Au moment même où elle lui avait fait monter, de lettres en lettres et d’aveux enivrants en aveux enivrants, jusqu’au bonheur suraigu et coupable qui est le point fatal et final de l’amour heureux, jusqu’à ce ciel d’une minute qui est le ciel de l’amour, celui dont parle madame de Staël avec tant de poésie — et qui n’est souvent qu’un bourreau vulgaire — frappa, et la faute fut punie !
Ce paysan d’Arpinum, qui parvint sept fois à la première place du monde, n’était pas sans doute un modèle de vertus pour Cicéron ; mais un Romain devait louer en lui les talents et les victoires, et un républicain pouvait louer ce caractère altier qui osa braver tous les grands de Rome, qui leur reprochait avec audace leur corruption et leur mollesse, qui se vantait de son obscurité, comme les grands se vantaient de leurs aïeux ; qui, dans un siècle poli, consentait à passer pour ignorant, et avouait qu’il n’avait appris qu’à combattre et à vaincre ; qui opposait ses triomphes en Afrique, et les quatre cent mille Teutons ou Cimbres qu’il avait exterminés en Italie ou dans les Gaules, aux tables, aux cuisiniers et au faste des patriciens dans Rome ; il faut observer d’ailleurs que cet éloge fut composé avant les guerres civiles de Marius, et Cicéron était alors dans l’âge où l’énergie du caractère est ce qui frappe le plus, et où l’on mesure les hommes plus par les grands effets, que par les grands motifs.
Le malin prêtre avait frappé juste. […] … — Tu mens, toi, interrompit Cyrille en feignant de la frapper avec sa guitare. […] La soif du meurtre éclatait dans ses yeux ; elle frappa Cyrille du pieu carbonisé qu’elle avait ramassé. […] Le major Fressermann, qui se trouvait près du wagon, monta sur le marchepied, et d’un coup de sabre frappa le turco à la jambe gauche. […] Il n’avait jamais invoqué que la force il mourut justement frappé par sa propre divinité.
Chimène demande la mort de Rodrigue ; Rodrigue, par deux fois, prie Chimène de le frapper de sa propre main : mensonges ! […] Ce qui frappait les contemporains de Molière et Molière tout le premier, c’étaient les « singularités » du misanthrope. Ce qui nous frappe le plus aujourd’hui, c’est ce « quelque chose de noble et d’héroïque » qu’il y a dans sa « sincérité ». […] Mais il suffit que deux ou trois vers les aient frappés et leur soient restés dans la mémoire pour que le conseil municipale n’ait pas perdu son argent. […] Brichanteau a été très frappé de la gentillesse de Geneviève.
Et je me demande s’il ne suffit pas de cette lacune dans son système pour le frapper d’impuissance, de stérilité, et de médiocrité. […] Cette main de fer dut frapper fortement l’imagination de Goethe, à qui elle apparut comme un symbole de force, de courage, de loyauté. […] (Elle s’approche du lit, il la suit : elle tire un poignard des colonnes et l’en frappe.) […] Gnad range parmi « les plus belles qu’il y ait dans la riche correspondance de Goethe » : vous serez frappés, je crois, de leur caractère factice, voulu, arrangé. […] Goethe en fut vraiment frappé.
Au loin la hache frappait. […] Elle ne pouvait le frapper que s’il avait lu tout entier ses Mémoires expressément pour y chercher cette page. […] Bismarck, frappé par l’exemple de la France de 1865, a cru qu’il n’y avait rien de plus conservateur et qui même s’accommodât mieux du despotisme et au despotisme que le suffrage universel. […] … Est-ce frapper assez juste ? […] Il faudrait qu’elle frappât les yeux.
Ils veulent bien être touchés, mais non renversés ; ils souffrent qu’on les frappe, mais ils exigent qu’on leur plaise. […] En général, la singularité est dans le goût du pays ; ils aiment à être frappés fortement par des contrastes. […] Il dresse la liste des gens morts ou malades d’amour, et des causes ridicules qui les ont mis dans ce triste état. « William Simple, frappé à l’Opéra par un regard adressé à un autre. — Sir Christopher Crazy, baronnet, blessé par le frôlement d’un jupon de baleine. — M.
Le premier Consul, cherchant à tâtons la main qui a voulu le frapper, soupçonne au premier moment les républicains terroristes, découvre les royalistes, mais, feignant de s’y tromper encore, frappe les jacobins d’une immense proscription. […] Le coup qui frappe Paul Ier au moment où il se rapproche de Bonaparte coupe l’alliance qui s’ourdissait entre les deux puissances.
Mais son esprit était éminemment méridional ; à l’exécution, ses déterminations devaient donc être frappées des hésitations qui saisissent les jeunes gens quand ils se trouvent en pleine mer, sans savoir ni de quel côté diriger leurs forces, ni sous quel angle enfler leurs voiles. […] À cinq ans je m’envolais dans une étoile, à douze ans j’allais frapper aux portes du sanctuaire. […] me frappa vivement.
Il a été frappé, attendri, c’est son expression, du boulvari fait dans cette loyale cervelle, par les complications tortueuses de la politique du moment. […] Dans cette traduction, où Tourguéneff cherche à nous donner la jeune vie du monde naissant, palpitante dans les phrases, je suis frappé de la familiarité, en même temps que de la hardiesse de l’expression. […] Un somptueux dîner, arrosé d’un Hochkeimer frappé, tout à fait supérieur, mais un dîner où, entre chaque convive, une tête de chien formidable, une tête de chien de toutes les grandes espèces, demandait, et quand on le faisait attendre, demandait avec des aboiements féroces, tout prêt à manger le convive qui l’oubliait trop longtemps.
— Si l’on considère la distribution des êtres organisés à la surface du globe, le premier fait dont on soit frappé, c’est que ni les ressemblances ni les dissemblances des habitants des diverses régions ne peuvent s’expliquer par des différences climatériques ou par d’autres conditions physiques locales. […] Un naturaliste, en voyageant du nord au sud, ne manque jamais d’être frappé de la manière dont des groupes successifs d’êtres organisés, spécifiquement distincts, et cependant en étroite relation les uns avec les autres, se remplacent mutuellement. […] Au lieu de voir dans cette action glaciaire, plusieurs fois renouvelée, un cataclysme revenant de temps à autre frapper la terre entière ou quelques-uns de ses points d’un refroidissement subit, et, par suite, d’une destruction plus ou moins complète de la vie organique, n’est-il pas plus simple d’y chercher un phénomène régulier et naturel qui s’est produit constamment à travers toutes les époques géologiques, et qui les a peut-être réglées et mesurées, comme une grande année qui aurait ses saisons et ses retours périodiques de chaleur et de froid.
Pas un naturaliste ne peut s’être occupé de quelque groupe spécial, sans avoir été frappé de cette anomalie ; et on la trouve consignée dans les écrits de presque tous les auteurs. […] Un naturaliste, frappé d’un parallélisme semblable dans une classe quelconque, en élevant ou abaissant arbitrairement la valeur des groupes d’autres classes, valeur que l’expérience a toujours prouvé être jusqu’ici complétement arbitraire, pourrait aisément donner à ce parallélisme une grande extension ; et c’est ainsi que, fort probablement, les classifications ternaire, quaternaire, quinternaire et septénaire ont été trouvées. […] Lorsqu’on y réfléchit, on se sent frappé d’étonnement ; car cette même raison, qui rend en nous un éclatant témoignage aux adaptations si parfaites de la plupart des organes à leurs fonctions, témoigne avec une égale force de l’inutilité et de l’imperfection des organes atrophiés ou rudimentaires.
Tous les auteurs qui ont traité de la cécité psychique ont été frappés de cette particularité. […] Les vibrations qui m’arrivent sont les mêmes qui frappent leurs oreilles. […] Cette difficulté ne paraît pas avoir suffisamment frappé les théoriciens de l’aphasie sensorielle.
Plus encore que les œuvres achevées, ce sont les œuvres d’ample dessein qui ont frappé l’attention de l’humanité et qui se sont sauvées à travers les âges ; c’est à ces œuvres que l’humaniste se ramène toujours et ce sont elles qu’il essaye de reproduire ou d’égaler. […] De là cet accent de vérité et cette couleur de réalité qui frappent tout d’abord et qui retiennent quand on lit Commynes. […] Certes celui n’est pas bien sage Qui quiert deux fois être frappé, Et veut repasser un passage Dont à peine il est échappé. […] Trait essentiel dans Rabelais, en pleine Renaissance, presque à l’aurore de la Renaissance française, au moment où les esprits sont surtout frappés et ravis des beautés littéraires et artistiques que l’Antiquité apporte avec elle, l’éducation selon Rabelais, l’éducation que donne Ponocrates, est surtout, est presque exclusivement scientifique. […] Frapper neuf fois sur le ventre d’un hydropique, attacher une queue de renard du côté gauche à la ceinture des fiévreux, tout cela, — comme le pied gauche d’une tortue, l’urine d’un lézard et le foie d’une taupe des médecins de Montaigne, — comme les grains de sel en nombre impair des médecins de Molière, — ne sont que mines et simagrées.
Rien n’est, plus aisé que d’imiter ainsi par approximation les bruits de la nature ; il suffit qu’un des éléments du bruit réel soit reproduit dans la phrase pour que l’analogie frappe l’esprit. ; elle lui plaît, car « toute imitation fait plaisir268 » ; d’ordinaire il se l’exagère, parce qu’il s’y complaît : le plaisir qu’il éprouve l’empêche d’apprécier les différences du modèle et de la copie ; le mot et la partie sonore de l’idée forment un tout, et, faute d’un acte d’attentive discrimination [ch. […] Dans nos idées primitives, simples souvenirs de nos premières expériences, les divers éléments sont naturellement d’intensités inégales ; le plus distinct à la conscience est pour notre esprit le signe de l’ensemble, c’est-à-dire l’élément essentiel, principal, caractéristique, celui qui suffit, à la rigueur pour spécifier l’objet qui a frappé nos sens. […] Une intelligence subitement privée de la parole intérieure ne serait pas pour cela réduite à l’impuissance, mais seulement gênée, désorientée, comme par l’absence d’un organe utile par lui-même et dont elle avait appris à ne se passer jamais ; tel un homme subitement privé de la vue, ou bien un aveugle qui vient de perdre son bâton ; tel un peuple inopinément frappé par la mort de l’homme d’état qui possédait toute sa confiance et dans les mains duquel il avait concentré tous les pouvoirs. […] Egger reprend la théorie chez Leibnitz des « petites perceptions », ces perceptions non réfléchies dont nous n’avons pas conscience, l’exemple qu’il développe étant celui du bruit de la mer — auquel fait allusion Egger — comme somme confuse d’éléments infiniment petits indissociables : « D’ailleurs il y a mille marques qui font juger qu’il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c’est-à-dire des changements dans l’âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu’elles n’ont rien d’assez distinguant à part, mais jointes à d’autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l’assemblage. […] Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j’ai coutume de me servir de l’exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.
Considérons ce qui se voit avec les yeux et ce qui frappe d’abord les regards lorsqu’on entre dans la ville, je veux dire le temple. […] D’un côté ils veulent que chaque soldat soit le meilleur gladiateur qu’il se pourra, le corps le plus robuste, le plus souple et le plus agile, le plus capable de bien frapper, parer et courir ; à cela leurs gymnases pourvoient : ce sont les collèges de toute la jeunesse ; on y apprend toute la journée et pendant de longues années à lutter, sauter, courir, lancer le disque, et, méthodiquement, on y exerce et l’on fortifie tous les membres et tous les muscles. […] Pénétrons dans l’individu lui-même, jusqu’à ses sentiments et à ses idées ; nous serons encore plus frappés de la distance qui les sépare des nôtres. […] Dès cinq ans, on instruit les garçons dans la pyrrhique, pantomime de combattants armés qui imitent tous les mouvements de la défense et de l’attaque, toutes les attitudes que l’on prend et tous les gestes que l’on fait pour frapper, parer, reculer, sauter, se courber, tirer de l’arc, lancer la pique. […] Miltiade, Aristide, Périclès et même, beaucoup plus tard, Agésilas, Pélopidas, Pyrrhus, font œuvre de leurs bras, et non-seulement de leur intelligence, pour frapper, parer, à l’assaut, à pied, à cheval, au plus fort de la mêlée ; Épaminondas, un politique, un philosophe étant blessé à mort, se console comme un simple hoplite, parce qu’on a sauvé son bouclier.
Anxiétés, désolations de la vieille foi chrétienne menacée ou déjà frappée par la moderne philosophie d’une blessure peut-être mortelle qui risque de ruiner, avec elle, toute l’espérance humaine ; appels ardents et timides à un Dieu nouveau qui se communiquerait à l’humanité dans le souffle naturel de son infini hors de l’appareil, aujourd’hui brisé, des révélations et des dogmes ; mélancolie et désarroi de l’homme du siècle, condamné a faire le dur chemin de la vie sans le soutien des antiques croyances et des tutélaires encadrements ; question de la France et de sa destinée, de cette destinée dont on ne sait si les prodigieux événements de la Révolution et de l’épopée impériale sont une foudre qui l’a frappée ou l’auréole d’une gloire unique qui l’a sublimée ; question du peuple, héros et maître apparent des révolutions, de son aptitude à se maintenir par la raison positive au niveau de bonté et de civilisation où l’élevaient ses anciens rêves religieux et à se conduire lui-même sans l’aide des anciennes aristocraties spirituelles ; voilà ce qu’ont chanté, agité en des sens divers, sous l’empire de passions diverses, parfois versatiles, les Lamartine, les Hugo, les Vigny, les Musset, sans oublier les Barbier et les Béranger. […] Mais pour un Eugène Delacroix qui ne veut voir dans les poèmes du même Hugo que « les brouillons d’un homme de génie » ; pour un Balzac qui appelle ses Burgraves « du Titien peint sur un mur de boue » ; pour un Henri Heine qui, frappé de l’insincérité de son lyrisme, le compare au diable dans les légendes de sorcellerie, « incandescent en surface, glacé en dedans », je n’aperçois pas qu’on ait jamais fait, à cause de ces sentences dures et emportées, le procès de ces grands esprits. […] Elle est la cause directe des épouvantables épreuves qui ont frappé l’Europe et spécialement la Russie, patrie de Nicolas Berdaïeff. […] Ainsi, ce problème des problèmes, qui a troublé, qui a jeté dans des abîmes de méditation tous les grands penseurs qu’une foi dogmatique ne fixait point, et jusqu’à Voltaire lui-même, ce problème qui a soulevé d’une émotion sacrée un Goethe, un Lamartine, tous les grands poètes modernes, et auquel ces beaux génies ont répondu par une affirmation qu’ils craignaient seulement de trop limiter par les mots humains, il s’est formé une espèce de concert entre un grand nombre de ces braves gens du primaire, hommes de demi-éducation et de trop courte expérience intellectuelle, exagérément frappés des dernières nouvelles de Hœckel ou de Letourneau, pour le trancher par la négation autoritaire ou par le silence. […] Le rayonnement inaccoutumé de tous ces visages le frappa. « Pauvres gens !
À leur exemple, il mesure les moyens de frapper l’attention, d’aider l’intelligence, d’éviter la fatigue et l’ennui. […] Les hêtres au corps blanchâtre, les chênes « dans tout l’orgueil de l’été », y enfoncent leurs piliers et épanouissent leurs dômes ; des clartés tremblent sur l’écorce, et vont se poser sur le sol, sur les fougères qui rougissent, sur les bas buissons qui, tout d’un coup frappés par la traînée lumineuse, luisent et chatoient. […] Ce qui les frappe, ce ne sont plus les traits généraux des choses ; ce qu’ils tâchent d’exprimer, ce n’est plus la nature intime des choses. […] Vingt fois en le lisant on se frappe la tête et on se demande avec étonnement comment un homme a pu se tourmenter et se guinder ainsi, alambiquer son style, raffiner les raffinements, découvrir des comparaisons si saugrenues. […] Ce qui avait frappé les hommes au sortir de l’oppression ecclésiastique et de l’ascétisme monacal, c’était l’idée païenne de la vie naturelle et librement épanouie ; ils avaient retrouvé la nature enfouie derrière la scolastique, et ils l’avaient exprimée dans des poëmes et des peintures, par de superbes corps florissants en Italie, par des âmes véhémentes et abandonnées en Angleterre, avec une telle divination de ses lois, de ses instincts et de ses formes, qu’on pouvait tirer de leurs tableaux et de leur théâtre une théorie complète de l’âme et du corps.
D’elles son amour est si violent qu’il tremble de respect ; il est frappé de vénération devant elles, et c’est tenu par une modestie brûlante, qu’il travaille à les représenter. — De là cette sévérité si émouvante : sévérité que répand sur tout ce qu’il touche l’amour. […] Dieu ne descend pas du ciel pour frapper le téméraire : nul coup de théâtre. […] J’ai frappé, et l’ablution a jailli. […] Il est frappé d’une sorte d’immense amour hagard. […] Elles ont l’une et l’autre je ne sais quelle maladresse native aux choses de la vie, elles ne savent pas les prendre, elles sont frappées d’une sorte de pudeur qui est leur essence même, si bien qu’elles ne goûtent d’aise véritable qu’éloignées l’une de l’autre326.
Il nous a confessé ce misérable état dans le préambule de l’Arcadie ; c’est la crise de quarante ans, que bien des organisations sensibles subissent : « … Je fus frappé d’un mal étrange ; des feux semblables à ceux des éclairs sillonnaient ma vue ; tous les objets se présentaient à moi doubles et mouvants : comme Oedipe, je voyais deux soleils… Dans le plus beau jour d’été, je ne pouvais traverser la Seine en bateau sans éprouver des anxiétés intolérables… Si je passais seulement dans un jardin public, près d’un bassin plein d’eau, j’éprouvais des mouvements de spasme et d’horreur… Je ne pouvais traverser une allée de jardin public où se trouvaient plusieurs personnes rassemblées. […] Ce qui me frappe et me confond au point de vue de l’art dans Paul et Virginie, c’est comme tout est court, simple, sans un mot de trop, tournant vite au tableau enchanteur ; c’est cette succession d’aimables et douces pensées, vêtues chacune d’une seule image comme d’un morceau de lin sans suture, hasard heureux qui sied à la beauté.
Saint Louis était un saint et bon roi : or on sait par Joinville l’histoire du savant juif, du rabbin, auquel eut affaire un vieux et féal chevalier dans un colloque qui allait se tenir entre clercs et juifs au monastère de Cluny ; aux premières questions du chevalier qui demanda dès le début à intervenir et qui, entrant en lice, le somma d’emblée de dire s’il croyait en la Vierge mère du Sauveur, le juif ayant répondu non, le chevalier s’emporta, le frappa à la tempe de sa canne ou de sa béquille, et le renversa roide étendu par terre, ce qui mit fin naturellement à la conférence. […] ce qui nous frappe et nous choque sous d’autres noms à distance nous paraît tout simple de notre temps et à nous-mêmes sous des noms différents.
C’est une sorte de mirage moral qui suscite des horizons de verdure, de fontaines et de lacs de l’aridité du désert ; c’est le coup qui frappe au cœur le soldat du Tyrol ou de l’Helvétie, quand il entend, à mille lieues de son pays, une note du chant du pasteur des Alpes rassemblant ses troupeaux, et qui le fait languir et se consumer de désir, jusqu’à ce qu’il ait respiré de nouveau une haleine de sa première patrie ; c’est cette nostalgie, véritable démence du souvenir, surajoutée à une autre démence, qui dirigeait instinctivement et comme à son insu le Tasse vers le royaume de Naples. […] L’égarement de sa raison y frappa tellement les indifférents, que l’ambassadeur de François de Médicis à Venise écrit, le 12 juillet 1578, à sa cour : « Le Tasse est ici, agité d’esprit ; et, bien qu’on ne puisse pas dire que son esprit soit complètement sain, cependant les symptômes qu’il manifeste sont plutôt ceux de la mélancolie que de la démence.
Douglas s’empara de la dague même de Darnley, frappa le favori, et dit, en lui laissant la dague dans le dos : « Voilà le coup du roi ! […] Il leva le poignard en plein conseil devant la reine, pour frapper le conseiller qui faisait une objection à son avis.
Elle récitait les prières des agonisants, lorsqu’un coup frappé à la porte de sa chambre l’interrompit brusquement. « Que me veut-on ? […] « Puis elle alla jusqu’à sa fenêtre, regarda le paisible horizon, la rivière, la prairie, le bois ; revenant au milieu de sa chambre, et jetant un coup d’œil sur son horloge appelée la Reale, elle dit : « Jeanne, l’heure est sonnée ; ils ne tarderont pas. » « À peine avait-elle prononcé ces mots, qu’Andrews, shériff du comté de Northampton, frappa une seconde fois à la porte. « Ce sont eux », dit Marie ; et comme ses femmes refusaient d’ouvrir, elle le leur ordonna doucement.
Joséphin Soulary Vienne le jour néfaste où, trompant notre appel Et l’espoir des aubes prochaines, Tu tomberas vaincu, sous le bras éternel Qui brise tout, même les chênes ; Nous sacrerons le sol où tu seras frappé, Et l’on te verra, mort splendide, Toi, si grand aujourd’hui par l’espace occupé, Bien plus grand par ta place vide ! […] Henri de Bornier Victor Hugo a écrit cette phrase dont on pourrait faire l’épigraphe de son théâtre : « Dieu frappe l’homme y l’homme jette un cri : ce cri, c’est le drame.
Ces vérités, exposées avec un ordre et un enchaînement extraordinaires, frappèrent les esprits d’admiration. […] Mais le premier type pur qui en a été frappé, et auquel il faudra revenir toujours pour en reconnaître les véritables traits, nous le devons à Descartes.
L’expulsion des protestants a frappé l’industrie nationale d’un coup dont elle a peine à se relever. […] Boileau, sur le point de mourir, entend lire une tragédie de Crébillon père et il s’écrie épouvanté : « Les Pradon étaient des soleils auprès de ces gens-là. » Voltaire écrira plus tard, frappé de cette stérilité soudaine : « La nature fatiguée après avoir produit tant de beaux génies sembla vouloir se reposer. » Et ce ne sont pas seulement les œuvres qui sont moins nombreuses, les grands hommes qui sont plus petits ; il y a aussi un changement profond dans l’esprit qui anime les auteurs.
Je ne sais pas en notre langue d’article critique de pareille étendue qui soit mieux pensé, mieux frappé.
En finissant ces quatre livres, on est frappé de cette variété de nuances sur une trame unique.
En entrant ce jour-là, elle fut frappée à la vue d’un gros rat qu’il avait fait pendre avec tout l’appareil du supplice.
Ceci, je le crois, est plus essentiel qu’on ne l’a remarqué ordinairement chez Bossuet : c’est ce qui fait qu’on est frappé si fort à tout moment de son éloquence, de son élocution, même quand on est étranger ou contraire à ses doctrines.
Il se frappait la poitrine au souvenir de l’ancien Jérôme, et ce qui s’en entendait encore n’était plus que le cri du lion, affaibli par l’immensité du désert.
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !