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520. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Michel a le monde contre lui et il triomphe ; Raoul a le monde de son côté et il succombe. […] Il remet le monde au moule pour nous. […] Il y a trois mondes, et tous peuplés de divinités. […] Il faut aussi se rappeler ceci, que les récompenses du monde dégradent un homme tout autant que les châtiments du monde. […] Son équilibre mental lui donne l’empire du monde.

521. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Un rien, un monde. […] Rien n’est plus beau au monde. […] Le monde visible la recouvre. […] Et c’est là le monde poétique de M.  […] Il n’était pas novateur le moins du monde.

522. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Draghicesco, trois sortes de milieux pour l’homme : l’organisme, le monde extérieur, la société. […] Ne suggère-t-elle pas à chacun une vision particulière du monde ? […] L’intelligence est seule capable de concevoir l’unité ; seule elle est capable de l’introduire dans le monde social. […] Ne blâme-t-il pas les recherches astronomiques en dehors de notre monde solaire, comme indifférentes au bonheur de l’humanité ? […] Draghicesco note cette différence : Les choses qui nous sont hostiles dans le monde physique, immobile, ne sont jamais que des obstacles ; on tourne l’obstacle. — Ce qui est hostile dans le monde social vous fait la chasse, vous poursuit, vous attaque, l’opposition devient une lutte.

523. (1885) L’Art romantique

Quels furent son rôle et son devoir en ce monde ? […] Homme du monde, c’est-à-dire homme du monde entier, homme qui comprend le monde et les raisons mystérieuses et légitimes de tous ses usages ; artiste, c’est-à-dire spécialiste, homme attaché à sa palette comme le serf à la glèbe. […] Le monde ne vous apparaîtra que sous sa forme matérielle. […] Le monde des astres et le monde des âmes sont-ils finis ou infinis ? […] Mondes éternellement étudiés, à jamais inconnus peut-être, oh !

524. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Il y a un certain dîner chez Mme Dorsin où l’on conduit Marianne encore novice et bien étrangère au monde. […] Est-ce le monde de Mme de Tencin, est-ce celui de Mme de Lambert que Marivaux a voulu peindre dans ce dîner de Mme Dorsin ? […] Les mœurs de la bourgeoisie, de la finance, y sont bien décrites ; celles de la noblesse et du grand monde m’y paraissent moins heureusement saisies et sont comme brusquées. […] Elle débute par une scène de raillerie et de satire du monde, où elle drape à ravir cinq ou six originaux qu’elle vient de quitter. […] Il est si rare d’inventer, de découvrir quelque chose dans ce monde moral si exploré !

525. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

C’est lorsqu’aux rives du Gange, dans cette patrie des roses et du soleil, il a prêté sa voix harmonieuse aux prêtres, aux jeunes guerriers, aux jeunes filles, et qu’entièrement soustrait au monde moderne qu’il ignore, il a réalisé une Grèce selon son cœur ; car c’est toujours une Grèce, quoique plus resplendissante et plus orientale que l’ancienne. […] Comment le peint-il dans les trois derniers jours de crise et d’angoisses, entouré d’un équipage révolté qui va lui ravir ce monde auquel il touche et dont la brise lui apporte déjà les parfums ? […] … plein de confiance dans le Dieu qui te guide, sillonne cette mer silencieuse… N’eût-il pas été créé, ce nouveau monde que tu cherches, il va sortir des flots. […] A l’occasion de la Popularité, j’écrivais dans la Revue des Deux Mondes (15 décembre 1838) l’article suivant : — La Comédie Française est en veine heureuse : un jeune talent lui rend ses anciens chefs-d’œuvre ; et son poëte moderne, qui l’a accoutumée à des succès légitimes et sûrs, vient d’en obtenir un nouveau. […] Mortins, décidé, s’écrie : Va donc pour le chaos, et qu’il en sorte un monde !

526. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Un critique ne doit pas avoir trop d’amis, de relations de monde, de ces obligations commandées par les convenances. […] Ce devait être un livre qui aurait eu pour sujet le règne de Louis XV, et pour titre La Fin du monde. […] Janin sentit aussitôt qu’il ne fallait pas porter l’eau, comme on dit, à la rivière, et faire concurrence par son livre avec la fin du monde qui semblait en train d’arriver tout de bon. […] Le jeune M. de Ciron n’avait pas attendu ce jour du mariage pour rompre avec le monde : voyant la ruine de ses plus chères espérances, il s’était tourné du côté de Dieu, et, dans son premier accès de douleur, il avait voulu se faire chartreux ; puis, son peu de santé s’y opposant, il s’était voué simplement à la prêtrise. […] Mme de Mondonville, libre et riche, sans enfants, pensa à se créer un petit empire et à être la Sémiramis d’un monde choisi où elle régnerait.

527. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Croyez-en ma parole, le monde entier se renverserait plutôt, que la constance de mon étoile à me persécuter. » Ce sentiment habituel du malheur s’exprime quelquefois chez elle par des mots touchants, qui se font remarquer au milieu d’un langage dont le ton ordinaire n’était pas toujours très distingué. […] Voltaire, du premier jour qu’il débuta dans le monde et dans la vie, semble avoir été lui tout entier et n’avoir pas eu besoin d’école. […] Il faut faire entrer dans notre être tous les mondes imaginables, ouvrir toutes les portes de son âme à toutes les sciences et à tous les sentiments ; pourvu que tout cela n’entre pas pêle-mêle, il y a place pour tout le monde. […] Un jour donc, elle eut vent qu’on avait parlé dans le monde de Nancy ou de Lunéville de ces lectures de La Pucelle qu’on faisait à Cirey, et, décachetant là-dessus une lettre de M.  […] Collé, qui passe pour caustique, parle mieux de Mme de Graffigny mourante : « Sa mort m’a été très sensible, écrit-il dans son Journal ; elle était du petit nombre des personnes que je m’étais réservé de voir depuis que je ne vais plus dans le monde. » Il paraît que, dans le monde et dans les salons, Mme de Graffigny ne portait qu’un esprit assez ordinaire et même commun ; elle n’avait toute sa valeur et son mérite que dans l’intimité.

528. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Les peintres qui passent aujourd’hui pour avoir été les plus grands poëtes en peinture, ne sont pas ceux qui ont mis au monde le plus grand nombre de personnages allegoriques. […] Ce sont les compositions qui répresentent des évenemens arrivez durant le paganisme, et quand le monde croïoit que ces divinitez existoient réellement. […] On y apperçoit distinctement la joïe d’avoir mis au monde un dauphin, à travers les marques sensibles de la douleur à laquelle ève fut condamnée. […] Il tient la foudre à la main, et dans l’attitude du Jupiter de la fable, il paroît prêt à la lancer sur le monde. […] Mais ce qui convient au lieu où le tableau se trouve placé ; saint Dominique couvre le monde de son manteau et du rosaire.

529. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Nous avons, nous, une lumière allumée par la foi pour voir en cet homme providentielles grâces d’état que Dieu lui a communiquées, dans les intérêts d’une fonction sans laquelle le monde périssait, mais Renée ne l’a pas, cette lumière, et pourtant il a vu cette infaillibilité et il a dit qu’il l’avait vue ! […] « L’histoire de Grégoire VII — dit-il — est celle du monde à cette époque, mais c’est surtout l’histoire de deux fameuses luttes, car ce grand homme eut à lutter également contre l’Empire et contre l’Église. » La lutte contre l’Église, dans laquelle Mathilde n’était pas, du moins au même degré que dans l’autre lutte, il s’en préoccupe peut-être davantage. […] Il n’y faillit pas cependant ; les canons furent exécutés avec la dernière rigueur ; la force non pas d’un homme, mais la force de Dieu dans un homme, sauva l’Église, et avec l’Église la civilisation du monde. […] S’il agita le monde, ce fut pour raffermir sa croyance et sa moralité : il n’y a pas trop d’agitation à ce prix ! On peut admirer Grégoire sans accepter sa doctrine ; ses idées convenaient à son temps, car, en fait de gouvernement et de société, elles valaient mieux que les pratiques grossières d’un monde barbare.

530. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

I Ce volume, très intéressant, est moins une histoire qu’une dissertation historique sur ce grand événement dont le monde moderne est sorti, — la Réforme. […] Le livre qu’il intitule Sixte-Quint et Henri IV est une vue nouvelle, pour conduire par un chemin de plus à une conclusion déjà ancienne dans beaucoup d’esprits, c’est que la Réforme ne réforma rien, mais détruisit tout du monde qu’elle devait réformer… La Réforme, en effet, pour tous ceux qui l’ont étudiée, fut la destruction complète et violente du monde catholique, si unitairement constitué, tel qu’il était au Moyen Âge, destruction consommée par une minorité qui ne l’eût jamais accomplie si les gouvernements n’avaient donné mieux que le nombre en donnant les forces organisées de leur pouvoir à cette minorité sans eux vaincue. […] Pour lui, qui n’a pas d’autre conception de la vérité politique que celle-là que le monde du Moyen Âge avait réalisée, la Réforme a introduit dans le monde moderne un mal sans compensation et sans remède, et par-delà ce mal, qui n’est pas près d’être épuisé, et qui, dans sa conviction, sera la fin de tout, non seulement il ne voit rien, mais il ne regarde même pas… Que cette tristesse désespérée ait ou n’ait pas sa raison d’exister, je ne veux point l’examiner. […] le dernier magnifique spectacle que la Papauté ait donné au monde qu’elle avait fait, dans ces derniers jours où il allait lui échapper !

531. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Je savais qu’il écrivait à la Revue des Deux Mondes, ce qui n’est un honneur pour personne, et qu’il feuilletonisait à la République française. […] Byron, dans un jour de gaieté spleenétique, a dit que ce monde était ; fait par le diable devenu fou. […] Ils ont passé sous la lance implacable des chevaliers chrétiens, qui ont aimé Jésus-Christ comme il n’a jamais été aimé depuis eux, si ce n’est par des Saints, ces Exceptions du monde, ces Stylites, placés à distance les uns des autres dans ce « désert d’hommes » de l’humanité. […] Il fallait bien sauver la civilisation romaine, qui était la civilisation du monde, contre le Christianisme, qui est la barbarie, l’ignorance, la sécheresse de tout, l’obscurité, la mort ! […] Elles ne mériteraient même pas d’être relevées, si le monde de cette heure du siècle avait encore assez de droiture dans le sens pour rester inflexible aux efforts d’un esprit faussé par la haine la plus volontaire, la plus réfléchie, la plus forgée à froid ; car M. 

532. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Il y a eu, de par le monde de ce temps, un Rousselot qui fut, je crois, économiste. […] Il admet, comme une loi du monde, cette démence de l’orgueil qu’on ne trouvait autrefois que dans les maisons de fous, et qui trône maintenant dans les Philosophies et dans les Poèmes. […] Ovide n’avait qu’à orner de son génie les traditions fabuleuses et les légendes du monde païen, qui, après le plus éblouissant épanouissement, allait s’évanouir, tandis que l’auteur du Poème humain — qui ne relève que d’une philosophie abstraite — n’a que le rêve de cette irréalisable philosophie ! […] l’optimiste halluciné qui annonce le monde nouveau ; Ainsi, l’homme est partout, — partout est la pensée ; L’adorable Espérance à jamais est fixée : Ses ailes sont prises aux fleurs ! […] Mais le monde est devenu si sot qu’il faut maintenant craindre leur influence, et que nous arriverons peut-être à être obligés de la discuter, cette haute influence des farceurs !

533. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

L’empire de ce monde est à la force. […] Elle a beau disparaître du grand monde, sous les mépris de la Restauration, et sous l’importation de la culture française ; elle subsiste sous terre. […] C’est la houille qui a fait pousser tout cela : l’Angleterre en produit deux fois autant que le reste du monde. […] Par les revues, les journaux, les innombrables volumes de géographie, de statistique et de voyages, ils ont le monde sur le bout du doigt. […] Car, en acceptant la réhabilitation du monde, il n’a point renoncé à l’épuration de l’homme ; au contraire, c’est de ce côté qu’il a porté tout son effort.

534. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Peut-être, retiré dans son champ de Hakeldama, Judas mena-t-il une vie douce et obscure, pendant que ses anciens amis conquéraient le monde et y semaient le bruit de son infamie. […] Pendant près de trois cents ans, il suivra sa voie sans se douter qu’à côté de lui croissent des principes destinés à faire subir au monde une complète transformation. À la fois théocratique et démocratique, l’idée jetée par Jésus dans le monde fut, avec l’invasion des Germains, la cause de dissolution la plus active pour l’œuvre des Césars. […] Une légende pleine d’irrévérences de toutes sortes prévalut et fit le tour du monde, légende où les autorités constituées jouent un rôle odieux, où c’est l’accusé qui a raison, où les juges et les gens de police se liguent contre la vérité.

535. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 79-87

C’est de la part du Monde savant, répond M. […] L’hommage du Monde savant vaut bien celui d’un Prince, reprit modestement M. de Voltaire. […] Le Monde savant, ajoute-t-il, est fort étonné que vous usurpiez ses droits, sans avoir pour ce les connoissances requises. […] Ils retournerent à Paris faire leur rapport juridique, & le Monde savant convaincu que M. de Voltaire étoit mentis & Grœcœ Linguœ non compos, il fut délibéré, d’une voix unanime, de lui envoyer un Rudiment Grec, un Répétiteur du Collége Mazarin, & un Prêtre d’Eleusine pour le fesser, d’après son systême, en qualité de Pénitent ou d’Initié.

536. (1894) Critique de combat

L’an dernier, M. de Vogüé publiait un article qui fit quelque bruit dans le monde académique. […] Je vais vous conduire aujourd’hui dans le grand monde, dans le meilleur monde. […] Le monde qui l’environne est en travail. […] Son énormité renferme tout un monde. […] Va pour la triplicité des corps et des mondes englobés l’un dans l’autre !

537. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Ce monde ou ce chaos des anciens géographes était à peu près celui des physiciens et des naturalistes modernes. […] Pour nous, jetés sur les rivages d’un de ces mondes, nous ne jouissons que d’une existence fugitive. […] Il ne voit que le désordre apparent du monde, et son génie ne peut s’élever jusqu’à l’ordre éternel qui le gouverne. […] Ce n’est point un peuple, ce n’est point un site qu’il représente, ce sont les nations et le monde. […] Il eût mieux valu sans doute ne pas les croire, ni se fier à la voix et aux espérances d’un monde trompeur.

538. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Zola ne croit pas que le monde spirituel s’oppose au monde physique. […] Ses conceptions prophétiques du monde étaient acceptées comme des réalités. […] Splendidement installé sur le Sinaï de son génie, l’architecture primitive du monde n’existe plus à ses yeux. […] Il regarde le monde avec épouvante. […] Ceux-ci ne contemplaient le monde que pour en tirer la plus grande somme possible de jouissance esthétique.

539. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Les autres hommes, les groupes, le monde entier se condense ainsi dans chaque esprit et par là, tend à s’organiser. […] Le monde est un chaos, une poussière de systèmes, où apparaissent çà et là quelques tourbillons plus réguliers. […] Mais on a bien soutenu que ce monde n’a d’autre raison d’être que de devenir le théâtre de la moralité. […] Si l’on veut dire que la vie ne se justifie qu’à la condition d’être bonne, et que mieux vaudrait pas de monde qu’un monde de souffrance infinie et de désordre éternel, en vérité l’on a raison, et peut-être un peu trop raison. […] « Le mensonge du monde », Revue philosophique, 1906.

540. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Blaze de Burybh qui fit grande dépense d’esprit et contre l’ouvrage et contre L’invitation à mes amis, sorte d’encyclique adressée au monde wagnérisant, qui avait servi de préface aux représentations de Munich. « Heureuse Bavière ! […] Déjà s’éloignent les dernières lumières ; ce que nous avons pensé, ce que nous avons cru voir, les souvenirs et les images des choses, les restes de l’illusion, l’auguste pressentiment des saintes ténèbres éteint tout cela en nous affranchissant du monde. Dès que le soleil s’est retiré dans notre sein, les étoiles de la félicité épandent leur riante lumière … Le monde et la fascination pâlissent, le monde que la lune éclaire de sa lueur trompeuse, le monde, spectre décevant que le jour place devant moi ; et c’est moi-même qui suis le monde. […] Un tel degré d’oubli du monde réel, un si complet abandon en scéne paraissent tout au plus acceptables en Allemagne, et seulement eNtre époux. […] Revue des deux mondes, 1er juillet 1865 [NdA] 77.

541. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Or, rien de plus sérieux que les affaires, dans le monde affairé et positif du dix-neuvième siècle. […] En matière de houilles, il a la foi du charbonnier, celle qui sauve… en ce monde, si ce n’est dans l’autre ! […] Il est un peu du monde des féeries, ce jeune gentilhomme ; il était bien juste qu’il se mariât à la clarté des flammes de Bengale. […] On le connaît, on le salue, on allume son cigare au sien ; il est du monde, il est de Paris, il est du boulevard. […] Son plan est fait ; un procès en séparation peut seul la rendre à son monde ; ce procès, elle l’aura, elle y jouera le beau rôle.

542. (1940) Quatre études pp. -154

Encore faut-il qu’on adopte une règle de vie, une morale ; qu’on abandonne le monde de la chair. […] Vigny, après avoir désespéré du monde, n’a-t-il pas repris confiance dans l’esprit pur ? […] Quant aux passions, elles sont, dans le monde moral, ce qu’est le mouvement dans le monde physique. […] Revue des Deux Mondes, 15 février 1937. […] Revue des Deux Mondes, 1830, t. 

543. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

  On se plaint, et depuis assez de temps, qu’il ne s’élève point dans le champ de l’imagination et de l’invention proprement dite d’œuvre nouvelle, de talent nouveau du premier ordre, qui prenne aussitôt son rang et se fasse reconnaître à des signes éclatants, incontestables ; on ne saurait faire entendre cette plainte dans le monde de l’érudition et de la critique ; elle serait injuste, et l’on aurait à l’instant à vous répondre en vous citant des noms qui se sont produits depuis ces dix ou douze dernières années et qui ont acquis dès leur début une célébrité véritable. […] Il y en a qui rétrécissent et diminuent tous les sujets qu’ils traitent, il y en a qui les dessèchent ; lui, il les élève et les ennoblit, il les transforme sans les dénaturer ; il les revêt d’un mélange heureux de gravité et d’élégance ; il les fixe surtout et les situe en leur lieu et à leur point précis, dans leurs rapports avec les autres régions, sur la carte du monde intellectuel. […] À son arrivée dans ce monde sulpicien, il lui semblait, au contraire, se retrouver de nouveau dans son milieu de Bretagne ; entouré d’hommes graves, paisibles, de maîtres instruits (l’abbé Gosselin), quelques-uns profonds et très originaux (l’abbé Pinault, par exemple), il commença à développer lui-même sa propre originalité : « L’éducation ecclésiastique, a-t-il dit, qui a de graves inconvénients quand il s’agit de former le citoyen et l’homme pratique, a d’excellents effets pour réveiller et développer l’originalité de l’esprit. […] Après avoir donné à la revue qui paraissait sous le titre de La liberté de penser un morceau très-remarqué entre autres, De l’Origine du langage (1848), il signala bien tôt son entrée à la Revue des Deux Mondes (1851), et presque en même temps au Journal des Débats (1852), par une suite d’essais ou d’articles, parfaits, excellents, où se produisait sur maint sujet d’histoire, de littérature ou d’art, et sous une forme également grave et piquante, cet esprit savant, profond, délicat, fin, fier et un peu dédaigneux. […] Mais ce qui me paraît résulter du spectacle général du monde, c’est qu’il se bâtit une œuvre infinie, où chacun insère son action comme un atome.

544. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Mais, si chrétien qu’il fût, l’homme était demeuré ; il se remuait tout vivant dans la magie de son style, et jamais le Christianisme n’avait eu pour prophète une âme où le monde eût tant d’éclat et Jésus-Christ tant de grandeur. […] votre cœur serait-il insensible à la pensée que vous êtes vêtu comme les riches et les grands de ce monde ? […] Jésus-Christ a changé le monde par l’Évangile ; quiconque n’écrit pas dans le sens de l’Évangile est l’ennemi de Dieu et des hommes, bien plus que la créature faible qui succombe à ses passions. […] ce fut le grand Aristote d’abord, Démocrite avant lui et bien d’autres sans doute ; mais tout cela disparut et s’abîma avec l’ancien monde, s’égara avant sa fin même, ne se légua nullement au nouveau, et il fallut tout recommencer. […] Il y aurait bien ici quelque chose à dire pour le style et pour le rapport des images ou des expressions entre elles : un mélange de deux mondes, qui, tombant dans une âme, la saisit sous une double étreinte… Ce n’est pas très-régulier ni d’une analogie bien suivie.

545. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

C’est tout un monde que chacun porte en lui, un monde ignoré qui naît et qui meurt en silence. […] Sous cette forme primitive il est vieux comme le monde ; c’est le crime de Satan : Non serviam. […] Le vrai satanisme, c’est la négation de Satan aussi bien que de Dieu, c’est le doute, l’ironie, l’impossibilité de s’arrêter à une conception du monde, la persuasion intime et tranquille que le monde n’a point de sens, est foncièrement inutile et inintelligible… De ce satanisme-là, il y en a plus dans telle page de Sainte-Beuve, de Mérimée ou de M.  […] » — « Elle était jeune, riche, d’un nom superbe, belle, spirituelle, d’une large intelligence d’artiste, et naturelle avec cela, comme on l’est dans votre monde, quand on l’est … » Mais cette illusion se rattache à une autre plus générale et qui a été celle de tous les romantiques. […] Et cette vue volontairement absurde du monde, il arrive à l’imposer aux autres.

546. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Au centre de ce ravissant mélange de cantiques et d’élégies rassemblés, le Lac, argenté par la lune, se dessinait dans son contour harmonieux, site unique entre tous ceux du monde poétique, chef-d’œuvre d’art et de cœur qui ne sera jamais surpassé. […] Jamais rien de médiocre n’entra dans cet esprit ; jamais le moindre grain de rancune ou de haine, même en ce monde de haine et d’envie qu’on nomme la politique. […] Il ne se renouvelait pas, et le monde prenait l’habitude de chants toujours nouveaux. […] Il suggère les plaisirs et les mélancolies de la solitude et du silence, le sens et le tourment de la destinée humaine, la peur et le dégoût du monde, la langueur exquise des rêveries, l’ivresse de la vie intérieure. […] L’hymne n’est qu’une méditation qui s’exalte, soit à l’appel tumultueux des émotions intérieures, soit devant le spectacle des embellissements que répandent sur le monde la beauté et l’héroïsme.

547. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Le monde dont il a été le charmant interprète s’en va. […] Et ce n’était point là seulement un monde fictif ! […] Le mariage dans le monde n’est-il jamais un trafic ? […] À l’amour du vrai, il a tout sacrifié : carrière, plaisirs du monde, relations et santé. […] Il ravit selon le juste sens du mot ; il nous ravit d’un monde de gêne dans un monde de libre action et d’allures sans contrainte.

548. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Même lorsqu’on croit les savoir le mieux, on court risque de tomber dans des confusions qui feraient hausser les épaules à ceux dont on parle, s’ils revenaient au monde. […] De quelque nouveau monde qu’il s’agisse, petit ou grand, quand le Christophe Colomb le découvre, bien d’autres étaient déjà en voie de le chercher. […] Il sortait donc du collège et il entrait décidément dans le monde, l’année même de la Restauration ; il avait tout juste dix-sept ans. […] L’homme d’esprit et l’homme du monde gardaient encore à vue le théoricien, et le sentiment du réel ne l’abandonnait pas. […] Camille Jordan n’était pas un esprit aussi sérieux, c’était plutôt un homme charmant et du monde.

549. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Dieu ne voudrait pas permettre, pour son honneur, à sa créature d’imaginer une Providence éternelle plus belle que la sienne ; nous serons bien étonnés là-haut de trouver un monde de morts plus beau cent fois que nous n’avons rêvé ! […] Une mère que je connus plus tard vous était le monde tout entier. […] Était-ce la couleur de l’onde Quand son cristal profond et pur Réfléchit le dôme du monde ? […] De même que, dans ce monde matinal, on voit de loin un objet qui s’avance, de même, dans le monde moral, on voit de loin celui qui doit les modifier. […] Par vous, je suis revenu à la vie du dehors, au mouvement de ce monde, et de là, sans secousse, aux vérités les plus sublimes.

550. (1910) Rousseau contre Molière

Philinte est le meilleur ami du monde. […] Il y en a de par le monde. […] Peut-il y avoir rien de plus démoralisant au monde ? […] C’est le plus honnête homme du monde que M.  […] Il tient, à ce moment-ci, que la jeune fille doit être menée dans le monde : 1° pour connaître l’humanité, puisqu’il faut qu’elle la connaisse ; 2° pour se dégoûter du monde : « Le monde est le livre des femmes.

551. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

C’est une femme du monde, du meilleur monde, une baronne, la veuve d’un zouave pontifical ! […] Nous faisions triste figure dans le monde, en ces années moroses. […] Pour lui, une carte est un monde vivant et mobile. […] Il retrouvera, dans un monde meilleur, les personnes qu’il a aimées. […] Il semble qu’on irait jusqu’au bout du monde sans perdre l’alignement.

552. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Le plus beau pays du monde. […] Il n’y a de mastics que quand on veut mêler l’un de l’autre, l’un dans l’autre, les deux mondes, le monde riche et le monde pauvre, les deux systèmes, les deux langages. […] Dans le monde moderne. […] Le seul regard que nous ayons du monde de la cité sur le monde du salut. […] Non pas secrètement pour tout le monde.

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