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1066. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

C’est en 1754 que le marquis de Mirabeau, ami de jeunesse de M. de Nivernois, fut introduit par lui dans le salon de son amie. […] Maurice Bouchor le talent ; il a de la verve et un certain feu de jeunesse. […] Cousin et publié pour la première fois en 1855, dans la troisième édition de la Jeunesse de Madame de Longueville. […] On compte trois amours marquants dans la jeunesse de l’auteur des Méditations. […] … Je sens mon cœur aussi plein de sentiments délicieux et tristes que dans les premiers accès de fièvre de ma jeunesse.

1067. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Il semble que M. de Lamartine se promène, après un exil de quelques années, dans un parc où il aurait passé sa jeunesse. […] Je m’enfermerai dans mon amour comme dans une tour fortifiée, et je regarderai s’enfuir sur la route lointaine ces rêves dorés de ma jeunesse, si splendides aux premiers jours, et maintenant pâlissants et confus. […] Ils avaient conservé soigneusement l’étincelle précieuse qui devait rallumer les cendres de leur jeunesse. […] La plume et la pensée, plus sûres d’elles-mêmes, s’abandonnent plus rarement aux inutiles effusions qui ralentissent le récit, et qui, loin de servir de halte et de point d’orgue, trahissent la jeunesse de l’écrivain. […] Cependant Sténio, fier de sa jeunesse et de la sincérité de son dévouement, persiste dans son entreprise.

1068. (1902) Propos littéraires. Première série

Elle évoquait des heures où il l’avait tenue dans ses bras, tandis que passait sur eux, dans la chambre, le souffle de jeunesse du printemps. […] Portalis qu’à l’influence de Napoléon sur la jeunesse française. […] Tolstoï n’a aucune estime pour les ouvrages dus à la jeunesse et au génie d’un homme que la jeunesse au moins a quitté. […] Jamais on n’a parlé de la jeunesse en termes plus élevés ni avec une plus grande émotion religieuse. […] C’est pourquoi l’âme humaine, au moment où elle sort à peine du sein de Dieu, n’a encore que le sens du bien et ne voit dans le monde que les marques de la main bienfaisante… Il faut donc changer ces vieux proverbes : la jeunesse est bientôt passée ; la jeunesse n’a qu’un temps.

1069. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il faut le regretter, car, en matière d’art, si la jeunesse comporte tous les charmes, elle manque souvent de véritable solidité. […] Par conséquent ces sombres poèmes avaient été composés en pleine jeunesse. […] certes, on n’est pas d’une jeunesse tendre quand on a feuilleté cet ouvrage. […] Mais c’est dans la première jeunesse qu’il montre une grande netteté. […] Goethe et Stendhal sont deux bons amis de ma jeunesse.

1070. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

—  C’est que, s’il vous plaît, dit Byron en tendant son bras, j’en voudrais recevoir la moitié1238. » La générosité surabondait chez lui comme le reste. « Jamais, dit quelqu’un qui le connut intimement dans sa jeunesse, il ne rencontrait un malheureux sans le secourir1239. » Plus tard, en Italie, sur cent mille francs qu’il dépensait, il en donnait vingt-cinq mille. […] J’ai eu quelques aventures curieuses en masque de carnaval. —  J’userai la mine de ma jeunesse jusqu’au dernier filon de son métal, et après… bonsoir. […] Il était — trop différent, incapable de plier ses pensées — à celles des autres, quoique son âme eût été foulée — dans sa jeunesse par ses propres pensées ; toujours retranché dans son indépendance, —  refusant de livrer le gouvernement de son esprit — à des âmes contre lesquelles la sienne se révoltait, —  fier jusque dans un désespoir qui savait trouver — une vie en lui-même, et respirer en dehors de l’humanité ! […] Avec quel effort faut-il nous arracher à nos passions compliquées et vieillies pour comprendre la jeunesse et la simplicité divine d’un être affranchi de la réflexion et de la forme ! […] Qui, au contraire, ne se sentira ému d’admiration au spectacle de ces puissances grandioses qui, situées au cœur des choses, poussent incessamment le sang dans les membres du vieux monde, éparpillent l’ondée dans le réseau infini des artères et viennent épanouir sur toute la surface la fleur éternelle de la jeunesse et de la beauté ?

1071. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Au commencement la verve et la jeunesse président à tout ; quelquefois, il est vrai, ces divinités domestiques de l’art se laissent envahir par la partie mauvaise de leur cortège : la verve devient violence et trivialité, la jeunesse se montre gauche, mais souvent un vers heureux vient remettre le bon ordre. […] Est-ce que cet âge voit durer ses douleurs morales pendant tant de pages, et ne savons-nous pas combien la consolation est prompte à descendre sur la jeunesse et à lui rendre la force d’avancer dans la vie ? […] Octave est censé représenter un type assez commun dans la jeunesse de nos jours. […] Beauté, jeunesse, force, santé, voilà pour son corps ; fermeté, courage, bonté, humeur magnanime, c’est la part de son âme. […] Janin vienne tous les lundis vous parler de la pluie, du beau temps, de la verte jeunesse et des jets de diamants, sujets éternels des travaux de son style, s’il n’a pas pour prétexte l’histoire théâtrale de la semaine ?

1072. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

On dirait que l’état d’âme de la jeunesse contemporaine est, maintenant, ce qui le préoccupe par-dessus tout. […] Le souvenir des Demi-vierges me hantait, assombrissait tout ce vif éclat de jeunesse en fleur, enveloppait d’ombres funèbres cette vision d’aurore. […] Certes, l’atmosphère qui entoure la jeunesse contemporaine est toute viciée de mauvaises odeurs, chargée de germes, pullulante de microbes. […] Or, ces vertus de notre jeunesse, les avons-nous encore ? […] diront les grincheux que la jeunesse contemporaine agace par sa prodigieuse aptitude à l’« éreintement ».

1073. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

. — Les Dieux sont unis dans l’Olympe, où Hébé leur verse, avec l’ambroisie et l’éternelle jeunesse, l’éternelle sérénité. […] De l’hymen, du bonheur l’espoir était venu             À ma jeunesse amère : Je péris fiancée, et sans avoir connu             La douceur d’être mère. […] Goethe, avec ce grand sens qu’il a porté dans tonies les créations de son ferme génie, a choisi pour l’essai poétique de sa jeunesse la lutte du moyen âge expirant contre les premiers efforts d’organisation de la société moderne. […] Une jeunesse irréfléchie pouvait seul être séduite par un grand homme qui est un brigand, et Schiller a péché contre la morale et contre l’art, en voulant faire un drame fort tragique de cette comédie236.

1074. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Il y eut là, tout au sortir de l’enseignement de Malherbe, dans notre poésie française lyrique, une veine trop peu abondante, trop tôt distraite et interrompue, mais très pure, très française, neuve, élevée et douce : il en est resté quatre ou cinq odes au plus, mais dignes d’Horace, qu’on y retrouve imité sans servilité et avec génie, et bien faites surtout pour enchanter et inspirer, comme cela a dû être, la jeunesse de La Fontaine. […] À en juger par ce qu’on a de lui, on croirait qu’il a eu de la jeunesse à peine ; il en a eu pourtant, et il l’a sentie.

1075. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

C’est pour n’être jamais surpris. » En résumé, dès sa première jeunesse, Rosny nous est présenté comme bon ménager, ayant toujours de l’argent de reste, et, en cas de besoin, portant de l’or en poche, même dans les batailles, quand les autres n’y songent pas ; sachant s’arranger en campagne, s’ingénier dans les sièges pour attaquer et faire brèche, adroit et actif à pourvoir à la défense de ses quartiers ; un militaire en un mot, non seulement très brave, mais distingué, instruit et précautionné, avec des talents particuliers d’artilleur, et, si je puis dire, des instincts d’arme savante. […] Rosny fut toujours d’humeur assez difficile et assez ombrageuse ; mais sa prudence précoce eut pourtant de la jeunesse ; il eut ses heures de bonne grâce, ses conversations avec les dames, son art de les entretenir et de les faire parler.

1076. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Mais Mme Necker, à qui il ne craignait pas de s’ouvrir de ses tristesses, et en laquelle, vers la fin, il retrouvait une dernière amie comme elle avait été la première, lui disait : Gardez-vous, monsieur, de former un de ces liens tardifs : le mariage qui rend heureux dans l’âge mûr, c’est celui qui fut contracté dans la jeunesse. Alors seulement la réunion est parfaite, les goûts se communiquent, les sentiments se répondent, les idées deviennent communes, les facultés intellectuelles se modèlent mutuellement ; toute la vie est double, et toute la vie est une prolongation de la jeunesse.

1077. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Heureux dès sa jeunesse, ayant reçu du ciel la fortune, la bonne mine, le désir de plaire et l’art de jouir, il vécut de bonne heure dans le meilleur monde ; il respira, sur la fin du règne de Louis XIV, cet air civilisé le plus doux et le plus tempéré pour lequel il était fait ; il continua sa carrière fort avant dans le xviiie  siècle sans en partager les licences ni les ardeurs, fut l’ami intime et le familier de tous les gens en place, le patron ou l’amphitryon des gens de lettres, parmi lesquels il prit un rang distingué que chacun s’empressa de lui offrir. […] On aurait pu se contenter de remarquer, si on avait voulu, que j’avais fait d’assez bons choix dans ma jeunesse.

1078. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Elle aimait sans doute en lui le fils d’un des contemporains et des adorateurs de sa jeunesse ; mais si ce fils n’avait pas eu du bon sens et de la solidité sous ses airs légers, s’il n’avait pas eu du fonds, elle ne lui aurait point été une si invariable amie et protectrice. […] Je ne suis pas étonné, Sire, qu’une amitié de la première jeunesse ait prévalu ; mais enfin, Sire, après avoir été honoré des plus importantes marques de votre confiance, il ne me restera donc plus que d’aller chercher une partie de piquet chez Livry1 avec les autres fainéants de la Cour, si Votre Majesté ne daigne pas me donner entrée dans ses conseils.

1079. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il eut là une jeunesse, qui, jusque dans ses dissipations, ne dut jamais être très orageuse ni très vive. […] Après la jeunesse il voyait venir immédiatement la vieillesse sans avant-garde ni appareil protecteur, sans rien qui la lui ornât à l’avance et la lui déguisât : Me voilà déjà avancé en âge, disait-il, et je suis toujours incertain et mobile dans le chemin de la vérité.

1080. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Chapelain était fort savant, d’une science solide, et il se montra judicieux, bien qu’avec pesanteur, tant qu’il n’eut affaire qu’à des auteurs et à des ouvrages qui se rapportaient aux habitudes de toute sa vie et qui dépendaient de l’école littéraire où avait été nourrie sa jeunesse. […] Ils avaient d’abord été en bons termes ; mais Marolles, lui ayant demandé des avis sur sa traduction de Virgile, s’était choqué de ceux qu’il avait reçus, et, comme il ne pouvait se retenir sur tout ce qu’il avait dans l’esprit et que sa tête fuyait en quelque sorte, il s’était mis à harceler Chapelain de sa plume à la rencontre, à lui chercher noise sur une ancienne traduction de Guzman d’Alfarache que celui-ci avait faite dans sa jeunesse, et depuis il était entré (chose plus grave) dans la conspiration de La Ménardière et de Linières contre La Pucelle, jusqu’à être « le promoteur du libelle du premier et son correcteur d’imprimerie ».

1081. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

. — Tel du moins il me paraît dans sa jeunesse et d’après cette première partie du Journal. […] J’étais tenu plus qu’un autre peut-être de m’apercevoir et de faire apercevoir le public de la différence qu’il y a entre le d’Argenson réel et celui qu’on nous avait présenté d’abord : j’avais en effet, dans un article du Globe du 16 juillet 1825, rendu compte des Mémoires publiés en cette même année, et en le faisant avec un sentiment d’estime que je n’ai pas à rétracter, j’avais été un peu dupe comme tout le monde, et comme l’est encore plus aisément la jeunesse, du portrait arrangé, repeint et vernissé à la moderne que l’éditeur nous avait présenté.

1082. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Merlin y raconte lui-même ses années d’études et de première jeunesse, son temps de séminaire et de noviciat ecclésiastique, ses velléités de vie religieuse et d’entrée au cloître, presque aussitôt dissipées et suivies d’une émancipation complète. […] Tel est le personnage original qui, dans sa jeunesse, eut la pensée de devenir homme d’Église, et qui plus est, la tentation de se faire chartreux.

1083. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

À ceux qui en douteraient à voir la sévérité de sa doctrine, je dirai (ce qui n’est jamais une injure pour un galant homme) qu’il eut de la jeunesse. […] Quand je le vis arriver à Paris et s’adresser pour ses premiers essais critiques à la Revue des Deux Mondes où un compatriote de Castil Blaze avait naturellement accès, c’était un homme qui n’était plus de la première jeunesse, spirituel, aimable, liant, point du tout intolérant, quoique dans la nuance légitimiste.

1084. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Dans cette pièce de jeunesse, c’est encore le vieillard qui est le plus grand. […] Corneille n’a extrait et dû extraire qu’un Cid, modèle d’amour et d’honneur, tel qu’il le fallait pour arracher des larmes au jeune d’Enghien et à cette valeureuse jeunesse.

1085. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Lui-même Collé, il nous dit et redit tout cela en vingt endroits de son Journal, et comme un Gaulois d’autrefois, dans le langage le plus simple et le plus uni du monde : « Je n’avais de mes jours pensé à être auteur ; le plaisir et la gaîté m’avaient toujours conduit dans tout ce que j’avais composé dans ma jeunesse. […] Dieu eût dû mettre la jeunesse à la fin de notre vie » ; lorsqu’il parle ainsi et qu’il raisonne à la manière de Garo chez La Fontaine, je l’arrête, je ne reconnais plus là son bon sens, et je lui oppose ce qu’a dit un autre moraliste dans une pensée toute contraire : « Force nous est bien de vieillir ; justice est que nous vieillissions.

1086. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

De là des biographies émues, animées d’une partialité posthume qui ne déplaît pas et qui tient à la jeunesse sans cesse renaissante des cœurs. […] On y sent surtout la grâce de la jeunesse, le rire facile, la joie dont on est rempli et qui se répand.

1087. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle racontait encore avec un mélange de gaieté et de sensibilité l’anecdote suivante de ce bon temps de jeunesse et de misère, où il est vrai de dire, même des femmes : « Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans !  […] Cinq ans après, en 1827-1828, lorsqu’une nouvelle troupe anglaise revint à la charge pour représenter Shakspeare, un grand progrès s’était accompli dans l’intervalle chez les esprits cultivés ; les idées du journal le Globe avaient fait leur chemin dans la jeunesse.

1088. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Je crois qu’être moral, c’est espérer : moi, je n’espère pas ; j’ai blasphémé la nature et Dieu peut-être, dans Lélia ; Dieu qui n’est pas méchant, et qui n’a que faire de se venger de nous, m’a fermé la bouche en me rendant la jeunesse du cœur et en me forçant d’avouer qu’il a mis en nous des joies sublimes ; mais la société, c’est autre chose : je la crois perdue, je la trouve odieuse, et il ne me sera jamais possible de dire autrement. […] Je l’ai donc retirée pour en faire le commencement d’une historiette toute rustique, et j’ai mis dans la bouche de mon secrétaire intime, dans le courant de son séjour à Monteregale, un récit de sa jeunesse où j’ai tâché de tracer son humeur d’une manière qui s’harmonie mieux avec la suite.

1089. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Fils d’un père greffier, né d’aïeux avocats (1636), comme il le dit lui-même dans sa dixième épître, Boileau passa son enfance et sa première jeunesse rue de Harlay (ou peut-être rue de Jérusalem), dans une maison du temps d’Henri IV, et eut à loisir sous les yeux le spectacle de la vie bourgeoise et de la vie de palais. […] A part cet attachement, qu’on a même révoqué en doute, il ne semble pas que la jeunesse de Despréaux ait été fort passionnée, et lui-même convient qu’il est très-peu voluptueux.

1090. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

» — Certes, j’en vois : dans Les Perses, dans Œdipe roi, dans Les Nuées, dans Sacountala, dans La Jeunesse du Cid, dans Polyeucte, dans Esther, dans Le Misanthrope, dans Macbeth, dans Ce qu’il vous plaira, dans Le Jeu de l’Amour, dans Le Mariage de Figaro, dans La Belle Hélène… Et parce que j’admire l’art dans ces pièces d’il y a trente siècles ou d’il y a trente ans et que je le cherche en vain dans celles d’aujourd’hui, je veux trouver le secret de cette esthétique spéciale et diverse, pour apprendre si sa formule est, ou n’est plus, pour nous réalisable. […] Cela suffira pour que, dans des reprises de Patrie ou de Durand et Durand, les vieillards puissent aimer le souvenir de leur jeunesse.

1091. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

» — Certes, j’en vois : dans les Perses, dans Œdipe roi, dans Les Nuées, dans Sacountala, dans La Jeunesse du Cid, dans Polyeucte, dans Esther, dans Le Misanthrope, dans Macbeth, dans Ce qu’il vous plaira, dans Le Jeu de l’Amour, dans Le Mariage de Figaro, dans La Belle Hélène… Et parce que j’admire l’art dans ces pièces d’il y a trente siècles ou d’il y a trente ans et que je le cherche en vain dans celles d’aujourd’hui, je veux trouver le secret de cette esthétique spéciale et diverse, pour apprendre si sa formule, est, ou n’est plus, pour nous réalisable. […] Cela suffira pour que, dans des reprises de Patrie ou de Monsieur chasse, les vieillards puissent aimer le souvenir de leur jeunesse.

1092. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Que les prémices de sa jeunesse ne soient point cueillis ! […] vous êtes des enfants, il n’y a pas de vieillards parmi vous ; vous êtes tous jeunes d’esprit. » Cette momie vivante ne croyait pas si bien dire : la Grèce naquit et elle resta jeune ; et c’est cette jeunesse qui lui donna la Beauté, qui versa sur ses œuvres la fleur de la vie, et lui fit cueillir légèrement les prémices de toutes les moissons, le laurier-rose de toutes les victoires.

1093. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Comme lui-même, dans sa première jeunesse, il n’était pas dirigé, il se trompa plus d’une fois sur les objets de son émulation, et se prit au faux honneur. […] Le Chesterfield que nous aimons surtout à étudier est donc l’homme d’esprit et d’expérience qui n’a passé par les affaires et n’a essayé tous les rôles de la vie politique et publique que pour en savoir les moindres ressorts, et nous en dire le dernier mot ; c’est celui qui, dès sa jeunesse, fut l’ami de Pope et de Bolingbroke, l’introducteur en Angleterre de Montesquieu et de Voltaire, le correspondant de Fontenelle et de Mme de Tencin, celui que l’Académie des inscriptions adopta parmi ses membres, qui unissait l’esprit des deux nations, et qui, dans plus d’un essai spirituel, mais particulièrement dans ses Lettres à son fils, se montre à nous moraliste aimable autant que consommé, et l’un des maîtres de la vie.

1094. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Mme Geoffrin ne nous apparaît que déjà vieille, et sa jeunesse se dérobe à nous dans un lointain que nous n’essaierons pas de pénétrer. […] La Mme Geoffrin de nos jours, Mme Récamier, eut de plus que l’autre la jeunesse, la beauté, la poésie, les grâces, l’étoile au front, ajoutons, une bonté non pas plus ingénieuse, mais plus angélique.

1095. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Les trois ou quatre Lettres du chevalier d’Her…, qui roulent sur le mariage clandestin d’une prétendue cousine, offrent encore un trait caractéristique de cette jeunesse de Fontenelle. […] Lisez tout ce portrait, suivez cette conversation du Cydias-Fontenelle que La Bruyère nous fait si bien voir tel qu’il était alors dans la société, avec ce premier vernis de la jeunesse et dans tout le lustre de son apprêt naturel, déjà lui-même au complet pour la patience et l’accent, nullement pressé de parler et d’interrompre, attendant paisiblement que chacun ait jeté son feu, puis débitant gracieusement alors, et avec un demi-sourire, des contradictions et des paradoxes que La Bruyère estime des impertinences, qui pourraient bien être souvent des vérités, ou du moins qui pourraient y conduire, ce que La Bruyère ne dit pas.

1096. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Après la Terreur, il se trouva naturellement de cette jeunesse royaliste, plus ou moins dorée et muscadine, qui luttait avec énergie et courage pour la vie élégante et civilisée. […] Il perdit des amis dont il ne s’était jamais séparé un seul jour ; il était devenu vieillard, lui qu’on ne s’habituait guère à se figurer que sous la forme de la gentillesse et de la jeunesse de l’esprit.

1097. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Mme Necker avait tracé de Mme de Lauzun dans sa première jeunesse un portrait délicat et senti qu’elle terminait en disant : « Les portraits d’imagination sont les seuls qui lui ressemblent », et dans lequel elle la recommandait vivement comme une vierge orpheline à son bon ange gardien : Ô vous ! […] En effet, quelques-unes des femmes qui y étaient nommées pour leur conduite, légère et leurs aventures de jeunesse, vivaient encore et avaient passé depuis à la défense solennelle des bons principes, au culte de l’autel autant que du trône.

1098. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Jasmin, né à Agen vers la fin du dernier siècle, est un homme qui doit avoir environ cinquante et un ans, mais plein de feu, de sève et de jeunesse ; à l’œil noir, aux cheveux qui, il y a peu de temps, l’étaient encore, au teint bruni, à la lèvre ardente, à la physionomie franche, ouverte, expressive. […] Et la nouvelle de sa touchante action faisant bruit déjà dans les prairies, tout le pays s’était pris d’amour pour elle : « C’étaient, la nuit, de longues sérénades, des guirlandes de fleurs à sa porte attachées, et le jour, des présents choisis que les filles enfin à sa cause entraînées venaient lui présenter avec des yeux tout amis. » Annette surtout était en tête de cette bonne jeunesse.

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