/ 2302
1134. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

La tradition s’y renouvelle, et la science s’y proportionne dans une bonne mesure.

1135. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

La papauté, aux plus beaux jours du catholicisme, n’a fuit que tester, depuis, ce que le dogme chrétien ne permettait, avec sa division du spirituel et du temporel, que dans une mesure imparfaite.

1136. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Charles, premier commis de la surintendance des bâtiments du roi, de l’Académie française depuis 1670, de l’Académie des belles-lettres depuis la fondation, eut une grande part dans les mesures de protection et d’encouragement que prit Colbert en faveur des sciences et des savants.

1137. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Que l’esprit d’Alfred de Vigny se mesure à une plus haute douleur !

1138. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

« Ce fut, bientôt, dit Gustave Kahn, la misère entière, à deux, sans remède, sans amis qui fussent en mesure de l’aider efficacement.

1139. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

La supposition initiale se consolide à mesure qu’on avance ; on en cherche la confirmation dans les témoignages des contemporains ; dans les lois déjà connues qui président à la marche de l’esprit humain, et l’on finit par avoir, au lieu d’une opinion dont on doutait soi-même, une conviction raisonnée qui s’impose.

1140. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Voiture, dont nous parlerons beaucoup dans la suite, s’en prévalait sans contrainte et peut-être sans mesure ; il poussa très loin la familiarité avec eux, quand il eut pris pied à l’hôtel de Rambouillet.

1141. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

. — Au temps jadis, où l’on assonançait, il fallut, prétend-on, suppléer à la faiblesse des sons par leur répétition persistante ; ceci pour dessiner suffisamment la mesure.

1142. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Voici une de ces vérités épineuses qui ne veulent être dites qu’avec finesse et avec mesure.

1143. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Strabon et d’autres écrivains de l’antiquité nous apprennent même que Cadmus, Pherecides et Hecateus, les premiers qui écrivirent en prose, ne retrancherent de leur stile que la mesure des vers.

1144. (1762) Réflexions sur l’ode

Vous en verrez d’excellentes, chacune en leur genre, comme l’ode à la Fortune et l’ode à la Veuve, dont le caractère est absolument différent, quant aux idées, quant au style, quant à la nature même des stances et de la mesure ; et vous viendrez après cela nous tracer des règles.

1145. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Depuis le glorieux Balzac, — qui croyait à Dieu et même à l’Église, et qui introduisit dans les siens cette physiologie, mais dans la juste mesure de son existence, — elle a grandi immensément, comme le matérialisme dont elle est la fille.

1146. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Mais, comme nous l’annoncions d’abord, nous ne traitons la question de la matière que dans la mesure où elle intéresse le problème abordé dans le second et le troisième chapitres de ce livre, celui même qui fait l’objet de la présente étude : le problème de la relation de l’esprit au corps.

1147. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Une âme profondément corrompue par le pouvoir, n’a plus de mesure juste, ni pour elle-même, ni pour les autres, et le genre humain tout entier se recule à une distance immense d’elle.

1148. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Ce ne fut point précisément la contre-révolution qui arma les citoyens lyonnais contre la République et la Convention : ce fut l’excès de l’oppression, graduellement croissante depuis 1791 et renchérissant chaque jour par des mesures de plus en plus intolérables, ce fut la frénésie de quelques dominateurs fanatiques qui détermina le désespoir du très grand nombre. […] Le matin, au sortir de la messe de six heures, une troupe d’énergumènes, armés de fouets de cordes, s’étaient précipités sur les femmes à mesure qu’elles franchissaient le seuil de l’église, et celles auxquelles ils s’étaient acharnés, ils ne les avaient laissées que sanglantes, demi-mortes, après leur avoir infligé les derniers affronts. […] Soutenez l’État sur son penchant… Vous, juges vertueux, intègres administrateurs, que vos départements ont le bonheur de conserver encore, continuez à exercer dans l’ombre des vertus que sentent vos concitoyens et qu’ignorent vos tyrans ; que des mesures atroces s’adoucissent en passant par vos bienfaisantes mains, et que du moins le magistrat se montre meilleur que la loi. […] Nous n’avons pas besoin de répéter ici ces louanges sans mesure que lui-même dédaigne ; il nous suffit de dire, dans un langage plus simple parce qu’il est plus vrai : Oui, ce citoyen a bien mérité de son pays. […] Sa parole est ardente, et comme aux jours de fructidor, quand une accusation injuste, quand une mesure illégitime vient froisser sa conscience, quand un appel à l’iniquité s’élève, quand la Constitution, la Charte, lui paraît en péril, il est des premiers à protester avec émotion : il s’enflamme, et son éloquence a cela de particulier entre toutes, qu’elle exhale le cri des entrailles.

1149. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

À mesure qu’il les frottait, l’argent disparaissait se changeant en cuivre, et notre mineur en devenait plus fier et plus joyeux, les trouvant de plus en plus brillantes ainsi, et plus semblables à l’or. […] Molière a conservé le ton de la comédie et la mesure de la scène379. » La critique du délicat professeur est fort juste, et je serais bien fâché de lui chercher noise auprès des amateurs de fines remarques littéraires. […] Je ne sais pas pourquoi l’on est convenu de considérer comme parfaite une certaine beauté négative, où l’on a évité toutes sortes de fautes ; c’est par une illusion d’optique que l’on croit avoir évité toutes sortes de fautes, et que l’on s’imagine voir dans l’harmonie et la mesure plus de perfection que dans la fougue désordonnée. […] Au lieu d’interroger les faits, de les respecter en attendant de les comprendre, de les étudier jusqu’à ce qu’ils les aient compris, pour les respecter plus encore, ils les transforment à leur idée, les amènent à leur mesure, les soumettent aux caprices de leur réflexion personnelle, aux impertinentes corrections de leur propre sagesse. […] Quant à moi, si j’avais à écrire, à parler du bon Jean-Paul ou d’un quelconque de ses compatriotes, si je me mettais seulement à lire ses pareils ou lui pour mon propre plaisir, je commencerais par oublier quelques-uns des goûts de ma patrie, notre amour pour les idées générales nettes, moyennes, accessibles, pour les lieux communs de morale mondaine, les sentences fines et brèves, l’unité, la rapidité, la précision, la mesure, la délicatesse et la logique ; j’oublierais notre aversion pour le vague et pour toute fantaisie qui n’est point réductible à une idée claire ; je me ferais allemand ; je m’échaufferais, je m’élèverais par enthousiasme à la hauteur de ces imaginations poétiques et philosophiques tout ensemble, qui jettent à la raison vulgaire de superbes défis, et je mesurerais l’altitude de leurs pensées et de leurs œuvres d’après leur degré de mystère et de vénérable obscurité.

1150. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

On prend des mesures prophylactiques contre l’oisiveté, épidémie contagieuse. […] Toutes les objections, que j’ai relevées dans le chapitre précédent et qui se fondaient essentiellement sur la liberté de pensée, le droit de maintenir sa vie privée indépendante, n’ont plus de sens, puisque la conscience de l’individu, auquel pouvaient se rapporter ces mesures, n’existe plus. […] L’interdiction générale de détruire les manuscrits posthumes et la liberté accordée à chacun de les publier constitueraient deux mesures, dont les conséquences, sur la marche de notre temps, ne seraient pas sans profondeur. […] C’est une question de mesure, de tact et d’opportunité. […] Feu de joie A propos des manuscrits non insérés et brûlés, je disais l’autre jour qu’il m’aurait plu de voir étendre cette mesure (l’incinération) aux livres eux-mêmes, qui vraiment encombrent.

1151. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Que l’intoxication des peuples civilisés continue et augmente dans la plus grande mesure, c’est ce que révèle la statistique. […] Pour parler sans métaphore, la statistique indique dans quelle mesure la somme de travail de l’humanité civilisée s’est accrue depuis un demi-siècle. […] Initiés en une certaine mesure au mouvement allemand par Mme de Staël et par A. […] Le positivisme lucide de l’Anglais réclame des indications exactes, des mesures, des chiffres. […] Ruskin possède au plus haut degré cette particularité anglaise de l’exact dans l’absurde, des mesures et des nombres dans le délire de la fièvre.

1152. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

A mesure qu’il se retirait, les arbres ont pris sa place, et aujourd’hui ils semblent occuper l’espace. […] En ce genre, il n’y a pas de mesure absolue ; chaque époque, chaque race a la sienne. […] À mesure que le temps marchait, l’esprit belliqueux s’affaiblissait ; les mots de liberté et de guerre cessaient de se trouver ensemble. […] Une telle enquête donne le budget de la nation et l’histoire du bien-être, et ses conclusions sont les fondements de toutes les mesures que nous devons prendre, comme de toutes les espérances que nous pouvons former. […] Par exemple, avant de décider une mesure, Fox s’informait au préalable de ce qu’en pensait M. 

1153. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Je les crois réalistes, dans la mesure où ils le sont, plus par impuissance que par choix. […] Le goût s’en va de chez nous, et la mesure, et la délicatesse, et une certaine pudeur. […] Célimène, à mesure que l’âge est venu, a vu s’éloigner d’elle tous ses adorateurs et, de dépit, s’est faite prude, tout comme Arsinoé. […] C’est elle qui, au besoin, interdira aux dramaturges de travestir et de défigurer l’histoire au-delà d’une certaine mesure. Et cette mesure, les auteurs dramatiques ne pourront jamais, quoi qu’ils fassent, la dépasser Pourquoi ?

1154. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Si l’homme n’est pas méchant parce qu’il est méchant, mais parce qu’il s’aime, à mesure qu’il comprendra mieux son intérêt, il sera moins méchant. […] En somme, dans quelle mesure convient-il de punir, nous n’en savons rien ; dans quelle mesure faut-il se protéger et se défendre, nous le savons. […] Mais elle a réuni les connaissances humaines dans un tableau assez vaste, assez clair et très bien ajusté à la commune mesure des intelligences. […] C’est, je crois, pour les raisons que j’ai données plus haut, la mesure juste en cette affaire. […] Sarcey a choisi de préférence à celui que je lui avais proposé, a été traité avec mesure et avec un certain talent.

1155. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Que le savant du village, que l’arpenteur mesure la route et pose les bornes milliaires ! […] Force, souplesse, mesure, rien ne manque plus à ce conteur robuste et magistral. […] Enfin, puisqu’il est dans la nature de l’homme de désirer sans mesure, je forme un dernier souhait. […] À mesure qu’elle descend les degrés, la foule de plus en plus épaisse, la poursuit de ses clameurs. […] En toutes choses, il changeait d’idées à mesure que les idées changeaient autour de lui.

1156. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Je reçus dix billets d’excuses à cinq heures ; je reçus assez bien le premier, le second ; mais à mesure que ces billets se succédaient, je commençai à me troubler. » L’homme qu’elle avait si généreusement servi s’éloigna d’elle alors de ce ton parfaitement convenable avec lequel on s’excuse de ne pouvoir dîner. […] Mais on ne doit pas chercher une peinture fidèle dans cette production, d’ailleurs agréable : les dates y sont confuses, les personnages groupés, les rôles arrangés ; M. de Schlegel y devient un grotesque, sacrifié sans goût et sans mesure ; le tout enfin se présente sous un faux jour romanesque, qui altère, à nos yeux, la vraie poésie autant que la réalité. […] De même qu’on a remarqué que les tempéraments, à mesure qu’on vieillit, reviennent au type primitif qu’ils marquaient dans l’enfance, se dépouillant ainsi par degrés des formes et des variations contractées dans l’intervalle ; de même que les révolutions, après leur élan, reviennent à un moindre but que celui qu’elles croyaient d’abord atteindre ou qu’elles avaient dépassé, de même nous voyons Mme de Staël, vers la fin de sa vie, se réfugier dans un système plus mixte, plus tempéré, mais pour elle presque domestique : c’était, pour la fille de M. […] Les ménagements, les mesures de conciliation et de prudence, furent dès l’abord la voie indiquée, conseillée par elle. […] En tête d’une réimpression de Corinne en 1839, nous ajoutions : « A mesure que le temps marche, l’intérêt qui s’attache à ces œuvres une fois reconnues comme subsistantes et durables peut varier, mais n’est pas moins grand.

1157. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Vérité, moralité, agrément, juste mesure, sont les règles essentielles sur lesquelles se fonde la critique classique. […] Dans quelle mesure l’œuvre exprime-t-elle le temps, le pays ; à quoi sert-elle ? Et si le principe de la moralité ne disparaît pas, celui de la juste mesure est abandonné. […] L’accès du primaire au secondaire, du secondaire au supérieur, il prit des mesures pour le faciliter. […] Dans Mesure de la France 126, Drieu la Rochelle allait situer la France en Europe, après la guerre, « entre la nouvelle Amérique et la nouvelle Russie ».

1158. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il naquit dans une famille où l’esprit de système, où l’orgueil et la haine avaient passé la mesure ordinaire. […] Ses idées et ses talents se perfectionnaient à mesure que sa raison supérieure s’élevait au-dessus de l’esprit de faction et de l’influence des vices qui avaient longtemps égaré sa jeunesse. […] Il s’est élevé avec force contre toutes les mesures oppressives. […] On ne sent point quelque chose de plein et de nourri dans leurs ouvrages ; l’immensité n’y est point, parce que la Divinité y manque… Aussi le dix-huitième siècle diminue-t-il chaque jour dans la perspective, tandis que le dix-septième grossit à mesure que nous nous en éloignons : l’un s’affaisse, l’autre monte dans les cieux. […] À mesure que les écrits des sophistes auront moins de partisans, l’auteur du Génie du Christianisme en trouvera davantage. — Au reste, il a déjà eu la double gloire de soulever contre lui et des critiques obscurs et des critiques distingués.

1159. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Victor Hugo a rédigé ses premiers vers dans le goût d’Andrieux et de Legouvé  ; les images ne naissent sous sa plume qu’à mesure qu’elles naissent dans son œil, qu’elles se classent dans son cerveau. […] Chateaubriand, à mesure qu’il devenait lui-même, à mesure qu’il se cristallisait en un merveilleux prisme, abandonna peu à peu ce procédé naïf ; ses dernières couvres, les belles, n’en contiennent plus aucune trace ; elles abondent en riches et neuves métaphores, M.  […] Il semble qu’à mesure que le public se désintéresse davantage de la poésie les poètes deviennent plus nombreux et plus hardis. […] Mais la commune mesure étant le nombre réel, il faut qu’à des intervalles presque réguliers un vers plein surgisse, qui rassure l’oreille et guide le rythme. […] Ses règles ont changé dans la mesure où ce qui est applicable à la musique ne l’est pas à la peinture.

1160. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Leurs pieds battaient la terre en mesure. […] La couverture enveloppa la chemise et la chair du vieillard comme une caresse, et à mesure que la charrette avançait dans la foule, le marquis, réchauffé, tremblait moins. […] À mesure que la charrette à bœufs s’approchait avec sa musique sauvage, je revoyais distinctement ce ravissant passé, et il me semblait qu’entre ce passé et aujourd’hui il n’y avait rien. […] À mesure qu’on s’éloigne de ce point initial, on rencontre les modes, les déviations de la forme, du langage, dont les précieuses ridicules, les incroyables, les décadents, etc., sont le spécimen. […] Ils prenaient des mesures, ils étudiaient le terrain… C’était merveilleux !

1161. (1902) Propos littéraires. Première série

Les exemples de cette innocuité et aussi de cette impuissance pour le bien, sont éclatants et se multiplient à mesure que j’avance. […] On la lui appliquera dans la mesure des nécessités et convenances sociales, nullement dans la mesure où il prétendra la tailler à son avantage. […] Elle est fausse, tout simplement, et elle compromet l’Individualisme à mesure qu’elle apparaît de plus en plus comme fausse. […] Léon Daudet avait fait bonne mesure. […] Elle est reprise cette année, avec beaucoup de talent encore, mais avec beaucoup plus de prudence et de mesure, par M. 

1162. (1903) Propos de théâtre. Première série

La mesure dans laquelle les Français ont pu accepter Shakspeare est la mesure même de leur goût et de leur compréhensivité, si l’on me permet de m’exprimer ainsi pour un moment. […] Je vous assure que c’est la bonne mesure. […] » — c’est un modeste, mais très honnête office de moralisateur, dans la mesure et dans le ton où il sied que reste le poète comique. […] Ce n’est pas une mesure certaine. […] Car, à mesure qu’il avançait, il osait davantage en ce sens.

1163. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Les soirs même de dimanche, en cet Arsenal toujours gracieux et embelli, s’il s’oublie quelquefois, comme par mégarde, à causer et à rajeunir, si, debout à la cheminée, il s’engage en un attachant récit qui ne va plus cesser, à mesure que sa parole élégante et flexible se déroule, écoutez, assistez ! […] Mais ces grands chemins, c’est-à-dire les admirations légitimes et consacrées, à mesure qu’on avance, on ne les évite pas impunément ; tout ce qui compte y a passé, et l’on y doit passer à son tour : ce sont les voies sacrées qui mènent à la Ville éternelle, au rendez-vous universel de la gloire et de l’estime humaine. […] Si de tout temps il y eut en sa manière quelque chose qui est le contraire de la condensation, ces qualités élargies n’ont pas dépassé la mesure en se continuant, et elles ont rencontré, pour y jouer, des cadres de mieux en mieux assortis.

1164. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Le cours de ma vie a été uniforme depuis que les années ont amorti ce feu de l’âme qui m’a tant consumé et tourmenté autrefois… Vous connaissez mes habitudes, vous savez que j’y ai résidé deux ans : semblable à un voyageur pressé par la fatigue d’arriver, je double le pas à mesure que je vois s’approcher le terme de ma course. […] Ces sonnets sont empreints de cette triste et poignante sérénité des heures du soir de la vie des grands hommes, où, à mesure que leur soleil baisse, leur âme semble grandir avec leur génie. […] L’affaiblissement de son corps n’avait nullement atteint son âme ; il vivait du souvenir de Laure ; ce souvenir semblait se rajeunir dans son âme à mesure que sa vieillesse l’éloignait du temps de son grand amour.

1165. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« À mesure que notre chaloupe s’éloignait, le chant des bateliers et le bruit confus de la ville s’éteignaient insensiblement. […] La terre entière, continuellement imbibée de sang, n’est qu’un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu’à la consommation des choses, jusqu’à l’extinction du mal, jusqu’à la mort de la mort. […] Mais lorsque les crimes, et surtout les crimes d’un certain genre, se sont accumulés jusqu’à un point marqué, l’ange presse sans mesure son vol infatigable.

1166. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

« J’avais dix ans ; cette passion d’histoire naturelle augmentait à mesure que je grandissais. […] À l’approche de la nuit, à mesure que l’ombre s’épandait sur le fleuve, une plus profonde émotion nous saisissait. La clochette des troupeaux tintait au loin : le cornet du batelier, suivant les détours de la rivière, arrivait jusqu’à nous ; le long cri de guerre du grand hibou, le bruit sourd de ses ailes, fendant l’air silencieux ; tous ces bruits devenant plus distincts à mesure que le jour baissait, nous les écoutions avec un intérêt puissant et une curiosité indicible.

/ 2302