Mais, si la foule lui est insupportable, le vaste espace l’accable encore, ce qui est moins poétique.
Le brave ménestrel cria au-dessus des têtes de la foule: « La salle est bien fermée, ami sire Hagene.
Evidemment, il n’y aura jamais de communication entre la foule et lui.
Au premier coup d’œil, je distinguai ces deux grands hommes, non seulement de la foule, mais l’un de l’autre.
» et en expirant auprès de ces reliques sacrées, s’unit enfin à l’objet de sa dilection : lorsque la longue et funèbre procession conduite par le Landgrave et suivie par une nombreuse foule de clergé, de chevaliers, de hautes dames et ce peuple, remplit toute la scène d’une masse compacte, et la tait retentir du chant des morts rhythmé par le glas des cloches, le soleil se lève sur la vallée en deuil.
Pas d’autres regards que ceux des astres, pas d’autre foule que celle des flots, pas d’autres voix que celle des vents autour de sa sombre agonie.
On ne trouve ni dans ses discours, ni dans ses livres, aucune doctrine générale ; on trouve dans sa conduite une foule de systèmes contradictoires.
XII Je l’ai connu, et j’en ai déjà parlé ailleurs18 Raymond Brucker, qui fut la Grâce pour Paul Féval, et pour tant d’âmes qui ne l’ont pas dit comme Féval, fut l’inspiration pour une foule d’esprits qui ne l’ont pas dit davantage.
Pénétrés d’un idéal sévère, songeant à l’œuvre beaucoup plus qu’à la foule, Corneille et Racine usèrent hardiment de quelques « artifices » très simples, pour marcher plus vite au but même, à la vérité psychologique.
Car vos pires défauts sont infiniment préférables à la vulgaritédes auteurs que chérit la foule. […] Ayant visité avec la foule la sépulture des époux chrétiens, le bonhomme admira le rosier qui fleurissait les deux tombes. […] Il souffre d’être coudoyé par la foule. […] Voilà ce que sent confusément la foule qui écoute chaque soir le drame de Jeanne d’Arc, ou, comme nous disions, le mystère ; je crois que le mot est sur l’affiche.
Les propriétés vitales ayant pour caractère essentiel l’instabilité, toutes les fonctions vitales étant susceptibles d’une foule de variétés, on ne peut rien prévoir, rien calculer dans leurs phénomènes. […] Les mécanismes qui font varier la quantité d’eau et la rétablissent sont donc fort nombreux ; ils mettent en mouvement une foule d’appareils de sécrétion, d’exhalation, d’ingestion, de circulation, qui transportent le liquide ingéré et absorbé. […] Le phénomène nutritif s’accomplit en deux temps, et ces deux temps sont toujours séparés l’un de l’autre par une période plus ou moins longue, dont la durée est fonction d’une foule de circonstances. […] Il faut admettre d’abord que la matière verte, la chlorophylle, n’est pas incorporée intimement et fortement combinée au protoplasma lui-même ; qu’elle est simplement disséminée dans la masse protoplasmique d’où une foule de dissolvants neutres peuvent l’extraire. Ce protoplasma vert est l’agent d’une foule de synthèses carbonées, dont les produits, fabriqués pendant le jour sous l’action des rayons solaires, sont utilisés comme matériaux de construction par toutes les parties incolores de la plante.
Les vraies misères, ce sont les maladies, les laideurs et la vieillesse ; ni vous, ni moi, nous n’avons ces misères-là ; nous pouvons avoir encore une foule de maîtresses et jouir de la vie… Je vais vous ouvrir mon cœur, vous faire ma profession de foi. […] A Sainte Clotilde, paroisse chic, une foule élégante et bruyante. […] Ils se sont dit : Nous irons à cette foule qui, déshéritée des jouissances terrestres, ne connaît pas non plus les biens de l’âme, et qui manque d’idéal plus encore que de pain.
D’autres fois il suit quelqu’un de ces adjectifs présentés sous la terminaison neutre, & réputés pronoms par la foule des Grammairiens ; ad id locorum, c’est-à-dire ad id punctum locorum ; quid rei est ? […] La forme impérative ajoute à la signification principale du verbe, l’idée accessoire de la volonté de celui qui parle ; & de quelque cause que puisse dépendre l’effet qui en est l’objet, il peut le desirer & exprimer ce desir : il n’est pas nécessaire à l’exactitude grammaticale, que les pensées que l’on se propose d’exprimer aient l’exactitude morale ; on en a trop de preuves dans une foule de livres très-bien écrits, & en même tems très-éloignés de cette exactitude morale que des écrivains sages ne perdent jamais de vûe. […] Priscien, & après lui la foule des Grammairiens, ont désigné par cette dénomination, les verbes caractérisés par la terminaison sco ou scor, ajoutée à quelque radical significatif par lui-même.
.)… J’ai dit et pensé sur cette Renaissance italienne une foule de choses qui vaudraient peut-être la peine d’être conservées.
Une foule de vues justes, indépendantes de la philosophie même, portent sur l’époque présente et ouvrent des jours sur l’état des esprits.
Il s’agit de découper en quelques tableaux une œuvre traitée sans considérations d’espace ; d’amener, dans un même acte, des personnages qui semblent n’avoir aucune raison de se trouver dans les mêmes lieux ; de condenser en quelques heures une action qui met souvent des années à se développer ; de faire ressortir, par l’action seulement, une foule de faits, de détails que le romancier peut mettre en relief par la description.
Vendredi 15 août Je me réjouis d’aller ce soir au feu d’artifice, de me fondre dans la foule, d’y égarer mon chagrin.
Aussi, quand on parle d’aller à un bal à Bougival, je m’enfuis et traverse Paris, me cognant à la joie et à l’ivresse des foules, revenant du Grand Prix, et je marche là-dedans, triste, triste, triste.
Les statuaires sont inconnus, surtout de la foule : c’est sur Chappe ou sur Étienne Dolet que retombe la mésestime, ce qui n’est pas juste.
Un jour de crise politique, un homme d’un certain âge, à la figure placide, se promène sur un boulevard de Paris, donnant le bras à une jeune dame, qui sans doute est sa fille ; la foule est compacte, agitée, murmurante ; mais personne n’élève la voix ; tout à coup, sans occasion qui le provoque, sans regarder personne, notre homme dit assez haut d’une voix concentrée : « Ce X… est un misérable !
Il avait connu Herder, qui, par parenthèse, avait beaucoup pesé sur lui, Klopstock, Schiller, Lavater, une foule d’autres célèbres dont il parle, et qu’il ne montre pas.
Dans la portion d’univers qu’est notre planète, probablement dans notre système planétaire tout entier, de tels êtres, pour se produire, ont dû constituer une espèce, et cette espèce en nécessita une foule d’autres, qui en furent la préparation, le soutien, ou le déchet : ailleurs il n’y a peut-être que des individus radicalement distincts, à supposer qu’ils soient encore multiples, encore mortels ; peut-être aussi ont-ils été réalisés alors d’un seul coup, et pleinement.
La vraie, l’horrible solitude, démon torturant de l’humanité, ne s’installe ni chez celui qu’on pourrait appeler le solitaire professionnel qui, l’ayant prise comme vaccin, est immunisé contre son mal, ni chez l’homme des sociétés et des foules. […] Il cite même à ce sujet un curieux texte de Rousseau lui-même dans la Lettre à d’Alembert : « Les anciens avaient en général un très grand respect pour les femmes, mais ils marquaient ce respect en s’abstenant de les exposer au jugement public, et croyaient honorer leur modestie en se taisant sur leurs autres vertus… Dans leurs comédies, les rôles d’amoureuses et de filles à marier ne représentaient jamais que des esclaves ou des filles publiques (comme les Geishas au Japon)… Depuis que des foules de barbares, traînant avec eux leurs femmes dans leur armée, eurent inondé l’Europe, la licence des camps jointe à la froideur naturelle des climats septentrionaux qui rend la réserve moins nécessaire, introduisit une autre manière de vivre, que favorisèrent les romans de chevalerie… C’est ainsi que la modestie naturelle au sexe est peu à peu disparue et que les mœurs des vivandières se sont transmises aux femmes de qualité. » Le rôle que le bon Rousseau attribue ici aux invasions des barbares et à la licence des camps nous ferait rire si nous ne songions que c’est bien dans de tels laboratoires ou dans leurs vapeurs que se sont en effet formées les modes physiques et morales du Directoire et de 1920. […] Cette foule de romans plus ou moins naturalistes ne sont pas ennuyeux. […] Chevalley, assez cultivé pour ne pas goûter les histoires sentimentales des feuilletonistes, mais trop occupé ou trop superficiel pour chercher dans la lecture autre chose qu’un divertissement sans fatigue, fait vivre une foule de romanciers et absorbe chaque année des tonnes de littérature. […] L’expérience apprend en effet que si on veut faire entrer des raisons dans la tête d’un tribunal, d’une assemblée, d’une foule, il faut que ces raisons fassent masse, ou plutôt boule de neige, qu’elles s’appuient les unes les autres en une progression qui prenne le plus possible les caractères d’une progression géométrique, qui accroisse incessamment la conviction, et qui utilise avec le maximum d’efficacité un espace de temps restreint : restreint mécaniquement, chez les Grecs, par la clepsydre, restreint organiquement, partout, par la capacité d’attention d’un auditoire.
C’est pourquoi je comprends l’exaltation de cette première page, et cette invocation à Dieu qui se termine ainsi : Être éternel, rassemble autour de moi l’innombrable foule de mes semblables ; qu’ils écoutent mes confessions, qu’ils gémissent de mes indignités, qu’ils rougissent de mes misères. […] Livré à moi seul, sans amis, sans conseils, sans expérience, en pays étranger, servant une nation étrangère, au milieu d’une foule de fripons qui, pour leur intérêt et pour écarter le scandale du bon exemple, me tentaient de les imiter : loin d’en rien faire, je servis bien la France, à qui je ne devais rien, et mieux l’ambassadeur, comme il était juste, en tout ce qui dépendait de moi. […] Il s’excuse sur l’influence de la mauvaise compagnie qu’il rencontrait à la table d’hôte de madame La Selle : J’y apprenais des foules d’anecdotes très amusantes, et j’y pris aussi, peu à peu, non, grâce au ciel, jamais les mœurs, mais les maximes que j’y vis établies. […] Quoi qu’il en soit, ce qui dans le Discours sur l’inégalité a probablement le plus secoué le beau monde, et ce qui a le plus agi quarante ans plus tard, ce sont probablement des lieux-communs emphatiques ou violents comme ceux-ci (j’en indique seulement le début et comme la première modulation) : Sur la liberté : Comme un coursier indompté hérisse ses crins, frappe la terre du pied et se débat impétueusement à la seule approche du mors, tandis qu’un cheval dressé souffre patiemment la verge et l’éperon, l’homme barbare ne plie point la tête au joug que l’homme civilisé porte sans murmure, et il préfère la plus orageuse liberté à un assujettissement tranquille… Sur les riches : … Je prouverais enfin que, si l’on voit une poignée de puissants et de riches au faîte des grandeurs et de la fortune, tandis que la foule rampe dans l’obscurité et la misère, c’est que les premiers n’estiment les choses dont ils jouissent qu’autant que les autres en sont privés et que, sans changer d’état, ils cesseraient d’être heureux, si le peuple cessait d’être misérable… Sur les tyrans : … C’est du sein de ce désordre et de ces révolutions que le despotisme, élevant par degrés sa tête hideuse, et dévorant tout ce qu’il aurait aperçu de bon et de sain dans toutes les parties de l’État, parviendrait enfin à fouler aux pieds les lois et le peuple, et à s’établir sur les ruines de la république… Et enfin il y a, partout répandu dans ces pages d’où est absent « l’esprit de finesse », ce culte stupide de l’égalité que nous retrouverons dans le Contrat social, et qui porte en lui une grande force de propagande parce qu’il répond moins au sentiment de la justice qu’aux instincts envieux. — En somme, on voit déjà dans ce second Discours (et mieux que dans le premier) que c’est bien Rousseau qui donnera le ton à la Révolution et qui approvisionnera les hommes de 93 de clichés et de lieux-communs, semeurs de haines aussi aveugles que ces lieux-communs sont brutaux et sommaires.
Michelet l’étudié en son principe et ses effets, dans le couple et dans la foule. […] Aussi ne manquait-il jamais à cette cérémonie musicale du dimanche dont le sens pour lui était clair, mais il se demandait comment cette « sourde puissance » attirait à elle ainsi cette foule unanime ; comment il se faisait que cette multitude, « satisfaite du menu jeu de l’existence, eût besoin de se trouver face à face avec l’Indicible et le Pur, — la Poésie sans les mots », quel rapport il y a entre « une assemblée contenue et sobre » et ce qu’il nommait « les bouffées infinies » de l’orchestre. […] C’est pourquoi, chaque dimanche, parmi la foule attentive au programme musical, il allait surprendre, chez elle, la mystérieuse rivale dont il rêvait d’assujettir l’harmonieuse profusion à la loi définitive du Verbe.
Il contient beaucoup de martyrs, personnages qui, placés dans une position difficile, firent preuve d’une belle fermeté ; il contient des fantômes, des saints nés d’une déformation verbale, d’une faute de lecture, d’une légende, d’un conte populaire ; il y a des saints de faveur, canonisés par raison d’état ; d’autres, en grand nombre, ont été élus directement par le peuple, à peu près comme aujourd’hui la foule adopte un tribun ; saint Columban, grand fondateur de monastères, fut un véritable homme politique, redouté des rois d’Austrasie. […] Beaucoup de stylites devenaient idiots ; Siméon se balançait continuellement à la manière de certains derviches, en chantant ; on venait de fort loin le contempler et des foules campaient autour de sa pyramide. […] Or, le jugement de la foule, de tout temps, mais aujourd’hui surtout, a eu sa répercussion sur le jugement de l’élite : de sorte que l’on ne sait plus très bien si Renan est un grand penseur parce qu’il est un grand écrivain, ou l’inverse.
Mairet, Scudéry, Rotrou et plusieurs autres, redoublaient d’efforts pour effacer la gloire de Hardy ; les quatre premières pièces de Corneille éclipsaient cette foule de rivaux et multipliaient les théâtres. […] Ici, quelques historiens de Pocquelin6 prétendent le perdre de vue ; il vécut ignoré, disent-ils, pendant plusieurs années : je le vois cependant, dès l’année 1645, se mêler à des jeunes gens qui s’amusaient à jouer la comédie, d’abord sur les fossés de Nesle, ensuite au quartier Saint-Paul ; je le vois donner à ses camarades d’assez bons conseils, pour que leur réunion obtienne le titre de l’Illustre Théâtre ; pour qu’on leur confie des nouveautés ; pour que, fiers de leurs succès, ils osent élever un théâtre en règle, dans le jeu de paume de la Croix-Rouge, et pour que le public coure en foule payer leurs plaisirs. […] Le théâtre de Molière était abandonné depuis quelque temps ; et ses comédiens, ces mêmes comédiens dont il était le père, poussaient l’injustice jusqu’à murmurer contre leur chef, toutes les fois que la foule courait admirer ailleurs ou quelque acteur, ou quelque ouvrage nouveau : ils voyaient avec le plus grand chagrin que le retour du fameux Scaramouche attirait depuis quelques mois un concours prodigieux de spectateurs à la troupe italienne ; les actrices, surtout, poursuivaient Molière de leurs plaintes : enfin, las d’être harcelé par les demoiselles Béjart et Duparc, il leur conseilla un jour, comme un moyen sûr pour ramener la fortune, d’imiter Scaramouche, de priver Paris de leur présence, d’aller bien loin, et de revenir ensuite jouir de l’enthousiasme public30 ; elles sentirent tout le piquant de cette plaisanterie, se radoucirent et prièrent Molière de donner bien vite une nouveauté.
« Plus avant commençait la foule des courtisans de toute espèce.
Dans la chambre froide 12 qui se trouvait à droite de celle où nous étions entrés, deux autres paysannes étaient occupées à disposer le local en toute hâte ; elles en tiraient une foule de vieilleries, des cruches vides, des touloupes 13 dont la peau était durcie à force d’usage, des pots à beurre, un berceau rempli de chiffons de toute couleur, et contenant un enfant à la mamelle : elles balayaient avec les paquets de branches dont on se sert au bain14 les ordures qui couvraient le plancher… Arcadi Pavlitch les chassa et alla s’établir sur le banc près des images 15.
Il y a une heure là, quand le gaz baisse et s’embrume, que le brouillard des cigares devient intense, qu’une pâleur nerveuse est sur toutes les figures, que les teints de Paris se plombent d’émotion, une heure où, sur les gradins de la salle de bois, la foule de ces têtes de photographes et de journalistes, fait comme des tas blafards et effacés de vivants, dans une ombre à la Goya3.
Professeur au Collège de France ; directeur et président de section à l’École des hautes études ; secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences ; grand officier de la Légion d’honneur, sénateur ; ancien ministre ; membre d’une foule de Conseils plus supérieurs les uns que les autres ; logé par l’État, à la ville, et à la campagne, du côté de Meudon, où l’on conte qu’il étudie « la fixation de l’oxygène de l’air par le vert des plantes » en mangeant des fraises exquises, — on ne peut évidemment pas dire que la science ait fait « banqueroute » à mon très cher et très éminent confrère M.
C’est qu’en effet ce livret maladif d’art et de passion met dans le jour le plus vif les habitudes morales d’une jeunesse d’extrême civilisation, clairsemée dans la foule assurément, mais qui, si on en réunissait les membres épars, apparaîtrait plus compacte qu’on ne croit. […] Sauf les mots de patois, rares du reste et cachés dans la foule, et quelques locutions où perce un coin de terroir, les paysans de M.
Dans un meeting en plein air il avait la veille même de l’attentat dont faillit être la victime sérieuse le bourgmestre de Bruxelles, prédit en quelque sorte ce scandale, — assez facile à prévoir avec l’esprit d’émeute de la foule et la trop complaisante façon dont ledit fonctionnaire s’exhibait, paraît-il, revêtu de ses insignes. […] Mon cher Delahaye, la jeunesse studieuse profitera grandement de vos Devoirs ; mais je prétends que les adultes, les mûrs, les graves, les sérieux, doivent non moins les lire pour perdre une foule d’erreurs un peu partout ramassées, respecter leurs ancêtres et aussi leur patrie, comme vous le faites, en bon fils, point aveugle et point ingrat.