres de Mme de Staël que je trouve dans son livre, avec le mot d’avertissement convenable pour annoncer qu’on allait éclairer Mme de Staël d’un jour plus vrai, et pour se féliciter de la position particulière qui a permis de faire le cadeau de ses lettres au monde ! […] III Mais s’il fallait, d’ailleurs, un exemple de l’inanité de l’esprit de salon et de l’innocuité de cette catapulte, on le trouverait ici, — précisément dans ces lettres de Mme de Staël, qui la montrent aujourd’hui seulement femme du monde, et par le fait seul qu’elle n’y est que cela, l’exilant de son esprit comme elle était exilée de France, alors qu’elle vivait en Russie… Ah ! […] Mme de Staël, cette flamme de Mme de Staël, cette flamme dans l’orage perpétuel, cette tête de femme à idées, cet être, qui était la vie, a pu écrire des lettres bêtes comme des révérences et vides de tout, excepté des chinoiseries de politesse officielle et de bienveillance banale dont le monde se paye, sans se tromper ! […] Il n’y en a pas cinq, et les voici, ces quatre mots, qui ne sont ici encore qu’un pâle souvenir de sa manière à elle, quand elle n’est plus une femme du monde, mais la femme éloquente que naturellement elle était ! […] Elle hésita, toute conquise par la plus divine pitié, elle hésita à épouser M. de Rocca, qui se mourait d’amour pour elle, parce qu’il était moins âgé qu’elle, et qu’elle craignait que le monde ne se moquât de tous les deux.
On exilerait et on tiendrait au piquet la Papauté dans son domaine spirituel, qui n’importe guères aux matérialistes de ce monde, et on mettrait la main sur ce qui importe, sur ce domaine matériel sans lequel on espère bien que la Papauté ne pourrait subsister deux jours. […] Si aujourd’hui, par impossible, les atroces Tartuffes qui veulent la mort du Christianisme par l’appauvrissement de la Papauté, et les imbéciles, plus nombreux encore, qui croient que pour la gloire et le renouvellement de la Papauté, avilie, selon eux, dans le pouvoir et les richesses, il faudrait la jeter vivante à la voirie des grands chemins et qu’elle allât tendre sa tiare à l’aumône comme Bélisaire y tendait son casque, avaient une vue juste de la réalité, le sou que la Chrétienté y ferait pleuvoir de toutes parts serait l’atome constitutif d’un pouvoir temporel nouveau, qui — le monde étant différent de ce qu’il était il y a dix-huit siècles — ne se développerait pas comme la première fois, mais trouverait une autre forme de développement. […] … Elle tenait à l’établissement surnaturel du Christianisme dans le monde. […] Le Christianisme avait pris le monde par la tête et par le cœur ! […] Elle s’établissait parce que tout tombait… Les évêques, hommes d’avenir dans un présent qui périssait, acceptèrent la charge des corps comme des âmes… » L’axe du monde était changé.