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968. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Arrivé de l’idée humanitaire à l’idée domestique par une sorte de réaction intérieure, il a été d’abord un peu outré comme on l’est dans toute espèce de réaction.

969. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Lorsque les sorcières annoncent à Macbeth qu’il sera roi, lorsqu’elles reviennent lui répéter cette prédiction au moment où il hésite à suivre les sanglants conseils de sa femme, qui ne voit que c’est la lutte intérieure de l’ambition et de la vertu, que l’auteur a voulu représenter sous ces formes effrayantes ?

970. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Mais si l’on considère de l’humanité son âme, son intelligence, sa moralité, sa destinée évidemment supérieure à cette vie et à cette mort entre lesquelles elle s’agite, sa connaissance de Dieu, l’hommage qu’elle rend à ce maître suprême de ses destinées individuelles ou collectives, la transition entre le fini et l’infini dont elle paraît être le nœud par sa double nature de corps et de pensée, sa conscience, faculté involontaire, révélation, non de la vérité, mais de la justice, son instinct évidemment religieux, son inquiétude sacrée qui lui fait chercher son Dieu, avant tout créature sacerdotale, chargée spécialement par l’Auteur des êtres de lui rapporter en holocauste les prémices de ce globe, la dîme de l’intelligence, la gerbe de l’autel, l’encens des choses créées, la foi, l’amour, l’hymne des créations muettes, la parole qui révèle, le cri qui implore, l’obéissance qui anéantit le néant devant l’Être unique, le chant intérieur qui célèbre l’enthousiasme, qui soulève comme une aile divine l’humanité alourdie par le poids de la matière, et qui la précipite dans le foyer de sa spiritualité pour y déposer son principe de mort et pour y revêtir d’échelons en échelons sa vraie vie, son immortalité dans son union à son principe immortel !

971. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Mais de tous les côtés nous rencontrons les dispositions enthousiastes ou rêveuses, le bouillonnement sentimental du désir ou de la tristesse, je ne sais quelle inquiète projection des sentiments intérieurs sur l’univers environnant.

972. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Tantôt le sens emporte une longue suite d’alexandrins, tantôt très peu, jamais des nombres égaux, ou liés par des rapports simples et sensibles ; toujours il désarticule le vers, s’arrêtant partout ailleurs qu’à l’hémistiche, sur la troisième, sur la quatrième, sur la neuvième, sur la dixième syllabe, se terminant parfois à l’intérieur du vers.

973. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Il voyait la laideur expressive de Molière, le paysage natal de Racine, cette nature sévère et harmonieuse de la Ferté-Milon, l’intérieur de bourgeois cossu du poète vieilli ; il nous le montrait dans son cabinet, en sa robe de chambre « bordée de satin violet », devant ses rayons garnis de livres, ou, lorsqu’il s’en allait à la cour, en « manteau d’écarlate rouge » et « en veste de gros de Tours à fleurs d’or », avec une « petite épée à garde et poignée d’argent » au côté, montant dans son carrosse rouge que tiraient deux bons vieux chevaux.

974. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Voilà le maître intérieur auquel la jeune génération devrait dresser des autels secrets.

975. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

L’archange intérieur qui tout bas l’encourage.

976. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Et voilà le grand palais et la cour ducale, et plus loin la prison, etc. » Il y avait aussi des scènes d’intérieur, pour lesquelles il fallait un décor spécial.

977. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Malheureusement, les physiciens se sont longtemps désintéressés de cette question ; on concentre de la lumière pour éclairer la préparation microscopique, pensaient-ils ; la lumière ne va pas sans chaleur, de là des inégalités de température, et dans le liquide des courants intérieurs qui produisent les mouvements dont on nous parle.

978. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

On veillait surtout scrupuleusement à ce que personne n’entrât à l’état d’impureté légale dans les portiques intérieurs.

979. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

L’introduction de cet ouvrage qui a pour sujet « la Méthode en psychologie », est très sévère pour la métaphysique et pour l’emploi exclusif de cette méthode que les Anglais appellent introspective : (l’observation intérieure de Jouffroy et de l’école spiritualiste).

980. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

La plus forte patience intérieure nous sera sans doute nécessaire.

981. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Taine explique que sa méthode est une sorte de dialectique qui consiste à remonter de l’œuvre littéraire à l’homme physique qui l’a produite, de cet homme physique à l’homme intérieur, à son âme ; puis aux causes même de cette constitution psychologique.

982. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

La salle est comble, la vaste multitude regarde, écoute, aime, toutes les consciences émues jettent dehors leur feu intérieur, tous les yeux éclairent, la grosse bête à mille têtes est là, la Mob de Burke, la Plebs de Tite-Live, la Fex urbis de Cicéron, elle caresse le beau, elle lui sourit avec la grâce d’une femme, elle est très finement littéraire ; rien n’égal les délicatesses de ce monstre.

983. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Au contraire, il m’est impossible de me représenter la pensée comme quelque chose d’extérieur : elle est essentiellement un état intérieur.

984. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Comme ils le font tous, quand il le faut, ces admirables possesseurs d’eux-mêmes et de la lumière, il y tait ses contemplations intérieures, et la critique est d’autant plus à l’aise vis-à-vis de lui qu’il n’a voulu faire qu’un livre de voyage et d’histoire, et qu’il a traité le public français comme il avait traité le public chinois, quand il ne craignit pas de revêtir la magnificence orientale et quand ces humbles pieds, dont il est dit dans nos livres saints : « Qu’ils sont blancs et beaux, les pieds des envoyés du Seigneur ! 

985. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Il eût voulu mugir comme la tempête ; mais une voix intérieure, l’éclair bleu des beaux regards, je ne sais quels appels vers les lambrequins blasonnés de la zone héraldique, lui commandaient des chants de sotto voce.

986. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Quand sainte Térèse, dans sa Vie, nous rend compte de ses contemplations intérieures, qu’elle nous dresse une carte de mysticité comme pilote n’en dressa jamais des mers qu’il aurait parcourues, et où tout est marqué, même les plus imperceptibles écueils ; quand sa pensée va du recueillement à la quiétude, de la quiétude à l’extase, et de l’extase au ravissement, sainte Térèse s’exprime rarement par des images, et lorsqu’elle en a, c’est comme Dante : elle les tire des objets les plus familiers et les plus agrestes.

987. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Colomb est un instrument choisi, — un Élu, constamment en rapport avec Celui qui l’envoie, par la prière et par des circonstances, ayant tous les caractères extérieurs et intérieurs de ce qu’on appelle des miracles.

988. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Victor de Chalambert, esprit droit et ferme, profondément convaincu, mais très calme dans ses convictions, d’une expression sereine et lucide, comme son sentiment intérieur, a écrit l’histoire spéciale de la Ligue.

989. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

— c’est de fonder une Église, c’est d’établir une autorité extérieure après avoir reconnu l’intérieure, c’est d’avoir un symbole, des sacrements, une hiérarchie, un culte, une discipline, enfin tout cet ensemble de choses nécessaires vers lequel toute idée religieuse — d’où qu’elle vienne ! 

990. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Cette absence de théorie, — nous ne disons pas absolument : d’idées, — ce renvoi aux calendes grecques d’un second volume, cette discrétion d’un homme qui sait gouverner sa philosophie intérieure, car, s’il y avait un prix Montyon de la réticence, il serait gagné par M. l’abbé Mitraud, tout cela, qui aurait perdu un autre homme devant la Critique, ne s’est pas retourné contre lui.

991. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Certainement il y a là une force d’expansion intérieure. […] C’est que l’artiste a su donner à ces personnages une vie intérieure. […] Cette harmonie s’explique : presque toujours l’artiste, en même temps qu’il compose ses figures symboliques, se les traduit à lui-même par la parole intérieure. […] Alors en effet il suffirait à l’artiste de reproduire cette vision intérieure ; il faudrait qu’il sût bien peu son métier, pour n’y pas réussir du premier coup. […] Sont-ils plus réfléchis, plus intérieurs, moins distraits par la splendeur de la lumière et le spectacle de la beauté physique ?

992. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

et sous ces noms différents, ce qu’ils s’accordent tous deux à reconnaître, n’est-ce pas, à vrai dire, la continuité, la logique intérieure, et l’unité de la vie et de la pensée de Lamennais ? […] On a donc loué, comme il convenait, la simplicité de l’intrigue, l’originalité des caractères, le pathétique profond d’un drame tout intérieur, la générosité, la noblesse, la hauteur de l’inspiration. […] Non pas qu’aux yeux des psychologues le corps ne soit qu’une enveloppe ; et ils savent que ce qu’il y a de plus intérieur en nous se traduit souvent avec fidélité dans notre attitude ou dans notre physionomie. […] intérieurs, comme la diversité des langues et des religions, ou extérieurs, dans la formation des nationalités et des races voisines ? […] En tout temps, comme en tous lieux, le pouvoir de l’individu contrepèse celui des masses, et là même peut-être est l’attrait intérieur et profond de l’histoire.

993. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Et il a disparu, moins bruyamment que Tortoni, bien qu’il eût peut-être mieux mérité de la littérature… La maison de la rue de la Ville-l’Évêque où Lamartine a tant travaillé et tant souffert, sert maintenant, paraît-il, à loger les vieilles paperasses du ministère de l’intérieur. […] Instruit et averti par l’étude quotidienne de l’histoire, il redoutait de voir l’armée se rebeller secrètement contre l’ordre nouveau et se consumer dans les regrets stériles d’une sorte d’émigration à l’intérieur. […] À cause des malentendus que représentent leurs figures grotesques, la France a oscillé, depuis cent ans, entre le triomphe (à l’intérieur) des gardes prétoriennes tenues en main par un « pouvoir fort », et la débandade des milices « citoyennes », systématiquement affaiblies par des partis, qui, d’un cœur léger, sacrifiaient à la crainte de consolider un gouvernement désagréable le soin d’assurer la défense des frontières. […] Il ressortait, paraît-il, d’un papier publié par l’archiviste Taschereau, que Blanqui avait ses petites entrées au ministère de l’intérieur et qu’il avait souvent « mangé le morceau » chez le ministre Guizot. […] Et il ne jouit pas en égoïste de cette félicité intérieure.

994. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Il a mis en sous-titre : « essais sur la vie intérieure et la culture du moi ». […] Plus exactement, il préfère au gaspillage de l’activité les délices de la vie intérieure. […] Il ne s’agit guère, pour ces moralistes, que de « culture intérieure ». […] Sur « la vie intérieure et la culture du moi », il a interrogé Corneille. […] Et il est patent que, si Gramont pousse Benedetti à faire vite, la politique intérieure l’y engage : il s’agit de ne point offenser, par des atermoiements, le pays et les Chambres ; en d’autres termes, l’opinion publique.

995. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

L’analyse et la critique positive d’interprétation n’atteignent que le travail d’esprit intérieur de l’auteur du document et ne font connaître que ses idées. […] C’est un état interne qu’on ne peut voir, un sentiment, un motif, une hésitation intérieure. […] Nous ne pouvons imaginer des motifs que dans le cerveau d’un homme, sous la forme de représentations intérieures vagues, analogues à celles que nous avons de nos propres états intérieurs ; nous ne pouvons les exprimer que par des mots, d’ordinaire métaphoriques. […] Mais, à mesure qu’une connaissance se rapproche des faits intérieurs invisibles, les notions deviennent plus confuses et la langue moins précise. […] Ce principe on peut le chercher soit dans les conditions extérieures où les fait se sont produits, soit dans la nature intérieure des faits.

996. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Ce qu’il faut demander à cette suprême forme d’art, c’est non surtout la clarté, mais l’intensité et la musique ; la clarté se fait en vers autrement qu’en prose : en prose c’est par la netteté d’un terme connu correspondant à des idées connues que vous assimilez le lecteur à l’auteur ; dans un poème, il faut d’abord l’assimiler à lui-même, mettre sa voix intérieure au rythme nécessaire par le groupement des voyelles et des consonnes, assimiler sa vision intérieure par le coloris général du poème et ainsi lui imposer l’idée que l’on développe, idée qui est en lui, mais qu’il en faut faire jaillir, dont il faut au moins le faire ressouvenir. […] Tandis que le vers classique ou romantique n’existe qu’à la condition d’être suivi d’un second vers ou d’y correspondre à brève distance, ce vers pris comme exemple possède son existence propre et intérieure. […] Par la construction logique de la strophe se constituant d’après les mesures intérieures et extérieures du vers qui, dans cette strophe, contient la pensée principale ou le point essentiel de la pensée. […] La Dame cherche le décor de gala et de fêtes amusantes qu’elle exige autour d’elle, et le ciel absolument nu se pare pour elle de toute son animation intérieure. […] Verlaine en se courbant pour écouter sa chanson intérieure.

997. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Ils ont un esprit sérieux et des idées larges ; nés également pour la vie intérieure et la vie publique, ils seront bons pères de famille et bons citoyens. […] Nous assistons par ses lettres à sa vie intérieure active, ardente, haletante, et qui n’était pas sans avoir dès lors ses quarts d’heure d’affaissement : « (À M.  […] Jacquinet, directeur des études littéraires à l’École normale : « Cet enseignement de nos conférences tout intérieur et familier, après la Faculté de Caen d’où il sortait, était assez nouveau pour lui : ce qu’il gardait, au commencement surtout, de solennité de débit, ce qu’il avait encore à cette époque d’enveloppé et de trop orné fut facilement excusé par les élèves en faveur de son savoir et de son ardeur : il fut, en somme, très estimé à l’École. » Les élèves, juges très fins et qui savent fort bien concilier malice et justice, avaient un mot pour rendre ridée de ce mérite solide, un peu grave d’aspect et de ton : « Gandar parle d’or, mais il pèse son poids. » Il se serait assoupli en continuant.

998. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Quoi qu’il en soit de ce charme intérieur, M. de Rémusat a beaucoup agi au dehors, beaucoup influé, beaucoup écrit, sans parler de l’avenir ouvert qui lui reste. […] Guizot, alors directeur général à l’intérieur, et pendant toute l’année 1819 il servit de sa plume une politique qui tendait à réaliser ses vœux. […] Une première fois sous-secrétaire d’État à l’intérieur dans le ministère du 6 septembre (1836), puis ministre avec M. 

999. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Une œuvre d’imagination a sa raison et sa logique intérieure qui ne lui est pas imposée du dehors, mais qui se développe en elle naturellement par une nécessité d’harmonie. […] Tandis qu’une tragédie de Sophocle ou d’Eschyle rappelle, par sa structure grande et simple, la monarchie des temps héroïques, le théâtre d’Aristophane offre dans sa constitution intérieure, une fidèle image de cette démocratie excessive contre laquelle le poète dirigeait ses coups25. […] Le spectateur ignorant ne voit et n’admire dans une œuvre d’art que sa vérité extérieure et grossière ; mais l’amateur délicat considère surtout la vérité intérieure de la composition.

1000. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Un État est un organisme, et, comme tout organisme, il vit d’une force puisée dans un passé lointain qu’il ne connaît pas, et d’un principe organisant intérieur qu’il ne connaît pas davantage. […] Comme la vertu est un sacrifice, c’est-à-dire une immolation de tous les intérêts, un effacement de toutes les raisons, et une abolition de tous les mobiles, devant un commandement intérieur qui ne donne pas de raisons ; de même le patriotisme, loin qu’il soit une association du moi au tout pour en tirer profit, est une absorption du moi dans le tout sans autre but que le sacrifice. […] La monarchie est une pensée dirigeante, les grands sont les interprètes de cette pensée ; la monarchie est une force intérieure qui va du centre aux extrémités par les grands comme par des canaux ; la monarchie est un mystère dont les grands ont l’intelligence et une loi dont ils ont le livre en dépôt. […] Jamais enfance ne fut moins solitaire, moins instinctive et intérieure, moins propre à former un artiste, et, en effet, elle ne le fut point.  […] Quand on y regardera de très près, on en reviendra toujours à reconnaître que le christianisme est obéissance et abandonnement à la voix intérieure, il est vrai ; qu’il admet et appelle le concours du sentiment avec cette voix intérieure, il est vrai encore ; qu’il est aussi amour de Dieu et sacrifice aveugle, sans considération d’intérêt ni contrôle de la raison, à cet amour, d’accord ; — mais qu’il est surtout humilité. — Or ce dialogue entre nous et notre âme, si purifiée soit-elle, c’est une condition de la vie chrétienne, ce n’est pas le christianisme ; parce que ce n’est pas l’humilité.

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