Ces énergumènes, dépenaillés et maigres, peu différents de ces moines des environs d’Antioche qu’on vit, douze ou treize cents ans plus tard, piétiner le nord de la Syrie pour détruire la civilisation gréco-romaine, amassaient autour de leurs écriteaux ambulants, aux portes des villes, des auditeurs naïfs dont ils frappaient l’imagination par des inventions bizarres, par des images violentes, quelquefois par de véritables singeries. […] De tous les caractères de ce génie si complexe et si riche, si fécond en aspects imprévus, si prompt aux évolutions hardies, ce qui a frappé le plus l’esprit du public, c’est une perpétuelle et souriante gaieté. […] On était péniblement frappé d’un brusque changement, survenu dans ses traits, dans sa conversation, dans son humeur. […] Avec une hauteur de vues, une force de démonstration et une exagération de logique qui nous frappèrent d’admiration et d’effroi, il fit voir les conceptions simplistes et inoffensives de l’esprit classique, aboutissant, par un enchaînement fatal, aux conceptions simplistes et dangereuses de l’esprit jacobin38. […] Le vil Galiléen t’a frappée et maudite, Mais tu tombas plus grande !
Nous ne l’enfermons pas dans un harem, à la manière des Turcs, mais notre jurisprudence la frappe de toutes les incapacités légales. […] Je suis, à mon âge et avec mon nom, frappé d’une espèce de réforme ! […] Il frappe fort, mais parfois il frappe juste. […] Je suis allé frapper à la porte de la bibliothèque de Poitiers, laquelle est riche en documents relatifs à Richelieu. […] Sur les quatre faces, on a sculpté des bas-reliefs et gravé des inscriptions, qui furent composées, dit-on, par Eumélos de Corinthe : Œnomaos poursuit Pélops et Hippodamie, qui fuient sur un char attelé de chevaux ailés… Héraklès perce de flèches l’hydre de Lerne… Le roi de Thrace est défendu contre les Harpies par le fils de Borée… La Mort et le Sommeil défilent, avec la Nuit leur nourrice… La Justice frappe le crime… Idas enlève Marpessa aux beaux pieds… Zeus offre à Alcmène une coupe et un collier… Ménélas gronde Hélène… Les Muses chantent autour d’Apollon… Voici Borée qui enlève Orithye, Héraklès qui terrasse le triple Géryon, Thésée et Ariadne, le combat d’Achille et de Memnon, Mélanion et Atalante, le duel d’Ajax et d’Hector, Hélène et les Dioscures, Circé et Ulysse, Nausicaa se rendant au lavoir.
Qu’on brise le pinceau d’un peintre, ou le ciseau d’un sculpteur, il ne sent point les coups dont ils ont été frappés ; mais l’âme… parce qu’elle est sensitive (en même temps qu’intellectuelle), est forcée de s’intéresser d’une façon plus particulière à ce qui touche le corps, et de le gouverner, non comme une chose étrangère, mais comme une chose naturelle et intimement unie. […] Au moment où les assassins vont frapper Clarence, il se réveille ; un dialogue s’engage, et, après quelque hésitation, les assassins avouent pourquoi ils sont venus et se disposent à en finir. […] « Le sort d’une bataille, disait celui-ci, est le résultat d’un instant, d’une pensée : on s’approche avec des combinaisons diverses ; on se bat un certain temps ; le moment décisif se présente, une étincelle morale prononce, et la plus petite réserve accomplit. » « L’invention, avait dit Buffon, dépend de la patience : il faut voir, regarder longtemps son sujet ; alors il se déroule et se développe peu à peu ; vous sentez un petit coup d’électricité qui vous frappe à la tête et en même temps vous saisit le cœur : voilà le moment du génie. […] — J’ai vu des enfants de cinq à six ans être frappés de cette physionomie mélancolique, et l’expliquer comme s’ils savaient l’histoire ! […] Une admirable nature frappa ses premiers regards.
Il a, à coups redoublés, frappé l’imagination de ses contemporains et secoué, éclairé ou ébloui leur esprit. […] Dieu merci, il a pris, et avec raison du reste, Claudie pour une œuvre absolument originale ; mais il n’en a pas senti la grandeur, et c’est certainement ce rare caractère qui, en elle, me frappe le plus. Donc je ne suis pas ébahi que Planche n’ait pas été frappé de la grandeur de conception poétique de Claudie ; mais que Gautier, si grand artiste, n’y semble pas avoir été sensible non plus, cela me surprend et cela me fâche. […] Et elle sent qu’en perdant Ervann, c’est elle-même qu’elle frappe, et en plein cœur. […] Helbig ; d’abord parce que Lauffen est son supérieur ; ensuite parce qu’il semble bien que Helbig a fait irruption chez Lauffen, l’a violenté et que Lauffen n’a frappé qu’en état de légitime défense.
L’esprit est occupé des charmes particuliers qui l’ont frappé ; & il met ces charmes au rang des charmes puissans, dont on ne sauroit se garantir. […] C’est ainsi que Priscien, frappé de l’un des usages de ce cas, l’appelle cas comparatif ; parce qu’en effet on met à l’ablatif l’un des correlatifs de la comparaison : Paulus est doctior Petro ; Paul est plus savant que Pierre. […] transversa tuentibus hircis, où transversa est pour transversè, de travers ; il sent bon, il sent mauvais, il voit clair, il chante juste, parlez bas, parlez haut, frappez fort. […] Virg. des chênes frappés de la foudre. […] Les Payens frappés de l’éclat des astres & de l’ordre qui leur paroissoit régner dans l’univers, lui donnerent un nom tiré de cette beauté & de cet ordre.
Il est bien vrai que la haine frappe par intervalles à la porte du poète, et qu’elle essaie même de l’ébranler ; — mais la porte est solide : c’est peut-être M. […] Le romantisme, n’ayant plus un seul cheveu sur la tête, s’en va tous les jours frapper à la porte de l’Institut pour y acheter, quoi ? […] Elle a compris que si, d’une part, il n’était pas mauvais que cette collection renfermât quelques tableaux de mérite, pour reposer les yeux du public et abréger l’éternité de l’entracte ; d’autre part, il fallait s’abstenir d’y multiplier les chefs-d’œuvre, sous peine de frapper de discrédit, par une comparaison dangereuse, la troupe de l’Odéon.
« Sans doute encore nous avons été frappés de cette utilité politique, qu’après tant de déplacements funestes, et dans un État si vaste, le pouvoir acquière plus de fixité ; qu’il persévère longtemps dans les mêmes mains, surtout lorsque ces mains se montrèrent heureuses, lorsque le chef a fait d’illustres preuves de talent, lorsque, respecté dans son pays et redouté en Europe à l’égal de nul autre, il semble avoir identifié avec sa fortune la fortune publique. […] Je lis l’ouvrage de Gérando pour Berlin124, qui me frappe de vérité et de clarté.
Ce qui me frappe dans cet article de début (maiden-article), c’est le choix du sujet, et je ne puis m’empêcher d’y voir un augure présageant le genre d’études romaines qui seront la dernière et suprême occupation de sa vie. […] Il aimait toutes choses, il était par excellence le premier des amateurs en tout, comme l’appelait Royer-Collard, et cependant la politique déjà le préoccupait beaucoup, et plus encore que la littérature ; il avait je ne sais quelle teinte de maturité avant l’heure, et Goethe, en goûtant chez lui une finesse d’idées, une subtilité déliée, voisine et parente de la sienne, le charme des nuances, n’aurait pas également été frappé du contraste de sa jeunesse ; il n’aurait peut-être pas saisi tout d’abord aussi aisément que chez Ampère la pointe et la célérité françaises, persistant jusque dans les enrichissements nouveaux.
Mais voici le point qui frappe le plus et fait en ce moment l’objet de nombreuses conversations. […] Henri Massis doit se borner à frapper M.
Je vous comprends : à défaut d’une loi morale, vous voulez, comme dit De Maistre, remédier au mal par des lois impitoyables ; mais, au lieu de séparer les deux sexes et de frapper le second sexe tout entier, vous tracez une ligne entre les classes, et vous dites : D’un côté de cette ligne le vice sera permis, de l’autre prohibé. […] Mais ce n’est pas seulement la situation des masses profondes et obscures de la nation qui frappera alors d’étonnement et de pitié : la triste situation de cette petite couche d’aristocratie bourgeoise qui couvre et cache tout le reste, n’inspirera pas moins d’étonnement et de commisération.
Assurément, les hommes que l’éducation a rendus sensibles aux délicatesses du langage, au maniement ingénieux de la plaisanterie, à la finesse du dessin, ne se lasseront jamais de lire et de relire les satires d’Horace ; mais la satire qui s’asseyait à la table de Mécène est plutôt un enseignement qu’une attaque ; elle disserte, au lieu de frapper ; elle se propose moins de corriger le vice que de se proclamer supérieure à lui au nom du ridicule qu’elle lui inflige. […] Sans empiéter sur le domaine de la science, il peut frapper l’intelligence de la foule par le tableau des souffrances que la réforme des lois est seule appelée à guérir. […] Avec cet unique volume, il pouvait se présenter hardiment à l’Académie des inscriptions ; son ambition ne devait pas frapper aux portes de l’Académie française. […] Les personnages, le chœur et la fable de la tragédie antique nous frappent également par leur simplicité.
J’aurais voulu, pour ma part, mieux fixer sur cette humble médaille commémorative le profil de son souvenir et l’y frapper d’un coin plus net pour que chaque lecteur en emportât dans sa mémoire une image précise. […] Elle ne frappe pas en lame, elle divise ses pointes en aiguilles cuisantes. […] La mort frappe partout. […] Aussi les scènes qu’il nous évoque le plus volontiers sont-elles de chasse ou de guerre, celles où le sang coule, où les muscles jouent, où l’œil guette, où la main frappe et où se montre cette sorte d’animalité humaine qui semble bien être pour M. […] Certains événements le frappent d’une façon particulière.
Les scènes dont cette catastrophe fut l’occasion frappèrent son esprit à un tel point qu’il voulut noter, dans ses tablettes, cette impression rare : Pendant que nous étions à Vienne, arriva la nouvelle de la fin tragique de la reine Marie-Antoinette. Je fus frappé du peu d’effet que ce terrible événement produisit. […] Le décor, la mise en scène, les figurants, tout était disposé pour frapper l’imagination des spectateurs. […] Le vénérable évêque de Ning-Po, Mgr Reynaud, a jugé la Chine en des termes auxquels sa longue expérience confère une singulière valeur : « Le grand mal de la Chine, c’est d’avoir de mauvais fonctionnaires, et la faute de ceux qui la condamnent est d’attribuer au peuple les vices qui frappent dans les chefs. » On sait qu’en Chine les fonctions publiques sont décernées, par voie de concours, à des candidats dont les compositions obtiennent des notes proportionnées au bakchich des examinateurs. […] Frappez-le de cinq cents coups de bambou.
Sa figure régulière s’animait surtout par l’expression de très-beaux yeux noirs ; le reste, sans frapper d’abord, gagnait plutôt à être remarqué, et toute la personne paraissait mieux à mesure qu’on la regardait davantage.
Aucun des dons par lesquels on peut frapper et retenir l’attention ne manque à ce style, ni l’imagination grandiose, ni le sentiment profond, ni la vivacité du trait, ni la délicatesse des nuances, ni la précision vigoureuse, ni la grâce enjouée, ni le burlesque imprévu, ni la variété de la mise en scène.
C’est là que les forestiers de Fromont le tuent, six contre un ; encore ne viendraient-ils pas à bout du grand baron, debout adossé à son arbre, sans un archer qui de loin lâchement le frappe : et le corps dépouillé reste là, les trois chiens hurlant auprès de lui dans la nuit.
par exemple, au second vers d’Hernani, la duègne entendant frapper à la porte secrète : Serait-ce déjà lui ?
Ce qui frappe dans ces romans, qui sont tous des histoires de conscience, c’est la constante préoccupation morale dont ils sont marqués à chaque page, et c’est la sympathie cordiale et attentive de l’auteur pour les formes les plus modestes et les plus ordinaires de la vie humaine.
Enfin, dans le brillant concours de nos conteurs ou dialoguistes mondains, dans cette lutte à qui nous offrira, sous prétexte de morale ou même sans prétexte, les plus surprenants tableaux de mauvaises mœurs dites élégantes, je crois démêler, chez Henri Lavedan, une peur d’être dépassé, une ardeur de frapper plus fort que les autres et de peindre plus cru, une excitation et comme une ébriété de pinceau.
Ce qui me frapperait plutôt chez le public actuel, ce n’est pas sa passion pour les choses de la scène, c’est le respect qu’elles lui inspirent.
que je frapperais volontiers ma poitrine, si j’espérais entendre cette voix chérie qui autrefois me faisait tressaillir.
L’esprit particulier de l’Allemagne, à la fin du dernier siècle et dans la première moitié de celui-ci, me frappa ; je crus entrer dans un temple.
On lui demande ce qui l’a frappé parmi les choses de l’Europe.
En sortant des pièces d’Eschyle, les hommes frappaient sur les boucliers pendus aux portes des temples en criant : Patrie !
Casimir de la Vigne, œuvre essentiellement philosophique, qui peut-être n’a pas cet intérêt vulgaire que cherche d’abord la foule, mais qui frappe tous les esprits distingués par des situations fraîches, des caractères créés et par un style de poète.
La voici : « Les langues du nord de l’Europe n’avaient à l’origine que deux temps simples, le présent et le passé, et elles manquaient de futur ; tandis que les langues de l’Asie occidentale, qui paraissent originaires de l’Afrique, manquaient de présent, n’ayant également que deux temps simples, le passé et le futur. » M. de Bonald, frappé de cette anomalie qu’il a crue particulière à la langue hébraïque, langue qu’il regarde comme fidèle expression de l’homme, M. de Bonald a dit fort bien : « Le temps, pour l’homme civilisé, toujours agité de regrets et de désirs, le temps n’est jamais qu’au passé et au futur. » Mais M.
Leur minorité ne fut frappée que par elle-même, et la majorité, cette majorité toute-puissante, sur laquelle on veut à présent établir des gouvernements, n’eut pas même le vulgaire honneur d’en finir avec cette ignoble et sanglante minorité dont elle était lasse, mais devant laquelle elle tremblait.
Cependant, si étonnant que cela puisse paraître, ce n’est ni cette faculté de déplacement, ni cette souplesse de Protée, qui me frappe et me ravit le plus dans les Contes.
Charitable, il leur conseille d’aller finir leur nuit chez Salabacca, la bonne hétaïre, puis il frappe à la porte de Lysistrata. […] Toine et Jean essayent d’empoigner le malfaiteur : il leur échappe dans les ténèbres ; mais, en s’enfuyant, il frappe Toine d’un coup de couteau. […] Je veux citer ici une phrase de mon éminent confrère, Léon Bernard-Derosne, qui m’a frappé par sa belle couleur : « Le Père Vignal est un de ces dominicains bien râblés et frémissants, qui, rien qu’en se tapant sur la cuisse, mettent en l’air, pour tout un Carême, les jeunes et les vieilles dévotes des deux faubourgs. » C’est bien cela. […] Cette coïncidence du voyage de la femme trahie avec le meurtre de son indigne époux ne frappe pas un instant le juge d’instruction. […] l’auteur a frappé trop fort sur ce pauvre homme.
Henry Michel qui m’a le plus frappé est celle où il dit : « Peu importe que l’Individualisme ait son origine dans une déviation mystique ; il s’est produit, il s’est proposé à la raison, à la conscience. […] Ces spectacles ont été les premiers qui aient frappé les yeux de Jacquine et ils ont continué de les battre en cadence, ou en décadence, jusqu’à un âge assez avancé. […] Cette vengeance du destin qui l’avait frappé apparut au malade comme un favorable présage… « — Tu as commandé la voiture ? […] La Rome Renaissance, avec ses palais sévères et tristes, l’a beaucoup plus frappé. […] Je fus frappé, quand ces quelques pièces, Princesse Maleine, Les Aveugles, Pelléas et Mélisande, furent représentées à Paris, de leur ressemblance inattendue avec le théâtre indien, et je fus seul, je crois, à la signaler.
Kant frappe ces deux genres de principe d’une égale subjectivité. […] Sans doute nous ne faisons souvent attention à un objet que parce qu’il nous a frappé. […] Un objet frappait peu ; nous y faisons attention ; la sensation devient de plus en plus forte.
— « Expression, dit Fauriel, d’une mélancolie naïve et profonde ; et qui semble marquer, dans l’âme à laquelle elle échappe, l’instant où finit cette surprise accablante dont notre imagination est d’abord frappée lorsque la mort vient de nous ravir un être nécessaire à notre bonheur, et où commence la conviction douloureuse d’une perte éternelle ! […] Dans les Réflexions diverses, qui sont distinctes des Maximes et plus développées, et qu’on pourrait convenablement intituler, dit-il, Essai sur l’art de plaire en société 55, il loue « une élégance simple et facile qui ne frappe pas, mais qui plaît. […] Si je trouvais votre projet de faire connaître en France tout ce qui tient à la littérature et au génie de l’Allemagne moins intéressant et moins digne des travaux d’un homme de talent, zélé pour le progrès des lumières, je vous assure que j’aurais été beaucoup moins frappé de ce qui me paraît capable d’en diminuer l’intérêt et le succès.
J’étais à peine remis de ma surprise, que Jean Cocteau frappait. […] Mais ce qui frappa l’imagination de Rolland quand il vint pour la première fois à Villeneuve, ce fut moins Byron qu’on le pense. […] Qu’il n’en profite pas pour quitter les coteaux « tournés au midi et réchauffés encore par le lac, le plateau doux de lignes, aux pentes favorables et au sol qui convient » où « les uns ont pu venir avec la pioche et frapper, les autres avec une serpette et le sécateur et tailler ; les autres encore avec la poche qui leur pend devant et semer, puis revenir avec la faulx et faucher ».